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http://www.cardio lo gie-pratique.co m/jo urnal/article/0010279-pheno mene-de-raynaud-primaire-o u-seco ndaire-quand-et-
co mment-po usser-les
Le phénomène de Raynaud est l’acrosyndrome le plus f réquent. Il est retrouvé dans 4 % de la population et
touche essentiellement le sexe f éminin.
La distinction entre maladie et syndrome de Raynaud est essentielle. La maladie de Raynaud ne bénéf icie
que de mesures symptomatiques alors que la prise en charge du syndrome de Raynaud est spécif ique à
chaque étiologie. La démarche diagnostique se f era en plusieurs étapes.
Le phénomène de Raynaud (PR) est la conséquence d’un vasospasme des artères distales des
quatre extrémités, principalement les mains. Ce vasospasme peut survenir sur des artères saines, on parle
alors de maladie de Raynaud ou phénomène de Raynaud primaire. Les artères peuvent être
pathologiques, on parle alors de syndrome de Raynaud ou phénomène de Raynaud secondaire. Première
étape : reconnaître le phénomène de Raynaud
Si le diagnostic de PR est facile dans sa forme complète, il peut être litigieux dans les
formes incomplètes.
Figure 2. Acrocyanose.
Figure 3. Érythermalgie.
Deuxième étape : l’enquête de débrouillage
Cette enquête a pour but de rechercher des indices af in de déterminer le caractère primaire ou secondaire
du PR. Elle repose sur des données d’interrogatoire et d’examen attentif s.
L’interrogatoire précise :
• L’âge de survenue : au-delà de 35-40 ans, il oriente vers un PR secondaire. Cependant, plus le délai
entre la date de survenue des troubles et la motivation de la consultation est long, meilleur est le pronostic
f onctionnel.
• Le sexe : la survenue des troubles chez une f emme jeune ayant des antécédents f amiliaux identiques
milite pour un PR primaire ; ces mêmes troubles survenant chez un homme de plus de 40 ans orientent vers
une étiologie organique.
• La crise : si la durée est supérieure à 15 minutes, touchant les pouces, avec une phase
cyanique presqu’exclusive, l’orientation se f era vers un PR secondaire.
• La consommation de médicaments : prise d’ergot de seigle, de bêtabloquants par voie orale, sans
oublier les collyres et les sprays pour les vasoconstricteurs, une chimiothérapie (bléomycine, vincristine),
etc.
• La prise de toxiques : tabac et drogues illicites (cocaïne, cannabis), qui interviennent surtout comme
f acteurs aggravants.
• L’activité professionnelle, en tenant compte aussi des activités antérieures, des conditions
d’exercice précises, des activités sportives et des hobbies, à la recherche de traumatisme direct ou
indirect de l’éminence hypothénar, ou thénar à moindre f réquence. On demandera quelle est la main
dominante, susceptible d’induire un syndrome du marteau. L’exposition aux vibrations sera aussi
recherchée, le PR est alors volontiers associé ou précédé de dysesthésies.
• L’unilatéralité du PR durant plus de 2 ans d’évolution plaide pour une cause locorégionale : déf ilé
cervico-thoracique, anévrysme des arcades palmaires ou vibrations intenses et chroniques à prédominance
unilatérale telles celles des tronçonneuses.
L’examen clinique
Il recherche tout particulièrement :
• des troubles trophiques : principalement chez la f emme, à la recherche des signes pouvant évoquer une
connectivite dominée par la sclérodermie systémique. Les mains et les pieds peuvent être le siège d’une
inf iltration ou d’une sclérose cutanée (figure 4), de cicatrices pulpaires déprimées (figure 5), de
télangiectasies, d’hémorragies péri-unguéales (figure 6), de calcinose sous-cutanée, de
gonf lement articulaire, voire d’ulcère digital ischémique pouvant être quasi concomitant de l’apparition du
PR. Au niveau du visage, on recherchera une sclérose de la peau (figure 7), des télangiectasies, des traces
de photosensibilisation ;
• l’abolition d’un ou plusieurs pouls, essentiellement chez l’homme tabagique, évoquera une maladie de
Buerger ;
• la présence de souf f les vasculaires et/ou cardiaques ;
• une masse pulsatile expansive, témoin d’un anévrysme artériel ou veineux ;
Figure 4. Acrosclérose.
