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CHAPITRE 2 Manuel p.

46 à 73

Comment expliquer l’instabilité


de la croissance ?

I. PRÉSENTATION DU CHAPITRE
Ce deuxième chapitre s’interroge sur les raisons de l’instabilité de la croissance.
Après avoir défini et observé la diversité des fluctuations, des cycles et des crises en
s’appuyant sur des exemples historiques (Dossier 1. L’instabilité de la croissance :
fluctuations, cycles et crises), on explique les principales causes de l’instabilité de
la croissance et leurs limites (Dossier 2. Quelles sont les causes de l’instabilité de
la croissance ?) puis les conséquences économiques et sociales des crises (Dossier 3.
Quelles sont les conséquences de l’instabilité de la croissance ?).

Ressources numériques liées au chapitre


Vidéos
• La crise de 1929 (TF1, 13H, 1979), p. 46
www.lienmini.fr/magnard-ses-004
• Comment une crise financière se propage à l’ensemble de l’économie (La Cité
des sciences et de l’industrie), p. 52
www.lienmini.fr/magnard-ses-005
• Relancer l’économie à l’aide de la politique monétaire de la BCE. Interview de
Jean-Marc Daniel (BFM Business, 2014), p. 63
www.lienmini.fr/magnard-ses-006
Schéma-bilan
• Schéma de synthèse du chapitre, p. 66

II. RÉPONSES AUX QUESTIONS


Sensibilisation  p. 46 supérieur aux profits futurs des sociétés cotées. Les inves-
tisseurs sont paniqués et vendent leurs titres. Beaucoup se
Les questions 1, 3 et 5 portent sur la vidéo. sont endettés pour acheter des titres et spéculer à la hausse
1. Avant la crise de 1929, les États-Unis connaissent une sur le cours des titres (remboursement des emprunts grâce
période de prospérité qui semble ne plus se terminer. à la vente des titres à un prix plus élevé que le prix d’achat).
2. La forte hausse du cours des actions à New York est révé- Comme le cours des titres baissent, ils se retrouvent « à
latrice de cette euphorie qui s’est emparée des Américains, découvert » et doivent vendre leurs titres pour rembourser
caractérisée par une croyance très forte dans le progrès et leurs emprunts.
la hausse des cours boursiers. 4. Baisse en % du cours des actions de la fin de l’année 1929
3. La chute du cours des actions le jeudi 24 octobre s’ex- au milieu de l’année 1932 = (200 – 31/200) x 100 = 84,5 %.
plique par le nombre impressionnant de titres présentés à la 5. Les conséquences du krach boursier sont dramatiques :
vente face à une demande très faible. Elle a aussi des raisons effondrement de la richesse des investisseurs, chute de la
plus profondes et illustre l’éclatement d’une bulle spécula- demande, chômage, extension de la crise aux autres pays
tive lorsque le cours des valeurs mobilières est nettement par le commerce international.

20 CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ?


Suggestion de question supplémentaire Ressource numérique
sur la vidéo
Vidéo

Faites une recherche sur Internet sur les consé- Vidéo


quences internationales de la crise de 1929 et expli- • La crise de 1929
quez comment les pays sont sortis de cette crise ✓ Saisir l’adresse du lien indiqué sur la page pour accéder
internationale. librement à la vidéo.
Il faut insister sur le caractère international de la crise de www.lienmini.fr/magnard-ses-004
1929, sur la montée des protectionnismes, sur l’analyse Cette vidéo présente le déroulement du grand Krach de
keynésienne (expérience du New Deal de Roosevelt pour 1929 et les années d’euphorie qui ont précédé ce Krach.
relancer la demande) et sur la Seconde Guerre mondiale
qui permet l’augmentation des dépenses publiques par
les dépenses militaires.

DOSSIER 1. L’instabilité de la croissance : fluctuations, cycles et crises p. 48-53

Doc. 2 Repérer les fluctuations à l’aide d’indicateurs


Le programme officiel
quantitatifs et qualitatifs
L’observation des fluctuations économiques permettra de 5. Un indicateur qualitatif est un indicateur basé sur des
mettre l’accent sur la variabilité de la croissance et sur l’exis- enquêtes d’opinion. Il n’a pas la même pertinence ni la
tence de périodes de crises. même fiabilité qu’un indicateur quantitatif basé sur des
NOTIONS DE T  : • fluctuations économiques • crise écono-
LE
comptes nationaux ou des données sectorielles.
mique • désinflation 6. Les indicateurs qualitatifs sont de bons indicateurs
ACQUIS DE 1  : • inflation • chômage
RE
pour connaître le « climat des affaires » ou la confiance des
ménages dans l’économie. Ils reflètent généralement bien la
conjoncture. Leur délai d’obtention est très rapide. Les indi-
cateurs quantitatifs sont plus pertinents car ils proviennent
➜ Mise en œuvre dans le manuel des données de la comptabilité nationale (pour les indica-
Il s’agit tout d’abord de bien différencier la croissance, teurs macroéconomiques) mais ils sont plus lents à obtenir
phénomène de long terme, des fluctuations écono- que les indicateurs qualitatifs et susceptibles d’être révisés
miques, des crises et des cycles, et de préciser comment il pendant trois ans.
est possible de repérer par des indicateurs ces fluctuations 7. La différence en juin 2014 entre le nombre de chômeurs
(A. Définir et repérer les fluctuations économiques). On en France métropolitaine, 2,8 millions au sens du BIT, et le
montre ensuite que, depuis le xix e siècle, il est possible nombre de personnes sans aucune activité selon Pôle emploi
de distinguer plusieurs catégories de cycles (B. Depuis le s’explique par le mode de production de ces deux indicateurs,
xix e siècle, des cycles d’ampleurs différentes), avant d’ob- l’enquête Emploi de l’INSEE pour le nombre de chômeurs au
server les crises dont les caractéristiques peuvent varier sens du BIT, le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi
dans le temps (C. Des crises récurrentes mais différentes). et sans activité. Les réponses à l’enquête Emploi sont décla-
ratives, les statistiques de Pôle emploi sont administratives.
La définition du BIT est plus restrictive (il faut notamment
chercher activement un emploi) que celle de Pôle emploi
A. Définir et repérer (il suffit d’être inscrit à Pôle emploi). Certains chômeurs
les fluctuations économiques p. 48-49 découragés ne sont pas comptabilisés dans l’enquête Emploi
de l’INSEE (bien qu’inscrits à Pôle emploi), d’autres ne
Doc. 1 Définir les fluctuations économiques, déclarent pas à l’enquêteur qu’ils sont au chômage.
les cycles et les crises
1. Une fluctuation est une hausse ou une baisse de l’activité Pour aller plus loin
économique. Il s’agit d’un cycle si ces fluctuations se repro- Pour poursuivre sur le thème du chômage, vous pouvez
duisent à intervalles réguliers. demander aux élèves de visionner cette vidéo, sur le site
2. On ne peut pas parler d’expansion car une situation d’ex- de « Dessine-moi l’éco », qui présente les différentes
pansion se définit comme une hausse de l’activité écono- façons de mesurer le chômage :
mique au niveau macroéconomique. http://dessinemoileco.com/
3. Une récession est un ralentissement de la croissance comment-mesure-t-on-le-chomage/
économique ou une baisse du PIB pendant deux semestres
consécutifs. La situation économique est beaucoup moins Utiliser les outils
dramatique qu’en présence d’une dépression, situation où la du manuel numérique
production chute fortement, le chômage s’accroît beaucoup,
et, souvent, les prix baissent. Comparer deux documents
4. La crise peut désigner le moment de retournement du Pour aider les élèves à répondre à la question 7, on peut
cycle ou la période de récession (de dépression) qui suit ce présenter en vis-à-vis le doc. 2 p. 338 (chapitre 12) : Les
retournement. mesures du chômage.

CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ? 21


Doc. 3 L’indicateur du climat des affaires en France 12. La faiblesse de l’investissement des entreprises s’ex-
8. L’indicateur du climat des affaires a une certaine perti- plique par leur situation financière – taux de marge ou
nence car les entreprises connaissent leurs carnets de profit d’exploitation dégradé – et la demande atone.
commande et l’état de leurs ventes. Il reflète donc bien la 13. Les autres facteurs de la faible croissance de l’économie
conjoncture. Mais il ne suffit pas pour l’analyser : il faut sont : la demande extérieure peu dynamique (peu de crois-
le compléter avec des indicateurs quantitatifs. sance des exportations), la faible activité du bâtiment, la
9 . L a conjoncture s’est dégradée d ’avril 2012 à faible croissance du pouvoir d’achat des ménages, ce qui
avril 2013. Elle connaît ensuite une amélioration jusqu’en joue sur leur consommation. En plus de ces facteurs, notons
septembre 2013, une stabilité jusqu’en juillet 2014, pour des facteurs conjoncturels : moins de dépenses d’énergie car
finir par se dégrader nettement en août 2014. l’hiver a été doux, peu d’achats de voitures car les ménages
ont bénéficié en 2013 de primes pour l’achat de voitures
Doc. 4 La conjoncture dans les pays avancés et en France neuves.
en 2014
10. Indicateurs qualitatifs : l’indicateur du climat des
affaires. FAIRE LE POINT
Indicateurs quantitatifs macroéconomiques : exportations, Dans quels cas, les économistes peuvent-ils affirmer que la
PIB, pouvoir d’achat, taux de marge, investissements des conjoncture s’améliore ?
entreprises. Elle s’améliore pour les cas : 2 (car l’indicateur reflète bien la
11. L’activité du bâtiment crée des emplois, donc des conjoncture), et 3. Dans les cas 1 (amélioration uniquement
revenus. Ce secteur traduit bien la conjoncture d’une sectorielle), 4 et 5, elle ne s’améliore pas.
économie.

B. Depuis le xixe siècle, des cycles


d’ampleurs différentes p. 50-51

Doc. 1 Trois types de cycles de durée variable


1.

