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Emblématique médiévale et moderne 1ère année, 1er cycle

La cheminée de la chambre du manoir de Coëtcandec, est conservée aujourd’hui au château des


Rohan à Pontivy, depuis que le manoir fût menacé de ruine. Sur cette cheminée polychrome,
principalement en vert, ressortent plusieurs éléments emblématiques sculptés en bas-reliefs et peints
dans différents émaux et métaux.

De prime abord, au centre du manteau il est possible d’observer un écu en forme de bannière
(rectangulaire). Le blasonnement de cette bannière peut-être décrit ainsi : sur un champ d’argent est
figuré un cerf passant à l’émail de gueule, soit une bannière d’argent au cerf passant de gueule.
Cette bannière est supportée par deux lions, de face avec le corps de profil et debout, c’est-à-dire,
deux lions rampants gardants d’or.

De part et d’autre de cette bannière supportée, se trouve deux écus en losange. À notre droite, sur
champ d’azur est figuré une croix ancrée d’or. À notre gauche sur champ de gueules est figuré onze
besants d’or, au chef dentelé d’argent.
Dans un jeu de symétrie, à côté de ces deux écus en losange se trouve de nouveau des écus en
bannière. À droite de l’écu en losange d’azur à la croix ancrée d’or, est représenté une bannière
écartelée, qui au premier et quatrième quartier comporte la même armoirie que celle représentée au
centre du manteau, d’argent au cerf passant de gueule. Au deuxième et troisième quartier, sur champ
d’argent est figuré trois têtes de loup sable arrachées et lampassées de gueules.
À gauche de l’écu en losange de gueules aux onze besants d’or, au chef dentelé d’argent, est
représenté de même une bannière écartelée avec également au premier et quatrième quartier
l’armoirie représentée au centre du manteau et au deuxième et troisième quartier sur champ d’argent
est figuré trois fasces d’azur.

Au chaque coins du manteau est représentée une brisure de la bannière centrale, d’argent au cerf
passant de gueule, au lambel à trois pendants de gueule. Ces bannières sont toutes deux, dans une
parfaite symétrie, ornée d’un chapeau de sable accompagné d’une cordelière, de chaque côté, à six
houppes, de même. Cet ornement extérieur à l’armoirie reflète le rang de l’ecclésiastique de part le
nombre de houppes.

Sur le côté droit du manteau est représenté un écu en losange d’argent au fasce nouée d’azur
accompagnée de six merlettes de gueules 3&3.
Sur le côté gauche du manteau est représenté également un écu en losange mi-parti, d’azur à la
croix ancrée d’or à dextre et à senestre d’hermine au chef d’argent à deux coquilles de gueules.

Enfin à chaque extrémités du manteau la même bannière est représentée : écartelée, au premier et
quatrième quartier sur champ d’argent est figuré trois têtes de loup sable arrachées et lampassées de
gueules, au lambel à trois pendants de gueule. Au deuxième et troisième quartier, sur champ
d’argent est figuré trois fasces d’azur, au lambel à trois pendants de gueule; sur le tout d’argent à la
croix alésée de sable, au lambel à trois pendants de gueule.

En partie supérieure du manteau, d’or sur fond d’azur, est sculpté une devise héraldique, en latin :
« sancte sancte sancte dne(domine), deus, Sabaoth, misere nostri » qui peut être traduisible par
« Saint, saint, saint, le seigneur, Dieu de l’univers (littéralement des armées) ayez (ou ait) pitié de
nous »; sanctus est décliné au vocatif pour interpeller ici Dieu. Cette locution latine semble être
tirée du Te Deum, un chant religieux. Cette devise est entourée de par et d’autre de sortes de coiffes
ecclésiastiques avec une étole de gueule, chargé de besants d’azur et entouré d’or.
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Emblématique médiévale et moderne 1ère année, 1er cycle

Sur la tablette de la cheminée se trouve au centre un écu scuriforme illisible. Sur le côté droit de la
tablette se trouve un écu en losange mi-partie, à dextre d’argent au cerf passant de gueules et à
senestre d’azur à la croix d’or. Sur le côté gauche, un écu en losange mi-partie, à dextre de même et
à senestre de gueules à trois lions d’or, à la bordure d’argent, chargée de huit merlettes de sable.

