Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Le Nahualisme Dans Hombres de Maíz
Le Nahualisme Dans Hombres de Maíz
Ollé Marie-Louise. Le nahualisme dans Hombres de maíz de M. Á. Asturias. In: Caravelle, n°76-77, 2001. Hommage à
Georges Baudot. pp. 593-602;
doi : https://doi.org/10.3406/carav.2001.1336
https://www.persee.fr/doc/carav_1147-6753_2001_num_76_1_1336
Abstract
ABSTRACT- The analysis of the tropic and symbolic treatment of nahualism in Hombres de Maíz tries
to bring out the relations text-reader that M.A. Asturias's writing invents. The nahualism is a probing
example of the making up of a veridiction contract internal to the text that installs the foundations for
verisimilitude's conditions. The study of the character « Correo Coyote » enables to follow the
progressive establishment of his double nature. Its parallel establishment with Goyo Yic/ « tacuatzin »
demonstrates the diegetic and symbolic importance of the nahual motif.
Resumen
RESUMEN- El análisis de los tropos y de su sentido simbólico en el tema del nahualismo en Hombres
de maíz intenta poner de manifiesto las relaciones texto- lector, instauradas por la escritura de M. Á.
Asturias. El nahualismo es un buen ejemplo de cómo el texto elabora un « contrato de veridicción »
propio que fundamenta la verosimilitud. El estudio del personaje del Correo-Coyote permite seguir la
progresiva construcción de su doble naturaleza. Su comparación con el personaje de Goyo Yic-
Tacuatzín evidencia la importancia diegética y simbólica del motivo del nahual.
C.M.H.LB. Caravelle
n° 76-77, p. 593-602, Toulouse, 2001
Le nahualisme dans
Hombres de maíz de M. A. Asturias
par
Marie-Louise OLLÉ
Université de Toulouse-Le Mirait
4 tacuatzín : terme employé en Amérique Centrale pour désigner la sarigue. Voir aussi
l'étymologie de tacuatzín de « tacuat : comilón » et « zintli : maíz », J. L. Arrióla, Pequeño
diccionario etimológico de voces guatemaltecas.
5 Toutes les citations de Hombres de maíz renverront à l'édition suivante : ALLCA XX,
madrid, 1992, col. Archivos.
596 C.M.H.LB. Caravelle
(p. 156) - ou par la voix du petit peuple des muletiers : « Para mi que es
verdad que se vuelve coyote, al salir del pueblo » (p. 161).
On progresse ainsi dans la formation de cette image double où se
confondront homme et animal et qui mène à la fusion en passant par des
comparaisons et des métaphores dont le statut d'équivalent analogique
devient plus ambigu. L'ambiguïté réside dans la lecture métaphorique ou
denotative qui peut être faite de l'équivalence correo/coyote dans certains
passages. Ainsi, lors de la rencontre avec son futur guide vers le mystère
de la « gruta luminosa », « Correo-Coyote » lui confesse sa douleur du
départ de sa femme en ces termes : « me voy de mí mismo, como
resplandor de filo de machete ». Ce à quoi le narrateur ajoute, après que
le sorcier a invité Nicho à le suivre :
Al infeliz correo se le llenaron los ojos de coyote de agradecimiento. Al
fin oía de boca de cristiano lo que ansiaba escuchar la noche que entró en
su rancho y lo encontró vacío. Aquella noche que pasó aullando, como
coyote, mientras dormía como gente, (p. 181)
Puis vient le long intermède du voyage de Hilario Sacayón, parti à la
recherche de Nicho et qui, passant par la Cumbre de María Tecún, aura
l'impression qu'un étrange coyote rôde :
¿Sería o no sería coyote? Cómo dudar que era coyote si lo vio bien. Allí
estaba la duda, en que lo vio bien y vio que no era coyote, (p. 195)
Le parcours de ce personnage, incrédule avant l'étrange vision, pris de
doute dans ce passage, et enfin rempli de la certitude que là réside un
mystère, une vérité occulte, n'est-il pas la métaphore du parcours auquel
le texte invite le lecteur :
Dueño de una verdad oculta, callaba, callaba y en sus ojos, al dormirse,
juntábase la imagen del correo desaparecido [...] con el sueño que era
una especie de coyote suave, de coyote fluido, de coyote oscuridad en
cuya sombra se perdían, en cuatro patas, los dos pies del correo...
(p. 245)
Le retour au premier plan de la diégèse de Nicho Aquino, qui va
entamer son voyage initiatique dans les entrailles de la terre, s'ouvre sur la
description, non plus de « Correo-Coyote », mais du coyote-correo. Par le
jeu permanent d'alternance des perspectives externe/interne, mais surtout
des points de vue du coyote et de l'homme, se met définitivement en
place la dualité animal/humain dans une appréhension fragmentée du
corps /coyote/. C'est une silhouette qui s'esquisse avec une attention
toute particulière portée sur la zone de la motricité - c'est un corps dans
la dynamique de sa course qui nous est présenté - et sur la zone de
l'ingestion (la voracité comme signe de l'animalité). Cette appréhension
passe par une série de comparaisons et de métaphores dont la majeure
partie repose sur des sèmes qui, de façon complémentaire, vont alimenter
le pôle animal. Ce sont les sèmes /aspérité/ ou /dureté/ que l'on retrouve
598 C.M.H.LB. Caravelle
9 II est un des animaux qui aidèrent l'homme à découvrir le maïs. Voir R. Prieto,
« Tamizar tiempos. . . », dans l'édition de référence de Hombres de maíz, p. 630.
Nahualisme chez Asturias 599
du Mystère — « los que regresan [de las cuevas subterráneas] con vida
vuelven del misterio »— et de "la part d'ombre" de son être 10 :
Los que bajan a las cuevas subterráneas [...] van al encuentro de su
nahual, su yo-animal protector que se les presenta en vivo, tal y como
ellos lo llevan en el fondo tenebroso y húmedo de su pellejo, (p. 256)
Diégétiquement et symboliquement, il est l'instrument de la
connaissance. En cela il remplit parfaitement la fonction de courrier.
Presque au terme de sa trajectoire, on trouve l'ensemble métaphorique-
clé sur deux paliers, cosmos [I] et carne [II], dont les foyers comparants
sont correo-correspondencia et tecuna-estrella fugaz :
[I] ¡Hermano del correo es el horizonte del mar cuando se pierde al
infinito para entregar la correspondencia [...] ¡Hermano del correo, los
bólidos que llevan y traen la correspondencia de las estrellas, madrinas de
las «tecunas» y «tecunas» ellas mismas, porque después de beber espacios
con andadito de nube, se van, desaparecen, se pierden como estrellas
fugaces! ¡Hermanos del correo los vientos que traen y llevan la misiva de
las estaciones! (p. 251)
[II] La carne tiene probada la bebida de emigrar, polvo con andadito de
araña, y tarde o temprano elle también emigra commo estrella fugaz,
como la esposa fugaz escapa del esqueleto en que le tocó estar fijamente
por una vida, se va, no se queda, la carne también es «tecuna»...
(p. )n
10 Pour une lecture psychanalytique du nahualisme, voir E.L. Hill, Miguel Ángel
Asturias. Lo ancestral en su obra literaria, New York, Eliseo Torres & sons, 1972, p. 136-
155.
1 1 Souligné par nous.
600 C.M.H.LB. Caravelle