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POINT III
RESOLUTIONS ORDINAIRES
___________
Résolutions géographiques
Résolution sur la
situation des droits Syrian Center for Media and Freedom of Expression (SCM)
humains en Syrie
Résolution sur la
situation des droits
Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme (VCHR)
humains au Vietnam
2022
41st FIDH Congress – 2022 – Paris / 41ème Congrès de la FIDH – 2022 – Paris / 41° Congreso de la FIDH – 2022 – Paris
RESOLUTIONS ORDINAIRES
___________
Résolutions thématiques
Résolution du 41eme
Congrès de la FIDH en
solidarité envers les
défenseur.es des droits
DITSHWANELO – The Botswana Centre for Human Rights
humains
en danger, notamment
celles et ceux en
détention
Syrian Center for Media and Freedom of Expression (SCM, Syria), OPEN
ASIA / Armanshahr (Afghanistan), Viasna (Belarus), Asociacion Pro
Derechos Humanos (Aprodeh, Peru), Centro de Derechos y Desarollo
(CEDAL, Peru), Comision Nacional de los Derechos Humanos (CNDH,
Résolution portant sur la
Dominican Republic), Comision Ecumenica de Derechos Humanos (CEDHU,
lutte contre l’impunité
Ecuador), Justiça Global (Brazil), Colectivo de Abogados José Alvear
des auteurs de violations
Restrepo (CAJAR, Colombia), Fundación regional de Asesoria en Derechos
graves des droits
Humanos (INREDH – Ecuador), Réseau National de Défense des droits de
humains
l'Homme (RNDDH- Haiti), Comisión Mexicana de Defensa y Promoción de
los Derechos Humanos (CMDPDH- México), Centro de Capacitación Social
(CCS – Panamá), Acción Ecológica – Ecuador, Centro Nicaraguense de
Derechos Humanos (CENIDH – Nicaragua), Observatorio Ciudadano – Chile
41st FIDH Congress – 2022 – Paris / 41ème Congrès de la FIDH – 2022 – Paris / 41° Congreso de la FIDH – 2022 - Paris
Proposée par :
Ligue des droits de l’Homme (LDH-France), Mwatana (Yémen) et
le Cairo Institute for Human Rights Studies (CIHRS)
Le 41ème Congrès de la Fédération Internationale des Droits Humains, réuni à Paris (France) du 23 au 27
octobre 2022,
Observant avec inquiétude que les pays de la région MMO figurent parmi les premiers destinataires
d’exportation d’armes : les importations ont augmenté de 25%, « principalement sous l'impulsion de
l'Arabie saoudite (+61 %), de l'Égypte (+136 %) et du Qatar (+361 %) », et préoccupés de ce que cette
politique d’armement procède de la conclusion de contrats de vente d’équipements militaires et de sur-
veillance avec les États occidentaux et en particulier la France, qui détient actuellement la troisième place
des États exportateurs d’armement, et que ces contrats sont conclus avec des dictatures, comme
l’Égypte, ou l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis, qui portent de lourdes responsabilités dans la
pire crise humanitaire du monde et les nombreuses violations des droits humains provoquées par la
guerre au Yémen.
Rappelant que la vente d’armes aux régimes autoritaires constitue une violation du droit international
dès qu’il y a risque que leur emploi conduise ou facilite la commission de violations des droits humains et
qu’il n’est pas nécessaire que ces violations soient avérées. Et rappelant en outre que le régime français
d’exportation d’armes est fondé sur le principe de la prohibition. Ainsi, la production, le commerce, le sto -
ckage et l’exportation de matériels militaires ne peuvent être effectués qu’avec l’autorisation de l’État et
sous son contrôle. L’article L2335-4 du Code de la défense permet de suspendre, d’annuler ou de modifier
les licences accordées « pour des raisons liées au respect des engagements internationaux de la France ».
Cette réglementation nationale vise à empêcher que l’armement «Made in France» n’alimente des conflits
armés, guerres civiles et ne servent à commettre des violations des droits humains.
Notant que tous les travaux menés par la FIDH, ses organisations membres et les nombreuses autres
organisations de défense des droits humains ont documenté les violations du droit international humani -
taire et des droits humains qui ont été et sont commises par toutes les parties belligérantes au Yémen.
Les forces de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont constamment bafoué
les lois de la guerre. Blocus naval, ciblage de civils, détentions arbitraires, disparitions forcées, tortures et
autres comportements inhumains sont devenus le lot quotidien des Yéménites. La France continue pour-
tant de vendre des armes qui sont utilisées dans ce conflit ; à fournir des renseignements, un soutien lo -
gistique, une aide au ciblage et à la formation des forces de la coalition. Nos travaux ont permis égale -
ment de mettre la lumière sur la responsabilité de l’État et de plusieurs entreprises françaises dans la
sanglante répression égyptienne depuis l’arrivée du général Abdel Fattah al-Sissi au pouvoir. En fournis-
sant au régime du matériel militaire et de surveillance, dotant les services de sécurité et de répression
égyptiens de puissants outils numériques, les autorités et entreprises françaises ont participé à la mise en
place d’une architecture de surveillance et de contrôle orwellienne, utilisée pour briser toute velléité de
dissidence et de mobilisation. Au nom de la lutte contre le terrorisme ou des « alliances stratégiques »
avec des régimes particulièrement répressifs et impliqués dans des graves violations des droits humains,
en poursuivant la conclusion de contrats d’armements et d’exportation de matériel de surveillance, la
France participe à la pérennisation du conflit au Yémen et contribue à faire perdurer la souffrance des Yé -
ménites et de dizaines de milliers de défenseur,es et d’opposant.es politiques réprimé.es dans ces pays.
Dénonçant l’hypocrisie du gouvernement français, qui s’obstine à nier l’utilisation d’équipements mili -
taires et de surveillance français pour la commission de violations des droits humains, et ce malgré l’exis -
tence de plusieurs rapports d’ONG ainsi que d’une note émanant de la direction du renseignement mili-
taire du Ministère des Armées attestant du contraire. S’élevant également contre l’absence de volonté
des autorités françaises de mieux respecter leurs engagements nationaux et internationaux en la ma-
tière, de remédier au manque de transparence qui persiste quant aux contrats d’armements conclus avec
ces régimes, en dépit de leur implication dans des guerres et la répression des opposant.es et des voix
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dissidentes sur leurs sols et au-delà, de traiter du défaut de chaîne de responsabilité et de mettre fin à
l’impunité qui règne.
La FIDH condamne avec la plus grande fermeté la poursuite des ventes d’équipements militaires et
de surveillance français à des États qui les utilisent dans le cadre de conflits armés et pour la répression
de leurs opposants politiques et des défenseur.es des droits humains,
La FIDH appelle les autorités françaises à suspendre le transfert d'armes françaises aux pays
membres de la coalition militaire engagée dans le conflit au Yémen, notamment l'Arabie saoudite et les
Émirats arabes unis, compte tenu des violations généralisées des droits humains et du droit international
humanitaire,
La FIDH exige une transparence totale sur l’exportation d’armes et l’instauration d’un mécanisme de
contrôle systématique a priori et a posteriori, des exportations françaises d’armes et de matériel de sur-
veillance vers des destinations sensibles notamment l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes
unis.
La FIDH enjoint les autorités françaises de mener une enquête sur la légalité des ventes antérieures,
d'armes et de matériel de surveillance, au regard des obligations juridiques internationales de la France,
afin de déterminer les responsabilités juridiques tant du gouvernement français que des entreprises fran-
çaises.
Colombie : vers une paix complète respectant intégralement les droits humains
Proposée par :
Colectivo de Abogados José Alvear Restrepo (CAJAR), Instituto Latinoamericano para una Sociedad y un
Derecho Alternativos (ILSA), Comité Permanente por la Defensa de los Derechos Humanos (CPDH),
Organización Femenina Popular (OFP), Asociación Pro Derechos Humanos (APRODEH), Idheas Litigio
Estratégico en Derechos Humanos, Justiça Global, Fundación regional de Asesoria en Derechos Humanos -
INREDH – Ecuador, Comisión Mexicana de Defensa y Promoción de los Derechos Humanos (CMDPDH),
Comisión de Derechos Humanos de El Salvador (CDHES), Réseau National de Défense des droits humains
(RNDDH- Haïti), Centro de Capacitación Social (CCS – Panama), Centro de Investigación y Promoción de
los Derechos Humanos (CIPRODEH - Honduras), Acción Ecológica – Ecuador, Centro Nicaraguense de
Derechos Humanos (CENIDH–Nicaragua, Observatorio Ciudadano (Chili), Centro de Estudios Legales y
Sociales (CELS – Argentine), Comité de Acción Jurídica (CAJ – Argentine).
Le 41e Congrès de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), qui se tiendra du 23 au 27
octobre 2022, salue le nouveau gouvernement colombien et exprime sa satisfaction quant à l'initiative de
recherche de la paix totale annoncée par le Président Gustavo Petro Urrego.
Par ailleurs nous réaffirmons notre profonde préoccupation concernant l'assassinat de leaders sociaux et
de défenseur·es des droits humains, qui a fait plus de 1350 victimes depuis la signature de l'Accord, ainsi
que l’assassinat d'anciens combattants ayant signé l'accord de paix, qui a fait plus de 330 victimes depuis
la signature de l'Accord de paix.
Nous, la FIDH et ses ligues du monde entier, avons agi pour que l’aspiration de paix et de la justice
sociale devienne une réalité en Colombie. Le 41 e congrès de la FIDH appelle le nouveau gouvernement et
la communauté internationale à :
(i) assurer le respect intégral de l'Accord de paix signé en 2016 entre la guérilla des FARC-EP et l'État
colombien, dans le respect de l'approche ethnique, de genre, LGBTI et territoriale convenue ;
ii) veiller à la réactivation du processus de négociation de paix avec la guérilla de l'Armée de libération
nationale (ELN), avec la participation des victimes et des mouvements sociaux, et l'accompagnement de
la communauté internationale ;
De même, en tant que ligues de la FIDH, nous considérons que le nouveau gouvernement doit réorienter
sa politique des droits humains pour garantir leur plein respect. À cet égard, nous appelons à :
(i) se conformer aux recommandations du système des Nations unies et des organes du Système
interaméricain des droits humains et concevoir un mécanisme de suivi avec la participation de la société
civile ;
ii) renforcer la mise en œuvre du Système intégral pour la paix, assurant le respect des recommandations
de la Commission de la vérité, la participation des victimes et le jugement des principaux responsables
devant la Juridiction spéciale pour la paix (JEP), ainsi que la réponse effective aux familles des personnes
disparues, par le biais de l'Unité de recherche des personnes disparues (UBPD) ;
iii) convenir avec les organisations de défense des droits humains d'un Programme national de garanties
pour les défenseur·es, et assurer la mise en œuvre du programme global de garanties des Femmes
leaders et défenseures des droits humains inscrit au décret 1314 ;
iv) fournir toutes les garanties pour l'exercice de la protestation sociale, avancer dans la réforme de la
Police nationale et assurer le respect des recommandations internationales dans ce domaine ;
v) ratifier des instruments tels que le Protocole à la Convention contre la torture, le Protocole facultatif au
Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, la Convention d'Escazú, ainsi que
la ratification intégrale de la Convention internationale contre la disparition forcée des personnes, grâce à
la reconnaissance de la compétence du Comité contre les disparitions forcées pour recevoir et examiner
les communications relatives aux violations de cette Convention.
Enfin, nous demandons à la Cour pénale internationale de revoir la décision du Bureau du Procureur de
clore l'examen préliminaire sur la Colombie.
41st FIDH Congress – 2022 – Paris / 41ème Congrès de la FIDH – 2022 – Paris / 41° Congreso de la FIDH – 2022 - Paris
Proposition de résolution pour les droits de la nature et son interdépendance avec les droits
humains
Proposée par:
Comité de Acción Jurídica-CAJ (Argentine), Asamblea Permanente de Derechos Humanos de Bolivia-
APDHB (Bolivie), Movimento Nacional de Direitos Humanos–MNDH (Brésil), Observatorio Ciudadano
(Chili), Instituto Latinoamericano para una Sociedad y un Derecho Alternativos-ILSA (Colombie), Colectivo
de Abogados "José Alvear Restrepo"-CAJAR (Colombie), Acción Ecológica (Équateur), Fundación regional
de Asesoría en Derechos Humanos INREDH (Équateur), Comisión ecuménica de derechos humanos
(CEDHU) (Équateur), CDHES Comisión de Derechos Humanos (Le Salvador), Réseau National de Défense
des Droits Humains (RNDDH) (Haïti), Comisión Mexicana de Defensa y Promoción de los Derechos
Humanos (Mexique), Centro de Capacitación Social (Panama), APRODEH-Asociación Pro Derechos
Humanos (Pérou), CEDAL-Centro de Derechos y Desarrollo (Pérou), Centro de Políticas Públicas y
Derechos Humanos-EQUIDAD (Pérou), Comisión Nacional de los Derechos Humanos (CNDH) (République
Dominicaine), Programa Venezolano de Educación Acción en Derechos Humanos-Provea (Venezuela),
Altsean Burma (Myanmar)
La FIDH et ses organisations membres ont pris un engagement historique, associant la protection des
droits humains existants à la reconnaissance de nouveaux droits destinés à la protection de la vie, sous
toutes ses formes.
