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Définitions :
Le droit constitutionnel fait partie du droit public, le droit public est le droit qui régit les personnes
publiques et les relations qu'elles entretiennent, non seulement entre elles mais aussi avec les
particuliers, cad les personnes privées. A l'intérieur on distingue plusieurs matières :
• Le droit international publique : droit qui régit les relations que les états entretiennent entre
eux.
• Le droit administratif : qui régit l'administration et les relations que cette administration
entretient avec les particuliers.
2ème signification à introduire : le droit constitutionnel n'est pas seulement des règles relatives à la
constitution, c'est également l'étude de ce droit, la science qui étudie les règles que l'on vient de
parler.
On va étudier ce texte en se reportant au texte et aux règles écrites qui intègrent également la
jurisprudence. On ne peut pas se reporter aux textes, il faut prendre ne compte la pratique : il faut
lire les textes et se demander comment cette règle est appliquée ? Est elle respectée ? Est elle
contournée ? Est elle violée ? On doit également s’intéresser aux textes applicables mais à la
manière concrète, il doit prendre en compte certains enseignements de la science politique.
Il n'y a pas d’oranges extérieur eu parti, impartial qui va imposer la règle de droit en cas de litiges.
Ce qui va décider de l'interprétation de la règle de droit est la pratique. Il y a un mouvement dans les
démocraties libérales actuelles qui va dans le sens de l'instauration de tribunaux pour contrôler ce
droit.
Pour aider l'état à répondre à ces questions, il existe un certains nombre de techniques
constitutionnelles : fédéralisme..
Ces techniques reposent sur des principes dégagés au cours des siècles. C'est le cas de la
classification des régimes politiques. Cette classification se repose sur le principe de la séparation
des pouvoirs. La théorie générale de l'état se propose de faire l'inventaire de ces techniques et des
principes qui les fondent.
Pour les partisans de cette doctrine, la Constitution en tant que telle est un instrument de limitation
du pouvoir étatique et de garanti de droits fondamentaux des personnes. Cette doctrine conserve
toujours sa force mais doit être complétée. Pour que ce pouvoir soit effectivement limité, il ne suffit
pas ,d'une Constitution rédigée, il faut en plus qu'elle soit respectée par les gouvernants, c'est
pourquoi des techniques ont été imaginées pour contraindre ces gouvernants à respecter les
limitations prévues.
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§1 : la constitution matérielle :
La constitution d'un état c'est l 'ensemble des règles qui régissent l'organisation et le fonctionnement
de l'état, cad la désignation des personnes qui exercent le pouvoir d’état, leurs compétences, leurs
rapports mutuels et également les droits et libertés qui sont reconnus aux personnes.
– Les lois dites « organiques » et la fonction des lois organiques, leur fonction est de préciser
les règles qui figurent dans la Constitution. Le plus souvent l'adoption de ces lois est
soumise à des règles de procédure, d'adoption qui sont plus contraignantes que celle des lois
ordinaires, en raison de l'importance de leur objet.
– Les règlements des assemblées, ces règlements complètent la Constitution pour tout ce qui
concerne l'organisation interne des assemblées et le travail parlementaire. Ces règlements
sont adoptées sous la forme de résolution par les assemblées elles mêmes. Ces règlements
doivent être distingués des actes administratif à portée générale aussi appelés règlements
adoptés par le pouvoir exécutif.
– Les lois ordinaires : en France c'est une loi qui fixe le mode de scrutin des assemblées (= le
mode de désignation des membres de chaque assemblées).
En réalité cette définition est une définition large car elle intègre toutes les règles qui concernent
l'organisation et le fonctionnement quelles que soient les sources de ces règles, quelque soit les
textes dans lequel on trouve ces textes, cette définition, ce n'est pas la plus courante.
La plus courante est la constitution formelle.
En France, c'est la DDHC adopté par l'Assemblée Nationale le 26 août 1789, cette déclaration a
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ouvert la première constitution française, premier article. Cette déclaration reconnaît la liberté des
personnes et reconnaît certains droits synthétisés à l'article 2 « le but de toute association politique
est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme, ces droits sont la liberté, la
propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression »: La liberté, la propriété et la sûreté. (ne pas être
arrêtés ou détenu arbitrairement) et la résistance à l'oppression.
-le préambule de la constitution française du 4 octobre 1958. Ce préambule commence par « le
peuple français proclame solennellement son attachement aux droits de l'homme et aux principes de
la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par la déclaration de 1789 confirmé et complété
par le préambule de la Constitution de 1956 ainsi qu'aux droits définis par la charte de
l'environnement de 2004. Pour ce qui concerne les droits de l'homme ce préambule est court car il
renvoie à deux textes antérieurs (la déclaration de 1789 et le préambule de la constitution de 1946).
Il renvoie également à un texte postérieur : la charte de l'environnement de 2004. Cela résulte d'une
révision constitutionnelle de 2005.
