TRAITE D’HARMONIE
Théorique et Pratique
PAR
F.-A. GEVAERT
Directeur du Conservatoire Royal de Bruxelles
Maitre de Chapelle de. S. M. le Roi des Belges, Membre de l'Académie de Belgique
et de Institut de France
Copyright by He Lamon et 905 | Capit hy Hey Lito ot a7
L'QUVRAGE COMPLET, Paix ver: 25 fr.
HENRY LEMOINE & C*
17, Rue Pigalle, PARIS — BRUXELLES, Ruo de la Wusleleine. 13
Reproduction ct Traduction réservées pou tous sats
compris la Suede, la Norvage et le Dancin
Copyright by HENRY LEMON otAVERTISSEMENT
Au lieu d’appesantir encore par une Préface ce volume, déjé plus lourd que je
ne I'eusse désiré, je crois pouvoir montrer avec une suffisante clarte aux
Musiciens la maniére dont j’ai concu I’Enseignement de 1I’Harmonie
simul *née en leur mettant ici sous les yeux, tout simplement, la
TABLE des MATIERES
Etude préliminaire : Constitution du Systéme général des Sons musicaux, p. 1.
Deuxiéme Etude : Le Diatonique dans la Musique homophone. — § 1. Les échelles du
Diatonique ordinaire ou heptaphone. p. 10; $l. Les échelles du Protodiatonique ou diatonique
pentaphone, p. 22.
Troisiéme Etude : Le Diatonigue dans la Musique polyphone. — §1. Origines de Harmonie
moderne, p. 30; § Il. La Tierce consonante, génératrice de Pharmonie moderne, p. 355 SUI, Réalisation
et enchainements des accords primaires, p. 47-
Quatrieme Etude : Le Majeur diatonique dans l’Art moderne. — § 1. Constitution harmonique
‘du Majeur polyphone, p. 58; § Il. Les harmonies essentielles du Majeur diatonique, p. 645 § IIL. Les
armonies complémentaires du Majeur diatonique. p. 87.
Ginquieme Etude : Le Mineur moderne et les variantes mixtes du Majeur.— § 1. Genese,
constitution harmonique et mélodique du Mineur moderne, p. 975 § Il. Les accords essentiels du
Mineur moderne, p. 110; § Ill. Les accords complémentaires du Mineur polyphone, p. 1273 § 1V. Le
Majeur mixte, p. 143.
Sixiéme Etude : Les modifications chromatiques du Majeur et du Mineur. — §1, Echelles et
mélopée chromatique, p. 1535 § Il. Théorie des accords chromatiques en général, p. 167; § II. Les
accords chromatiques exclusivement propres au Majeur, p. 1743 les accords chromatiques communs
au Mineur et au Majeur, p. 1925 la polyphonie du Chroma intégral, p. 213.
Septieme Etude : Accords mélés d’éléments spécialement mélodiques. — § 1. Les Sons Passagers
simples, diatoniques et chromatiques, p. 230; § Il. Sons Passagers produits simultanément dans plus
dune partie, p. 242.
Huitiame Btude : (Suite de la précédente). — § 1. Appogiatures et Retards dans la mélodie; régles
générales de leur emploi polyphone, p. 252; § Il. Appogiatures et Retards supéricurs (descendants)
dans la succession polyphone, p. 260; § ll. Appogiatures et Prolongations intérieures (ascendantes)
et mixtes dans la succession polyphone, p. 275
Neuvidme et dernisre Etude : Les Transitions dun Systéme Tonal é un autre. —§ 1. Théorie
cet classement des transitions, p. 286; § II. Transitions opérées sans aucune modification artificelle
des intervallesmélodiques ou harmoniques, p. 295; § Ill. Transitions obtenues a1 moyen de
Péquisonance, p. 305; § IV. Revue des quarante-huit transitions directement réalisables, p. 320.
A la fin du volume on trouvera un exposé sommaire des principes didactiques
que j'ai pris pour guides constants au cours de mon long labeur.
F, A. GEVAERT.
BRoxetes, 8 Septembre 1907.TRAITE D'HARMONIE
THBORIQUE BT PRATIQUE
> . PREMIER:
ETUDE PRELIMINAIRE aerial eat ted
Constitution du systéme général des sons musicaux
S1.— Le son est Ia perception des choes successifs exerces sur les particules dair qui envi-
ronnent Vorgane de Vouie, Les sons aptes & la musique, les seuls dont nous ayens % nous ocew-
per ici, sont produits par une série de choes se succédant rapidement a dégauxsintervalles de
temps (vibrations isochrones -
§2._. Ou distingue dans le son musical trois qualiteés principales : Vintensité, te tingbee ,
la hauteur. L'éntensite’ d’an son provient de l'amplitude des mouvements vibratoires qui le
produisent. Le fimére, @aprés Vopinion génécalement admise depuis les travaux d'Helmboltz,(!)
résulte de la forme partieuliére de la vibration dans les ondes sonores, forme qui dépend elle-
méme de la maniére dont lair est mis en vibration. La Aauteur est le résultat de la vitesse plus
ou moins grande des vibrations. Le son est d’autant plus aigu que le oombre des vibrations est
plus considérable dans un temps donne; il est d'autant plus grave que le nombre de vi
est moins éleve
$3. La hauteur est 1a qualité exseatielle du son musical; c'est elle qui constitue sou iden-
tité, qui lui doane son nom, V'intensité et le timbre ne sont que des qualités secondaires. Za mu-
sigue ne considere comme différents que les sons qui different en hauteur, et la science de Uhar-
monie s‘occupe uniquement de régler Lusage successif et simultané des sons par rapport leur
hauteur relative.
$4. Dans Vimmense quantité de sons dont loreille humaine est 4 méme de saisir la dif-
¢ hauteur, l'art musical s'est choi
fierene
i une série restreinte de sons exprimés par les si-
gnes de sa notation. Zous des’ sons composant cette série se retient entre eux par la consonance ,
source et principe universel de la musique.
Platon:*L’échelle des sons o'est pas uu fait primordial: a Vorigine elle était désordounées le discord est
+ antérieur 4 Paccord . est Ia consonance, incaraation du nombre, du principe organisateur, qui a crée Vortre
mire. échelle musicale est consonanee.* F2A.6., Lew
et la lumidre dans fe chaos des sons produits par la
Problimes musicane d’Aristote, Gand, Hoste, 1803, pp.144~145..
85. La consonance élementaire, celle dont il s'agit ici, est impression sensorielle qui se
produit lorsque denx sons. résonnant en méme.temps, se mélangent plus ou moins complitement
Son contraire est Pinconsonance ou dissonance, laquelle a lieu lorsque les deux sons frapprs
en accord restent nettement séparés dans impression auditive. (2)
11) Pheonte physiologiqne de ts Musique, fondee sur Utude dev sensations aeditiven . Trad. frangsize de Guctoult, Bris ANT
pone
lefioition des Snions.de griterence ala theorie superfivielle des musicistes modemos. laquelle vis
sn "penible des accords éhimentaies; encore a ce point de yur atoit Uuisset elle dé
J ak adopto Feveotlo
suiquement Voffet Magivabls
Copyright by 09 Lemuine ot 6 1908 19889La nisonnanee
simplique pas né
multange est la pierce de touche de la consonance ,cependant Ia consonance
ssairement la simultanéite : il peut y avoir également consonance quand les
deus sons s*entendeat lun aprés Vautre . Tout porte & croire que le sentiment de la consonance
existe au plus profoad de létre humain, puisque Véchelle musicale a procédé et procdde do
consonance, méme chez les peuples qui n'ont jamais mis |harmoniv simultane en pratique
Daas 1a musique homophone, tant antique que moderae, les repos mélodiques nt liew en géueral sur des
sous qui formeut eousonaace avec Ia fondamentale harmonigue de la cautiine
Vautee part on sait que la voix humaine posséde la faculté d'entonner spontanément et juste
les intervalles consonants, tandis qu'elle n'entonne les degrés nop consonants entre eux (tons et
demi-tons) que moyeanant Finsertion inconseiente d'sa son consonant commun aux deux intonations -
Les noms des consonances et des intervadles (octave, quinte, quarte, ete.) indiquent Ie nombre des de—
diatouiques que La voir doit pareot
ir pour se porter de I'un des deux sons vers Pantre
$6.— Les théoriciens modernes admettent ing consouances élémentaires Elles sont donnees
pur Faccouplement des six premiers sons de Véchelle harmonique, qui s’entendent sur les instru:
meuts & cordes et les tuyaux de flite ouverts. Silon fait résonner la 4° corde du violoncelle .
en prolongeant la vibration, on peut,avee quelque attention, discerner dans le son principal
cinq sons accessoires .
lle>
5
4
Q 2 3 + z
=
=e
ee || Quinte |! Qnarte [[ ise [sien |
Or les sons 1 et 2 forment laccord ou lintervalle consonant d’Octare ( Ut-Uit); les sons 2 el
3 produisent la consonance de Quinte ( Ut-Sod isles sons 3 et 4 font entendre la consonance de Qute
(Sof-Ut); les sons 4 et 5 exhibent la consonance de tierce majeure (Ut-Mi); 5 el 6 donnent celle
de fierce mineure \\) « Mi+Sol).
Dans Vaudition dun accord Toreilte sappute sur le son grave : la consonance est entendue de bas
en haut. De mene en theorie: les intervalles et accords sont considérés ~et énoncés—du grave ti Lsiga.
87. —A. La consonance d'Oetave (1-2) frappée en accord, donne lieu & une fusion de sons
Geile, que dans certains timbres elle fait effet dun unisson: lorsque, par exemple, un soprano
1) Les mimes accouplements de chiffres (4-2, 2-8, 34, 4-8,5-6) exprimont de rapport aumarique des vibrations entre dee
deus sons composant une dee consonances élementaires: le sun tufiienr est repreventé par le chiffre te motes eleré. Dans
Octave les sibraticas da son infrieur sont x celles da son aigu comme 4 ext A (comme 100 est 2001; dans la Quinte ellos out
comme 20st 3, dans la Quarte, comme Best 4, dans Ia tierce majeure, comme ¢ésti 5, dans Ia tiercy minours,commie sest 6.
imines formules aumériques expriment aussi los rapports dé longueur dee tuyaus ef des cordes warvant hk produire les
susdites cousonances . Mais on ce cas (eur signification ext inverse : Le nombre Le plus slece weprésente le son grave Le
Tinterealte, Poss LOctaee los rapports de longueur soot 2:1, pour la Quinte 3:2. pour Te Quarte 4:5, pour a tierce majeure 8:4,
poor la tierce minvure 8:5, Eo un mot quand il Sagit de vibrations, ani ent Ja plus petite citerse cibpatotre dont Vee nwt
Lures 2,5, 4,5 0€ 8 sont les mutplee, quandil Sagit ds loogueurs, Zenit ast da pve rane foneuetr vibrante dost les vombres
£.5,6,5 616 sont los diciveure
198698.et un tenor chantent la méme mélodie 1) Bn ce cas le son aign sabsorbe dans le.son grave et
parait plutét un élément modificateur du timbre qu'une intonation distincte. 1) L' Octave
effectue union intime de deux sons différents en hauteur
B. La seconde consonance, la Quénte (2-3), produit également une impression dunité par
le mélange de ses deux éléments sonores. Néanmoins leur fusion ne s'accomplit pas entie-
rement;| individualité de chacun deux se maintient dans la résonance simattanve. La Quinte
ise Ia diversité daus Funité
C. La Quarte (3-4), troisi¢me consonance élémentaire, exhibe aussi au sens auditif
une cohesion etroite de ses deux sons; mais leur émission sous forme daccord fait éprouver
tune singuliére impression d'instabilité, presque de malaise. La cause en est toute simple: fa
Quarte est Le négatif de la Quinte, c'est une Quinte entendue a rebours. Le son fondamental, qui
dans la Quinte accupe sa place normale, le grave, s'entend 4 Paigu dans la Quarte, en sorte que
Faccord a’a plus sa base: selon Vexpression technique il est renversé. A Voreille du musicien
moderne, la Quarte fait un effet semblable & celui que produirait & weil 1a vue d’une pyramide
posée sur sa pointe
Daus Ia pratique des accords, les ronversements qui aménent la fondamentale ila Quarte aigué de la Basse
étaient & peu pris inusités chez les anciens maitres, et ne s'emplojent encore aujourd’bui que sous certaines
couditions .
D. Les deux dernigres consonances, associées par leur déaomination commune, leur usage
et leurs propriétés musicales, la fierce majeure et la tierce mineure forment une catégorie spé-
ciale d’accords élémeataires . Dans l'audition 6:
nultanée leurs sons ne se mélangent pas, mais
ils se conjoignent de la maniére Ja plus séduisante pour Voreille. D’autre part ces deux conso-
ances appariées présentent entre elles une opposition générique La tierce majeure. entendue
isolément, posséde en elle-méme un sens harmonique nettement défini: posée sur une wiplique
du son fondamental (4-5), elle donne limpression de U'actif, du viril. Par contre la tierce mi-
neure (5-6) n'a pas de determination précise, et n'en acquiert une que par I'adjonction d°
tierce majeure, soit au grave, soit a laiga. (*)
Employée de cette derniére maniére, c’est-a-dire comme base dun accord parfait, la tierce
mineure exprime le sentiment feminin, le passif, l'ondoyaat. Elle nous apparait comme une flexion
de la tieree majeure. Dans notre art polyphone le mode
leur se trouve sous Ia dépendance har-
monique du Majeur, le systime fondamental de la musique européenne .
