National
des Enseignants
en Gériatre
en Gériatre
Item 56
Ostéoporose
é
Texte mis en ligne en accès libre
g
avec l’autorisation du CNEG et de Masson
Chapitre extrait du livre : Collège National des
é ( ndd édition).
Enseignant en Gériatrie. Vieillissement (2 é )
Paris : Masson ; 2010:272pp.
Vous trouverez dans l’ouvrage les autres chapitres et les
dossiers cliniques
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Item 56 - Ostéoporose
Objectifs pédagogiques
Nationaux
◗ Diagnostiquer une ostéoporose.
◗ Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.
CNEG
◗ Connaître la physiologie du vieillissement osseux et la physiopathologie de l’ostéoporose.
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CONNAISSANCES
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ITEM 56
OSTÉOPOROSE 3
Ostéoporose primitive
Vieillissement
Carence en œstrogènes
Ostéoporoses secondaires
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
Immobilisation prolongée
Maladies endocriniennes
Maladie de Cushing
Hypogonadisme
Acromégalie
Insuffisance antéhypophysaire
Hyperthyroïdie
Hyperparathyroïdie primaire
Médicaments
Corticothérapie prolongée
Autresþ: héparine, analogues LH-RH, phénobarbital, phénitoine,
inhibiteurs de la pompe à protons, anti-aromatases, lithium
Rhumatismes inflammatoires chroniques
Intolérance au lactose
Insuffisance rénale chronique
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CONNAISSANCES
Génétiques
Sexe féminin, antécédents familiaux, origine caucasienne ou asiatique
Nutritionnels
Faibles apports calciques, dénutrition, alcoolisme
Liés au style de vie
Tabagisme, faible activité physique
Endocrinologiques
Ménopause précoce ou ancienne ou ovariectomie, maigreur (faible IMC)
Autres
Nulliparité, diurétiques hypercalciuriants, carence en vitamine C, carence
en vitamine D
A. Diagnostic positif
Le diagnostic d’ostéoporose repose sur la constatation d’une fracture
ostéoporotique et/ou d’une densité osseuse faible. L’origine ostéoporoti-
que d’une fracture est suspectée devant un traumatisme de faible énergie,
comme par exemple une chute de sa hauteur ou l’existence de facteurs
de risque d’ostéoporose.
En l’absence de fracture périphérique ou vertébrale, le diagnostic repose
sur l’existence d’une densité osseuse faible mesurée par densitométrie
osseuse double-énergie à rayonsþX (DXA, Dual X-ray absorptiométrie ou
ostéodensitométrie) (Tableau 3.III). La densité osseuse doit être mesurée
au niveau de l’extrémité supérieure du fémurþ; la mesure au niveau du
rachis n’est pas conseillée car souvent faussée par l’arthrose vertébrale, très
fréquente chez le sujet âgé. Il s’agit d’une méthode juste, précise (1 à 2þ%),
reproductible (coefficient de variationþ: 0,5 à 1þ%), non irradiante. L’appré-
ciation de la densité minérale osseuse (DMO), exprimée en g/cm2, est très
prédictive du risque fracturaire ultérieur. Toute diminution de 10þ% ou
d’une déviation standard de la DMO multiplie par 2 le risque fracturaire.
La DMO peut être exprimée en valeur absolue (grammes par cm2), ou bien
en valeur relative (%) ou déviations standards (DS) par rapport à un sujet
de même sexe et de même âge (Z-score) ou bien par rapport à un sujet
de même sexe et âgé de 25 et 40 ans (T-score). L’ostéoporose est définie
à partir des T-scores.
Le statut osseux et l’ostéoporose sont définis par l’Organisation mondiale
de la santé (OMS) à partir de critères densitométriques exprimés en T-
score (Tableau 3.III).
L’absorptiométrie doit être réalisée dès que l’on évoque l’ostéoporose. Elle
est remboursée par l’Assurance maladie dans les cas suivantsþ:
– fractureþ;
– chez les personnes recevant un traitement susceptible d’induire une
ostéoporoseþ;
– chez les femmes ayant un ou plusieurs facteurs de risque d’ostéo-
poroseþ: antécédents de fracture du col fémoral chez un parent du
premier degré, faible poids (IMC <þ19), précocité de la ménopause
(< 40 ans), antécédent de corticothérapie prolongée.
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ITEM 56
OSTÉOPOROSE 3
Sujet «þnormalþ»
T-score entre +þ1 et –þ1 déviation standard
Ostéopénie
T-score entre –þ1 et – 2,5 déviation standard
Ostéoporose
T-score inférieur à –þ2,5 déviation standard
Ostéoporose sévère ou compliquée
T-score inférieur à –þ2,5 déviation standard et au moins une fracture
ostéoporotique
B. Diagnostic étiologique
et différentiel de l’ostéoporose
La recherche d’une ostéoporose secondaire et la recherche de son étio-
logie repose essentiellement sur les données cliniquesþ: études des anté-
cédents et des traitements reçus, examen à la recherche de signes de
maladies endocriniennes, rhumatologiques ou digestives.
Le diagnostic différentiel de l’ostéoporose est essentiellement représenté
par les atteintes osseuses d’origine cancéreuse, notamment le myélome et
les métastases osseuses. Là encore le contexte clinique peut orienter vers
ces diagnostics.
L’enquête diagnostique doit être complétée par des dosages biologiquesþ:
– une CRPþ;
OSTÉOPÉNIE
© MASSON. La photocopie non autorisée est un délit.