-La constitution de 1946, il commence par réaffirmer les droits contenus dans la déclaration de
1789. Il réaffirme également les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République.
Sont concernés les grandes lois libérales de la III° République.
Jeudi 31 janvier :
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première génération ». Ces droits ne sont pas absolus, car ils doivent s’inscrire dans la so-
ciété et garantir l’ordre.
- Dans la seconde partie du 19ème s et 20ème s, les déclarations de droits vont vouloir instaurer
une démocratie économique et sociale. Elles veulent aller plus loin que le libéralisme écono-
mique initial, et veulent faire jouer un rôle positif à l’Etat. Dans le domaine économique et
social, l’Etat ne doit pas s’abstenir, mais doit au contraire intervenir, pour procurer à tous
l’éducation, la formation, la santé, la sécurité sociale, les loisirs, le travail et la culture. On
souhaite tout de même maintenir les droits de la 1ère génération. Ces droits sont dits de la
« deuxième génération ». Ces nouveaux droits ont de nouvelles caractéristiques :
o Droits-créances : les individus vont disposer d’une créance envers l’Etat (peuvent
exiger de l’Etat une prestation positive). Ils sont donc des droits exigibles de l’Etat.
Parmi ces droits, on a le droit à l’éducation, à la sécurité sociale, à l’obtention d’une
retraite, au travail, …
o Droits collectifs : droit à l’épanouissement de la famille, droits à exercice collectif
(droit de grève, …).
On a donc une nouvelle vision de la personne, désormais envisagée dans les rapports
sociaux qu’elle entretient. Elle est donc un membre de groupes sociaux particuliers,
come la famille ou l’entreprise. On est donc passés de la prise en compte d’un Homme
abstrait qui se contente de penser, de communiquer, de se déplacer librement, à la prise en
compte d’un Homme concret, qui ne se contente pas de ce genre d’activités. En effet la
personne concrète doit travailler pour vivre, donc elle nécessite une formation. Cette
personne peut également être malade, et vieillit toujours. L’Etat ne peut plus rester
indifférent à ces réalités, et doit donc fournir à l’individu des prestations positives (service
public). Ces droits apparaissent dans la Constitution éphémère de 1848. En France, c’est
surtout après le guerre que ces droits seront consacrés dans le préambule de la Constitution
de 1946, sous la forme de « principes politiques, économiques et sociaux particulièrement
nécessaires à notre temps ».
- A partir du 20ème s vont apparaitre des droits de la « troisième génération », qui ne sont pas
seulement opposables à l’Etat, ou exigibles, mais ils sont à la fois opposables à tous et exi-
gibles de tous. On peut citer en ce sens le droit à un environnement sain (article 1er Charte
de l’environnement).
L’État doit fournir à l’individu des prestations positives. Ces droits, en France, apparaissent déjà
dans la Constitution de 1848. Les lois constitutionnelles de 1875 (3ème Rep) ne comportent aucune
déclaration des droits mais en France c’est surtout en 1946 que ces droits vont être consacrés dans
le préambule de cette constitution. (27 octobre 46) Ils apparaissent sous la forme de
« principes politiques, économiques et sociaux » particulièrement nécessaires à notre temps.
Dernière phase de cette chronologie, à partir du 20è siècle, vont apparaitre des droits dits « de la 3è
génération ». Ils ne sont pas seulement opposables à l’État ou exigible de l’État, mais ils présentent
une particularité : ils sont à la fois opposables à tous et exigibles de tous et on peut citer en ce sens
le droit au respect de l’environnement, et ce droit a été inscrit à l’article 1er de la charte de
l’environnement. (Droit à un environnement équilibré et d’une bonne santé)
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qui doivent inspirer l’action des gouvernants
- Prétendre que les déclarations sont de vraies règles de droit, ont une valeur juridique
contraignante, c’est toute la constitution, toute la déclaration, qui aurait une valeur suprême
Comment choisir entre ces 2 propositions contradictoires ?
1ère hypothèse : celle où la constitution règle elle-même cette question. Dans ce cas-là, il existe dans
la constitution un article où elle a une porte obligatoire, ou u contraire que les tribunaux ne sont pas
compétents pour en assurer le respect.
EX : article 92 de la constitution du 27 octobre 46 qui met en place un organe pour contrôler la loi
qui dit qu’il n’est pas compétent pour respecter le préambule de la constitution.
2ème hypothèse : la constitution ne dit rien. « Le silence de la Constitution » : pas de disposition
explicite. Dans ce cas-là, il y a plusieurs façons de raisonner :
b) Depuis l’époque contemporaine, cette distinction est dépassée. Dans les régimes
démocratiques contemporains, les constitutions sont le plus souvent soumises à
l’approbation du peuple par le biais d’un référendum. Du fait de cette acceptation par le
peuple, il va accepter en bloc le texte et il ne fait pas de distinction entre le préambule et le
texte. Cette question de la valeur du préambule ne sera tranchée dans l’État que s’il existe
dans celui-ci une ou plusieurs juridictions qui vont être chargées de contrôler la légitimité
des actes des services publics. Ce sont ces tribunaux qui vont décider s’ils ont une valeur
juridique ou si c’est un simple texte politique. Ils vont également décider si le préambule fait
partie du « bloc de constitutionnalité ».
