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INTRODUCTION

“Plus tard je serai ingénieur !” Oui, mais quelle réalité se cache derrière
cette appellation ? Au fond, c’est quoi un ingénieur ? Éléments de réponse.

Ingénieur, un « titre » unique

Ingénieur, c’est avant tout un « titre » délivré par les écoles ou facultés
polytechnique permettant à son détenteur d’exercer son métier après
autorisation de l’ordre des ingénieurs. ( en RDC l’ordre est l’ONICIV)

Cet organisme de référence définit ainsi « le métier » de l’ingénieur : « Il consiste à
poser, étudier et résoudre de manière performante et innovante des problèmes
souvent complexes de création, de conception, de réalisation, de mise en œuvre
et de contrôle, ayant pour objet des produits, des systèmes ou des services – et
éventuellement leur financement et leur commercialisation – au sein d‘une
organisation compétitive. Il prend en compte les préoccupations de protection de
l’homme, de la vie et de l’environnement, et plus généralement du bien-être
collectif. »

Cette définition est certes un peu complexe mais bien à l’image des problèmes
que doit résoudre un ingénieur, généralement en charge de la conception, de
la direction, de la mise en œuvre et de l’innovation de projets.

L’ingénieur est un scientifique et plus encore

Un ingénieur possède un ensemble de savoirs techniques, économiques,


sociaux, environnementaux et humains adaptés à ses missions, reposant
sur une solide culture scientifique, afin de pouvoir contribuer au progrès de
la société.

Dans un monde complexe et globalisé, en pleine mutation technologique et


environnementale, l’ingénieur doit aujourd’hui savoir innover, créer, manager,
s’adapter et même entreprendre… Et bien sûr parler couramment l’anglais pour
pouvoir travailler à l’international ou avec des équipes multiculturelles.

En plus de ses compétences scientifiques et techniques, l’ingénieur doit faire


preuve d’une capacité développée en matière de gestion d’équipe, de projets et
d’entreprise. Généraliste ou expert, c’est aussi un manager. Il passe une
grande partie de son temps de travail à étudier le projet selon les contraintes
humaines, économiques et financières qu’il implique. Ce poste à responsabilités

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suppose par ailleurs une force mentale et une autonomie de travail importantes.
Les horaires de travail sont variables et l’ingénieur doit faire preuve de flexibilité
et d’adaptabilité.

Des centaines de métiers différents pour l’ingénieur

Ingénieur, c’est une multitude de métiers dans les grandes fonctions


de l’entreprise : recherche & développement, études & conseil, production &
exploitation, achats & logistique, qualité, vente, etc.

Son environnement de travail est varié, l’ingénieur peut exercer dans tous les
domaines d’activités :

L’industrie, l’énergie, les télécommunications, la sécurité, la finance, la santé,


les transports (aéronautique, automobile, ferroviaire, etc.), l’environnement, la
construction, le numérique, l’agroalimentaire, etc.

Attiré par l’innovation, près d’un ingénieur diplômé sur 2 travaille en recherche,
études et développement au moment d’entrer dans la vie active pour
concevoir les produits de demain ou améliorer ceux qui existent.

21 % sont des ingénieurs de production, ils suivent la fabrication des produits


ou matériaux au jour le jour depuis la réalisation des plannings jusqu’au contrôle
qualité.

L’ingénieur peut aussi être un référent technique et scientifique. L’ingénieur-


conseil est appelé consultant et se voit confier la gestion de projets dans de
nombreux domaines (aéronautique, énergie, bâtiment, banque…).

Il peut également disposer d’une double-compétence dans la négociation


commerciale et la connaissance parfaite des produits ou des services, pour
vendre par exemple des produits ou solutions technologiques complexes, en
tant qu’ingénieur technico-commercial ou ingénieur d’affaires.

Pour mener à bien ses projets, l’ingénieur est amené à organiser, gérer et animer
des équipes et à évoluer au cours de sa carrière vers des postes de management et
de décision (directeur industriel, directeur technique, responsable de
production…). Avec un parcours souvent accéléré quand il possède
déjà une formation d‘ingénieur manager.

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La montée en puissance des nouvelles technologies fait aussi émerger de
nouveaux métiers : conséquence directe du big data, le métier
de data scientist (pour exploiter les bases de données) a le vent en poupe.

Les défis actuels, technologiques, informatiques ou environnementaux, placent


les ingénieurs en première place dans le processus de création et d’innovation et
garantissent de façon indéniable des débouchés dans les décennies à venir. Enfin,
de plus en plus d’ingénieurs créent leur propre entreprise ou start up dès leur
sortie d’école, voire même pendant leurs études.

Si la profession est majoritairement composée d’hommes, près de 80%, elle


tend progressivement vers plus de parité : les étudiantes en école d’ingénieurs
représentent aujourd’hui plus d

Alors , Savez-vous définir ce qu'est un ingénieur ? Cette question compte


souvent parmi les questions les plus posées lors des épreuves orales d'admission
dans les écoles d'ingénieurs. L'objectif étant de vous permettre de juger si vous
vous épanouirez dans vos études et métiers d'ingénieurs. Savez-vous
précisément quels sont ses rôles et fonctions ? Ses domaines de compétences ?
Ses perspectives d'avenir ?
L'ingénieur occupe aujourd'hui un rôle prédominant dans l'entreprise. Il conçoit
et fabrique. Mais il doit, de plus en plus, gérer l'organisation, le contrôle ou la
vente. Il a aussi pour ambition de prendre la direction générale d'une entreprise.
De ce fait, il doit être polyvalent et développer des connaissances scientifiques
et techniques. Il doit maîtriser les rouages de la gestion et du management pour
devenir un ingénieur-manager.

Quelles compétences doit développer l'ingénieur ?


Les entreprises, toujours en quête de plus d'efficacité et de profit, recherchent
des professionnels scientifiques capables d'encadrer des collaborateurs.
L'ingénieur-manager occupe donc une place centrale et assume des
responsabilités toujours plus importantes en termes de gestion d'entreprise.
Cette tendance devrait s'amplifier dans les prochaines années. En effet, la
production et la technique sont de plus en plus mises au service d'une stratégie
d'entreprise plus globale. Cela a pour incidence de développer le travail en
équipe. Ce dernier est déterminant pour mener à bien des projets et donc
placer l'ensemble des acteurs d'une entreprise sur les rails de la réussite. Outre
des compétences scientifiques et techniques nécessitant une actualisation

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permanente des connaissances, l'ingénieur-manager doit être en
mesure d'organiser, de gérer et d'animer des équipes. Il peut, in fine, se
métamorphoser parfois en chef d'entreprise.

Ingénieur : quelles sont ses évolutions de carrière ?


Un bon ingénieur est aussi capable d'intégrer rapidement une équipe très
spécialisée. Sa formation doit donc le préparer à assimiler différents processus
de recherche complexes pour être opérationnel. On comprend ainsi que les
spécialisations de fin d'études, outre leur intérêt immédiat sur le marché du
travail, représentent également, en termes de formation, un moyen efficace de
valoriser un cursus généraliste. Enfin, l'ingénieur se caractérise par la très
grande mobilité de sa carrière en entreprise. Il peut ainsi évoluer du poste de
quasi "technicien supérieur" vers, celui de directeur général, en traversant
toutes les strates de la hiérarchie : responsable d'atelier, directeur d'unité de
production, responsable méthodes, responsable de la formation, responsable
du personnel, directeur de la communication, directeur financier, directeur des
ressources humaines… Aucune fonction ne lui est donc complètement et
définitivement inaccessible.

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CHAPITRE I NOTIONS DE BASE

I. Ordre

Association professionnelle mandatée (par le gouvernement en cas de


reconnaissance) afin d’encadrer l’exercice de la profession. Il est généralement
régi par un code de la profession.

A titre d’exemple, Au Québec, le Code des professions prévoit que les


ingénieurs occupent une profession à titre réservé et à exercice exclusif. Ainsi,
seuls les ingénieurs inscrits au tableau de l'Ordre et titulaires d'un permis
d'ingénieur décerné par l'Ordre sont autorisés à poser en exclusivité les actes
réservés à la profession et à porter le titre d'ingénieur.

Mission de l’ordre des Ingénieurs du Québec :


L'Ordre des ingénieurs du Québec s'assure que la société québécoise peut, à bon
droit, maintenir sa confiance envers la profession d'ingénieur.

