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MPSI2 — Lycée Malherbe — 2016/17 DS4, le 10 Décembre — 1/8

Limites, suites
Exercice 1 : (Proche du cours, ou du DM, ou du DS précédent)
1. Déterminer, si elles existent, les limites des suites suivantes, si non, montrer qu’elles n’admettent
pas de limite :
 !
ln cos n1
 4
n + 3n + 42n
  2 
n + (n + 1)!
, , .
tan n sin n13

24n+1 + 3n + 9n8 n∈N 3n + (−1)n n! n∈N ∗ n∈N

Pour la première, on a pour tout entier naturel n,


n4 3 n O (1) + O (1) + 1

n4 + 3n + 42n 42n 16n + 16
+1 1
= n 8 = −→ .
24n+1 + 3n + 9n8 24n 2 + 163 9n n→+∞ 2 + O (1) + O (1) n→+∞ 2

+ 16n

Pour la seconde, que l’on baptise u, on a pour tout entier naturel n,


n2 (1) + 1
n2 + (n + 1)! (n + 1)! (n+1)n!
+1 O

un = n n
= × (−3)n
= (−1)n (n + 1) = (−1)n (n + 1)(1 + O (1))
3 + (−1) n! (−1)n n! +1 O (1) + 1
n!

et donc u2n −→ +∞ et u2n+1 −→ −∞ ce qui implique que u n’admet aucune limite.


n→+∞ n→+∞
Enfin, pour tout entier naturel n non nul, on a d’une part si on utilise le développement de
cosinus
 
       
1  1 1  1 1 1
1 − 2n2 + O n2  +∞
ln cos = ln   ∼ − + O ∼ −
n2  | 2n2 n2 n→+∞ 2n2
{z }
−→ 0
n→+∞

2
ou si on se contente de l’équivalent cos(x) − 1 = − x2 qui donne pour n → +∞, cos 1

n2
−1 ∼
0 +∞
− 2n1 2 −→ 0 et qui amène le même résultat, à savoir :
n→+∞
 
      
1  1  ∼ cos 1 − 1 ∼ − 1

ln cos = ln 1 + cos − 1
n2  n2  +∞ n2 +∞ 2n2
| {z }
→0

et d’autre part,
      
1 n 1 1 1 1
n sin ∼ = −→ 0 donc tan n sin ∼ n sin ∼
n3 n→+∞ n3 n2 n→+∞ n3 n→+∞ n3 n→+∞ n2
qui donne finalement l’équivalent du rapport et donc la limite − 21 .
2. Déterminer l’ensemble des suites réelles u vérifiant :
∀n ∈ N, 4un+2 + 2un+1 + un = 0.
On reconnaît des suites récurrentes linéaires d’ordre 2 d’équation caractéristique 4x2 +2x+1 =
i 2π
0 dont les deux racines complexes sont e 23 et son conjugué. Par suite l’ensemble des suites
cherchées est
      
1 2nπ 2nπ 2
λ cos + µ cos , (λ, µ) ∈ R .
2n 3 3 n∈N
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3. Après avoir justifié son existence, expliciter l’unique suite réelle strictement positive u vérifiant :
3un + 4
u0 = 2 et ∀n ∈ N, un+1 = .
un + 6
On reconnaît une suite homographique liée à l’application f : x 7→ 3x+4
x+6
qui envoie R∗+ dans R∗+
N
ce qui justifie l’existence de la suite u ∈ R∗+ . Or un réel x est point fixe de f si et seulement

si
3x + 4 = 6x + x2 ⇔ x2 + 3x − 4 = 0 ⇔ x ∈ {1, −4}.
−1
On s’intéresse alors à la suite v définie pour tout entier naturel n par vn = uunn +4 bien définie
car le dénominateur est strictement positif, et on observe que pour tout entier naturel n,
3un +4
un+1 − 1 un +6
−1 2un − 2 2 un − 1 2
vn+1 = = 3un +4 = = × = vn .
un+1 + 4 un +6
+4 7un + 28 7 un + 4 7

