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Objectifs du Module :
- Reconnaître les spécificités des différents genres narratifs ;
- Comprendre et analyser des textes narratifs ;
- Maîtriser les concepts et le fonctionnement du texte narratif ;
- Mobiliser des acquis relatifs au genre narratif pour la compréhension et
l’analyse des œuvres littéraires.
Cours :
- Les notions de la narratologie (définition) ;
- Analyse des caractéristiques du genre narratif (interroger les personnages,
le narrateur, le schéma narratif, le schéma actanciel, etc.)
Définitions :
➔ La narratologie : Science de la narration. Elle étudie les techniques et structures
narratives des récits. Elle distingue dans tout texte écrit ou oral trois niveaux
d’analyse :
1/ La narration : L’acte de raconter une histoire ou diégèse. Ce sont les
événements racontés.
2/ Le niveau spatio-temporel : dans lequel se déroulent les événements
racontés.
3/ Le récit : Le produit de l’acte narratif.
Sources et références :
Gérard Genette, Discours du récit figure III, 1972 / Nouveaux Discours du récit 1981
En résumé : Une histoire est racontée par un narrateur et le résultat est le récit.
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Les caractéristiques générales du texte narratif :
❏ Narratif suppose action et donc verbes d’action ;
{Les actions se déroulent selon un schéma narratif}
❏ Le schéma narratif :
● Situation initiale / d’équilibre,
● Élément perturbateur,
● Péripéties,
● Élément de résolution,
● Situation finale : rééquilibre différent de celui de la situation initiale.
❏ Les indicateurs de temps : expressions et adverbes de temps,…
❏ Temps du récit :
➔ Passé (prédominant) ;
➔ présent de narration ;
➔ Présent de vérité générale (morales, proverbes).
❏ Souvent écrit à la 3e personne (narrateur effacé).
❏ La voix : La question de la voix examine les statuts du narrateur. Il faut se poser alors
deux questions :
“Le niveau narratif auquel se situe le narrateur et sa relation à l’histoire.”
❏ Les niveaux narratifs : Le narrateur raconte-t-il l’histoire dans un récit cadre ou
raconte-t-il un récit par un autre narrateur ? On peut avoir deux réponses :
➔ Le narrateur est extradiégétique lorsque le narrateur assume le récit d’ensemble et
que l’acte de narration est extérieur à l’histoire.
➔ Et intradiégétique lorsqu’un personnage de l’histoire joue momentanément le rôle de
narrateur.
➔ Nous avons une troisième forme de narrateur qu’on appelle métalepse. C’est une
transgression des deux autres niveaux. C’est-à-dire qu’à un moment donné, le
narrateur va interpeller son lecteur pour le faire intervenir. (Diderot est le premier
l’ayant utilisé dans Jacques le Fataliste. C’est pour cela qu’il est le précurseur du
roman moderne.) ➜ Surtout utilisée pendant le 20ᵉ et 21ᵉ siècle.
❏ La relation à l’histoire : Le narrateur est-il présent ou pas dans l’histoire ?
➔ Homodiégétique : Il est présent dans la diégèse, c’est-à-dire présent dans l’espace
spatio-temporel du roman.
➔ Hétérodiégétique : Le narrateur est absent de la diégèse, anonyme. (Extradiégétique)
➔ Auto-diégétique : Lorsque le narrateur raconte uniquement sa propre vie. (Autobiographie)
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L’Histoire du Genre :
Le Moyen-Âge
Historiquement, le Moyen Âge s’étend de la chute de l’Empire Romain Occidental en 476 jusqu’à
la fin de l’Empire d’Orient en 1453.
On ne commence à parler de littérature française qu’à partir de 1100 parce que c’est là
qu’apparaît le roman courtois, écrit en langue française et non en latin.
Dans la culture médiévale (Moyen-Âge), le latin est la langue de l'Église, du savoir et du pouvoir.
La langue romane issue du latin parlé et du gaulois (langue d’origine française) va commencer à
apparaître. Il apparaît alors avec cette langue une culture et une littérature de fiction. On peut
dire que la littérature française médiévale naît quand les auteurs commencent à écrire des
œuvres en langue romane.
[Au départ, roman signifiait tout écrit littéraire en langue romane et était écrit en vers et non en
prose. Le roman en prose devient un genre spécifique vers le XIVe siècle]
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La Renaissance Française
Historiquement, la Renaissance Française commence au 16ᵉ siècle.