Il existe des lois « contra legem » cad qui violent la loi. Une telle pratique ne peut apparaître que
s’il n’y a pas de tribunal compétent pour imposer une pratique conforme à la constitution.
Ce sont les acteurs du jeu politique qui vont venir interpréter la constitution, et leur tendance
naturelle va être de l’interpréter en leur faveur, ce qui peut aller parfois jusqu’à la violation de la
règle opposée par le texte.
Il suffit parfois que les rapports de force politique soient favorables à cette institution ; Si ce rapport
de force se prolonge, on peut imaginer que la violation se prolonge.
Cela est choquant pour le juriste, mais dans la matière du droit constitutionnel, il n’y a pas que le
droit, il y a également les faits à prendre en compte.
Parfois, il y a un décalage entre les faits et la constitution réelle.
Un exemple, (qu’on verra en TD), dans l’histoire constitutionnelle de la Vème République, une
pratique inconstitutionnelle : 1962 le GDG qui est président de la République, est dans une
situation politique où il a une forte légitimité, dans la mesure où il vient de réussir le difficile
passage à l’indépendance de l’Algérie. Il va décider de soumettre directement au peuple un projet
de révision de la constitution visant à faire élire le président de la république au suffrage universel
direct alors qu’il ne l’était qu’au suffrage universel indirect.
Vote positif préalable des deux chambres du parlement normalement, là le GDG ne le fait pas.
La procédure choisie va être constitutive d’une violation de la Constitution, le GDG s’est fondé sur
l’article 11 de la Constitution, mais qui a priori n’était pas appliquable et donc il est passé par-
dessus la tête du Parlement.
Ces pratiques peuvent-elles acquérir une force obligatoire à coté ou à l’encontre de la Constitution
écrite ?
La réponse dominante est négative, en effet dans les états qui ont une constitution écrite, seules les
règles écrites ont une valeur obligatoire. Cad pour ajouter une règle à la Constitution ou pour la
modifier, il n’y a qu’une seule voix, c’est le respect de la procédure à la Constitution.
Attention, certains auteurs estiment qu’une coutume contra legem peuvent être admises à partir du
moment où le peuple qui es le pouvoir souverain d’une démocratie a donné son accord à cette
pratique des pouvoirs publics, même sas respecter la procédure de la constitution. Cet argument a
été retenu par certains pour estimer que la violation de la constitution commise par le GDG en 1969
a pu donner naissance à une coutume constitutionnelle.
Cet argument qui a été retenu par certains pour estimer que la violation de la Constitution commise
par le Général de Gaulle en 1962, et répétée en 1969, a pu donner naissance à une coutume
constitutionnelle permettant de soumettre directement au peuple, donc sans passer par le
Parlement et contrairement à l'article 89 de la Constitution de 1958, un projet de révision
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constitutionnelle. Il existerait donc, à côté de celle prévue par l'article 89 et moins contraignante,
une procédure coutumière de révision de la Constitution.
Il faut bien comprendre que dans tous les cas où s'exerce le pouvoir constituant originaire, il y a
une situation de pur fait, une éclipse de la légalité puisque la légalité ancienne est morte, a
disparu et que la légalité nouvelle, future n'est pas encore née. En d'autres termes, le pouvoir
constituant originaire est un pouvoir de pur fait, un pouvoir qui échappe au droit.
Ex : dans les colonies ayant accédé à l’indépendance, le droit de l’ancien colonisateur
n’était plus applicable ; la légalité ancienne n’existait plus. Il appartenait alors aux leaders
de l’indépendance formant le nouveau pouvoir d’élaborer une Constitution qui devait
permettre de fonder une légalité nouvelle.
Le pouvoir d’élaborer une constitution nouvelle s’exerce non seulement en dehors de tout
fondement juridique mais même, le plus souvent, en totale rupture avec l’ordre juridique ancien.
Ceci apparaît nettement dans un autre exemple qui est celui de la Révolution française :
l’ordre juridique de l’Ancien Régime, qui était une monarchie absolue, a été balayé par la
Révolution. Ce sont les Etats généraux, qui se sont autoproclamés Assemblée nationale
(17 juin 1789), puis Assemblée constituante (9 juillet 1789), qui ont exercé le PCO en
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élaborant la première Constitution écrite française, celle de 1791, qui sera fondée sur la
séparation des pouvoirs.
Un tel pouvoir n'est pas fondé sur le droit, mais sur la force. Cette force, ce pouvoir la tire au
mieux de sa légitimité, donc du fait qu’il est accepté par la population, au pire de la violence dont
il use.