Ainsi v est géométrique de raison 72 et donc pour tout entier naturel n,


 n  n  n
2 2 2−1 2 1
vn = v0 = = .
7 7 2+4 7 6
1−4v
Il n’y a plus qu’à exprimer u en fonction de v, et en effet u = 1−v
ce qui livre finalement,
n
1 − 23 27
∀n ∈ N, un = n .
1 − 16 27
4. Soit f une fonction continue sur R. Montrer que l’application suivante est deux fois dérivable
et solution de l’équation différentielle y 00 + y = f .
Z x
ϕ : R → R, x 7→ sin(x − t)f (t)dt.
0

Remarquant que pour tout réel x on a


Z x
ϕ(x) = sin(x − t)f (t)dt
0
Z x Z x
= − cos(x) sin(t)f (t)dt + sin(x) cos(t)f (t)dt
0 0

on en déduit que ϕ est dérivable sur R comme somme et produit de telles fonctions et que pour
tout réel x on a
Z x Z x
0
ϕ (x) = sin(x) sin(t)f (t)dt − cos(x) sin(x)f (x) + cos(x) sin(t)f (t)dt + sin(x) cos(x)f (x)
0 0
Z x Z x
= sin(x) sin(t)f (t)dt + cos(x) cos(t)f (t)dt
0 0
0
et ϕ est à nouveau dérivable sur R et pour tout réel x,
Z x Z x
00 2
ϕ (x) = cos(x) sin(t)f (t)dt + sin (x)f (x) − sin(x) cos(t)f (t)dt + cos2 (x)f (x)
Z x 0 0

=− (− cos(x) sin(t) + sin(x) cos(t)) f (t)dt + f (x)


0
= − ϕ(x) + f (x).
Par suite on a bien ϕ00 + ϕ = f .
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Exercice 2 : (Calcul de deux sommes)


Soit a un entier naturel non nul.
1. Montrer que pour tout entier naturel k,
Z 1
1
= tak dt.
1 + ak 0

Soit k un entier naturel, alors


Z 1 t=1
tak+1

ak 1
t dt = = .
0 ak + 1 t=0 1 + ak
2. En déduire que pour tout entier naturel n,
n Z 1
X (−1)k 1 − (−ta )n+1
= a
dt.
k=0
1 + ak 0 1 + t

Fixant n un entier naturel et sommant les relations précédentes, il vient


n n Z 1 Z 1Xn Z 1
X (−1)k X
k ak a k 1 − (−ta )n+1
= (−1) t dt = (−t ) dt = a
dt
k=0
1 + ak k=0 0 0 k=0 0 1 + t

car on reconnaît une somme d’une progression géométrique de raison −ta différente de 1.
3. Montrer que pour tout entier naturel n,
Z 1 a n

(−t ) 1

a
dt 6 .
0 1+t 1 + an

1 tan
Soit n un entier naturel. Pour tout t ∈ [0, 1], 1 + ta > 1 et donc 1+t a 6 1 et donc 1+ta
6 tan .
Par intégration de la valeur absolue puis par croissance de l’intégrale, on a
Z 1 Z 1 an Z 1
(−ta )n t 1

a
dt 6 a
dt 6 tan dt = .
0 1+t 0 1+t 1 + an

0

4. En déduire que lorsque n tend vers +∞


n Z 1
X (−1)k dt
−→ a
k=0
1 + ak 0 1+t

et expliciter ces deux limites lorsque a vaut 1, puis 2.


On a pour tout entier naturel n, d’après les deux questions précédentes
Z
n k Z 1 1
(−ta )n+1

X (−1) dt 1
− = − dt 6 −→ 0

1 + ak 1 + ta 1 + ta 1 + a(n + 1) n→+∞


k=0 0 0

ce qui donne la convergence voulue. En particulier, lorsque a vaut 1, cette limite vaut
Z 1
dt
= [ln(1 + t)]t=1
t=0 = ln(2)
0 1+t

tandis que lorsque a vaut 2, cette limite vaut


Z 1
dt t=1 π
2
= [Arctan(t)]t=0 = .
0 1+t 4
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Z 1 
dt
5. Préciser le comportement asymptotique de la suite n
— tout dessin amenant
0 1+t n∈N
à une conjecture sera le bienvenu ; une fois cette conjecture établie, un simple calcul devrait
permettre de s’en sortir.
R 1 dt
Un dessin — que je ne reproduis pas ici, désolé — amène à conjecturer que 0 1+t n −→ 1.
n→+∞
On peut alors en effet vérifier que pour tout entier naturel n,
Z 1 Z 1   Z 1 n Z 1

1 − dt 1 t n 1
n
= 1 − dt = dt 6 t dt = −→ 0.