Reconnaissant que les violations des droits des êtres humains, des communautés, des peuples, des
territoires, et en particulier de la nature, ont engendré des situations critiques qui mettent en péril
l’existence même de la vie sur terre et qui sont en contradiction avec l’esprit émancipateur de la lutte
pour ces droits promue par l’humanité elle-même,
Rappelant notre conviction selon laquelle les droits humains sont indissociables de leur relation avec la
nature, laquelle est indispensable à la reproduction de la vie ; et que la seule façon d’aborder les
problématiques environnementales réside dans l’adoption d’une vision interdisciplinaire, répondant à des
principes d’intersectionnalité, de solidarité et de non discrimination,
Affirmant ainsi que la nature doit être reconnue comme un sujet de droits indépendamment de
son utilité pour l’être humain, puisque les écosystèmes et communautés naturelles ont le droit d’exister,
d’être préservés et d’être réparés,
Affirmant également que les objectifs politiques, économiques et sociaux des États et de la société
doivent s’harmoniser avec les cycles de vie et les lois des systèmes naturels. Dans un contexte d’urgence
climatique et environnementale, il est impératif de considérer la nature comme un sujet dont les droits et
intérêts sont à prendre en compte
Reconnaissant certaines avancées législatives en matière de droits de la nature au niveau local, national
et international.En effet, en 2019, le nombre d’États ayant mis en place des mesures légales applicables
ou en attente d’application de protection des droits de la nature s’élevait à 28, un nombre qui s’est accru
rapidement ces dernières annéesi. De même, la Conférence mondiale des peuples contre le changement
climatique et relative aux droits de la terre mère de 2010ii et le Congrès mondial de la nature de l’UICN de
septembre 2012 ont également reconnu les droits de la nature et ont recommandé la création d’une
Déclaration universelle des droits de la natureiii,
Dénonçant le fait que de nombreux États et entreprises jouent un rôle direct dans les atteintes aux droits
humains et de la nature. Cette situation est aggravée par la capacité à faire pression, à influencer, à
recourir à des pratiques de désinformation, voire même à des poursuites stratégiques contre la
participation publique (SLAPP : Strategic Lawsuit Against Public Participation) utilisées par de nombreuses
entreprises. Pour atteindre leur objectif, ces dernières élaborent des mécanismes de coercition, de
séduction ou de chantage qu’elles utilisent l’encontre de leaders, et de communautés, provoquant ainsi
des divisions et des ruptures au sein du tissu social et un affaiblissement de l’exercice du droit à défendre
les droits humains et de la nature,
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Reconnaissant qu’il existe des communautés en danger qui luttent pour leur vie, leur territoire et leurs
droits, et des défenseur.es qui subissent différentes formes de persécution, répression et criminalisation
en raison de leur rôle de protection de la vie,
Rappelant que toutes les personnes, organisations et groupes présentent une obligation de diligence, de
promotion et de lutte en faveur de la protection de toute forme de vie, selon leurs moyens et possibilités,
et que pour ce faire, ils méritent à leur tour une protection spécifique et un respect de leurs activités de
défense des droits de la nature.
1. invitons les Nations unies et la communauté internationale, à exiger des États qu’ils reconnaissent
l’importance de prendre soin des écosystèmes et des communautés naturelles par le biais d’une
déclaration des droits de la nature, afin de donner la priorité au respect et à la restauration de la nature,
et non plus à sa manipulation et sa commercialisation ;
2. appelons les États à reconnaître la nature comme un sujet de droit et à respecter l’obligation de
protection totale des droits humains et de la nature ; à reconnaître également l’universalité,
l’interdépendance et l’indivisibilité de ces droits dans leur système judiciaire, et de garantir leur
application effective via des mécanismes de politiques publiques et juridictionnels ;
3. exhortons les États à s’engager à respecter l’obligation de protéger les personnes et les communautés
qui défendent la nature et qui sont en danger ;
4. exigeons des entreprises qu’elles prennent leurs responsabilités quant au respect des systèmes
régionaux, nationaux et internationaux de protection des droits humains et de la nature ; qu’elles
respectent rigoureusement la diligence raisonnable ainsi que leur obligation de fournir des informations
pertinentes, transparentes et conformes aux lois en vigueur dans les États concernant la prévention, la
restauration et la réparation intégrale, en cas de violations des droits humains et de la nature ;
5. exhortons les organisations et les mouvements sociaux à maintenir leurs systèmes d’alerte, de
vigilance et de dénonciation face aux violations des droits humains et de la nature ; à enregistrer et à
rapporter les incidents observés de façon à ce que les défenseur·es des droits de la nature soient en
possession des outils permettant de protéger tous les cycles de la vie.
i Mapping Transnational Rights of Nature Networks & Laws: New Global Governance Structures for More Sustainable Development,
disponible en anglais sur : http://files.harmonywithnatureun.org/uploads/upload924.pdf
ii Conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre mère, disponible sur :
https://cmpcc.wordpress.com/derechos-madre-tierra/
iii WCC-2012-Res-100-FR Intégrer les droits de la nature comme pierre angulaire du processus décisionnel de l'UICN, disponible sur :
https://portals.iucn.org/library/sites/library/files/resrecfiles/WCC_2012_RES_100_fr.pdf
41st FIDH Congress – 2022 – Paris / 41ème Congrès de la FIDH – 2022 – Paris / 41° Congreso de la FIDH – 2022 - Paris
Résolution sur l’importance du travail des femmes défenseures des droits humains
Proposée par :
Comisión Mexicana de Defensa y Promoción de los Derechos Humanos (Mexique), Asociación Pro
Derechos Humanos – APRODHE (Pérou), Justiça Global (Brésil), Idheas, Litigio Estratégico en Derechos
Humanos (Mexique), Centro para la Acción legal en Derechos Humanos – CALDH (Guatemala),
Movimento Nacional de Direitos Humanos – MNDH (Brésil), Comisión Nacional de los Derechos Humanos –
CNDH-RD (République dominicaine), Réseau National de Défense des Droits Humains – RNDDH (Haïti),
Colectivo de Abogados "José Alvear Restrepo" – CAJAR (Colombie), Comisión Ecuménica de Derechos
Humanos (Équateur), Comisión de Derechos Humanos de El Salvador – CDHES, (Salvador), Centro de
Derechos y Desarrollo – CEDAL (Pérou), Fundación regional de Asesoría en Derechos Humanos – INREDH –
(Équateur)
S’appuyant sur les instruments de protection des droits humains, en particulier la Convention sur
l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), la Convention
interaméricaine sur la prévention, la sanction et l’élimination de la violence contre la femme (Convention
de Belem do Para), ainsi que la Résolution sur la protection des femmes défenseures des droits humains
et les défenseur·e·s des droits des femmes,
Profondément indignée par le contexte de violences répétées et d’inégalité dont souffrent les femmes
dans plusieurs pays : au niveau mondial, les Nations unies estiment que 70 % des personnes les plus
pauvres sont des femmes et qu’elles subissent de manière disproportionnée les effets du changement
climatique,
Notant que les femmes victimes de violence familiale, sexuelle, institutionnelle, de violence au travail,
ainsi que les familles des femmes victimes de féminicide ou de disparition doivent subir au quotidien le
manque de soutien, l’indifférence et même la double victimisation de la part des États qui, dans un
contexte d’impunité, de corruption et de violence généralisée, n’ont pas été capables d’assurer leur
protection,
Particulièrement préoccupée par les risques liés au sexisme, à la violence machiste et à l’autoritarisme
qu’encourent les femmes défenseures des droits humains dans de nombreux pays où travaillent des
organisations membres de la FIDH,
Inquiète de voir des gouvernements autoritaires criminaliser toujours plus la défense des droits humains,
Consciente de l’importance du travail des femmes défenseures des droits humains dans la transformation
des rôles de genre, le développement de mécanismes d’autoprotection et de protection collective des
femmes victimes des différentes formes de violence, ainsi que dans la garantie de conditions d’égalité qui
animent la demande de droits et qui permettent de renforcer l’Etat de droit,
Consciente du fait que les femmes défenseures des droits humains doivent faire face aux mêmes
violences que les autres défenseurs, mais qu’elles subissent également des violences favorisées par les
normes sociales, l’assignation des rôles et les stéréotypes, et que ces violences doivent être envisagées à
travers une perspective de genre, intersectionnelle et sous un angle féministe.
La FIDH appelle :
la communauté internationale à promouvoir des espaces dédiés à faire connaître les trajectoires, les
causes et les risques auxquels sont confrontés les femmes défenseures des droits humains, en particulier
celles dont l’intégrité personnelle est menacée.
41st FIDH Congress – 2022 – Paris / 41ème Congrès de la FIDH – 2022 – Paris / 41° Congreso de la FIDH – 2022 - Paris
Résolution du 41eme Congrès de la FIDH en solidarité envers les défenseur.es des droits humains
en danger, notamment celles et ceux en détention
Proposée par :
DITSHWANELO - Centre des droits humains du Botswana
Le 41ème Congrès de la FIDH, réuni à Paris (France) du 23 au 27 octobre 2022, souhaite exprimer sa
solidarité et son soutien envers les défenseur.es des droits humains qui, dans le monde entier, sont victimes
de harcèlement, d’attaques, de répression, de criminalisation et de détention arbitraire en raison de leurs
activités de promotion des droits humains.
Condamnant le fait que dans de nombreux pays, la remise en cause – par des acteurs étatiques ou non-
étatiques – de l'universalité des droits humains et de leur système de protection est de plus en plus forte et
tend à se généraliser, au prétexte d'impératifs politiques, économiques, culturels, religieux ou sécuritaires.
Soulignant le fait que dans les pays autoritaires comme dans certains pays qui connaissent un recul
démocratique, caractérisé par l'absence d'État de droit et d'indépendance du pouvoir judiciaire, et qui est
parfois entaché de corruption, de népotisme et de discrimination, les discours remettant en cause les contre-
pouvoirs continuent d’être banalisés, ce qui génère des divisions croissantes au sein des sociétés, et par
conséquent l’exclusion des défenseur.es des droits humains des débats publics, les empêchant de jouer leur
rôle de contre-pouvoirs.
Dénonçant les campagnes de diffamation et diffusions de fausses nouvelles présentant les défenseur.es tour
à tour comme des « ennemis de l’État », des « agents étrangers », des « criminels », des « traîtres » ou
encore des « terroristes ».
Soulignant le fait que la sécurité des défenseur.es des droits humains est particulièrement précaire dans les
situations de conflit, post-conflit, d’occupation et crise sécuritaire.
Préoccupé par la réduction considérable de l’espace civique dédié aux défenseur.es des droits humains à
l’échelle nationale et internationale, sur fond de crise sanitaire mondiale, d’enjeux sécuritaires, de situations
de conflits, de violence politique et de développement des mouvements anti-droits, anti-genre, et religieux
extrémistes, notamment en Afghanistan, en Algérie, au Bangladesh, au Belarus, au Cambodge, en
Chine, à Djibouti, en Éthiopie, en Hongrie, en Inde, en Indonésie, au Laos, aux Maldives, au Mali, au
Myanmar, au Nicaragua, au Niger, en Ouganda, au Pakistan, aux Philippines, en Pologne, en
République démocratique du Congo (RDC), en Russie, au Sénégal, à Singapour, au Soudan, au Sri
Lanka, en Tanzanie, au Tchad, en Thaïlande, en Ukraine ou au Vietnam.
Condamnant la prolifération des lois criminalisant le travail des défenseur.es des droits humains, y compris
le droit de protester pacifiquement, et leur usage abusif par les acteurs chargés de l'application de la loi.