Date
Cycles Durée Causes Critiques
de découverte
Kitchin 1923 40 mois Variation des stocks. Surtout vérifié aux États-Unis.
Bien vérifié en Europe au xixe siècle mais
Facilités de crédits accordés
Juglar 1862 8-10 ans atténuation du cycle après la Seconde Guerre
par les banques.
mondiale.
Bien vérifié jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Kondratieff 1922 50-60 ans Innovations.
Difficile à mettre en évidence ensuite.

2. En période d’expansion (cycle Juglar) ou de phase A 6. Les crises qui ont secoué l’économie française sont :
(cycle Kondratieff, la production augmente, ce qui permet – les deux crises pétrolières
de distribuer des revenus supplémentaires entraînant une – la crise des valeurs Internet en 2000-2001
pression sur la demande et une hausse des prix. C’est l’in- – la crise des subprimes
verse en période de récession ou de dépression.
3. Le cycle Kondratieff est bien vérifié jusqu’à la Seconde Doc. 3 Les fluctuations de la croissance française
Guerre mondiale mais ne parvient pas à intégrer les depuis 1950
multiples crises de l’économie mondiale depuis les années 7. • Évolution du PIB : 1950-1974 ➝ forte croissance
1970. (environ 5 % par an) ; 1974-2014 ➝ faible croissance et
4. Le mouvement cyclique est amplifié à la hausse ou à net ralentissement au cours du temps de cette croissance.
la baisse quand les trois cycles se superposent. C’est par Période des « Trente Glorieuses ».
exemple le cas en 1929 où les cycles Juglar et Kondratieff • Évolution des prix : 1950-1974 ➝ inflation assez forte
se retournent. (liée à la croissance ou à des événements extérieurs comme
la guerre de Corée) ; 1974-1983 ➝ forte inflation atteignant
Doc. 2 La conjoncture en France depuis 1950 : plus de 10 % par an due aux chocs pétroliers ; 1983-2014
repères historiques ➝ désinflation, net ralentissement de la hausse des prix.
5. Des années 1950 aux années 1980, la France a connu des 8. Selon l’analyse de Kondratieff, on aurait une phase A
périodes fortement inflationnistes. pendant les Trente Glorieuses suivie d’une phase B avec les
Les causes de ces périodes inflationnistes sont différentes : chocs pétroliers et se poursuivant aujourd’hui. Donc un
– 1951-1952 : hausse du prix des matières premières (infla- cycle inhabituellement long, ce qui pour certains remet en
tion importée). cause l’existence des cycles Kondratieff. La croissance de la
– 1958-1968 : hausse de la demande et croissance + hausse fin des années 1980 et des années 1990 est trop brève pour
des dépenses publiques (élément de la demande). y voir la naissance d’un 5e Kondratieff.
– 1979-1974 et 1979-1980 : forte hausse du prix de baril de 9. Pendant les Trente Glorieuses, on n’assiste pas à des
pétrole (inflation importée). périodes de baisse du PIB mais les phases de récession se

22 CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ?


caractérisent par des ralentissements de la croissance du PIB. 8. La confiance est fondamentale. Ici, les banques n’ont
L’inflation est relativement élevée. Elle tend à s’accentuer en plus confiance les unes dans les autres et ne se font plus
période d’expansion. Après les Trente Glorieuses, on assiste de prêts. Par conséquent, les particuliers et les entreprises
à un net ralentissement de la croissance et à un retour des n’obtiennent plus de prêts.
crises avec des périodes de baisse du PIB : 1974, 1993, 2008. 9. En réduisant les crédits aux particuliers et aux entre-
Il n’y a plus de synchronisation des périodes d’accélération prises, la demande de consommation diminue (les ménages
ou de ralentissement de la croissance avec l’évolution des préfèrent aussi épargner) ainsi que celle d’investissement.
prix : récession et forte hausse des prix au moment des chocs Anticipant une baisse de la demande, les entreprises dimi-
pétroliers, désinflation à partir de 1983. nuent leur production et licencient le personnel, ce qui
10. Les analyses de Juglar sont moins pertinentes qu’au aggrave la crise. La crise bancaire s’est transformée en une
xix e siècle : pas de baisse du PIB au cours des « Trente crise économique et sociale.
Glorieuses », stagflation au moment des chocs pétroliers,
longue période de faible croissance après et faible croissance
des prix. Ressource numérique
Vidéo
• Quand la Nanonésie menace de ne plus rembourser
FAIRE LE POINT ses dettes
1. Vrai ; 2. Vrai ; 3. Faux ; 4. Vrai ; 5. Faux
✓ Saisir l’adresse du lien indiqué sur la page pour accéder
librement à la vidéo.
C. Des crises récurrentes www.lienmini.fr/magnard-ses-005
mais différentes p. 52-53 En présentant le cas d’un petit pays, la Nanonésie, qui
menace de ne plus rembourser ses dettes, cette vidéo
explique comment une crise financière se propage à
Doc. 1 Panorama des crises depuis la fin du xviiie siècle l’ensemble de l’économie.
1. Des mauvaises récoltes réduisent l’offre alors que la
demande est peu élastique, ce qui provoque une hausse des Doc. 3 Des subprimes à la crise bancaire et boursière
prix. Cette hausse des prix est accentuée par des comporte- 10. Un crédit subprime est un crédit immobilier accordé à
ments spéculatifs et, sous l’Ancien Régime, par des moyens des ménages dont les revenus sont faibles et qui n’ont donc
de transport lents et insuffisants. pas accès aux crédits prime.
2. Une crise de surproduction industrielle est une situation 11. En accordant des crédits immobiliers à des ménages aux
dans laquelle l’offre de produits industriels est supérieure revenus faibles, les banques ont pris le risque de ne pas être
à la demande. remboursées si les prix de l’immobilier baissaient. Comme
3. La crise de 1929 est une crise structurelle car sa durée les taux augmentaient au cours du temps, les ménages n’ont
est exceptionnellement longue et les pays ne retrouveront plus pu faire face à leurs échéances et ont dû mettre en vente
la croissance qu’après une profonde transformation du leurs biens immobiliers, ce qui a provoqué une chute des prix
capitalisme. et une impossibilité pour les banques d’être remboursées.
4. Stagf lation : stagnation ou baisse de la production 12. La titrisation des créances a contribué à amplifier la
+ inflation. Cette situation n’est pas conforme aux analyses crise car :
de Juglar, car, pour lui, en période de récession, les prix – ces créances étaient incorporées à d’autres titres et vendues
baissent. sur le marché financier international, leur prix a baissé au
moment de la crise immobilière car les institutions finan-
cières les ont vendues pour se procurer des liquidités d’où la
Doc. 2 Quand la Nanonésie menace de ne plus rembourser propagation mondiale de la crise ;
ses dettes (vidéo) – le degré d’exposition au risque de ces créances était opaque
5. À l’actif du bilan d’une banque, on trouve ses ressources : si bien que personne ne savait qui détenait ces créances ni
ses fonds propres, les dépôts de ses clients, les prêts d’autres combien elles valaient ;
banques. – d’où une crise de confiance entre les banques qui ne se
Au passif, on trouve ce qu’elle fait de ses ressources : essen- prêtaient plus entre elles.
tiellement des prêts à d’autres agents économiques (parti- 13. Crise de liquidité, situation a : les banques n’ont pas
culiers, entreprises, autres banques, État). assez de monnaie pour faire face aux demandes de retrait
Une banque fait des bénéfices si ce que lui rapporte son actif de leurs clients.
est supérieur à ce que lui coûte son passif. Crise de solvabilité, situation b : les banques ne peuvent pas
6. La menace du général Iota de ne plus rembourser les faire face à leurs échéances.
dettes de la Nanonésie a pour conséquence le retrait des
dépôts des clients d’une part, la forte baisse des prêts à la Doc. 4 De la crise bancaire et boursière à la crise
banque d’autre part. économique et sociale
7. On assiste à un effet domino : la faillite de la banque 14. 1 ➝ 2 : Les faillites bancaires provoquent une baisse
qui ne peut plus rembourser ses dettes entraîne celle de de l’offre de crédit, une baisse des prêts entre les banques
la banque X, qui ne peut plus rembourser Y qui fait donc et entre les banques et les agents économiques. Les agents
aussi faillite. économiques vendent leurs titres sur le marché financier,

CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ? 23


ce qui provoque la baisse de leurs cours. Privés de prêts, les épargnent davantage pour reconstituer leur patrimoine et
ménages ne peuvent plus acheter de biens immobiliers et une réduction des investissements, donc une baisse de la
doivent aussi les vendre, ce qui entraîne une baisse des prix. demande.
On assiste à un effet de richesse négatif : baisse de la valeur 17. Pour rembourser les dettes publiques et payer les inté-
du patrimoine des agents économiques. rêts, il fallait réduire les dépenses publiques et augmenter
2 ➝ 3 ➝ 4 : Les entreprises ne peuvent plus se financer, les impôts pour éviter des déficits publics trop élevés qui
ni auprès des banques qui réduisent leur offre de crédit, ni auraient augmenté la dette.
sur le marché financier car les agents dont le patrimoine
est appauvri n’achètent plus de valeurs mobilières. Elles FAIRE LE POINT
réduisent leurs investissements. Quant aux ménages, ils
augmentent leur épargne (donc consomment moins) pour baisse du cours
Krach boursier des valeurs mobilières
reconstituer leur patrimoine.
15. Les banques sont indispensables à l’activité économique.
Les pouvoirs publics mènent des politiques de sauvetage.
baisse de la demande effet de richesse négatif
Pour relancer l’activité économique, ils mettent aussi en place
des politiques de relance par hausse des dépenses publiques
et déficit public. chômage et risque
16. L’effet de richesse négatif, les difficultés d’emprunt baisse de la production de baisse des prix
entraînent une baisse de la consommation des ménages qui