• Il contrôle l'accès à l'exercice de la profession, c'est-à-dire qu'il impose des


conditions précises à remplir pour devenir ingénieur et le demeurer. D'ailleurs,
tout ingénieur qui veut pratiquer au Québec doit être membre de l'Ordre (à
l'exception des ingénieurs forestiers, qui ont leur ordre distinct). Cette
appartenance reflète sa formation et ses compétences.
• Il surveille la pratique de ses membres et leur comportement
professionnel.
• Il veille à ce que seuls les membres effectuent les actes propres aux
ingénieurs.
• Il fait la promotion de l'exercice de la profession d'ingénieur.

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Stratégies :

1. L'Ordre s'assure du savoir-faire des ingénieurs, par exemple, en


encourageant ses membres à maintenir et à améliorer leurs compétences. Pour
cela, il offre des ateliers, des conférences ou divers documents à leur intention.
Il participe aussi à des événements de formation ou encore à la mise sur pied de
nouveaux cours.
2. L'Ordre incite les ingénieurs à adopter un comportement déontologique
et professionnel. Il invite ses membres à mettre continuellement en pratique les
quatre valeurs de la profession : la compétence, le sens de l'éthique, la
responsabilité et l'engagement social; en plus d'exiger le respect du Code de
déontologie des ingénieurs. Ainsi, l'Ordre offre aux ingénieurs juniors un
parrainage avec un ingénieur d'expérience afin de discuter des meilleures
pratiques à adopter.
3. L'Ordre prend les devants en matière de pratique inadéquate au moyen,
entre autres, de diffusion d'information. Il y fait aussi obstacle en menant des
enquêtes de son propre chef ou en réponse à des plaintes. Les comportements
professionnels inadéquats sont passibles de sanctions.
4. L'Ordre contribue à adapter la profession, ainsi que les lois qui la
gouvernent, aux changements technologiques et socioéconomiques. Par
exemple, il participe à la refonte de la Loi sur les ingénieurs.
5. L'Ordre accroît la notoriété et la crédibilité de la profession d'ingénieur. Il
fait la promotion de la profession dans les établissements secondaires, les
cégeps et les universités. Sur la scène publique, il intervient dans des dossiers
qui constituent des enjeux liés à l'expertise des ingénieurs comme les
changements climatiques ou les infrastructures.

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6. L'Ordre assure à l'interne une gestion efficiente. Il peut ainsi se donner les
moyens de réaliser des projets majeurs, telle la modernisation des processus et
des outils technologiques.

En RDC, les ingénieurs civil sont obligés de s’inscire au tableau de


l’ONICIV.

II. RAISONNEMENT DE L’INGENIEUR


Aucun ingénieur ne peut prétendre à une parfaite objectivité. Son travail est
inévitablement influencé par les forces et les carences résultant de son
éducation, de ses expériences, de ses attitudes, de ses croyances et intérêts
personnels.
Les ingénieurs très doués reconnaissent l’importance de cultiver de bonnes
dispositions intellectuelles. Ces attributs sont essentiels à l’excellence d’une
pensée. Ils déterminent avec quelle perspicacité et quelle intégrité une
personne pense. L’ingénierie amène l’ingénieur en quête de chacun de ces
attributs à se poser plusieurs questions.
L’humilité intellectuelle consiste à admettre son ignorance, à être conscient de
ce que l’on sait et de ce que l’on ignore. Cela implique de connaître ses partis
pris, préjugés, tendances à se mentir ainsi que d’accepter les limites de son
point de vue et de son expérience.
La licence d’ingénieur professionnel demande explicitement aux ingénieurs
de restreindre consciemment l’exercice de leur jugement professionnel aux
domaines dans lesquels ils sont vraiment qualifiés.

+ Voici certaines questions qui encouragent l’humilité dans la réflexion de


l’ingénieur:
 Que sais-je vraiment concernant les aspects technologiques dont il est
question?
 Jusqu’à quel point mes préjugés, attitudes ou expériences passées influencent-
ils mon jugement?
 Mon expérience me permet-elle vraiment de faire face à la situation?
 Suis-je prompt à admettre que je suis dépassé dans un domaine?

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 Suis-je ouvert à de nouvelles approches pour ce problème?
 Suis-je disposé à étudier et à acquérir les connaissances qu’il me manque?
Le courage intellectuel est une disposition de l’esprit qui permet de mettre en
doute ses certitudes les plus profondes. Cela signifie, entre autres, de remettre
en cause les croyances de sa culture, ou de sa sous culture, et d’avoir le courage
d’exposer ses vues même lorsqu’elles sont impopulaires (auprès de la direction,
de ses paires, de ses subordonnés ou des clients).
+ Voici certaines questions qui favorisent le développement du courage
intellectuel:
 Jusqu’à quel point ais-je analysé mes croyances qui peuvent avoir un impact sur
mon jugement critique?
 Dans quelle mesure aie-je démontré une facilité à céder sur mes positions
lorsqu’on me présente des arguments convaincants les invalidant?
 Jusqu’à quel point suis-je prêt à défendre mes opinions contre la majorité,
même si on me ridiculise?
L’empathie intellectuelle consiste à savoir qu’il est nécessaire de considérer
activement les visions qui diffèrent de la sienne, en particulier celles avec
lesquelles on est en profond désaccord. Il s’agit de reconstruire avec précision le
point de vue et le raisonnement de ses opposants à partir de leurs sources,
hypothèses et idées qui ne sont pas les siennes propres.
+ Voici certaines questions qui favorisent le développement de l’empathie
intellectuelle:
 Jusqu’à quel point suis-je disposer à écouter et essayer de comprendre le
raisonnement des autres?
 Dans quelle mesure suis-je capable de présenter correctement les points de vue
avec lesquels je suis en désaccord?
 Jusqu’à quel point suis-je capable de rendre compte honnêtement des opinions
de mes opposants? Seraient-ils d’accord?
 Jusqu’à quel point suis-je prêt à reconnaître et apprécier les connaissances
techniques des autres et admettre l’existence de préjugés dans les miennes?
 L’intégrité intellectuelle consiste à avoir pour soi les mêmes exigences au plan
intellectuel qu’on a pour des autres (absence de double standard). Voici
certaines questions qui favorisent le développement de l’intégrité intellectuelle
:
 Jusqu’à quel point aie-je les mêmes attentes envers moi qu’envers les autres?

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 Jusqu’à quel point y a-t-il des contradictions ou des incohérences dans ma façon
d’aborder les questions techniques?
 Dans quelle mesure est-ce que je m’efforce d’éviter de me leurrer lorsque je
réfléchis à une question d’ingénierie?
 Est-ce que je fais également un effort pour identifier etTaire mes intérêts
personnels?
La persévérance intellectuelle est la capacité à persister dans un travail
intellectuel complexe malgré la frustration inhérente à la tâche.
+ Voici certaines questions qui favorisent le développement de la
persévérance intellectuelle:
 Suis-je disposé à faire face à la complexité d’un problème d’ingénierie ou aie-je
tendance à abandonner lorsque le défi est important?
 Puis-je me rappeler un problème d’ingénierie pour lequel j’ai démontré de la
patience et de la ténacité?
 Est-ce que j’ai des stratégies pour faire face aux situations complexes en
ingénierie?
La confiance en la raison est basée sur l’idée que les intérêts d’une personne et
de l’humanité sont mieux servis en laissant la raison s’exprimer librement. Cela
signifie d’utiliser des normes rationnelles comme critères fondamentaux
lorsqu’on doit choisir entre accepter ou rejeter une position ou une proposition.
+ Voici certaines questions qui favorisent le développement de la confiance
en la raison:
 Suis-je disposé à changer ma position lorsque les faits suggèrent une
interprétation plus logique?
 Est-ce que j’adhère aux principes techniques et m’en tiens aux faits lorsque je
tente de convaincre les autres du bien fondé de ma position?
 Est-ce que je fausse la réalité pour favoriser ma position?
 Est-ce que j’encourage les autres à faire part de leurs propres conclusions sur le
plan technique ou bien est-ce que je tente de forcer l’unanimité?
L’autonomie intellectuelle implique de réfléchir par soi même tout en adhérant
aux normes de la rationalité. Cela signifie de faire le tour d’une situation en
n’utilisant que son propre
jugement plutôt que d’accepter d’autres points de vue, opinions ou jugements
sans esprit critique.
+ Voici certaines questions qui favorisent le développement de l’autonomie
intellectuelle:

