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La variation

phonétique
La variation phonétique

 Manifestations de la variation phonétique

Il faut reconnaitre que les individus ne parlent pas de


la même façon. Ceux qui parlent le français, les
francophones par exemple, produisent des variations
autour du noyau du français (les consonnes et les
voyelles).
Ces variations sont souvent expliquées par des
facteurs non linguistiques, citons l’origine
géographique, l’âge ou le niveau d’instruction. On
parle ainsi de variation libre. Dans d’autres cas, les
variations s’expliquent par le contexte linguistique,
par les sons qui suivent ou précèdent dans un énoncé.
Il s’agit alors de variation conditionnée.
La variation phonétique (Suite)

Variation libre
Dans une situation où il y a une différence régionale.
(1) Le bain [be ˞] le banc [b ɛ]̃
(2) Le bain [b ɛ]̃ le banc [b ɑ̃ ]

Si on prend une prononciation québécoise, la


première série(1) aurait tendance à se prononcer
selon la transcription fournie, alors qu’une
prononciation française donnerait ce qu’on trouve
dans (2).
La variation phonétique (Suite)

 Qu’est-ce qui change entre les deux ? Est-


ce systématique ?
Un autre exemple pour expliquer la variation libre.
Certains locuteurs font la distinction entre [a] et
[ɑ]. Il existe plusieurs manifestations possibles du a
postérieur, allant de [a] jusqu’à [ɔ] , on
dira pour le toit [ltwa] , [ltw ɑ] ou [ltwɔ]
entre autres selon l’interlocuteur.
La variante [ɔ] est sentie comme peu soignée, on a
tendance à l’éviter dans un lgg plus soigné. Dans
certains contextes, on remarque que les variantes
postérieures st plus fréquentes chez les hommes
que chez les femmes.
La variation phonétique (Suite)

 Variation conditionnée

Elle dépend du contexte phonétique. On remarque


une relation systématique entre ce qui précède ou
suit dans l’énoncé et la forme d’un son.
Observons ce cas tiré du québécois
1. [tsiR] [te] [t ɛt] [t a]
2. [dzir] [de] [d ɛt] [d at]
3. [t sy] [akt œR]
4. [dzy] [d ø] [fRwad œR]
5. [tut] [to] [t ɔR] [ta]
6. [dut] [do] [d ɔR]
La variation phonétique (Suite)

Dans certains contextes, on trouve [ts] ou [dz] tandis que dans


d’autres contextes on trouve [t] ou [d] .
S’agit-il d’un système spécial ?
Notons qu’on trouve [ts] et [dz] devant une voy. Antérieure
fermée, mais non pas ailleurs. C’est que la langue, en passant
de la cons.apico-dentale [t] ou [d] vers la voy. fermée, passe
par la région où se prononce une cons. Sifflante.
Cet exemple illustre un principe de base de la variation
conditionnée : les sons qui se suivent dans la chaîne parlée ont
une influence mutuelle les uns sur les autres. Autrement dit, il
faut voir la chaîne parlée non pas comme une série de blocs
autonomes, mais plutôt comme une série de moments instables
où on termine la prononciation du son précédent tout en
commençant le son suivant. L’influence d’un son sur un autre
dans la chaîne s’appelle « l’assimilation ».
La variation phonétique (Suite)

Quelques phénomènes phonétiques


Nous examinerons deux : l’assimilation et la liaison.

(1) L’assimilation
Il existe 3 sortes d’assimilation : progressive,
régressive et double. Prononçons rapidement les
exemples suivants :
1. Peuple puis exploits
2. Je savais, je te vois
3. L’école secondaire
La variation phonétique (Suite)

(a) Assimilation progressive

Dans (1), le [l] de « peuple » ,le [ɥ] de « puis » et le


[l] de « exploits » st dévoisés : les cordes vocales ne
vibrent pas.
Pourquoi ?
Car la cons. Qui précède dans la chaîne parlée est
déjà non voisée et l’absence de voisement persiste
dans le son qui suit. Une telle assimilation où un son
influence le son suivant est dite « progressive »
La variation phonétique (Suite)

(b) Assimilation régressive


Dans (2), dans une prononciation rapide, le pronom
personnel au début se prononce non pas comme [ʒ]
mais comme [ʃ]. On dit [ʃsavɛ] plutôt que [ʒsavɛ].
En fait, la cons. Non voisée qui suit le pronom, au
moment de prononcer le « je » on participe déjà à
l’absence de vibration des cordes vocales dans cette
cons. Résultat : le dévoisement de la cons. du « je ».
On parle alors d’assimilation « régressive ».
La variation phonétique (Suite)