DMO
Z-score T-score
– 2,5 DS
OSTÉOPOROSE
30 ans
Âge
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CONNAISSANCES
A. Bisphosphonates
Ces médicaments ont une action anti-ostéoclastiques. Plusieurs essais contrô-
les ont montré leur efficacité pour augmenter la densité minérale osseuse
et diminuer le risque de fracture. Ils sont contre-indiqués en cas d’insuffi-
sance rénale sévère (clairance de la créatinine < 30 mL/min). Il faut leur
associer une supplémentation en calcium (1 g/j). En cas de carence en
vitamine D, il faut impérativement la corriger avant de les prescrire. Plu-
sieurs molécules indiquées dans l’ostéoporose et ayant des modalités
d’administration variées sont disponiblesþ:
– une prise hebdomadaireþ: alendronate 1 cp à 70 mg, risédronate 1 cp
à 35 mgþ;
– une prise mensuelleþ: risédronate 2 cp à 75 mg (2 jours consécu-
tifs), ibandronate 1 cp à 150 mgþ;
– une prise trimestrielleþ: ibandronate 3 mg IV lenteþ;
– une prise annuelleþ: zolédronate 4 mg en perfusion veineuse.
Les effets secondaires sontþ:
– toxicité digestive potentielle par contact direct avec la muqueuseþ:
les bisphosphonates par voie orale doivent être pris assis avec 1
grand verre d’eau, sans que le malade ne se couche après la priseþ;
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ITEM 56
OSTÉOPOROSE 3
est sans effet sur le risque de fracture périphérique (fracture du col du fémur),
sur les troubles climatériques de la ménopause et augmente le risque de
thrombose veineuse. Il n’est pas indiqué dans l’ostéoporose chez l’homme.
D. Le ranélate de strontium
Le ranélate de strontium agirait en stimulant la formation osseuse et en
freinant la résorption. Il réduit de 41þ% l’incidence des fractures vertébrales
et de 36þ% l’incidence des fractures du col chez des malades de plus de
74 ans. Les effets secondaires sont rares et sans gravité (diarrhée). En rai-
son d’une faible augmentation du nombre de thromboses veineuses, ce
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CONNAISSANCES
F. Calcium-vitamine D
Administré isolément, le traitement vitamino-calcique a montré une effica-
cité pour prévenir les fractures ostéoporotiques chez des sujets âgés vivant
en institution ou confinés à domicile. Cette efficacité a été établie avec une
dose de calcium d’au moins 1 g/jour et une dose de vitamine D d’au
moins 800 UI/jour. Chez les sujets âgés en institution de fortes doses de
vitamine D3 peuvent être prescritesþ: 100 à 200þ000þUI tous les 3 mois en
solution buvable, par exemple.
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ITEM 56
OSTÉOPOROSE 3
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CONNAISSANCES
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Ostéoporose
•þLe diagnostic d’ostéoporose peut être posé devantþ:
– une fracture ostéoporotiqueþ;
et/ou
– une faible densité minérale osseuse (DMO) mesurée par absorptiométrie.
•þLa détermination de la DMO doit être largement pratiquée si on suspecte une ostéoporose.
Elle est remboursée dans les cas suivantsþ:
– fractureþ;
– traitement susceptible d’induire une ostéoporoseþ;
– femmes ayant un ou plusieurs facteurs de risque d’ostéoporoseþ: antécédents de fracture du col
fémoral chez un parent du premier degré, faible poids (IMC <þ19), précocité de la ménopause
(< 40 ans), antécédent de corticothérapie prolongée.
•þL’OMS a fixé des seuils pour interpréter une mesure de densité minérale osseuseþ:
– ostéopénie si T-score entre – 1 et – 2,5 DSþ;
– ostéoporose si T-score < – 2,5 DS.
•þLes facteurs de risque de l’ostéoporose sont nombreux. Les principaux sontþ:
– sexe féminin, ménopause précoce, nulliparitéþ;
– antécédents familiaux d’ostéoporose ou de fracture ostéoporotiqueþ;
– tabagisme, alcoolisme, faible activité physiqueþ;
– dénutrition, maigreur, carence en vitamine D ou C.
•þEn cas d’ostéoporose, rechercher une étiologieþ:
– immobilisation prolongéeþ;
– maladies endocriniennesþ: hypogonadisme, hyperthyroidie, hyperparathyroïdie primaireþ;
– médicamentsþ: corticoidesþ;
– rhumatismes inflammatoires chroniquesþ;
– intolérance au lactose.
•þDiagnostic différentiel avec les atteintes osseuses d’origine cancéreusesþ:
– myélome, métastases osseuses.
•þStratégie thérapeutiqueþ:
– prévention des chutesþ;
– rechercher et corriger une carence en vitamine Dþ;
– assurer des apports quotidiens suffisants en calcium et en vitamine Dþ;
– supprimer les facteurs de risque modifiables (tabac, alcool)þ;
– si un traitement médicamenteux est indiqué en fonction de l’existence d’une fracture ostéopo-
rotique et du résultat de la DMO et de facteurs de risqueþ:
Chez les femmesþ:
– en période proche de la ménopauseþ: plusieurs traitements sont possiblesþ: THS si indiqué pour
des troubles du climatère, raloxifène, mais aussi bisphosphonates ou ranélate de strontiumþ;
– après 70 ou 75 ansþ: bisphosphonates ou ranélate de strontium.
Chez les hommesþ: bisphosphonates
– le choix du type de bisphosphonate est largement guidé par le rythme d’administration sou-
haité (hebdomadaire, mensuel, trimestriel, annuel)þ;
– le tériparatide est réservé aux ostéoporoses sévères ayant donné lieu à plusieurs fractures
ostéoporotiques.
•þPrévention de l’ostéoporoseþ:
– corriger les facteurs de risque modifiables tout au long de la vie.
En cas de traitement par corticoïdes (doses > 7,5 mg de cortisone) pendant une durée d’au moins
6 mois, le patient doit faire l’objet d’un traitement préventif par bisphosphonates.
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