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 Dans quelle mesure est-ce que j’accepte ce qu’on me dit (supérieurs, pairs,
gouvernements, etc.) sans démontrer un esprit critique?
 Dans quelle mesure est-ce que j’accepte les solutions traditionnelles à un
problème?
 Est-ce que je développe mes propres interprétations concernant une question
technique au lieu de me fier aux conclusions et au jugement des autres?
 Lorsque j’ai étudié une situation de façon rationnelle, suis-je prêt à faire face
seul aux critiques irrationnelles?
L’impartialité consiste à traiter tous les points de vue de manière équitable,
sans tenir compte de ses propres intérêts, de ses sentiments, des intérêts
d’amis, de la société, de la communauté ou de la nation. Elle implique d’adhérer
à des normes intellectuelles sans tenir compte des intérêts particuliers d’un
individu ou d’un groupe.
+ Voici certaines questions qui favorisent le développement de l’impartialité:
 Dans quelle mesure est-ce que j’accepte les solutions traditionnelles à un
problème?
 Dans quelle mesure mes tendances et intérêts personnels viennent-ils fausser
mon jugement?
 Quelle est mon attitude face aux points de vue pertinents? Aie-je tendance à
favoriser certains au détriment des autres? Dans l’affirmative, pourquoi?
 Jusqu’à quel point est-ce que je pèse le pour et le contre de chaque point de vue
pertinent lorsque je réfléchis à une situation?
+ UNE FICHE DE SYNTHÈSE TRÈS PRATIQUE.
Les ingénieurs qui se soucient du raisonnement utilisent de façon routinière les
normes intellectuelles et les composantes de la pensée afin de développer les
traits d’un esprit d’ingénieur mature.

Les normes
Clarté Précision
Exactitude Importance relative
Pertinence Exhaustivité
Logique Équité
Ouverture Profondeur
Doivent être appliquées aux :

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Composantes
Fonctions Inférences
Enjeux Concepts
Points de vue Implication
information Hypothèses
Dans le but de développer
Les traits intellectuels
Humilité intellectuelle Persévérance intellectuelle
Autonomie intellectuelle Confiance en la raison
Intégrité intellectuelle Empathie intellectuelle
Courage intellectuel Impartialité

Quelles sont les qualités attendues chez un ingénieur ?

Derrière la formation d’ingénieur se cache une grande diversité de métiers. Leur


dénominateur commun ? Une capacité à résoudre des problèmes techniques
souvent complexes grâce a des compétences scientifiques et également des
qualités essentielles pour réaliser leurs missions. Quelles sont les qualités
requises pour devenir ingénieur ?

Les attentes du monde professionnel, de la société et des individus, exprimées


en termes de compétences nécessaires à l’exercice de métiers d’ingénieur, ont
évolué avec le temps, un contexte devenu international et un monde en
mutation. D’abord orientées spécifiquement vers les aptitudes scientifiques et
technologiques, elles se sont progressivement élargies vers des compétences
financières, commerciales, managériales, juridiques ou encore sociales .

Les qualités humaines ou soft skills recherchées se sont, elles-aussi, étoffées.


Disposer de bonnes qualités de raisonnement et de rigueur reste important pour
un ingénieur, mais cela ne suffit plus!

Rigueur & organisation

Rigueur, organisation, précision du raisonnement et méthode sont des qualités


essentielles pour un ingénieur afin de garantir la fiabilité des solutions
proposées, avec des contraintes de temps, de moyens et de respect des
réglementations. Les erreurs pouvant être lourdes de conséquences, il est

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essentiel de savoir respecter les process établis, d’être méticuleux et s’intéresser
aux détails pour mener à bien une analyse en étudiant tous les cas de figure
possibles.

L’organisation est indispensable pour arriver à mener à bien un projet dans les
délais impartis, l’ingénieur ayant souvent en charge la totalité d’un projet.

La persévérance est une autre qualité essentielle de l’ingénieur qui doit savoir
s’adapter à toutes les situations pour mener son projet à terme.

Esprit d’équipe & communication

L’ingénieur est amené à travailler avec d’autres personnes sur un même projet.
Par conséquent, il doit faire preuve d’esprit d’équipe et pouvoir transmettre ses
idées à ses collègues ou ses clients aussi bien à l’oral qu’à l’écrit. Il doit être à
même de défendre ses idées tout autant que de présenter ses résultats.

La capacité à transcrire un jargon technique en une explication compréhensible


par tous est aussi très importante.

L’ingénieur doit savoir faire converger les idées de tous ses équipiers vers un même
but.

Pour cela, il est nécessaire qu’il sache écouter et apprendre des autres tout
autant qu’exprimer ses opinions : il doit parfois se montrer persuasif et faire
preuve de leadership. Il doit être diplomate et patient et posséder des talents de
négociateur, tant avec ses collègues qu’avec les clients.

L’ingénieur doit également montrer un intérêt très marqué pour la gestion (de
projet, de budget, d’équipe…) et pour les langues étrangères, en particulier
l’anglais, car participer à des projets d’envergure mondiale implique souvent de
travailler avec des équipes venues d’horizons et de cultures différents, ou avec
des fournisseurs, prestataires, clients évoluant dans des pays variés.

Curiosité & ouverture

L’ingénieur évolue dans des environnements très différents, il est donc


important qu’il puisse s’adapter aux autres cultures et soit très disponible. Ses
tâches sont polyvalentes : encadrement d’équipe, résolution de problèmes

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après analyse, transmission des résultats, etc. La réactivité et la curiosité sont
des qualités requises pour y parvenir.

L’ingénieur a toujours le même but : innover pour améliorer, quel que soit le
domaine dans lequel il évolue. Il doit donc se tenir informé de toutes les
évolutions technologiques pour s’améliorer. Il doit être logique et en même
temps créatif. Il doit aussi savoir oser prendre des risques pour répondre à une
situation inattendue.

Les ingénieurs doivent avoir une vision large de leur domaine, être à la fois
opérationnels et capables d’évoluer. Ils doivent être aptes à changer de spécialité
et d’environnement culturel et technique et à progresser au sein de la hiérarchie de
l’entreprise ou dans une autre entreprise.

Si vous ne possédez pas toutes ces qualités, rassurez-vous : vous pourrez les
acquérir et les renforcer au fil de votre formation d’ingénieur, à travers les cours
et les nombreux projets en groupe, les stages en entreprise et les expériences à
l’international, mais également en participant à la vie associative qui permet
d’apprendre à s’organiser, gérer un budget, manager une équipe, etc. Autant de
qualités qui viendront ensuite enrichir votre CV afin de pouvoir vous distinguer
et apprendre tous les jours de chaque nouveau défi en tant qu’ingénieur !

Les enjeux de l’identification des compétences.


Compétence… depuis une dizaine d'années, cette notion s'impose dans les
entreprises comme le maître mot de la gestion des ressources humaines. Les
démarches compétences se multiplient, la logique compétence se substitue à la
logique métier ou à la logique de poste, la polycompétence devient la clef de
l'adaptabilité de l'entreprise, la formation cède le pas au développement des
compétences. Emportée par son succès, la compétence est devenue une
référence absolue, qui recouvre des réalités aussi nombreuses que les
entreprises qui l'utilisent
"La compétence professionnelle est une combinaison de connaissances, savoir-
faire, expériences et comportements, s'exerçant dans un contexte précis. Elle se
constate lors de sa mise en œuvre en situation professionnelle à partir de
laquelle elle est validable. C'est donc à l'entreprise qu'il appartient de la repérer,
de l'évaluer, de la valider et de la faire évoluer"
Les outils de la gestion des compétences ne sont pas plus consensuels. En
exagérant à peine, on pourrait dire que chaque entreprise a généré ses propres
méthodes, développé ses grilles d'analyse, inventé ses référentiels métiers et