Soulignant le fait que la vulnérabilité des défenseur.es provient souvent d’un manque de visibilité, de
reconnaissance et de compréhension sociétale du rôle de défenseur.e des droits humains, de l’impunité des
auteurs de violations, d’un manque de volonté politique de respecter les droits humains et notamment les
droits relatifs à la terre et à l’environnement et les droits relatifs à l’identité et à l’orientation sexuelles, à leur
expression et aux caractéristiques sexuelles.
Soulignant les schémas durables d'inégalité de genre, l'instrumentalisation de la religion, de la tradition, des
valeurs culturelles ou familiales, conduisant à des restrictions et des violations fondées sur le genre à
l'encontre des femmes, le déni des droits des femmes à la santé sexuelle et reproductive, à un statut égal
devant la loi, à la protection contre la violence et à la participation à la vie publique et politique et donc à des
attaques spécifiquement ciblées contre les femmes défenseures des droits humains, qui sont ciblées non
seulement pour leur genre mais aussi pour ce qu'elles font en tant que défenseures des droits humains et
d'autres facteurs économiques, sociaux, culturels ou géographiques tels que la classe, l'âge, la langue,
l'identité ou l'orientation sexuelle, le lieu, l'ethnicité, etc.
Rendant tout particulièrement hommage aux représentant.es de nos organisations membres qui nous
ont quitté au cours des trois dernières années, tel.les Michel Tubiana de la LDH en France ; Kamran Arif, I. A.
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Rehman et Dr Mehdi Hasan de HRCP au Pakistan ; Pancho Soberón de APRODEH au Pérou ; et Alaa al-Siddiq
d’ALQST for Human Rights en Arabie Saoudite.
Rendant également hommage à celles et ceux qui mènent des combats courageux, parfois au prix de leur
santé, comme Abdulhadi Al-Khawaja au Bahreïn, et Alaa Abdel-Fattah en Égypte, qui sont tous deux en grève
de la faim depuis plusieurs mois.
Dénonçant les morts et assassinats récents de plusieurs défenseur.es des droits humains dans plusieurs
pays, comme en Afghanistan, en Afrique du Sud, au Bangladesh, au Brésil, au Chili, en Colombie, au
Guatemala, au Honduras, en Inde, en Irak, au Mexique, au Myanmar, au Nicaragua, en Palestine, au
Pérou, et aux Philippines.
Condamnant particulièrement le fait que nombre de défenseur.es des droits humains sont détenu.es de
façon arbitraire, souvent dans de mauvaises conditions, y compris sous la torture, sur la base d’accusations
fallacieuses et au terme de procédures entachées de violations du droit à un procès équitable, en particulier
celles et ceux qui travaillent sous des régimes autoritaires ou dans des situations de crises politiques ou de
mouvements de protestation sociale, comme en Algérie, en Arabie saoudite, en Azerbaïdjan, au
Bahreïn, au Belarus, au Cambodge, en Chine, en Égypte, aux Émirats arabes unis, au Guatemala, en
Guinée, à Hong Kong, en Inde, au Maroc, au Mexique, au Myanmar, au Népal, au Nicaragua, au Niger,
aux Philippines, en RDC, en République du Congo, en Russie, au Rwanda, au Tadjikistan, au Tchad, en
Thaïlande, en Tunisie, en Turquie, au Venezuela, ou au Vietnam.
Condamnant les obstacles récurrents (campagne de diffamation, harcèlement , procédures judiciaires, etc.)
dont sont aussi l’objet les représentant.es des organisations membres de la FIDH dans de nombreux pays et
la détention arbitraire de nombre d’entre elles et eux :
• au Belarus : Ales Bialiatski (président du Centre des droits humains Viasna), Valiantsin Stefanovic
(membre du conseil d'administration de Viasna et vice-président de la FIDH) et Uladzimir Labkovich (avocat
et coordinateur de la campagne Défenseurs des droits humains pour des élections libres) sont arbitrairement
détenus depuis juillet 2021, alors que Leanid Sudalenka (avocat de la branche Homie ĺ (Gomel) de Viasna) est
détenu depuis janvier 2021, Maria (alias Marfa) Rabkova (coordinatrice du service bénévole de Viasna) depuis
septembre 2020, et Andrey Chapiuk (bénévole de Viasna) depuis octobre 2020 ;
• en Turquie : Hasan Ceylan (président de la branche de Bitlis de l’İHD) est détenu arbitrairement depuis
mars 2017, et Nazmi Gür (ancien secrétaire général de l’İHD) est détenu arbitrairement depuis octobre
2020 ;
• au Bahreïn : Abdulhadi Al-Khawaja (l’ancien président du Centre du Bahreïn pour les droits humains
(BHRC) et Directeur fondateur du Centre du Golfe pour les droits humains (GCHR)) est arbitrairement détenu
depuis juin 2016 ;
• aux Émirats arabes unis : Ahmed Mansoor (membre du conseil consultatif du GCHR) est détenu
arbitrairement depuis mars 2017 ;
• en Inde : Khurram Parvez (coordinateur de l'Association des parents de personnes disparues (APDP) et de
la Coalition de la société civile du Jammu-et-Cachemire (JKCCS), et président de la Fédération asiatique contre
les disparitions forcées (AFAD)) est détenu arbitrairement depuis novembre 2021 ;
• en Russie : Yuri Dmitriev (historien et représentant de Mémorial International en Carélie, dans le nord du
pays) est arbitrairement détenu depuis juin 2018, alors que Mémorial International et le Centre des droits
humains « Memorial » ont été dissoutes en décembre 2021 sur la base de la loi « agents étrangers » ;
• en Algérie : Hassan Bouras (ancien membre du comité directeur de la Ligue algérienne pour la défense
des droits de l'Homme (LADDH)), Djamel Bekhtaoui et Hamid Goura (deux membres de la LADDH) sont
respectivement détenus depuis septembre, octobre et décembre 2021 pour leur implication dans les
manifestations du Hirak ;
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• en Iran : Narges Mohammadi (porte-parole du Centre des défenseurs des droits humains (DHRC)) est
détenue arbitrairement depuis novembre 2021, date à laquelle elle a été condamnée à une peine
supplémentaire de huit ans d'emprisonnement après avoir été libérée en octobre 2020 ; et l'avocate des
droits humains Nasrin Sotoudeh est détenue arbitrairement depuis juin 2018. Elle a été condamnée à un total
de 38 ans et six mois de prison et 148 coups de fouet dans deux affaires et devra purger au moins 17 ans de
prison.
Par conséquent, le 41ème Congrès de la FIDH appelle les autorités compétentes à :
• Garantir la protection et l’intégrité physique et psychologique de tou.tes les défenseur.es des droits
humains, en particulier les plus vulnérables aux attaques ;
• Libérer de manière immédiate et inconditionnelle tou.tes les défenseur.es des droits humains détenu.es
arbitrairement, y compris les représentant.es des membres ou partenaires de la FIDH ;
• Combattre l’impunité des crimes et autres violations contre les défenseur.es des droits humains, et
enquêter rapidement, de manière approfondie, impartiale et transparente sur toutes les allégations
d'attaques contre des défenseur.es des droits humains;
• S’assurer que, jusqu’à abandon des charges, toutes les procédures judiciaires sont conduites dans le
respect total du droit à un procès équitable, en vertu du droit international ;
• Reconnaître publiquement et de façon non équivoque le rôle légitime, positif et nécessaire joué par les
défenseur.es des droits humains au sein de la société, y compris leur droit à participer à la prise de décisions
(infrastructures, méga-projets, accords commerciaux, etc.), et s'abstenir de toute action visant à stigmatiser,
délégitimer ou discréditer de toute autre manière les défenseur.es des droits humains ;
• Retirer ou modifier toutes les lois restreignant et criminalisant la défense des droits humains ; et
• Se conformer en toutes circonstances aux dispositions de la Déclaration des Nations unies sur les
défenseurs des droits humains, adoptée le 9 décembre 1998 par l’Assemblée générale des Nations unies.
41st FIDH Congress – 2022 – Paris / 41ème Congrès de la FIDH – 2022 – Paris / 41° Congreso de la FIDH – 2022 - Paris
Résolution portant sur la lutte contre l’impunité des auteurs de violations graves des droits
humains
Proposée par :
le Syrian Center for Media and Freedom of Expression (SCM, Syrie), OPEN ASIA / Armanshahr
(Afghanistan), Viasna (Bélarus), Asociacion Pro Derechos Humanos (Aprodeh, Pérou), Centro de Derechos
y Desarollo (CEDAL, Pérou), Comision Nacional de los Derechos Humanos (CNDH, République
dominicaine), Comision Ecumenica de Derechos Humanos (CEDHU, Équateur), Justiça Global (Brésil),
Colectivo de Abogados José Alvear Restrepo (CAJAR, Colombie), Fundación regional de Asesoria en
Derechos Humanos (INREDH – Équateur), Réseau National de Défense des droits de l’Homme (RNDDH-
Haïti), Comisión Mexicana de Defensa y Promoción de los Derechos Humanos (CMDPDH- Mexique), Centro
de Capacitación Social (CCS – Panama), Acción Ecológica – Ecuador, Centro Nicaraguense de Derechos
Humanos (CENIDH – Nicaragua), Observatorio Ciudadano – Chili.
Rappelant l’importance de la lutte contre l’impunité des auteurs de violations graves des droits humains,
y compris de crimes de droit international, et affirmant d’après le Préambule du Statut de Rome de la
Cour pénale internationale que « les crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la communauté
internationale ne sauraient rester impunis »,
Rappelant aux États leur obligation d’enquêter et de poursuivre les auteurs de violations graves des
droits humains et de coopérer avec les systèmes judiciaires indépendants, internationaux, régionaux,
hybrides ou nationaux qui réunissent des informations, enquêtent sur et poursuivent en justice les
personnes responsables de ces crimes et violations,
Réitérant qu’il est reconnu, au niveau international et régional, et particulièrement au niveau inter
américain, que les États doivent s’abstenir de recourir à des mesures d’amnistie, de pardon,
d’imprescriptibilité ou à toute autre forme d’exonération de responsabilité auprès des auteurs de
violations graves des droits humains, en particulier de crimes au regard du droit international, lesquelles
compromettent les droits fondamentaux des victimes,
Rappelant dans le même esprit l’importance de l’indépendance des mécanismes judiciaires nationaux,
régionaux, hybrides et internationaux et l’obligation des États et autres parties prenantes externes de ne
pas interférer lorsque des enquêtes et poursuites sont véritablement menées à la suite de violations
graves des droits humains,
Soulignant le besoin de coordination efficace des actions déployées en faveur de l’établissement des
responsabilités et de coopération entre tous les acteurs desdites actions, ainsi que l’importance
d’appliquer le principe de complémentarité pour rendre véritablement justice, de manière efficace et à
l’échelle mondiale,
Rappelant l’importance du travail des organisations de la société civile pour réunir des informations,
publier des rapports, mettre en place des activités de plaidoyer et de contentieux en faveur des victimes
de violations graves des droits humains, et le besoin de mécanismes d’établissement des responsabilités
afin d’assurer une participation significative et une coopération avec les organisations de la société civile,
Réaffirmant que la communauté internationale reconnaît le droit des victimes à la vérité, la justice et la
réparation ainsi que le besoin pour les victimes de jouer un rôle central et actif dans tous les mécanismes
d’établissement des responsabilités, afin de rendre véritablement justice et que cette dernière puisse
influencer la société et avoir l’effet dissuasif qu’elle vise,
Soulignant en outre le besoin de respecter le principe du « Do no Harm » (ne pas nuire) dans toutes les
enquêtes et poursuites judiciaires, y compris en alertant sur les risques de réunir trop d’informations et de
réveiller les traumatismes des victimes et personnes survivantes de violations graves des droits humains,
Observant avec satisfaction le développement d’une sensibilité et d’une attention accrues à l’égard
des crimes et violences sexuels et sexistes, ainsi que la nécessité de faire en sorte que leurs auteurs
répondent de leurs actes et de répondre aux besoins des victimes et personnes survivantes,
Soulignant de nouveau la priorité donnée à la lutte contre l’impunité des auteurs de violations graves
des droits humains dans les déclarations publiques et les décisions prises par les États comme les
organisations internationales, dans le contexte d’une mobilisation extraordinaire de la communauté
internationale afin de s’assurer que les responsables des crimes commis en Ukraine depuis l’escalade du
conflit et l’invasion à grande échelle par la Fédération de Russie fin février 2022 rendent des comptes à la
justice,
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Saluant le nombre croissant d’enquêtes ouvertes par les juridictions nationales et unités chargées de
poursuivre les auteurs de crimes de guerre en Europe et au-delà, mettant en œuvre une compétence
extraterritoriale, et celle de la Cour pénale internationale, notamment pour les crimes commis en Ukraine
ou liés au conflit armé dans ce pays,
Dénonçant les blocages législatifs, politiques, judiciaires et opérationnels persistants qui empêchent
d’enquêter véritablement et de poursuivre les auteurs de violations graves des droits humains, quel que
soit leur grade, dans de nombreux contextes nationaux,
Préoccupée par l’effet néfaste que peut engendrer la perception selon laquelle les États et les
organisations intergouvernementales agissent de manière sélective et adoptent une approche « deux
poids, deux mesures » sur la crédibilité et la légitimité des mécanismes de mise en accusation saisis ou
mis en place pour lutter contre l’impunité des auteurs de violations graves des droits humains,
Dénonçant la volonté des États de réserver leur soutien financier à des mécanismes de justice
internationale indépendants, tels que la Cour pénale internationale, dans le cadre de situations
spécifiques, car cela risque de donner l’impression d’une instrumentalisation et d’un traitement sélectif
de la Cour, ce qui pourrait nuire à sa légitimité,
Soulignant que le soutien supplémentaire, sous forme financière et de mise à disposition de personnel,
apporté récemment à la Cour pénale internationale, témoigne du fait que cette dernière ne dispose pas
des ressources nécessaires pour remplir son mandat.
