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SEMINAIRE

« ANALYSE QUALITATIVE EN
SCIENCES DE GESTION »

Enseignant: Dr Ignace NGOUA NGUEMA,


Sociologue, Maître-assistant
CAMES
Institut National des Sciences de Gestion
(INSG)
Niveau Master 2
Année académique: 2017- 2018
PLAN DU SÉMINAIRE

Introduction générale

 Section 1: Généralités sur la recherche en


sciences de gestion
 Section 2: Epistémologie et méthodes qualitatives
 Section 3: Design de la recherche
 Section 4: Méthodes qualitatives en gestion
 Section 5: Collecte des données qualitatives
 Section 6: Traitement et analyse des données
qualitatives

Conclusion générale
INTRODUCTION GÉNÉRALE

 Explicitation des 6 qualités de l’esprit scientifique


 Définition: selon Jodelet (2003), le concept
« méthodes qualitatives » est une expression qui
couvre l’ensemble des techniques d’interprétatives
qui cherchent à décrire, décoder, traduire et
généralement percer le sens et non la fréquence de
certains phénomènes survenant dans un monde
social. Opérer sur un mode qualitatif c’est traiter des
symboles linguistiques et donc tenter de réduire la
distance entre le signifié et le signifiant, entre la
théorie et la donnée, entre le contexte et l’action. Les
phénomènes sont plus ambigus. »
 Rappels des questionnements et des objectifs au
centre du contenu du présent séminaire
1.1- LA DÉMARCHE SCIENTIFIQUE

 Les projets de recherche en gestion s’inscrivent dans


la volonté de connaître et d’expliquer les phénomènes
sociaux dans l’organisation, et de donner aux acteurs
les moyens d’agir sur ces réalités » F. Wacheux (Méthodes qualitatives
et recherche en gestion, P. 36)

 Expliquer et Agir
 La gestion est une discipline jeune. Existence d’une
double tendance: elle capitalise sur les méthodes des
champs plus anciens (Economie, Psychologie,
Sociologie, etc.). Bien plus, elle s’affranchit de ces
méthodes pour en proposer d’autres.
 L’adaptation des pratiques existantes nécessite une
réflexion tripolaire: Pôle épistémologique; Pôle
théorique et Pôle technique.
 NB: ces 3 dimensions doivent être en adéquation pour
produire une recherche de qualité.
1.2 - LES SPÉCIFICITÉS DES SCIENCES DE GESTION
 La recherche scientifique en gestion ne s’est développée que
récemment: avant 1945, sciences de l’administration aux USA;
filières en gestion depuis les années 1960 en France;
 Taylor (1911) est le premier à renouer avec une réflexion sur le
fonctionnement de l’organisation tournée vers les managers.
Objectifs: améliorer la productivité
Méthodes d’analyse: étude de terrain
Résultats: mis en œuvre au titre de l’OST: planification du travail, sélection des ouvriers,
standardisation des tâches
Fayol ou l’administration scientifique: prédominance: fonction technique de
production/transformation; fonction commerciale: achat/vente; fonction financière: recherche
et gestion des capitaux; fonction sécuritaire: biens/personnes; fonction comptable.
 Problèmes :
La performance d’une organisation n’est pas la simple somme des performances
individuelles
Les déterminants du succès évoluent avec le temps

 Les sciences de gestion ne peuvent pas proposer des « recettes


miracles », mais juste des points de repères contextualisés par
rapport aux acteurs et à leur environnement.
2- ÉPISTÉMOLOGIE ET MÉTHODES QUALITATIVES
 Epistémologie: philosophie de la pratique scientifique
sur les conditions de validité des savoirs théoriques.
Elle s’interroge sur ce qu’est la science en discutant de
la nature, de la méthode ou de la valeur de la
connaissance. (Girod- Séville et Peret, Méthodes de recherche en management, 2000 )

 Au moment de l’élaboration de la recherche, le


chercheur inscrit son étude dans un cadre théorique
préalablement énoncé.
 Pour De Bruyne ( 1994) les méthodes qualitatives
convoquent au moins 3 paradigmes ou grands
courants existants. Ce sont:
 Le Positivisme
 La Sociologie compréhensive
 Le Fonctionnalisme
2.1 - LE POSITIVISME
 On recherche des lois et régularités qui gouvernent les faits
sociaux par l’observation des données d’expériences

 Démarche invariante hypothético- déductive. Elle se


présente ainsi
Théorie Hypothèses Observations généralisation Théorie

 4 principes
 Seule l’organisation empirique permet de valider ou d’infirmer les construits théoriques a priori
 La conscience et les intuitions n’ont pas de place dans la démarche scientifique
 La qualité des connaissances produites s’apprécie par leur capacité à prédire les phénomènes
 La découverte des lois qui régissent la société est la finalité ultime de la science
 L’organisation est une entité objective. On cherche les
constituantes et les relations qui les unissent afin de se
prononcer sur leur cohérence (statique et dynamique). Ex:
Textes organiques.
2.2 - LA SOCIOLOGIE COMPRÉHENSIVE
 Objectif: Expliquer le sens de l’activité sociale des individus
ou des groupes par la réalisation des intentions conscientes
ou inconscientes des acteurs.
 On cherche des lois contextuelles et non plus universelles
comme dans le positivisme
 Subjectivisme
 Toute connaissance est « sensible ». La réalité est interprétée
au travers de nos sens et de notre expérience
 Subjectivité des acteurs
 Subjectivité du chercheur