C'est un pouvoir dont le droit doit constater l'existence. En effet, il permet de
comprendre ce que l’on appelle la "dynamique constitutionnelle" (= fait que des
changements de régimes accompagnés de changements de Constitutions puissent
s’opérer dans la rupture et non pas dans la continuité, par la révision de la
Constitution en vigueur).
Toutefois, c'est un pouvoir que le droit ne peut pas expliquer.
Ex : un Etat dans lequel s’applique une Constitution. A lieu un coup d’Etat. Ses
auteurs décident d’élaborer une nouvelle Constitution sans respecter la procédure
prévue pour la modification de celle qui était en vigueur. Il y a donc bien rupture
constitutionnelle – on va passer d’une Constitution à l’autre. Et seule la violence et
non le droit peut l’expliquer.
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tout le pays relayé par les partis politiques. Ce procédé, qui combine assemblée consti-
tuante et recours au référendum, est donc le plus conforme aux exigences de la démocra-
tie.
o Ce procédé a été utilisé en France pour l'élaboration de la Constitution de la
IVème République. Le peuple a d'ailleurs rejeté le premier projet datant du 19
avril 1946 élaboré par l'assemblée constituante élue en octobre 1945. Une
deuxième Assemblée a alors été élue et le projet élaboré par elle a été approuvé
par référendum et est devenu la Constitution du 27 octobre 1946.
- 3 forme, qui est à certains égards moins démocratique, donc plus autoritaire, ré-
ème
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o Ex : Pour la France, l'article 89 prévoit que le Président de la République peut
décider, lorsqu'il s'agit d'un projet qui émane du pouvoir exécutif, de ne pas
recourir au référendum mais de convoquer le Parlement en Congrès (le
Congrès est la réunion des deux chambres qui siègent ensemble). Dans ce cas, la
révision n'entrera en vigueur que si elle est approuvée par le Congrès à la majo-
rité des 3/5 des suffrages exprimés, une majorité contraignante.
La révision de la Constitution n’est pas pareille mais elle est totale et c’est l’ensemble de la
Constitution qui disparaît pour l’avenir du texte. Il y a une première technique :
- L’abrogation par la violence que nous avions vu à propos du PCO, il n’y a pas de PCD qui
s’exerce parce que la procédure de révision prévue anciennement n’est pas respectée pour la
Constitution nouvelle. C’est parce qu’il y a cette rupture brutale que va s’exercer le PCO.
- La révision- abrogation, qui a eu lieu 2 fois en France, la procédure de révision est bien
respectée mais elle est respectée pour réviser la procédure de révision = révision de la
procédure de révision de la Constitution en vigueur. Quel est son objet ? Il s’agit en général
à la suite d’une crise grave de Régime, de modifier le titulaire du pouvoir de révision.
On le confie à la nouvelle personnalité ou au nouvel organe politique dominant dans l’État.
En résumé, il y a deux étapes qui se succèdent : une première qui modifie le titulaire qui détient le
pouvoir de révision. Ensuite, il y a une seconde étape, le nouveau titulaire du pouvoir de révision va
abroger la Constitution et va la remplacer par une nouvelle qui convient davantage.
Ce qui est intéressant, c’est que le PCD est très proche du PCO parce que le PCD va en général
s’exercer dans une crise du régime et elle va aboutir le plus souvent à une transformation totale des
institutions de l’État. La différence avec le PCO, c’est qu’en apparence, le droit est respecté mais en
réalité l’étape première donc la révision initiale de la procédure de révision n’est pas capable de
sortir de l’État de cette crise grave donc en réalité ce sont des hypothèses où seules un groupe de
personne extérieure au système va pouvoir le faire évoluer, et en général radicalement.
Exemple :
- Le régime de Vichy qui est né d’une abrogation-révision de la Constitution de la 3ème
république. Elle a été permise par la loi constitutionnelle du 10 juillet 1940.
Le Parlement a utilisé son pouvoir de révision non pas pour réviser la constitution mais pour
se dessaisir de son pouvoir et le donner au gouvernement du maréchal Pétain.
On est donc passé d’une trilogie « liberté égalité fraternité » à « travail famille patrie » et à
un état dictatorial.
Parlement fragilisé par cette défaite face à l’Allemagne. On va basculer dans un régime
total.
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CHAPITRE 3 : LA SANCTION DES VIOLATIONS DE LA
CONSTITUTION, LE CONROLE DE CONSTITUTIONNALITÉ DES
LOIS
Constitution : norme suprême qui se trouve au sommet de la hiérarchie des normes, et à ce titre elle
va s’imposer à l’ensemble des autres normes et règles qui lui sont inférieures et qui doivent lui être
conformes. Cette supériorité de la Constitution ne sera effective que s’il y a à la disposition des
personnes ou de certaines autorités un ou des moyens pour sanctionner ou pour faire sanctionner les
éventuelles violations de la Constitution. Si ces sanctions n’existaient pas, la supériorité de la
Constitution ne serait que théorique. Rien n’empêcherait les pouvoirs mis en place de ne pas la
respecter.