La FIDH, à l’occasion de son 41 e Congrès célébré à l’occasion de son 100 e anniversaire à Paris,
en France :
à ne pas agir, ni faire de déclarations ou prendre de décisions qui alimentent la perception d’une
politique sélective reposant sur le « deux poids, deux mesures » en matière de lutte contre
l’impunité pour les violations graves des droits humains.
Résolution sur les violations graves et systématiques des droits humains dans la République
islamique d’Iran
Proposée par :
la League for the Defence of Human Rights in Iran (LDDHI)
Considérant la détérioration drastique de la situation des droits humains en Iran dont font état
les rapports annuels du Secrétaire général des Nations unies, du Rapporteur spécial sur la situation des
droits humains en République islamique d’Iran, des résolutions annuelles de l’Assemblée générale des
Nations unies, ainsi que les rapports et communiqués conjoints de la FIDH et de la LDDHI,
Considérant que :
autres, qui ont été placé·es en détention arbitraire en mai et juin 2022, et qui risquent la
prison, c’est le cas de Reza Shahabi, Hassan Saeedi, Rassoul Bodaghi et Valeh
Zamani ;
o les partis politiques dissidents ne peuvent exercer leur activité ;
o les groupes qui mènent des actions pacifiques, notamment les organisations membres de
la FIDH, ne sont pas autorisés à mener leur mission, ni à surveiller la situation des droits
humains dans leur pays.
les droits des femmes sont régulièrement bafoués :
o les principales lois sont extrêmement discriminatoires à l’encontre des femmes ; l’âge de
la responsabilité pénale pour les femmes est de 9 années lunaires, il leur est interdit de
regarder les compétitions sportives masculines, les forces de sécurité ont un recours
excessif à la force et à l’emprisonnement pour leur imposer un code vestimentaire strict,
des centaines d’entre elles sont arrêtées pour avoir participé à des manifestations contre
le port obligatoire du voile en public et certaines sont condamnées à des peines de prison
très lourdes ;
des milliers de victimes de violations graves de droits humains ne peuvent exercer leur
droit à la justice depuis plus de 40 ans :
o la famille et les proches de prisonnier·es politiques exécuté·es dans les années 1980 et de
manifestant·es tué·es depuis les élections de 2009 ont été victimes de persécution et de
harcèlement pour avoir réclamé que la responsabilité des auteurs des crimes soit établie
et/ou que des informations sur leurs proches leur soient fournies,
o les autorités ont constamment refusé de reconnaître officiellement les violations
commises et ont accordé l’impunité aux auteurs de ces crimes. Ebrahim Ra’eesi, membre
de la « Commission de la mort » chargée d’intenter de nouveaux procès et des
exécutions sommaires de milliers de prisonnièr·es politiques en 1988, a accédé à la
présidence en juin 2021.
les communautés ethniques et les minorités religieuses sont continuellement victimes de
répression et de persécutions :
o les communautés ethniques arabe, azérie, kurde, baloutche, entre autres, ont été privées
de leurs droits à exercer leur culture, à l’éducation, à publier livres et journaux dans leur
langue. Elles ont également subi d’importantes discriminations et répressions politiques et
économiques. Dans les communités arabe, kurde et baloutche, le nombre d’exécutions
était disproportionné par rapport au reste de la population,
o les minorités religieuses reconnues par la constitution, comme les musulmans sunnites,
les chiites dissidents, les derviches, les chrétiens, et les juifs ont été victimes de
répression politique et culturelle. Nombre des adeptes de ces croyances ont été
persécutés, notamment judiciairement, arrêtés et condamnés à de lourdes peines
d’emprisonnement en raison de leurs convictions religieuses,
o les adeptes de la foi Bahá’ie, non reconnue et faisant l’objet de persécutions, sont
victimes de discriminations ciblées, notamment d’arrestations arbitraires, de fermeture de
leur entreprise, de perquisition de leur foyer, de confiscation de leurs biens, de
profanation de leurs cimetières, de refus d’autoriser l’inhumation des dépouilles, et
d’interdiction d’accéder à l’éducation secondaire ;
seul·es des candidat·es choisi·es sur le volet par une législation profondément discriminatoire
peuvent se présenter aux élections :
o seuls sept candidats masculins ont été autorisés à se présenter aux élections
présidentielles de 2021, et 585 candidat·es, dont 40 femmes, ont été disqualifié·es,
o 16 145 candidat·es étaient inscrit·es aux élections générales de 2020, mais 6 800
d’entre eux ont été disqualifiés·es, dont la plupart des candidat·es réformistes.
exprime son soutien indéfectible à tous les défenseur·es des droits humains
iranien·nes, aux activistes qui militent pour le respect des autres droits, aux prisonnièr·es
politiques et aux victimes de violations des droits humains ;
salue l’action en justice de la Suède qui a poursuivi et condamné à la prison à perpétuité
Hamid Nouri, un procureur adjoint iranien qui a participé aux massacres de prisonnièr·es
politiques en 1988, au cours d’une procédure judiciaire historique qui s’est déroulée entre 2021 et
2022 ;
exhorte les Nations unies, l’Union européenne et les gouvernements nationaux à :
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aider les victimes de graves atteintes aux droits humains à obtenir justice en
permettant que les acteurs ayant participé à ces violations et qui émigrent dans leurs
pays membres soient poursuivis et punis, et à sanctionner ceux qui restent en Iran,
exiger de leurs entreprises qu’elles respectent les Principes directeurs des Nations unies
relatifs aux entreprises et aux droits humains ainsi que les principes directeurs pour les
entreprises multinationales de l’OCDE au moment de conclure des accords et des contrats
avec des tiers iraniens,
appeler le gouvernement iranien à :
o mettre fin immédiatement aux exécutions d’enfants et aux exécutions en public, au
recours systématique à la peine capitale dans la cas d’accusations pour motif
politique, et imposer un moratoire dans le but d’abolir la peine capitale, et de
coopérer avec les experts dans le cadre des procédures spéciales des Nations unies,
o garantir l’égalité entre les sexes en fait et en droit,
o garantir la liberté d’expression, de pensée, de réunion et d’association, de conscience
et de religion, ainsi que les droits des minorités,
o garantir des élections libres et équitables,
o garantir une procédure en bonne et due forme pour tous les accusés et l’accès à des
soins médicaux appropriés pour les prisonnièr·es,
o libérer immédiatement et sans condition l’ensemble des prisonnièr·es politiques sans
exception,
o informer les familles de victimes de graves violations des droits humains sur leur sort
et établir la responsabilité des auteurs de toutes les violations abominables des droits
humains qu’ils ont commis,
o ratifier et mettre en œuvre les principaux traités relatifs aux droits humains, auxquels
l’Iran n’est pas encore partie,
o respecter toutes les obligations et tous les droits économiques, sociaux, culturels,
civils et politiques auxquels l’Iran est tenu dans le cadre des traités relatifs aux droits
humains dont il est signataire.
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Proposée par :
Al-Haq (Palestine)
La FIDH est profondément préoccupée par l'aggravation de la situation des droits humains pour le peuple
palestinien, comme le montre les pratiques de déplacements forcés des populations et de dépossession
de biens qui sont en cours des deux côtés de la Ligne verte ainsi que la répression massive de
l'opposition.
Considérant que les violations des droits humains et les crimes commis par Israël contre le peuple
palestinien trouvent leurs racines dans un régime colonial d’occupation et un système institutionnalisé de
domination et d'oppression systématiques du peuple palestinien, constituent un crime d'apartheid,
Soulignant que l'apartheid est défini comme un crime contre l'humanité et, interdit à ce titre, dans la
Convention internationale de 1973 sur l'élimination et la répression du crime d'apartheid et dans le Statut
de Rome de 1998. Cette définition inclut les actes inhumains commis dans le but d'établir et de maintenir
et la domination d’un groupe racial sur un autre, quel qu’il soit,
Soulignant que le régime d'apartheid d'Israël imposé au peuple palestinien est par :
1. des lois, politiques et pratiques discriminatoires depuis 1948, concernant en particulier les domaines de
propriété et de la nationalité, clairement le peuple palestinien en faveur des Israéliens de confession
juive, afin de perpétuer le déplacement et la dépossession des populations et maintenir la domination
juive israélienne ;
3. des efforts institutionnalisés pour faire taire l'opposition des Palestinien.nes par le recours excessif à la
force, la détention arbitraire, la torture et d'autres mauvais traitements, les punitions collectives, ainsi
que les campagnes de diffamation et de délégitimation contre des organisations et des défenseur·es des
droits humains.
Soulignant la prise de conscience de l'apartheid israélien par les États membres des Nations unies, les
parlements, les organes de suivi de traités des Nations unies, les experts des droits humains des Nations
unies et les organisations palestiniennes, internationales et israéliennes de défense des droits humains,
Reconnaissant que la prise de conscience de l'apartheid d'Israël est le début du long chemin vers la
réalisation du droit du peuple palestinien à l'autodétermination
Soulignant que le crime contre l'humanité que représente l'apartheid oblige erga omnes les pays tiers à
ne pas accepter cette situation illégale, à ne prêter aucune aide ou assistance régime d'apartheid, et à
contribuer à mettre fin à cette situation illégale,
Constatant avec une vive inquiétude que certains pays tiers ne considèrent pas la situation en Palestine
comme relevant de l'apartheid et qu’ils n'ont pas pris les mesures nécessaires pour mettre fin aux
violations par Israël des normes impératives en matière de droit international, ce qui a permis à Israël de
maintenir son régime d'apartheid.
1. Nous appelons les pays tiers à reconnaître que les lois, politiques et pratiques discriminatoires d'Israël
ont instauré et continuent de maintenir un régime d'apartheid à l’encontre du peuple palestinien et à
prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'occupation illégale et au régime d'apartheid organisé
par Israël, y compris en imposant des sanctions et des mesures de rétorsion, en mettant fin au commerce
et à la coopération militaire et sécuritaire avec Israël, et en adoptant une législation interdisant les
échanges commerciaux avec les colonies israéliennes illégales.
2. Nous appelons les pays tiers à apporter tout le soutien politique, institutionnel et matériel nécessaire
pour permettre à l’éminente commission d'enquête des Nations unies créée en mai 2021 de poursuivre
son mandat sans entrave.
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3. Nous appelons l'ONU à rétablir le Comité spécial des Nations unies contre l'apartheid et le Centre des
Nations unies contre l'apartheid.
4. Nous appelons Israël à abroger toutes les lois et à mettre fin à toutes les politiques et pratiques qui ont
un impact direct ou indirect sur l’exercice des droits humains en raison de discriminations fondées sur la
race.
5. Nous appelons le Procureur de la Cour pénale internationale à prendre des mesures concrètes pour
mener à bien l'enquête sur la situation en Palestine.