Orientation diagnostique
À l’issue de ce bilan simple, trois situations se présentent :
• le PR est cliniquement d’allure primaire, la capillaroscopie est normale, la recherche de
f acteurs antinucléaires négative : il peut être conclu à un PR primaire et le suivi n’est pas utile, sauf en cas
de modif ication du tableau clinique dont le patient doit être inf ormé ;
• le PR est cliniquement d’allure primaire, mais un ou les deux examens complémentaires sont anormaux :
une micro-angiopathie organique, principalement une sclérodermie systémique débutante, ne peut être
écartée. Un suivi annuel, clinique, capillaroscopique et immunologique est proposé : 40 % de patients
développeront une sclérodermie systémique dans les 10 ans ;
• le PR s’intègre dans une connectivite, principalement une sclérodermie systémique débutante, lorsque la
capillaroscopie met en évidence des éléments de microangiopathie organique et qu’il existe une auto-
immunité.
À l’issue du bilan clinique et complémentaire minimal, le caractère primaire ou secondaire du PR est, en
règle, déterminé (tableau 1).
En présence d’un PR secondaire, une enquête étiologique spécialisée sera mise en route.
Troisième étape : l’enquête étiologique spécialisée
• Les vascularites
La maladie de Takayasu est évoquée chez la f emme jeune devant une asymétrie tensionnelle, en
présence de souf f le sous-clavier et ou en l’absence de pouls distaux. Les vascularites systémiques
(périartérite noueuse, granulomatose avec polyangéite, polyangéite microscopique, syndrome de Churg
et Strauss) s’accompagnent volontiers d’un PR. Le tableau est bruyant, dominé par une altération de
l’état général, des signes généraux et un syndrome inf lammatoire f ranc. Citons la cryoglobulinémie, la
cryof ibrinogénémie et le syndrome des agglutinines f roides.
• Les causes hématologiques
Le myélome est le plus souvent rencontré ; il f aut aussi évoquer les syndromes lympho-prolif ératif s et les
tumeurs solides.
• Les causes endocriniennes
Classiquement l’hypothyroïdie est décrite en association à un PR ; le dosage de la T SH sera systématique.
Le PR est parf ois rapporté au cours de l’acromégalie.
Le PR est unilatéral
• Les causes traumatiques professionnelles
Elles sont à rechercher systématiquement et posent parf ois le problème du reclassement
prof essionnel. Elles sont reconnues comme maladie prof essionnelle inscrites au tableau n° 69.
Le syndrome des vibrations est lié à la manipulation d’objets vibrants. Il est responsable d’un
PR volontiers accompagné de dysesthésies dans le cadre d’un syndrome du canal carpien associé.
• Le syndrome du marteau hypothénar est évoqué en présence d’un PR touchant le troisième, quatrième
ou cinquième doigt de la main dominante chez un patient exposé prof essionnellement aux traumatismes
directs ou indirects de l’éminence hypothénar (bâtiment, menuiserie…). La manœuvre de Allen conf irme
directs ou indirects de l’éminence hypothénar (bâtiment, menuiserie…). La manœuvre de Allen conf irme
le territoire de souf f rance vasculaire appuyé par l’échodoppler, l’angiographie ou l’angio-scanner,
voire l’angio-IRM, permettant alors de visualiser le thrombus ou l’anévrysme de l’artère ulnaire au niveau du
canal de Guyon (figure 12). Un marteau thénar, responsable de troubles vasomoteurs des premier et
deuxième doigts est beaucoup plus rare.