0 1+t

0 1 + tn
0 1+t
n
0 n + 1 n→+∞

Exercice 3 : (Quasi-morphismes)
Pour tout réel a, on note µa l’application de Z dans lui-même suivante :
µa : Z → Z, n 7→ bnac .
On appelle quasi-morphisme de Z toute application f de Z dans lui-même telle que l’ensemble
suivant soit borné :
f (m + n) − f (m) − f (n), (m, n) ∈ Z2 .


On note E l’ensemble des quasi-morphismes.


1. Montrer que tout endomorphisme du groupe Z est un quasi-morphisme.
Si ϕ est un endomorphisme, alors
ϕ(m + n) − ϕ(m) − ϕ(n), (m, n) ∈ Z2 = {0}


qui est évidemment bornée.


2. Montrer que si ϕ est un endomorphisme du groupe Z, alors il existe un unique a dans Z tel
que ϕ = µa — on ne demande pas de vérifier la réciproque, évidente.
Si ϕ est un endomorphisme, alors pour tout entier n,
ϕ(n) = ϕ(n.1) = n.ϕ(1) = na
en posant a := ϕ(1). Ainsi ϕ = µa .
µa (n)
3. Montrer que pour tout réel a, µa est un quasi-morphisme et que n
−→ a.
n→+∞

Observons que pour tout couple (m, n) ∈ Z2 ,


na − 1 < bnac 6 na, ma − 1 < bmac 6 ma et − a(n + m) 6 − ba(n + m)c < 1 − a(n + m)
donc en sommant ces inégalités
−2 6 µa (m) + µa (n) − µa (m + n) 6 1
ce qui montre que µa est un quasi-morphisme. Reprenant l’encadrement initial que l’on divise
par n > 0, on a
na − 1 µa (n)
< 6a
n n
µa (n)
ce qui donne n
−→ a d’après le théorème des gendarmes.
n→+∞
 
f (n)
4. On souhaite montrer que pour tout quasi-morphisme f , la suite n
est convergente.
n∈N∗
Pour ce faire, on fixe un quasi-morphisme f et un réel positif A tels que pour tout couple
(m, n) ∈ Z2 ,
|f (m + n) − f (m) − f (n)| 6 A.
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a. Montrer par récurrence sur l’entier naturel n non nul, que

|f (n) − nf (1)| 6 nA
 
f (n)
et en déduire que la suite n
est bornée.
n∈N∗
On a |f (1) − 1f (1)| 6 A ce qui initialise la récurrence proposée. Fixant un entier n et
supposant que |f (n) − nf (1)| 6 nA on a
|f (n + 1) − (n + 1)f (1)| = |f (n + 1) − f (n) − f (1) + f (n) − nf (1)|
6 |f (n + 1) − f (n) − f (1)| + |f (n) − nf (1)|
6A + nA = (n + 1)A.
Le principe de récurrence de conclure. Enfin, en divisant par n strictement positif on obtient
le fait que f (n)
n
∈ [f (1) − A, f (1) + A] pour tout entier naturel n non nul.
b. Montrer que pour tous entiers naturels q, r et m,

f (qm + r) 6 qf (m) + qA + f (r).