p. 13 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


ses référentiels de compétences, au risque de refaire un travail déjà fait par
d'autres, ou d'aboutir à des définitions de compétences très différentes d'une
entreprise à l'autre pour un même métier
Les situations illustrées ci-dessus le montrent bien : il y a plusieurs points
d'entrée dans la démarche d'identification des compétences, plusieurs façons
de considérer la compétence, sur lesquelles l'entreprise va se positionner.
1.2.1. Compétences acquises / compétences requises
L'aptitude à tenir une fonction dépend de la concordance entre les
compétences détenues par l'individu et les compétences requises pour la
fonction. Les compétences acquises sont celles que l'individu a eu l'occasion
d'exercer, dans sa vie professionnelle bien sûr, mais aussi dans sa vie associative,
syndicale, politique, familiale… même si toutes ne seront pas utiles au même
degré pour l'entreprise. Identifier les compétences acquises exige de
s'intéresser à l'individu, alors que cerner les compétences requises est un travail
de l'entreprise sur elle-même.
1.2.2. Compétences utiles aujourd'hui / nécessaires demain
Selon l'enjeu, l'entreprise va sans doute s'intéresser en priorité soit aux
compétences actuellement présentes dans l'entreprise, qui lui permettront par
exemple d'organiser autrement ses espaces de production, soit aux
compétences qui seront indispensables demain, par exemple lors de l'arrivée
d'un nouveau matériel à forte composante technologique, qui imposera des
changements importants dans l'activité des opérateurs.
1.2.3. Compétences individuelles / compétences collectives
L'entreprise va, selon les cas, se focaliser prioritairement sur les compétences
détenues individuellement par les différents acteurs de l'entreprise, pour gérer
leur carrière par exemple, ou sur les compétences qui sont ou doivent être
détenues pour permettre par exemple un rapprochement avec une autre entité
COMMENT DÉCRIRE SES COMPÉTENCES
PROFESSIONNELLES? | 3 CONSEILS
Savoir décrire ses compétences professionnelles, faire l’inventaire et les rédiger
sur un CV est essentiel pour mieux se positionner face au recruteur

Définir le « pour qui »

p. 14 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


Lorsque l’on est en recherche de job, on a tendance à paniquer. On a envie que
tout avance vite. On commence alors à oublier le « pour quoi » et
aussi,(et surtout) le « pour qui ».

Qui est votre recruteur? Pensez à celui ou celle qui va recevoir votre
candidature. Est-ce que ce sera les RH ou directement le gérant de l’entreprise?
Qui seront vos collègues? Souhaitez-vous travailler dans les ONG ou pas du
tout? Mais aussi quelle est la culture d’entreprise? Est-ce une start-up ou une
entreprise bien implantée? Rien qu’en regardant le site de l’entreprise, il est
possible de comprendre les grandes lignes de leurs « style ».

Environnement de travail. En comprenant mieux vos futurs interlocuteurs,


vous allez mieux savoir ce qui vous correspond mieux ou non. Il ne s’agit donc
pas ici d’adapter à la lettre votre discours, et se retrouver au final là on n’avait
pas envie d’y aller. Ici, il est question de connaitre l’entreprise et son
environnement pour savoir si ça match, mais aussi comprendre quelles sont les
attentes.

Mon conseil N1 pour décrire ses compétences professionnelles: définir quel


est votre interlocuteur, comprendre son environnement de travail, et si vous
souhaitez en faire partie, utilisez le vocabulaire et le style adaptés.

Décrire ses compétences professionnelles en lien avec les missions

C’est évident. Néanmoins, au bout d’un certain temps, soit par la flemme, soit
par lassitude à force de postuler, on oublie cet élément absolument essentiel.
Lorsque l’on postule, il faut toujours avoir en tête les missions du poste souhaité
et faire l’inventaire de ses compétences en fonction. C’est ainsi que nous allons
pouvoir valoriser notre parcours et rédiger les compétences clés sur un CV en
adéquation avec le poste.

o Quelles sont les compétences professionnelles attendues?


o Si je les ai, facile! Il suffit d’utiliser les mots clés de l’offre d’emploi. L’originalité
ne paie pas dans ce cas là. Aidez le recruteur à repérer plus facilement ce qui
pourrait l’intéresser.
o Si je ne les ai pas: c’est plus difficile, mais possible! Trouvez alors quelles
autres compétences pourront les remplacer ou du moins pourront vous aider
lors de la prise du poste. Trouvez des exemples d’expériences qui ont fait appel
aux mêmes compétences ou compétences proches. Parlez de votre
personnalité et de vos qualités qui vous aideront à obtenir de nouvelles
compétences. Pareil, reprenez le style et le vocabulaire connus par le recruteur.

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Mon conseil N2 pour décrire ses compétences professionnelles: utiliser les
mots clés de l’offre pour faciliter la tâche du recruteur. Soyons gentils avec eux,
ils seront peut-être nos futurs collègues!

Valoriser ses compétences professionnelles

Les deux conseils au-dessus sont caducs, si vous ne savez pas comment valoriser
vos compétences. C’est un vrai travail qu’il faut faire avant de postuler. Il pourra
vous aider au début, mais aussi par la suite.

o Qu’est-ce que j’ai appris durant les précédentes expériences? Qu’est-ce que j’ai
pu tirer de nouveau?
o Pouvez-vous donner des chiffres?
o De quoi êtes-vous particulièrement fière/fier?
o Quels exemples illustrent le mieux vos compétences professionnelles?

Exemple à éviter. Vous avez eu deux jobs avec le même intitulé de poste, mais
dans les entreprises différentes. Essayez de mieux valoriser chacune de cette
expérience. Mettez en avant des aspects différents de chacune des expériences,
évitez la répétition.

Bon à savoir. Il nous arrive de considérer certaines choses comme des acquis
évidents. On a alors tendance à les mettre de côté. Comment le tester? Si l’on
pense une compétence trop basique, mais on la voit bien dans l’offre, il peut être
intéressant d’en parler.

Conseil N3 pour décrire ses compétences professionnelles: maximiser la


valeur ajoutée de toutes ses expériences en utilisant des exemples concrets ou
des chiffres.

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p. 16 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


CHAPITRE II
INTRODUCTION A LA GESTION DES PROJETS
Dans son travail, l'ingénieur est sollicité ou impliqué dans la gestion de projets.
Les ingénieurs doivent donc parfaire et mettre à jour leurs connaissances et
compétences en gestion de projet. Mentionnons que la gestion des équipes,
des activités et des projets est une des six compétences communes à tous les
ingénieurs.

Trop souvent, l’ingénieur n’intervient qu’au stade de l’exécution d’un projet.


Cependant, il ne doit pas négliger la nécessité de bien connaître et de bien
comprendre l’historique du projet, incluant diverses études et analyses de
faisabilité qui ont conduit à l’acceptation du projet et de ses composantes. Une
compréhension intrinsèque des décisions ayant conduit à l’approbation du
projet sera ainsi un gage de succès et permettra de prendre des décisions
éclairées durant l’exécution du projet. L’ingénieur a donc tout intérêt à
connaître les détails des étapes de définition et de planification du projet, ainsi
que la teneur de chacune des diverses phases du cycle de vie d’une réalisation,
les outils nécessaires à une analyse professionnelle de la situation et, bien
entendu, son rôle de gestionnaire.

La définition de la gestion de projet

La gestion de projet est une démarche que l’ingénieur connaît encore trop peu,
et qui utilise un langage commun et reconnu ainsi qu’une méthodologie
pragmatique applicable dans tous les domaines du génie, que ce soit dans un
contexte de gestion de projet « dur » ou « mou ». Selon Genest et Nguyen2 un
projet est dit mou quand le produit principal est intangible et requiert
principalement des ressources humaines pour son exécution, plutôt que des
ressources techniques et matérielles. C’est souvent le cas en génie informatique
ou en recherche et développement (R et D). Exemples : la création ou la mise en
place d’un nouveau système informatique, ou la mise au point d’un nouveau
médicament.

Le point de départ de la gestion de projet consiste à définir le projet proprement


dit. De cette étape, aussi appelée l’identification, découlera en toute logique le
cycle de vie du projet.

Quel que soit le parcours adopté par l’ingénieur qui gère des projets, il est
vivement recommandé de se doter d’un manuel permettant de normaliser

p. 17 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


autant le vocabulaire des gestionnaires et de l’ensemble des parties prenantes,
que les méthodes de gestion de projets. Bien rédigé et adéquatement utilisé, un
tel manuel peut devenir la mémoire de l’entreprise. On peut facilement y
consigner les bons coups et les succès, ainsi que les difficultés expérimentées et
résolues par l’entreprise, afin que les ingénieurs puissent tirer des leçons de ces
situations et ainsi améliorer autant les méthodes de gestion que la rentabilité
de leurs décisions. Souvent, l’édition initiale d’un tel document est préparée
dans le contexte d’un projet particulier; elle ne portera donc pas sur l’ensemble
des aspects. Ce type d’instrument n’est viable et efficace que s’il est adapté à
l’environnement et la culture de l’entreprise.