 Deux règles méthodologiques:


 Les acteurs doivent se rappeler le rôle qu’ils ont joué et le
pouvoir effectif dont ils disposaient
 Le chercheur reproduit en pensée la situation vécue par
l’acteur (empathie).
2.3 - LE FONCTIONNALISME
 Objectif: Pour connaître et comprendre une organisation, il
est nécessaire d’en étudier les buts.
 L’organisation est une unité fonctionnelle. Chaque partie
doit être intégrée aux autres; afin que, l’ensemble atteigne
effectivement les buts assignés.
 Pour y arriver, l’organisation doit imposer à chacun des
membres qui la compose, de partager ses buts.
 Trois règles méthodologiques
 Privilégier la recherche des logiques propres à chaque
organisation. Il faut analyser les rôles, la « mécanique » de
l’organisation; ce qui fait la stabilité du système (normes,
culture, procédures, etc.
 Le chercheur analyse les procédés mis en œuvre par les
acteurs de l’organisation dans la coordination des activités
de l’organisation dans l’optique de l’amélioration des
performances.
 Prise en compte de la dimension humaine dans le
fonctionnement des organisations.
2.4 - PÔLE THÉORIQUE

 Tout projet de recherche vise à répondre à des questions


théoriques afin de dépasser la vision immédiate des
observations
 La théorie permet de produire une représentation organisée
des faits bruts et donc de trouver une problématique.
Comment ?
 Constat et formulation d’un questionnement
 Recension critique de la littérature
 Identification du modèle d’analyse et concepts inhérents
 Formulation de la problématique

 La théorisation des résultats permet de confronter ces


derniers à d’autres champs empiriques
2.5 - PÔLE TECHNIQUE

 Il concerne les procédures d’observation, du recueil à


l’analyse de l’information empirique
 Le chercheur se pose 3 questions

 Comment cerner les faits ?

 Quels outils pour l’observation ?

 Quelles techniques d’analyse ?

 Nécessité de « coller » aux deux autres pôles présentés


antérieurement.
3- STRATÉGIE DE RECHERCHE
 Globalement le « Design de recherche » est la trame qui permet d’articuler les
différents éléments d’une recherche: constat, problématique, littérature, données
analyses et résultats. Selon Thietart, Méthode de recherche en management, 2000
 Ces éléments doivent être cohérents et souligner une logique d’ensemble.

Lois et
théories
universelles

Conceptualisat
ion: Constat;
problème de
recherche ;
Etat des
connaissance;
Hypothèse;
modèle
théoriques
Explications
Faits en fonction du
modèle
établis par théorique
l’observati retenu et des
on objectifs de la
recherche
4- MÉTHODES QUALITATIVES EN GESTION

 En science de gestion, les méthodes qualitatives visent


à chercher du sens, à comprendre des phénomènes ou
des comportements. Pour Paillet P. «l’analyse qualitative peut
être définie comme une démarche discursive de reformulation,
d’explication ou de théorisation d’un témoignage, d’une expérience ou d’un
phénomène. C’est un travail complexe qui consiste, à l’aide des seules
ressources de la langue, à porter un matériau qualitatif dense et plus ou
moins explicite à un niveau de compréhension ou de théorisation
satisfaisant. » (2003)
 En clair, les données qualitatives sont des mots et non
pas des chiffres selon Miles et Huberman (1991). Au-
delà des mots, on note aussi, les locutions, les textes, les
images, les icônes, etc.
 Ce sont des données de signification revêtant des
formes discursive.
4.1- MÉTHODES QUALITATIVES ET POSTURES DU
CHERCHEUR
Schématisation
Grands Quelques
principes exigences
Holistique et globale:
prendre en compte toutes L’écoute: écouter l’autre
les dimensions en lui accordant du
psychologique, normatives, crédit, intérêt pour ses
affectives; expérientielle, expériences
environnementale…..