E Les séxtes, comptées également parmi les consonances modernes,-ne sont autres que des
tierces dont la disposition est intervertie. En transportant le son grave a Taigu, la tierce ma-
jeure 4-5) se convertit en une site minewre (5-8) ,et la tierce mineure (5-6) devient une sete
majeure (6-10 on 3-5). Exéeutées en accord, les deux sixtes ne sont gi
qie les tierces Thutefois leur sonorité est plus relichée et leur contraste expres
remo
ns consonautes
if moins frappant
11 FRG. dew Prod. mes. A Ariatote, p-A2# ot sai
Viaccord parfait majeur est deuae par bes sous 6-5-6 do Pchelle aeons
19660$8. — Chez les musicistes gréco-romains nos consonances géminées étaient reléguées parmi
les diaphonies | ineonsonances |, bivn que la tierce majeure de la fodameatale du mode et meme,
jusqu’a un certain point, la tierce mineure fassent office de sous darrét dans tes restes mélo-
‘iques de Vantiquité qui nous sont parvenus. La haute signification de ces nouvelles conso-
nances ne s'est pleinement révélée que dans Vart po!yphone, oi les deux tierces sont devenues
les éléments premiers, les matériauy essentiels de notre opulent édifice harmonique. Néanmoins
tun respect superstitiens pour les doctrines grecques, déja mal comprises par fey Romaius, a
fait que les tierces et les sixtes n'ont pas été hautement proclamées consonantes avant la fin du
AVI" sidele. Jusqu’d notre époque méme on les a qualifi¢es de cousouances imparfaites, parce
qwelles supporteut une flexion sans devenir dissonautes. On a eéserve la qualification de parfuites
pour les cousonances primitives et absolues d’Octave, de Quinte et de Quarte. Zey géndratrices de
toutes tes échelles musicales conutes. et les seules cousonances ‘jui, de nas faurs encore, interviennent
dans la constitution du systbme général des sons musicaus.
$9. — En tant qu’intervalle mélodique, Octave jalonne I'étendue entitre des sons musicanx
elle marque le point précis ois se termine la série des sons harmoniquement différents et pourvus
dune dénomination spéciale . A partir de ce point, la méme série ef Jes memes dénominations se
répétent dans un ordre identique; aussi Jes suns situés A distance d’Octave sont tenus pour qui
valeuts dans Ix coustruction de échelle générale. Do ta, division de Tétendue entiére en Oetuves ,
compasées chacune d'un nombre égal de sous: en sorte quiil suffit de connaitre les sons contenus
dans une seule etave pour connaitre ceux de toutes les autres Oclaves
“LOctare renferme toute musiqne*, Le som antique de POotave, “alapason, siguitie: qui passe
Prolemée:
par tous les degrés de V'échelle musicale .
Notre musique et sa notation distinguent, dans chacune des sept Octares actuellement utilsees,
44 sons, lesquels sur nos instruments & elavier sont rendus par 12 sons reels. Les deux ou tro
degrés de POctave qui dans le tableau suivant occupent la méme case diffrent fort peu en hauteur ,
et sont représentées par la méme touche
Les 34 sons de Octave moderne
rangés dans Pordve de leur
1) Sioodictw une corde vibratteen deux patties ogates,chacune des moltiss donnora TOetase dela corde veto, Ba divisant enstito
ta moitis en deus.oa aura la double Octave, et ainsi de suite Vinfiai. Les nombres 2.4.8 (fete. ropessentarynt dino toujonrs
1 anémesuy a das bouteurs différentes
19869.0,Voici Vorigine de Ia pratique actuelle, si grossiére en apparence , et reconnue aéaumoins compatible
avev les exigeuces de notre seatiment musical. On sait qu’en accordant an instr
par un euchainement de
Quintes et de Quartes rigoureusement eonsonantes, on obtient, au dow
ye ehainon jun swtervalfe qui dépasse
sensiblement Octave du sou initial. Pour apouler la difference et aboutir & une Octave juste (oui un unissou),
ou a (vers 1700) imaginé de répartir La différeace sur les 12 Quintes, eu diminuant dune quantité minime cha
une delles. Cette opération, eonnue sous te uom d’accord par temperament égel, a pour risultat d'ideatitier daus
Ia pratique tous les degrés de Uéchelle gratrale distants de moins d'un demi-ton, et dxprimer au moyen de 12 sons
par Octave, les 31 sons que notre notation représente par sex signes, ef que notre instinct musical, dans Pandition
affective, reconnait sans hésiter, en interprétant les sons matériels apres leury relations harmoniques
§ 10.—En theorie comme en pratique, la Quinte est la vraie géneratrice de léchelle musicale ;
eest la consonance qui nous fait décourrir tous les sons utilisables dans Ukarmonie. Tandis qu’ un
enchainement d'Octaves, porté 3 Fafini . ne peat nous donner que ta réplique du méme son, une
progression de Quintes nous aménera 4 chaque pas un son nouveau, sans que jamais on retombe
sur un son déja entenda
A. En partant de Sol » et en montant de Quinte en Quinte, on trouvera les 31 sous compris
dans chaque Octave de Métendue générale : d’abord les quatre autres sons marqués d'un double-be-
mol, puis les sept sons affectés dun bémol, ensuite les sept notes non aceumpagaces dun si-
gue modificatif, les sept notes diésées et enfin les eing notes doublement d
<<
sob Ke A Wi I
ar ee
Fab _ UTb — sotb _ Reb — tab — wib _ Sib
oye ——
OR
We ie ae a a
ee ee
Fax — tx — Solx — Rix — tax
Cue chaine de trente Quintes ascendantes comprendrait plus de 47 Octaves: elle dépasserait de
beaucoup, par conséquent, les limites de notre Systtme musical et de nos facultés auditives. Mais on
a vie que les sons situés a distance d’Octave ont la méme valeur dans la constitution du systéme.
La gigantesque échelle de 17 Octaves peut done se resserrer, grace a cette identification daus Péten-
due dune seule OctaveVirtuellement a progression des Quintes est une spirale sans fins Ia pratique musicale Va arrétée & 31 termes,
parce que Ia Quinte au-dessus de fa x serait mix, note qui sur les instroments a clavier devrait se'rendre par
tun fa }- De méme la Quinte grave de sol ¥ serait uth qui ne pourrait se jouer que sur la touche de sib.
Quand Torthographe barmonique le permet, on évite les x et les Hy; en tout cas oes sigues ue paraissent ja
je qu’accideutellement -
mais daus Varmure. Oa ne les emp!
B. En prenant la progression des 30 Quintes & rebours, cest-i-dire en procédant de droite it
gauche, on produit une serve régressive de 30 Quartes, qui, partant de 4a x, passe successive -
ment par les doubles-didses, les dises, les notes non modifiées, les bémols, pour aboutir fina-
Jement & so/ bo.
e_ be Ss
On voit que les intervalles ascendants de Quarte équivalent i des Quintes descendantes; réci-
proguement les Quintes ascendantes ont ta méme valeur harmonigue que les Quartes descendantes.
$41. Tous les intervalles mélodiques autres que les trois eonsonances absolues forment les
deux bouts dune chaine de Quiates ou de Quartes plus ou moins prolongée. Si nous prenons notre
point de départ vers te milieu de la série entidre des 31 sons, la progression des Quintes nous don-
era dabord tous les intervalles majeurs et plus loin les intervalles augmentés; dans la direction
opposée la série régressive des Quartes nous fera découvrir en premier lieu les intervalles mineurs
et ensuite les intervalles diminués
Pour démontrer ta génération de tous les intervalles appartenant au systéme harmonique de
Pépoque moderne, nous partirons done ( sauf deux exceptions) de ré, terme centeal de la série totale
On se rappellera constamment que dans énonciation des intervalles harmoniques, que/s quils soient, 00
art toujours du son grave. La theorie musicale ne connait que des intervallus ascendants
A. Un enchainement de deux Quintes | ré-la, Za-mz) aboutira & Uintervalle de seconde majeure
ou de ton;
re. mi
deux Quartes eachainées ( re-so/, sof-ut) donueront la septieme mineure
La
seconde majeure et Ia septiéme mineure sont contenus vingé-neuf fois dans Ia serie totale
19669.6,B. Un enchainement de ¢rois Quintes donne la sixte majeure;
trois Quartes enchainées fournissent la tierce mineure .
res fa
Les deux iatervalles soat contenus cingt-Auit fois dans la série totale.
C. Un enchainement de quatre Quintes donne la fierce majeure:
6... fag
quatre Quartes enchainges fournissent la sixte mineure
ree ee stb
Les deux intervalles sont contenus ving?-sept fois dans la série totale
D. Un enchainement de cing Quintes donne la septiéme majeure;
ree. utd
cing Quartes euchainées fournissent la seconde mineure (demi-ton diatonique)
+ mid
Les deux intervalles sont contenus vingt-séx fois dans la série totale
E. Un enchainement de six Quintes donne le friton ou fausse-guarte;
roo ult
six Quartes enchainces fouraissent la fausse-quinte
re wee ee dab
Les deux intervalles sont contenus vingtcing fois dans la série totale
Pour ces deux’ deruiers intervalles nous avons repris les anciennes déaominations, de beaucoup priferables
aux termes incorreets que Von a essayé de leur substituer depuis un sidele .Ou ne peut appeler quarte eagmentie,
quarte diminuce, des iatervalles compris dans la gamme diatouique. Les expressions quarte majeure, quinte
‘nincuro ne valent pas mieux. Le majeur suppose, a eétéde /ui, un mineur, et réciproquement. Or la Quinte et
Ia Quarte ne sont pas des intervalles géminés, sexués: comme l'Oetave ce sont des eousonauees absolues.
F. Sept Quintes enchainées aboutissent ala prime augmentée ou demi-ton chromatique:
Pee eee eed
Un enchainement de sept Quartes donne lYoctave diminuce.
eee ee Peb
Les deux intervalles sont contenus vingt-quatre fois dans la série totale
G Hut Quivtes enchainées aboutissent a la quinte augmentees
eo inf
un enchainement de Au‘t Quartes donne la quarte diminuée
Pee ee ee ee oth
Les deux intervalles sont contenus oingé-trois fois dans la série totale.
H. Neuf Quintes enchainées aboutissent a la seconde augmentée;
reve eee eee mle
un enchainement de newf Quartes donne la septi¢me diminuée
eee eee uth
Les deux intervalles entrent oingt-dewx fois dans la série totale
I. Déx Quintes enchainges aboutissent a la sixte augmentée;
ence e ee eee if
un enehainement de dix Quartes donne la tierce diminuée
eee eee eee fab
Les deux intervalles entrent o/agt ef une fois dans la série totale
419880.J. Onze Quintes enchainées aboutissent & la Herce augmentécs
eno dG gocce un
ement de onze Quartes donne la sixte diminude
hve cece ees IB
Les deux intervalles entrent vingt fois dans la série totale
K. Douze Quintes enchainées aboutissent a la fausse-octane enkarmonique ‘plus correc
tement homophone),
un enchait
un enchainement de douse Quartes donne le fur.e-nnisson homeophone
eee mi by
ss
Les deux intervalles entreat dix-neuf fois dans totale
1 serait bon dexpulser de notre vocabulaire musical le terme enkarmonigue, qui wa —beareusemeut —
pplication daus notre musique européenne, et de le remplacer par Aomorophone ow cquixunant
mots qui tous deux signifient: “ee qui sonne de méme.
L. Treize Quintes enchainées aboutissent au triton augmenté ;
un enchainement de ére’se Quartes donne la fausse-guinte diminuee.
PE eee ee ee ee baby
Les deux intervalles eutrent dix-huit fois dans la série totale
M. Quatorze Quintes enchainées aboutissent ala prime doublement auymentée ;
un enchainement de uatorse Quartes donne V'ocfave doutlement diminuce
ae
Les deux intervalles entrent dix-sept fois dans la série totale
N. Quine Quintes enchainées aboutissent & la quinte doublement augmentée
ment de guinse Quartes donne la guarte doublement diminuée
tun ene
Oooo eee
Los deux intervalles entrent se7ze fois dans Ia série totale
0. Setse Quintes enc ées aboutissent ala seconde doublement angmentée .
ee
un enchainement de seéze Quartes donne la septiéme dowblement diminuce .
Tee ce tl,
Les deux intervalles entrent guinze fois dans ba série totale.
P. Les sons qui dans le systeme general se trouvent mituellement éloignés de plus de seize
Quintes we sont jamais mis en contact hurmonique ou métodique. Aussi les intervalles quvils fur-
ment n'ont pas de déuominations consacries et nous ne nous arréterons pas & les énumerer
$12. En tant quunité harmonique, le systime général n'est pas susceptible d'epplication pea
tique. Jamais fa totalité de ses éléments sonores svest appelie & fonctioaner au méme moments lors
quon tente de disposer sous forme dichelle les 31 sons compris dans (Octave (voir plus haut p.4),
il se produit une suite dintonations aussi impossibles & rendre par un instrument que par la yoix
humaine. Cette collection genérale des sons musicuux ue semploie que par séries partielles. par
des systémes fragmentaires, embrassant un nombre déterming de Quintes, pris & un endroit quel-
conque de la serie entiére
1986A. Tlexiste deux systemes de cette espece,auxquels nous donnerons le nom de primatres.