Le Plan qualité de projet


Pour l’ingénieur, le Plan qualité de projet (PQP) est une pièce maîtresse dans la
gestion de projet. Ce document définit le cadre général d’un projet ainsi que les
pratiques de gestion et de qualité à appliquer. Il est divisé en sept sections :

 la page de garde
 l’objet du PQP
 les données générales
 l’organisation du projet
 le Plan de développement
 le Plan de gestion
 l’assurance qualité

L’ingénieur est invité à s’inspirer de la présentation qui suit pour mener à bien la
gestion des projets dont il a la responsabilité.

De nombreux auteurs ont tenté de définir la notion de projet.

Voici deux exemples de définition :

 Wilson O’Shaughnessy (1992) définit un projet comme « un processus


unique de transformation de ressources ayant pour but de réaliser d’une
façon ponctuelle un extrant spécifique répondant à un ou des objectifs
précis, à l’intérieur de contraintes budgétaires, matérielles, humaines et
temporelles ».
 Le Project Management Institute (PMI), dans son PMBOK® 2004, définit
un projet comme « une entreprise temporaire décidée dans le but de créer
un produit, un service ou un résultat unique ».

p. 18 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


De telles définitions contiennent certaines caractéristiques dont il faut tenir
compte lors de l’identification ou de la définition d’un projet. Ces
caractéristiques sont les suivantes :

 la nouveauté, l’unicité (processus ou résultat unique);


 une durée limitée (de façon ponctuelle);
 la présence d’un client pour qui le projet doit être réalisé;
 l’assujettissement à des contraintes rigoureuses de performance, de
délai, de qualité et de coût (contraintes budgétaires, matérielles,
humaines et temporelles).

De plus, un projet est assujetti à plusieurs facteurs :

 un cycle de vie dynamique;


 l’engagement de nombreux participants, d’intérêts, d’organisations, de
disciplines et de cultures divers;
 un contexte d’incertitude en matière d’environnement, de technologie et
de ressources.

Les facteurs clés du succès d’un projet


Pour assurer le succès d’un projet, quels sont les facteurs nécessaires? Plusieurs
études et analyses ont été effectuées afin de déterminer ces facteurs. Deux
d’entre elles se démarquent.

La première étude, réalisée par Pinto et Slevin en 1989, énumère les facteurs de
succès à la suite de l’analyse de 400 projets dans le secteur des TI (le texte en
italique est ajouté pour une meilleure compréhension des intitulés) :

 mission du projet – buts et objectifs clairs


 soutien de la haute direction
 plan et échéancier – y compris les plans et les devis détaillés
 engagement du client et consultation de ce dernier
 personnel prenant part au projet
 tâches techniques du projet (expertise et complications)
 acceptation par le client des livrables du projet
 surveillance du projet et rétroaction (contrôle et suivi)

p. 19 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


 communication
 dépannage (troubleshooting)

Les auteurs de l’étude ont classé ces facteurs par ordre d’importance.

Pour leur part, Belassi et Tuket ont aussi étudié et analysé divers projets réalisés
entre 1971 et 2002. La figure 2 présente les résultats de cette analyse qui se
résume par les facteurs suivants :

 définition de la mission et des buts :


o définition des buts, de l’ampleur du travail (scope) et des besoins du
client;
 soutien de la haute direction :
o engagement continu;
 engagement du client
 gestionnaire du projet :
o compétence et engagement « terrain »;
 autres facteurs :
o équipe de projet, main-d’œuvre, précision des estimations,
contrôle et suivi.

Figure 2 : Les facteurs critiques de succès d’un projet

p. 20 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


On constate que dans ces études, les trois facteurs ci-dessous représentent une
constante dans le succès de tous les projets, quelle que soit leur nature, et pas
seulement dans le domaine des TI :

 une énumération claire des objectifs du projet;


 l’engagement du client;
 le soutien de la haute direction.

p. 21 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


La gestion par projets

Il existe une différence entre « la gestion de projet » et la « gestion par projets ».


Cette dernière expression exprime une philosophie de travail qui s’inspire des
notions de gestion de projet dans la gestion quotidienne et dans les divers
processus de gestion. Dans la pratique, cette nuance n’est cependant pas très
utilisée.

Le cycle de vie d’un projet

Un projet se démarque par son cycle de vie, qui est généralement présenté
comme étant constitué de phases. Le nombre de phases ainsi que leur
appellation peuvent varier d’une application à une autre, d’un domaine
d’application à un autre et d’un auteur à un autre. L’ingénieur responsable d’un
projet devra parfois définir les phases du projet dont il a la responsabilité en
tenant compte des paramètres propres au projet ou à la culture d’entreprise.
Ces différences ne limitent en aucune façon la validité ni la pertinence du
modèle ci-dessous en quatre phases qu’il est proposé à l’ingénieur de suivre.

1. Phase d’identification : la demande est clarifiée, les objectifs précisés et


le projet globalement identifié en ce qui a trait au produit ou au service à
livrer, aux contraintes à respecter et à la stratégie de réalisation.

2. Phase de définition : le contenu du projet est défini de façon plus précise,


une planification détaillée est établie pour sa durée; les échéances, les
ressources et les dépenses, ainsi que les politiques et les procédures de
gestion sont circonscrites.

3. Phase de réalisation : le produit ou le service est effectivement réalisé


suivant le plan prévu et en conformité avec les exigences du demandeur.

4. Phase de clôture : le produit ou le service est remis au demandeur, le


projet est évalué et sa clôture administrative effectuée.

On distingue différents cycles de vie en fonction d’un projet, non seulement


selon les auteurs, mais aussi selon les domaines, comme la construction, la
recherche universitaire et le génie logiciel (méthode Scrum).

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Le cycle de vie selon le site ProjectWare

Le cycle de vie d’un projet, présenté sur le site de ProjectWare, se caractérise


par les livrables de chacune des phases. Il est fondamental que le gestionnaire
de projet décrive clairement les divers livrables des phases qu’il aura définies
pour le projet.

Figure 3 : Le cycle de vie selon le site ProjectWare

Les cycles de vie des projets selon Wysocki

Wysocki (2003 et 2007) distingue les cycles de vie des projets selon trois
méthodes de gestion de projet : la méthode « traditionnelle » (figure 4), la
méthode « adaptative » (figure 5) et la méthode « extrême » (figure 6). Dans son
ouvrage de 2007, il ajoute certains concepts qui approfondissent des méthodes
se situant entre les divers cycles mentionnés ci-dessus. Cependant, les trois
principales méthodes énumérées ici résument la pensée de l’auteur.

p. 23 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


Figure 4 : Le cycle de vie d’un projet selon la méthode traditionnelle

Figure 5 : Le cycle de vie d’un projet selon la méthode adaptative

p. 24 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


Figure 6 : Le cycle de vie d’un projet selon la méthode extrême

p. 25 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


Le cycle de vie d'un projet de construction

Dans le cycle de vie d’un projet de construction, il faut noter la cooccurrence des
activités de transfert et d’opération, comme l’illustre la figure 7. En effet,
certains projets vont obliger le mandataire à effectuer des opérations (Operate)

p. 26 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


avant la remise au client ou, notamment dans les cas de projets BOT8, à former
le client en ce sens

Figure 7 : Le cycle de vie type d’un projet de construction

L’analyse préliminaire d’un projet

Bien qu’il ne participe pas nécessairement à l’identification d’un projet, lors de


la prise en charge, l’ingénieur devrait analyser les divers aspects dont il aura la
responsabilité, afin de clarifier les objectifs du client ainsi que ceux de son
entreprise, et s’assurer de sa compréhension des enjeux. En, effet, ces derniers
peuvent être négligés dans la fébrilité des activités de démarrage du projet et
les obligations professionnelles quotidiennes. Cette analyse peut être mentale
ou écrite, mais dans tous les cas, l’ingénieur devrait s’y astreindre avec rigueur.
Elle portera sur l’environnement du projet, les parties prenantes, les risques et
la préfaisabilité. L’utilisation de l’outil appelé cadre logique aidera l’ingénieur à
mieux effectuer et synthétiser son analyse avant la mise en forme au moyen du
Mémoire d’identification de projet (MIP).

p. 27 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


L’analyse de l'environnement

Tout projet se déroule dans un environnement qui peut être complexe et varier
d’un projet à un autre. Par exemple, un projet exécuté dans un milieu syndiqué
ne sera pas géré de la même façon qu’un projet issu d’un cadre de travail non
syndiqué. Avant de commencer le projet, le gestionnaire analysera de manière
exhaustive son environnement et celui du projet, afin d’en comprendre les
enjeux et les contraintes potentielles.