Les sanctions envisageables sont les suivantes :
- Dans sanctions politiques : infligées soit par les citoyens soit par l’un des pouvoirs
constitués.
Exercice par les citoyens de leur droit à la résistance et à l’oppression,
consacré par plusieurs constitutions révolutionnaires, qui fait partie du
droit positif français aujourd’hui. Il est proclamé par la DDHC. Il est
proclamé en tant que droit naturel et imprescriptible de l’Homme. Le
problème est que l’exercice de ce droit se heurte à plusieurs obstacles.
D’abord, cette sanction, lorsqu’elle va s’exercer de façon violente, ne
peut être envisagée qu’en cas extrême. Elle ne peut pas valoir pour les
violations mineures. De plus, dans tous les États, l’insurrection
violente contre les institutions est pénalement sanctionnée et cette
possibilité est prévue par la déclaration elle-même. Finalement,
l’insurrection, si elle échoue, va être sanctionnée donc il faut qu’elle
soit réussie.
La mise en œuvre d’une procédure d’accusation devant une cour
particulière (soit du chef de l’État, soit de l’un des ministres...) en cas
de violation grave de la Constitution. Elle va permettre d’obtenir entre
autres la destitution des organes dont nous venons de parler, elle va
les obliger à quitter le pouvoir. Là aussi, une fois que l’o a décidé, il y
a de multiples possibilités. La première question est de savoir quelle
va être la composition de cette Cour en réalité, elle est variable. Très
souvent, il s’agit d’une émanation du Parlement cad de parlementaires
mais il peut aussi s’agir du Parlement lui-même. C’est le cas en
France avec la Haute-Cour qui regroupe les 2 chambres et qui est
compétente pour destituer le Président de la République en cas de
« manquement à ses devoirs manifestement incompatibles avec
l’exercice de son mandat ». Il y a une autre possibilité où le pouvoir
de sanctionner le chef de l’État est confié à la Cour Constitutionnelle.
Là encore, ce type de sanction politique ne peut jouer qu’en dernier
recours en raison de la gravité et des conséquences qu’elle entraine ;
En plus, elle ne vaut pas à l’égard du parlement.
En théorie, tous les actes de l’État doivent respecter la Constitution mais il y a un obstacle à la mise
en place d’un contrôle de certains types d’actes et plus particulièrement des lois. Cet obstacle a
aussi existé pour les actes administratifs mais il a été balayé.
Pour ces actes administratifs cad adoptés par le pouvoir exécutif, il y a bien longtemps que le
contrôle de leur légalité (= conformité aux lois) est établi. Pour contester les actes administratifs, il
y a un recours particulier : Le recours pour excès de pouvoir (REP), ouvert aux administrés.
En revanche, pour les lois la situation est différente car la question se pose de la légitimité de mettre
en place un contrôle de constitutionnalité des lois.
La légitimité est au regard des exigences démocratiques.
La question qui se pose est de savoir si le fait de mettre en place un tribunal est légitime/ acceptable
dans une démocratie.
Dans une démocratie justement, le souverain, c’est le peuple et donc les lois adoptés par le
Parlement expriment la volonté du peuple.
Or, quelle est la portée de la mise en place d’un CCL ?
Il s’agit de confier à un tribunal, qui en général n’est pas élu par le peuple, le pouvoir de contrôler la
loi. Si la loi est déclarée inconstitutionnelle, le pouvoir d’empêcher la loi d’entrer en vigueur est
confié à un tribunal non élu.
Il y a donc un problème qui se pose au regard des exigences démocratiques.
On constate que la plupart des États mettent en place un contrôle de ce type.
Ceux qui sont contre la mise en place d’un CCL estiment qu’il supprime le caractère démocratique
de l’État pour deux raisons :
- D’abord, ils disent que la loi ne serait plus souveraine et qu’elle devrait normalement la
rester.
- De plus, même si on admet que c’est la constitution qui doit être souveraine, les adversaires
du CCL mettent en avant « le risque d’un gouvernement des juges ».
Leur argument est que lorsque l’on met en place un tel contrôle, c’est la constitution que le
législateur doit respecter.
Mais, quelle constitution ? Ce sera la constitution interprétée par les juges constitutionnels.
Ce n’est donc pas la constitution qui est gagnante mais les juges.
Ce danger est réel car dans une démocratie, les textes constitutionnels sont souvent brefs et
peuvent être interprétés de manière différente. En cas d’hésitation sur le sens d’une
disposition, le risque est que le choix entre plusieurs interprétations se fasse en fonction des
opinions politiques de l’interprète.
Le danger est donc celui du « risque d’un gouvernement des juges ».