Fixons m et r deux entiers naturels, et procédons par récurrence sur q. On a

f (0m + r) = f (r) = 0f (m) + 0A + f (r)


qui initialise la récurrence. Fixant q dans N et supposant que f (qm+r) 6 qf (m)+qA+f (r),
il vient
HR
f ((q+1)m+r) 6 f (m)+f (qm+r)+A 6 f (m)+qf (m)+qA+f (r)+A = (q+1)f (m)+(q+1)A+f (r).
Le principe de récurrence de conclure.
c. En déduire que pour tout entier naturel m non nul, la limite suivante existe et que
 
f (n) f (m) A
lim sup ,n>k 6 + .
k→+∞ n m m
n o n o
Remarquons d’abord que pour tout entier k, f (n) n
, n > k + 1 ⊂ f (n)
n
, n > k et donc la
 n o
suite sup f (n)
n
,n>k est décroissante, puisqu’elle est minorée, elle converge en vertu
k
du théorème de la limite monotone, et puisqu’en écrivant n = qm + r la division euclidienne
de n par m non nul, on a pour tout entier n plus grand que l’entier k,
f (n) qf (m) + qA + f (r) f (m) + A f (r) f (m) + A f (r)
6 6 + 6 + .
n qm + r m n m k
Par suite, pour tout entier k,
 
f (n) f (m) + A max {|f (r)| , r ∈ [[0, m − 1]]}
sup ,n>k 6 +
n m k
et en faisant tendre k vers +∞, on obtient le résultat demandé.
d. En déduire que les limites suivantes existent et vérifient
   
f (n) f (m)
lim sup , n > k 6 lim inf ,m>k .
k→+∞ n k→+∞ m
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L’existence de la limite de droite


n provient o
du théorème de la limite monotone appliqué à
f (n)
la suite croissante majorée inf n , n > k . La question précédente montre que pour
k∈N
tous entiers m > k,
   
f (m) f (n) A f (n) A
> lim sup ,n>l − > lim sup ,n>l −
m l→+∞ n m l→+∞ n k
n o n o
et donc inf f (m)
m
, m > k > liml→+∞ sup f (n)
n
, n > l − Ak et il n’y a plus qu’à faire tendre
k vers +∞ pour obtenir le résultat demandé.
 
e. Conclure, qu’en effet la suite f (n)
n
est convergente.
n∈N∗
Pour tout entier naturel non nul k, on a
   
f (n) f (k) f (n)
inf ,n>k 6 6 sup ,n>k .
n k n
En particulier, par passage à la limite dans l’inégalité extrême, on a
   
f (n) f (n)
lim inf , n > k 6 lim sup ,n>k
k→+∞ n k→+∞ n
qui est l’inégalité contraire de la question précédente et ces deux limites sont donc égales. Par
suite, on peut appliquer le théorème des gendarmes dans l’encadrement initial pour obtenir
f (n)
la convergence de la suite n
.
n∈N∗
5. Montrer que E est un sous groupe de ZZ .
L’application nulle est bien un quasi-morphisme, car c’est un morphisme. Si f et g sont deux
quasi-morphismes, alors il existe deux réels A et B tels que pour tout couple (m, n) ∈ Z2 ,
|f (m + n) − f (m) − f (n)| 6 A et |g(m + n) − g(m) − g(n)| 6 B
et il vient alors
|(f − g)(m + n) − (f − g)(m) − (f − g)(n)|
= |f (m + n) − f (m) − f (n) − g(m + n) + g(m) + g(n)|
6 |f (m + n) − f (m) − f (n)| + |g(m + n) − g(m) − g(n)|
6A + B
ce qui montre que f − g est un quasi-morphisme. Ainsi, l’ensemble E est bien un sous-groupe
de ZZ .
6. On fixe f et g deux quasi-morphismes.
a. Montrer que l’ensemble {g (f (m + n)) − g (f (m) + f (n)) , (m, n) ∈ Z2 } est borné.
Il existe deux réels A et B tels que pour tout couple (m, n) ∈ Z2 ,
|f (m + n) − f (m) − f (n)| 6 A et |g(m + n) − g(m) − g(n)| 6 B.
Pour tous entiers relatifs a et b,
g(a + b) − g(b) ∈ [g(a) − B, g(a) + B] .
Fixant deux entiers relatifs m et n, on applique ce qui précède avec b := f (m) + f (n) et
a := f (m + n) − f (m) − f (n) ∈ [[−A, A]] qui appartient à un ensemble fini et dont les images
par g sont donc dans l’intervalle [C, D] en posant
C := min {g(x), x ∈ [[−A, A]]} et D := max {g(x), x ∈ [[−A, A]]}
pour obtenir
g (f (m + n)) − g(f (m) + f (n)) ∈ [C − B, D + B] .
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b. En déduire que g ◦ f est un quasi morphisme.


