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Filiales et participations (Fait par : Falah Hasnaa – M’Passi Maria )

Introduction :
L’avènement de la mondialisation a entraîné une forte concurrence, caractéristique de
l’économie capitalistique moderne, qui requiert des moyens financiers, techniques et humains
de plus en plus importants, qu’une entreprise isolée ne parvient pas toujours à rassembler.
Comme nous le savons, l’objectif que poursuit tout dirigeant d’entreprise est en général le
développement de son entreprise. Alors, lorsque ses activités évoluent comme prévu,
l’entrepreneur peut ressentir le besoin d’étendre son réseau, de s’installer dans d’autres villes,
d’autres régions, ou d’autres pays, en vue de conquérir des marchés plus grands. Dans ces cas,
la création d'une filiale est la solution la plus adaptée à ce genre d'expansion.
Ainsi, les entreprises, peu importe leur taille, rassemblent leurs ressources afin d’accroître
leurs parts de marché, ce n’est pas juste le souci de se maintenir sur le marché qui prévaut,
mais aussi, celui d’évoluer et de se développer sur ce dernier
Lorsqu'on crée une société, il faut injecter au départ un capital important. Parfois le créateur
de celle-ci ne possède pas ce capital, il lui faut donc faire appel à des investisseurs qui
prendront une participation au capital de la société.
Les entreprises peuvent entretenir des liens financiers par la constitution de filiales et de sous
filiales et par de prises de participation simples ou croisées en vue de constituer des groupes
de sociétés . Pour faire face à l'ouverture des marchés et à la forte concurrence qui en résulte,
les entreprises sont à la recherche de la taille critique pour suivre ou pour se développer. Les
pouvoirs publics encouragent la constitution de champions nationaux pour pénétrer des
marchés étrangers, notamment dans le cadre de la politique africaine du Maroc .
La loi 17-95 a , pour la première fois , donné une définition légale des filiales et participations.
Cette définition qui figure à l'article 143 est donnée pour préciser les éléments d'information
qui doivent être contenues dans le rapport de gestion du conseil d'administration ou du
directoire et qui figurent à l'article 142 , en particulier lorsque la société possède ou acquis au
cours de l'exercice de référence des filiales ou des participations.
Ce qui explique d’ une part, pourquoi cette définition se trouve au titre 5 sur l'information
des actionnaires et d'autre part , pourquoi l'article 143 définit les filiales et participations en
se référant expressément à l'article 142 . Les deux articles sont liés, l'article 143 explique le
contenu de l'article 142 sur les mentions obligatoires devant être contenues dans le rapport
de gestion .
Au sens de l'article 142 , on entend par :

- filiale , une société dans laquelle une autre société , dite mère , possède plus de la moitié du
capital ( en droit commercial une société filiale est une entreprise dont 50% du capital a été
formé par des apports réalisés par une autre société dite société mère qui en assure

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généralement la direction, l'administration et le contrôle par l'intermédiaire d'une ou de
plusieurs personnes, administrateurs ou gérants qu'elle a désignés ) ,

- participation , la détention dans une société par une autre société d'une fraction de capital
comprise entre 10 et 50 % .

Cette définition appelle les observations suivantes :


- l'appellation de < société mère > est réservée par la loi aux sociétés qui ont des filiales à plus
de 50% de capital. Lorsqu'une société ne détient que des participations, elle doit être
considérée juridiquement comme une société holding , même si cette notion de holding n'est
pas définie par le droit des sociétés. Dans le langage commun , on ne fait pas de différence
entre les deux appellations,
- les définitions données par l'article 143 se déclinent plus en termes économiques qu'en
termes juridiques . En effet , le pouvoir au sein d'une société se mesure en droits de vote et
non en pourcentage du capital . Dans la pratique , l'importance des droits de vote résulte
mathématiquement de la détention du capital selon la règle : une action égale une voix . Mais
il peut y avoir un décalage entre les deux lorsqu'il est créé des actions à vote double , des
actions à dividende prioritaire sans droit de vote ou des certificats d'investissement, de sorte
qu'on peut-être majoritaire en capital et minoritaire en droits de vote et inversement. Le
contrôle financier quantitatif ne correspond pas nécessairement au contrôle effectif qui se
décline et se mesure en droits de vote ,
- la participation se distingue du simple placement financier dans la mesure où elle s'inscrit
dans une certaine durée et peut-être un instrument de contrôle.
À ce niveau, il faut faire la distinction entre le contrôle et la participation, qui sont d’ailleurs,
tous les deux, des notions propres aux groupes de sociétés, ces derniers sont par définition
constitués par des sociétés distinctes sinon indépendantes, on parle des filiales ou
participations, et dans un même assemblage, se trouve représentée une société mère qui
détient des filiales ou des participations.
Une participation désigne la détention en nom propre (directe) d'actions ou de parts sociales
d'une autre société.
Lorsque la part des droits de vote associés à ces actions dépasse 50 %, on parle de contrôle
direct sur la participation. Lorsque les droits détenus directement sont insuffisants pour
assurer le contrôle, mais qu'additionnés avec ceux d'entreprises contrôlées, ils permettent la
prise de contrôle effective, on parle de contrôle indirect.
Au sein de la participation, la société chef de file exerce une influence passive puisque le
nombre de titres détenus est inférieur à la minorité de blocage.
Il faut rappeler que le pourcentage de capital détenu ne correspond pas toujours au
pourcentage des droits de vote, en raison des décalages éventuels entre les deux
pourcentages. La participation a une nature essentiellement financière, elle est définie par le
pourcentage de capital qu’on détient, alors que le contrôle est par nature plutôt stratégique,

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qui, suivant son amplitude peut être exclusif ou conjoint. La participation exprime l’avoir alors
que le contrôle exprime le pouvoir.
En effet on parle de « participation » lorsqu’une société détient dans une autre société une
fraction du capital, supposant la volonté de créer des liens durables avec la société dont les
parts ou actions sont souscrites ou achetées, et d’exercer sur cette société une certaine
influence dans le but d’en retirer un avantage. La prise de participation permet de bénéficier
d’une structure immédiatement opérationnelle sur le marché étranger, mais nécessite en
amont d’effectuer un audit de la structure dans laquelle elle doit avoir lieu.

Dans le modèle holding-filiale, on retrouve souvent (mais pas exclusivement !) le schéma


suivant : la société mère possède plusieurs filiales et participations sur lesquelles elle exerce
une influence (si ce n’est un contrôle) générale. Concernant les plus petites structures,
notamment les “start-ups”, il arrive souvent que les participations soient réalisées par des
personnes physiques (ce sont les fameux “business angels”).

En tout état de cause, si un entrepreneur décide la prise de participation dans une société ceci
peut présenter plusieurs avantages. Outre l’apport en capital qui représente des fonds
supplémentaires pour développer l’ activité, et le bénéfice de l’expérience et du réseau
professionnel de l’ investisseur et d’un meilleur accès au crédit.

Pour mieux différencier la filiale de la participation, prenons un exemple concret.

Admettons que le capital d’une société X soit réparti de la manière suivante : 65% des parts
sont détenues par la société A, 20% par la société B et 15% par une personne physique C. Ici :

• Seule la société A est la mère de la société X et, inversement, la société X n’est la filiale
que de la société A.
• La société B et la personne physique C ont pris une participation dans le capital de
la société X.

Alors que la filiale est toujours créée dans une structure mère-fille, ce n’est pas forcément le
cas pour la participation.

À ce niveau, il convient de faire la distinction entre la filiale et la succursale sur plusieurs


niveaux :

L’autonomie : La principale différence entre une filiale et une succursale concerne leur
autonomie. Contrairement à la succursale, la filiale dispose de la personnalité juridique dont
découle de nombreux effets sur le plan juridique et sur le plan fiscal.

En effet, la filiale est une véritable personne morale. Le seul lien qu’elle entretient avec la
société mère repose sur la détention de son capital (puisqu’elle est détenue à plus de 50% par

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la société mère). De son côté, la succursale constitue simplement une extension de la société
dont elle dépend. La succursale est juridiquement une émanation de la personnalité morale
de sa société mère. De ce fait, elle peut exécuter des contrats contractés par la société mère
et répondre de ces obligations. Ainsi, un marché par exemple gagné par une multinationale à
son nom, peut être exécuté par sa succursale qui est considérée juridiquement comme la
même entité.

Ainsi, la filiale dispose d’un patrimoine qui lui est propre. Cela correspond à l’actif (biens
qu’elle possède, créances clients, stocks…) et du passif (capital social, réserves, dettes…). Le
patrimoine de la succursale est quant à lui intégré à celui de sa société , donc la succursale ne
possède ainsi ni capital social, ni patrimoine, ni associés, ni activité propre.

La création d’une succursale est décidée par le dirigeant de la société dont elle dépend. Tandis
que la création d’une filiale est décidée entre autre par les associés ou actionnaires de la
société mère.

Le choix de l’activité exercée : S’agissant de l’activité, la filiale a la possibilité d’exercer


l’activité de son choix, celle qu’elle a déterminé dans l’objet social de ses statuts. Tel n’est pas
le cas de la succursale puisqu’elle est limitée à réaliser la même activité que la société dont
elle dépend.

La représentation légale : Concernant justement la représentation, il s’agit là, d’une


particularité de la succursale. En effet, en l’absence d’existence propre, la succursale agit au
nom de sa société. À l’inverse, la filiale est parfaitement autonome et peut agir en son propre
nom.