On met en avant le fait qu’en raison de ce CCL, ce n’est plus le peuple, par l’intermédiaire
du parlement, qui gouvernerait, mais ce serait les juges qui imposeraient leur propre opinion
politique.
Ce risque n’est pas purement théorique, il s’est réalisé aux États-Unis de1865, après la
guerre de cessetion, à 1930. En effet, la Cour suprême des États-Unis, sous prétexte
d’interpréter la constitution, a imposé une conception radicale de libéralisme économique
donc non-interventionniste radical de l’État dans le domaine économique et social.
Elle déclarait inconstitutionnelles toutes les lois sociales adoptées par les états fédérés
américains et les principales lois adoptées par le Congrès.
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Par exemple, des lois qui prévoyaient une limitation du travail des enfants.
Ces arguments extrêmement forts ont été relativisés.
Pour répondre à la seconde objection, on peut dire que oui, il y a une marge de manœuvre des juges
indéniable lorsqu’ils interprètent la constitution mais elle est relativement étroite.
On accepte donc cette marge de manœuvre. On ajoute qu’en réalité, les pouvoirs publics peuvent
réagir en cas d’abus de pouvoir des juges.
1) L’organe compétent
Ce contrôle ne sera crédible que s’il est confié à un tribunal, non pas à un organe politique. En
général, les membres de ce tribunal sont désignés par les autorités politiques, soit élus par le
Parlement, soit désignés par le pouvoir exécutif. Les pouvoirs politiques interviennent pour leur
désignation mais une fois nommés, les juges vont jouir d’un statut qui va leur assurer une totale
indépendance à l’égard des autres pouvoirs soit parce qu’ils sont nommés à vie, soit parce u’iks sont
nommés pour une longue durée et lorsque c’est le cas, il n’y a jamais de caractère renouvelable de
la fonction.
En tant que tribunal, cet organe ne doit statuer qu’en droit cad qu’il n’utilise que des arguments
juridiques et non pas des arguments d’opportunité. Ce tribunal doit rendre des décisions (arrêts) qui
vont s’imposer de manière obligatoire pour tous. En réalité, lorsque l’on met en place un tribunal de
ce type, il y a deux types d’organes possible auxquels correspondent deux types de contrôles.
A) Le contrôle diffus
Dans un système de contrôle diffus, ce sont les juridictions ordinaires qui sont compétentes pour
exercer le CCL. L’exemple est celui des États-Unis où le CCL est considéré comme un
prolongement normal de la fonction du juge depuis l’arrêt Marbury v. Madison de 1803.
Cela veut dire qu’aux États-Unis chaque tribunal, lorsqu’il est saisi d’une demande en ce sens, doit
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vérifier la conformité de la loi à la constitution et doit donc refuser d’appliquer une loi
constitutionnelle.
On parle d’un contrôle diffus parce qu’il n’est pas monopolisé entre les mains d’un organe
spécifique. Il s’effectue, comme toutes activité judiciaire, sous le contrôle de l’autorité située au
sommet de la hiérarchie des tribunaux.
La cour suprême des US est composée de 9 juges nommés à vie par le Président des US avec
l’accord du Sénat.
B) Le contrôle concentré
Dans un système de ce type, le contrôle est réservé à un tribunal spécialement créé à cet effet. Dans
ce cas-là, on parle du modèle européen de justice constitutionnelle.
Ce modèle s’oppose au modèle américain. On a confié ce contrôle à un tribunal spécialisé parce
qu’en Europe, les juges ordinaires n’ont pas pu prendre l’initiative de contrôler la loi.
La loi a été longtemps considérée comme un acte inattaquable, comme l’acte souverain.
Les tribunaux ordinaires n’ont pas pu exercer ce contrôle et lorsque l’on a décidé de mettre en place
ce contrôle, on a mis en place un tribunal particulier.
C’est une disposition spéciale qui prévoit cela dans la constitution.
En Allemagne, le tribunal constitutionnel est composé de 16 membres élus à la majorité des deux
tiers par le Parlement.
En France on a un conseil constitutionnel qui comprend 9 membres et qui sont désignés par le
Président de la République, le Président de l‘Assemblée nationale et le Président du Sénat avec un
droit de dire non à la désignation proposée confié aux assemblées depuis une révision de 2008.
On a aussi des membres de droit, des anciens Présidents de la république qui sont automatiquement
membres du conseil.
- Une dernière possibilité, qui ne vaut qu'en cas de contrôle concentré : les tribunaux ordinaires,
qui sont par définition incompétents pour exercer eux-mêmes ce contrôle, peuvent également, dans
certains Etats, saisir la Cour constitutionnelle lorsque la question de la constitutionnalité d'une loi se
pose au cours d'un litige et que la réponse à cette question est nécessaire à sa solution. Une telle
possibilité existe dans de nombreux Etats européens, comme en Allemagne ou en Italie. Elle a été
introduite en France par la révision de la Constitution du 23 juillet 2008. Seuls la Cour de cassation
et le Conseil d'Etat peuvent saisir le Conseil, éventuellement sur saisine d'une juridiction du fond, et
seuls les droits et libertés garantis par le Constitution peuvent être invoqués. La révision est entrée
en vigueur sur ce point le 1er mars 2010 et la question de constitutionnalité transmise au Conseil
porte le nom de QPC : question prioritaire de constitutionnalité.