Les genres narratifs de la Renaissance :
- Les contes ;
- Le roman d’aventure, héritier du roman de chevalerie ;
- Le roman de François Rabelais (presque considéré comme un genre à part)
Les romans de Rabelais (Gargantua et Pantagruel) sont écrits en prose. Ils constituent la
consécration du roman ;
- Les recueils de nouvelles ;
- Le roman baroque (vers la fin du 16ᵉ siècle), également héritier du roman de chevalerie,
c’est un roman-fleuve pouvant être un roman héroïque ou comique.
Roman-fleuve : un roman qui n’en finit pas, qui est très long et qui comporte de nombreux
personnages. Il peut également se renouveler à chaque réécriture.
Roman héroïque : un roman racontant les exploits d’un héros.
18ᵉ siècle : Les philosophes des Lumières vont utiliser la fiction et le récit en particulier pour
inciter les lecteurs à réfléchir sur des questions sociales, politiques et religieuses. La fiction
permettait de détourner la censure. C’est là que vont apparaître de nouveaux genres tels que les
contes philosophiques et le roman épistolaire et qu’on commencera à avoir des narrateurs mais
aussi des romans intradiégétiques. Le roman commence à avoir un grand succès et c’est vers la
fin du 18ᵉ / début 19ᵉ qu’il devient un genre à part entière.
Synthèse : Au 18ᵉ siècle, il va y avoir les autobiographies, le conte et plus précisément le conte
philosophique, le roman épistolaire (composé de lettres), le roman libertin et le récit fictif à la 1ère
personne.
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L’âge d’Or du roman (19ᵉ siècle)
19ᵉ siècle : Le roman acquiert ses lettres de noblesse. Il devient un genre majeur car il s’ouvre à
un grand public et a de plus en plus de lecteurs et puisque les personnages des romans
deviennent aussi des personnages tirés du peuple et ne sont plus des nobles (des princes et des
princesses). Les lecteurs s’identifient alors à ces personnages. Et, à ce moment-là, apparaissent
de nouveaux thèmes romanesques qui s’intéressent au peuple qui sont : L’argent, l’ambition,
l’alcoolisme, la prostitution, la misère, etc. Une autre variable est le fait que pratiquement tous
les romans du 19ᵉ siècle ont été édités dans les journaux en une sorte de feuilletons (chapitre
par jour). Celui qui savait lire le lisait aux autres. Tout le monde ne pouvait pas se permettre le
roman complet. Deux grands mouvements vont marquer le 19ᵉ siècle : Le Romantisme
(Stendhal - la royauté constitutionnelle - 1830) et Le Réalisme (Balzac qui pose la société telle
qu’elle est dans ses œuvres, Flaubert - le second empire - 1857). Nous retrouvons alors des
romans romantiques au début du siècle et des romans réalistes vers la fin.
+Roman réaliste : Les auteurs sont les témoins de leur époque. (Victor Hugo, Les
Misérables : suit une esthétique romantique mais l’histoire est réaliste. Cet ouvrage est le témoin
de l’environnement immédiat de son auteur). Ce sont des romans qui s’intéressent à tous les
sujets.
+Récit naturaliste : Se construit après une enquête faite sur le terrain par l’auteur. Tout ce
qui est raconté est vrai, bien que les personnages soient fictifs. On prend comme exemple
l’auteur Zola qui vise dans son œuvre Germinal à analyser et à expliquer scientifiquement les
comportements humains selon l’influence de l’environnement. *La théorie du déterminisme
(Darwin) : L’influence de l’hérédité et des milieux sur l’être humain.
Synthèse : Le récit au 19ᵉ siècle est fortement influencé par les grands mouvements qui l’ont
traversé. On a donc les récits romantiques (1790/1850) qui vont développer des personnages
qui luttent pour une société plus juste, ce sont des personnages passionnés qui ont du mal à
s’intégrer à la réalité. Nous avons aussi des récits réalistes très souvent critiques envers le
romantisme, ils refusent de raconter des exploits extraordinaires des héros. Généralement, ils se
veulent objectifs et ces romans ont rarement une morale. En ce qui concerne le récit naturaliste,
il va approfondir l’approche réaliste. Va s’ajouter à cela l’observation et l’expérimentation (milieu
réel et personnages fictifs). À la fin du siècle, il y aura ce qu’on appelle le mouvement du
décadentisme. Ce sont de jeunes auteurs qui vont s’opposer de manière un peu philosophique
au réalisme, ils trouvent cette esthétique vulgaire et veulent revenir à plus de raffinement dans
l’écriture. Leurs œuvres prennent souvent une dimension spirituelle, voire mystique.