Recherche de la naturalité:
attention portée à
l’émergence et au
déroulement spontané des S’ouvrir à l’autre sans
phénomènes. Seuls les porté de jugement, sans
observés peuvent faire préjugés
émerger les contraintes
dans le dire, le faire et le
penser

Impératif
Saisir la dynamique:
d’enracinement et
permet de cerner les
d’exhaustivité: être
changements et la
présent et regrouper
diversification sociale ou
toutes les informations
culturelle
sans exclusive
 Pour faire émerger du sens, il est important de prendre en considération les
préoccupations évoquées ici.
4.2- MISE EN ŒUVRE DES MÉTHODES QUALITATIVES
 F. Wacheux (1996) distingue stratégies d’accès au réel des modes de collecte des données. Il
est important pour le chercheur de savoir comment il accède au réel avant de recueillir les
données.
 Stratégies d’accès à l’objet d’étude
Ce sont principalement l’étude de cas et la recherche action. Ces stratégies sont complétées
aujourd'hui par la netnographie (internet, le chercheur s’immisce dans la communauté
virtuelle, participe aux discussion pour connaître par exemple les habitudes de
consommations entre autres); méthode biographique (comprendre les situations à partir du
vécu des individus)

Etude de cas Recherche action


Description du système avant
Stratégie de recherche dynamique, intervention; Intervention; Observations
s’adapte aux particularités de terrain des modifications; interprétations des
résultats

Objectif: comprendre une situation et en


donner une représentation; permettre
Intervention au cœur du dispositif
une analyse processuelle; mettre en
évidences les causalités

Nécessité de réfléchir sur les conditions


Prendre en compte le temps
et les formes des interventions
5- COLLECTE DES DONNÉES ET MÉTHODES QUALITATIVES
 Les données lors d’une analyse qualitative sont recueillies principalement par
entretien et observation.
 Les deux formes d’entretiens connues sont les entretiens individuels et les focus
group. Ces deux modes de collecte nécessitent la préparation d’un guide
d’entretien.

Entretien individuel: Focus group: données


données recherchées recherchées

Motivation d’une action, objectifs


Diversité et divergence des opinions
personnels, satisfaction

Idéalement 8 ou 12 personnes;
Perception de situations / Relations
recrutement stratifié en fonction des
d’évènements
variables d’identification; opinions diverses

Obtention de données sur descripteurs liés Importance des questions pour les
au sujet traité personnes interrogées
5.1- STRUCTURATION GUIDE D’ENTRETIEN ET GRILLE
D’OBSERVATION
 Présentation des éléments d’un guide d’entretien et d’un guide d’observation

Guide d’entretien Grille d’observation

Partie introductive avec des variables Identifier les variables qui


d’identification correspondent aux hypothèses

Notes de terrain: données sur les


évènements; les faits; les activités;
Questions à poser lors de l’interview
milieu; extraits de conversations
interactions; attitudes des informateurs

Notes d’analyse ; interaction avec les


NB: doit faire l’objet d’un pré-test
informateurs
5-2. LA DISTINCTION QUALITATIF- QUANTITATIF:
TENTATIVE DE SYNTHÈSE
Les deux approches se distinguent
1- Selon l’orientation de l’étude:
 l’approche qualitative permet de générer les
hypothèses
 L’approche quantitative pour les tester

 Toutefois, il est possible de réfuter une théorie


grâce aux approches qualitatives; tout comme il
est possible de générer des théories grâces aux
approches quantitatives
 Les analyses qualitatives sont plus fiables sur les
cas étudiés, mais difficilement généralisables
2- Selon le caractère objectif ou subjectif des
résultats
 Les méthodes quantitatives offrent une plus
grande garantie d’objectivité (statistiques)
 Paradigme positiviste

 Les méthodes qualitatives prennent en compte


les interactions entre chercheurs et les sujets
observés, et introduisent un degré de subjectivité
 Paradigme interprétativiste

 Toutefois les auteurs, Glaser et Strauss, (1967)


tentent de réconcilier les deux approches.
3- Selon la flexibilité de la recherche
 La recherche qualitative permet de modifier plus facilement la
question de recherche. Elle privilégie des éléments liés au
contexte: culture; nature dynamique
 La recherche quantitative impose un calendrier plus rigide. Elle
cherche les « traits saillants »
4- les stratégies d’analyse
 La séquentialité

 Sur la base d’un outil informatique, il est possible de développer


une analyse quantitative à partir des fréquences de réponse.
 La triangulation

 Il s’agit des procédures de vérification de collecte des données


selon une logique de cohérence et empirique (confrontation des
faits, des discours des acteurs, etc
6- TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNÉES
Les évolutions technologiques ont simplifié le traitement et
l’analyse des données qualitatives.
 L’usage du logiciel « Sphinx » permet de dégager des
occurrences et des fréquences de réponse pour chaque question
de type « Texte ».
 Par la suite, il est possible d’élaborer des catégorisations qui
permettront par la suite de procéder à la conception des
graphiques si nécessaire.
CONCLUSION : VALIDITÉ DES MÉTHODES QUALITATIVES
En résumé, le processus de validation des méthodes qualitatives
se présente ainsi:

Critères Définitions Stratégies

1- Crédibilité: validité Désigne le degré de Présence prolongé du


interne concordance et chercheur
d’assentiment qui
s’établit entre le sens
donné par le chercheur et
sa pertinence par rapport
au thème étudié
2- Fiabilité S’assurer de Construire une chaîne de
l’argumentation logique preuve; réflexivité du
fondée sur les résultats chercheur; Triangulation
3- Transmissibilité : Généralisation théorique Traitement exhaustif des
validité externe et non pas statistique données contextuelles

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