Introduction : Weber
Max Weber a influencé tous ceux qui ont voulu travailler sur les actions individuelles, la liberté
d'action des individues car il a bossé sur les acteurs sociaux, et l'activité sociale. En France on
l'assimile au courant de l'individualisme méthodologique.
Pour Boudon, les inégalités sociales sont des stratégies pour s'autocensurer et critique les travaux de
Durkheim considéré comme trop déterministe.
On retrouve des traces de Weber sur les œuvres de Bourdieu, notamment sur la question de la
domination ainsi que chez les déterministes américains.
Weber ne pose pas comme le chef de file d'une école sociologique (comme émile), il devient
sociologue tardivement après un passé d'économiste. Né en 1864, et mort en 1920, il vient d'une
famille protestante, et aisée. Il a fait des études de droit et d'économie mais se passionne pour
l'histoire et la théologie. Il a fondé en 1904 la revue Archive de sciences sociale et politiques,
société Allemande de sociologie en 1908. Il obtient la chair de sociologie en 1918. Pour finir
beaucoup de ses ouvrages sont publiés après sa mort (surtout des articles pendant toute sa vie).
Ouvrages principaux :
• L’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1904-1905).
• Essais sur la théorie de la science (1904-1917).
• Le Savant et le Politique (1919).
• Économie et société (1922).
PLAN DE COURS
Section 2 : Max Weber et l'activité sociale
Introduction
Il y a les mêmes questions qu'en France mais pas les même enjeux scientifiques. En Allemagne, il
n'y a pas d'école de sociologie dominante comme celle de Durkheim, il y a un paysage scientifique
beaucoup plus éclaté. En Allemagne, l’émergence de la sociologie s’inscrit dans ce qu'on appelle la
querelle des méthodes. Ça veut dire qu'on va se poser la question sur le statut des sciences sociales
en générale par rapport aux sciences de la nature. Elle ne va pas d'abord concerner la sociologie
mais l'histoire. Est-ce que l'histoire consiste seulement à récolter des phénomènes historiques ou
doit-elle également intégrer la subjectivité des acteurs (ce que les individus vont penser, et agir) ?
Ce questionnement va se répendre jusqu'à la sociologie → les humains ont leur conscience et ça
influe.
Wilhem DILTHEY dit « Nous expliquons la nature, nous comprenons la vie psychique ».
Le questionnement porte plus sur les motivations de l’action plus que sur les déterminants –
pourquoi les individus agissent comme ils le font ? – et sur l’histoire des phénomènes sociaux plus
que sur les grandes lois sociales qui régissent la société – on observe comment un même
phénomène a évolué dans l’histoire, ce qui en fait la spécificité.
On ne peut pas expliquer le monde sociale par des lois mécaniques car ce monde sociale est
beaucoup trop complexe pour ça. Dans ce prolongement la connaissance des phénomènes humains
ne peut être atteinte de « l'extérieur » comme pour les phénomènes physiques mais seulement de
« l'intérieur » par interprétation. Et cela par « empathie », c'est-à-dire en se mettant à la place des
individus.
Max Weber est tout à fait d'accord avec le faite qu'il faut s’intéresser aux individus, mais pour lui il
ne faut pas simplement s’arrêter à cette dimension de COMPRENDRE, pas seulement sur ce qu'il
ressente, agissent... Il propose une théorie générale sur la sociologie qui va quand même permettre
d'expliquer le monde sociale. Weber va se positionner un peu sur le côté par rapport à ses collègues
allemand, il va dépasser cette opposition entre comprendre et expliquer.
Il a pour ambition de fonder une sciences sociale qui va articuler des recherches abstraites, et
études empiriques. Il va critiquer les penseurs trop déterministes à son goût qui partent de concepts
plutôt que de la réalité. Il va critiquer ceux qui vont abdiquer devant la complexité du monde
sociales et qui vont s'en tenir au fond à des études individuelles. Il veut proposer une théorie
générale du monde social.
« Nous appelons sociologie une science qui se propose de comprendre par interprétation l'activité
sociales et par là d'expliquer causalement son déroulement et ses effets. » Weber
Comprendre par interprétation le monde sociale c'est saisir les significations, ce que les individues
pensent, et interpréter c'est organiser ces significations en concept. L'activité sociale ce sont les
actions, pourquoi les individus agissent comme ils agissent ? A la fois leurs actions et les activités
dans le monde social.
C'est comprendre le sens subjectif des actions individuelles, c'est expliquer l’enchaînement entre
les phénomènes, les chaines de causalités.