Le premivr et le principal est le diatonigue, dont le domaine entier se resserre dans une série
de sept sons (6 Quintes } e’est-a-dire dans un intervalle de triton (ou de fausse-quinte )
Exemples: dab _ mé> _ si? _ fa — ut — sol — re
fa — ut —sol — 16 — la — mi — si
ré -la —mi — si — fat — ut? — solt.
Le second est le chromatique, lequel parcourt une série de douze sons Al Quintes), limitée par
Pintervalle de tieree angmentée ( ou de sixte diminuée ).
Exemples: —solb_ré>_ dab_ mi? si? fa — ut — sol — ré _ la mi — si
fa ut —sol—ré —la —mi — si — fat_utt_ solt_ rét_ lat.
Tous les sons de chacun des deux syst@mes étant disposés en forme d’éehelle, on voit se
produire les deux types caractérisés de succession mélodique: l'éehele diatoniue, proceédant par
seomdes majeures ef mineures ; U'chelle chromatique, procédant par secondes mineures et dems tons
chromatiques.
B. Notre art polyphone a produit en outre deux systémes secondaires ou dérives: en premier
lieu un systéme mixcte, diatonique mélé de chromatique, auguel appartient le Mineur moderne ;-son
domaine entier embrasse dix sons (9 Quintes).
Exemples: dab — mib_ sib_ fa — ut — sol ré— la — mi _ sé
fa ut. sol 16 — la — mi — sé — fab uth— soll
Enfin au cours du XIX* siecle s'est produit un chromatique que oous appellerons integral, #¢-
tendant jusqu’e dix-sept sons (16 Quintes): plus de la moitié du systéme général. C’est la plus
graude unite harmouique régulidvement réalisable dans la pratique actuelle .
Bxemples: solb_ré?_dab—mib_sib — faut —sol —ré la — mi —si — fat ut t sol * _ré4 lat
fa — ut sol ré—la — mi —si—fat_utt_solt_rét_lat_mit_sit —fa* _ut*—sol*.
Les deux systimes dérivés ne réunissent pas la totalité de leurs sgus dans une seule et meme
formule mélodique: te mode mineur polyphone conple trois gummes différemment échelonnées , le
chromatique intégral en exhibe six.
$13. Toutes les varittes du chromatique ont pour origine commune te diatonique, la mélodie
universelle du genre humain, indépendante de toute culture musicale et antérieure a elle, la seule
musique que lantiquité ait transmise directement aux peuples oecidentaux par le chant de I Eglise
latine
Les Grecs ont cultivé wn cheomatique embryounaire (il w'rmbrasssit que 9 Quiates}:les récentes découvertes
it connate quelques menus spéoimens. Mais ce geure de mélopéeadisparu avaut la fia de Empire romain
Lhomophonie diatonique sur laquel!” les eonttepointistes du moyen age ont laboricusement édifié
notre art polyphone, possédait une grande variété de Types melodiques, de modes, différenciss par leurs
cadences finales, par leurs accents spéciaux. Sous la puissante action unificatrice de Fharmonie simul-
lange ce particularisme musical a disparu peu & peu: les modes antiques ont été, non pas anéantis,
mais absorbés par La nouvelle centralisation modale . Bien que réduits aujourd'hui a un role subal-
terne,ils font sentir leur influence dans tous les styles musicaux plus ou moins apparentés & Part
ecelésiastique (se rappeler les admirables chorals de J.S.Bach); ils subsistent méine, représeates
par lears harmonies fondamentales, dans lorganisme radical de notre tonalité polyphone .
Une connaissance suffisante des nombreuses échelles diatoniques dont La fusion a produit le sys-,
téme toual de la musique moderne est conséquemment Fiutroduction indispensable a une étude appro-
fondie de Pharmonie simultané 19609.8410
DEUXIEME ETUDE
Le diatonique dans la musique homophone
PREMIERE SECTION
Les échelles du diatonique. ordinaire ou heptaphone
314_ Les sept sons situés au centre de la série générale des sons musicaux (§ 10, A), et
désignés par des notes sans aucun signe altératif,
vy col ee te st
forment la série modéle du diatonique, laquelle comporte vingt-quatre déplacements ou frans-
positions dans l'étendue entire du systeme général. De ces 24 transpositions, 14, tout au plus,
sont réellement en usage de notre temps. La série diatonique se déplace sept fois, de Quinte
en Quinte, dans la direction des dieses, et autant de fois, Quarte par Quarte, dans la direction
des bémols.
4 3 5 4 & 6 7
7 didses: fat ut ® sol ore # at mit sit
6 didses: si fa® wt got ret tak it
B dieses: mi si fa wth gol read
A dieses: lami st fat tt ott ret
3 ditses: ré la mi si fat att sol®
2 didses: sol 8 temic gah ath
un didses wf eolré— damit at
Série modéle: FA UT SL. RE LAM S
un bémol: of? Sa ut sol ré la mi
2 démols: mb sib fa ut sol 8 ta
3 bémols: ta> = mid stb fa ut sole.
4 bémols: ré — ta> —mib_— stb fn ut sol
5 bémols: sofh 6b tab mi sib faut
6 pémols: uth — sol re tab mb stfu
7 bémol Jae ath sol red tab mid sib
Dans notre exposition théorique des échelles modales, nous désignerons les sept sons
dune série diatonique quelconque par les sept syllabes de la série modéle
$ 45_ Si nous analysons, au point de vue harmonique, les intervalles mélodiques et les
accords élémentaires contenus dans chaque série diatonique, nous trouvons {out d’abord
‘outre les sept Octaves données par fe redoublement aigu des sept sons de la série)
19869.4
les six consonances absolues Jes six consonances absalues
de Quinte de Quarte
fe fa" fat [eh DY fa |G fat fe Le ah fat
ensuite les agrégations suivantes, issues d'un enchainement de Quintes ou de Quartes
cing secondes majeures ing septiemes mincares
(produites par 2 Quintes) (prodnites par 2 Quartes)
[ie Lt fe i | Be fe it Be
quatre sixtes majeures ares
(= Quintes) 3 Quartes)
ré fla mi [si ré [aol fut [fa
fe? [at aa fee) GF ai ft fe
trois tierces majeures trois sixtes mineures
(= 4 Quintes) Quartes)
la P mi si sol &
[ef [at ) Eft
deux septi¢mes majeares deux secondes mineures
(= 5 Quintes) (=5 Quartes)
mi [si ut fa
ie |i &
un triton ~ une fausse-quinte
(6 Quintes) (26 Quartes)
fee
A. Les cononctions de trois et de quatre Quintes ou Quartes engendrent les consonances
géminées de tierce et de sixte. Les enchainements de deux et de cing Quintes ou Quartes en-
gendrent les intervalles majeurs et mineurs de seconde et de septi¢me, dissonants en harmonie
simultange; Zes dissonances diatoniques se produisent uniquement entre deux sons qui,dans léchelle
mélodique sont contigus ou peuvent Vétre. Ul est & remarquer que V'addition de 3 et 4 (nombres des
consonances), comme celle de 2 et 5 (nombres des dissonances), donne sept, nombre total des
sons de la série diatonique.
Les tierces et sixtes majeures et minenres issues dune progression de Quintes rigoureusement justes,
Wont pas les mémes rapports acoustiques que les tierees et sixtes consonantes fouri
par la résouance
naturelle des cordes et des tuyanr (§ 6): celles-ci seules ont les vrais rapports. Quant aux premiéres, elles
s'écartent sensiblement de la parfaite justesse. La différence entre les deux catégories
fervalles, snr
vibration sur 80, est facilement appréciable & Voreille, mais sans conséquence dans Ia pratique. En effet
les tierces ot
10s dites tempérées, que nous font entendre nos instruments, forment une troisiéme catégo-
tie dimtervalles, intermédiaire entre les deux précédentes; or notre sentiment harmonique,plus attentif a suivre
le vontexte musical de Voruvre exéoatée qu’ contréler Ia justesse des intervalles, saccommode parfaitement
de ces consonances approrimatives. Iya méme lieu de remarquer que Ia musique moderue y a trouvé
une source deffets sensationnels. Conclusion: W'éléve n'a pas a se préoccuper de la différeuce acoustique qui
e ontre Les trois espéces de tieroes
1986942
~B. Le triton et la fausse-quinte donnent lieu a plusieurs observations intéressantes. 1° Ce couple
dintervalles, embrassant toute l'étendue de la série diatonique, et n'y figurant en conséquence qu'une
seule fois, suffit par lui-méme @ dénoncer V'écbelle tonale dont il fait partie. 2? Bn tant quaccords,
Ia fausse-cuinte ef le triton forment une eatégorie a part. On ne peut évidemment pas les ranger
parmi les consonances. Mais on ne peut davantage les tenir pour dissonants, puisque en diverses
circonstances, ainsi quion le verra plus tard, ils prennent place, sans se faire remarguer, dans des
successions daccords consonants. Ce sont des accords neutres, ou, sion veut, des demi-conso-
nances (les Anciens mettaient le triton parmi les paraphones, terme qui a un sens analogue).
8° La fausse-guinte joue un réle des plus importants et des plus caractéristiques dans la constitu-
tion du metériel polyphone de notre art européen.
$46. Le systéme diatonique a été rommé ainsi par les anciens Hellénes (diafonon, “qui pro-
cade par intervalles de ton” parce que, ses sons étant disposés en échelle ascendante ou descen-
dante dans le parcours dune octave, cing fois sur sept la distance de deux échelons conséeutifi
est dune seconde majeure; deux fois seulement elle est d'une seconde mineure, dun demiton diatonique.
En partant successivement de chacun des sept sons de la série diatonique, et en montant gra-
duellemen: jusqu’a son octave aiguit, on obtient sept types mélodiques gui different entre eux par
Ja place qu'y oceupent les deux intervalies de deni-ton, séparés alternativement par trois et par deux
intervalles de ton. Le mode de construction de ces échelles d'Octave est des plus simples. En voici
la formule théorique pour les échelles ascendantes: A partir du son choisi, aances vers la droite,
de deux en deux Quintes, quand et antant de fois vous le pourres; lorsque cous en étes empéche,ré-
trogrades de cing Quartes, ef continues ce ta-et-vient jusgu’a ce gue vous retombies sur votre son
initial. Pour la descente le procédé sera nécessairement inverse: en partant de Octave on rétro-
grade de deux Quartes, sil y a moyen; sinon on avanee de cing Quintes, et lon renouvelle ce mange
jusqu’a ce qu'on rencontre le son dont on est parti.
FORMATION DES SEPT TYPES D'OCTAVES DIATONIQUES
(4+ siguifie a droits, — sigaifie a gauche)
4) FAL sol la
a) vie ree a
3) sou. la si la so
one wife <<
Bua shit, oi
6) Mi fa 7 sol, ‘i é sol
ag cigs ree 7
$17. LOctave, cadre des échelles précédentes, rayant que la valeur dium son uni
tie peut, élant isolée, donner a chacune d’elles une assise harmonique. Pour en faire des organismes
musicaux, des échelles modales, il a fallu leur ménager, vers le milieu du parcours mélodiyue,xn point
de repere consonant, en incorporant Ia Quinte dans 'Octave, ce qui a eu pour effet damener a V'aigu
1988919
la consonance complementaire de Quarte. Réunies ainsi en un tout bien équilibré, dont le modile
est donne par le phénoméne physique ($6), les trois consonances absolues constituent, d’apres
la belle expression d’Aristote, le corps de Uharmonie \), La charpente solide de I'édifice
lodique. Cette structure consonante se révéle dans le dessin de la cantiléne par te retour pé
riodique et trés apparent des deux sons de la Quinte constitutive: le plus aigu des deux, la domi.
naute,fourvit a la phrase mélodique ses arréts suspensifs, ses demi-repos; le son grave, la fon-
danentale, lui donne sa terminaison normale. Le mécanisme harmonique qui vient d'etre decrit
produit six éehelles modales correspoadant aux six Quintes contenues dans la série diatonique
($15) 21 Faeut,2 UT-sol, 3 SOL-ré, 4 RE-la, 5 LA-mi, 6 MI~
1. Mode de FA (-ut) 2. Mode d°UT (-sol)
Desrts Quite? quis Quarts
3. Mode de sou (-ré).
Quarts quarts)
‘Quinte
4, Mode de RE (-la) 5. Mode de La (et
"Quart Quarte | a
6. Mode de mi‘
§18._ De ces six échelles modales (a chéorie harmonique des modernes na retenn que le V2
(UT sol) identique & notre gamme majeure; et, par exception, le N° 5 (L&-mi) comme forme des~
cendente de la gamme mineure. Mais toutes les six sont restées en usage jusqu’i ce jour, uonseu.
lement dans le chazt fiturgique de 'Eglise latine mais encore dans 1a musique homuphone des
peuples européens et exotiques anciennement civilisés. Parfois méme des maitres modernes se
sont essayés a les traiter en style polyphonique . Les types mélodiques dont nous pouyons consta-
ter Tusage dés une période trés reeulée sont (pour les nommer dans Vordre de leur importaie
historique | les N° 6,53 et 1, les harmonies fondamentales de a musique greeqae. Ene courte
revue des six modes, appuyée dun pelit nombre d’exemples, suffira pour doauer une idée nette
de leur allure mélodique et de leurs diffévences caractéristiques aux jeunes musiciens rest’s sans
contact avec les antiques cantilénes de I'Eglise chrétienne
'1) Problimes musicaux d Aristote, p.A6s
19669.64
$19.— Le mode de FA-ut (N°4), le cinquiéme du chant liturgique des Occidentaux, Ihar-
monie Aypolydienne de la musique gréco-romaine,est,pour le musicien moderne, un Majeur
dont le TV degré fait triton avec la tonique. On pourrait dire: une gamme majeure @ laquelle il
manque un bémol ou qui a un di’se en trop
Tl a'en est pas resté de spécimens remoutant i I¥poque patenne; les plas ancieas sont da VI® oa da VU
siécle de notre ére. (1)
Ext
= eo ea ee eeee SSE
Montes ef im. nes cites hu-minli. a. bintur: et erent prive in di.récnta
A
Gi cape ora in vias plisnus. Vint Di micne” of ni.li tarcdare,
‘ation
aut”
La Vignes
Dimanche dol Avent
Une reminiscence de er mode evolésiastique se rencontre dans une des deraidres et des plas gguialos muvres de
Beethoven. harmonisation do la cantitiae est strictement diatonique.