La conséquence juridique qui en résulte porte sur la question de la responsabilité. À l’égard


des tiers, la filiale est pleinement responsable de ses actes, tandis que la responsabilité de la
succursale est assumée par la société qu’elle représente.

La fiscalité : Sur le plan fiscal, la succursale est rattachée à sa société. Ainsi, elle n’est pas
soumise à la TVA et ses bénéfices sont associés à ceux de ladite société.

Après la comparaison entre filiale et succursale , il est préférable aussi de la comparaître avec
la franchise , parce que ces termes sont sujets de confusions.

Une franchise est une entreprise indépendante, liée par contrat à une société-mère. Un point
de vente franchisé, est une entreprise indépendante qui entretient avec une enseigne de
franchise une relation contractuelle, sans que l’enseigne ne détienne de parts sociales de
l’unité franchisée.

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La transmission d’un savoir-faire : La transmission d’un savoir-faire est l’un des trois piliers de
la franchise. Le franchisé reçoit, contre une redevance, l’utilisation d’une marque et d’un
savoir-faire avec une assistance de la part du franchiseur et de son réseau. Cette transmission
est une obligation légale.

Dans le cas de la filiale, l’enseigne a intérêt à transmettre son savoir-faire au gérant mais cette
transmission n’est pas inscrite dans un cadre légal. Par ailleurs, le gérant de la filiale peut avoir
un rôle exclusivement de gestionnaire et de manager et la dimension technique confiée à un
autre collaborateur de la structure.

L’assistance envers le franchisé : L’assistance au franchisé est obligatoire en franchise et


facultative pour la filiale. Pour autant, les enseignes ont également intérêt à assurer une
assistance à leurs filiales pour en garantir la pérennité.

La propriété des biens : Dans les deux cas, les biens sont la propriété de la structure
indépendante. Franchisé et gérant-salarié d’une filiale achètent, gèrent et distribuent leur
stock. La différence tient au fait que le franchisé ne rend de compte à personne tandis que le
gérant-salarié d’une filiale doit rendre compte de sa gestion à la société-mère.

Chiffre d’affaires et redevance : Le franchisé étant un commerçant indépendant, il génère un


chiffre d’affaires par son activité. Ce chiffre d’affaires lui permet de couvrir ses frais de
structure, de payer à l’enseigne les redevances périodiques qui lui sont dues, par contrat, puis
de se verser une rémunération.

Dans une filiale, le gérant-salarié génère un chiffre d’affaires par son activité et ce chiffre
d’affaires permet de couvrir les frais de structures y compris sa rémunération, basée sur une
part fixe et une part variable. En revanche :

• La filiale ne verse pas de redevances


• Le gérant-salarié doit rendre des comptes sur sa gestion et ses résultats
• C’est l’actionnaire majoritaire de la filiale, donc la société-mère, qui décide de
l’utilisation du bénéfice de la structure.

Quelques exemples de premières filiales créées au Maroc :

○ L’histoire de Wafabank commence à Tanger où, en 1904, la Compagnie française de crédit


et de banque crée, à travers sa filiale algérienne, la CACB (Compagnie algérienne de crédit et
de banque).
En 1964, la CACB est marocanisée et devient ainsi la CMCB (Compagnie marocaine de crédit
et de banque).
En 2003, la BCM prend le contrôle de WafaBank en faisant d'OGM, qui possède 70,4 % de
Wafa Assurance, le propriétaire de 19,71 % du capital de Wafabank. OGM possède en

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parallèle également 15,54 % de Wafa Bank. Cette opération représente donc pour BCM une
prise de capital de 35,25 % et le double de ce nombre en droit de vote.
En 2004, à la suite de la fusion entre BCM et Wafabank, le groupe adopte une nouvelle identité
et dénomination sous le nom « Attijariwafa bank ».
En 2010, le groupe bancaire crée Dar Assafaa, filiale marocaine et première banque de finance
islamique du Maroc.

○ Création de la Société des Ciments d’Agadir (SCA), filiale à 100 % de la Société Ciments
Français en 1951 . En 1969 , elle a été introduite à la bourse des valeurs de Casablanca de la
Société des Ciments d'Agadir puis quatre ans plus tard, ouverture du capital de la société aux
actionnaires marocains. La part de Ciments Français passe alors à 37%. En 1989 , la création
de deux filiales dans les matériaux de construction : Bétomar pour le béton prêt à l'emploi
(BPE) et Sagram pour les granulats. Ces deux sociétés fusionneront 10 ans plus tard sous le
seul nom de Bétomar.

Afin de poursuivre dans la même piste d’idées, il convient de répondre à la problématique


Comment la filialisation et la participation peuvent aboutir à
suivante :
une prise de contrôle au sein des concentrations économiques ?

Plan :
1) Filiales et participations en tant que techniques de
prise de contrôle
A- Atouts et écueils de la filialisation et de la prise
de participation
B- Modalités de la constitution d’une filiale et de
la prise d’une participation
2) La mise en œuvre des filiales et des participations
A- Le régime juridique des filiales et des
participations
B- La relation de la société mère avec sa filiale

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1) Filiales et participations en tant que techniques de
prise de contrôle

A- Atouts et écueils de la filialisation et de la prise de participation


La filialisation est une technique sociétaire éprouvée qui séduit régulièrement les entreprises
qui souhaitent structurer leur croissance. L’opération doit néanmoins être menée avec rigueur
et vigilance afin d’éviter tout grief d’abus.

• Avantages de la filialisation :
L’intérêt de la constitution de filiales réside précisément dans cette autonomie de gestion et
dans l’indépendance que la société et la personnalité morale confèrent. La filialisation est un
instrument puissant de rationalisation de l’entreprise en ce qu’elle permet d’organiser et donc
de déléguer le pouvoir.
Dans ce sens, on opte pour des intérêts stratégiques. En effet, la création de filiales permet
de structurer un groupe, c’est-à-dire de gérer la croissance d’une entreprise et le
développement de ses activités. Une telle démarche assure une certaine sectorisation des
activités exercées. Autrement dit, elle consiste à affecter à chaque filiale une activité bien
précise.
Filialiser permet de faire de chaque branche d’activité un centre de profit économiquement
autonome. L’activité commerciale de la société est placée dans une autre société constituée
pour la circonstance. Cette dernière société est dite « opérationnelle ». Les résultats de la
branche filialisée sont ainsi aisément et nettement mesurables. Individualisée au sein d’une
société fille, la branche d’activité peut alors être cédée à des acquéreurs intéressés par ce seul
champ d’activité de l’entreprise. Par exemple, la restructuration de Google autour d’Alphabet
permettra au groupe de céder le contrôle dans les filiales abritant les activités les plus
expérimentales.
La filialisation permet encore de rassurer les investisseurs en isolant une branche d’activité,
endiguée par la personnalité morale. Les établissements de crédit peuvent être réticents à
octroyer des prêts à une société qui mène une collection d’activités dont la rentabilité n’est
pas uniforme. Filialiser permet d’isoler les activités financièrement malades des branches qui
dégagent du cash.
Sur le plan fiscal : La législation fiscale marocaine n’a pas mis en œuvre le régime de
l’intégration fiscale à l’instar du droit français permettant de soumettre à l’impôt sur les
sociétés un résultat consolidé obtenu en faisant la somme algébrique des résultats des filiales
formant le groupe. Toutefois, une tentative d’institution d’un régime d'incitation fiscale aux
opérations de restructuration des groupes de sociétés a été introduite par la loi de finance

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2017, en instituant le principe du régime de la neutralité fiscale des opérations de transfert
des biens d’investissement entre les membres d’un groupe de sociétés.
En fait, l’article 161 bis-I du Code Général des Impôts (CGI) prévoit que les opérations de
transfert de biens d’investissement peuvent être réalisées entre les sociétés soumises à l’IS
sans incidence sur leur résultat fiscal, si lesdites opérations sont effectuées entre les membres
d’un groupe de sociétés éligibles. Le bénéfice de la neutralité fiscale est subordonné à un
certain nombre de conditions :
- la société-mère qui détient d’une manière continue directement ou indirectement 80%
au moins du capital social des filiales membres du groupe doivent être soumises à l’IS au
Maroc, y compris celles exonérées en partie ou en totalité dudit impôt ;
- les biens d’investissement, objet du transfert, doivent être inscrits à l’actif immobilisé
des sociétés effectuant l’opération de transfert ;
- les biens d’investissement précités ne doivent pas être cédés à une société ne faisant
pas partie du groupe ;
- les biens d’investissement précités ne doivent pas être retirés de l’actif immobilisé des
sociétés bénéficiaires du transfert desdits biens ;
- les sociétés concernées par les opérations de transfert ne doivent pas quitter le
périmètre du groupe.
De même, la loi fiscale marocaine n’a pas mis en œuvre à proprement dit le régime de mère
fille exonérant les dividendes distribués entre les filiales et leur mère afin que ces distributions
ne soient pas doublement imposées à l’impôt sur les sociétés.
Toutefois, l’article 6-C du CGI exonère de la retenue à la source les dividendes et autres
produits de participation similaires versés par des sociétés soumises ou exonérées de l’impôt
sur les sociétés à des sociétés ayant leur siège social au Maroc et soumises audit impôt, à
condition qu’elles fournissent à la société distributrice ou à l’établissement bancaire délégué
une attestation de propriété de titres comportant le numéro de leur identification à l’impôt
sur les sociétés.
Par ailleurs, ces produits sont compris dans les produits financiers de la société bénéficiaire
avec un abattement de 100%.
La filialisation peut également apporter des avantages de contrôle de gestion et de
motivations des troupes. En effet, Filialiser des divisions permet d'abord souvent de mieux
mettre en valeur les résultats réels d'une branche autrement noyés dans la masse des
résultats de la mère, et donc de mieux responsabiliser et intéresser, le cas échéant, les
dirigeants de cette division (participation au capital, stock option... qui seront tôt ou tard
rachetés par la mère à moins que la nouvelle société soit mise en bourse)
Ensuite le capital de ces nouvelles filiales peut être ouvert à des tiers. C'est donc un moyen de
financement que l'entrée des tiers ait lieu par augmentation de capital (financement de la
filiale) ou par cession d'actions (financement de la mère). C'est aussi une façon de pouvoir