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Proposée par :
Centro Nicaraguense de Derechos Humanos (CENIDH) – Nicaragua, Centro de Acción legal en Derechos
Humanos (CALDH)- Guatemala, Comisión Mexicana de Defensa y Promoción de los Derechos Humanos -
CMDPDH- Mexique, Idheas Litigio Estratégico en Derechos Humanos- México, Comisión Nacional de
Derechos Humanos de República Dominicana (CNDH-RD), Asociación de Derechos Humanos (APRODEH) –
Pérou, Comisión de Derechos Humanos de El Salvador (CDHES), Comisión ecuménica de derechos
humanos (CEDHU)- Equateur, Centro de Derechos y Desarrollo (CEDAL)-Pérou, Réseau National de
Défense des Droits Humains -RNDDH- Haïti, Colectivo de Abogados José Alvear Restrepo (CAJAR)-
Colombie, Instituto Latinoamericano para una Sociedad y un Derecho Alternativos (ILSA)- Colombie,
Comité Permanente por la Defensa de los Derechos Humanos (CPDH)- Colombie, Justiça Global-Brasil,
Movimento Nacional de Direitos Humanos (MNDH)-Brésil, Centro de Investigación y Promoción de los
Derechos Humanos (CIPRODEH)- Honduras, Fundación regional de Asesoría en Derechos Humanos -
INREDH – Equateur, Centro de Estudios Legales y Sociales (CELS) – Argentine, Comité de Acción Jurídica
(CAJ) - Argentine.
Depuis avril 2018, le Nicaragua traverse une grave crise politique, sociale et des droits humains qui s'est
traduite par au moins 355 assassinats, plus de 2 000 blessés, plus de 1 614 personnes détenues et plus
de 110 000 personnes exilées, ainsi que par la violation persistante des libertés publiques et l'instauration
d'un état de terreur caractérisé par l'utilisation excessive des forces de police et parapolicières.
L'espace de la société civile indépendante dans le pays est en train de disparaître. Au 18 juillet 2022, le
régime avait fermé plus de 1000 organisations à but non lucratif au Nicaragua, la plupart en 2022, en
invoquant, parmi d’autres raisons non fondées, des lois fallacieuses telles que la loi sur la Réglementation
des agents étrangers adoptée en 2020. Ces fermetures visent à éliminer toute éventuelle vision sociale
et politique qui s’écarterait de celle du régime. Ce harcèlement systématique, caractéristique d'un État
totalitaire, ne touche pas seulement les organisations politiques ou de défense des droits humains, mais
aussi les organisations religieuses, artistiques, journalistiques, éducatives, scientifiques,
environnementales et sociales, qui sont également victimes de persécutions.
La Commission et la Cour interaméricaine des droits de l’homme, l'Organisation des États américains, le
Conseil des droits de l’homme et les Mécanismes des Nations unies, ainsi que l'Union européenne, ont
condamné les graves violations des droits humains dans le pays et ont lancé un appel unanime pour le
rétablissement de la démocratie, la libération des personnes prisonnières politiques et l'établissement des
responsabilités pour les crimes commis dans le cadre de la répression.
Depuis 2018, la FIDH et son organisation membre au Nicaragua, CENIDH, dont les membres travaillent
dans le pays, suivent, documentent et accompagnent les victimes de la répression. À ce jour, elles ont
documenté et analysé 113 des assassinats et ont conclu qu'il s'agit d'exécutions extrajudiciaires
constituant des crimes contre l'humanité. Elles ont également analysé et dénoncé le cadre réglementaire
répressif mis en place, démontrant que ses normes sont contraires au droit international des droits
humains. Et elles ont activement participé au plaidoyer pour la création, par le Conseil des droits de
l’homme des Nations unies, en avril 2022, du Groupe d'experts des droits humains au Nicaragua afin
d'enquêter sur les auteurs de crimes et de violations graves des droits humains qui ont eu lieu depuis
2018 et d’établir leur responsabilité.
- condamne le régime dictatorial de Daniel Ortega et de son épouse Rosario Murillo imposé au Nicaragua,
la violation de l'État de droit et des droits humains de la population nicaraguayenne et leur impunité ;
- exige la libération immédiate des 184 prisonniers politiques au Nicaragua, ainsi que la cessation
immédiate de la persécution de la société civile indépendante, des organisations de défense des droits
humains et des personnes qui les défendent, et le rétablissement du statut juridique et des actifs de plus
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de 1 000 organisations non gouvernementales qui ont été mises hors la loi et dont les biens ont été
saisis ;
Proposée par :
Syrian Center for Media and Freedom of Expression (SCM)
Considérant que la situation des droits humains est désastreuse en Syrie depuis le début des
manifestations pacifiques en mars 2011 et qu’elle n’a fait qu’empirer depuis lors, et que la répression
des manifestants par les autorités syriennes a conduit à un conflit armé ouvert toujours en cours,
Considérant l’ensemble des résolutions internationales adoptées par les différents organes onusiens sur
la Syrie et sur la situation désastreuse du pays en matière de droits humains, ainsi que les rapports
internationaux rendant compte des violations des droits humains généralisées et systématiques
perpétrées par l’ensemble des parties armées, et principalement par les autorités syriennes,
Considérant le niveau d’intervention à l’échelle régionale et internationale des acteurs étatiques et non
étatiques, notamment des pays qui occupent certains territoires, et des acteurs non étatiques qui
contrôlent de facto certaines zones à l’intérieur des frontières syriennes, ainsi que les complications que
cela engendre pour une paix future en Syrie,
Reconnaissant l’impact extrêmement néfaste de l’intervention d’acteurs non étatiques, tels que des
groupes et organisations considérés comme terroristes sur la scène internationale, ainsi que des
mercenaires sur la situation des droits humains en Syrie,
Constatant les efforts déployés à l’échelle internationale par la médiation des Nations unies visant à
conclure un accord de paix en Syrie, qui devraient amorcer un processus de transition politique dans le
pays vers un gouvernement provisoire non partisan en vue de la mise en place d’un nouveau système
politique pluraliste et démocratique, où les droits humains et le droit international seront pleinement
respectés,
Demandant que les autorités syriennes s’acquittent de leurs obligations en matière de protection de la
population syrienne ainsi que leurs obligations de respect, protection et mise en œuvre des droits
fondamentaux des personnes placées sous sa juridiction,
1. condamnent, dans les termes les plus fermes, toutes les atteintes au droit international en
matière de droits humains, ainsi que toutes les violations du droit humanitaire international commises par
l’ensemble des parties actives sur les territoires syriens, notamment les violations et violences flagrantes
systématiques et généralisées des droits humains et toutes les atteintes au droit humanitaire
international perpétrées continuellement par le régime syrien et ses acteurs étatiques et non étatiques
affiliés, dont les combattants étrangers terroristes et ces organisations étrangères qui se battent pour le
compte des autorités syriennes,
2. exigent que les autorités syriennes et leurs alliés, ainsi que l’ensemble des autres parties ayant
la mainmise sur certaines zones des territoires syriens, fassent en sorte que les Nations unies et les
autres acteurs humanitaires puissent de nouveau et sans délai avoir accès, totalement, ponctuellement et
sans risque à toutes les régions du territoire, et qu’elles veillent à ce que l’aide humanitaire puisse être
acheminée sans entrave vers tous ceux qui en en besoin, aussi longtemps que cela sera nécessaire,
même dans les zones les plus difficilement accessibles,
3. expriment ses vives inquiétudes face aux nombreux civils, dont des femmes, des filles et des
enfants, intentionnellement pris pour cibles par l’ensemble des parties armées, principalement par les
forces armées du régime syrien, les milices et mercenaires affiliés, et face à l’utilisation d’armes qui
frappent sans discrimination, et de munitions à dispersion qui sont interdites par le droit international,
4. sont profondément préoccupés par le nombre de civils, dont des femmes, des filles et des
enfants, tués ou mutilés par des mines terrestres, des restes d’explosifs de la guerre et des engins
explosifs artisanaux utilisés par l’ensemble des parties au conflit,
5. condamnent, dans les termes les plus fermes, la perpétration continue et systématique
d’exécutions en masse et de tortures infligées aux prisonniers, et le nombre de morts parmi la population
carcérale dans les prisons et les centres de détention contrôlés par les dispositifs de sécurité des autorités
syriennes, ainsi que dans les services de renseignements et les hôpitaux militaires syriens, comme en
témoigne la publication de milliers d’avis de décès ; et exigent que les autorités syriennes remettent aux
familles les restes de leurs proches dont le sort a été rendu public, y compris celles et ceux qui ont été
sommairement exécuté·es, et prennent immédiatement toutes les mesures nécessaires pour protéger la
vie et les droits de toutes les personnes actuellement derrière les barreaux ou non comptabilisées, et
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fassent la lumière sur le sort de celles et ceux qui sont toujours porté·es disparu·es ou qui sont toujours
en détention provisoire,
6. reconnaissent les préjudices permanents que causent aux victimes et aux membres de leurs
familles la torture et les mauvais traitements, notamment les violences et sévices sexuels, et condamnent
le refus d’administrer des soins médicaux dans toutes les prisons et centres de détention ; et enfin
appellent à l’arrêt immédiat de telles atrocités, et à la mise en place d’un processus de réparation et
d’indemnisation pour les victimes et/ou les membres de leurs familles,
8. condamnent fermement les disparitions forcées et les détentions arbitraires généralisées qui
se propagent continuellement notamment dans les zones dont les autorités syriennes ont repris le
contrôle, et soulignent l’importance de la mise en œuvre d’un mécanisme indépendant international
permettant de déterminer le sort et la localisation des victimes de disparitions forcées,
9. exigent la libération immédiate de toutes les personnes en détention arbitraire, notamment les
femmes, les enfants, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap, les défenseur·es des
droits humains, les organisations d’aide humanitaire, le personnel médical, les blessés et les malades,
ainsi que les journalistes, et rappellent l’importance de garantir la justice pour celles et ceux qui sont en
détention arbitraire,
10. exhortent les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies à ne pas avoir
recours à leur droit de véto pour empêcher que la responsabilité des auteurs de violations flagrantes des
droits humains soit établie, comme en Syrie où les violations constituent des crimes contre l’humanité, et
à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour déférer la situation en Syrie à la Cour pénale internationale,
11. exhortent les acteurs impliqués dans le processus de paix en Syrie, notamment les Nations
unies, à veiller à ce qu’un mécanisme national de justice transitionnelle, qui respecte toutes les exigences
et normes internationales de tels processus, soit mis en œuvre dans tout accord de paix en Syrie qui
pourrait voir le jour à l’avenir,
12. invitent instamment les parties prenant part aux processus de paix en Syrie à veiller réellement
à la participation des femmes à tous les niveaux de la représentation, dans tous ses aspects, toutes les
activités et à l’issue du processus.
13. exigent que les pays soutiennent les efforts visant à établir la responsabilité des auteurs de
crimes par le biais de leur compétence universelle nationale, et de leur compétence extraterritoriale.
L’objectif étant de poursuivre et de renforcer les efforts en vue d’enquêter sur toutes les violations et
violences présumées du droit international en matière de droits humains perpétrées depuis mars 2011 en
Syrie, de travailler collectivement afin d’établir les faits et les circonstances, et d’encourager les actions
visant à l’identification et à l’établissement de la responsabilité de tous les auteurs de violences et de
violations, dont celles et ceux qui peuvent être responsables de crimes contre l’humanité.