Ex.2
a
Canzone in modo Lidia,
dans fe Qoatuoe op-188>
Rofia le méme type melodique (probablement suggéré par l'échelle acoustique des instruments de Iespice"eor*)
se coustate dans le fameax air des moataguards suisses, le Renz des Vaches
Ex.3
Adagio PD
Allegro molto mn Adagio = aS
Allegro : : Po Aiagio
Dictlonnatiy de macipue
§20._ Le mode d’ut-sol |N’ 2), notre échelle majeure, est étranger & fa théorie modale
des musicistes antiques, ainsi qu’aux ebants primitifS de l'Autiphonaire romain. Il dérive histo-
riquement du mode de FA. par ladoucissement du IV* degré de i’échelle modale (sig converti en
sib). modification devenue usuelle dés le X* sigcle (?). 4 fa fin du moyen age fe mode majeur,
pleinement émancipé quant & son individualité méfodique, se substitue a Tagreste mélopée bypo-
Aydienne, et est assigné comine elle au einguiéme mode liturgique
(1) FAG. la Meiopee antipue dans le chant de VBelive fatine. Gand, Hoste, 181), pod
2) Metoper ast yp
19889815
O os. cram con ni. et um ata we ter
Anticon da Saint-Ssoremont (XIU site)
Vom Himmel hoch da kommich her to
a a
Choral lathérioa du XVI® siete
La doctrine ecetésiastique du chant homophone distingue dex types de aclodies. Celles doot le. parcours
est approximativement conforme & celui de Iéohelle modale,et qai se meuvent en eouséqnence eftre La foadinen-
tale et son Octave aigué, sont dites normales. on authentes,tandis qu'on appelle plagales (Les Auoiens disaieut
relichées ) los cantiléues qui desceadent jnsqu’a la Quarte au-dessous du sou final de la mélodie. Cetles-ci &-
taient teuues poar moins nobles d’expression. Les mélodies plagales du mode d'UT sont attribuges au si~
xieme mode liturgique.
Ex.6
Sta-bat miter do.lo.ré sa diixta cricem In-ery -mi-sa Dum pon-de-but fi li. us
NIIP siecle
Dans la musique populaire notre Majeur prend le pas sur les modes anciens & partir du XII[* sivele. Au
temps de saint Louis, le*bossu d’Arras; Adam de le Hale,compose en majeur Les jolies ariettes du Jeu de Robin
et Marion, mélodies qui ont une saveur presque moderne.
Ex.7.
Hui main jou chevan-choie Ley To.nid . re dun bos; Trou cai gen-til bre gid-re, Tant bo-le
ne it roys. He, tmi-ri, delu-riau,delu.riau,delu-rivale, Trai ri, de-lu-riau,delu rian, delu. rot
Si en. core un tel pus-té Qui west mie de laste, Que mows man .geroms, Ma -
Wore = teyBer a bec et moi of cous. CA¥ me ra-tendes Mar -te,Chi ven rai parler a vous
$24.— Le mode de Sot -ré | N°3) I'iastien ou Aypophrygien des Grees, est, a Voreille du
musicien moderne. un Majeur qui,’ la place de la note sensible, fait entendre un VII degré
silué & la seconde majeure au-dessous de la tonique.. Il pourrait se définir aussi: une ganme
majeure a laquelle i] manque un diése ou quia un bémol de trop. L'absence de note sensible
estun trait que ce mode partage avec les trois qui vont suivre (RE, LA, M1)
tien comporte les deux types doat
chants scéuiques de la tragédie helléaique, correspond au septiéme mode du chant ecelésiastique
a &t6 parlé plus haut. Le norma? (ou authente), la mélopée des
19660 4‘6
Ex.9.
Sa sper. ges me, Do. mi hye poet mun dis bor
fa. in Dis me, et sue per mi tem de ad
Quant a Viaséien retiche, le huitiéme mode do I’Eglise latine, il est représeuté dans les maigres restes de
Vart antique par un ebant assez étendu: ua Aynae & Nemesis, ouvre d'un poéte-citharéde de Fipoque des An-
tonins. En voici la promiére phrase mélodique:
Ex.10
zt
31030)
ple-rv.ex.sa,bi on rhopa,
Date
Lo norcnau entior x6 trouve
He.autapp 45-46
Le début musical diame oélébre bymue ambrosieune rappelle cefai de Phymue paien du II” sidcle.
Ex AL
te Tei. mi-tas Bt prin.ti-pasliy i. ni-tas;dam sol ve. o8 dit
Wel.aat., 74
ear di ~ bus
On ue peut considerer Ia mélopée fastienne comme entiérement —
Tou casna. we princi pom, Na tum Mari. a Wir - gi me
1966919
La structure harmonique do mode n'est pas devenue méconnaissable par la modification qu'on ¥ a intro-
duite vers le X* sicele, afin d'eviter le diabilique triton..(4) Mais dis les promiers essais de chaut poly
trds rarement dans les productions de la
phone, U'éehelle modale MI passe a Varriére-plaa et appara
muse profane. Une chanson telle que Ia suivante peut étre classée parmi les raretés.
flamands du XV" sidcte, Gewese
£X.26. Mélo
De mey spruyt wut din dor ren hout
Fl.van Duyse, @ecuscomi ded,
dans los Momatres de Uheadémir de Beleiyne,
in'get-49, poist
Les cantiques protestants du XVI* et du XVII* sidcle nous offrent es plus récents exemples de mi
odies d'une belle venue composées dans le vénérable mode des vieux Hellénes ,
BX .27. choral de Luther
lus tie for Noth achrei ich zu dir
a
325 A. La septiéme octave diatonique, $1, n’ayant pas de quinte consonante vers Paigu,
ne saurait constituer une écbelle modale posée sur sa base harmonique (§ 16 el 17). Mais
dans Vantiquité certains types mélodiques fort usités. se terminaient, non pas sur leur fondamen-
tale harmonique, mais sur leur dominante inférieure. lis appartiennent,sclon la théorie grecque,
auune catégorie d’échelles modales qui, au lieu de la désposition directe (Quinte au grave,Quarte
a l'aigu), exhibaient la disposition inverse (Quinte & Vaigu, Quarte au grave). De ce nombre
elait Metave de $1, dite mixofydienne (si-M1-si), la mélopée des plaintes et des pleurs, propre
4 la tragédie . Elle partageait sa fondamentale M1 avec le mode dorien, sur a dominante infé-
riewce duquel elle effectuait sa cadence finale.
(“gare 1
=
Quinte Quinte
a ee
Aacun spécimen de ee mode, ui des deux suivants, ne se trouve parmi les restes de Fart antique ou dans
les chants de 'Eglise
EX .28. (hypotnérique)
Andante
Probl. musicause & Arivtote,
Mel. ant, p.190 et suv 196694B. Une seconde octave modale de méme structure consonante et mélodique était la “diene
(ut-FA-ut), consaerée aux chants d'un caractére tendre ou gracieux
(“Gear (garte 1
Quinte Quinte
a ey
Considérée au point de vue harmonique, cette succession de sons est pour nous une échelle
de Fa, hypolydienne (§ 49),montant jusqu’a sa dominante aigué et descendant la dominante
grave, sur laquelle se fait la terminaison mélodique.
Lhomophouie médiévale, & défant de docaments antiques, nous a fourai un spécimen de cette mélupée
EX. 29. Chanson du XV* sidele
Say bien nour. ry sept ans un jody grat Em une ga-bi 0 ste,
BL quand ce vint an premier jour de May, Mon jo. iy goat sen - v0 -
G. Paris et FAG
C. La troisiéme octave modale qui présentait la disposition inverse de sex consonances
constitutives était la phrygienne (ré-S0L-ré), la mélopée dionysiaque et enthousiaste.
_aulate Quinte
Un harmoniste moderne ve peut voir dans cette suite de sons quune échelle rastienne ou Aypo-
phrygionne § 21) s'étendant 4 Vaigu jusqu’a la dominante et finissant sur la dominante grave
EX.30. chant des duits du rite espagnol.
Andante
Console, Conti d'Tspaeile, p.8
EX 31. danse turque
Allegro
(recueillio oralemen!
D. Enfin une quatrime octave modale, la dorienne, Véchelle commune de la musi
romaine, admettait, a coté de la disposition directe de ses consonances constitutives (MI-si-Ml),
dont nous avons donné plusieurs exemples ci-dessus (§ 24), la disposition inverse ‘mi-LA-mi.
ue gréeo-
196892
Quarte
Quarte
‘Tala Talate
Bn dautres termes, et pour nous exprimer en langage moderne, la finale mélodique du mode
dorien, Mi, était apte & revétie deux qualités harmoniques: tantat elle faisait fonetion de tonique
‘§ 24), tantat elle avait en réalité que ta valeur dune dominante de LA. Eneffet échelle notée
ci-dessus n'est pour un harmoniste moderne que Vinterversion de la gamme du Mineur dia-
tonique, de Octave hypodorienne (§ 28).
Nous avons des specimens de cette seconde structure eousonante de Octave dorieune dans les restes
authentiques de Part gree. Ulen subsiste aussi des vestiges daus certaines trés anciennes cantilénes
Titargiques
EX. 32. Fragment du premier chant rleemment decouvert & Delpbes
MEL ant. 9.400.
—
De. um tan. da te Dé minum confi. te. mur, ete.
Ainsi qa’on le voit dans ce dernier evemple, le mode dorien pouvait se montrer successivement sous
sov double aspect, daus la méme période mélodique . Trait earactéristique de l'art homophone: M'virhelte
fondumentale de la musiyie gréco-romaine n'avait pas de tonique fize
§ 26, Bn résumé les Anciens v’sttribuaient la double qualité de fondamentale barmouique
et de finale mélodique qu’a quatre sons de la série-modéle du diatonique: MI, FA, SOL. LA
Ni RE, ni UT, ni a plus forte raison $1, v’étaient jamais fondamentales; mars ils pouvaient étre
Sinales mélodiques, en qualité de dominantes. En effet chacun des quatre sons fondamentanx pro-
duisait, a c6té de sa propre échelle d'Octave, exhibant la disposition direete des deux. conso-
nances constitutives, une seconde échelle comprise entre la dominante grave et Vaigué, et se
terminant sur la dominante grave: disposition inverse. Or $1, UT, RE, sont les dominantes res~
pectives de MI, FA, SOL. Quant a la dominante de La, a savoir MI, finale du mode dorien, elle
fait partie des deux catégories de sons; elle est tour & tour fondamentale et dominante (§ 25.0).
Le tableau suivant fera voir dun coup d’eil le mécanisme du systéme modal des musicistes gré-
co-romains. A Vinstar des Anciens, nous éerirons Véchelle doctave dans la direction descendante
seulement, le mode étant caractérisé avant tout par sa cadence finale, normalement descendante”
1) Probl. musicaue dAristote, yAT5 et suiv
Prost. A Aristote, y ATS ot oe22
LES HUIT OCTAVES MODALES DES ANCIENS
pisrositiox piRecTe DISPOSITION INVERSE
reared
; es Rare
Dorienne ee ins . 7 = a
Nixolydienne SEE
Feomitre isisiva
Lydien:
Pheygienne
S roan
folienne ow Dorienne Zs ae
Hypodorienne = eee
Lhomophonie liturgique et mondaine des peuples d'Oceident n'a pas gardé, telle quelle,la pra-
tique modale des musiciens gréco-romains. Outre les quatre fondamentales Aarmoniques \M\. Fh,
SOL. LA) quelle a hérité deux, elle a acguis av cours des siécles obscurs (VII et VIII") deux fonda-
mentales nouvelles, UT et RE, et complété ainsi la série des harmonies radicales du diatonique
Dautre part, elle a laissé de coté les formes modales se terminant sur la dominante, sauf de rares
exceptions: notamment celle qui a été signalée au § préeédent pour le mode de MI
SECONDE SECTION
: Les échelles du protodiatonique ou diatonique pentaphone
§ 27. Le diatonique heptaphone, dont nous nous sommes oceupé jusquici, était déja connu
des Grees au VIl° sidcle avant notre ére, et it remonte certainement phis haut, Toutefois il existe
un syst?me diatonique plus simple et, selon toute apparence, plus ancien, qui de nos jours en-
core se trouve répandu chez des peuples dorigine différente et de civilisation fort inégale:
Mongols, Chinois, Japonais, aborigénes de ‘Amérique, Celtes des Iles britanniques; onen rencontre
méme des exemples dans la musique moderne, Nous Vappellerons profodiatonipxe (c’est-a- dire
diatonique primitif) ou diatonique pentaphone (a cing sons).
