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Chapitre II :
Infractions de DPA relevant
Du code pénal
Section 1 :
Les infractions contre les biens
Quatre infractions contre les biens peuvent intéresser le DPA, il s’agit des
infractions classiques : du vol, de l’escroquerie, de l’abus de confiance, du recel.
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« Quiconque soustrait frauduleusement une chose appartenant à autrui est
coupable de vol et puni de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende
de plus de 1 200 dirhams »
L’art 505 qui contient les éléments constitutifs de l’infraction du vol détermine
les peines rattachées au vol en tant qu’infraction simple. Selon cet article le vol
simple est considéré comme un délit correctionnel.
L’infraction du vol va changer de statut dans l’art 506 et devenir un délit de
police lorsqu’il s’agira d’un larcin, consistant dans le vol de choses d’une faible
valeur. Il est à observer que l’appréciation d’une chose comme étant de faible
valeur est une question de fait qui relève du pouvoir discrétionnaire du juge du
fond. Cette appréciation est tout à fait relative par rapport au temps et à
l’espace.
En présence des circonstances aggravantes, l’infraction du vol va changer
carrément de catégorie, pour devenir vol qualifié crime. Ainsi en présence des
circonstances mentionnées aux articles 507 à 510, on n’est plus en face d’un
délit mais on se trouve face à un crime avec tout ce qui s’en suit comme
conséquences pénales, notamment la peine de réclusion criminelle.
Ainsi, la circonstance aggravante de vol avec port d’armes prévue par l’art 507
entraine en principe la réclusion perpétuelle (peine plus théorique que
pratique). Les circonstances aggravantes de l’art 508 entraine en principe une
réclusion criminelle de 20 à 30 ans. L’art 509 exige deux circonstances
aggravantes dans la série qu’il prévoit, ce qui devrait entrainer une
condamnation à la réclusion criminelle de 10 à 20 ans. Par contre l’art 510 se
contente d’une seule circonstance aggravante et prévoit une réclusion
criminelle de 5 à 10 ans.
A propos du régime répressif, le deuxième alinéa de l’art 539 considère que la
tentative des délits de vol sont punissables au même titre que l’infraction
consommée.
Quant aux articles 534 à 536 ils déterminent les personnes bénéficiaires de
l’immunité familiale et les conditions prévues pour certaines catégories, ainsi
que les personnes exclues légalement du bénéfice de l’immunité familiale.
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B- Infractions concernant le DPA
Il faut tout d’abord citer l’incrimination spéciale de l’art 521 relative à la
soustraction frauduleuse de l’énergie électrique ou toute autre énergie ayant
une valeur économique, considérée comme délit de police. Il va falloir ensuite
retenir l’incrimination spéciale du vol d’usage d’un véhicule motorisé à l’insu de
l’ayant droit prévue par l’art 522.
L’art 523 dans son alinéa 2 intéresse tout particulièrement le champ du DPA. Si
l’alinéa premier incrimine la disposition frauduleuse par l’héritier de l’hérédité
avant le partage, l’alinéa 2 vise directement le copropriétaire ou l’associé qui
dispose frauduleusement de choses communes ou du fonds social. Cet alinéa
concerne le droit pénal des sociétés, elle peut être appliqué à l’associé gérant
qui détourne les biens sociaux. Mais cette disposition soulève des questions par
rapport à l’existence d’incriminations spécifiques au droit des sociétés, et peut
poser un problème de concours idéal d’infractions.
Sur le registre des infractions concernant le DPA il faut réserver une place aux
différentes filouteries de boissons, d’aliments, de chambres d’hôtel, ou de
transport, qui sont incriminées aux articles 532 et 533. Ces infractions dont les
entreprises sont souvent victimes sont constitutifs de simples délits de police.
A- Le régime répressif
Pour cette infraction l’art 540, al 1 a toujours été l’article pilote qui détermine
ses éléments constitutifs spécifiques. Ces éléments constitutifs sont au nombre
de quatre à savoir : - des affirmations fallacieuses – la remise d’une chose ayant
une valeur pécuniaire – l’intention coupable – le préjudice.
L’escroquerie dans sa version simple, prévue par l’alinéa premier de l’art 540,
est constitutive d’un délit correctionnel puni de 1 à 5 ans d’emprisonnement et
d’une amende de 1 200 à 5 000 dirhams.
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Mais dans l’alinéa 2 de cet article, par l’effet de la circonstance aggravante
l’infraction va changer de catégorie, de même en ce qui concerne la sanction.