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nouer des alliances capitalistes (prise de participation, fusion) avec un groupe qui peut n'être
intéressé que par les activités de la nouvelle filiale et pas par celle de la mère.
Dernier avantage est relatif à la possibilité d’une filialisation d’être un moyen anti OPA. Il
faut noter que la filialisation en tant que telle n'est pas un moyen anti OPA, mais l'ouverture
du capital de la nouvelle filiale peut en être un si la filiale est importante relativement au
groupe et si le tiers a négocié le droit de racheter la participation (majoritaire) de la mère dans
la filiale en cas de changement du contrôle de la mère. Ce type de dispositif doit être mis en
place à l'avance et non pas la veille du lancement de l'OPA.
Quant à la prise de participation au capital, celle-ci présente plusieurs avantages pour la
société :

• Un capital plus important : grâce aux prises de participation, une entreprise peut avoir
davantage de fonds propres pour démarrer son activité, ou même pour se développer.
Ce type de financement est particulièrement avantageux pour les start-ups ou les
entreprises faisant beaucoup de recherche et développement, face auxquelles les
banques sont généralement frileuses.
• Un meilleur accès aux prêts : la présence d’un investisseur professionnel parmi les
actionnaires d’une société a tendance à rassurer les organismes financiers, qui sont
alors plus enclins à accorder des prêts. La prise de participation améliore donc l’accès
au crédit de l’entreprise.
• Un réseau de professionnels : souvent (et c’est le cas à l’instar de ce sujet), les
investisseurs ont un rôle actif dans l’entreprise à laquelle ils participent. Ils partagent
ainsi leur expérience (gestion, financement, développement, marketing, etc.) et font
également profiter la société de leur réseau professionnel. La contrepartie est que le
capital-risqueur a un droit de regard sur le fonctionnement de l’entreprise.
• L’avantage le plus pertinent à notre sens et dans le cadre de ce sujet est qu’une prise
de participation importante permets une influence déterminante sur la société qui ne
peut être que bénéfique si c’est justement le but poursuivi.

• Avantages de la participation croisée :


• Premièrement, les participations croisées aident les entreprises à résister aux prises
de contrôle malveillantes

Lorsque l'entreprise fait face à une acquisition malveillante, la direction de l'entreprise acquise
peut effectivement empêcher l'acquisition malveillante en recherchant une société « amicale
» pour augmenter sa participation dans l'entreprise en détenant des actions croisées.
Par exemple, en 2002, la direction de l'entreprise n'était pas d'accord avec le principal
actionnaire Everbright Group, qui avait l'intention de transférer la totalité de ses actions à son
partenaire Dongsheng Technology.
Afin d'éviter que le contrôle de l'entreprise ne tombe entre les mains de Dongsheng
Technology, la direction de l'entreprise a pris l'initiative de coopérer avec Mme

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Pharmaceutical pour transférer toutes les actions du Groupe lizhu détenues par Lishi
Investment, le deuxième actionnaire le plus important de l'entreprise, à Mme Pharmaceutical
à un prix plus favorable, et Lishi Investment est détenue à 90% par le Conseil d'administration
du Groupe lizhu.Mme Pharmaceutical a également acquis des actions a et B en circulation par
l'intermédiaire du marché secondaire et a finalement été le Contrôleur effectif du Groupe
lizhu par l'intermédiaire d'un accord d'acquisition d'actions de personnes morales.

• Deuxièmement, les participations croisées peuvent créer des synergies entre les
parties
L'actionnariat croisé contribue à la coopération horizontale et à l'intégration verticale entre
les entreprises, par exemple en complétant les ressources dans les domaines de la
technologie, des ventes, de l'information, etc., ou en intégrant verticalement les entreprises
en amont et en aval, de sorte que les capacités des entreprises puissent être utilisées de
manière coordonnée et efficace.

• Troisièmement, les participations croisées peuvent disperser les risques


opérationnels des entreprises

L'introduction de nouveaux actionnaires dans les participations croisées contribue à la


réalisation de l'Alliance d'affaires et peut jouer un rôle dans la dispersion des risques.

• Quatrièmement, les participations croisées contribuent à l'accès au capital et à


l'efficacité de son utilisation.

Les participations croisées entre les sociétés et les institutions financières peuvent aider les
entreprises à introduire des sources de financement fiables, tandis que les participations
croisées entre les sociétés mères et les filiales (ce qui touche essentiellement notre sujet)
peuvent aider les entreprises à améliorer l'efficacité de l'utilisation des fonds et à obtenir un
plus grand contrôle avec moins de fonds.

• Inconvénients de la filialisation :
• Manque de couts de financement : De toute évidence, la constitution de sociétés
suppose un coût de structure (droits d’enregistrement, tenue des assemblées,
rémunération d’un CAC …) que toutes les entreprises ne peuvent se permettre. Les
sociétés commerciales sont soucieuses de réduire leurs coûts de structure et de
réaliser des économies. La disparition de filiales pourra alors être décidée et mise en
œuvre, par exemple, par fusion de sociétés.
• Distanciation entre le centre d’exploitation (la filiale et la sous filiale) et le centre de
décision (la mère) : L’instrument privilégié de la constitution de filiales est l’apport
partiel d’actif. Or, en réalisant un apport partiel d’actif, la société apporteuse – c’est-
à-dire la future société mère – peut voir ses titres capitalistiques perdre de leur valeur
du fait de l’éloignement de ses actifs vers une société filiale voire une société sous-
filiale.

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• L’abus de majorité : la transmission d’actifs d’une société à une autre société, dans
laquelle les associés majoritaires sont intéressés et sans que ces derniers n’aient
proposé de garanties suffisantes aux minoritaires, peut constituer un abus de majorité.
D’une part, la filialisation ou la sous-filialisation par le bas peut amener les minoritaires
à être privés de leurs droits financiers lorsque la fille ne fait pas remonter les bénéfices
qu’elle réalise vers la mère. D’autre part, la rupture d’égalité entre les actionnaires
peut résulter du préjudice porté au droit à l’information et au droit de critique
reconnus aux minoritaires. Dans ce sens, La Cour de cassation française a déjà été
portée à reconnaître le caractère abusif de l’usage de la filialisation. Certains auteurs
considèrent d’ailleurs que la décision de filialiser, considérée objectivement et
indépendamment de l’usage qu’il en est fait, puisse par elle-même être considérée
comme abusive dès lors qu’aucune disposition de nature à protéger les intérêts des
minoritaires n’est prévue.
• Au-delà de la protection des minoritaires, l’opération de filialisation peut prêter le
flanc à la critique lorsqu’elle est réalisée pour se débarrasser d’une branche d’activité
en mauvaise santé financière. Il est tentant pour une entreprise de filialiser une
activité déficitaire sans transférer à la filiale qui l’accueille des moyens financiers
suffisants. En la matière, les tribunaux pourraient décider d’engager la responsabilité
de ces sociétés mères déraisonnables.

Le fait de constituer une société fille, sans lui donner les moyens financiers de subsistance
pourrait alors constituer une faute et faire naître un préjudice à l’endroit de la société filiale.
La mère pourrait ainsi être condamnée à contribuer à l’insuffisance de moyens. Cette
insuffisance devrait néanmoins être rigoureusement démontrée comme l’illustre un arrêt
récent.

• Inconvénients des participations croisées :


• Premièrement, les participations croisées faussent facilement l'évaluation normale
de l'entreprise.
La détention croisée d'actions fait que le capital circule d'une entreprise à l'autre, ce qui
entraîne une fausse augmentation du capital, exagère la capacité réelle de remboursement
de la dette de l'entreprise et fausse l'évaluation normale de l'entreprise.

• Deuxièmement, les participations croisées sont susceptibles de créer des monopoles


industriels et de favoriser les opérations d'initiés.
La détention croisée d'actions facilite la communication d'informations entre les entreprises
concernées et facilite la formation d'alliances d'affaires, voire de monopoles industriels, afin
d'évincer les concurrents et d'obtenir des bénéfices monopolistiques, ce qui compromet le
mécanisme de concurrence axé sur le marché ; entre temps, dans un environnement de
réglementation imparfaite, il est facile de reproduire les opérations d'initiés ou les opérations
connexes.