C'est une sociologie compréhensive qui va s’attacher d'abord au sens que donne les individues à
leur action. Il reprend cette idée générale selon laquelle le propre des sciences de l’homme c'est
d'être confronter à des êtres de conscience qui agissent en fonction de valeurs, de croyances, de
représentations, de calculs rationnels et qui ne se bornent pas à réagir aux stimulations de
l'environnement.
La sociologie et l’histoire, en tant que sciences empiriques, doivent rendre compte de ce sens «
réel », celui que les acteurs donnent vraiment à leurs actions. Il ne s'agit pas juste de savoir ce que
les individus donne comme intention à leur actions pour comprendre l'action. Il faut expliquer. Pour
weber le monde social n'est pas une compilation des actions individuelles mais aussi celle des
institutions (la religion, l’État). Pour lui les institutions sont principalement des systèmes de valeurs,
de croyances. L'objet de la sociologie c'est donc l'action sociale.
Nous appelons sociologie […] une science qui se propose de comprendre par interprétation
l’activité sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets. Nous entendons
par « activité » un comportement humain […] quand et pour autant que l’agent ou les agents lui
communiquent un sens subjectif. Et par activité « sociale », l’activité qui, d’après son sens visé par
l’agent ou les agents, se rapporte au comportement d’autrui, par rapport auquel s’oriente son
déroulement
C'est une science qui se propose de comprendre par interprétation l'activité sociale. Ce n'est pas
une compilation d'actions individuelles mais un intérêt pour les institutions au sens Durkheimien
(religion, État = systèmes de valeurs). Les actions orientées par rapport à autrui. Autrui, cela peut
être un autre individu, un groupe, mais aussi l’État. Ce sont toutes les actions qui supposent une
interaction entre soi et quelqu'un ou quelque chose d'autres.
Il faut mener une analyse causale pour comprendre son déroulement et ses effets :
– Mettre à jour des systèmes de valeur (religion, morales, éthiques) : des « cages d'acier » car
elles contraignent nos actions.
– Refus d'une histoire prédéterminée.
Il pense qu'on peut étudier ses actions de manière rationnel en se mettant à la place des individus. Il
faut reconstruire à postérité les logiques de l'action qui mènent un individu à faire ceci ou cela en
s'appuyant sur la rigueur scientifique.On va établir des relations de causalité entre des phénomènes.
Une analyse causale, ça veut dire essayer de mettre au jour des enchaînements entre deux
phénomènes par ex : percevoir les effets dune action A sur une action B, lié des actions par des
chaines de causalité.
Ce n'est pas simple parce que les actions des individus répondent souvent à leur intention initiale, il
donne cet exemple en disant : si on peut comprendre par empathie pourquoi un individu va s’arrêter
à un feu rouge ? On est doté de conscience. C'est plus compliqué de comprendre si un autre individu
n'a pas vu le feu rouge et que ses deux individus se rentrent dedans. Autrement dit la vie sociale se
déroule par la compilation d'actions individuelles dont il est très difficile de prévoir l'issu. Parce
qu'en réalité il y a énormément de facteurs qui vont rentrer en ligne de compte et avoir des effets les
uns sur les autres. Pour lui aussi, cette compilation des actions individuelles aboutis forcément à des
conflits, à des paradoxes. Pour lui d'ailleurs la société fonctionne avec ses paradoxes, des
compromis, des arrangements, il n'a pas une vision mécaniste de la société et des règles sociales.
Weber ne nie pas les contraintes sociales, mais cela montre qu'il a une vision du monde comme un
monde complexe dont on ne peut pas prévoir les issues. Il n'a pas une vision prédéterminée des
grandes lois sociales.
On va essayer d'organiser cette conception qu'ont les individus de leur action pour les rationaliser et
en dégager des logiques sociales. Mais ce n'est que en s’intéressant aux individus que le sociologues
va pouvoir faire des analyses empiriques. Il va s’intéresser aux actions des individus entre eux, pas
juste s’intéresser à ce qu'ils pensent, mais essaye de mettre à jour des systèmes de valeurs. Ce sont
ces systèmes de valeurs qui vont donnés du sens au monde sociale. Il appelle ça des « cages
d'acier », cage dont il est assez difficile de sortir car elle contraint l'action.
– Durkheim s’intéresse plus à la manière dont les contraintes sociales vont s'imposer par le
haut, les structures sociales vont s'imposer aux individus en étant incorporés aux individus.
– Weber à l'inverse, ne va pas partir des structures sociales mais va partir des individus pour
voir comment ils vont s'approprier ces normes, comment ils vont les vivre de l'intérieur. Ils
vont s'approprier ces normes et ses valeurs, il va donc partir du bas. Il y a donc des normes
sociales.