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Proposée par :
le Comité Vietnam pour la Défense des Droits de l’Homme (VCHR)
La FIDH et toutes ses ligues, réunies en son 41e congrès à Paris, France,
- Considérant que durant les trois dernières années, au moins 95 militants, dissidents et défenseurs des
droits humains, dont 17 femmes, ont été arrêtés, et 113, dont 17 femmes, ont été condamnés à des
peines allant jusqu’à 15 ans d’emprisonnement ;
- Considérant que le Vietnam maintient et adopte des lois et règlements incompatibles avec ses
obligations en vertu de la Charte internationale des droits de l’Homme (articles du Code pénal sur les
atteintes à la « sécurité nationale », loi sur la presse, loi sur la croyance et la religion, loi sur la
cybersécurité, dispositions contre les prétendues « fake news » sur les réseaux sociaux…) et justifie ses
exactions et violations des droits humains par leur « conformité avec la loi » ;
- Notant que la « loi » à laquelle ne cessent de se référer les autorités vietnamiennes reste un concept
extrêmement large, pouvant inclure de simples décisions ou résolution du Parti Communiste du Vietnam
(PCV) au pouvoir, et que les lois elles-mêmes sont si vagues et imprécises qu’elles permettent
d’appréhender tous les comportements des plus répréhensibles aux plus légitimes ;
- Considérant que la réglementation vietnamienne réduit l’espace de liberté des ONG opérant au
Vietnam, tant vietnamiennes qu’internationales, par le biais des conditions d’enregistrement et de
financement, et visent à restreindre et contrôler le rôle de la société civile, notamment dans le domaine
des droits humains et de l’environnement ;
- Alarmés par les récentes arrestations et condamnations arbitraires à des peines de 2 à 5 ans de prison
des défenseurs de l’environnement Mai Phan Lợi, Bạch Hùng Dương, Đặng Đình Bách et Ngu ỵ Thi Khanh
au prétexte d’« évasion fiscale », alors qu’ils n’avaient fait que critiquer la politique énergétique du
gouvernement en faveur du charbon ;
- Considérant qu’une réforme du décret 72/2013/ND-CP sur l’utilisation et la gestion de l’internet est en
cours pour aggraver les atteintes à la liberté d’expression et de presse sur internet, avec notamment
l’obligation pour les opérateurs de retirer tout « contenu illégal » dans les 24 heures ;
- Considérant que le nombre d’exécutions au Vietnam est le plus élevé de toute l’Asie du Sud-Est et
qu’il ne cesse d’augmenter, avec un doublement en une décennie, et que le Vietnam se classe parmi les
pays qui condamnent et exécutent le plus au monde ; que les centres de détention pour condamnés à
mort sont surpeuplés et que l’attente dans le couloir de la mort reste « extrêmement longue » de l’aveu
même des autorités vietnamiennes ; que les peines de mort sont prononcées par des tribunaux où ne
sont pas garantis les droits de la défense ;
- Considérant que nombre de crimes passibles de la peine capitale sont des crimes politiques définis en
termes vagues et arbitraires qui peuvent appréhender l’exercice légitime et pacifique des libertés
fondamentales, à l’instar de l’article 109 du Code pénal qui incrimine la simple intention de critiquer le
gouvernement ;
- Considérant qu’existe un risque de traitement inhumain lors des exécutions, qui se font par injections
létales avec des produits non-précisés, puisque le Vietnam a dû prendre un décret imposant la suspension
de l’exécution si le condamné ne décède pas au bout de 30 minutes avec l’emploi de trois doses létales ;
Sont particulièrement préoccupés par les condamnations des militants de l’environnement pour une
« évasion fiscale » qui n’est manifestement qu’un prétexte, et rappellent que leurs activités constituent
un exercice légitime du droit de participer à la vie publique et servent l’intérêt général ;
Condamnent l’utilisation par les autorités vietnamiennes de la « loi » pour justifier leurs pratiques
bafouant les droits les plus fondamentaux et légaliser l’arbitraire aux dépens des citoyens et de la société
civile vietnamienne ;
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Exigent à cet égard que les lois et règlements vietnamiens soient mis immédiatement en conformité
avec les obligations internationales du Vietnam en matière de droits humains et invitent les autorités
vietnamiennes à collaborer de bonne foi avec l’ONU et la communauté internationale à cette fin ; le
projet liberticide d’amendement du décret 72 sur l’utilisation de l’internet doit être abandonné de suite ;
Condamnent les restrictions inadmissibles et dangereuses auxquelles sont soumises les ONG, tant
locales qu’internationales, au Vietnam, en particulier pour ce qui concerne leur financement et leur liberté
d’action ;
Demandent un moratoire sur la peine de mort, en vue de son abolition, la réduction du nombre des
crimes passibles de la peine capitale, en particulier les crimes politiques, et, dans un souci de
transparence, la publication de toutes les informations utiles concernant la peine de mort au Vietnam
(statistiques sur les condamnations, les exécutions et les détenus dans le couloir de la mort, produits
employés pour les injections létales, etc.).
Demandent à l’Union européenne, qui est liée au Vietnam par l’accord de libre-échange EVFTA (2020),
d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour presser le Vietnam de respecter ses engagements sur le
commerce et le développement équitable, en particulier dans le domaine des droits des travailleurs et de
l’environnement.
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RESOLUTIONS D’URGENCE
Résolution sur l'impact de la désinformation sur Observatorio Ciudadano; CAJAR ; Justiça Global ;
les processus démocratiques en Amérique MNDH ; APRODEH ; CIPRODEH ; CDHES ;
latine CEDHU ; Acción Ecologica
Projet de résolution portant sur la lutte contre les mouvements anti-droits et anti-genre
Proposée par :
IHD (Turquie)
Armanshahr/Open Asia (Afghanistan)
Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD) (Tunisie)
Comisión Mexicana de Defensa y Promoción de los Derechos Humanos - CMDPDH- Mexique
Movimento Nacional de Direitos Humanos (MNDH)-Brésil
Colectivo de Abogados José Alvear Restrepo (CAJAR)- Colombie
Asociación Pro Derechos Humanos (APRODEH) – Pérou
Justiça Global-Brasil
Liga Mexicana por la Defensa de los Derechos Humanos (LIMEDDH) - Mexique
Comisión de Derechos Humanos de El Salvador (CDHES)- El Salvador
Observatorio Ciudadano - Chili
Considérant que les mouvements dits « anti-droits et anti-genre », qui comprennent des individus et des
institutions affiliés à des fondamentalismes religieux, à des nationalismes ou à des ultra-nationalismes, à la
suprématie blanche, l'ultra-conservatisme et autres idéologies et mouvements oppressifs 1, s'efforcent de
saper l'universalité des droits humains en s’attaquant aux droits des femmes et des personnes LGBTQI+,
Considérant que, soutenus par des États conservateurs qui souhaitent renforcer leur influence, le pouvoir de
ces mouvements est croissant. Qu’ils opèrent maintenant avec une coordination et des ressources de plus en
plus importantes et mettent les droits humains en danger ainsi que les structures, institutions, organisations
de la société civile et défenseur.ses ;
Considérant que par son revirement jurisprudentiel annulant la protection fédérale accordée au droit à
l’avortement depuis 1973 par l’arrêt Roe contre Wade, le 24 juin 2022, allant à l’encontre des dynamiques
croissantes pour reconnaître les droits sexuels et reproductifs des femmes, la Cour suprême des États-Unis a
remis en cause le droit constitutionnel à l’avortement et marqué ainsi une régression sans équivalent au droit
des femmes à disposer de leur corps qui risque d’avoir des répercussions dans d’autres pays du monde. Il n’a
fallu que quelques heures à certains États, comme l’Alabama et le Missouri, pour imposer une interdiction
totale de l’avortement, même en cas d’inceste, de viol ou de danger pour la vie de la femme enceinte. Au
cours des trois dernier mois, d’autres États ont immédiatement mis en place des restrictions importantes,
comme l’Ohio, qui n’autorise plus l’avortement après six semaines.
Considérant que, dans le monde entier, l'accès des femmes, des filles, des adolescents et des populations
marginalisées à la santé et aux droits sexuels et reproductifs (SDSR) est menacé, et des restrictions à leur
accès à l'information, à une éducation sexuelle complète et à d'autres services sont imposées. Que les
instruments internationaux protecteurs des droits des femmes, en premier lieu desquels la Convention
d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, sont
attaqués par des États qui y voient la promotion de « l’idéologie du genre ». Que des propositions de lois
visent à renforcer la criminalisation de l’homosexualité au prétexte de lutter contre un « agenda occidental »
et de défendre des valeurs traditionnelles essaiment ;
Saluant les organisations et collectifs de défense des droits humains, dont les organisations féministes et de
promotions des droits LGBTQI+, qui résistent avec succès à ces défis et, dans de nombreux cas, obtiennent
des victoires ;
Considérant que la FIDH, de par son caractère international, son ancrage local et son combat centenaire en
faveur de l’universalité des droits, grâce à son expertise sur les droits humains, les systèmes internationaux
et régionaux de promotion et défense des droits humains et son expérience en documentation de violations
des droits, a vocation à lutter pour le respect des droits humains qui sont menacés par ces mouvements ;
Ainsi, la FIDH :
• réitère que la lutte contre ces attaques à l’universalité des droits humains et particulièrement les droits
des femmes sera déterminante pour les actions à venir de la Fédération internationale pour les droits
humains et de ses organisations membres ;
1 Voir N. Shameem, Rights at Risk: Observatory on the Universality of Rights Trends Report 2017, AWID, 2017 et de N.
Shameem et al., Nos droits en danger – Il est temps d’agir : Rapports sur les tendances 2021 de l’Observatoire sur
l’universalité des droits, AWID, 2021.
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• réaffirme l’importance que la société civile de tous les pays travaillent de concert pour partager des
expériences et des stratégies communes visant à répondre à ces réseaux internationaux très bien organisés
et financés ;
• exhorte les multinationales et les États à ne pas financer ces mouvements anti-droits et anti-genre ;
• appelle les bailleurs à soutenir le travail essentiel de la société civile en faveur des droits pour toutes et
tous face à ces menaces sans précédent.
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La FIDH appelle à un règlement pacifique des conflits armés en Europe de l’Est et en Asie
centrale
Proposée par :
Civil Society Institute, Arménie
Bir Duino — Kirghizistan
Aggravation d’au moins trois conflits armés internationaux au cours des derniers mois :
entre la Russie et l’Ukraine, l’Azerbaïdjan et l’Arménie, ainsi que le Kirghizistan et le Tadji-
kistan. La multiplication des conflits armés internationaux en Europe de l’Est et en Asie
centrale menace la paix, la sécurité et le développement durable à travers le monde.
Brutale escalade des hostilités dans la nuit du 13 septembre 2022, lorsque l’Azerbaïdjan a at-
taqué les positions arméniennes situées le long de la frontière. D’après le Civil Society Institute (CSI),
organisation membre de la FIDH en Arménie, les tirs d’artillerie visaient des infrastructures à la fois mi -
litaires et civiles, notamment des camps frontaliers à proximité des villes arméniennes de Vardenis,
Goris, Sotk et Jermuk. Les deux gouvernements ont fait état d’au moins 300 morts au total. Ce dernier
épisode de violence armée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan est le plus intense depuis la guerre de
2020 au Haut-Karabakh. Au terme du conflit armé international qui a éclaté à la fin du mois de sep -
tembre 2020 et qui a duré six semaines, l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Russie avaient signé un accord
de cessez-le-feu. Depuis plusieurs décennies, l’intensité des affrontements fluctue entre les deux pays,
qui se disputent la région du Haut-Karabakh.
Plus tôt dans l’année, le 24 février 2022, le président russe Vladimir Poutine a annoncé le lancement
d’une « opération militaire spéciale » en Ukraine. Il a ainsi donné le coup d’envoi d’une offensive ar-
mée sur les principales villes ukrainiennes, dont la capitale Kiev, ainsi que Kharkiv, Odessa, Marioupol
et Kramatorsk. Cette agression injustifiée et non provoquée marque une escalade de la guerre entre la
Russie et l’Ukraine, qui a éclaté en 2014 avec l’annexion de la Crimée et l’intervention militaire de la
Russie dans la région du Donbass. Cette nouvelle phase du conflit dure désormais depuis huit mois, a
provoqué des dizaines de milliers de morts et a forcé des millions de personnes à quitter leur foyer.
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La FIDH s’inquiète face à la multiplication de ces preuves de non-respect du droit humanitaire interna-
tional et du droit international relatif aux droits humains par les parties aux conflits, notamment les of -
fensives directes contre la population, les attaques aveugles à l’aide d’armes explosives à large rayon
d’impact, la destruction d’infrastructures civiles, ainsi que les mauvais traitements et les mises à mort,
parmi lesquelles des prisonnier·ères de guerre. Les parties aux conflits armés doivent opérer une dis-
tinction permanente entre, d’une part, population et infrastructures civiles, et, d’autre part, forces et
cibles militaires, afin de viser uniquement ces dernières. Le droit international relatif aux droits hu-
mains est complémentaire du droit humanitaire international et continue de s’appliquer durant les pé -
riodes de conflit armé. L’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Kirghizistan, la Russie, le Tadjikistan et l’Ukraine
sont tous des États parties du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. À ce titre, ils
sont tenus de protéger les populations placées sous leur autorité des répercussions du conflit armé.
Au cours des dernières décennies, la consolidation des identités nationales et culturelles dans de nom -
breux États de l’ex-Union soviétique désormais indépendants, ainsi que les questions frontalières en
suspens depuis la chute de l’URSS et l’irrédentisme russe ont alimenté les tensions dans cette partie
du monde. Les différends qui ne cessent de s’intensifier dans les pays d’Asie centrale partageant une
frontière avec l’Afghanistan pourraient également se muer en conflits majeurs dans la région. La
guerre en Ukraine et les conflits armés dans le Caucase et en Asie centrale sont susceptibles d’entraî-
ner dans leur sillage d’autres pays, risquant de causer davantage de morts, de blessures et de des-
tructions, ainsi que des déplacements massifs de population et de nouvelles crises alimentaires et
énergétiques. La sécurité et la prospérité de cette région du monde sont tributaires de la capacité des
parties à résoudre ces tensions et ces conflits armés ouverts par des moyens pacifiques.