Il est possible d’identifier les armoiries, en partant des informations données par l’association des
Amis de Coëtcandec ainsi que le blog de Jean-Yves Cordier. Couplé à l’armorial des principales
maisons et familles du royaume de Pierre-Paul Dubuisson, de 1757, pour trouver qu’au centre du
manteau la bannière d’argent au cerf passant de gueules est l’armoirie de la famille Chohan (ou
Chohand selon l’armorial).

De l’arbre généalogique de la famille Chohan (sur le site Geneanet) il est possible de déduire les
alliances, L’écu en losange d’azur à la croix ancrée d’or correspond à l’armoirie de la famille
Grillon.
En revanche l’écu en losange de gueules à onze besants d’or, au chef dentelé d’argent est plus
problématique. En effet il est possible de l’associé à l’armoirie de la famille de Coëtregal, de gueule
à six besants d’or, au chef d’argent denché. Cela expliquerait un erreur d’analyse entre endenché et
dentelé, très similaire, il n’y a cependant pas le même nombre de besants. Autre hypothèse l’écu est
associée à l’armoirie de de la famille Philippot, de gueules à cinq besant d’or, 3 et 2, au chef
endenché d’argent. Dans les deux cas les armoiries sont très proches. À noter toutefois qu’il est fait
référence dans les Mémoires de la société archéologique de Bretagne (XXIV), sur la Bretagne
inconnue, les demeures seigneuriales1 il est plutôt fait référence de la présence des armoiries de la
famille Phillipot dans le château de Coëtcandec. Or la plupart du temps les écus en losange ou mi-
partie sont des armoiries féminines et au niveau de l’arbre généalogique de la famille Chohan, une
Jehanne Phelippot est référencée comme épouse de Pierre III Chohan de Coëtcandec (décédé en
1477).

En ce qui concerne la bannière écartelée à droite de l’armoirie de la famille Grillon, l’armoirie des
Chohan est reprise en 1&4. Tandis qu’en 2&3, d’argent à trois têtes de loup sable arrachées et
lampassées de gueules, est représenté l’armoirie de la famille Bino ou Binot, ce qui est confirmé par
l’Armorial général, contenant la description des armoiries des familles nobles et patriciennes de
l’Europe de J. B Rietstap. Il donc possible d’attribuer ce blason à Pierre IV de Chohan de
Coëtcandec (1488-1577) descendant de Jehan Chohan de Coëtcandec (1460-1502) qui était mariée
à Guillaumette du Bino (1450-1515).
De même la bannière écartelée à gauche sur le manteau, reprend en 1&4 l’armoirie des Chohan et
en 2&3, d’argent aux trois fasces d’azur, est représenté l’armoirie de la famille de Quilfistre (ou
Quifistre). Cela peut s’expliquer au fait que la mère de Pierre IV Chohan de Coëtcandec,
Guillaumette du Bino, est la fille de Nicole de Quilfistre épouse de Guillaume Alain de Bino
(décédé en 1430).

Au coin du manteau les bannières reprennent les armoiries de la famille Chohan, brisées par un
lambel à trois pendants de gueules; avec un ornement extérieur ecclésiastique, un chapeau de sable
accompagné d’une cordelière, de chaque côté, à six houppes, de même. Cela correspond à soit un
supérieur religieux majeur dans le clergé régulier, soit un vicaire général ou capitulaire dans le
clergé séculier; selon le livre Coutumes et Droit Héraldique de l’Église de B. B Heim, de 1949.