(c) Assimilation double

Dans (3), il y a une cons. Située entre deux voy. au


milieu du mot « secondaire ». Les cordes vocales
continuent de vibrer à la suite de la 1ère voy., tandis
qu’en même temps , on anticipe le voisement de la
voy. suivante.
Le résultat est une cons.qui se prononce comme [g]
(forme voisée). Nous parlons alors
d’assimilation « double ».
2)L’enchainement
On remarque souvent que la cons. finale
prononcée d’un mot s’enchaîne à la voy.
initiale du mot suivant et ce à l’intérieur
d’un gp rythmique.
 Observons les exemples suivants :
 (1) Une petite armoire
 [yn/pə/ti/tar/mwar/]
 (2)Une grande habileté
 [yn/gRɑ̃/da/bil/te /]
 Nous devons évoquer un processus qui
marque la chaîne parlée : il s’agit de l’élision
(graphique) .Les voy. « e » muet, « a » ouvert et
éventuellement le « i » ne sont pas prononcées
quand elles se trouvent en final de mots et que le
mot suivant commence par une voy. ou un « h »
muet: l’homme , l’école, s’il
 NB: Il existe un autre type d’élision: élision non
graphique , expl/ petite armoire ( le « e » de
petite n’est pas prononcé
2)L’enchainement (suite)

 La cons. qui précède la voy. élidée formera une


syllabe avec la voy. initiale du mot qui suit :
(1) Grand(e)affaire [gRɑ̃/da/fɛR]
(2) Bonn(e) huile [bɔ/nɥil]
Dans ces exemples, l’élision n’est pas marquée par la
graphie, mais dans :
(3) J’aime , l’air ,l’enfant
L’élision est marquée par l’apostrophe, un signe
graphique /’/
Il faut donc distinguer l'élision non graphique ((1) et
(2) et l’élision graphique (3).
3) La liaison:

 C’est l’apparition d’une consonne finale non


prononcée dans la première syllabe du mot
suivant. Il y a des liaisons avec [z , t ,n ,p ,R ,g
(plus rarement)].
 (1) Les ailes [lezɛl]
 (2) Un grand homme [ ɛg̃ rɑ̃ tɔm ]
 (3) Vous avez beaucoup à faire
[vu/za/ve/bo/ku/pa/fɛR]
 (4) Un léger accident [̃œ̃leʒeRaksidɑ̃]
 (5) Un long hiver [œ̃ lɔ̃givɛ R]
Trois types de liaison:

La liaison obligatoire :
Elle opère après :
 -Les déterminants ( les , aux, ces, quelques,
quels, deux, tout….)
 -Les prépositions (en, chez, …)
 -Les pronoms personnels (nous, on, ….)
 -Les vb suivis d’un pronom personnel sujet s’il y a
inversion du sujet ( sont-ils.. … ?),
La liaison interdite

La liaison interdite :
Elle est interdite dans les cas suivants :
- Après le substantif : la maison *est grande
- Entre le nom et l’adjectif quand il est placé après le
nom : une maison *immense
- Après les interrogatifs (quand, combien, comment) :
quand *êtes-vous partis ?mais : comment-allez-vous ? il
s’agit d’une expression figée.
- Dans une interrogation lorsque le sujet pronom
personnel est inversé : êtes-vous arrivés à l’heure ?
- Après la conjonction de coordination « et » : et *en
plus…
-
Liaison interdite (suite)

Après la finale « r » suivie d’une cons.muette : mort


*au combat [mɔ r okɔ̃ b a] enchainement
- Après la cons. finale muette d’un nom au sing. :
coup* audacieux
- Après la marque « s » intérieure du plur.des mots
composés : les arcs –*en ciel [l e z a r k ɑ̃ s j ɛ l]
- Après la désinence –es de la 2ème pers.du sing.
De l’indicatif et du subj.prést. : tu aimes *à jouer
- Devant des mots isolés, noms de nombres et
autres noms divers : nous sommes onze , des yaourts.
La liaison facultative

 Plus la prononciation se veut soutenue, plus il y a de liaisons. Elle se


fait en situation de conférence, d’exposé, lorsqu’on récite un poème :
 Les enfants innocents
 Je suis allé Je vais à Paris
 Pendant un an Toujours utiles
 Il n’est pas arrivé Il n’est pas encore là
 Toujours utiles : liaison : [t u /ʒ u r/ z y /t i l]
 Enchainement: [t u /ʒ u /r y /t i l]
La syllabe