Dans son édition 2004 du PMBOK®, le Project Management Institute (PMI)


énumère trois types d’environnement :

 l’environnement culturel et social;


 l’environnement international et politique;
 l’environnement physique.

Bien que ces trois catégories englobent la majorité des environnements d’un
projet, il est de la responsabilité de l’ingénieur gestionnaire de bien définir ceux
de son projet.

O’Shaughnessy (1992), pour sa part, définit l’environnement interne et externe


du projet. L’environnement interne fait référence aux diverses variables de
l’organisation d’où est issu le projet, alors que l’environnement externe touche
aux variables qui sont indépendantes de la volonté de l’entreprise et qui peuvent
influencer la bonne marche du projet. Le tableau 1 résume la pensée de cet
auteur.

Tableau 1 : Les principales composantes de chaque environnement selon


O’Shaughnessy (1992)

p. 28 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


Tableau 2 : Un exemple d’analyse de l’environnement d’un projet de
déplacement d’une entreprise

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L’analyse des partie prenantes

Le gestionnaire de projet doit aussi s’assurer de bien connaître toutes les parties
prenantes du projet. Une partie prenante est ainsi définie par le PMI (2004) : «
les personnes et les organisations activement impliquées dans le projet. Elles

p. 30 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


peuvent aussi influencer les objectifs et les résultats du projet. L’équipe de
management de projet doit identifier ces parties prenantes, déterminer leurs
exigences et leurs attentes et, dans la mesure du possible, gérer leur influence
par rapport aux exigences de façon à assurer le succès du projet. » D’autres
méthodes peuvent être utilisées, comme celle proposée par ProjectWare (figure
12) ou encore pour un projet de déplacement d’une entreprise (tableau 3).

Tableau 3 : Un exemple (partiel) d’analyse des parties prenantes pour un projet


de déplacement d’une entrepris

p. 31 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


La gestion du risque

Durant la phase d’identification, l’analyse du risque demeure au stade


préliminaire. Le gestionnaire de projet effectuera une analyse des risques plus
approfondie lors de la planification détaillée du projet. Cependant, il doit cerner
dès le départ les principaux risques du projet, et ce, de façon aussi rigoureuse
que durant la phase de définition, même s’il ne possède pas toute l’information
nécessaire pour une analyse plus poussée. Il est clair qu’elle sera bonifiée au fur
et à mesure que de nouvelles données seront disponibles ou découvertes. Le
cadre logique apporte un premier éclairage sur les risques en repérant les

p. 32 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


conditions critiques du projet. Cependant, pour la planification détaillée, cette
première analyse devient rapidement dépassée.

Le PMI définit le risque comme étant « un événement ou situation dont la


concrétisation, incertaine, aurait une incidence positive ou négative sur les
objectifs du projet ». Le PMBOK® établit des catégories de risques et une
structure de découpage des risques, selon leurs origines : techniques, externes,
organisationnels, environnementaux ou de gestion du projet. La figure
1312 illustre un exemple de structure de découpage des risques extrait du
PMBOK®.

Figure 13 : Un exemple de structure de découpage des risques

Toujours selon le PMBOK®, on distingue l’analyse quantitative de l’analyse


qualitative du risque. La première analyse évalue la gravité du risque et la
probabilité de modification inhérente au projet. Dans la seconde, le
gestionnaire veille à la mise en place de mesures de probabilité du risque et de
son effet sur le projet. Selon le domaine d’application, il existe un grand nombre

p. 33 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


d’outils portant sur la reconnaissance des dangers et des risques associés à un
procédé ou à une installation. Lors de l’analyse plus approfondie, l’ingénieur
utilisera des méthodes informatiques plus élaborées, comme les analyses de
scénarios, de sensibilités, de simulation Monte Carlo, ainsi que des logiciels,
comme Crystal Ball d’Oracle et @Risk de Palisade. L’ingénieur pourra
s’approprier le tableau 4, qui porte sur l’analyse préliminaire du risque en milieu
pharmaceutique, et le modifier selon les besoins et l’environnement du projet
dont il est responsable.
Tableau 4 : Un exemple d’analyse préliminaire du risque en milieu
pharmaceutique

Figure 14 : La définition d’échelles d’impact pour quatre objectifs du projet

La réponse aux risques13

La mise en œuvre de stratégies de réponse est le processus qui consiste à


élaborer des solutions et à déterminer des actions visant à susciter les occasions
de réduire les menaces qui modifieraient les objectifs du projet. Elle nécessite
l’identification des parties ou des individus auxquels sera confiée la
responsabilité de chacune des stratégies de réponse approuvées. Ce processus

p. 34 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


permet de s’assurer que les risques repérés seront gérés de façon appropriée.
L’efficacité de la planification des stratégies de réponse aura une influence
directe sur l’augmentation ou la baisse du niveau global de risques du projet.

Plusieurs stratégies de réponse sont envisageables. Pour chaque risque, le choix


doit porter sur la plus efficace selon le contexte, les circonstances, la ou les
culture(s) en place (ex. d’entreprise, professionnelles, locales) ou tout autre
aspect pouvant influer sur le projet et les décisions à prendre. L’ingénieur
retiendra essentiellement les quatre stratégies de réponse aux risques suivantes
: le rejet ou l’évitement, le transfert, l’atténuation ou la réduction, et
l’acceptation.

 Le rejet d’un risque consiste à modifier le plan de projet afin d’éliminer le


risque ou la circonstance, ou encore de préserver l’atteinte des objectifs
du projet de ses conséquences. Le fait d’opter pour un type de langage
plutôt qu’un autre (ex. C++) pour le développement d’un logiciel, parce
que les membres de l’équipe connaissent ce langage, est une stratégie de
rejet type.
 Le transfert des risques vise à transférer à une tierce partie les
conséquences d’un risque et la responsabilité de la stratégie de réponse
correspondante. Transférer le risque à une tierce partie n’élimine pas le
risque. Une assurance automobile est l’exemple type de transfert de
risque.
 La réduction d’un risque a pour objet d’atténuer la probabilité ou les
conséquences d’une menace jusqu’à un seuil acceptable. Prendre à temps
des mesures visant à réduire la probabilité de la concrétisation d’un risque
ou de son effet sur le projet est plus efficace que d’essayer d’en réparer
les conséquences une fois le risque concrétisé. Les coûts de la réduction
doivent être proportionnels à la probabilité du risque et de ses
conséquences. Les cautionnements de soumission sont des exemples de
réduction de risque.
 L’acceptation d’un risque indique que l’équipe de projet a décidé de ne
pas modifier le plan de projet pour affronter le risque, ou qu’elle n’est pas
en mesure de trouver d’autres stratégies de réduction convenables.
L’acceptation active peut inclure l’élaboration d’un plan de remplacement
à mettre en œuvre au cas où un risque devenait réalité.

p. 35 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


CHAPITRE III LE TRAVAIL
IV.1. Introduction

La loi 015-2002 du 16 octobre 2002 portant code du travail est applicable


à tous les travailleurs et à tous les employeurs, y compris ceux des entreprises
publiques exerçant leur activité professionnelle sur l’étendue de la République
Démocratique du Congo, quels que soient la race, le sexe, l’état civil, la religion,
l’opinion politique, l’ascendance nationale, l’origine sociale et la nationalité des
parties, la nature des prestations, le montant de la rémunération ou le lieu de
conclusion du contrat, dès lors que ce dernier s’exécute en République
démocratique du Congo. Il s’applique également aux travailleurs des services
publics de l’État engagés par contrat de travail. Sont exclus du champ
d’application du Code de travail : les magistrats, les agents de carrière des
services publics de l’État régis par le statut général, les agents et fonctionnaires
de carrière des services publics de l’État régis par des statuts particuliers, les
éléments des Forces armées congolaises, de la police nationale congolaise et du
Service national.
La capacité d’une personne d’engager ses services est régie par la loi du
pays auquel elle appartient, ou à défaut de nationalité connue, par la loi
congolaise.
- A partir de quel âge quelqu’un peut-il engager ses services ?
- Comment peut-on contrôler l’âge au moment du recrutement ?
- Un parent peut-il refuser que son enfant âgé de moins de 15 ans
engage ses services ?
Travailleur
C’est une personne physique engagée à mettre son activité professionnelle
moyennant rémunération sous la direction et l’autorité d’une autre personne
physique, morale, publique ou privée.