La différence est que pour Durkheim les individus vont agir de tels manières parce que des normes
sociales existent ; il y a des normes qui existent et cela va déterminer en parti le comportement des
individus. En revanche Weber lui, analysant beaucoup plus, va regarder au niveau des individus,
comment les individus vont être amenés à choisir entre les différents types de normes, comment ils
vont mobiliser des systèmes de valeurs dans leurs actions individuelles.
On ne peut imaginer qu'une structure sociale existe en dehors des individus.
Pour Weber, les causalités sociologies (relations permanentes entre phénomènes) ou historiques
(circonstances uniques à l'origine d'un événement singulier) pour reprendre la distinction faite par
R. Aron, sont toujours partielles (il est exclu qu'un seul élément détermine les autres comme
l'économie chez Marx) et probabilistes (un fragment de réalité rend plus ou moins probable un autre
fragment) : rien n'est donc prédéterminé.
Ils se distingue d'un penseur comme Marx, car pour Weber le critère économique ne détermine pas
tous, il y a une complexité. Cette complexité se retrouve dans la vision que Weber a dans les classes
sociales. Pour lui, la classe sociale va se jouer à différents niveaux : un niveau économique, culturel,
du modes de vie, de l'éducation, et donc Weber va avoir une vision particulièrement complexe des
classes sociales qui va être fluctuante, qui va bouger en fonction des critères qu'on retient.
Pour lui, les contours de la classes sociales peuvent varier, bouger, fluctuer en fonction des
différents critères de la classe sociale que l'on va prendre. Il a aussi une vison probabiliste, c'est-à-
dire que quand il va prendre ses différents critères ( de prestige, mode de vie, éducation) il va
raisonner en terme de chances typiques que les individus ont, pour obtenir des biens et des services.
Ses chances vont varier en fonction des ressources, des capitaux, qu'ont les individus et vont
pouvoir mobiliser de manière plus ou moins efficace ses ressources. Pour lui, ils envisagent tout à
fait la possibilité qu'ont les individus à changer de classes sociales.
Nous appelons « situation de classe » la chance typique qui, dans un régime économique donné,
résulte du degré auquel et des modalités d’utilisation selon lesquelles un individu peut disposer (ou
ne pas disposer) de biens ou de services afin de se procurer des rentes ou des revenus ; chance (qui
doit être évaluée sous les trois chefs) (a) de sa capacité à se procurer ces biens, (b) de ses conditions
de vie extérieures, (c) de sa destinée personnelle. Nous entendons par « classe » tout groupe
d’individus qui se trouvent dans la même situation de classe.
B) Une typologie des actions sociales : la méthode des idéaux-types
Affinités électives entre ces deux systèmes de valeur (ces deux systèmes de valeurs se renforcent
l'un et l’autre). Comment expliquer que le capitalisme moderne atteigne son plus haut degré de
développement dans les pays ou les régions où domine le protestantisme ?
Livre : l’Éthique protestante et l'esprit du capitalisme.
Il a remarqué en Allemagne cette différence entre des régions plus catholiques et plus protestantes.
Et dans les régions plus protestantes il y avait beaucoup de protestants dans l'élite économique et
politiques. La question qu'il va se poser ça va être au fond qu'est-ce qui peut favoriser le
développement mutuel de ces 2 systèmes de valeurs que sont : éthique protestante et esprit du
capitalisme ?
Plus largement Max Weber s'intéresse au lien qui existe entre des pratiques économiques que
peuvent avoir les individus et leur conception du monde, leur représentation religieuse. En étudiant
ce lien entre les deux systèmes de valeurs, il va développer une idée qui est en sociologie, l'affinité
élective entre ces 2 systèmes de valeurs que sont :
– l'esprit du capitalisme
– l'éthique protestante
Une affinité élective signifie que ces deux systèmes de valeurs se renforcent l'un et l'autre.
Weber a passé beaucoup de temps à produire des données de terrain. A partir de ces nombreuses
enquêtes, l’esprit du capitalisme repose sur l'emploi de méthodes rationnelles dans ces pratiques
économiques. Elles ont pour but d'accumuler les ressources, les biens. L'épargne ou l'investissement
sont particulièrement utile pour pérenniser l'esprit du capitalisme, le but est de faire un max de
profit. Mais pas simplement ça, c’est de faire le max de profit de manière pérenne, continue. Pour
ça il faut rationaliser le travail et ? ,,,,,,,,,,,,,,,,,,, ??????????????
Pour lui ce sont ces caractéristiques qui définissent le capitalisme moderne.
L'éthique protestante, surtout calviniste, à certaines caractéristiques comme une forme ascétisme
(se contenter de peu), le travail s'apparente à une vocation, une réalisation de soi, d'autant plus
essentielle qu'elle est perçue comme un signe d’élection divine. Goût de l'épargne, refus du luxe,
discipline du travail.