 Les sons s’alignent dans la chaîne parlée du


discours. Nous remarquons des suites de sons qui
se structurent à plusieurs niveaux plus complexes.
Le niveau qui nous intéresse est celui de la «
syllabe ».
 Qu’est-ce qu’une syllabe ?
 Elle se définit par :
 -Une force articulatoire supérieure dans son noyau
 -Un mécanisme (baisse de la force articulatoire,
coup de glotte) à ses frontières.
Prononciation des exemples
suivants

(1) [a] la voy. a


(2) [a :] un a qu’on continue à prononcer
(3) [a a a a a] une série de a séparés les uns des
autres.
Dans (3), on utilise un mécanisme pour séparer les syllabes.
Ce sera une baisse de la force articulatoire chez un
francophone et une fermeture des cordes vocales ou coup
de glotte (semblable au son produit en anglais par la suite
« a apple » chez un anglophone.
Caractéristiques de la syllabe
en Français

 En français, une syllabe a toujours comme noyau


une seule voy. : une voy.=une syll. Cependant,
autour de cette voy., nous pouvons trouver une ou
plusieurs cons. et une ou plusieurs semi voy.
 Examinons les cas suivants :

 (1) [oẽ- bɔ̃- bu] v- cv- cv


 (2) [oẽ- fak- toeR] v- cvc- cvc
 (3) [ɑ̃- ka- tRi-ɛm- ljø ] v- cv- ccv- vc-csv
La syllabe et le découpage
syllabique
 Nous remarquons qu’il y a plusieurs syll. , que
nous pouvons représenter par les symboles
c(cons.), v ( voy.) et s ( semi cons). Il y a des syll.
de type v ([oẽ] ), de type cv ( [ bu] ), de type vc
( [ɛm ]) , de type cvc ([ fak]), de type csv ( [ ljø ]
) ,et ainsi de suite . Ce sont là des structures de
bases qui constituent une chaîne sonore en FR. Là
où il y a des syll. , il y a aussi des frontières syll.,
c.à.d des points de contact entre une syll. et une
autre.
La syllabe et le découpage
syllabique (suite)
 En d’autres termes , dans la chaîne parlée , il faut
savoir où couper. Or , il est possible de postuler un
certain nb de règles de base pour le découpage en
syll., en voici quelques une :
 -entre deux voy. en contact ([u/ɛl/va ] ) « où elle
va »
 - avant une cons. précédée par une voy. [a / le ] «
aller », à moins que la cons. soit suivie par une
autre cons.autre que [l ] ou [R ] [is/twar ] «
histoire ».En principe, les locuteurs d’une lg
possèdent de façon intuitive les règles de base qui
permettent de découper une chaîne en syll.
Exercices

 1) Transcrire le texte et faire le découpage syllabique


 « Faire le poème de la conscience humaine, ne fût-ce qu’à propos
d’un seul homme, ne fût-ce qu’à propos du plus infime des
hommes, ce serait fondre toutes les épopées dans une épopée
supérieure et définitive. La conscience, c’est le chaos des
chimères, des convoitises et des tentatives, la fournaise des rêves,
l’antre des idées dont on a honte ; c’est le pandémonium des
sophismes, c’est le champ de bataille des passions. À de certaines
heures, pénétrez à travers la face livide d’un être humain qui
réfléchit, et regardez derrière, regardez dans cette âme, regardez
dans cette obscurité. Il y a là, sous le silence extérieur, des
combats de géants comme dans Homère, des mêlées de dragons et
d’hydres et des nuées de fantômes comme dans Milton, des spirales
visionnaires comme chez Dante. Chose sombre que cet infini que
tout homme porte en soi et auquel il mesure avec désespoir les
volontés de son cerveau et les actions de sa vie ! »
 2) Relever les cas de liaison , d’enchainement et d’assimilation.
Consignes

 1) Transcrire et faire le découpage syllabique


 2) 2) Relever du texte transcrit :
 - Les voyelles nasales et les voyelles rondes
 - Trois consonnes sonores et leurs correspondantes
sourdes
 - Deux consonnes bilabiales, deux consonnes apico-
dentales, une latérale et les semi voyelles
 - Deux cas d’enchainement et deux cas de liaison.
Merci pour votre attention

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