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• Troisièmement, les participations croisées sont susceptibles de créer un déséquilibre
dans la structure de gouvernance d'entreprise.
Dans l'état de la propriété croisée, la direction d'une société a souvent un pouvoir de décision
important sur une autre société. Si les deux dirigeants agissent de concert pour exercer le droit
de vote, la structure de gouvernance d'entreprise sera déséquilibrée.

B- Les modalités de constitution d’une filiale et de la prise d’une


participation
Il existe quatre techniques qui peuvent aboutir à la filialisation : la cession d'actifs , l'apport
partiel d'actif , la scission partielle et l'acquisition d'un bloc de contrôle.
La cession d'actifs est une opération de vente classique par laquelle la société mère cède à
une filiale déjà créée les actifs nécessaires à l'exploitation de la branche d'activité concernée,
moyennant un prix convenu . Il n' est pas nécessaire que le prix soit effectivement payé par la
filiale . La créance du prix sera inscrite au crédit du compte courant associé. La filiale peut , à
tout moment , décider de procéder à une augmentation de capital en numéraire par émission
d'actions nouvelles à libérer par compensation avec le prix de vente .
Cette technique présente l'avantage d'éviter :

- la procédure de vérification des apports par le commissaire aux apports dans le cadre de
l'apport partiel d'actif,
- l'intervention du commissaire aux comptes dans le cadre de la scission partielle .
En revanche , elle présente deux inconvénients :
1. Elle est fiscalement coûteuse dans la mesure où elle donne lieu à la perception d'un double
droit d'enregistrement sur la vente et sur l'augmentation de capital . Sur la vente , il est perçu
le droit d'enregistrement au taux plein , en particulier 6% sur la cession du fonds de commerce,
auquel il faut ajouter 1% pour l'augmentation de capital s'il y a lieu .
Si le transfert est effectué sous forme d'apport partiel ou de scission , le droit d'enregistrement
sera perçu une seule fois au taux unique de 1% .
2. La loi prévoit que lorsque la société , dans les deux ans suivant son immatriculation , acquiert
un bien appartenant à un actionnaire et dont la valeur est au moins égale à un dixième du
capital , le président du conseil d'administration doit demander en référé la désignation d'un
commissaire chargé d'apprécier , sous sa responsabilité , la valeur de ce bien.
Le commissaire désigné par le tribunal établit un rapport qui est mis à la disposition des
actionnaires. À la lumière des conclusions de ce rapport l'assemblée générale ordinaire statué
sur l'évaluation du bien , à peine de nullité de l'acquisition. Le vendeur ne prendre part au vote
ni par lui-même , ni comme mandataire ( article 112 ).

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Au niveau de l'impôt sur les sociétés les plus-values dégagées sur les éléments d'actif cédés
sont intégrés au résultat fiscal de l'exercice au cours duquel la cession d'actifs est intervenue.
La filialisation peut résulter soit de la création d'une société nouvelle soit de la prise de
contrôle d'une société existante par achat de titres ou par souscription à une augmentation
de capital , soit de la constitution avec une autre société de filiale commune .

La filialisation peut-être totale ou partielle . Dans le premier cas , la société mère continue à
exploiter la ou les autres activités relevant de son objet social . Dans le second cas , la société
mère filialise l'ensemble de ses activités en les transférant à deux ou plusieurs entités et soit
abandonne toute activité opérationnelle et se transforme en une société holding dont l'objet
est cantonné à la gestion de ses participations dans les filiales , soit disparaît totalement.

- Création d’une filiale :


Afin de créer une filiale et constituer une nouvelle structure, la société mère doit mener une
réflexion « classique » de créateur d’entreprise et suivre les étapes suivantes :

1. Déterminer le statut juridique le plus approprié


2. Identifier les caractéristiques de la société fille et rédiger des statuts
3. Accomplir des formalités et déposer une demande d’immatriculation

☆ Trouver le statut juridique approprié pour une filiale :

Il existe de nombreuses formes juridiques à l’heure actuelle :

• Société à responsabilité limitée (SARL),


• Sociétés par actions (SAS, SCA, SA…),
• Sociétés civiles,
• Etc.

Toute société mère souhaitant créer une filiale doit donc déterminer, au préalable, son statut.

La plupart des filiales sont créées sous la forme de SAS – sociétés par actions simplifiées. Cette
structure offre effectivement beaucoup plus de souplesse que les autres statuts. Toutefois, il
convient de mener une analyse plus pointue car ce n’est pas forcément le statut le plus
approprié à chaque situation.

Il faut identifier les principales caractéristiques de la filiale et rédiger des statuts.

Comme toute société, une filiale se caractérise par différentes informations. La société mère
doit notamment lui attribuer :

• Un nom (sa dénomination sociale),


• Une adresse (son siège social),
• Un capital social composé d’apports (en numéraire et en nature),

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• Une activité (son objet social),
• Un dirigeant (son représentant légal).

Lorsqu’elle a identifié toutes ses caractéristiques, la société mère doit rédiger des statuts. Elle
aura la possibilité d’y insérer les clauses de son choix, notamment pour structurer
l’actionnariat de sa filiale et :

• Encadrer les cessions de titres,


• Exclure des associés (sous certaines conditions…).

☆ Accomplir des formalités légales et demander l’immatriculation de la filiale :

Le représentant légal de la filiale doit ensuite rédiger un avis de création de société et le faire
paraître dans un journal d’annonces légales. La publication d’une annonce légale a pour
objectif d’informer toute personne intéressé de la création d’une société.

Enfin, il convient de demander l’immatriculation de la filiale sur un registre particulier. Il s’agit


du RCS (registre du commerce et des sociétés). Pour cela, un dossier doit être constitué et
envoyé au centre de formalités des entreprises ou au greffe du tribunal de commerce. Il
comprend :

• De nombreux justificatifs (statuts, attestation de parution de l’annonce légale,


justificatif d’occupation du siège social, déclaration de non-condamnation du
dirigeant) ;
• Un formulaire de demande d’immatriculation (M0) ;
• Et un règlement à l’ordre du greffe du tribunal de commerce.

- Prise d’ une participation

• Les participations simples :

Lorsqu’une société détient dans une autre société une fraction du capital comprise entre 10
et 50 %, la première est considérée comme ayant une participation dans la seconde.

A s’en tenir à cette définition de participation, on devrait considérer que la détention de moins
de 10 % d’une autre société constitue dans tous les cas un simple placement, tandis que celle
égale ou supérieure à 10 % correspond à une participation.

En fait, ce critère n’est pas significatif. Il est bien certain que la détention de 4 % par exemple,
dans le capital d’une importante société cotée en bourse constitue bien souvent davantage
une participation au sens général de ce terme qu’un simple placement de capitaux. A l’inverse,

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acquérir 15 % ou 20 % du capital d’une société « fermée » ne suffit pas toujours pour exercer
une influence au sein de cette société.

La répartition initiale du capital social lors de la création d’une société n’est pas figée dans le
temps, elle peut évoluer à tout moment. Les prises de participation sont des opérations qui
entraînent l’arrivée d’un nouvel associé au capital de la société.

Une prise de participation dans le capital d’une société consiste soit à devenir associé ou
actionnaire en souscrivant des titres que l’entreprise émet, soit à acquérir certains de ses
titres déjà émis.

Pour prendre une participation dans le capital social d’une société, il est notamment
nécessaire :

• d’évaluer la société concernée,


• de définir l’ampleur de la prise de participation,
• de faire le point au niveau de l’organisation de la société après l’opération.
• de réaliser l’augmentation de capital ou la cession de titres.
• de conclure l’opération et de réaliser les formalités nécessaires.

Une prise de participation peut être réalisée dans le but de réaliser différents projets.
Ensuite, d’un point de vue juridique, la prise de participation peut être réalisée par un rachat
de titres aux associés en place, ou par l’émission de nouveaux titres dans le cadre d’une
augmentation de capital social.

Une prise de participation dans le capital social peut résulter :

• D’une levée de fonds, avec l’arrivée d’un investisseur dans la société. L’intérêt
principal du nouvel associé est de réaliser un placement lucratif, notamment à
travers la potentielle plus-value qu’il réalisera lors de la cession de ses participations.
Ce type de prise de participation vise les sociétés qui ont besoin de fonds pour se
développer.
• D’une prise de contrôle par un nouvel associé. Dans ce cas, l’acquéreur doit
analyser les statuts de la société afin de vérifier quelles sont les quotités nécessaires
pour décider. Il s’agira notamment de vérifier les règles de quorum et de majorité
pour les décisions ordinaires et extraordinaires, ainsi que les conditions de
nomination des dirigeants de la société.
• De l’entrée d’un nouvel associé actif qui intègre l’équipe en place. Ici, le nouvel
associé souhaite avant tout s’intégrer dans la société existante pour y jouer un rôle
actif et contribuer à son développement. Ce type de prise de participation vise les
sociétés qui ont besoin de compétences supplémentaires ou de nouvelles

15
compétences pour se développer, et de manière pérenne. Il peut également s’agir de
proposer une participation à un salarié précieux pour l’entreprise.

Concernant l’opération, nous avons indiqué précédemment qu’il existe plusieurs possibilités:
le rachat de titres existants ou la création de nouveaux titres dans le cadre d’une
augmentation de capital social.

L’augmentation de capital social par émission de nouveaux titres est plutôt employée lors
de l’entrée d’un investisseur dans la société, comme lors d’une opération de levée de fonds
par exemple. L’investisseur prend généralement une participation minoritaire.

