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le caractère évolutif de l’identité et le fait que celle-ci ne soit pas simplement une somme

d’expériences passées, reconnaissait tout de même que l’identité dépendait « de l‟appui que
prête au jeune31 individu le sentiment collectif d‟identité qui caractérise les groupes auxquels
il appartient : sa classe, sa nation, sa culture ». Cet individu s’identifiera aux autres afin de
correspondre à l’identité de sa collectivité. Les groupes d’appartenance dont il est question ici
(la classe, la nation et la culture) sont, en grande partie, sinon toujours, définis à l’aide
éléments que l’on peut considérer comme relativement solides parce que sinon ils ne
pourraient même pas exister.

Comment considérer seulement l’aspect liquide de l’identité quand certains auteurs,


comme Lipiansky (1992), reconnaissent des composantes solides dans la constitution d’une
identité-située, pour emprunter l’expression de Mucchielli (cf. 2013) ? En effet, Lipiansky
(ibidem, p. 120), considère que si tous les « groupes d‟appartenance influencent l‟identité des
individus qui y participent, c‟est parce qu‟ils proposent des systèmes de valeurs, des modèles
de conduite, des représentations types du bon membre, ainsi qu‟un registre des rôles
prescrits […] », (nous soulignons). Quel sens donner à l’expression « représentations types
du bon membre » si ce n’est une catégorie stable, solide ou culturaliste ?

3.1.1.3. Les catégories de référents identitaires psychosociologiques d’un acteur social

En général, définir l’identité d’un individu c’est le classer dans un ensemble de


catégories existantes dans son univers. C’est aussi vérifier sa possession des caractéristiques
types des membres de la catégorie dans laquelle on le classe ; ce qui ramène l’identité ou
l’acte d’identification à un processus de catégorisation. Cette dernière (comprise ici comme
définition de l’identité d’un acteur social) se fait, en général, à l’aide de l’ensemble des
éléments pris dans ce que Mucchielli (2013, p. 43) appelle des catégories de référents
identitaires. Celles-ci offrent une base pour le repérage des caractéristiques (essentielles et
distinctives) nécessaires à l’identification d’un acteur social. Il y a, selon Mucchielli (idem),
quatre catégories de ce genre :

i. Référents matériels et physiques – les possessions : nom, territoire, personnes,


machines, objets, argent, habitation, vêtements… ; les potentialités : puissance
économique, financière, physique, intellectuelle… ; l’organisation matérielle :

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L’auteur parle de jeune individu parce que son travail sur l’identité avait pour sujet d’étude les enfants et les
adolescents.

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agencement du territoire, de l’habitat, des communications; les apparences physiques :
importance et répartition du groupement, traits morphologiques, signes distinctifs…

ii. Référents historiques – les origines : actes fondateurs, naissance, nom, créateurs ou
géniteurs, filiation, alliance, parenté, mythes de création, héros fondateurs; les
événements marquants : phases importantes de l’évolution, des transformations,
influences reçues, acculturation ou éducation, traumatismes culturels ou
psychologiques, modèles du passé ; les traces historiques : croyances, coutumes,
habitudes, complexes…, laissées venant de l’acculturation ou de l’éducation ; lois ou
normes trouvant leurs sources dans le passé.

iii. Référents psychoculturels – le système culturel : prémisses culturelles ; croyances,


religion ; codes culturels, idéologie ; système de valeurs culturelles ; expressions
culturelles diverses (objets, arts…) ; la mentalité : la vision du monde, les objets
nodaux, les attitudes clés, les normes groupales, les habitudes collectives… ; le
système affectif et cognitif : les traits de psychologie propre ; attitudes, système de
valeurs.

iv. Référents psychosociaux – les références sociales : nom, statut, âge, sexe, profession,
pouvoir, devoirs, rôles sociaux, activités, affiliations ; les attributs de valeur sociale :
décorations, grades, attributions symboliques, compétences reconnues,
qualités/défauts, estimations diverses… ; la psychologie de l’acteur : sa vision du
monde, ses projets, ses enjeux, son implication dans la situation, son vécu, ses actions
typiques…; les potentialités de devenir : capacités, satisfactions et frustrations,
motivations, stratégies, adaptation, style de conduite…

3.1.2. Les différents types d’identité

Ci-dessus, nous avons dit à propos de l’identité qu’elle était définie comme une entité
statique ou solide, dynamique, polymorphe et plurielle. En effet, parler des types d’identité
c’est reconnaître ses aspects polymorphique et pluriel. C’est également là que prend sens
l’expression de Mucchielli (2013, p. 20), selon laquelle « il y a autant d‟identités qu‟il y a des
contextes sociaux de définition d‟un acteur». Autrement dit, à chaque contexte correspond
une identité particulière parce que les sujets y étant impliqués mobilisent une identité en
adéquation avec lui. Enfin, il n’y a pas une mais plusieurs identités qui peuvent coexister ou

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