B. Le moment de la saisine
Quand pourra-t-on faire vérifier la constitutionnalité d'une loi ? Deux possibilités existent : avant ou
après l'entrée en vigueur de la loi.
1) Le contrôle a priori
Le contrôle a priori est celui exercé avant l'entrée en application de la loi. Tel est le cas en France.
Il présente l'avantage de la sécurité juridique car le problème sera réglé avant que la loi ne soit ap-
pliquée aux citoyens. Lorsque la loi entre en vigueur, ceux-ci savent donc de façon définitive quels
sont leurs droits et obligations. Il n’y a pas de risque d'annulation dans le futur. Mais le contrôle a
priori présente également des inconvénients. Il intervient alors que les passions politiques, qui se
sont parfois déchaînées au Parlement, ne se sont pas encore calmées. Le débat politique est à son
apogée, l’organe de contrôle risque alors - d'autant plus facilement et quel que soit le sens de ses dé-
cisions - d'être considéré comme un organe politique (partisan, favorable à la majorité ou à l’oppo-
sition selon le sens de la décision rendue, de conformité ou de rejet). De plus, la Cour intervient
dans ce cas avant que la loi n'ait été appliquée. Or certains problèmes de constitutionnalité n'appa-
raissent qu'avec l'application de celle-ci. Donc ce contrôle est trop précoce pour pouvoir prendre en
compte ces hypothèses.
2) Le contrôle a posteriori
Ce contrôle est exercé après que la loi est entrée en application. Puisqu'il intervient à l'occasion de
cette application, il permet au juge d'envisager des hypothèses qui n'avaient peut-être pas été envisa-
gées par le législateur. Il a également l’avantage d’être plus dépassionné que le contrôle a priori
puisque du temps se sera écoulé entre le moment de l’adoption de la loi et le moment où le juge sta-
tue. Il présente toutefois l'inconvénient de pouvoir être source d'insécurité juridique.
Ce contrôle est dominant en Europe. Il a été introduit en France par la révision de 2008 précitée.
C. L'objet de la saisine
Dans ce cas, l'auteur du recours attaque la loi - exerce donc une action - en demandant à la juridic-
tion constitutionnelle de la déclarer inconstitutionnelle. C'est un contrôle abstrait de la constitution-
nalité des lois car il ne s'exerce pas à l'occasion d'un procès entre deux personnes. Le procès est fait
directement à la loi. Le contrôle par voie d'action a le mérite d'aboutir à une situation claire car la
19
sanction de l'inconstitutionnalité est la disparition de la loi de l'ordre juridique, en général unique-
ment pour l'avenir - ou, si le contrôle est a posteriori, l'interdiction pour la loi d'entrer en vigueur.
2) Le contrôle par voie d'exception
A l'opposé, il s'agit là d'un contrôle concret de constitutionnalité. Le contrôle par voie d'exception
est en effet exercé à l'occasion d'un litige en cours d’examen devant un juridiction. Ce procès n'a
pas pour objet principal la question de savoir si la loi est ou non constitutionnelle. Simplement, au
cours d'un procès quelconque, l'une des parties à qui l'on tente d'appliquer la loi soulève ce qu'on
appelle une exception d'inconstitutionnalité, c'est-à-dire prétend que la loi que l'autre partie in-
voque à son encontre est inconstitutionnelle.
Deux hypothèses dans ce cas.
- Soit le contrôle de constitutionnalité est diffus, dans ce cas c'est le juge saisi de la question princi-
pale qui statuera sur l'exception. La question est dans ce cas dite préalable.
- Soit le contrôle est concentré, dans ce cas le juge ordinaire devra saisir la juridiction constitution-
nelle qui tranchera la question de constitutionnalité, et l'affaire reprendra ensuite son cours normal
devant la juridiction ordinaire. Dans ce cas, la question de constitutionnalité est dite préjudicielle.
C'est une telle question, intitulée QPC (question prioritaire de constitutionnalité) qui peut être posée
au Conseil constitutionnel depuis l'entrée en vigueur de la révision de 2008.
Lorsque le contrôle est diffus, comme aux USA, la sanction de l'inconstitutionnalité n'est pas l'an-
nulation de la loi mais la non-application de la loi au litige en cours. La loi subsiste dans l'ordre juri-
dique. Mais lorsque le contrôle est concentré, comme en France, la sanction est le plus souvent
l'abrogation de la loi, c'est-à-dire sa disparition pour l'avenir.