Les prises de participation par rachat de titres sont réservées aux opérations réalisées dans
le cadre d’une prise de contrôle par un nouvel associé, ou de l’entrée d’un nouvel associé
actif au sein de la société.

• Les participations croisées :

Contrôler directement ou indirectement une société est un moyen classique de constituer un


groupe et, lorsque les sociétés sont en même temps mère et filiales de chacune d'entre elles,
on désigne en droit français des participations croisées ou réciproques. Toutefois, ces
expressions de « participations croisées ou réciproques » n’apparaissent pas en droit
marocain.

On parle de participation croisée ou réciproque, lorsque par exemple la société A détient une
fraction considérable du capital de la société B et que la société B détient à son tour des
participations dans le capital de la société A.

Ces relations imbriquées facilitent très certainement une collaboration profonde entre les
différentes sociétés en cause et constituent également une défense anti-OPA.

Cette pratique n'est pas toujours bien vue pour deux raisons au moins:
- une partie du capital des sociétés imbriquées devient fictif puisque chaque société devient
indirectement propriétaire de ses propres titres de capital, ce qui a pour effet de gonfler
artificiellement l'actif des sociétés concernées ,
- cette situation peut aboutir à l' autocontrôle qui verrouille le capital et qui met les dirigeants
dans une situation quasi inamovible , empêchant un renouvellement des gestionnaires.

Les participations croisées ne font l'objet d'aucune réglementation particulière. Le législateur


marocain n’a pas prévu ces types de participations dans son dispositif juridique d’où le défaut
de base légale. Elles peuvent être pratiquées sans restriction.

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La tendance des participations croisées bat sont plein dans le marché financier marocain. La
raison est purement stratégique, d’après les financiers de la place, mais les besoins changent
d’une entreprise à l’autre. Le mouvement croissant de la pratique des participations croisées
peut s’expliquer par le fait que les générations soient en train de changer de main. Les patrons
d’entreprises marocaines essaient d’assurer une certaine sérénité pour le développement de
leurs entreprises.

Concrètement, c’est une «fuite en avant» que font les opérateurs, en optant pour cette
pratique. Puisque chaque entreprise a un besoin stratégique imminent, alors la meilleure
façon de le combler est de partager le risque lié à ce besoin avec une autre entreprise et vice-
versa. Dans ce sens, un analyste financier affirme que l’objectif de la pratique des
participations croisées, est de lier l’avenir d’une société à l’autre et ainsi partager le risque en
créant de la valeur et en transférant les richesses. Ainsi, les entreprises, par un simple échange
de participations, se repositionnent chacune dans son secteur d’activité, en vue de se
développer, en créant conjointement de très fortes synergies.

Un croisement win-win :

Les exemples dans ce sens ne manquent pas dans l’échiquier économique marocain. Prenons
l’opération de la Banque Centrale Populaire et le Groupe OCP. En effet, aujourd’hui, chaque
entreprise détient 6% du capital de l’autre. Le paquet d’actions de la banque est valorisé à un
1 milliard de dirhams, alors que celui de l’Office à 5 milliards. L’objectif de cette opération a
été de donner une nouvelle impulsion aux deux groupes, dont les stratégies convergent. D’une
part, renforcer l’assise financière de l’OCP et augmenter sa visibilité sur la place mondiale.
D’autre part, permettre à la BCP de réaliser une croissance externe dans les métiers de la
finance et de l’investissement.

Un environnement avantageux :

L’aspect fiscal joue un rôle important dans la floraison de la pratique des participations
croisées, liés aux mesures incitatives de la loi de finances qui offre des avantages fiscaux au
système des participations. Coté bourse, l’ AMMC ne publie pas de réglementation pour les
participations croisées, sauf s’il s’agit de franchissement de seuil, afin de préserver les intérêts
des minoritaires. Mais, au-delà, un retour dans le temps est capital. Dans les années 80, il y a
eu une montée de la pratique des participations croisées chez les entreprises. Ce qui a
engendré des relations illicites, d’où la perte de la confidentialité des informations. Après cette
vague, il y a eu un décroisement de cette pratique financière, justement pour protéger
l’information. Mais aujourd’hui, la tendance reprend.

17
2) La mise en œuvre des filiales et des participations

A- Le régime juridique des filiales et des participations

En ce qui concerne le fonctionnement des filiales :


La filiale se trouve dans une situation paradoxale d’avoir une autonome juridique que lui
confère la personnalité morale tout en étant dans un état de dépendance économique vis-à-
vis de la société mère qui limite son autonomie juridique.
Etant donné que la création des filiales est soumise aux mêmes règles de constitution d’une
société, partant de ce constat, dès son immatriculation au registre du commerce, la filiale
acquiert la personnalité juridique qui lui permet d’avoir ses propres organes de gestion, de
délibération et de contrôle, d’avoir un patrimoine propre et une vie juridique indépendante.
Elle devient responsable civilement et pénalement pour les actes accomplis par ses dirigeants.
En règle générale, la société mère ne saurait être tenue de financer sa filiale pour lui permettre
de remplir ses obligations et encore moins de se substituer à sa filiale pour exécuter les
engagements souscrits par cette dernière.
Les contrats conclus par une société du groupe sont inopposables aux autres sociétés du
groupe et à la société mère. Cette dernière est un tiers par rapport à ses filiales. Curieusement,
cette qualité de tiers peut permettre à la société mère de se prévaloir d’un manquement
contractuel au détriment de sa filiale.

Dans ce cadre, la jurisprudence française permet à un tiers, sur le fondement de la


responsabilité délictuelle, de demander la réparation du préjudice découlant de l’inexécution
d’un contrat. Ainsi perçu, une société mère, non pas en tant que telle, mais en qualité de
simple tiers, est fondée à agir contre l’auteur d’un dommage contractuel subi par sa filiale.

Réglementation des filiales et participations :


Celle si doit être envisagée au regard du droit des sociétés, du droit comptable et du droit de
la concurrence.

1- Droit des sociétés


La loi impose des obligations d’information qui concernent le contenu du rapport de gestion
et du rapport du commissaire aux comptes ainsi que les déclarations de franchissement de
seuil.
A- Rapport de gestion

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Lorsque la société possède des filiales ou des participations ou si elle contrôle d’autres
sociétés, l’article 142 exige en vertu de la loi 17-95 : “Le rapport de gestion du conseil d'
administration ou du directoire doit contenir tous les éléments d' information utiles aux
actionnaires pour leur permettre d' apprécier l' activité de la société au cours de l' exercice
écoulé, les opérations réalisées, les difficultés rencontrées, les résultats obtenus, la formation
du résultat distribuable, la proposition d' affectation dudit résultat, la situation financière de
la société et ses perspectives d' avenir.
Si la société possède des filiales ou des participations ou si elle contrôle d'autres sociétés, le
rapport doit contenir les mêmes informations à leur sujet, avec leur contribution au résultat
social ; il y est annexé un état de ces filiales et participations avec indication des pourcentages
détenus en fin d'exercice ainsi qu'un état des autres valeurs mobilières détenues en
portefeuille à la même date et l'indication des sociétés qu'elle contrôle.
Si la société a acquis des filiales ou des participations ou le contrôle d'autres sociétés en cours
d'exercice, il en est fait spécialement mention.”

B- Rapport du commissaire aux comptes


Les commissaires aux comptent sont tenus dans leur rapport général de faire état de leurs
observations sur la sincérité et la concordance avec les états de synthèse, des informations
données dans le rapport de gestion de l'exercice et dans les documents adressés aux
actionnaires sur la situation financière de la société, ainsi que sur son patrimoine et ses
résultats. (Art 175, al.3)

Lorsqu'au cours de l'exercice la société a acquis une filiale, pris le contrôle d'une autre société
ou pris une participation dans une autre société au sens de l'article 143, le ou les commissaires
aux comptes en font mention dans leur rapport. (Art 172, al.2)
C- Franchissement de seuils
Toute personne physique ou morale qui vient à posséder un nombre d’actions supérieur à 5%,
10%, 20%, 33,33%, 50% ou 66,66% du capital ou des droits de vote d’une société cotée en
informe ladite société, l’AMMC et la Bourse des valeurs dans les 5 jours ouvrables à compter
de la date du franchissement de seuil. (Art 2-1, CIRCULAIRE N° 01/04) En cas d’action de
concert, chaque concertiste est tenu de faire une déclaration individuelle ou signer une
déclaration globale avec les autres concertistes.
Lorsque le nombre ou la répartition des droits de vote ne correspond pas au nombre ou à la
répartition des actions, les pourcentages prévus au premier alinéa du présent article sont
calculés en droits de vote. (Art 2-2 du même circulaire)

La déclaration doit porter sur le nombre total des actions acquises, mais également sur le
nombre de titres donnant à terme accès au capital et des droits de vote qui y sont attachés
(obligations convertibles, échangeables ou remboursables en actions, bons de souscription
secs ou attachés à des actions ou à des obligations). Cependant, s’agissant de droits de vote
potentiel, ils ne sont pas pris en considération pour le calcul des seuils de franchissement. Ce
calcul ne prend en compte que les droits de vote effectifs au jour de la déclaration et qui ne