$28. _J1 se produit par une série continue de cing sons formant une progression enchainée
de quatre Quintes. Comme précédemment, nous désignerons les sons par les syllabes de la série~
modéle du diatonique, aprés en avoir retranché la premiére et 1a derniére note (FA et SI). Dans
les échelles transposées, le dernier bémol et le dernier ditse de V'armure cont pas demploi réel.
19669.23
M2 3 & 8 6 {7
6 (5) disses: (ov) fak ute sols réa lat (mit)
Bh) diésess {mi} st Sax ult sole ret (tar)
48) ditses: Va) mt st fa ute aly (ren)
B (2) divses: (rf) fami $i fas uta (sol)
21) diese + (sod) 6 lami si fa (ne)
1 (0) ditse : (ut) sol ré fami 8i( faty
Serie modele: (fa) UT SOL RE LA MI (se)
1 (01 bémol :(s75) fa ut sod re tame)
2 (1) bémol (més) 8th faut Sol re (da)
B (2) bémols: (las) mes 9's faut sok (78)
4
5
(3) bémols: (rds) tay omis so faut sol)
(4) bémols: (sol) ré> lab mis sib fa Cuts
6 (5) bemols: (wes) sods réb lab mis wid (fa)
$29. Cuenchatnement de cing sons disposts en Quintes exclut nécessairement de nombre
de ses accords et intervalles les deux septitmes majeures et secondes mineures ‘demi-tons diato
niques) ainsi gue la fausse-quarte (triton) et Ia fausse-quinte (§ 16). Wélimination de ces disso
ances et demi-consonances @ pour résultat de donner aux mélodies pentaphones une singuliére douceur
§ 80. Les cing écheltes que lion tire de la série peataphone se composent de deux sortes d'inter-
valles consécutifs: des secondes majeures (ou intervalles de ton) et des tierces mineures. Pour établir
Jes echelles on part successivement de chactin des cing sons; on monte en provedant we dewcendeur Quin
tes d droite, ef, yuand cola nest plus possible, en rétrogradant de trois Quartes: Von continue ainst
jusqu'e ce que ton retombe sur le point de départ .Qn descend par le procédé inverse. Chacune des
ctaves ainsi obtenues renferme trois infervalles de ton et deux tierces mineures: les cing éebel-
les peuvent se jouer sur les touches noires de notre clavier, sion les note par 5 didses ou 5 bémols,
FORMATION DES CINQ TYPES D'OCTAVES PROTODIATONIQUES
1) UT ré mit sol la ur la sol mi ré ur
ta eas +s +5 -2
2) sor la ut son ré ut sot
+a as + +5 —f +s
3) RE mi sol RE la sol RE
Gateeees + ea “2 +5
a) ua ut ré La aii v6 La
a ea +2 2 eee
5) om sol la mI re ut la mr
Si es -3 -2 +5 -2
§ 34, _Sauf cette derniére échelle, dont le son inférieur n'a pas de Quinte au-dessus dele,
les Octaves protodiatoniques forment des successions mélodiques dont la structure consonante
ne différe en rien de celle des six harmonies du diatonique heptaphone (§ 47). Seule la décompo-
sition mélodique des consonances différe: Ia Quinte ne parcourt que quatre sons, la Quarte trois.
Les quatre modes pentaphones exhibent fréquemment, a cété de la cadence finale, affirmative sur la fon-
damentale, la terminaison suspensive sur la dominante inférieure. .
19560.8,4. Mode pentaphone d'UT (sol)
termiuaison sur ta fondamentale teeminaison sur 1a dominaate
‘mare "Qonrie?
&
o
BF F gum die P=
2. Mode pentaphane de SoL (—ré)
terminaison sur la fondamentale terminaison sur la domioante
Taare! Quarrel Couarte? Urania)
use wares 2
3. Mode peataphone de RE (Ia)
terminaisoa sur la fondamentale terminaison sur Ia doaiaaute
Tiare Quarce) Tiare! 'Quarte
€ sy — Sj
o
T Quinte Luin = * Tguinte i Quinte >
4. Mode pentaphone de La | -mi)
terminaison sur la fondamentale terminaison sur 1a domivante
§ B2._ Le mode pentaphone d’ut-sol (N°) est un Majeur privé de son IV® degré et de sa
note sensible, Sa mélopée tranquille et limpide qui, a Vocession, sait prendreles accents les
plus imposants, s’entend sur toute la surface du globe. On la trouve dans des centaines de
vieux chants irlandais, éeossais, gallois; de nos jours encore elle inspire beaucoup de mé-
lodies pareilles.
On Ja rencontre méme dans les oruvres du grand dramaturge musical de notre époque, oit elle earacté-
rise des étres surnatnrels appartenant &un monde de Iumire et de beauté
EX.34, fiymne religiay des Chinois
EX.35,, chanson mongote: “Won cheval
(communication privée dun missionnaire
19669.25
EX. 36. Chanson des Iroquois; terminaison sur la dominante grave.
Andante con moto
EX.37. Chant scossais: da some
Moderato eapressiva - . :
cool and clear
By the siream x0
Johusoa, Scots musical Museem, S244
EX.B8. Speie Seoach, Air instrumental) irlandais
=
Walker, riek Burts, Londres 179%
EX.39. Air ccossais: The winter of life verminaison sur la dominant grave
But lately seen,
Sobyeae, Score musical Maren
446
BX.4O, Motit des Files due Rhin
Wein Wage! Wage du Welle
- _
pS LSS a Wagner, Metngold, v0.4
Seal’ Sib, alteurpropritaies
EX.AL. aotit de V0%sean parlant
fet
Bx.42., Motif dm Walhaita
Maestoso con moto
tees
R.Wagner , Rheingold, se. 2
BSebetls Sibae,Eeiteuneproprictaos,
Ou tronvera plus loin (es,104) Dbarmonisation ¢heptaphone) de ce Acbut imposant et tranquille
t9n89.%28
§ 33. _ Le mode pentaphone de Sot-ré (N°2/ étant privé dun Ill" et dun VII degré
produit sur 'oreille européenve une impression équivoque. Toutefois le sentiment du majeur
prédomine, a cause du VI° degré qui fait sixte majeure avee la:fondamentale.
Co bizarre type mélodique ne s'est rencontré jusqu’a présent que parmi des races aussi éloignées de
nous par la mentalité que par Vespace
EX.43. Chanson des Iroquois .
Andante con moto
Baker, Musik der nondomerikaniacten Wilden,
EX.44. Sado, air (instramentat) japonaiss terminaison sur la domixante ajgué ee
Nagal, Japanese popular muste, Osaka 1895.
§ 34. Léchelle pentaphone de RE-la (N° 3) ne contenant aucun des deux sons qui ¢:
ractérisent pour nous le mode (la tierce et a sixte de la fondamentale’, ne peut étre attri
bude ni au Majeur ni au Mineur. Cependant le manque dune note sensible exclut chez le mu-
sicien européen idée du Majeur; de plus eette mélopée n'a rien de joyeux ni d’énergique, en
sorte quelle éveille naturellement en nous le sentiment du Mineur.
Elle w'est pas uniquement propre aux pays exotiques; on la rencontre aussi dans les vieux chants de
Virlande et de PEcosse
EX.45.. Kubayong, le Prisonnier, mélodiejavanaise; terminaison sar la domiaante ai
Andante
foe a Coivers pittoresque, Oosanietl-p.1927
EX.46, Tiagnarna Mheighe-¢o, ait irlandais
Andante espressivo
EX.47. Tiidy Foeler, air écossas; terminaison sur 1a dominante grave
Allegeetto.
ohuson, Seu/s musical Museum, N° 460
§ 35. Déchelle pentaphone de LA-mi (N? 4), Mineur diatonique sans W° degré ni VI',
est, aprés celle d’uT-sol, la plus répandue dans les chants nationaux des peuples dissémines
aux points opposés du globe. Elle n'a rien de bizarre. Sa mélopée douce et tranquille, mais
ferme et parfois imposante, n'a aucun de ces accents plaintifs ou pathétiques, que le mélange
du chromatique a introduits dans le Mineur moderne, lié a la polyphonic.
On rencontre des chants de ce mode pentaphone dans les vieilles mélodies des pays européens comme
dans celles des plus lointaines contrées de VAsie.
EX.48. Hyrone chinois & Confucius
Von Aalst, Chinese Musto, p66.
Ex.49. Chanson scandinave
Moderato,
Det bodde en Gref-ve vid EY. cabolid
Ex.50. Chanson nistoriqae des Reossais: Hardyhnute.
Maestoso.
‘Stately stepthe east the re, And slatelysepthe test PA
EX.54.. Chanson dialoguée de la Mongol
POie;* terminaison sur 1a dominante
Tejir-gal-tai te? - gir (communication privie due missionnsin
§ 36._ Vanalyse des échelles de la musique homophone nous a montré combien est
grande la variété de mélodie, dexpression et d’accent, virtuellement contenue dans Yétroite sé-
rie diatonique, Mais pour que cette variété devienne frappante & ceil du musicien, il faut que
Yon juxtapose toutes les échelles heptaphones et pentaphones, en maintenant, au moyen de la
n, leur principale consonance constitutive ala méme hauteur. C'est ce que nous
avons fait dans te suivant tableau, oi nous avons ramené tous les modes a une fondamentale
unique: fa.
19859.8.28
OCTAVES HEPTAPHONES
DISPOSITION DIRECTE DISPOSITION INVERSE
Mode de FA
Hypolydien ee
Ve evelés Lydien
Mode aUT 4,
(V® ecelés .)
Mode de SOL
Hypophrygien Spy SE .
Vile et Ville ecelés. Phrygion
—
Mode de RE ar,
(Ue eoclés) =
Mode de ———, a
Hypodorien gS tA ey Dorien
= 12° division
Te eeelés SH ye cele
Mode de Mi
Dorien\\divis. mg ep
III ecelés |Mixolydien
. SS
OCTAVES PENTAPHONES
DISPOSITION DiRECTE DISPOSITION INVERSE
Moded*UT a,
Mode de SOL —-r-——,
Mody de RE ar,
See
Mode de LA a —
——
On voit elairement ici que les trois consonances constitutives de Véchelle modale sont les co-
Tonnes de Védifice harmonigue, Vélément constant antour duguel tout se meut, tout change, tandis
que lui seul reste immuable; aussi les intervalles d’Octave, de Quinte et de Quarte wont - ils
pas dexpression spéciale, sefon Aristote: “les consonances” [absolues], dit-i ‘uont
point d'ethos.” Crest par le jeu de leurs degrés intérieurs, variables d'intonationgue les echelles
se différencient et deviennent aptes a traduire des états d’ame dissemblables.
§ 37. Des cing degrés mobiles de VOctave heptaphone,le plus caractéristique est sans
contredit Véchelon qui partage la Quinte modale en deux intervalles semblables, cest-a-dire la
Herce aigué du son fondamental, laquelle est tantot majeure (modes de FA, d'UT, de SOL),tantat
mineure (modes de RE, de LA. de MU
(1) Probl. mus.d'Aristote, pp-3¥
1969.0Ex.52. 2
Mode de FA Mode d° UT
Mode de SOL
Mode de RE Mode de LA
La différence des deux tierces modales détermine dans le dessin mélodique son expression
particuliére: active ou passive, expansive ou conteaue (§ 7, D). Elle exerce sur le sentiment mo-
derne une action si puissante que toutes les autres distinctions ont été depuis longtemps lais-
sées de cité comme négligeables. Le musicien européen ne connait plus que déux modes: fe Ma-
Jjeur ef le Mineur.
Eo dépit de leurs classifications théoriques, les mélographes gréoo-romains traitaient la tierce de la
fondumentale du mode en guise de consonance mélodique, autrement dit comme son d'arrét et de repos mo-
mentané.) Par un privilége significatif, la tierce majeure était méme admise a faire fonction de finale mé-
lodique dans deux variétés modales, 'ane de V'bypolydien, Vautre de Ihypopbrygien on iastien
EX .53. Potise mélodie tnstrumentale en Aypolydien dit intense.
= < a
“ Mea IIT siécte
EX.54. Antienne en iastien dit éntense.