Il existe deux réels A et B tels que pour tout couple (m, n) ∈ Z2 ,
|f (m + n) − f (m) − f (n)| 6 A et |g(m + n) − g(m) − g(n)| 6 B.
On a alors, en reprenant les bornes C et D de la question précédente
g ◦ f (m + n) − g ◦ f (m) − g ◦ f (n)
= g (f (m + n)) − g (f (m) + f (n)) + g (f (m) + f (n)) − g (f (m)) − g (f (n))
| {z } | {z }
∈[C−B,D+B] ∈[−B,B]

∈ [C − 2B, D + 2B]
ce qui montre que g ◦ f est un quasi-morphisme.
7. Montrer que la relation binaire suivante définit sur l’ensemble E une relation d’équivalence :
∀(f, g) ∈ E 2 , f ∼ g ⇔ f − g est borné sur Z.

Soient f , g et h trois quasi-morphismes, alors f − f = 0̃ est borné sur Z donc f ∼ f ; si f ∼ g


alors f − g est borné, mais alors g − f = −(f − g) l’est également et donc g ∼ f ; enfin, si
f ∼ g et g ∼ h alors f − g et g − h sont bornés et par conséquent leur somme, f − h, également
ce qui donne f ∼ h. On a bien montré que la relation était réflexive, symétrique et transitive :
c’est une relation d’équivalence.
8. Montrer que si f , g, ϕ, et ψ sont quatre quasi-morphismes tels que f ∼ ϕ et g ∼ ψ alors
f + g ∼ ϕ + ψ et f ◦ g ∼ ϕ ◦ ψ.
Remarquant que (f + g) − (ϕ + ψ) = (f − ϕ) + (g − ψ) est somme de deux applications bornées
sur Z et l’est donc, on obtient bien f + g ∼ ϕ + ψ. Pour la composée, écrivons que
f ◦ g − ϕ ◦ ψ =f ◦ g − ϕ ◦ g + ϕ ◦ g − ϕ ◦ ψ
= (f − ϕ) ◦ g + (ϕ ◦ g − ϕ ◦ ψ)
et il suffit de prouver que le second terme est borné car le premier l’est puisque f ∼ ϕ. Or, à
nouveau, en notant B un réel tel que pour tout couple (m, n) ∈ Z2 ,
|ϕ(m + n) − ϕ(m) − ϕ(n)| 6 B
on obtient pour tout entier m,
ϕ(g(m)) − ϕ(ψ(m)) ∈ [ϕ (g(m) − ψ(m)) − B, ϕ (g(m) − ψ(m)) + B] .
Or, g ∼ ψ montre que l’ensemble image de g−ψ est contenu dans un certain intervalle [[−A, A]],
sur lequel |g| atteint un certain maximum M , et finalement l’image de ϕ ◦ g − ϕ ◦ ψ est contenu
dans l’intervalle [[−M − B, M + B]] ce qui prouve que ce quasi-morphisme est bien borné et
donc que f ◦ g − ϕ ◦ ψ aussi, ce qui livre f ◦ ϕ ∼ g ◦ ψ.
9. ♠ On note R l’ensemble des classes d’équivalence de E pour la relation ∼ — il s’agit de
l’ensemble quotient. Munir l’ensemble R d’une structure d’anneau qui le rende isomorphe à R,
et prouver ce dernier fait.
La question précédente assure que les deux applications suivantes sont bien définies :
R2 → R, f , g 7→ f + g et R2 → R, f , g 7→ f ◦ g
 

où f désigne la classe d’équivalence d’un quasi-morphisme ; on les note, bien sûr, + et × et on