Nos organisations exhortent toutes les parties aux conflits armés à :
s’abstenir de recourir à la force ou de menacer d’y recourir et engager des efforts diploma -
tiques pour résoudre les différends par des moyens pacifiques ;
respecter le droit humanitaire international et le droit international relatif aux droits humains ;
fournir l’aide humanitaire nécessaire aux victimes et à leurs familles, y compris celles ayant dû
quitter leur foyer en raison de menaces importantes pesant sur leur vie et leur santé, en accordant
une attention particulière aux femmes, aux enfants et aux autres groupes vulnérables ;
diligenter des enquêtes réelles et rigoureuses afin d’identifier les responsables des violations
des droits humains les plus graves, notamment les crimes de guerre et les crimes internationaux
d’autre nature ;
s’assurer que des réparations adéquates sont accordées aux victimes de crimes internationaux
et de violations du droit humanitaire international ;
ratifier le Statut de Rome de la Cour pénale internationale, pour les États encore non-signa-
taires, à savoir l’Ukraine, le Kirghizistan, l’Arménie et l’Azerbaïdjan ;
coopérer avec les organisations internationales qui fournissent une aide humanitaire, notam-
ment en leur permettant d’accéder aux victimes et en s’assurant qu’elles ne sont pas ciblées par les
attaques ; ainsi qu’à coopérer dans le cadre des mécanismes de responsabilité.
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encourager l’engagement diplomatique dans la région entre toutes les parties aux conflits
mentionnés ci-dessus, afin d’y rétablir la paix et la sécurité ;
fournir une aide humanitaire aux populations locales en situation de risque, afin d’éviter de
nouvelles pertes civiles ;
recourir au mécanisme de Moscou de l’OSCE et/ou à d’autres mécanismes internationaux
conçus par l’OSCE ou les Nations unies, pour enquêter sur les violations du droit humanitaire interna -
tional et du droit international relatif aux droits humains potentiellement commises pendant ces
conflits ;
appeler l’Ukraine, le Kirghizistan, l’Arménie et l’Azerbaïdjan à ratifier le Statut de Rome de la
Cour pénale internationale ; et
mettre au point et consolider des plateformes de dialogue régional sous l’égide de l’OSCE et
des Nations unies, en tenant compte des recommandations de la résolution 1325 du Conseil de sécuri-
té des Nations unies sur les femmes, la paix et la sécurité. Il s’agit de constituer ainsi un cadre coopé -
ratif viable et fondé sur les droits humains, pour faire contrepoids à l’Organisation du traité de sécurité
collective (OTSC) et l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS).
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Le 41e Congrès de la FIDH, qui se réunit à Paris, en France du 23 au 27 octobre 2022, souhaite attirer
l’attention sur la rapide détérioration de la situation des droits humains en Turquie, notamment
sur les difficultés que rencontrent les défenseur·es des droits humains et les autres acteurs de la société
civile à la suite d’un grave recul de la démocratie dans le pays et du rétrécissement accru de l’espace
civique. Nous appelons également les autorités turques à répondre rapidement et de manière efficace
aux inquiétudes exprimées dans la présente résolution.
Considérant que la Turquie a adopté un système présidentiel, qui repose sur l’autorité d’une personne, à
la suite du référendum constitutionnel qui s’est tenu le 16 avril 2017 dans le cadre de l’état d’urgence, et
que ledit système est entré en vigueur durant les élections de 2018,
Étant donné que, dans le nouveau système, la Turquie s’est encore éloignée de l’Etat de droit,
notamment en pratiquant une politique de harcèlement envers les opposant·es politiques et les
défenseur·es des droits humains, en instrumentalisant par exemple la loi relative à la lutte contre le
terrorisme et la législation pénale contre ces dernièr·es, et en intensifiant la répression à leur encontre,
Soulignant que les attaques, notamment les campagnes de dénigrement et les dissolutions, ainsi que
les atteintes aux droits humains contre les opposant·es politiques, les défenseur·es des droits humains et
les organisations de la société civile sont désormais systématiques et qu’elles ont entraîné de sévères
restrictions du droit à la liberté d’expression, du droit à la liberté de réunion pacifique et d’association et
du droit à défendre les droits humains, et ont restreint de manière significative la marge de manœuvre de
l’espace civique,
Préoccupé par les répercussions de ces atteintes sur la société civile dans son ensemble, notamment par
l’effet dissuasif que le discours politique dominant et les mesures de répression peuvent avoir sur les
acteurs de la société civile,
Déplorant le fait que la Turquie n’a jamais été en mesure d’exécuter les décisions de la Cour européenne
des droits de l’homme (CrEDH), ni de donner suite aux recommandations émises par le Comité des
ministres du Conseil de l’Europe visant à libérer les défenseur·es des droits humains, les opposant·es
politiques et les autres acteurs de la société civile détenu·es, suite à la demande de la Cour ; considérant
plus particulièrement les décisions adoptées par la CrEDH dans les affaires Kavala et Demirtas (n°2), et la
procédure d’infraction engagée par le Comité des ministres contre la Turquie entre le 20 et le 22
septembre 2022 pour n’avoir pas exécuté la décision de justice dans l’affaire Kavala,
Soulignant que la série de mesures adoptées dans le cadre de l’état d’urgence est toujours en vigueur
et/ou que leurs effets se font toujours sentir, c’est le cas notamment des licenciements de la fonction
publique, et que l’organe créé pour enquêter sur leur légalité ne répond pas aux exigences
d’indépendance et d’impartialité, comme l’avait demandé le Conseil de l’Europe, et qu’il n’a pas été en
mesure d’obtenir des réparations efficaces pour celles et ceux dont les droits ont été bafoués,
Préoccupé par la décision des autorités turques de se retirer de la Convention d’Istanbul et par les
informations recueillies par la société civile en Turquie révélant une recrudescence des actes de violence
à l’encontre des femmes et des personnes LGBTQI+ et des violences familiales à la suite de ce retrait,
Soulignant que le processus de paix destiné à résoudre « la question kurde » est au point mort depuis
longtemps ; et réaffirmant l’importance de relancer un nouveau processus en vue de trouver une solution
par la voie démocratique et non-violente,
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1. prendre des mesures en vue de restaurer l’Etat de droit en Turquie, notamment en mettant fin
à l’usage abusif du droit pénal, y compris de la loi relative à la lutte contre le terrorisme, en arrêtant de
prendre pour cible les dissent·es, via le harcèlement des défenseur·es des droits humains et des oppo -
sant·es politiques par exemple, et en cessant toute forme de harcèlement à leur égard. Cela implique de
mettre fin à toutes les enquêtes et les poursuites contre les défenseur·es des droits humains, notamment
contre Öztürk Türkdoğan et Eren Keskin respectivement co-président et co-présidente de Human Rights
Association (IHD), et à libérer celles et ceux qui ont été arrêté·es, dont les sept militants arrêtés dans le
cadre du procès Gezi, le président de Progressive Lawyers’ Association (ÇHD) et avocat Selçuk Kozağaçlı,
ainsi que d’autres avocat·es qui ont défendu le droit à un procès équitable, de mettre fin au harcèlement à
l’encontre desmédias, notamment les médias kurdes et opposant·es politiques qui ont fait l’objet d’une
enquête et de poursuites en vertu de la loi Anti-Terreur ;
3. mettre fin aux attaques à l’encontre des défenseur·es des droits humains et des autres acteurs
de la société civile, notamment en ouvrant immédiatement une enquête efficace, approfondie et impar-
tiale sur les attaques perpétrées contre les acteurs étatiques et non étatiques, et en s’abstenant de saper
le travail des acteurs de la société civile et de légitimiser les attaques à leur encontre ;
4. cesser la dissolution des ONG, telles que l’association Tarlabaşı Community Center, l’Association
de la plateforme We Will Stop Femicides et DİAYDER et mettre fin au harcèlement, notamment au harcè-
lement administratif à leur encontre et envers d’autres organisations de la société civile ;
5. exécuter sans délai l’intégralité des décisions de la CrEDH et des recommandations du Comité
des ministres du Conseil de l’Europe concernant les défenseur·es des droits humains et les opposant·es
politiques et ordonner leur libération. Cela implique notamment l’exécution immédiate de l’intégralité des
décisions de la CrEDH dans les affaires Kavala et Demirtas. Dans ces affaires, la Cour avait statué que
leur mise en détention avait été motivée par des considérations politiques en violation des articles 10, 5
(§1), 5 (§3), combinés avec l’article 18 de la CEDH, et en violation de l’article 3 du Protocole n° 1 pour M.
Demirtaş et des articles 5 (§4) et 5 (§1) (alinéa c), combinés avec l’article 18 pour M. Kavala, et avait or -
donné leur libération. Cela requiert aussi d’exécuter la décision de la CrEDH dans l’affaire Encü et Autres
c. Turquie relative aux députés du parti HDP dont l’immunité parlementaire avait été levée avant de les
placer en détention, et d’ordonner leur libération ;
7. dissoudre la Commission d’enquête sur les mesures adoptées dans le cadre de l’état d’urgence,
qui a pour vocation d’étudier les demandes de réintégration soumises par 126 000 fonctionnaires licen-
cié·es de la fonction publique au titre de décrets d’urgence, car elle ne remplit pas les critères d’indépen -
dance et d’impartialité définis par la CrEDH et veiller à ce que les fonctionnaires qui ont été illégalement
suspendu·es réintègrent leurs fonctions ;
9. relancer le processus de paix en vue de résoudre la « question kurde », dont l’origine remonte à
la fondation de la République, par des moyens démocratiques et non violents, en s’appuyant sur des ex-
périences similaires menées dans d’autres pays et en tirant parti du processus lancé entre 2013 et 2015,
en vue d’installer une paix durable ;
10. donner suite aux recommandations contenues dans les trois rapports publiés par IHD et l’Obser-
vatoire (FIDH/OMCT) en 2020, 2021 et 2022 sur l’espace civique en Turquie.