Cet alinéa précise :
« La peine d’emprisonnement est porté au double et le maximum de l’amende
à 100 000 dirhams, si le coupable est une personne ayant fait appel au public
en vue de l’émission d’actions, obligations, bons, parts ou titres quelconques,
soit d’une entreprise commerciale ou industrielle »
Il est évident que cette circonstance aggravante de l’appel public à l’épargne
tout pleinement le domaine du droit des affaires, il s’agit donc de protéger les
épargnants des manœuvres des escrocs.
Il faut souligner que, le bénéfice de l’immunité familiale est étendu par l’art
541 à l’infraction d’escroquerie, et que la tentative est punissable en vertu de
l’art 546 du CP.
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A- Le régime répressif
L’abus de confiance est traité dans l’art 547 du CP qui en fait, dans sa version
simple, un délit correctionnel punissable d’un emprisonnement de 6 mois à 3
ans et d’une amende de plus de 1 200 à 2 000 dirhams.
L’infraction d’abus de confiance repose sur quatre éléments constitutifs. On
trouve en premier lieu, la remise de la chose à titre de confiance dans le cadre
d’une relation contractuelle. L’ancien CP français citait six contrats pouvant
donner lieu à une infraction d’abus de confiance, et qui sont respectivement les
contrats : - de louage – de prêt à usage – de dépôt – de mandat – de
nantissement – de travail.
Le deuxième élément constitutif étant le détournement ou la dissipation par
l’abuseur de confiance de la chose remise par la victime. A cet élément il faut
rajouter deux autres, à savoir l’intention coupable et le préjudice.
Par rapport à ce dernier élément, l’alinéa 2 de l’art 547 procède à une
déclassification de l’infraction en délit de police, lorsque le préjudice subi est de
faible valeur, et ce sous réserve des causes d’aggravation concernant cette
infraction.
Dans les causes d’’aggravation, on peut distinguer celles qui sont subjectives et
qui sont citées dans l’art 549 et celles qui sont objectives et qui relèvent de l’art
550 du CP.
L’art 549 fait passer la peine d’emprisonnement à 5 ans et l’amende à 5 000
dirhams lorsque l’infraction est commise par certaines personnes es-qualité,
parmi ces personnes on peut citer le salarié ou le préposé qui commet l’abus
de confiance au préjudice de son employeur ou de son commettant. Cette
circonstance aggravante touche donc le monde de l’entreprise. Mais un
problème existe au niveau de la version arabe de cet article, qui en plus de la
qualité de salarié ou de préposé parle de mandataire ayant commis l’abus de
confiance au préjudice de son mandant. Situation qui concerne indirectement
le droit des sociétés. Ce qui crée une certaine discordance entre les deux
versions et remet en cause d’une certaine manière le principe de légalité
criminelle.
Quant à l’art 550, il fait basculer l’abus de confiance dans la catégorie crime en
faisant passer la peine privative de liberté à 6 ans et l’amende à 100 000
dirhams, lorsque l’abus de confiance est commis par une personne qui a
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recours à l’appel public à l’épargne afin d’obtenir, soit pour son propre compte,
soit comme directeur, administrateur ou agent d’une société ou d’une
entreprise commerciale ou industrielle, la remise de fonds ou valeurs à titre
de dépôt, de mandat ou de nantissement. Il va sans dire que cette circonstance
touche de plein fouet le monde des affaires.
Il faut enfin noter que l’art 548 étend le régime de l’immunité familiale à l’abus
de confiance commis dans le cadre du seul art 547.
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Le recel des choses constitue toujours une infraction de conséquence qui est
punie en soi, qui vise à dissimuler ou à écouler le produit provenant de
l’infraction préalable.
Cette infraction préalable peut être soit une infraction du vol, ou d’escroquerie
ou encore d’abus de confiance. Il peut s’agir bien de ces infractions en tant que
délits ou en tant que crimes.
La jurisprudence, aussi bien française que marocaine, avait toujours retenu
l’incompatibilité entre la qualité d’auteur d’une infraction préalable et la
qualité de receleur.
L’intention coupable est exigée pour retenir l’infraction de recel des choses, il
faut démontrer que le receleur a agi en connaissance de cause.
Au niveau des peines, le receleur est en principe puni des peines applicables à
l’auteur de l’infraction préalable. Le régime de l’immunité familiale est étendu
au receleur lorsqu’il rentre dans les cas de figure de des articles 534 et 535 (art
574).