19
peuvent concerner que les actions ordinaires ou à vote double et les certificats de droit de
vote.
La déclaration s’impose pour les actions détenues par le déclarant directement ou pour le
compte d’autres personnes (enfants mineurs) ou indirectement par le biais des sociétés qu’il
contrôle. [Lorsqu’une société mère acquiert des titres d’une société, elle doit pour le calcul du
seuil, ajouter les titres éventuellement détenus par ses filiales dans la même société. Il en est
de même pour les actions acquises ou cédées à titre temporaire dans le cadre d’un contrat de
prêt de titres ou de pension.]
La date de franchissement qui est le point de départ du délai de 5 jours ouvrables pour faire
parvenir la déclaration correspond à celle de l’exécution en bourse de l’ordre d’achat ou de
vente transmis par le déclarant. (Art 7-1)

Outre la déclaration d’acquisition où le déclarant est amené à déclarer l’acquisition d’un


nombre d’actions ou de droits de vote, il est tenu de déclarer les objectifs qu’il a l’intention
de poursuivre au cours des douze mois à venir (Art 9-1). La déclaration d’intention porte sur
le fait d’envisager d’arrêter ses achats sur la valeur concernée ou les poursuivre, d’acquérir ou
non le contrôle de la société concernée, de demander sa nomination en tant
qu’administrateur ou de demander la radiation de la société de la cote. Toute modification de
la déclaration d’intention initiale au cours des six mois suivant la date de franchissement du
seuil doit être communiquée immédiatement à l’AMMC.
Dès la réception de la déclaration, l’AMMC porte cette information à la connaissance du public
par voie de communiqué de presse. (Art 11-2)
La même procédure doit être poursuivie en cas de franchissement à la baisse de l’un des seuils
fixés par la loi. La baisse peut résulter d’une cession ou d’une dilution à la suite d’une
augmentation de capital non souscrite.
Sanctions : En vertu de l’article 75 ter du Dahir portant loi n° 1-93-211 relatif à la Bourse des
Valeurs, tel que modifié et complété, « Est passible d’une amende de 5 000 dirhams à 100 000
dirhams, toute personne physique ou morale qui ne déclare pas dans les délais prescrits un
franchissement à la baisse d’un des seuils de participation dans une société cotée en bourse
(…) »

2- Droit comptable
Il est opportun d’avoir une vision globale de la santé financière d’un groupe de sociétés d’où
la nécessité de comptes consolidés. Bien qu’il n’existe pas d’obligation générale de
consolidation des comptes, 3 textes sont eux très explicitent en la matière venant imposer la
consolidation :

 Le dahir du 21 septembre 1993 sur la Bourse tel qu’il a été modifié par la loi 52-01 dans
son article 14 : “Avoir établi et fait certifier les états de synthèse des trois exercices
précédant la demande d’admission à la cote. En outre, les personnes morales ayant
des filiales telles que définies à l’article 143 de la loi n° 17/95 relative aux sociétés

20
anonymes, doivent présenter des comptes annuels consolidés selon la législation en
vigueur, ou, à défaut, selon les normes internationales en vigueur.”
 La loi 103-12 impose la même obligation aux établissements de crédit qui sont tenus
d’établir à la fin de chaque exercice des états de synthèse sur une base individuelle et
consolidée ou sous consolidée (art 73)
 La loi 38-05 relative aux comptes consolidés des établissements et entreprises publics
impose aux établissements publics ainsi qu’aux sociétés d’Etat, filiales publiques et
sociétés concessionnaires possédant ou contrôlant des filiales et des participations au
sens des articles 143 et 144 de la loi 17-95 d’établir et de présenter des comptes
annuels consolidés selon la législation en vigueur ou, à défaut, selon les normes
internationales en vigueur.
Le référentiel comptable de la consolidation ne fait pas de différence entre les entreprises
publiques et les entreprises privées au niveau des méthodes de consolidation. La
consolidation porte sur le bilan, le compte de produits et charges et sur l’état des informations
complémentaires (ETIC).
Malgré ces différents dispositifs, le contrôle exercé sur les données exclusivement comptables
peut montrer certaines limites. Le Professeur Schmidt, expose dans son ouvrage sur les
conflits d’intérêts, l’incapacité du contrôle des comptes sociaux à faire apparaître
distinctement les abus. Celui-ci reste occulte, « enfoui dans les comptes d'une filiale et noyé
dans les comptes consolidés de la société mère. Le conseil d'administration et l'assemblée
générale, qui n'ont pas accès à la comptabilité et aux archives sociales, ne peuvent percer le
secret. En l'absence d'une dénonciation provenant d'un préposé aux écritures ou aux
virements de fonds, la société, victime représentée légalement par l'auteur de l'infraction, ne
pourra se plaindre »
En France, par une nouvelle disposition légale issue de la loi Sapin II n° 2016-1691 du 9
décembre
2016. Cette dernière impose aux sociétés qui établissent des comptes consolidés de mettre
en place des actions de prévention et de détection portant sur la société consolidante ainsi
que sur l’ensemble des filiales ou des sociétés qu’elle contrôle.

3- Droit de la concurrence
Le groupe de sociétés est appréhendé par le droit de la concurrence à travers la notion
d’entreprise. Cette notion est au cœur du droit de la concurrence. Selon cette logique, le
groupe sera appréhendé comme une unité économique constitué par ses différentes
composantes qui ne seront pas considérées comme des entités juridiques distinctes, de sorte
que le droit de la concurrence peut s’appliquer indifféremment et selon les circonstances à la
société tête de groupe, à une ou plusieurs filiales ou à l’unité économique constituée par la
société mère et les filiales. La notion d’entreprise transcende la notion de personnalité morale
en faisant prévaloir les considérations économiques sur les considérations juridiques. Dans la
mesure où plusieurs sociétés constituent une unité économique, elles seront considérées
comme une seule entreprise. Partant de ce constat, il n'y aura plus de distinction entre la
société mère et les filiales ; c’est le groupe dans son ensemble qui se verra appliquer les règles

21
du droit de la concurrence. L’unité économique du groupe crève l’écran de la personnalité
morale des filiales.
Les pratiques anticoncurrentielles commises par une filiale sont réputées être commises par
l’ensemble du groupe et peuvent engager la responsabilité de la société mère lorsqu’elle
constitue avec sa filiale, auteur de la pratique incriminée, une unité économique.
Lorsque la société mère est une holding pure, le comportement ou les agissements de la filiale
ne peuvent lui être imputées puisqu’elle n’exerce pas une activité économique, sauf lorsque
la filiale ne détermine pas de façon autonome son comportement sur le marché, mais ne fait
qu’appliquer les instructions qui lui sont données par la société mère. L’imputabilité est liée à
l’exercice effectif par la société mère d’une influence déterminante sur sa filiale et qui résulte
des liens économiques, juridiques et organisationnels existant entre les deux sociétés.

Comment s’exerce le contrôle ? :


Le contrôle des sociétés est l’élément qui permet de distinguer la notion de groupe de sociétés
de notions voisines que sont la participation dans le capital d’une autre société et la société
mère et filiale. En effet, si la notion de groupe de sociétés repose sur le contrôle qu’une société
a sur les autres, celle de participation et de société mère et filiale repose sur la fraction du
capital qu’une société possède dans une autre qui peut éventuellement aboutir à un contrôle.
Il n’y a pas de groupe dans le cas d’une simple participation, à moins que celle-ci ne soit
doublée de la détention effective du pouvoir de décision. De même une société mère et filiale
ne constitue pas nécessairement un groupe de sociétés. Au moins en théorie une société peut
détenir plus de la moitié du capital d’une autre sans pour autant en avoir le contrôle. Cette
situation peut se produire notamment, lorsqu’une partie des actions sont des actions à
dividende prioritaire sans droit de vote.
Ce contrôle est d’autant plus représenté lors de la TUP. Cette transmission universelle du
patrimoine est un régime juridique qui s'applique généralement lorsqu'une société
commerciale possède la totalité du capital d'une autre société dont on veut que le patrimoine
soit transmis en totalité à la société mère. Celle-ci dissout sa filiale et se fait transmettre
l’ensemble du patrimoine.
Le patrimoine de la société absorbante devient surtout un gage non seulement de ses
créanciers propres mais aussi de ceux de la filiale dissoute.

Sur le plan économique :


Contrôle soft : la société mère laisse beaucoup de liberté aux dirigeants de la filiale.
Contrôle fort : Les dirigeants de la filiale ne sont que de simples exécutants, les véritables
décisions sont prises par la société mère.
Sur le plan juridique, une seule configuration est possible : la filiale est autonome
juridiquement. Sa personnalité morale lui confère une autonomie de patrimoine et donc de
fonctionnement.

22
Donc, il y une autonomie juridique totale et une domination économique, ce qui pose
plusieurs problèmes :
Juridiquement elle est censée agir de manière autonome, mais économiquement elle ne fait
qu’exécuter une politique décidée par la société mère. Comment dégager la responsabilité de
la filiale ?

B- La relation de la société mère avec sa filiale :

La notion de contrôle majoritaire permet de définir une société mère d'un groupe comme
étant une société qui possède une ou plusieurs filiales, c’est-à-dire qui détient plus de 50 %
du capital d'autres sociétés. L'ensemble de ces sociétés constitue ce que l'on appelle un
« groupe de sociétés » ( La multiplication de filiales n'empêche pas le phénomène global
de concentration des entreprises ).