DOSSIER 2. Quelles sont les causes de l’instabilité de la croissance ? p. 54-59

3. Choc d’offre positif : baisse des cotisations sociales, gains


Le programme officiel
de productivité.
On présentera les idées directrices des principaux schémas Choc d’offre négatif : hausse du prix des matières premières,
explicatifs des fluctuations (chocs d’offre et de demande,
hausse des impôts sur les entreprises.
cycle du crédit), en insistant notamment sur les liens avec
la demande globale.
ACQUIS DE 1  : • demande globale
RE

Doc. 2 Un exemple de choc d’offre négatif :


les crises pétrolières de 1973 et 1979
➜ Mise en œuvre dans le manuel 4. Accroissement du prix du baril de pétrole en 1973 :
(12 – 2,9/2,9) = + 314% (soit une multiplication par 4).
On peut expliquer les crises par différents facteurs. Les
gains de productivité ou, à l’inverse, la hausse des coûts
Accroissement du prix du baril de pétrole de 1973 à 1980 :
de production, provoquent des chocs sur l’offre, ce qui
(34 – 2,9/2,9) = + 1 072% (soit une multiplication par près
explique les périodes d’expansion, de crise ou de réces- de 11).
sion/dépression. Ces explications sont cependant à nuancer 5. Les hausses du prix du pétrole s’apparentent à un choc
(A. Les explications par des chocs sur l’offre). Le cycle peut d’offre négatif :
provenir de chocs sur la demande globale (B. Les explica- – Forte inflation de 1974 à 1976 et de 1979 à 1981 (supé-
tions par des chocs sur la demande) ou par l’excès ou l’insuf- rieure à 10 % par an) ;
fisance de crédit (C. Le rôle du crédit dans l’analyse du cycle). – Baisse ou ralentissement de la croissance du PIB : - 0,3 %
en 1975, de 3,2 % en 1979 à 1,6 % en 1980 et 1,2 % en
1981 ;
A. Les explications par des chocs
– Hausse du chômage : de 2,8 % de la population active
à 4 % entre 1974 et 1975, 7,4 % en 1981. Les chocs pétro-
sur l’offre p. 54-59
liers se traduisent par une progression rapide du taux de
Doc. 1 Choc d’offre positif, choc d’offre négatif chômage.
1. Quand les salaires augmentent sans hausse de la producti- On peut aussi noter la dégradation du solde des échanges
vité, les coûts de production s’alourdissent. Pour une même extérieurs due à la hausse du prix du pétrole et au ralentis-
quantité produite, Q1 par exemple, il faut un prix égal à sement de la demande dans les pays développés.
P1 plus la hausse du coût de production. Cela explique le 6. Les chocs pétroliers ne peuvent pas expliquer le ralentis-
déplacement de la courbe d’offre vers la gauche. sement de la croissance à partir des années 1980 : en 1986,
2. Choc d’offre positif : hausse de la production, baisse le prix du baril de pétrole revient à son niveau d’avant les
des prix. crises pétrolières mais la croissance reste faible et le chômage
Choc d’offre négatif : baisse de la production, hausse des élevé. Il faut chercher d’autres causes que le prix du pétrole
prix. au ralentissement de la croissance.

24 CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ?


Doc. 3 Chocs d’offre positifs et innovations :
l’analyse de Schumpeter B. Les explications par des chocs
7. Pour Schumpeter, une innovation majeure suivie d’inno- sur la demande p. 56-57
vations mineures se diffuse dans l’économie et explique la
phase ascendante du cycle. Quand la diffusion est terminée, Doc. 1 Choc de demande positif, choc de demande négatif
le cycle se retourne car la production devient excédentaire 1. Si le pouvoir d’achat augmente, les ménages peuvent
par rapport à la demande. C’est parce que les innovations consommer plus. Pour un prix P1, ils demandent plus de
apparaissent assez régulièrement au cours du temps que quantités. Pour des quantités Q1, ils sont prêts à payer plus
l’économie a un caractère cyclique. cher. Ainsi, pour chaque niveau de quantités, le prix que les
8. Les innovations n’agissent pas toutes sur l’offre. En consommateurs souhaitent payer est plus élevé : la droite de
effet, les innovations de produit permettent des chocs sur demande se déplace vers la droite.
la demande. 2. Choc de demande positif : hausse de la production et
9. Le chemin de fer a été un facteur d’expansion en rédui- des prix.
sant les coûts de transport, en unifiant les territoires, en Choc de demande négatif : baisse de la production et des
élargissant les marchés, en entraînant d’autres industries prix.
comme la sidérurgie et la métallurgie, en développant 3. Choc de demande positif :
les grandes entreprises financées par le marché boursier. – une politique monétaire de baisse des taux d’intérêt peut
C’est une innovation qui a stimulé aussi bien l’offre que augmenter l’investissement et la consommation en augmen-
la demande. tant les emprunts moins chers donc déplacer vers la droite la
10. Schumpeter, dans son analyse du cycle, va beaucoup droite de demande globale. L’effet sur la demande n’est pas
plus loin qu’une explication par un choc sur l’offre même automatique car pour que les entreprises investissent il faut
si certaines innovations entraînent directement des gains qu’elles anticipent une demande supplémentaire.
de productivité. Cependant, il existe des innovations qui – une reprise dans les pays extérieurs augmente la demande
jouent sur la demande et Schumpeter donne un rôle fonda- en provenance de l’étranger, par conséquent les exporta-
mental aux banques et aux entrepreneurs. tions, et déplace la courbe de demande vers la droite.
Choc de demande négatif :
– une politique budgétaire d’austérité réduit les dépenses
Doc. 4 La croissance américaine des années 1990 : publiques (investissements, subventions, revenus sociaux),
une explication par les TIC
ce qui déplace la courbe de demande vers la gauche.
11. De 1992 à 2000, la croissance américaine se caractérise
– une baisse des revenus sociaux réduit la consommation et
par :
déplace la courbe de demande vers la gauche.
– une croissance du PIB relativement forte : 3 %/4% ;
– un krach boursier réduit la valeur boursière des patri-
– une inflation faible, inférieure à 3 % ;
moines et provoque un effet de richesse négatif, ce qui
– un taux de chômage en baisse avec, en 2000, une situation
déplace la courbe de demande vers la gauche.
très proche du plein emploi.
12. Les innovations liées aux TIC ont certes créé un choc
sur l’offre en augmentant la productivité.
13. La croissance américaine de la décennie 1990 peut s’ex- Doc. 2 La relance de la demande globale :
pliquer par plusieurs facteurs : la diffusion des NTCI mais un moyen de sortir des dépressions pour J.M. Keynes
aussi les politiques conjoncturelles menées aux États-Unis 4. Pour J.M. Keynes, l’insuffisance de la demande globale
et très réactives à la conjoncture. La faible croissance des est responsable des dépressions car :
prix peut s’expliquer par les nouvelles technologies (gains – les entreprises décident du montant de leur production en
de productivité permettant de baisser les prix) mais aussi fonction de leurs anticipations sur la demande ;
par les politiques économiques et la concurrence due à la – le montant de l’emploi dépend de la production ;
mondialisation. Contrairement à ce que pensaient certains – le chômage dépend de l’emploi et de la population active.
économistes, les États-Unis n’ont pas trouvé les modalités Pour réduire le chômage, il faut que la production et donc la
d’une croissance affranchie des contraintes conjoncturelles demande augmentent. Mais c’est très difficile car la dépres-
comme le montrent les crises financières de 2000 et de sion engendre la dépression.
2007-2008. 5. Pour relancer la consommation et l’investissement, les
pouvoirs publics peuvent utiliser :
– une politique budgétaire : hausse des dépenses publiques
FAIRE LE POINT (revenus sociaux permettant de consommer plus et inves-
Gains tissements publics), baisse des impôts (hausse du pouvoir
Innovation de procédé de productivité d’achat) ;
– une politique monétaire de baisse des taux d’intérêt
permettant aux agents d’emprunter plus pour consommer
et investir.
Hausse Déplacement
6. Ces moyens doivent créer un choc positif sur la demande
de la production de la courbe d’offre vers
globale : hausse de la consommation, hausse de l’investis-
et baisse des prix la droite
sement privé et publique.

CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ? 25


Utiliser les outils – la hausse de la consommation (les entreprises vont investir
du manuel numérique pour répondre à la hausse de la demande).
13. Si la demande est faible, même si des mesures favorables
Comparer deux documents à l’offre sont prises, il n’y aura pas de relance car :
Pour aider les élèves à répondre à cette question, on peut – les ménages ne consommeront pas plus ;
présenter en vis-à-vis le schéma du doc. 1 p. 342 (chapitre – les entreprises n’investiront pas.
12) : Le chômage keynésien : une demande insuffisante. 14. Un choc d’offre a des conséquences sur la demande en
permettant aux entreprises d’augmenter les investissements
Doc. 3 Le rôle de la demande dans l’évolution et les exportations qui sont des éléments de la demande.
conjoncturelle de l’économie française Un choc de demande a des conséquences sur l’offre car les
7. Croissance du PIB en 2013 : + 0,3 = contributions en entreprises fixent souvent leur production sur la demande
points de la consommation des ménages et des APU – + 0,6 anticipée.
–, de la formation brute de capital fixe, - 0, 2, du solde
extérieur, + 0,1, de la variation des stocks, - 0,2.
FAIRE LE POINT
1. Vrai : déplacement vers la droite de la courbe de demande ;
Pour aller plus loin
2. Faux : les entreprises n’investissent que si elles anti-
Pour faire comprendre la différence entre la croissance
cipent une demande plus forte ; 3. Vrai : les exportations
des éléments de la demande et la contribution de ces
sont un élément de la demande ; 4. Vrai : les dépressions
éléments à la croissance en points, on peut donner aux
s’expliquent par une insuffisance de la demande.
élèves l’exercice suivant.
Dans une économie, à l’époque 1, on sait que PIB
= 1 000, C = 600 et FBCF = 400. La consomma-
tion augmente à l’époque 2 de 1 % et la FBCF de C. Le rôle du crédit dans l’analyse
1 %. Quelles sont les contributions respectives de la du cycle p. 58-59
consommation et de la FBCF à la croissance du PIB ?
De combien le PIB augmente-t-il ? Doc. 1 Le rôle du crédit dans le cycle :
ΔC/C x C/PIB = ΔC/PIB = 1 % x 60 % = 0,6 point les analyses de C. Juglar et M. Friedman
ΔFBCF/FBCF x FBCF/PIB = ΔFBCF/PIB = 1 % x 400 1. Les facilités de crédit incitent les entreprises à emprunter
= 0,4 point pour investir et les consommateurs à emprunter pour
Hausse du PIB = 0,6 + 0,4 = 1% (ou 60 + 40 = 100 et consommer.
100/1 000 = 1 %) 2. L’économie connaît une période de prospérité quand
le crédit est facile. Au cours de cette période, les agents
8. En 2013, la consommation des ménages et les échanges économiques sont incités à investir et à spéculer à la Bourse.
extérieurs ont légèrement contribué à la croissance : respec- Mais le surinvestissement provoque un déséquilibre entre
tivement : + 0,6 et + 0,1 point. Mais l’investissement et la l’offre et la demande (offre trop élevée) et, inévitablement,
variation des stocks ont contribué négativement à la crois- le cycle se retourne.
sance : respectivement 0,2 et – 0,2 point. 3. Quand le cycle se retourne, les entreprises doivent baisser
9. La reprise de l’année 2010 s’explique principalement par leurs prix pour vendre leurs marchandises. Les banques
la consommation des ménages (contribution de plus de 1 resserrent leurs conditions de crédit, les taux d’intérêt
point à la croissance), la contribution positive de l’investis- augmentent et les entreprises ont du mal à emprunter et à
sement et la variation des stocks. Par contre, les échanges rembourser leurs dettes. Elles vendent leurs valeurs mobi-
extérieurs ont contribué négativement à la croissance. lières pour se procurer des liquidités provoquant un krach
10. Non, la France souffre aussi de problèmes d’offre et boursier. Une panique s’empare des investisseurs. Des
d’une compétitivité insuffisante des entreprises dont les entreprises font faillite. L’économie entre dans une phase
marges très dégradées ne leur permettent pas d’investir. de récession ou de dépression.
4. M. Friedman explique la crise de 1929 par une insuffi-
sance d’offre de monnaie de la banque fédérale au moment
Doc. 4 Choc de demande et choc d’offre :
de la crise (contraction forte de la masse monétaire) au
des effets cumulatifs
moment du retournement du cycle. Cette contraction n’a
11. Mesures qui relèvent de :
pas permis aux banques de prêter aux entreprises qui en
– la politique budgétaire : baisse des impôts, baisse des
avaient besoin, ce qui explique les faillites des banques et
charges sociales (en fait, ici, loi de financement de la Sécurité
des entreprises.
sociale – LFSS – votée par le Parlement), hausse des revenus
Cette explication n’est pas véritablement en contradiction
sociaux (budget de l’État pour les revenus d’assistance, LFSS
avec celle de Juglar car le durcissement du crédit au moment
pour les revenus d’assurance) ;
du retournement du cycle mis en avant par M. Friedman
– la politique monétaire : baisse du taux directeur.
est aussi un facteur de crise pour Juglar. Néanmoins, la
12. La hausse de l’investissement peut s’expliquer par :
cause fondamentale du cycle pour Juglar provient des faci-
– la baisse des taux d’intérêt (emprunts moins chers) ;
lités de crédit avant la crise et pour lui « la crise naît de la
– la hausse des marges des entreprises (plus de capacités de
prospérité ».
financement) ;

26 CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ?


Doc. 2 Les effets déstabilisants des politiques 12. L’analyse de Minsky retrace parfaitement le déroulement
de libéralisation financière de la crise des subprimes : taux d’intérêt faibles, endettement
5. La libéralisation financière à partir des années 1980 immobilier des ménages, prêts accordés par les banques à
concerne tous les aspects de la finance internationale : des ménages ne présentant pas assez de garanties, donc prise
liberté pour les banques dans leurs offres de crédit, ouver- de risques excessifs par les banques, formation d’une bulle
ture des marchés boursiers aux investisseurs étrangers, dans l’immobilier, hausse des taux d’intérêt, dégonflement
liberté des mouvements de capitaux entre les pays. de la bulle, faillites bancaires, crise économique et sociale.
6. Cette libéralisation a élargi les possibilités de finance-
ment en augmentant le nombre des acteurs et le volume
des transactions. Cette libéralisation est à l’origine des Doc. 4 La responsabilité des banques et des marchés
crises financières à répétition : prise de risques excessifs, financiers dans les crises
baisse puis hausse des taux d’intérêt bancaires quand la 13. 1 ➝ 2 : la baisse des taux d’intérêt facilite l’investisse-
conjoncture se retourne, spéculation, propagation des crises ment et la consommation, situation d’expansion.
entre les pays et retrait brutal des capitaux, comportements 4 ➝ 5 : le surinvestissement, les difficultés pour les entre-
moutonniers des investisseurs face à l’incertitude de l’avenir prises à écouler leurs produits les obligent à vendre leurs
et amplifiant les mouvements à la hausse ou à la baisse sur valeurs mobilières, ce qui provoque l’éclatement des bulles
les marchés financiers. et la crise.
7. La titrisation des créances consiste à fractionner les 5 ➝ 6 : le retournement du cycle et les taux d’intérêt élevés
créances et à les incorporer dans d’autres titres vendus ont pour conséquence une baisse de l’investissement, de
ensuite sur le marché financier international. Cette pratique la production, des prix des biens et des actifs mobiliers (et
est souvent assurée par des institutions (shadow bank) qui ne immobiliers).
sont pas définies comme des banques et qui donc échappent 7 ➝ 8 : la dépression (ou récession) se manifeste par un
aux règles prudentielles. effet de richesse négatif, des faillites et du chômage, ce qui
8. Cette pratique a permis : provoque une baisse de prix.
– des prises de risques excessifs (trop de crédits accordés aux 14. La régulation du crédit est indispensable :
acteurs économiques) ; – trop peu de crédit empêche toute reprise et freine l’activité
– la propagation de la crise au niveau mondial car ces économique ;
créances fractionnées étaient vendues sur les marchés finan- – trop de crédit crée des périodes d’euphorie et de spécula-
ciers dans le monde entier et personne ne connaissait leur tion qui débouchent sur un retournement du cycle.
degré de risque. Il faut donc adapter le volume du crédit à l’activité écono-
mique pour permettre une croissance qui n’engendre pas
de déséquilibres macroéconomiques comme l’inflation ou
le chômage.
Doc. 3 Le rôle des marchés financiers dans le cycle :
l’analyse de H. Minsky
9. Pendant les périodes d’expansion, les entreprises sont Suggestion de question complémentaire
euphoriques, très optimistes. Elles s’endettent pour investir Pourquoi la reprise n’est-elle pas nécessairement au
et spéculer à la Bourse. rendez-vous ?
10. L’indice du CAC 40 connaît de nombreuses variations La reprise n’est pas nécessairement au rendez-vous parce
à court terme, voire à très court terme (d’heure en heure) que :
ainsi que de brutales périodes de hausse (de 1996 à 2000, – les politiques de lutte contre la crise ne sont pas néces-
de 2003 à 2007) où les cours sont multipliés en deux ou sairement adéquates ;
trois ans par deux ou trois, puis de brutales périodes de – l’économie a pris du retard dans l’investissement et le
baisse (de 2000 à 2003, de 2007 à 2009) où les cours s’ef- progrès technique ;
fondrent. L’instabilité de la Bourse de Paris se manifeste par – il est difficile de sortir d’une situation de dépression
une succession de krachs boursiers qui n’ont cependant pas car la baisse des prix appelle la baisse des prix ;
la même ampleur que celui de 1929. – la confiance dans les capacités de reprise peut être faible.
11. Dans la première phase du cycle, les taux d’intérêt
sont faibles, les entreprises empruntent pour investir ou FAIRE LE POINT
spéculer à la Bourse et le cours des valeurs mobilières La baisse des taux d’intérêt incite les agents économiques à
augmente. La hausse de la demande de crédit, celle des s’endetter et à investir. Cette situation conduit à un surin-
liquidités monétaires et le risque d’éclatement de la vestissement donc à une situation de surproduction, et à
bulle spéculative conduisent les banques et les autorités des prises de risques excessifs provoquant une bulle spécu-
monétaires à augmenter les taux d’intérêt. Cette hausse lative. La hausse des taux d’intérêt et l’éclatement de cette
provoque une vente des valeurs mobilières et une baisse bulle entraînent des faillites, une baisse de la demande et
de leur cours. une crise.

CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ? 27


DOSSIER 3. Quelles sont les conséquences de l’instabilité de la croissance ? p. 60-63

avec certaines années une baisse des prix. Le risque est en


Le programme officiel
2014 la déflation.
On analysera les mécanismes cumulatifs susceptibles Évolution du chômage :
d’engendrer déflation et dépression économique et leurs – Aux États-Unis et dans la zone euro, la « Grande Récession »
conséquences sur le chômage de masse. provoque une forte poussée du chômage. Le taux de chômage
NOTIONS DE T  : • dépression • déflation
aux États-Unis, très faible en 2009, double presque de 2009
LE

ACQUIS DE 1 : • chômage
à 2013. Dans la zone euro qui, en 2009, connaît un taux de
RE 

chômage nettement plus élevé qu’aux États-Unis, le chômage


dépasse la barre des 10 % depuis 2010.
➜ Mise en œuvre dans le manuel
– Le Japon maintient son taux de chômage à un niveau
On commence par définir la dépression et la déflation puis faible.
à en montrer les conséquences et les risques (A. Le risque 7. La forte augmentation du poids de la dette publique
de dépression et de déflation) avant de s’interroger sur les dans le PIB s’explique par les politiques de relance mises
conditions et les difficultés de la reprise (B. Après la crise, en œuvre au lendemain de la crise des subprimes. Ces
la reprise ?) politiques n’ayant pas été couronnées de succès, la dette
publique a fortement augmenté. La hausse de la part de la
A. Le risque de dépression dette publique dans le PIB s’explique aussi par le ralentis-
et de déflation p. 60-61 sement de la croissance du PIB.
8. L’expression « Grande Récession » s’explique par la dégra-
dation de la conjoncture, plus importante qu’au cours
Doc. 1 Un exemple de dépression : la crise de 1929 d’une récession normale, et par les difficultés de la reprise.
1. En France, de 1929 à 1933, le cours des valeurs mobilières Néanmoins, il n’est pas possible de parler de dépression car
a baissé de 53 %. la chute de l’activité économique, la montée du chômage et
2. La dépression est une situation durable de forte baisse l’augmentation de la pauvreté restent en deçà de la situation
de la production et des prix accompagnée d’une montée des années 1930. Pour l’instant, les prix ne baissent pas
du chômage. fortement comme pendant la crise de 1929.
3. La crise de 1929 s’apparente à une violente dépression 9. Non, la crise n’est pas finie. Le taux de croissance des
car : PIB reste faible et même négatif dans la zone euro. Le taux
– tous les indicateurs économiques chutent violemment en de chômage est élevé et l’importance de la dette publique
l’espace de 4 ans : cours des actions - 39 % aux États-Unis, fait craindre que des politiques d’austérité réduisent la déjà
production industrielle - 21 % aux États-Unis, baisse des faible croissance.
prix - 23 % en Allemagne, commerce international -48 %
aux États-Unis ;
– le chômage augmente fortement : 15 millions de personnes Doc. 3 Les dangers de la déflation
au chômage aux États-Unis en 1933 ; 10. Les crises pétrolières provoquent une forte inflation,
– tous les secteurs d’activité sont touchés : l’industrie mais supérieure à 10 % dans le cas de la France. Or une trop
aussi les banques et l’agriculture ; forte inflation a de très nombreux inconvénients : baisse du
– la crise est mondiale : tous les pays sont touchés y compris pouvoir d’achat si les revenus augmentent moins vite que
les pays peu développés (le Brésil par exemple) ; les prix, perte de compétitivité, baisse du taux d’épargne
– la reprise est lente à se manifester (il faudra attendre la donc difficultés à financer l’économie, ralentissement de
Seconde Guerre mondiale). l’activité économique (stagflation). Telles sont les raisons
4. Non, la misère liée au chômage ne prendrait pas une pour lesquelles les Banques centrales ont décidé de lutter
telle ampleur aujourd’hui car, depuis 1945, les pays avancés contre l’inflation.
ont développé des politiques sociales qui sont un frein à la 11. La déflation est une situation de baisse de la production,
misère (RSA par exemple en France). des salaires et des prix.
12. La déflation a un caractère cumulatif car les ménages
retardent leurs achats et les entreprises qui anticipent une
Doc. 2 La Grande Récession : 2008-2013 demande faible, leurs investissements. Celles-ci réduisent
5. Dans la zone euro, en 2009, le PIB a diminué de 4,4 %. leur production, licencient, ce qui accentue la pression à la
6. Évolution de l’inflation : baisse sur la demande et la déflation.
– Dans la zone euro, le taux d’inflation diminue de 0,4
point entre 2007 et 2013 ;
– Aux États-Unis, le taux d’inflation passe de + 2,9 % en Doc. 4 Le chômage en France :
2007 à 0,1 % en 2013 ; conjoncturel ou structurel ?
– Au Japon, le taux d’inflation est très faible depuis 2007, 13. Pendant les Trente Glorieuses, la croissance est forte
les prix baissent en 2009, 2010, 2011. Mais le taux d’infla- (autour de 5 %) par an et le taux de chômage faible (2 %
tion se redresse en 2013. environ, soit une situation proche du plein emploi). Après
– Pour ces pays et pour la zone euro, le ralentissement de les Trente Glorieuses, le net ralentissement de la croissance
la croissance économique entraîne une très faible inflation entraîne une montée inexorable du chômage.

28 CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ?


Depuis les années 1990, pendant les périodes de croissance – Les pays de l’OCDE ont aussi vu leur croissance potentielle
– fin des années 1980, 2006-2007 – le taux de chômage diminuer : un peu plus de 2,5 % avant la crise, 1,7 % en
diminue mais il diminue peu et ne parvient pas à descendre 2013. Il en est de même des États-Unis mais leur niveau de
durablement sous les 8 % de la population active au chômage. croissance potentielle était plus élevé avant la crise (3,2 % sur
14. Le retour de la croissance en France permettrait une la période 1989-98, 2,9 % sur la période 1998-2008) si bien
légère baisse du chômage mais les caractéristiques structu- qu’en 2013 leur taux de croissance potentielle est de 2 %).
relles du chômage l’empêcheraient de descendre de façon – La zone euro qui connaissait déjà des difficultés avant la
significative. crise a été touchée plus que les autres pays.
15. L’auteur explique la persistance du chômage en France
par les rigidités structurelles du marché du travail. Doc. 3 Des politiques adaptées
selon la nature des chocs
8. Il est très important de bien cerner les causes des crises
Utiliser les outils
pour mener des politiques adaptées.
du manuel numérique 9. Face à un choc négatif sur l’offre, mener des politiques
Comparer deux documents de relance est inadapté car la hausse de la demande renforce
Pour poursuivre le travail avec les élèves, on peut celle des prix sans agir sur l’offre.
présenter en vis-à-vis le doc. 3 p. 343 (chapitre 12) : Le 10. À partir de 2008-2009, les pays industrialisés ont
chômage structurel : les rigidités du marché du travail. commencé par mener des politiques de relance bien adap-
tées à la nature de la crise puisque cette crise peut s’analyser
FAIRE LE POINT comme un choc sur la demande. À partir de 2011, les pays
1. Faux ; 2. Vrai ; 3. Vrai ; 4. Faux ; 5. Faux de la zone euro ont mené des politiques d’austérité pour
lutter contre la crise de la dette publique. Dans un sens, ces
politiques étaient justifiées mais elles ont contribué à faire
replonger les pays de la zone euro dans la récession.
Les questions 11, 12 et 13 portent sur la vidéo.
B. Après la crise, la reprise ?  p. 62-63 11. Cette décision est justifiée en raison d’une situation
proche de la déflation et de la dépression. La BCE a pour
Doc. 1 Une reprise fragile objectif la stabilité des prix (2 % en moyenne annuelle) mais
1. Double dip : la crise des subprimes en 2008-2009 et les cet objectif vaut aussi quand la hausse des prix est trop faible.
politiques d’austérité mises en place à partir de 2010 pour 12. Non, car il ne suffit pas que le taux directeur de la
lutter contre la crise des dettes publiques. BCE soit faible, encore faut-il que les entreprises aient envie
2. Les politiques conjoncturelles engagées à partir de 2008 d’investir et par conséquent anticipent une hausse de la
dans la zone euro n’ont pas permis une reprise car : demande.
– les politiques de relance (2008-2009) ont limité la réces- 13. Avantages : relance possible de l’activité économique.
sion même fortement accru l’endettement public ; Inconvénients : pas d’effet si pas de hausse de la demande.
– les pouvoirs publics ont été obligés de mener des poli- Risques : relance de l’inflation, accumulation de dettes par
tiques d’austérité pour réduire le poids de la dette et les taux les agents économiques.
d’intérêt réels sur les marchés financiers.
3. Risques de hausse des taux d’intérêt réels et de difficultés Suggestion de questions supplémen-
à rembourser la dette. Vidéo
taires sur la vidéo
• En janvier 2015, la BCE a décidé de racheter tempo-
Doc. 2 Les conséquences négatives des crises financières rairement des titres publics et privés par émission
4. Les crises financières réduisent l’investissement à cause
d’euros. Comment expliquer cette décision ?
du rationnement du crédit. Les entreprises hésitent à Dans une situation où le taux d’intérêt directeur
s’endetter pour investir et leurs marges dégradées ne leur nominal est très faible (0,05 %) et où les taux d’intérêt
permettent pas de financer leurs investissements. réels deviennent positifs, il n’est plus possible de baisser
5. Les conséquences sur le marché du travail des crises
encore le taux d’intérêt.
financières sont généralement négatives - chômage de Autre mesure radicale : le rachat de dettes publiques ou
longue durée et contrats de très court terme dégradant privées sur le marché secondaire contre des émissions
le capital humain – même si le chômage peut pousser au d’euros. L’objectif est toujours de relancer l’activité
travail le conjoint et si les chiffres du chômage peuvent être économique et d’enrayer la chute des prix.
amputés des chômeurs découragés, ne recherchant plus de • Les conséquences de la décision de la BCE seront-
travail. elles automatiquement positives ?
6. Les crises financières freinent le progrès technique :
On peut reprendre les mêmes remarques que celles de
peu d’investissement, baisse des dépenses en recherche et J.M. Daniel : pour que l’économie française renoue avec
développement. la croissance, il faut qu’il existe une demande préalable,
7. La crise financière a réduit la croissance potentielle donc
des liquidités abondantes ne suffisent pas.
les possibilités de croissance future. Risque d’une bulle spéculative car possibilité d’acheter
– Dans la zone euro, avant la crise de 2008, la croissance facilement des valeurs mobilières.
potentielle était estimée à un peu moins de 2 % (2,2 % sur Risque que la France ne fasse pas les efforts de réforme
la période 1989-1998, 2 % sur la période 1998-2008), elle nécessaires.
de 0,7 % en 2013. Le risque d’inflation paraît peu important pour l’instant.

CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ? 29


16. Mener une politique contra-cyclique signifie relancer
Ressource numérique l’activité économique en période de récession mais ne pas
Vidéo
poursuivre cette politique en période d’expansion. Au
• Relancer l’économie à l’aide de la politique moné- cours de cette période, il faut réduire le déficit public pour
taire de la BCE. Interview de Jean-Marc Daniel disposer de marges de manœuvre en cas de récession. Mais
✓ Saisir l’adresse du lien indiqué sur la page pour accéder il ne suffit pas de lutter efficacement contre les crises. Il
librement à la vidéo. faut aussi éviter qu’elles ne se reproduisent. La prévention
www.lienmini.fr/magnard-ses-006 contre les crises, notamment financières, passe par des
Le 05/09/2014, sur BFM Business, Jean-Marc Daniel, règles prudentielles que les institutions financières doivent
économiste et professeur à l’ESCP Europe, est revenu respecter et la surveillance d’indicateurs comme les cours
sur la question que se posent la plupart des économistes boursiers (pour éviter la formation d’une bulle spéculative)
concernant la possibilité de relancer l’activité écono- et le taux d’endettement des agents économiques.
mique à l’aide de la politique monétaire de la BCE.

Doc. 4 Les leçons des crises


14. En présence d’une crise, il est nécessaire d’agir rapi-
dement si on veut éviter l’enlisement dans la dépression FAIRE LE POINT
et parce que la crise a un coût économique et social élevé. Une crise financière a trois effets négatifs : la dégradation
15. En cas de choc de demande négatif, les autorités doivent du marché du travail, la baisse des investissements et des
mener des politiques de relance. Mais il faut savoir arrêter au dépenses de recherche et de développement. Les travailleurs
bon moment ces politiques qui risquent d’avoir des consé- perdent leurs compétences, le rythme d’accumulation du
quences contre-productives (par exemple, hausse de la dette capital diminue et les progrès techniques sont retardés.
publique). Si on les arrête trop tôt, on risque de ne pas Toutes ces conséquences réduisent la croissance poten-
profiter des effets positifs de la relance, si on les arrête trop tielle de l’économie qui elle-même réduit la croissance
tard, on risque de retarder la mise en œuvre des réformes effective.
structurelles indispensables.

Exercices p. 67-68

1. Vrai ou faux ? 2. Faire un schéma


1. Vrai ; 2. Faux ; 3. Faux ; 4. Vrai ; 5. Vrai ; 6. Faux ;
7. Vrai ; 8. Faux ; 9. Vrai ; 10. Vrai

Surinvestissement et prise
Baisse du taux Hausse du taux Éclatement de la bulle
de risques excessifs, endette-
d’intérêt d’intérêt spéculative
ment, bulle spéculative

Récession ou dépression Baisse des prix, baisse de Choc négatif sur


Baisse de la demande
+ déflation la production, chômage la demande

3. Analyser un texte factuel sur la conjoncture Exportations : vente de biens et de services à l’extérieur.
1. Produit intérieur brut en euros constants : le PIB est la Échanges extérieurs : différence entre les exportations et les
somme des valeurs ajoutées de tous les agents économiques ; importations de biens et de services.
euros constants signifie que le PIB est calculé hors inflation. Pouvoir d’achat du revenu disponible brut : le revenu dispo-
PIB en euros constants = (PIB en euros courants/indice des nible brut est la somme des revenus primaires + les revenus
prix) x 100. de transferts – les impôts directs et les cotisations sociales.
Investissement : ou formation brute de capital fixe des Le pouvoir d’achat du revenu disponible brut est le revenu
entreprises, des ménages, des administrations publiques disponible brut hors inflation ou (revenu disponible brut/
ou achat de biens de production pour les entreprises et les indice des prix) x 100.
administrations publiques, de biens immobiliers pour les Désinflation : baisse du taux d’inflation, de la hausse des
ménages. prix.
Demande intérieure : consommation + investissement ou Taux d’épargne des ménages : épargne brute/revenu dispo-
demande globale – exportations. C’est la demande des nible brut en %.
agents économiques résidant sur le territoire national. Taux de marge des entreprises : excédent brut d’exploitation
Importations : achat de biens et de services à l’extérieur. ou profit d’exploitation/valeur ajoutée en %.

30 CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ?


Taux d’autofinancement : épargne/investissement en %. Composante de la demande globale qui a joué négativement
Sociétés non financières : entreprises hors entreprises sur la croissance du PIB : investissement total.
individuelles, agents produisant des biens et des services 4. La faiblesse de la croissance de l’économie française
marchands. en 2013 (PIB : + 0,3 %) s’explique principalement par le
2. Taux de marge, taux d’autofinancement et recul de l’in- recul de l’investissement sous l’effet d’une baisse du taux
vestissement : la baisse du taux de marge rend plus difficile de marge des entreprises. La consommation, sous l’effet
le financement de l’investissement, elle se répercute sur d’une stabilisation du pouvoir d’achat du revenu disponible
le taux d’autofinancement dont la baisse signifie que les brut et d’une stabilité du taux d’épargne, redémarre mais
entreprises doivent trouver des ressources extérieures pour sa croissance est insuffisante pour entraîner la croissance.
financer leurs investissements, ce qui tend à en réduire le Il en est de même pour les échanges extérieurs.
montant.
Stabilisation du pouvoir d’achat des ménages et désinfla-
tion : en raison de la hausse des prélèvements obligatoires, 4. Calculer des élasticités
le pouvoir d’achat aurait diminué si l’inflation avait été 1. Élasticité-prix de la demande : Ed/p = - 5 %/10% = - 2.
plus forte. Le ralentissement de la hausse des prix a un effet Élasticité-prix de l’offre : Eo/p = 12 %/10% = 1,2.
favorable sur le pouvoir d’achat. 2. Demande peu élastique : sucre, pain, sel…
Reprise de la demande intérieure et importations : la Demande très élastique : places à l’Opéra, hôtels quatre
reprise de la demande intérieure entraîne une hausse des étoiles, bijoux…
importations. Offre peu élastique : bananes, oranges (ces productions
3. Composantes de la demande globale qui ont joué posi- dépendent des plantations effectuées qu’on ne peut changer
tivement sur la croissance du PIB : les échanges extérieurs tous les trois mois), spectacles à l’Opéra…
(hausse des exportations un peu supérieure à celle des Offre très élastique : pain, café dans un bistrot, voitures,
importations), consommation en raison de la stabilisation pétrole…
du pouvoir d’achat des ménages et du taux d’épargne. 3.

Hausse du prix Demande peu élastique Demande très élastique Offre peu élastique Offre très élastique
Quantités Baissent peu Baissent beaucoup Baissent peu Augmentent beaucoup

5. Analyser le cycle en observant le déplacement des 3. A. Vrai ; b. Faux ; c. Vrai ; d. Faux ; e. Vrai
courbes d’offre et de demande 4. a. oui ; b. impossible de répondre ; c. oui ; d. oui ; e. oui
1. Cas 1 : expansion par choc positif sur la demande. 5. Sous les effets de la crise de 2007-2008 et des plans de
Cas 2 : récession ou dépression par choc négatif sur l’offre. relance qui ont suivi, dans les six pays avancés étudiés par
2. Cas 1 : les Trente Glorieuses. le tableau du FMI, le poids de la dette publique dans le
Cas 2 : les chocs pétroliers. PIB a considérablement augmenté de 2001 à 2013. + 90
3. Dans le cas 1, comme l’offre est peu élastique, les quan- points aux États-Unis, + 22 points en Allemagne, soit
tités augmentent peu et les prix beaucoup. respectivement un doublement et une hausse de 37 % du
Dans le cas 2, comme la demande est très élastique, les poids de la dette publique. Dans certains pays, le poids de
quantités baissent beaucoup et les prix augmentent peu. la dette publique atteint des niveaux considérables : c’est
le cas du Japon même si la dette japonaise est essentielle-
ment détenue par des résidents japonais (244 % du PIB)
6. Utiliser des pourcentages ou de l’Italie (131,4 %). Dans tous les pays, le poids de la
1. Au sens de Maastricht, la dette publique comprend la dette publique dépasse désormais 80 % du PIB. Certains
dette de l’État, des collectivités locales et des organismes pays sont parvenus mieux que d’autres, même si le poids
de Sécurité sociale. de leur dette est élevé, à limiter la croissance de ce poids :
2. Poids de la dette publique dans le PIB : montant de la l’Italie (+ 21 %) et l’Allemagne (+ 37 %). La maîtrise de la
dette publique en euros courants/PIB en euros courants, dette publique est un enjeu fort pour tous ces pays dans les
en %. prochaines années.

Méthode  p. 69

Vous présenterez le document puis vous montrerez les 3. Sur l’ensemble de la période, certains pays comme l’Es-
effets de la crise de 2008 sur le PIB par tête dans les pagne et l’Italie ont été violemment touchés par la crise
pays industrialisés. puisque leur PIB par tête a diminué. En effet, en 2013, cinq
ans après la crise, le PIB par tête de l’Espagne a baissé de
• Pour les remarques 2, 3, 5, 6, indiquez ce qu’il aurait 9,1 %, celui de l’Italie de 11,6 %.
fallu écrire. 5. Le PIB par tête a augmenté au cours de la période de
2. Sur l’ensemble de la période, quatre pays sur six ont vu relance budgétaire, plus ou moins vite selon les pays. Seule
leur PIB par tête diminuer. Mais, pour l’Allemagne et les l’Espagne accuse une baisse du PIB par tête au cours de
États-Unis, le PIB par tête a augmenté. cette période.

CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ? 31


6. Seuls trois pays ont vu leur PIB par tête baisser au cours l’Allemagne (+ 3,1 %) ont retrouvé ou dépassé leur PIB par
de la période d’austérité budgétaire : la France, l’Espagne habitant de 2008. Mais le niveau de leur PIB par tête est
et l’Italie. bien inférieur à ce qu’il aurait été si la crise n’avait pas eu
lieu. Le niveau de vie de certains d’entre eux a violemment
• Rédigez la réponse à l’EC2. chuté : - 9,1 % pour l’Espagne, - 11,6 % pour l’Italie.
Ce document, publié en mars 2014 par l’OFCE, un orga- En 2009 et 2010, les politiques de relance ont souvent eu
nisme indépendant de prévisions et d’analyses économiques, des résultats positifs et le PIB par tête a augmenté dans tous
cherche à évaluer l’impact de la crise des subprimes et des les pays plus ou moins vite, sauf en Espagne où il a baissé.
politiques suivies au lendemain de la crise sur le PIB par Durant la période d’austérité budgétaire, certains pays
tête de sept pays avancés de 2008 à 2013. comme la France, l’Espagne et surtout l’Italie voient leur
La crise des subprimes a violemment affecté le PIB par tête PIB par tête à nouveau diminuer. Ce n’est pas le cas des
des sept pays avancés étudiés. Pour tous ces pays, au cours États-Unis, du Japon ou de l’Allemagne.
de l’année 2008, le PIB par tête a diminué : d’un peu plus L’impact de la crise des subprimes a donc été très différent
de 4 % aux États-Unis – pays le moins touché, à plus de selon les pays. On peut avancer l’idée que les pays les plus
8 % au Japon – pays le plus touché. En 2013, cinq ans après fragiles ont plus souffert que les autres.
la crise, seuls les États-Unis (+ 2,1 %), le Japon (+ 0,6 %) et

SUJET BAC. Épreuve composée p. 70-71

Partie 1. Mobilisation des connaissances des pays partenaires diminue et, par conséquence, celle du
1. Un choc d’offre signifie que l’offre augmente ou diminue pays à l’origine de la déflation. Ces enchaînements non
rapidement entraînant un déplacement vers la droite (choc vertueux peuvent être dramatiques et conduire à un blocage
d’offre positif) ou vers la gauche (choc d’offre négatif) de de l’économie.
la courbe de demande.
Ces chocs d’offre sont l’une des explications possibles du Partie 2. Étude d’un document
cycle : expansion en cas de choc d’offre positif, récession ou Vous présenterez le document puis mettrez en évidence
dépression en cas de choc d’offre négatif. les grandes évolutions du PIB et des composantes de la
En cas de choc d’offre positif, les prix baissent et la produc- demande de 2008 à 2013.
tion augmente. Un choc d’offre positif peut être provoqué Ce document produit par Eurostat, une direction de la
par une baisse des coûts de production (matières premières, Commission européenne chargée de l’information statis-
énergie, salaires, impôts), des coûts de transaction, par tique de l’Union européenne, présente, en indices, base 100
des innovations de procédés ou de produits (par exemple au 1er trimestre 2008, l’évolution du PIB et des composantes
les NTCI) et de marché permettant de produire plus à de la demande globale de 2008 à 2013 dans la zone euro.
moindres coûts (économies d’échelle). Il a pour objectif de montrer comment l’évolution de la
En cas de choc d’offre négatif, les prix augmentent et la demande globale qui comprend la demande intérieure, la
production diminue (souvent situation de stagflation). Un consommation des ménages et des administrations ainsi que
choc d’offre négatif peut être provoqué par une hausse des l’investissement, et la demande extérieure, les exportations,
coûts de production (matières premières, énergie, salaires, a contribué à la croissance du PIB.
impôts) ou par des événements climatiques défavorables Depuis 2008, c’est-à-dire depuis la crise des subprimes, et
(sécheresse par exemple). Les crises agricoles sous l’Ancien jusqu’à 2013, le PIB de la zone euro a diminué d’environ
Régime, les chocs pétroliers à la fin des années 1970 sont 3 % : indice 100 en 2008, 97 en 2013. Cette baisse a été
de bons exemples de chocs d’offre négatifs. forte en 2008 (- 5 %). Elle a été suivie d’une hausse du PIB
jusqu’en 2011 pour connaître ensuite une relative stagna-
2. Une situation de déflation, de baisse des prix et de la tion. En 2013, le PIB de la zone euro n’a pas retrouvé son
production, peut conduire à une baisse de la demande niveau du 1er trimestre 2008.
globale, égale à la consommation, à l’investissement et Cette évolution s’explique par celle des différentes compo-
aux exportations. Il se produit un processus cumulatif. santes de la demande globale. Sur l’ensemble de la période,
Lorsqu’une situation économique dégradée provoque une seules les exportations et la consommation des administra-
chute des prix, les consommateurs retardent leurs achats en tions ont connu une croissance d’environ 5 %. Cette crois-
espérant une nouvelle baisse des prix. Cette baisse des prix sance n’a pas été suffisante pour contrecarrer les baisses de
augmente les taux d’intérêt réels, ce qui alourdit le coût de la consommation des ménages et surtout de l’investisse-
la dette privée et publique. Elle diminue aussi les marges ment (- 20 %). Au total, la demande intérieure a diminué
des entreprises qui, pour éviter la faillite, doivent baisser les de 5 %.
salaires, licencier, réduire leurs investissements. On assiste La baisse du PIB de 2008 à 2013 dans la zone euro s’ex-
donc à une chute de la consommation et de la production plique donc principalement par la chute de l’investissement,
qui affecte aussi les importations et donc les exportations ce qui constitue un handicap pour l’avenir de la zone.
des autres pays. Si l’extérieur exporte moins, la production

32 CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ?


• Ces relations ont été mises en évidence par de nombreux
Partie 3. Raisonnement s’appuyant économiques.
sur un dossier documentaire Au milieu du xixe siècle, C. Juglar montre que les périodes
À l’aide de vos connaissances et du dossier documen- d’expansion s’expliquent par un coût du crédit faible stimu-
taire, vous analyserez le rôle de la demande dans les lant l’investissement et par conséquent la demande.
fluctuations économiques. Les explications du cycle long Kondratieff par Schumpeter
mettent aussi l’accent sur les innovations de marché et
de produits qui se diffusent pendant la phase « A » dans
1. La demande globale, c’est-à-dire la consommation
l’économie.
finale des ménages et des administrations, l’investis-
J.M. Keynes montre que les entreprises déterminent leur
sement des entreprises et des ménages, les exportations
production en fonction de la demande anticipée. Une faible
nettes des importations, joue un rôle fondamental dans demande conduit à la dépression. L’incertitude sur l’avenir
l’analyse des fluctuations économiques. conduit aussi les entrepreneurs à adopter un comportement
mimétique si bien qu’un « climat des affaires » pessimiste
• On observe qu’en période de hausse de la demande les incite à réduire leurs investissements.
globale, la production augmente et qu’un ralentissement
de cette demande se répercute sur la production. 2. L’évolution des composantes de la demande globale
Les « Trente Glorieuses » sont un bon exemple de forte explique les chocs de demande positifs et négatifs.
progression de la demande globale : hausse du pouvoir • Les composantes de la demande globale dépendent de
d’achat des ménages, hausse de l’investissement privé, plusieurs facteurs.
importance de l’investissement public (infrastructures La consommation dépend principalement du pouvoir
notamment), dynamisme des échanges extérieurs. d’achat du revenu disponible et des anticipations. Une faible
Comme le montre Schumpeter, certaines innovations croissance conduit à un ralentissement ou à une baisse de
(nouveaux marchés, nouveaux produits) stimulent la ce pouvoir d’achat surtout si, comme au moment des chocs
demande. Il s’agit par exemple de l’essor des biens d’équi- pétroliers, les prix augmentent fortement.
pement ménager pendant les « Trente Glorieuses ». Le niveau des taux d’intérêt, les anticipations sur l’avenir,
A contrario, la baisse ou le ralentissement de la demande le climat de confiance déterminent le montant des investis-
globale provoque des récessions ou des dépressions. C’est sements. Les échanges extérieurs dépendent de la compéti-
notamment le cas pendant la crise de 1929 ou pendant la tivité de l’économie, du taux de change et du dynamisme
des pays partenaires.
« Grande Récession » due à la crise des subprimes en 2007-
Enfin, le montant du patrimoine des agents détermine leur
2008. En France par exemple la baisse du PIB en 2009
capacité à consommer et à s’endetter pour investir.
(doc. 1) de 2,9 % s’explique par une faible contribution de
• Les chocs de demande négatifs s’expliquent par une
la dépense de consommation finale au PIB (+ 0,7 point) et contraction de la demande.
surtout des contributions négatives de la formation brute Cette contraction peut provenir d’une hausse des taux d’in-
de capital fixe (- 2,1 points) et des échanges extérieurs (- 3,1 térêt à la fin d’un cycle d’expansion : réduction de l’offre de
points pour les exportations, + 2,7 points pour les importa- crédit par les banques, hausse des taux d’intérêt directeurs
tions, soit - 0,4 point au total. par la Banque centrale pour freiner une bulle spéculative.
• Cette relation entre production et demande globale L’éclatement d’une bulle spéculative et un krach boursier
peut être illustrée par des graphiques montrant le dépla- réduisent le patrimoine boursier des agents économiques, ce
cement des courbes de demande. qui les incite à épargner plus pour reconstituer ce patrimoine
Quand l’économie connaît un choc de demande positif, la donc à consommer moins et à se désendetter. Cela a été le
courbe de demande se déplace vers la droite : la production cas après le krach boursier d’octobre 1929 aux États-Unis ou
augmente ainsi que les prix. après la crise des subprimes en 2007-2008. Comme le montre
Quand l’économie connaît un choc de demande négatif, la le doc. 2, au moment de la crise des subprimes, non seulement
courbe de demande se déplace vers la gauche : la production les banques, victimes d’une crise de liquidité et de solvabilité,
diminue ainsi que les prix. Ces déplacements peuvent être sont plus sélectives dans le choix de leurs clients, mais en
illustrés par les deux graphiques ci-dessous : plus les agents sont victimes d’un « effet de richesse » négatif.
La consommation peut être freinée par une crise financière
Déplacement de la droite Déplacement de la droite et la mise en place de politiques d’austérité pour freiner la
de demande vers la droite de demande vers la gauche croissance de la dette publique. Ainsi, en France, à partir de
2011-2012, la consommation contribue-t-elle pour moins
Prix Prix de 1 point à la croissance du PIB (doc. 1).
D1 D2 D2 D1
Le doc. 3 montre les conséquences sur la croissance du PIB
P2
O
P1
O et sur le chômage de la chute de la demande au moment de
la « Grande Récession ». Aux États-Unis, le PIB diminue de
P1 P2
0,3 % en 2008 et de 3,1 % en 2009, le chômage progresse
de 4,6 % de la population active en 2006 à plus de 9 % en
2009. La zone euro est durement affectée : – 4,4 % pour
Q1 Q2 Q2 Q1 le PIB en 2009 et un chômage qui atteint 12,3 % de la
Quantités Quantités population active en 2013. À la différence des États-Unis,
la croissance de la zone euro est freinée par les politiques

CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ? 33


d’austérité mises en œuvre à partir de 2011-2012 qui pèsent dans le cycle, il est important de mener des politiques de
sur la demande globale. stimulation de la demande si la récession, ou la dépression,
• Les chocs de demande positifs s’expliquent au contraire provient d’une chute de la demande.
par un essor de la demande. Les fluctuations ne s’expliquent pas uniquement par des
Des taux d’intérêt faibles, des conditions de crédit géné- chocs sur la demande. Elles peuvent provenir de chocs néga-
reuses stimulent l’investissement et la consommation. Il en tifs sur l’offre (cas des chocs pétroliers) ou de chocs positifs
est de même lorsque les cours boursiers augmentent. (diffusion des NTCI aux États-Unis dans la décennie 1990),
Il faut aussi tenir compte des échanges extérieurs et des poli- des structures du capitalisme (fordisme, crise du fordisme),
tiques économiques. Une politique de relance, surtout une des politiques financières menées puisque la libéralisation
politique budgétaire, est en principe favorable à la demande. financière à partir des années 1980 est responsable du retour
En conclusion, sachant le rôle fondamental de la demande des crises financières.

SUJET BAC. Dissertation p. 72-73

Quelles sont les conséquences des crises 2000 à moins de 1 % (crise Internet) et chute en 2008,
financières sur l’activité économique ? 2009 et 2013 (doc. 1).
– Le chômage augmente. Toujours dans le cas de la France,
le taux de chômage en pourcentage de la population active
▶ Introduction atteint plus de 10 % à partir de 2012 (doc. 1). Cette hausse
Les crises financières naissent dans le secteur financier de du chômage accroît la pauvreté et les situations de précarité.
l’économie. Elles peuvent prendre des formes multiples : – Les prix peuvent baisser. Certains pays de la zone euro
crise sur le marché des changes avec un effondrement de la semblent depuis janvier 2014 être en déflation. En Irlande,
valeur d’une devise nationale, crise bancaire, krach boursier, les pays augmentent peu, ils baissent fortement en Grèce et
crise des dettes privées et publiques. à Chypre, un peu moins fortement au Portugal (doc. 4). Or
la déflation est une situation dangereuse : les consomma-
Par leur violence et leur rapidité, ces crises ont de graves
teurs attendent de futures baisses de prix pour consommer,
conséquences sur l’activité économique en entraînant
les entreprises cessent d’investir. Elle peut conduire à un
une chute brutale de la demande et de la production. Le
blocage de l’économie et il est difficile d’en sortir.
chômage augmente et les prix peuvent baisser provoquant
– La reprise peut être difficile surtout si les pays, confrontés
une situation de déflation dont il est difficile de sortir.
à une crise de la dette publique, sont obligés de mettre en
Récurrentes, les crises financières sont à l’origine de graves
place des politiques de freinage de l’activité économique (cas
crises économiques et sociales (I) qui s’expliquent par les
de la France où la dette publique passe de 58,9 % du PIB
conséquences de ces crises sur la demande et sur l’offre en 1999 à 84 % en 2013 (doc. 1).
globales (II).
II/ Ces crises économiques et sociales s’expliquent par
▶ Proposition de plan détaillé les conséquences des crises financières sur la demande
et sur l’offre.
I/ Récurrentes, les crises financières sont à l’origine de A. Les crises financières se répercutent sur la
graves crises économiques et sociales. demande.
A. Les crises financières : des crises récurrentes – Un krach boursier, effondrement du cours des valeurs mobi-
– On observe depuis le milieu du xixe siècle de violentes lières, réduit le patrimoine des agents économiques, ce qui
crises financières suivies de périodes de forte récession ou les incite à se désendetter, à augmenter leur taux d’épargne,
de dépression. à réduire leur consommation et leurs investissements.
– Un bon exemple de crise financière est la crise de 1929 qui – Cette chute brutale du cours des valeurs mobilières,
a fortement marqué les contemporains et dont le souvenir notamment des actions, est bien illustrée par le doc. 3 :
est toujours vif. chute de plus de 50 % dans les grands pays avancés en 2000
– Depuis les années 1980, les politiques de libéralisation et en 2007-2008.
financière ont provoqué le retour des crises financières – Les récessions nationales se transmettent d’autant plus
comme la crise de change au sein du SME en 1992-1993, rapidement au reste du monde que les économies sont
l’éclatement de la bulle Internet en 2000 ou la crise des aujourd’hui très mondialisées si bien que les exportations
subprimes en 2007-2008 dont les conséquences se font chutent également.
toujours sentir. – Ces conséquences des crises financières ont bien été analy-
sées par des économistes comme Juglar au xixe siècle puis,
B. Ces crises entraînent des crises économiques et pendant l’entre-deux-guerres, par J.M. Keynes qui attribue
sociales graves. un rôle central à la demande anticipée dans l’analyse des
– Les crises financières provoquent une chute de la demande dépressions.
et, par voie de conséquence, un net ralentissement de la – Il est donc nécessaire de mettre rapidement en œuvre des
production. Ainsi, en France, le taux de croissance du PIB politiques de relance de la demande à condition que ces
de plus de 3 % en 1999 et 2000 passe au début des années politiques soient efficaces sinon il deviendra inévitable de

34 CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ?


mener des politiques d’austérité, de freinage de la demande ▶ Conclusion
pour réduire la dette publique.
Les crises financières affectent durablement l’activité écono-
B. Les crises financières affectent l’offre et rendent la
mique d’un pays. Les dépressions accompagnées de défla-
reprise difficile.
tion peuvent perdurer en l’absence de réponses appropriées
– Les crises financières ont des conséquences négatives sur
des pouvoirs publics. Elles font courir un risque politique
l’investissement et sur l’accumulation du capital (doc. 2).
aux pays qui les subissent : la crise de 1929 a débouché sur
– Elles détruisent des emplois et peuvent transformer le
la Seconde Guerre mondiale.
chômage conjoncturel en chômage structurel. Le capital
Il est donc très important de mener des politiques appro-
humain se dégrade et les travailleurs, éloignés durablement
priées et efficaces, d’engager des réformes structurelles, de
du marché du travail, risquent de ne pas retrouver du travail
s’engager éventuellement vers un autre modèle économique.
en période de reprise (doc. 2).
Mais il ne suffit pas de guérir les économies affectées. Il faut
– La crise réduit aussi la productivité globale des facteurs
aussi prévenir les crises, éviter qu’elles ne se reproduisent,
de production (doc. 2). La baisse de l’investissement ne
par l’adoption, dans le domaine financier, de règles pruden-
permet pas la mise en œuvre du progrès technique, le capital
tielles effectivement suivies par les institutions financières.
non renouvelé devient obsolète, les dépenses de recherche
Nécessité de lutter immédiatement contre les crises par des
et de développement risquent d’être sacrifiées. Néanmoins,
politiques appropriées et de mettre en place des instruments
on peut assister à un processus de destruction créatrice
de prévention pour éviter que ces crises ne se reproduisent.
(Schumpeter), les entreprises innovantes remplaçant les
entreprises peu réactives (doc. 2).
– Enfin, en dégradant les facteurs de production, en retardant
les gains de productivité, la crise financière réduit la crois-
sance potentielle et donc future des économies. Les consé-
quences d’une crise financière risquent donc d’être durables.

Bibliographie
• T. Jobert, X. Timbeau, L’Analyse de la conjoncture, La Découverte, coll. « Repères », 2011.
• Les comptes de la Nation en 2013, INSEE Première n°1 499, mars 2014.
• Quel potentiel de rebond de l’économie française ? Note de conjoncture, INSEE, mars 2014.
• Revue de l’OFCE, Banques centrales, dernier rempart contre la déflation, mars 2014.
• A. Cartapanis, « Les crises financières », Comprendre les marchés financiers, Les Cahiers français,
n°361, mars-avril 2011.
• Problèmes économiques, Comprendre les crises économiques, Hors-série, novembre 2012.
• P.C. Hautcœur, La Crise de 1929, La Découverte, coll. « Repères », 2009.
• P. Gilles, Histoire des crises et des cycles économiques, A. Colin, 2004.
• B. Marcel, J. Taieb, Les Grandes crises, A. Colin, 2010.
• M. Musolino, Fluctuations et crises économiques, Ellipses, 2011.
• B. Gazier, La Crise de 1929, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2011.
À faire lire aux élèves : John Steinbeck, Les Raisins de la colère, 1939, Gallimard, coll. « Folio ».
Un livre sur les conséquences de la crise de 1929 et du capitalisme sauvage. On peut aussi passer le
film de J. Ford.

Sitographie
• www.insee.fr
• www.ocde.org (statistiques sur la croissance potentielle et les déficits notamment)
• www.alternatives-economiques.fr

CHAPITRE 2 • COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITÉ DE LA CROISSANCE ? 35

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