Employeur
C’est une personne physique, morale, publique ou privée qui utilise le service
d’un ou plusieurs travailleurs en vertu d’un contrat de travail.

Contrat de travail
C’est une convention écrite ou orale par laquelle une personne, l’employé,
s’engage envers une autre personne physique ou morale, l’employeur, à

p. 36 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


exécuter sous l’autorité, la direction et la surveillance de celui-ci, un travail
manuel ou intellectuel, moyennant une rémunération convenue.

IV.2. Le contrat de travail

Comme déjà dit dans ce document, le contrat de travail est une


convention par laquelle une personne s’engage envers une autre personne à
exécuter un travail moyennant une rémunération convenue. Les différents
contrats de travail sont passés librement mais dans le respect de la législation
en la matière.

La date d’entrée en vigueur et la durée du contrat, la nature et l’objet des


prestations du travailleur, le ou les lieux où elles doivent s’accomplir, la
rémunération, les avantages complémentaires, les frais remboursables et
toutes autres conditions sont déterminées dans le contrat de travail sous
réserve de l’observation des conventions collectives, des règlements
d’entreprises et des usages locaux.

L’exécution du contrat de travail est subordonnée à la constatation de


l’aptitude au travail du travailleur. Le contrat de travail doit être constaté par
écrit et rédigé dans la forme qu’il convient aux parties d’adopter. À défaut
d’écrit, le contrat est présumé, jusqu’à preuve du contraire, avoir été conclu pour
une durée indéterminée.

- Comment l’employeur peut-il constater l’aptitude au travail du


demandeur d’emploi ?
- Un infirmier peut-il délivrer un certificat médical ?
- Une personne médicalement inapte ne peut-elle pas exercer sur
tout le territoire de la RD Congo ?

Tout contrat de travail est à durée déterminée ou à durée indéterminée.


Néanmoins, dans le cas d’engagement au jour le jour, si le travailleur a déjà
accompli vingt-deux journées de travail sur une période de deux mois, le nouvel
engagement conclu, avant l’expiration des deux mois est, sous peine de
pénalité, réputé conclu pour une durée indéterminée.

- Un travailleur peut-il conclure avec le même employeur plus de


deux contrats ?

p. 37 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


- Peut-on renouveler indéfiniment un contrat à durée déterminée ?
- Un travailleur qui a continué à prester après l’expiration de la durée
du contrat de travail peut-il revendiquer le salaire ?
- Que se passera-t-il si la durée du contrat n’est pas signalée dans le
contrat de travail ?

Dans le cadre de l’exécution du contrat de travail, compte tenu de la


gravité de la faute commise, le travailleur est passible de l’une des sanctions
disciplinaires ci-après:
– le blâme;
– la réprimande;
– la mise à pied dans les limites et conditions fixées par la loi ;
– le licenciement avec préavis;
– le licenciement sans préavis dans les cas et conditions fixés par la loi. La
sanction disciplinaire sera prise en tenant compte notamment de la gravité,
de la répétition de la faute commise ou de l’intention de nuire qui l’a inspirée.

Lorsque le travailleur est passible d’une mise à pied ou d’un licenciement,


il peut se faire assister par un délégué syndical ou si possible par un permanent
de son syndicat. La sanction est notifiée par écrit.

Sont suspensifs du contrat de travail:

1) l’incapacité de travail résultant d’une maladie ou d’un accident, de la


grossesse ou de l’accouchement et de ses suites;
2) l’appel ou le rappel sous le drapeau et l’engagement volontaire en temps
de guerre dans les forces armées congolaises ou d’un État allié; 3) les services
prestés en exécution des mesures de réquisitions militaires ou d’intérêt public
prises par le gouvernement;
4) l’exercice des mandats publics ou d’obligations civiques;
5) jusqu’à concurrence de deux fois quinze jours par an, la mesure
disciplinaire de mise à pied lorsque cette mesure est prévue soit par le contrat
de travail soit par la convention collective ou par le règlement d’entreprise;
6) la grève ou le lock-out, si ceux-ci sont déclenchés dans le respect de la
procédure de règlement des conflits collectifs du travail telle que définie par
la loi ou par la convention collective applicable;
7) l’incarcération du travailleur;

p. 38 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


8) la force majeure, lorsqu’elle a pour effet d’empêcher de façon temporaire,
l’une des parties à remplir ses obligations.

Il ne peut être mis fin à un contrat pendant qu’il est suspendu, sous les
réserves suivantes:
- Cas de maladie ou d’accident ;
- Cas d’exercice de mandats publics ou d’obligations civiques ;
- Cas de force majeure ;
- Cas d’incarcération du travailleur.

Tout contrat de travail peut être résilié à l’initiative soit de l’employeur


soit du travailleur. Le contrat à durée indéterminée ne peut être résilié à
l’initiative de l’employeur que pour un motif valable lié à l’aptitude ou à la
conduite du travailleur sur les lieux de travail dans l’exercice de ses fonctions ou
fondé sur les nécessités du fonctionnement de l’entreprise, de l’établissement
ou du service.

La résiliation sans motif valable du contrat à durée indéterminée donne


droit, pour le travailleur, à une réintégration. À défaut de celle-ci, le travailleur a
droit à des dommages intérêts fixés par le tribunal du travail calculés en tenant
compte notamment de la nature des services engagés, de l’ancienneté du
travailleur dans l’entreprise, de son âge et des droits acquis à quelque titre que
ce soit.

Tribunal de travail

C’est une institution spécialisée, mise à la disposition des partenaires sociaux


pour le règlement de leurs conflits professionnels. Il est généralement admis
que le travailleur qui signe un contrat préétabli par l’employeur se trouve placé
dans une situation de subordination et de faiblesse vis-à-vis du détenteur du
capital.

L’employeur soumis au grès des fluctuations économiques peut quant à lui se


trouver dans une conjoncture qui le met dans l’impossibilité d’appliquer
correctement les dispositions du contrat ou de la convention collective ou
encore de la loi auxquelles il s’est engagé.

p. 39 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


La lenteur de procédures jusqu’alors décriée a été réduite en circonscrivant à
trois le nombre de remises d’audiences en matière du travail et le jugement
devant intervenir dans la quinzaine de la prise de la cause en délibéré.

Le tribunal du lieu d’exécution demeure compétent. Cependant lorsque le


travailleur rejoint le siège social de la société ou le lieu de son engagement et
qu’il y est notifié de son licenciement, le tribunal de ce lieu devient incompétent
; tel est l’objet de la loi portant création, organisation et fonctionnement des
tribunaux de travail.

. Infraction

C’est la violation d’une loi, d’un ordre ou d’un règlement.


. Sécurité de travail

C’est l’ensemble de dispositions plus ou moins légales visant à garantir les


individus contre les risques de travail (accident, maladie professionnelle, etc.).

. Hygiène

C’est l’ensemble de règles et des pratiques relatives à la conservation de la


santé.

. Hygiène du travail

C’est la partie de la médecine qui traite du milieu où l’homme est appelé à vivre
et de la manière de le modifier dans le sens le plus favorable au développement
de l’homme.

. Sens du travail pour un ingénieur

Les trois fonctions du travail selon Karl Max sont :

p. 40 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


 Le travail humanise la nature : la nature se transforme par le travail de l’homme et
on dit que la nature se mue ;
 Le travail force l’homme à utiliser ses potentialités intellectuelles et physiques ;
 Le travail socialise les êtres humains.

. Principes éthiques du travail (en général)

Les responsables doivent avoir constamment à l’esprit les principes éthiques


suivants :

1° Avoir du respect pour les autres ;


2° Faire la promotion de l’humain, de l’humaniste et de l’humanisation ;
3° Etre solidaire ;
4° Avoir une justice sociale (justice distributive) ;
5° Avoir le sens désintéressement (par exemple en tenant au respect des
spécificités techniques du cahier de charges) ;
6° Avoir le sens de la véracité et de l’objectivité ;
7° Avoir le sens du dialogue et de la réflexion critique.