Infir mata wt vir tus mesa tn ma-ni-bus ini mi. co. rum tuo rum
VII" sidcle
Mais ces
its de la pratique, si démonstratifs nos yeux, restérent sans conséquence pour \e dévelap-
pement de Part et ne paraissent pas avoir fixé Fattestion des théoriciens
De boune heure les musicistes antiques de Ja lignée pythagoricienne avaient discerné dans
les consonances absolues “le corps de Uharmonie,” mais “I'ame,” Vesseuce vitale de cette har-
monie,leur resta toujours cachée. La révélation de l'harmionie intégrale et vivante ne ful pas
Je resultat de la réflexion philosophique, mais le fruit du labeur obscur et obstiné des déchan-
teurs ct contrepointistes médievaux. En introduisant dans Vaccord fondamental de Quinte la
tierce, en conjoignant dans une seule et triple émission vocale la consonance absolue et la
consonance expressive, is eréérent Vaccord parfait: ensemble sonore qui révele @ Vauditeur,
dans une seule perception sensorielle, la structure harmonique et le sens expressif de la cantiléne.)
De cette découverte initiale sortit Vorganisme entier delq polyphonie moderne, a Vexposition du-
quel tout le reste de cet ouvrage sera consacré
1) Met ant., pp.40. 98 ete
(2) Probl. mus.d'Aristote, p. 326
19860. .TROISIEME ETUDE
Le diatonique dans la musique polyphone
PREMIERE SECTION
Ovigines de 'harmonie moderne
§ 38. La théorie esquissée dans les pages précédentes a résumé les lois générales qui
ont régi igissent encore .la musique de tous les peuples arrivés un certain degré de
culture esthétique. La doctrine contenue dans la suite de cet écrit n’aura en vue que notre art
européen tel qu'il s'est établi au AVII* siecle, apres avoir brisé ses dernires attaches avec le
chant liturgique de 'Bglise latine, reste séculaire de la musique de l'antiquité paienne.
Le résultat final de la grande évolution musicale qui s'est produite dans PEurope médie-
vale. peut s’énoncer ainsi: l'accord, la consonance, fondement. de la musique homophone et le
ressort caché de son mécanisme, a paru au grand jour et est devenu le facteur le plus puissant
dun art sans précédent, sans modéle, insoupconné de lantiquité. Cette harmonie Jatente qui
constitue au dedans de nous le sentiment musical, ce concert idéal que Platon entendait en ima-
n s'est converti en une réalité par Veffort obsting dune longue suite de générations.
§ 39. _ On serait toutefois dans 'erreur en supposant que la musique homophone sest, par-
tout et toujours,conformée strictement a son nom. L’émission des trois consonazces absolues,
frappées en accord, a’a jamais été exclue de la pratique instrumeatale. Déja les fondateurs
mythiques de l'art gree ont pratiqué une harmonie rudimentaire en ajoutant aprés coup une
partie d'accompagnement au dessin mélodique. Cette partie instrumentale, placée a V'aigu de
ta mélodie, ne produisait avec celle-ci que des accords simples, de deux sons.
Un dés instroments populaires dans Fantiquité, Panlos a deus tuyur (sorte de chalumeat), Gait voué au
doo perpétuel; en effet il ne pouvait faire entendre les sons da tuyau aigu sans les accompagner dune basse,
ni ceux du tnyau grave sans leur associer une tenue a Paigu.") Les instruments A cordes (lyres et cithares)
Ataient joués des deox mains par les artistes professionnels qui, a certains endroits de leurs morceaux,exé-
cutaient uidessus de la melodie principale une partie accessoire. Lears procédés usuels d’accompagnement,
prolongation ou répercussion des cordes principales dv mode, redoublement du dessin mélodique & In
Quinte on 4 la Quarte aigué, —nous sont connus, du moins dans le mode fondamental de la musique grecque,
Ie dorien.
anmppim., . o32 4) diddy
De nos jours les chants de PEglise orientale ont un accompagnement vocal a Vaigu: Mison, tenue sur
Ja fondamentale harmonique du mode, exéeutde par des Voix d'enfant (Bourgault-In:condray, Btudes sur a
usique ecclésastique gracqae, pp. 6-7).
(A) Probl. mus. dAristote, p39
(2) Pid. pp. ar6-257
19889.at
§ 40. Dans nos pays dOceident on rencontre dés le X* sigcle un accompagnement vo-
eal consistant dans la répétitian continue de la fondamentale grave du mode (le sixieme)
Ex.55
Voix principale
Serta hy Vdit super pu - te
Voix organale
‘Sera ho ~ ra te - - dit super pute - um
a. Melant., p 49h
La position de Paccompagnement au grave de Ia cantiléne principale est devenue une regle
absolue dans la musique populaire des peuples occidentaux. Deux vieux instruments restés
longtemps ea faveur dans nos contrées, la oielle et la cornemuse, ont été imaginés spéciale-
ment en vue de faire entendre, sous 1a mélodie, une basse en bourdon, formée de la fondamen-
tale harmonique, seule ou résonnant avec sa dominante aigué, Beaucoup de cantilénes instru-
mentalesde style homophone sont aptes & recevoir un tel accompagnement,
EX.56.. Mode de LA ‘1% ecclés., hypodorien)
‘Andante’ J" N
a
ot RR
EX.57. Mode de SOL (7" ecelés., iastien): Zullochgorum, air écossais,
Allegro
%.
!
a A a
Ex 58. Mode de FA (3° eeclés.,hypelydien)
Audaute.
ate.
OO
On apercoit sans peine, par les exemples qui précédent, le mobile primitif qui fit déeau-
weir cet accompagnement sommaire. Ce fut a la fois le besoin de guider Vintonation du chan-
teur dans 'exéeution voeale, et de rappeler sans cesse au sentiment de Vauditeur la base
harmonique de Ja cantiléne.
(1) Les Arabes, en chastant Ieurs evcity héroiques, vaccompagneot de la méme maniére sur une tenue da redad «viol
rudiaeutaire! Lex melodies modoraes de VInde anglaise ont ua aceompaguement semblable
1689. 4482732
§ 44. Notre opulente musique moderne n'a pas dédaigné demprunter a l'art des paysans.
et du peuple ce naif procédé Pharmonisation, qu'elle pratique sous le nom de Pédale simple ow
Pédale double, en\a combinant le plus souvent avec les accords pleins, posés entre la mélodie
mouvementée et la basse immobile.
Ex. 59
(e
(
Allegro spiritoso .
ee =. = = = = S Hay,
<=
Bx.61 Becthoree, Symphonie pastoral.
x61.
i
<=
te
*
SS
SS
Ex. 62. Ihid. Début 6 Poouvre.
Andantino
te
Schubert, le Joueur ide Vielle.
Ex. 63
Allegro — aI
ote
= Beethoven, Ouverture de Léonore
NN NE
A. Dans Ia pratique actuelle des harmonistes, comme sur les insécaments populaires, la
place réguliere de la Pédale est a la partie inférieure de ensemble harmonique. En principe
{a tonique ou Ia dominance pexcent s‘ajouter, comme Pédale, au-dessous de tous les dessins melo-
diques et de tous les accords du systeme tonal auquel elles appartiennent. Wart moderne fait
aussi catendre la Pédale & Vaigu, conformément au procédé des musiciens gréco-romains. Cette
disposition a fourni a nos grands maitres quelques-uns de leurs effets les plus frappants
9609.6,Ex.64.
ote
Beethoven, dibut du la IV Ssmphonie
EX.65.,
Andante con moto.
gé-mis . se.ments;
Gace ipa n Tore
§ 42. — De ce qui précéde on ue doit pas induire que notre art polyphonique soit sorti,
par un développement lent et graduel, des essais rudimentaires d’accompagnement tels que
la Pédale. Ul procéde dun principe techaique tout opposé. Ses effets s’opérent, non pas i
Taide de consonances simples s'immobilisant sous la cantiléne, mais au moyen d’accords pleins,
multiples, en mouvement continuel: chez lui Vimmobilité de la base harmonique est une excep-
tion. Dailleurs emprunt signalé parait &tre le seul que les maitres de la polyphonic occiden-
tale aicnt fait a la pratique instrumentale des musiciens valgaices..
A. Lharmonie moderne doit son existence avant tout a lart semi-ecclésinstique, semi-mon-
dain des contrepointistes médiévau: le chant.a plusieurs mélodies simultanées. Elle en a regu
les éléments fondamentaux de sa technique: les accords de trois sons avec leur premier ren-
versement, les dissonances obtenues par prolongation ou retard, les regles essentielles concer-
nant Venchainement des accords et les mouvements simultanés de leurs sons dans un ensemble
vocal ou instrumental. Ces regles dorthographe harmonique, déja formulées dans des traités
didactiques avant la fin du XV" sigcle, wont pas cessé d’étre en vigueur jusqu’a ce jour.
Lépoque de Palestrina (1554-4594) marque l'apogée de l'art du contrepoint vocal et cldt Mhistoire
de 1a polyphonie médiévale, qui se prolonge jusque la. Trois périodes sont a distinguer dans ce dévelop-
pement historique
1! Période embryonnaire (X* et XI° sigeles; hommes célebr
Hucbald, Guy d'Arezz0); Porgonum, chants
Worgiques au-dessous desquels on ajoute ane partie vocale, soit en reproduisant Ie dessin mélodique a Ia
Quinte ou a ta Quaste, soit en répétant continnellement 12 fondamentale
2! Période de long et pénible enfantement (XII*, XIII et XIV" sizeles}; le déchant, compositions eecle~
sigstiques et profanes i trois et a quatre voix, oit les Octaves, les Quimes et les Quartes sont seules trai
tées en consonances, tandis que les tierces et les sixtes y figurent uniquement & titre de notes depassage,
tout comme les secondes et les septiémes: musique effroyable, impossible 9 entendte aujonra’bui,et cepea-
dant vénérable et touchaot
ruage des efforts obstinés de dix généra
ns d’héroiques cbercheurs
eugagés dans une régior inconnue, sans guide, et s'acharnant ala poursuite dun idéal vague mais forte-
ment presenti, Deuy ooms de cette épogue ingrate méritent d’étre retenus: Perrotin dit le Grand, eréateur
Gu déchapt & plus de deux voix, maitre de chant 3 Notre-Dame de Paris au XII" sigele; Adam de le Hale,
19669.m,34
le gracieux mélodiste artésien au NI‘) (§ 20). Apres deux cents ans, et plus, de tatonnements dans
les ténébres, une grande tuwiere brill sondain: les musiciens reconnurent Ia consonance des tierces, ot
Aépit de Bove, et da meme coup is découvri
ot Voccord parfait, le magique talisman qui allait lear
mitien de XIV"
ct par qui, les productions polyphones de cette épague eaux
ouvrir les voies vers au vuateau moude souore. La trouvailie décisive eut Liew vers Le
ele, sans que T'ou sarke an juste of. qua
aujourd'hui a pew pres inooannes, Toujours est-il ga’ partir de
dre dans Pharmouie simultanée Ja plave émineute qui ne lui sera plus disputée
Des lors uous entrous dans la 4° periades celle qui vit la wrissanes, le développement of la moturiterte coat
point vocal. Le peécurseur des maitres fameux est le Cambraisieu Guillaume du Fay (420-1474), Apr
Iwi fe Flamsud Jean van Okeghem (1434-1430) devient Ie fondateur de la graude école musicale qui depuis
la devuiére moitié du XV
Jusqu’a Ja fin dn XVI" sidele,a fleuri dans le nord de Ja France et les provinces
de In Belgique: ses ceuvres, aujourd’bui connues en nombre suffisant, sont Les plus ansieunes compositions po.