Elle peut être passive ou active :

• Société-mère passive : l’objet social de la holding consiste uniquement à détenir des


participations dans d’autres sociétés.
• Société-mère active : la holding fournit des services à ses filiales.

Juridiquement, la filiale est bien considérée comme autonome, mais en tant que membre du
groupe de société, elle est soumise à une même direction générale, qui peut, par exemple, lui
imposer des objectifs.

1) Principe de la non-responsabilité

Dans la mesure où la filiale prend elle-même et pour elle-même ses propres engagements, la
société-mère devrait ne pas avoir aucune responsabilité en cas de litiges. Elles sont
juridiquement indépendantes, donc, par principe, la relation de responsabilité devrait être
étanche.

En cas d’engagement comme en cas de dette de la part de la filiale, la société-mère ne peut


être tenue à l’engagement de sa filiale, ni à rembourser ses dettes.

Il existe toutefois de nombreuses exceptions, et les juridictions ont retenu différents cas de
responsabilité.

À cet égard, la détention directe ou indirecte de la totalité ou de la quasi totalité du capital de


la filiale est une forte présomption de l'exercice de l'influence déterminante basée sur ce

23
postulant qu'une filiale à 100% est dépourvue d'autonomie. Cette présomption simple peut-
être renversée par la preuve que la filiale est en mesure de définir sa propre stratégie
commerciale, financière et technique et de s'affranchir du contrôle hiérarchique du siège de
la société dont elle dépend.

2) Responsabilité engagée de la société mère :


L'autonomie juridique ne peut pas constituer un écran total entre la société mère et ses
filiales et entre les sociétés sœurs au risque d'ouvrir la voie à tous les abus . Les tribunaux
sont sensibles aux effets pervers à l'égard des tiers des interconnexions qui peuvent exister
entre les sociétés d'un même groupe. La tendance générale est de retenir , lorsque
certaines conditions sont réunies, la responsabilité de la société mère au titre des
engagements souscrits par les filiales .

La dépendance sous laquelle se trouve la filiale est essentiellement de nature stratégique,


économique et financière. Ces impératifs impactent la politique et les décisions de la filiale.
Le problème est de savoir quel est le degré d'influence de la société mère dans la
détermination de la politique de la filiale. Il est certain que la société mère ne peut pas
rester à l'abri au nom de l'autonomie juridique de sa filiale , si les dirigeants de cette
dernière ne font qu'exécuter les décisions prises au niveau de la société mère. Dans ces
conditions , la société mère doit assumer les conséquences économiques, sociales et
environnementales engendrées par l'insolvabilité ou la liquidation de sa filiale et être
condamnée à dédommager les victimes de sa filiale que sont les salariés et les créanciers et
à dépolluer s'il y a lieu, les sites pollués, et ce en raison des relations incestueuses
entretenues avec sa filiale.

Dans le silence des textes , c'est au juge qu'il appartient d'apprécier, au cas par cas, l'état
des relations au sein du groupe pour déterminer le degré d'autonomie de la filiale et
partant, écarter ou retenir la responsabilité de la société mère. Il y a un équilibre à trouver
entre l'autonomie juridique qui doit demeurer et la règle et qui participe à l'essence même
de la notion de groupe de sociétés et la nécessité de protéger les intérêts légitimes des
partenaires de la filiale.

Lorsque la filiale connaît par exemple des difficultés et à plus forte raison lorsqu'elle fait
l'objet d'une procédure de traitement des difficultés de l'entreprise, la tendance générale
est d'essayer de mettre en cause la responsabilité de la société mère. A cet effet , on
invoque , selon le cas ou même cumulativement , comme fondement juridique de la
responsabilité de la société mère la confusion des patrimoines , la fiction et la faute de
gestion.

24
• La confusion des patrimoines peut-être établie lorsqu'il y a imbrication des affaires de la
filiale ( éléments d'actif et de passif ) avec celles de la société mère qui se traduit par des
relations financières anormales : avances de fonds non remboursés ou non rémunérés ,
abandons de créances , loyers anormalement bas ou non payés , prêts de main d'œuvre
non facturés et en général tous flux financiers prestations ou avantages quelconques sans
contrepartie. Cette confusion justifie l'extension de la procédure collective à la société mère
ou à d'autres sociétés du même groupe. A cet égard, l' article 585 du code de commerce
dispose que s'il se révèle que la procédure doit être étendue à une ou plusieurs entreprises
par suite d'une confusion de leurs patrimoines, le tribunal initialement saisi reste
compétent.

• Le caractère fictif de la filiale peut-être déduit de l'immixtion de la société mère dans les
affaires de la filiale au point que cette dernière n'a que l'apparence trompeuse de
l'autonomie juridique. C'est le cas lorsque la filiale est traitée par la société mère comme
une succursale ou une agence. Il en est de même à plus forte raison la filiale à être créée
uniquement pour servir d'écran à la société mère.

• Lorsque le règlement ou la liquidation judiciaire de la filiale font apparaître une


insuffisance d'actif imputable à la gestion de droit ou de fait de la société mère, celle-ci peut
faire l'objet d'une action en comblement du passif ( article 738 du code de commerce ) et
d'une extension de la procédure collective aux dirigeants ( article 739 du code de
commerce) .

C'est généralement sur le fondement de la fictivité des filiales ou de la confusion des


patrimoines que les tribunaux retiennent la responsabilité de la société mère. La seule
existence du groupe de l'entité économique formée par le groupe ne peut , à elle seule ,
justifier une quelconque solidarité entre les membres du groupe. Il faut garder présent à
l'esprit que le principe de base demeure l'indépendance juridique des filiales vis à vis de la
société mère qui n'a pas à répondre des engagements de ses filiales et que ce principe ne peut
céder que devant un abus caractérisé de la personnalité morale.

La responsabilité de la société-mère peut toutefois être engagé dans certains cas, notamment
dès lors qu’elle a pris part à la relation entre la filiale et son client ou d’un tiers : négociation
commerciale, conclusion d’un contrat… En cas de litiges, la responsabilité de la société-
mère est d’autant plus engagée qu’il y a eu confusion dans l’esprit du tiers, qui ne saisit pas
vraiment le lien ou la différence entre les deux sociétés.

Il est alors plus que conseillé d’établir une communication plus que transparente entre les
tiers, la filiale et la société-mère : les contrats doivent être rédigés avec le plus grand soin, et
peuvent eux-mêmes préciser le niveau d’engagement et de responsabilité de la société-mère
vis-à-vis de la filiale.

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La société-mère engage également sa responsabilité lorsqu’elle impose à sa filiale une
décision qui éventuellement empêche la filiale de tenir ses obligations et engagements.

De même, la société-mère est tenue responsable dès lors qu’elle commet une faute de
direction qui a des répercutions pour la filiale : abus de pouvoir, abus de bien sociaux,
poursuite de bien personnels plutôt que de l’intérêt social…

La responsabilité de la société-mère s’engage aussi au travers de relations financières


spécifiques avec sa filiale : crédit-emprunt, cautionnement…

La lettre d’intention, pour s’engager aux côtés de sa filiale : La société-mère n’est pas engagée
dans les affaires de sa filiale, c’est acquis. Elle peut toutefois s’engager volontairement et en
toute transparence aux côtés de celle-ci par une lettre d’intention.

Prenons le cas d’un fournisseur peut avoir besoin de garanties avant de conclure un contrat
avec une filiale : celle-ci est fragile financièrement, et le fournisseur peut hésiter à prendre un
risque. Dans ce cas, la société-mère peut s’engager au côté de sa filiale afin de servir de caution
et ainsi décrocher le contrat. A valeur juridique, la lettre d’intention constitue une garantie.

Par la lettre d’intention, la société-mère peut s’engager à une obligation de faire, une
obligation de moyens, une obligation de résultats.

La responsabilité et l’engagement dans la relation entre société-mère et filiale reste très flou,
et se traite au cas par cas : elle dépend des circonstances : Responsabilité volontaire ou non,
il reste essentiel d’établir une relation transparente, établie sur des textes complets et rédigés
avec soin.

En droit français :

La responsabilité du groupe ne pouvant pas être engagée, une autre option pourrait être de
rechercher la responsabilité de la société mère lorsqu’un acte dommageable a été commis par
sa filiale. Toutefois, la notion d’autonomie trouve une traduction particulière dans le contexte
de la relation entre une société-mère et sa fille, elle pose un écran juridique très résistant qui
protège la mère de toute action menée à son encontre du fait de sa filiale. Par principe, la
responsabilité de la société-mère pour les faits de sa fille ne peut donc être recherchée.

Ce principe, prévu notamment par l’article 1842 du Code civil14, n’est certes pas absolu, mais
des dérogations à celui-ci, sont exceptionnelles et extrêmement rares, et exigeant pour ce,
des conditions souvent difficiles à réunir. Le créancier qui a traité avec une filiale, par exemple,
ne peut, en principe, demander le paiement de sa créance qu'à celle-ci, alors que compte tenu

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de la dépendance de la filiale par rapport à la société mère et de leurs intérêts conjoints, il
devrait logiquement être en position de se retourner également contre la société mère qui se
retranche derrière le bouclier de sa filiale.