. Code des professions

Le Code de profession est un document qui fait office de loi pour une profession
donnée en définissant le champ de l’exercice de la profession sans oublier
d’assurer la protection du public. Il statue sur les pouvoirs et devoirs des ordres
à l’égard du contrôle de la profession. Le code d’une profession donnée doit
incorporer les valeurs considérées comme essentielles par les membres de
l’Ordre.

p. 41 Notes de cours de Métiers de l’ingénieur Pr Dr Ir Jean Marie KANDA


Chapitre IV
NOTIONS DE SECURITE ET DE GESTION DES
RISQUES DANS L’ENTREPRISE
IV.1. Introduction

Le concept de sécurité n’a pas été découvert pendant l’avènement de l’ère


industrielle. Il était inscrit dans le caractère de l’homme dès l’origine de
l’humanité. Ainsi, l’homo sapiens avait le réflexe de s’éloigner du feu car
l’expérience lui avait appris que celui-ci était dangereux pour lui. Il avait donc un
réflexe de sécurité. Mais qu’est-ce que la sécurité ?
Selon le « Petit Larousse », sécurité se dit d’une situation où l’on n’a aucun
danger à craindre. Cette définition générale, reposant sur le principe du risque
zéro, n’est pas adaptée aux activités humaines (alimentation, transport, vie
quotidienne, loisirs, etc.) où l’on parle de risque acceptable. Se référant à
l’industrie et, plus particulièrement, au fonctionnement des procédés, la
sécurité peut être définie comme l’aptitude d’un système à fonctionner en
maîtrisant, à un niveau acceptable, les risques pour les personnes, les biens et
l’environnement.

IV.2. Sécurité dans l’entreprise

La sécurité est devenue un problème d'éthique dans les pays


industrialisés. Les résultats en matière de sécurité reflètent la qualité de
l’organisation générale de l’entreprise.
De bons résultats engendrent la confiance auprès des clients, des
actionnaires, des analystes financiers et des riverains des installations de
production, catégories de personnes appelées « stakeholders » par les Anglo-
Saxons. À l’inverse, il n’est pas besoin de rappeler les conséquences des
catastrophes telles que Seveso, Bhopal, Three Miles Island, Flixborough, Amoco
Cadiz. À côté de pertes considérables en vies humaines, en argent, en image,
certains de ces événements ont entraîné la disparition de la société concernée.
Les statistiques des sociétés d’assurance montrent que plus de 70 % des PME
qui ont un sinistre important disparaissent dans les trois années qui suivent.

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De bons résultats ne sont jamais dus au hasard mais sont le fruit d’une
politique volontariste mise en place par la direction de l’entreprise. Cette
politique nécessite des ressources humaines, financières, techniques et
l’implication des employés à tous les niveaux de la hiérarchie. Mais ce n’est
qu’après plusieurs années d’effort que des résultats concrets deviennent
visibles.
Une entreprise qui sait gérer la sécurité, c’est une entreprise qui a su
ramener les risques à un niveau acceptable. Notons cependant que le niveau
d’acceptabilité est une notion qui varie suivant le lieu, l’époque. En France, on
accepte beaucoup plus facilement le risque lié à la conduite automobile (environ
8 000 morts par an sur les routes) que le risque industriel, qui est la cause de 700
décès par an. Le risque perçu est un « construit social ».
L’explosion d’un stock de nitrate d’ammonium à Toulouse en septembre
2001 a des conséquences importantes sur la perception que notre société hyper
médiatisée a des installations à risques. La recherche d’un équilibre entre la
sécurité et les impératifs économiques et sociaux, sur la coexistence
ville/industrie, va influencer le système productif existant pendant de
nombreuses années.

IV.3. Notions de risque


Toute activité humaine comporte une part de risque et d’incertitude.
L’industrie qui, par définition, met en oeuvre des outils de production complexes
dans un monde incertain, de plus en plus compétitif et où tout s’accélère,
n’échappe pas à cette problématique. Ces outils sont souvent un potentiel de
danger et une source de risques.

Le « danger » est une situation, une condition ou une pratique qui


comporte en elle-même un potentiel à causer des dommages aux personnes,
aux biens ou à l’environnement.

Le « risque » est la possibilité de survenance d’un dommage résultant


d’une exposition à un danger. Le risque est la composante de deux paramètres
: la « gravité » et la « probabilité ». Plus la gravité et la probabilité d’un
événement sont élevées, plus le risque est élevé.

Prenons par exemple pour illustrer ces différents termes, celui de


l’alpiniste en montagne. La montagne représente un danger puisqu’elle a le
potentiel d’engendrer des situations pouvant conduire à des dommages

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corporels tels que, par exemple, la chute de l’alpiniste. Cependant, tant que
l’alpiniste ne s’aventure pas dans la montagne, il ne court pas de risque. Le
danger existe de manière continue, mais le risque ne se concrétise que s’il y a «
exposition », c’est-à-dire, dans notre exemple, lorsque l’alpiniste entame son
ascension. Il encourt alors le risque de chute. C’est ici que les notions de gravité
et de probabilité apparaissent. La hauteur de chute potentielle caractérisera la
gravité. La probabilité de la chute sera, elle, fonction de la difficulté du tracé, de
l’expérience de l’alpiniste, de la météo…

La gestion du risque va consister, dans l’industrie comme en course de


montagne, à prendre toutes les dispositions possibles pour minimiser le risque.
Pour cela, on peut soit supprimer l’exposition au danger, soit agir sur la gravité
et/ou la probabilité, composantes du risque.
Notre alpiniste peut en effet renoncer à sa course. Il annule ainsi le risque
en éliminant l’exposition. C’est, on l’aura compris, la solution la plus radicale, ce
n’est pas toujours la plus aisée dans l’industrie. On peut cependant trouver des
exemples où la substitution dans un procédé de matières premières
dangereuses par des matières premières plus aisées d’emploi permet de
supprimer le danger présenté par ces matières.

À défaut de pouvoir utiliser une solution aussi radicale qui supprime le


danger, on peut agir sur les deux paramètres du risque :

 Réduire la gravité, c’est effectuer une action de protection. Dans le cas de notre
alpiniste, lui demander de s’équiper d’un système d’assurance correctement fixé
ou placer des filets en contrebas des passages difficiles n’empêchera pas
l’alpiniste de chuter. Mais ces dispositifs rendront la chute moins haute et donc
réduiront sa gravité.

 Réduire la probabilité, c’est faire une action de prévention. Aménager le


parcours en supprimant les obstacles pouvant poser problème, installer des
dispositifs sur lesquels l’alpiniste pourra prendre appui sont des mesures qui
n’auront pas spécialement d’impact sur la gravité de la chute mais qui vont
concourir à réduire sa probabilité.

Dans tous les cas, que ce soit pour notre alpiniste ou dans le monde
industriel, l’objectif est de réduire le risque à un niveau acceptable. Ce niveau
d’acceptabilité du risque est d’ailleurs très variable entre, par exemple, le risque
« accepté » et pourtant élevé, lié à la conduite automobile et le risque plus faible,

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mais « subi » par les riverains, suite à l’implantation d’une unité chimique à
proximité d’habitations. Ce niveau d’acceptabilité est aussi fonction des
différences culturelles, la mortalité étant, par exemple, très différemment
perçue dans certains pays par rapport au traumatisme qu’elle engendre en
Europe.

IV.4. Démarche générale de gestion de risques

Gérer les risques, c’est, pour un système déterminé :


— identifier les dangers et quantifier les risques qui peuvent en résulter;
— traiter les risques pour les ramener au niveau présumé d’acceptabilité ;
— financer la gravité résiduelle.

IV.4.1. Identifier les dangers et quantifier les risques

Les risques, au niveau de l’entreprise, dépassent les seuls aspects de


production. Il peut s’agir de la préservation d’un savoir-faire, de la fidélisation de
personnes clés telles que des dirigeants de haut niveau ou certains chercheurs.
Il peut s’agir d’un ensemble de caractéristiques liées à l’image de l’entreprise, au
respect des travailleurs, à des risques sociaux, aux contrats, à l’insolvabilité de
certains clients, aux fournisseurs et sous-traitants.

La gestion des risques, c’est donc un système de management, une


activité transversale de l’entreprise. Ne pas avoir de système de management
des risques constitue peut-être le risque le plus important auquel l’entreprise
peut être confrontée !

La première étape de la gestion des risques consiste à acquérir les


connaissances de base propres aux dangers des techniques et technologies
mises en œuvre par l’entreprise et à considérer l’entreprise comme un système.
Ces connaissances sont indispensables pour évaluer le niveau de risque et mettre
en œuvre les dispositions techniques et opérationnelles nécessaires à leur
contrôle.

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