Les protestants ne valorisent pas l'église comme institution ni les rites religieux et les rapports
magique au monde. Mais dans leur représentation Dieu aurait décidé à l'avance que certains seraient
des élus, ils ont un salut après la mort. Impossibilité d'agir face à son destin. Les hommes vont se
convaincre eux même qu'ils sont des élus. Manque de confiance = manque de foi. Les hommes sur
Terre n'ont pas d'autres choix que de travailler avec acharnement pour réussir = se convaincre qu'on
est des élus. Ces principes religieux vont se retrouver dans un ensemble de pratiques économiques,
notamment dans un goût de l'épargne, un refus du luxe, un discipline dans le travail, dans une sorte
de conscience professionnel.
Cette éthique protestante va être très favorable à l'éthique capitaliste.
Ils n’œuvrent pas pour leur profit personnel mais pour leur salut. Cela va inciter dans la prudence de
l'usage de ses richesses, disposer à épargner., accumuler pour assurer le succès pérenne de son
entreprise. L'entreprise capitaliste va exiger qu'on investisse sans cesse cette argent. Cette pratique
là rentre en affinité avec l'éthique ascétisme qui est défendu dans les valeurs protestantes.
Ce ne sont pas des réalités (les 2 notions) mais des modèles. Il a tiré un ensemble de caractéristiques
de chacun de ses système de valeurs (protestant et capitalisme) et ils en a fait des idéaux-types.
La religion n'est pas la seule cause mais pour autant, son éthique favorise certaines dispositions en
affinité, avec l'éthique capitaliste.
Cette conception religieuse du monde rencontrent des affinités avec ce modèle économique. Il est
aussi attentive aux processus d'institutionnalisation.
Une fois institué, la religion n'est plus si importante car le système s'impose alors aux individus =
« ordre de vie » en fonction duquel les individus doivent agir s'ils veulent réussir leur entreprise.
Parce que les capitalisme devient la règle et tout entreprise doivent se conformer à la règle.
Dans les entreprises il faut dissocier rapidement l'entreprise de la famille, il va falloir que la
science, la culture, l'économique, deviennent plus autonomes dans leur mode de fonctionnement. Ça
autonomise les espaces et les règles. Cela va aboutir au fait qu'il va y avoir une formalisation des
rapports sociaux, c'est-à-dire qu'on va dépersonnaliser les relations dans les entreprises
(interchangeables le uns par rapport aux autres), il n'y a plus de relations d'hommes à hommes mais
de salariés à salarié. Chacun va occuper des fonctions spécifique.
Rationalisation du monde ne veut pas dire qu'on va connaître mieux le monde dans lequel on vit, il
donne pour cela l'exemple du tram : la majorité d'entre nous prend le tram mais la majorité ne sait
pas comment ça marche, pour autant on peut compter sur son bon fonctionnement car il est régit par
des règles rationnel, stables. Donc cela signifie par une meilleur connaissance du monde, une
maîtrise plus grande de son environnement par rapport au monde d'avant. Mais il nous dit que ce
processus de rationalisation affecte tous les secteurs de notre vie sociale (l’État, le droit, la culture).
Weber en observant les différentes manières qu'ont les individus à obéir à différents ordres va
mettre à jour 3 types purs de domination légitime : la démarche idéal typique pour comprendre la
domination légitime.
Ce 3ème type d'autorité est celle qui va prendre plus d'importance dans nos sociétés. Elle se perçoit
dans le développement des bureaucraties, le fait que nos sociétés reposent sur une gestion
administratives. Les individus ne se font plus respecter pour ce qu'ils sont mais par ce qu'ils
incarnent.
L'émergence et la légitimation de ce type d'autorité légale et rationnel va entraîner un manque de
sens dans toutes une séries d'actions. Le fait qu'on respecte un acte, pouvoir car il est légale et
rationnel, va aboutir en creux à mettre de plus en plus à distances les questions de moralité, et de
questions d'un acte.
Weber était très intéressé par la politique, lui même était impliqué dans la vie publique, c'est donc
dans le savent et la politique qu'il réfléchit à ce que être savant ou politique.
Il a structuré la manière dont on fait de la politique et de la science aujourd'hui même si on voit
apparaître des formes porosités mais malgré tout, le concept qu'il a développé reste central et doit le
rester. De plus, la position qu'il défend n'est pas particulièrement répandu a l'époque. Il y a une
distinction très importante pour Weber à faire entre l’activité du savant et l’activité de l’homme
politique. A l'époque ce n'était pas évident.