montre que (R, +, ×) est un anneau isomorphe à R. Pour ce faire on va montrer que
µ : R → R, a 7→ µa
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est une bijection qui envoie les sommes sur les sommes et les produits sur les produits. Il en
résultera d’une part que R est bien un anneau, et d’autre part que µ est un isomorphisme 1 .
Pour ce faire, montrons que l’application suivante est bien définie :
f (n)
ν : R → R, f 7→ lim .
n
Premièrement, on a montré que la limite donnée existait toujours. Deuxièmement, montrons
que cette limite ne dépend pas du choix
O(1)  de f dans
 sa classe d’équivalence : si g ∼ f , alors
f (n)−g(n) f (n) g(n)
n
= −→ 0 et donc et ont même limite, comme voulu. Mon-
n→+∞ n n→+∞
n
n
n
n
trons maintenant que µ et ν sont des bijections réciproques l’une de l’autre. Or pour tout réel
a, on a montré que ν ◦ µ(a) = a. Pour l’égalité µ ◦ ν = idR , il nous faut montrer que si f est
un quasi-morphisme tel que f (n)
n
−→ a alors f ∼ µa . Or, dans ce cas
n→+∞

f (n) − µa (n)
−→ 0.
n n→+∞

g(n)
Il nous suffit de montrer qu’un quasi-morphisme g tel que n
−→ 0 est borné sur N, car
n→+∞

alors il sera borné sur Z — |g(0) − g(n) − g(−n)| étant borné — et on appliquera ce résultat
au quasi-morphisme f − µa qui sera alors équivalent au quasi-morphisme nul, ce qui entraînera
f ∼ µa . Rappelons qu’il existe A dans R∗+ tel que pour tout couple (m, n) ∈ Z2 ,
|g(m + n) − g(m) − g(n)| 6 A.
En particulier, avec le couple (0, 0), on obtient |g(0)| 6 A et on va montrer qu’il en de même
pour tout entier n non nul, et on en fixe un strictement positif. Par récurrence sur k, on a
(k + 1)A > |g(kn) − kg(n)| > k |g(n)| − |g(kn)|
k |g(n)| − (k + 1)A |g(kn)|
et donc pour k > 0, 6 −→ 0.
kn kn k→+∞
Par passage à la limite dans les inégalités larges |g(n)|−A
n
6 0 et donc |g(n)| 6 A. On procède
de même pour g(n) lorsque n est un entier strictement négatif. Tout ceci prouve que µ et ν
sont des bijections réciproques. Continuons. On a bien sur µ(1) = idZ . Fixant (a, b) ∈ R2 on
montre que µ(a + b) ∼ µ(a) + µ(b) et µ(ab) ∼ µ(a) ◦ µ(b). Pour tout entier n, on a
an − 1 < µa (n) 6 an, bn − 1 < µb (n) 6 bn et (a + b)n − 1 < µa+b (n) 6 (a + b)n
donc an − 1 + bn − 1 − (a + b)n 6 µa (n) + µb (n) − µa+b (n) < an + bn + 1 − (a + b)n
ce qui donne −2 < (µa + µb ) − µa+b < 1 et donc µa + µb ∼ µa+b . On a abn − 1 < µab (n) 6 abn
et reprenant l’inégalité an − 1 < µa (n) 6 an que l’on multiplie par b pour obtenir
— si b > 0, ban − b 6 bµa (n) 6 ban et donc ban − b − 1 6 µb (µa (n)) 6 ban ce qui donne
ban − b − 1 − abn 6 µb (µa (n)) − µab (n) 6 ban + 1 − abn et donc −b − 1 6 µb ◦ µa − µab 6 1 ;
— si b 6 0, ban − b > bµa (n) > ban et donc ban − b > µb (µa (n)) > ban − 1 ce qui donne
ban − b + 1 − abn > µb (µa (n)) − µab (n) > ban − 1 − abn et donc 1 − b > µb ◦ µa − µab > 0.
Dans tous les cas µa ◦ µb ∼ µab , ce qui achève de prouver d’une part, que R est un anneau pour
ses lois + et ◦ induites par passage au quotient — on les voit comme les lois de R transférées
par µ — et enfin qu’il s’agit d’un isomorphisme entre R et R.

1. En fait, si l’on ignorait l’existence de R, on montrerait à la main que R est un anneau, et même un corps, on définirait dessus une
relation d’ordre bien sentie — f 6 g ⇔ f − g 6 0 au voisinage de +∞ — dont on prouverait qu’elle est totale et compatible avec l’addition
et la multiplication par les éléments positifs. Il suffirait alors de montrer la propriété de la borne supérieure pour avoir une construction
de R.

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