1 https://m.shabretagne.com/scripts/files/5f467d5d20f416.31435422/1944_05.pdf
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Emblématique médiévale et moderne 1ère année, 1er cycle


L’écu en losange sur le côté droit du manteau, d’argent au fasce nouée d’azur accompagnée de six
merlettes de gueules 3&3 correspond à l’armoirie de la famille de Lestrellin, donc il est possible
d’en déduire que c’est l’armoirie de Jehanne de Lestrellin (1420-) épouse de Eon Cohan de
Coëtcandec (1420-1476). En dessous de cette armoirie est inscrit des chiffres et des lettres, il est
possible de lire un 1, voir un 3 ou un 8 qui forment peut-être une date et « auxil ».

L'écu en losange mi-partie sur le côté gauche du manteau, à dextre correspond à l’armoirie de la
famille Grillon. À senestre, c’est plus compliqué il est possible d’émettre l’hypothèse qu’il s’agit de
l’armoirie de la famille de Quirisec (ou Quirizec) d’argent à six hermines de sable, 3, 2 &1, sous un
chef d’argent à deux coquilles de gueules. En effet selon les Mémoires de la société archéologique
de Bretagne (XXIV), sur la Bretagne inconnue, les demeures seigneuriales, les armoiries de la
famille de Quirisec apparaissent dans le château de Coëtcandec. Cette armoirie évoque une alliance
de la famille Grillon avec la famille de Quirisec.

Aux extrémités du manteau de part et d’autre se trouvent deux bannières écartelées et brisées
identiques, en premier et quatrième quartier l’armoirie de la famille Bino brisé d’un lambel à trois
pendants de gueule. Au deuxième et troisième quartier l’armoirie de la famille Quilfistre, brisé de
même. Sur le tout broché d’argent à la croix alésée de sable, au lambel à trois pendants de gueule.
Cela correspond peut-être à une alliance de la famille Bino avec la famille Quifistre.
L’écu en losange sur le côté droit la tablette de la cheminée, représente à dextre les armoiries de la
famille Chohan et à senestre les armoiries de la famille Grillon. De plus de par sa forme, en losange,
il est possible d’associée cette armoirie à une femme, en l’occurence probablement Jeanne Grillon
(1493-1571) épouse de Pierre IV Chohan de Coëtcandec (1488-1577).
L’écu en losange sur le côté gauche de même reprend à dextre les armoiries de la Chohan et à
senestre les armoiries de la famille du Breil. Surement les armoiries de Michelle Nicole du Breil
(décédée en 1604), épouse de Guillaume Chohan de Coëtcandec (1532-1598); fils de Pierre IV
Chohan de Coëtcandec et de Jeanne Grillon.

Au delà du manteau et de la tablette de la cheminée, rien de plus ne semble armorié. Ce support à


l’avantage de comporté pas mal de place. Il est toutefois possible d’émettre l’hypothèse que cette
cheminée à été armoriée successivement en effet les principaux éléments emblématiques, les
éléments centraux, concernent la famille de Chohan puis Grillon. De là il est possible de déduire
que la décoration de cette cheminée a débutée peut-être avec Pierre IV Chohan de Coëtcandec et
son épouse Jeanne Grillon et s’est achevée avec son fils Guillaume Chohan de Coëtcandec et son
épouse Michelle Nicole du Breil. La place se pesant manquante les armoiries de l’épouse aurait été
ajoutée sur le côté gauche de la tablette. Il est possible d’estimer, dans une fourchette large, que
cette cheminée aurait donc été armoriée entre 1516, date de mariage de Pierre IV et Jeanne et 1598,
date de décès de leur fils.

En comparaison de la cheminé de la salle principale du manoir, cette cheminée est beaucoup moins
importante et fournie en armoiries. Il faut prendre en compte qu’il s’agit d’une cheminée placée
dans une chambre et donc destinée à une usage privée, elle n’est alors, contrairement à la cheminée
de la salle principale du manoir, pas à la vue de tous.

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