Iyphones qui.de os jours eucore, pa
eat affronter Taudition publique. Ace patriarche des contrepaintistes
suoeéde soa glorienx disoiple, le Wallon Josquio des Prés. de Condé (4465-4524), le compositeur te plus
unfverselement célébre jusqu’au milien du XVI" sitcle. De sca temps les principales régies de ia techoique
polyphore, déja fixées, sout enseignées dans le plas ancien traité de coutrepoint (1477). seuvre de Jean
le Sicitot) Aw XVIE
= sargissent dans tous tes pays
‘Tiuctoris,“ehanoiue de Nivelles en Brabant, musicion et chapelain de Ferdinand, r
sivels ane foule de maitres éminents, trop nombreux pour étre nommés
Accident: France, Belgique, Allemagne, Angleterre, Espagne, Italie. Cest au Latin gews:
Polostrina gue revient hoanenr de clore Villustre série des anciens contrepoiutistes golio-belees et de
eigida
fours adeptes
B Laurmonie de PEurope moderne a dit sa seconde et difinitive institution a bape
triomphale Vine nouvelle branche de la technique musicale vers 1600. Au moment wome ow
sait Vopulente floraison de la polyphonie vocale, /e chant a roix seule, jasque la co
déré comme un simple passe-temps d'amateur, conquit sa place dans le domaine de Fart sérieu-
sement cultivé. Ce style vocal d'essence profane, qui amenait avec lui le drame en musique.
observait un principe esthétique que nous avons pu coustater dans la mélopée humophone de
toute spoque: Uunité de la fondamentale harmonique; ta polyphonic médiévale v’avait jamais
reussi a se Vineorporer. La réintégration de Vantique principe dans le nouvel art laique eut
pour conséquence abandon total des modes gréco-romains, inconcilinbles.en tant gue systemes
autonomes, avec Vharmonie simultanée, dorénavant souveraine absolue du monde musical. D'autre
part la recherche de expression dramatique et Venvahissement de plus en plas rapide de Pélé-
ment instrumental amenérent promptement la multiplication des accords dissonants libres,
tant chromatiques que diatoniques. Dis le commencement du XVII* sivele 'harmonie moderne
peut tre considérée comme virtuellement établie, et il faudra cent ans a peine pour qu'elle
déploie dans les: o-uvres de Jean Sébastien Bach une richesse que depuis on n'a pu dépasser,
méme égaler
sac
ie
Relativement aux débuts dc la monodie accompagnée et a la transformation graduelle des aucieos modes
dans ce genre de musique, il existe une précieuse source dinstruction: les nombreux Lires de Luth du XVI
sitele; ils renferment beaucoup de chants monodiques avec leur partie instrumentale, Mais jusqu'a préseut
tte littérature musicale n'est guére accessible aux artistes, i cause de sa votation rébarbatives la dablathre
de lath, qui ne devient Ii
Je qulaprés avoir été transcrite sur la portée. Un recucil de cette espece, suff
Coussemaker, 2ré Aarmonique ance HT" et KIL® sivélew, Paris, Durand 1865. Oa p
‘parties, mis vo partition
ty Hire 31 dorhants a3 eta
2) Surle traité qasieal de Tillastee et infortuud seuatour romain da VIP sigele, voie MPZ.ant.,pp.2i-W6, 30, note 4
13) Ca seot tes qualitis quil ve dance, «
(de marisa midis were UN pp
cvlle de jariveonstlte, eatite de sun traits, publis par Coussemaker, Seriptoree
toss35
samment étendu, a té mis récemment a la disposition des masiciens désireux dacquérir des idées nettes sur
ta formation de ts tonalité moderne(Les aurres des Luthixtes espagnols du XVI sivcte, reewillies et tradwites par
6. Morphy; avec uve préface de F. A. Gevaert, Leipzig, Breithopf et Haertel, 1902'. Les plas vieux et plus
beaux chants que renferme cet ouvrage remontent au régne de Charles-Quint ‘Luis Milan, £f Meestro, 1536),
Une autre récente collection espagnole, également intéressante au méme poiut de vue, est fe Canctonera musical
Ae los siglos NV of XVI de Francisco Berbiers, coutenant plus de 459 chassous a 3 et a 4 voix.en espaguol,
portugais, italien (Publication de Académie royale de Madrid). A partir des wove Musiche de Cacciui et
de ta eréation de Vopéra (4600), les ceuvres imprimées et manuscrites aboudeut dans toutes les grandes
bibliothéques musicales. et il est superflu de les mentionner ici.
4
§ 43 _ Ep somme Vharmonie de l'Europe moderne a hérité de la chanson méd évale notre
gamime majeure, de Part des contrepointistes les premiers materiaux et les regles éémen-
taires de la technique polyphone; mais elle a instauré deux innovations capitales qui dominent
entigrement sa théorie et sa pratique:
12 La substitution de Vunité tonale & Vantique pluralité modale, cest-a-dire Vétablissement
dun systeme harmonique universel, dont la base consonante, Faceord de Tonique, comporte,
té de sa division principale, avec tieree majeure, une division secondaire, avee tierce
mineure: triades jumelles religes par un commun accord (majeur) de Dominante, lequel a
introduit en Mineur, et par la dans le systéme entier, élément chromatiques
22 La eréation illimitée d'accords dissonants (diatoniques et chromatiques) par extension
facultative du principe générateur de Vaccord parfait: l'échelonnement des tierces consonantes.
DEUXIEME SECTION
La tierce consonante, génératrice de Pharmonie moderne
3 44.— En tant gu'accord simple (zaccord de deux sons), Ja fierce consonante, diatonique,
tant6t majeure, tantét mineure, est élément primordial du chant polyphone. Sans le secours
daueun autre accord elle est apte former une harmonie a deux parties, rudimentaire mais
complate pour le sens musical.
A. En mainte contrée d
rope Vart popul
de la consonance de tierce. En effet c'est lui qui nous en fournit les spécimens les plus
démonstratifs dans ses mélodies religicuses on sentimentales en duo, si savoureuses dans leur
naiveté, lorsqu’elles sont chantées par des voix de femme pures et homogines.
ire a su reconnsitre et utiliser cette propr
Ex 66
Andante
Sane ta Me. ri = fa pro nobis pee.ca.to A. bus
ERSTE Pena
19660.036
Le mélange harmonieux des trois lierces majeures et des quatre tierces mincures (§ 15),
amené naturellement par leur heureuse disposition dans I'échelle diatonique,sulfit pour donner
4 ces ensembles naifs toute la variété désirable. A aucun endroit de son parcours, cette échelle
ne présente une succession immédiate de trois tierees de méme espece. A deux endroits il y a
succession de deux tierees mineures; aun seul endroit deux tierces majeures se suiveni; la
iroisieme reste isolée.
ae
o oM Mom M
B. Si, au liew de faire chanter de parcils duos par deux voix de femme, on donne la partie
supérieure a une voix dhomme, l'accord se trouve interverti ‘ou renversé, selon expression
usuelle), et la tierce majeure est transformée en sixte mineure, la tierce mineure en sixte
majeure. La succession entiére nen reste pas moins consonante, mais la sonorité est moins
vibrante, moins caractérisée (§ 7, E).
Ex.69. Andante
{ Sencce teas a, [aecttr [De [osm pr fat |peecentos sooo
Sancta Mari -
ma-ter De-i, Ora pro nobis pee.ea.to . ri - bus,
Deux exemples connus suffiront A démontrer combien Veffet sonore de latieree lemporte sur celui de
J sixte. 42 Tous ceax qui ont entendu au théitre le chef dleavre da vieux et toujours jeune Grétry, Richard
Cour-de-Lion, se rappelleront Veffet extraordinaire qui se produit daas la famease romance, “Une fievre
brilante) lorsque, au refrain strophique “Un regard de ma belle”,le motif principal, entendu jusque-la
en sixtes, est repris en tierces par Richard ef Blondel. 22 Au IIt acte dela Muette de Portici,le motif
sientrainant du duo: “Amour sacré de In patrie” est d'abord chanté en tierces, dans le ton de la dominate;
il revient a la fin du morceau, dans le ton principal, en siztes. Lieffet prodnit cette fois sur Vanditoire est
si mavifestement inférieur au premier, que Vbabitude s'est établie, dans les thédtres, de supprimer toute 1a
seconde partie du morcean et de fi
C. Le chant en sixtes co:
ir dans le ton de la dominante.
wes n’appartient pas & la vraie musique populaire, qui cultive
peu, au reste, le chceur a voix mixtes. Aux chansons en tierces qu’entonnent, dans certains
pays germaniques, les soldats en marche, les ouvriers au travail, les buveurs a la taverne,
vient s'ajouter souvent, au grave, une troisiéme partie faisant entendre alteroativement les deux
sons de la base harmonique: tonique et dominante: ébauche rustique d'un ensemble polyphone en
accords pleins.
bx. 79, Allegretto
Ex.70 °
Bs qwrm einmal rei
BETES
19886.a7
Chanson do la Siteste
§ 45. Les harmonies de la muse vulgaire se retrouvent dans l'cuvre vocale et instru-
mentale des compositeurs du XVIII* et du XIX* siécle, employées tantat avec une intention mar-
quée de pittoresque, tantot comme moyen naturel d'expression, mais généralement sous une
forme moins primitive, moins rustique. Les dessins mélodiques formés dune suite de tierces,
une suite de sixtes ou d'un mélange des deux consonances, ont le plus souvent un accom
pagnement complémentaire,on au moins une basse en pédale.
Ex. 74.
Andantino. a
Hiadel, Judas Macchabee, TI pertio, duo
BX.72. — Allegreno. ma
Pagers hcing@a, ne de 18 Tableww
BLSHRER'Y Stor Baldr prpettates
he
etna Aleenie
Gr. ter wil
co - pi - rh, Cor-to,cer. . toil ca . pi
poet
T to, cer = fo it
Ger. ca. pi - ‘ra, Cernto, cer. toilen . pi. ra
ra ee Se
oe
Mozart, fe Nozze di Figaro, Duo au Ill acte
A. Les chants en sixtes se tronvent surtout & leur place dans les duos damoureux; les
deux voix, quand elles le peuvent, aiment a se capprocher jusqu’a Is tierce, mais elles doivent
parfois séloigner jusqu’a Foctave de la tierce et méme, passagtrement, jusqu’a loctave de la
sixte.
19088Andante. oe
y ‘Atmons-nous, faimonsnous, tout mousy con.vt
rife =
tout nous y con.0i
Aimons-nows, aimons-nous,
Sus uaciee fa riegueur De m’d.ter vo.tre cour,
Vous wate ries lavi .
eS
tous aties la rigueur Dem'é.tor yo.tre cour,
Pi
Gluck, Armide, Duo au V" sete
B. Dans l'ensemble polyphone de style sévére, plusieurs tierces ou plusieurs sixtes peuvent
se suivre a la file, ce qui est sévérement interdit aux consonances parfaites,Quintes et Octaves
(rogle déja édietée au XV* sidcle par Tinctoris). A plus forte raison le mélange des tierces et des
sixtes s'y produit-il a tout moment. Uae variété particulidre de la technique traditionnelle.le contre-
point double (c'est-a-dire renversadle) a Octave, ne tolere @’autres consonances, a part MOctave,
que les tierees et les sixtes. Quand la disposition des parties s‘intervertit, les tierces se chan-
gent en sixtes et vice versa
EX.76. Moderato.
C. Bn ajoutant, au-dessus dela tierce, la sixte.on obtient un accord de trois sons (pour les
théoriciens c'est un renversement) qui dans la pratique, se distingue de toutes les agrégations
dont il sera question plus loin. Hl participe aux privileges des accords simples de tierce et de sixte.
Avi aL39
Gomme eux il est apte a se poser successivement sur chacun des degrés de Véchelle diatonigue
et & se mouvoir tout dune pidce, soit eu montant, soit en descendant, par degrés conjoiuts ou dis-
joints. Une seule condition est de rigueur: la situation respective de la tierce et de la sixte
tervertie
ne peut étre
Ex.77
EX. 78. Moderato
By - rie e - lei sson, Obrivste = lei. son. Ky - rie e bei . 50m
Diabet dee Litas etendae on Hale «1854
(das ot enor de Cwm
Des sept accords de tierce et sixte compris dans U'échelle diatonique, siz ont a Zaigu la
Quarte consonante: seul le septiime, marqué ci-dessus d'une croix, exhibe Minterealle inconsa-
rant de triton, fa-si (§ 15); néanmoins il passe parmi les accords consouants sans altirer Vat
tention de Pauditeur, Cette complaisance de Voreille s’explique le plus natureilement de la ma-
nidve suivante: notre perception sensorielle, s‘appuyant sur le son inférieur de Taecord (§ 6) et
Sabsorbant dans Vaudition de sa double consonance, la tierce et la sixte, ne tient pas compte
de Vintervalle inconsonant qui sépare les deux sons aigus. En conséquence notre sentiment
musical accepte l'accord entier comme équivalent des autres accords de tierce et sixte. Nous
avons done la wa accord consonant par analogie, que nous revcontrerons encore en diverses circons:
tances et en diverses qualités. Dans lexerople suivant c'est le premier des accords de sixte.
Ex 79.
Allegretto.
ate
\re
( fe
Beethoven, Soaate de Piano, op.2. 084. Menuet
De semblables séries continues d'accords de tierce et de sixte s'associent souvent a une
Pédale grave, plus rarement a une Pédale aigué
Ex.80
19689 .m40
§ 46. __Etudions maintenant le réle de faTéerce dans la construction des accords proprement dits.
Cette consonance simple, majeure ou mineure, est l'élément premier, le commun diviseur de toutes
les agrégations harmoniques. La théorie moderne ne considére comme réels que les accords aptes
& étre disposés de manibre & former une chaine ininterrompue de tierces ascendantes, & partirde lune
elles, prise pour base, Le son grave de cette tierce inférieure fonctionne comme fondamentale
de Tagrégation entiére,et chaque intervalle de l'accord est rapporté a ce son.
la
fa Uta
ré ré pre
ti tsi (si
[sou [sou [sou
A. Lorsque accord présente une pareille disposition, iLest dit se trouver & son état direct, le
plus agréable a la perception auditive. Eneffet, grace a /échelonnement par tierces, on peut réunit
dans un mime accord plusieurs sons occupant des degrés consécutifs de VUchelle mélodique, ce qui serait
intolérable,en émission simultanée, si les sons nétaient pas distribués dans deux octaves aumoins Le der-
nier des accords précedents fait entendre a la fois fa,sol,la et si.) A son état direct. un
accord ne renferme que des intervalles désignés par un chiffre impair: tierce, quinte, septiéme,
neuvitme, ete, Si, au contraire, les sons, & partir du plus grave, ne se laissent prs ranger en une
échelle de tierces, Uaccord est dit renversé. Telles sont les agrégations de tierce et sixte (§ 45,
€), de quarte et sixte, de seconde, triton et sixte, ete
Le eréateur de ce systéme théorique fut le grand compositeur francais
-an-Philippe Rameau, dont Ie
Traite d’Harmonie, de méme que la premidre partie da Clavecin bien tempéré, de Vimmortel Jean Sébasticn
Bach, parut en 1722: anace mémorable dans les annales de Vart polyphone. Elle marque le moment of Ia
pratique et la théorie musicales de IEurope moderae arrivent & la plefée connaissance de lour vasty domaine
B. En harmonie simultanée, comme en mélodie pure, le diatonique est le primitif. Les
accords originels ne contiennent que des tierces majeures et mineures comprises dans une méne
série diatonique. Quant aux accords dérivés (que nous n'avons pas a examiner ici),ls renferment
des éléments chromatiques obtenus, soit par flexion ou tension des tierces consonantes (ma-
jeure transformée en mineure ou vice versa), soit par leur altération dissonante (majeure
convertie en augmentée, mineure convertie en diminuée).