41st FIDH Congress - 2022 - Paris / 41ème Congrès de la FIDH - 2022 - Paris / 41° Congreso de la FIDH - 2022 - Paris
Proposée par :
Observatorio Ciudadano ; CAJAR ; Justicia Global ; MNDH ; APRODEH ; CIPRODEH ; CDHES ; CEDHU ;
Acción Ecologica
Inquiets de constater que la désinformation est omniprésente dans le paysage politique du Brésil, et
conscients du fait que cette désinformation a joué un rôle décisif lors du premier tour de la présidentielle
d'octobre 2022 et qu’elle devrait également avoir une grande influence lors du second tour, alors qu’au
premier tour il est apparu clairement que certains politiciens et pasteurs évangéliques ont fait la
promotion d’infox sur les réseaux sociaux, accusant le candidat Luiz Inácio Lula de vouloir fermer les
églises et persécuter les paroissiens, et alors que ces messages fallacieux sur les intentions de Lula ont
mobilisé jusqu'à 142 millions de comptes sur Twitter 1,
Rappelant qu'il y a plus de dix ans, les nouvelles technologies et les réseaux sociaux ont facilité l'accès
des citoyens à l'information dans le cadre des processus électoraux et que dans le même temps des outils
comme les bots, qui sont des comptes automatisés programmés pour publier du contenu sur les réseaux
sociaux et envoyer des messages directs aux utilisateurs, 2 ont été utilisés comme vecteur de
désinformation et de diffusion d’infox, et rappelant qu’une étude publiée en 2017 par l'Université de
Californie du Sud et l'Université de l'Indiana a révélé qu’entre 9 et 15 % des utilisateurs de Twitter sont
des bots et sont responsables d'un tiers de la diffusion d'articles « peu crédibles »3,
Soulignant le fait que ces nouvelles technologies et nouveaux médias ont été et restent manipulés par
des entités gouvernementales, des entreprises, des fonctionnaires et des acteurs civils pour restreindre,
déformer et manipuler l'information en fonction de leurs intérêts et diffuser des infox parmi les citoyens
dans le but d'influencer les processus démocratiques qui sont décisifs pour l'avenir de nos pays,
Réitérant notre préoccupation quant à l'impact négatif de la désinformation dans les processus
démocratiques, comme en Colombie lors des élections du Congrès et de la Présidence de 2018, où la
Mission d'Observation Électorale (MOE) a constaté que les résultats du scrutin ont été biaisés à la suite
d'une campagne organisée par des utilisateurs des réseaux sociaux qui avaient affirmé que les
formulaires de vote avaient été modifiés, ce qui a influencé la manière dont les citoyens ont envisagé la
transparence et la légitimité du processus électoral. De même, en 2016, lors du plébiscite pour la paix en
Colombie, les réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter et WhatsApp sont devenus des outils de
diffusion d’infox et de désinformation sur les points de l'Accord de Paix, ce qui a conduit la population à
prendre des décisions basées sur des informations déformées. 4 Cette année, le référendum sur la nouvelle
Constitution au Chili a également été influencé par la diffusion d'informations biaisées, et dans de
nombreux cas fausses, sur le projet de nouvelle Constitution, ce qui s’est traduit en une mauvaise
compréhension du projet par une partie importante de la population. Au Chili, l’étendue des campagnes
de désinformation était si importante que la commission électorale chilienne a dû organiser une
campagne de démenti des infox circulant sur les réseaux sociaux et fabriquées en grande partie par des
personnes et des groupes d'entreprises ayant une grande influence économique, politique et intellectuelle
dans le pays.5 Les membres du Congrès américain eux-mêmes se sont sentis obligés de contacter Meta,
Twitter et TikTok pour leur demander d’agir de manière urgente afin de « lutter contre les campagnes de
désinformation qui sapent un processus électoral équitable et démocratique. »6 Aux États-Unis, l'ancien
président Trump lui-même continue de diffuser les infox selon lesquelles les élections présidentielles de
2020 lui ont été volées,
Soulignant l'influence des sociétés privées dans les processus électoraux et conscients du fait qu'au
Royaume-Uni, lors du référendum sur le Brexit, la société Cambridge Analytica a soutenu la campagne
pro-Brexit7 , et reconnaissant que cette société a également fait fuiter les données de 50 millions
d'utilisateurs de Facebook pour connaître leurs intentions de vote, ce qui a eu un impact décisif sur les
élections présidentielles américaines de 20168,
1 Open Democracy, La désinformation jette une ombre sur les élections présidentielles brésiliennes, qui se dirigent
vers un second tour, 2022
2 Commission des citoyens pour des élections propres, Éviter la désinformation
3 Ibidem.
4 Semana, Les cinq mensonges du plébiscite qui ont circulé sur Whatsapp, 2016
5 BBC, La désinformation criante sur le projet de nouvelle Constitution pour le Chili, 2022
6 Radio Bio Bio, Des membres du Congrès américain accusent une « campagne de désinformation sur les réseaux
sociaux au sujet du vote sur le projet de nouvelle Constitution au Chili », 2022
7 France 24, Cambridge Analytica aurait soutenu la campagne pro-Brexit, 2018
8 France 24, Mark Zuckerberg assume la responsabilité de la fuite de données de Facebook, 2018
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Dénonçant l'effet dévastateur que les infox et la désinformation ont dans le contexte des régimes
autoritaires, à savoir qu’elles participent de la stigmatisation et de la criminalisation des défenseur·es des
droits humains et des organisations qui sont la cible de ces infox, comme par exemple au Venezuela ou au
Nicaragua, où les gouvernements ont recours à des campagnes de désinformation pour saper la légitimité
des informations diffusées par des organisations indépendantes, favorisant ainsi leur stigmatisation et
leur censure,
Soulignant que si le droit humain fondamental de diffuser des informations et de s'exprimer librement
« ne peut être limité par l’exactitude des déclarations faites », il ne justifie pas que des gouvernements,
agents publics, privés ou civils diffusent « soit de manière délibérée, soit par négligence, des déclarations
qui sont fausses »,10
Dénonçant les gouvernements qui manipulent l'information et qui, de ce fait, ne respectent pas leurs
obligations légales nationales et internationales d’assurer la diffusion d'informations fiables et dignes de
confiance, 11
9 Rapporteur spécial de l'ONU pour la liberté d'opinion et d'expression, OSCE, OEA et ACHPR, Déclaration
conjointe sur la liberté d'expression, les « fake news », la désinformation et la propagande, 2017
10 Ibidem.
11 Ibidem.
12 Amnesty International, Les géants de la surveillance : Le modèle économique de Google et Facebook menace les
droits humains, 2019
13 Rapporteur spécial de l'ONU pour la liberté d'opinion et d'expression, OSCE, OEA et ACHPR, Déclaration
conjointe sur la liberté d'expression, les « fake news », la désinformation et la propagande, 2017
14 Ibidem.
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Présentée par :
Organisation Guinéenne des Droits de l’Homme
Profondément préoccupée par la montée et la récurrence des coups d'État militaires en Afrique, dont
cinq pays au moins ont subi des coups d'État militaires depuis 2021, entraînant des violations des droits
humains qui se produisent sur fond de crises sécuritaires et socio-politiques, avec l'espoir des citoyens
d'un retour à une gouvernance démocratique ;
Déplorant également, les conséquences directes et négatives sur les civils qui subissent une
victimisation de première main en raison de la commission généralisée de violations des droits humains
dans ces contextes ;
Particulièrement préoccupée par le fait que là où des gouvernements de transition sont en place, il y a
eu des restrictions accrues de l'espace démocratique, caractérisées par des violations répétées des droits
fondamentaux que sont les libertés d'opinion, d'expression, de manifestation et la liberté de la presse, par
le biais d'intimidations, de harcèlement judiciaire, d'arrestations arbitraires et d'autres formes de
menaces et de pressions exercées sur les personnes exprimant des opinions critiques à l'égard des
autorités de transition, notamment sur les réseaux de médias sociaux, depuis les coups d'État successifs
de 2020 et 2021 au Mali et en Guinée et par la répression des manifestations de l'opposition avec un
usage disproportionné de la force par la police anti-émeute au Tchad ;
Préoccupée par les développements récents au Burkina Faso où, en septembre 2022, des militaires
du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) ont commis le deuxième coup
d’État en neuf mois, en destituant le chef de la junte militaire, en suspendant la Constitution, en
dissolvant le gouvernement et l’Assemblée nationale législative de transition ;
Rappelant la décision de suspension du Mali de l’Union africaine par le Conseil de paix et de sécurité
lors de sa 1001e réunion sur la situation au Mali le 1er juin 2021, après un deuxième coup d'État en neuf
mois ;
Préoccupée par les recommandations et résolutions, début octobre 2022, des assises du dialogue na-
tional inclusif et souverain (DNIS) au Tchad prolongeant la période de la transition de deux ans et permet-
tant au président de la Transition issu de l’armée, de se présenter à l’élection présidentielle à ve-
nir contrairement aux engagements pris;
Déplorant le manque d’inclusivité dans le processus du dialogue national inclusif au Tchad, retardé à
plusieurs reprises et dont la majorité de l’opposition et de la société civile a été exclue ;
Préoccupée par la situation des droits humains et la restriction de l’espace civique en Guinée, où la
junte militaire, à travers le Comité national de rassemblement et de développement (CNRD), au pouvoir
depuis le 5 septembre 2021, ne cesse de porter atteinte aux libertés publiques, notamment par
l’interdiction de toute manifestation pacifique sur la voie publique et la dissolution récente du
mouvement citoyen du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) ainsi que le harcèlement
judiciaire contre les militants de ce mouvement et de l’opposition ;
Préoccupée par des restrictions apportées à l’espace démocratique au Mali et par le retard pris dans la
mise en place de l'Autorité indépendante de gestion des élections du Mali (AIGE), dont les membres,
notamment ceux issus de la société civile et des partis politiques, sont nommés de manière arbitraire,
contrairement à l'esprit de la nouvelle loi électorale adoptée récemment ;
Préoccupée par la répression continue des droits et de la limitation des libertés fondamentales au
Soudan par les militaires depuis le coup d’État d’octobre 2021, et particulièrement par l’usage excessif
de la force employée par les services de sécurité contre des manifestants pacifiques ayant fait au moins
117 morts et plus de 2.000 blessés à ce jour, ainsi que par l'ingérence et la perturbation par l'armée du
processus visant à adopter des lois pour protéger les médias, en suspendant le pouvoir législatif et la cour
constitutionnelle ;
Rappelant la tentative de coup d’État en Guinée-Bissau en février 2022 par des militaires, qui a fait 11
morts, dont quatre civils ;
41st FIDH Congress – 2022 – Paris / 41ème Congrès de la FIDH – 2022 – Paris / 41° Congreso de la FIDH – 2022 - Paris
Préoccupée par la prolongation de la période de transition au Soudan du Sud jusqu’en février 2025 par
la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée en charge du suivi de l’accord de paix de 2018
et, en dépit du déploiement de la mise en œuvre de l'accord de paix revitalisé au Soudan du Sud, par les
violations des droits humains et les abus par le biais d'affrontements violents entre militaires et milices
armées qui se poursuivent sans relâche, ayant fait plus de 170 morts, 37 enlèvements de femmes et
d'enfants et 131 cas de violences sexuelles et sexistes entre avril et mai 2022.
Rappelant le droit à la vie, le droit à l’intégrité physique et le droit à la liberté et sécurité de la personne,
ainsi que la liberté de mouvement, tels que protégés par le Pacte international des droits civils et
politiques et la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples ;
La FIDH appelle :
Respecter l’ordre constitutionnel en place et s’engager au plus vite vers un régime civil ;
Garantir en tout temps le respect des droits civils et politiques et les libertés fondamentales afin
d’avoir un espace démocratique ouvert et inclusif ;
Respecter les normes du droit international des droits humains et les normes internationales
encadrant l’utilisation de la force par les agents responsables de l’application des lois, en
particulier les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de précaution et de
responsabilité, notamment au Tchad et au Soudan ;
Cesser immédiatement la répression et les violations des droits humains commises contre les
citoyens, les défenseurs des droits humains, les journalistes, les médias et la société civile, avec
une référence particulière au Tchad et au Soudan, où un usage excessif de la force a été perpétré
à travers des attaques physiques, des attaques contre des hôpitaux, des arrestations ainsi qu'une
limitation de la liberté d'expression, du droit d'association et de manifestation;
Ouvrir des enquêtes et poursuivre les auteurs de violations graves des droits humains,
notamment celles commises dans le cadre des transitions en cours, notamment celles commises
pendant la période de transition et depuis le Coup au Soudan, mais aussi au Tchad, au Mali et au
Soudan du Sud;
Procéder à la libération sans délai et sans condition de tous les détenus d’opinion et à garantir le
droit de manifestation qui constitue un moyen d’expression pacifique dans une démocratie.
Condamner la tendance récente à la mise en scène de coups d'État militaires pour prendre le
pouvoir sur le continent subsaharien et les périodes prolongées de transitions militaires qui en
résultent au Burkina Faso, en Guinée, au Mali, au Soudan et au Tchad ;
Appeler à un retour définitif de la gouvernance constitutionnelle par le biais d'un régime civil
dans tous les États sous gouvernance transitoire ;
Veiller au respect des droits civils et politiques et les libertés fondamentales afin d’avoir un
espace démocratique ouvert et inclusif ;
41st FIDH Congress – 2022 – Paris / 41ème Congrès de la FIDH – 2022 – Paris / 41° Congreso de la FIDH – 2022 - Paris
Appeler au respect des normes du droit international des droits humains et les normes
internationales encadrant l’utilisation de la force par les agents responsables de l’application des
lois, en particulier les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de précaution et de
responsabilité, notamment au Tchad et au Soudan ;
Appeler à cesser immédiatement la répression et les violations des droits humains commises
contre les citoyens, les défenseurs des droits humains, les journalistes, les médias et la société
civile, avec une référence particulière au Tchad et au Soudan, où un usage excessif de la force a
été perpétré à travers des attaques physiques, des attaques contre des hôpitaux, des arrestations
ainsi qu'une limitation de la liberté d'expression, du droit d'association et de manifestation;
Demander d'enquêter sur et de poursuivre les auteurs de violations graves des droits humains,
notamment celles commises dans le cadre des transitions en cours au Soudan, au Tchad, au Mali
et au Soudan du Sud ;
Appeler à libérer sans délai et sans condition tous les détenus d’opinion et à garantir le droit de
manifestation qui constitue un moyen d’expression pacifique dans une démocratie ;
Soutenir la société civile, les mouvements citoyens et les acteurs de changement pacifiques
dans leurs revendications en faveur du respect des libertés fondamentales et des réformes
institutionnelles démocratiques.