Ce « bouclier juridique » posé par le principe d’autonomie a déjà entraîné des situations
délicates, voire alarmantes. La question de la responsabilité des sociétés mères a notamment
été soulevée, lorsque la filiale d'un groupe prospère, est abandonnée à la liquidation par sa
mère sans que cette dernière ne se soucie des conséquences économiques, sociales,
environnementales que cet abandon peut engendrer : licenciements, sites à dépolluer,
victimes non dédommagées, créanciers non remboursés… En effet, si une filiale d'un groupe
est défaillante, la responsabilité de cette dernière ne peut « remonter » jusqu’à la mère qui
demeure inattaquable. La mise en liquidation judiciaire conduisant à l’effacement des dettes
de la filiale, les créanciers et les tiers peuvent, de ce fait, se trouver lésés.

L’application de cette théorie de l’écran de la personnalité morale est donc susceptible de


conduire à l’irresponsabilité des mères qui mettent en faillite leurs filiales en difficulté. Cette
forme d’immunité génère un sentiment d’injustice pour les tiers qui ne peuvent être
indemnisés des dommages causés par une filiale défaillante, alors que le véritable décideur
poursuit ses activités sans se préoccuper des dégâts. En conséquence, il convient de signaler
que l'intérêt des créanciers sociaux est de faire supporter par une société mère solvable des
dettes contractées par une filiale, qui ne peut faire face à son passif exigible. Mais ces
extensions de passif constituent des atteintes à l'indépendance juridique des sociétés du
groupe, puisque la dette sera payée par une société qui ne l'avait pas contractée.

Si la structure du groupe n’est pas transparente, il serait périlleux de mettre en œuvre la


responsabilité de la société mère, et les sociétés l’ont bien compris, c’est pourquoi, elles
optent et adoptent le groupe de sociétés comme forme juridique, qui leur sert de bouclier si
jamais leur imputabilité est en jeu. Pourtant, il s’avère capital de connaître la nature des liens
qui existent ou qui se tissent entre la société mère et ses filiales ; il faut dire que la
jurisprudence, dans certaines disciplines du droit, est quand même arrivée à lever le voile de
la personne morale. es nationaux, dans certains domaines du droit, n’hésitent pas à trouver
des outils juridiques pour lever le voile de la perso Le conflit entre les intérêts que poursuit la
société mère et les intérêts de la filiale est très tenace. La filiale, ses associés minoritaires et
ses créanciers risquent d’être les victimes directes de la politique de groupe poursuivie, et
doivent donc, en contrepartie, pouvoir engager la responsabilité de la société mère

Extension de la clause compromissoire :

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La clause compromissoire est la clause qui, insérée dans un contrat, engage les parties
contractantes à avoir recours à l’arbitrage en cas de litiges.

La clause compromissoire peut cependant trouver à s’appliquer à des contrats autres que celui
qui comporte la clause, elle peut également être étendue à des parties qui ne sont pas
initialement signataires de cette clause.

Les effets de la convention d’arbitrage à l’égard des tiers est un grand classique de la
littérature juridique en droit de l’arbitrage international. Les solutions retenues par les
différents systèmes juridiques reposent sur des fondements extrêmement variés.

En effet, toute la difficulté consiste ici à déterminer l’existence d’un consentement, serait-ce
implicite, au recours à l’arbitrage d’une partie non signataire du contrat comportant une
clause compromissoire.

S’il est vrai que la volonté des parties, fondement même de l’arbitrage, et la nature
conventionnelle de la clause compromissoire imposent le respect du principe de l’effet relatif
de la clause compromissoire à l’égard des tiers, il n’en est pas moins vrai que la jurisprudence
arbitrale a, depuis fort longtemps considéré, que la volonté des parties de soumettre leurs
litiges à l’arbitrage comme mode alternatif de résolution de différends pouvait être déduite
de leur comportement.

Les spécialistes de l’arbitrage international savent que, dans la pratique, il ne s’agit nullement
d’étendre la clause compromissoire à des tiers, mais de déterminer, au-delà des termes
utilisés par les documents contractuels, qui y est véritablement partie et, par voie de
conséquence, qui pourrait à l’occasion s’en prévaloir ou éventuellement se la voir opposer.

Autrement dit, l’expérience révèle un décalage assez conséquent entre l’identité des
personnes qui figurent dans les documents contractuels et celle des personnes qui exécutent
le contrat ou encore celles qui en sont les véritables bénéficiaires. L’exemple des groupes de
sociétés est très illustratif.

Pour parer à cette difficulté et rétablir la vérité contractuelle, les arbitres et, dans leur sillage,
les juges étatiques admettent l’existence d’un consentement tacite caractérisé par l’attitude
de la société mère lors de la phase de la négociation du contrat ou de celle de l’exécution voire
même par le comportement de celle-ci lors de la résiliation du contrat.

Ceci est d’autant plus vrai lorsque les arbitres et les juges constatent que la filiale ayant
souscrit le contrat contenant la clause compromissoire est entièrement contrôlée par la
société mère qui l’a vidée de ses actifs une fois le processus contractuel terminé.

Dans ce cas, les arbitres et les juges considèrent, à juste titre d’ailleurs, que la société mère
s’est comportée comme étant une véritable partie au contrat tout en se cachant derrière le
voile social érigé par l’illusion d’une filiale créée de toute pièce pour les besoins de la cause.
Concrètement, la convention d’arbitrage lui est applicable au même titre que la filiale.

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L’arrêt de la Cour d’appel de commerce de Casablanca du 15 janvier 2015 en est un parfait
exemple. Les arbitres et la Cour d’appel de commerce de Casablanca ont dressé un constat
identique. Ils ont établi sur la base des documents qui leurs avaient été soumis que la société
mère a joué un rôle capital lors de la négociation, de l’exécution et de la résiliation du contrat.
Pour étayer cette affirmation, la Cour d’appel de commerce de Casablanca précise notamment
que :

– La détermination de l’unité de production de l’usine, dont la construction constitue l’objet


du litige arbitral, a été décidée par la société mère;

– L’exécution du contrat, principalement la décision relative à la participation dans le capital


de la filiale, a été l’œuvre de la société mère;

– La société mère a joué un rôle capital dans le financement du projet en apportant


incontestablement son soutien à sa filiale;

– La rupture du contrat a été initiée par la société mère qui a décidé de retirer, pour le compte
de sa filiale, la garantie à première demande octroyée par la banque au profit de la société
française.

L’ensemble de ces éléments reflète à merveille, aussi bien pour les arbitres que pour la Cour
d’appel de commerce de Casablanca, le rôle décisif joué par la société mère tout au long du
processus contractuel et justifie, dès lors, la décision de la considérer comme étant partie au
contrat et, en toute logique, au litige arbitral qui en découle.

En somme, la signature ne constitue en aucun cas un critère concluant pour déterminer les
personnes véritablement liées par la convention d’arbitrage. En revanche, le comportement
des personnes, lui, est décisif.

Certes, c’est la première fois que la question de l’extension de la clause compromissoire à une
partie non-signataire s’est posée devant une juridiction marocaine. Toutefois, l’admission du
principe de l’extension aux personnes non-signataires de la convention d’arbitrage est une
pratique extrêmement courante sur le plan international, qu’il s’agisse des pays d’Europe, des
Etats Unis ou des pays arabes. Il suffit pour s’en convaincre de constater que la Tunisie, la
Libye, l’Égypte, le Liban, la Suisse, la France, les Etats-Unis, l’Angleterre, pour ne citer que ces
pays, consacrent, depuis fort longtemps, le principe de l’extension de la convention
d’arbitrage aussi bien au niveau de la jurisprudence arbitrale qu’au niveau de la justice
étatique.

Conclusion
En effet, responsabiliser ou pas la société mère pour les actes de ses filiales place le législateur
dans une situation assez délicate ,acculé à choisir entre laisser la société mère libre de ses
actes et agissant à sa guise et impunie, au détriment de toute une panoplie de principes de
nature assez diverse ,juridique, morale, environnementale, fiscale et sociale, ou alors établir

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un cadre normatif assez sévère au risque d’avoir des retombées économiques assez néfastes
en cas de délocalisation de ces entreprises, autrement dit, faire prévaloir la réalité
économique ou l’orthodoxie juridique ?

Bibliographie
Traité marocain de droit des sociétés – Mohamed El Mernissi
www.cimentsdumaroc.com
www.legalstart.fr
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Attijariwafa_Bank#:~:text=Att
www.dictionnaire-juridique.com
https://www.insee.fr

https://www.upsilon-consulting.com/2021/03/succursale-au-maroc/
www.toute-la-franchise.com
www.lecoindesentrepreneurs.fr

economie-entreprises.com
https://www.village-justice.com
www.captaincontrat.com
www.bensussan.fr
https://bassamat-laraqui.com
Article : L’intégration fiscale dans des groupes de sociétés : un outil d’optimisation fiscale
non encore exploité au Maroc par EL MADI Lahsen , BAHAJJOU Issam

https://www.lepetitjuriste.fr/technique-de-filialisation-entre-atouts-ecueils/

https://www.lecoindesentrepreneurs.fr/creation-filiale/#interets

https://www.vernimmen.net/Pratiquer/avantages_de_la_filialisation.html

Thèse pour le doctorat en droit présentée et soutenue par Delphine NICOLAS – BELIZON : LE
CONTRÔLE DE LA GESTION DES SOCIÉTÉS COMMERCIALES : APPROCHE SYSTÉMIQUE
https://www.avocats-amado.net/comprendre-quest-prise-de-participation-capital/

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