§47 — Une seule tierce ne suffit pas pour constituer un accord selon Ia théorie moderne,
laquelle exige a cet effet le concours de deux consonances premiires au moins. Deux tierces
conjointes engendrent les accords de 3 sons ou de guinfe; trois tierces forment des accords
de % sons ou de septiéme; quatre tierces composent un accord de 6 sons ou de neuriéme; cing
tierces donuent un accord de 6 sons ou de onsiéme. Enfin six tierees composent un accord
de treiziéme, lequel reaferme les 7 sons diuae série diatonique
de Treizi¢me
de Onziéme gi
Ae Neaviime at at
de Septiéme ft by ta
Accord deQuinte fa Lf ta
ré ré be one tre
Csi Ci tei Cai [ai
Tsor {sor (sou {sou ‘sou
19069-4“a
On voit que I'échelie des accords uécessite, pour atteindre son plein développement, une éten-
dae de prés de deux octaves; chacun de ses échelons occupant un espace double, au moins, de
celui qui sépare les degrés successifs de Méchelle mélodique. Un accord de ueuvieme, de on-
ziéme, de treiziéme, dépasse [Octave d'une seconde, d'une quarte, d'une sixte.
$48.— Les accords qui s'étendent au dela de Octave ne se renversent pas régulidre -
‘ment, et nous alons en montrer la cause. On a vu que /’opération du renversement consiste &
transporter vers Uaigu le son inférieur d'un intercalle, afin d'intervertir la situation respective
des deux sons (§7,C,B; $45). Or il est évident que le but du déplacement n'est pas at-
teint dés que lintervalle franchit les limites de I’Octave. En effet, si l'on porte a I'Octave
aigué le son inférieur dune neuviéme, d'une onziéme ou d'une treiziéme, lintervalle se resserre:
la neuviéme devient seconde, la onziéme devient quarte, la treiziéme devient sixte, mais la situa-
tion respective des deux sons ne s'intervertit pas: le son grave reste le plus grave, le son
aigu se maintient 4 aign. Le résultat de cet état de choses c'est que des accords de trots sons
et ceuc de quatre, renfermés. dans Vespace d'une Octave, jouissent seuls de la facuité de se présen-
ter intégralement sous toutes leurs faces.
$49. Les agrégations diatoniques de fro‘ sons, étant les plus petites unités de notre
systéme d'accords, regoivent Ia qualification de primaires; ce sont les substructions sur les-
quelles Uharmonie moderne a élevé ses superbes édifices. Les principaux accords de cette caté-
gorie et le point de depart de tout notre art sont les deux accords parfaits, engendrés par la
conjonetion dune tierce majeure et d'une tierce mineure, consonances jumelles emplissant a
elles deux Ia consonance absolue de Quinte (§§ 37; 42,4)
A La plus grave des deux tierces réunies dans une méme résonance est celle qui décide
du caractire expressif de accord | § 46); si elle est majeure, l'accord parfait est dit mafeur
ila le caractire actif; si la tierce grave est mineure, l'accord parfait est minewr, son expres
sion est passive (§7,D).
La série diatonique contient six accords parfaits. Les trois premiers sons dans V'ordre pro-
gressif (FA,UT, SOL) forment la base des trois accords majeurs; les trois derniers (AE, LA,
M1), situés respectivement une tierce plus bas, portent des accords mineurs.
Les trois accords parfaits majeurs
ut sol
. ba ai
Lee Lut SOL
Les trois accords parfaits mineurs
la mi Si
IF lg
ls li Ce
19640.8Op reconnait 1a les six consonances constitutives des modes du chant homophone ($¥ 36, 37),
associées dans le systome harmonique de la musique moderae.od elles forment deux groupes
rigoureusement paralléles.
B. Tout accord de trois sons donne lieu & deux interversions ou renversements. On obtient
le premier cenversement en transportant la base harmonique 4 Paigu. Si ensuite on fait monter
a Taigu le son inférieur du premier renversement, on voit apparaitre le deuxitme renversement.
Vinterversion des tierees majeures produit des sixtes miueures et vice versa (§ 44, Bi; le
renversement de la Quinte donne la Quarte (§ 7, €).
Accord parfait majeur sous Kes troix faces
: 2° renversement
4° renversement (i
Btat direct cet Nut
cs! pol { sol
(mi
mi
lor
Accord parfait minear sous ses trois faces
DP renversement
4°" repversement ut
Etat direct la la
i ni (ni
Cte u
Lu
§ 50 — La conjonction de deuce tierces de méme grandeur, ou excéde, ou nattoint pas Véten-
due de fa Quinte, et Vaccord quelle produit n'est pas consonant. Deux tierces majeures supe
posées par conjonetion donnent un accord dissonant ‘et chromatique) de quinte augmentée ‘ut-
mi-sol#, dont nous n’avons pas 4 nous occuper ici; dewx tierces mineures conjointes forment
Vaccord neutre de fansse-quinte, compris dans la série diatouique qu'il embrasse totalement
#15). Linterversion de la fausse-quinte produit le triton.
2* renversement
4°" renversement Ge
Btat direct e
_ jfa lta
(
(re
is
No posant pas sur une base consonante, Vaccord de fausse-quinte n'a pas de eraie fondamen-
Yale: il est instable (§ 25, A). Aussi a Vétat disolement, donne-t-il une impression marquée
Hinconsistance. Mais comme élément de combinaison, il joue un rote caractéristique dans la
formation des accords de plus de trois sons. Hest en quelque sorte médiateur entre la conso-
nance et la dissonance. Dans la pratique il est admis, en certains eas détermings, & remplacer
paranalogie demploi, Vaccord parfait (ci-apros $61)
19869.438
§ 51 — Les aceords comprenant plus de trois sons apparticnnent tous, selon nous, & la
categorie des composts. Ceux de quatre sons, limités par la septi¢me mineure ou majeure,
aménent la résonauce simultanée de deux degrés contigus de Féchelle mélodique, et par 1A
introduisent la dissonance dans le systéme de Tharmonie moderne/$15,A).lUs peurent éfre concus
comme résultant de la fusion de deux accords primaires situés a distance de tierce. Quatre
accords différents de septi¢me sont contenus dans la série diator
et désignons daprés la classification théorique de Reicha (1800-1830),
A. Septiéme de premiére espece; la base harmonique est un accord parfait majeur, auquel
sunit a Paigu Paccord de fausse-quinte. La série diatonique, ne comprenant quune seule fausse
quinte (§ 15:, ne fournit qu’un seul accord conforme a la formule susdite
je; nous les énumérons
fe
6 4
(a)
{sou
B. Septiéme de seconde espéce; au grave un accord parfait mineur se fusionnant avec son
majeur paralléle. Trois agrégations ainsi construites sont contenues dans la série diatonique
§ 49. AD
ut sol re]
ia la ini mi} sisi
fa fa ut ut sol sol|
RE La mi
C. Septi¢me de troisi¢me espece; Vaccord de fausse-quinte, employé en guise de base
harmonique, s'accouple avec un accord parfait mineur. Comme autre accord de septi¢me
contenant la demi-consonance ‘A), celui-ci ne paraii
1a]
Ta fa
ré
quune seule fois dans la série diatonique.
ré
si
D. Septi¢me de quatri¢me espece; un accord parfait majeur s'enlace & un accord par-
fait mneur posé une tierce majeure plus haut, Cet accouplement amene la dissonance,extré-
mement dure, de septitme majeure: choc de deux sons distants seulement d'un demi-ton
‘seconde mineure) dans l'échelle mélodique. La série diatonique exhibe deux fois l'accord
en question
mi
ut ut |
la Ja
FA
E. Tous les accords diatoniques de septiéme se cenversent avee la mime régularite que les
accords parfaits, mais ils eomptent nécessairement un renversement de plus ['interversion des
septigmes mineures donne des second: ares produit des
secondes mineures. les plus apres
majeures; celle des septicmes m
issonances de Pharmonie diatonique
1958.ah
Septitme de premiere eapéce sous ses quatre faces
3° reny.
2° reny jré
4° renv. si si
Etat direct sol sol sol
ie fa fa fa
ré ré \ré
Csi si
Eso.
Septi¢me de deuxtime espece sous ses quatre faces
8° renv.
_ 2 renv. la
4° reny. fa fa
Etat direct ré ré re
ut ut ut Nut
rhe la Ma
Lfa fa
Cre
Septiame de troisitme espice sous ses q)
2° renv. jfa
1° env, re See
Etat direct ‘si 7 ( si
la la la Mla
fr fa fa
ré ré
[si
Septiéme de quatrigme espéce sous ses quatre faces
3° reny.
2° renv. fut
¥' venv. sla la
Fist direct fa fa (f
(a mi ni ni
ut aut Aut
Ota Ma
Lea
§ 52._ Les agrégations de cing sons possédent doublement la qualité de dissonants,
puisqu’ils comprennent trois degrés contigus de l’échelle mélodique: la fondamentale y ré-
sonne avec sa septiome (réplique de sa seconde inférieurelet sa neuniéme (réplique de sa seconde
aigué) En di ive Jes accords de neuvieme sont formés par la fusion de deux accords de sep-
tome, Leurs combinaisons diatoniques, an nombre de cing, peuvent se classer sous quatre
chefs correspondant aux quatre especes de septiémes
19869.48
A. Neuviime de premibre espece; covjonetion Pune septiéme de pre!
grave et dune septiéme de troisitme espéee a Paigu.
ire espice at
da
Vea fa
ré ré
sisi
soL
B! Neuvitme majeure de deuxitme espece; au grave une septiome de deuxitme espece. @
Paigu une septi¢me de quatriéme espece.
ni si]
fut “| ‘sol sol
lia ta jm mi
fa fa] ut ut
[ne i“
B? Neuvidme mineure de deuxidme espece; au grave une septieme de deuxiéme espece, a
Paigu une septigme de premidre espace.
fa}
ré 16
sisi
sol sol
MI
C. Newvieme de troisitme espece; au grave une septiéme de troisiéme espace, a V’aigu
une septitme de deuxime espice.
at
la la
fa fa
ré ré
si
D. Neuvieme de quatrieme espice; an grave une septitme de quatritme espéce, a Vaigu
une septitme de deuxiame espice
= n
imi mi [sisi
ut at | sol sol
la ta ni mi
FA ut
E. Nous avons montré plus haut que les accords composés de cing sons ne peuvent se
reaverser réguligrement, comme le font ceux de quatre et de trois sons '{ 48). Si lon es-
sayait sur la neuvieme de premiere espéce des interversions semblables i celles qui se pra-
tiguent sur les aceords de septi¢me (§ 54, E), voici & quels résultats intolérablement discor-
dants on aboutirait.
19669.46
; 2° rey, ré
Etat direct 1 venv pst (i
(st ) sol {01
(& Ma
é
Le résultat de cet état de choses, on le verra plus (ard en détail, cost que. pour devenir
renversables, les accords de neuviime’ sont tenus de rentrer dans les limites de F Octave
A cet effet ils suppriment Ia résonance de leur fondamentale, et se réduisent en apparence,
a leur accord supérieur de septi¢me. \Voir ci-aprés § 90.) 1s ne s’emploient intégralement
quia leur état direct.
~
§ 58. Les deux classes d'accords dont il nous reste a déerire la construction thég-
rique forment une catégorie nettement distinete des précédentes. Ainsi que le démontre
la pratique polyphone, /es agrégations de onzitme et de treizi¢me sont en réalité des accords
doubles, & deux fondamentales, Us se décomposent en deux accords dissonants situés a
distance de Quinte, ef résolus le plus souvent Yun aprés Vautre: Vaccord supérieur en
premier lieu.
A. Un accord de onsiéme se produit par la conjonction de deux accords de septi¢me.
wy] sol]
|
la mi
co fut ut
\ré v6 [ls ta
\si fa
[sou Lae
B. Un accord de treisizme vésulte de {a conjonction de deux accords de neuvieme.
la mi
a =
ré la la
i
| fa fa
|sol soll ré ré
mi si
tr 30.
Ces accords n'ont guére été employes intégralement jusqu’a ce jour, soit a leur état
divect, soit autrement. D'ailleurs les nombreuses conditions restrietives anxquelles leur usage
est soumis les a fait considérer, par la plupart des théoriciens, comme des agrégations mé-
lees d’éléments mélodiques ( appagziatures, prolongations, retards ). C'est sous ce point de vue
qu'ils seront également étudiés ici, sauf en un seul cas (¥ 93), oi i} nous a semblé préfé-
rable d'envisager la seconde agrégation de onzieme comme un aceord réel
19564,