Voilà les diverses distinctions qu'il faut connaitre et qui permettent de caractériser chaque type de
contrôle de constitutionnalité́ . Il faut savoir croiser ces distinctions et l'on pourra ainsi dire du sys-
tème américain qu'il est diffus, a posteriori et par voie d'exception alors que le système français
est concentré, a priori et par voie d'action avant la révision de 2008. Depuis l'entrée en vigueur
de cette révision, il est également a posteriori et par voie d'exception.
Jeudi 14 février :
Titre II : L'Etat
Chapitre I : La notion d'Etat
Commençons par distinguer les diverses significations du mot "Etat" :
20
- Dans un sens restrictif, l'Etat est d'abord le pouvoir central. En cela, il s'oppose au pouvoir décen-
tralisé, aux collectivités locales décentralisées, que sont en France les communes, les départements,
les régions et les COM (collectivités d'outre-mer).
- Dans un sens plus large, l'Etat est également assimilé aux gouvernants, aux pouvoirs publics dans
leur ensemble. Dans ce sens, l'Etat s'oppose aux gouvernés, à ce que l'on appelle la société civile.
Ex : on peut dire que l'Etat doit prendre en charge telle activité - par exemple le maintien de l'ordre -
ce qui signifie que ce n'est pas aux particuliers de l'assurer.
- Dans un dernier sens qui est celui que nous retiendrons ici, l'Etat est une société politique organi-
sée, le cadre d'exercice d'un phénomène d'autorité particulier que l’on appelle le pouvoir politique.
C’est dans ce sens que l’on dit qu'il existe un Etat français, allemand, sud-africain etc.
Pour qu'une société humaine forme un Etat, la pratique montre que trois conditions doivent être réu-
nies. En général, les Etats considèrent en effet une collectivité comme constituant un Etat lorsque
trois conditions sont remplies.
Section I : Les conditions d’existence de l’Etat
Trois conditions : la population, le territoire et un gouvernement effectif que nous allons étudier
successivement.
§1 : La population
La population, c'est la substance humaine de l'Etat. En effet, l'Etat, c'est avant tout une communauté
humaine.
Plusieurs précisions doivent être apportées à ce sujet :
Le terme "population" n’est pas utilisé par hasard. Il est utilisé parce qu’il est un terme neutre : il
n’implique pas que les individus qui composent cette population présentent des caractéristiques
communes. Au contraire, des différences importantes peuvent exister entre ces individus autant du
point de vue de leur langue, de leur culture, de leur religion que de leurs activités économiques ou
de leur histoire.
Mais il faut aller plus loin et constater que pour que l’Etat ait un avenir, pour qu’il survive dans le
temps, il est nécessaire qu'un intérêt général puisse être dégagé au delà des intérêts particuliers de
chaque individu. C’est pourquoi les individus qui composent cette population doivent croire que ce
qui les unit, que ce qu’ils ont de commun (par ex. la langue) l'emportera sur ce qui les distingue (par
ex. les activités, les traditions). Pour bien comprendre ce point, il faut s’intéresser à deux notions
voisines de celles de population, celles de "nation" et de "peuple".
A. Etat et nation
On vient de voir qu'un Etat ne peut pas exister sans population. Faut-il aller plus loin, être plus exi-
geant, et prétendre que l'Etat ne peut pas exister si cette population ne forme pas une nation ? En
d’autres termes, est-ce que la nation est également une condition d’existence de l’Etat ? Com-
mençons par définir la nation dans un 1). Puis nous constaterons que l'Etat ne coïncide pas forcé-
ment avec la nation 2).
1) La nation, vouloir-vivre collectif
La nation, à la différence de la population, est une idée, une représentation que les individus se font
de l’ensemble auquel ils appartiennent.
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Quand on parle de population, les choses sont simples : la population regroupe des êtres physiques,
des êtres concrets comme vous et moi (des êtres qui existent dans la réalité). En revanche, la nation
est plus exigeante puisqu’elle suppose qu’existe un sentiment de solidarité entre les individus qui la
composent, sentiment qui leur inspire la volonté de vivre ensemble. C’est pourquoi elle a pu être dé-
finie comme un vouloir-vivre collectif, un rêve d’avenir partagé.
D’où provient un tel sentiment de solidarité lorsqu’il existe ? Il existe sur ce point deux conceptions
de la nation :
- Une conception dite objective, issue de la philosophie allemande du XIXè siècle, qui insiste
sur des éléments tels que la géographie ou la langue. Vous savez sans doute que certaines
idéologies politiques ont fait de la race le critère central de la nation mais cette référence est
évidemment dangereuse. D’abord parce que la distinction entre les races est scientifique-
ment infondée – elle n’a donc que les apparences de l’objectivité : la science moderne a
prouvé que le fonds génétique commun de l’humanité est pour l’essentiel identique quelles
que soient les différences biologiques observables entre les groupes humains. Ensuite parce
qu’elle a le plus souvent servi des objectifs politiques condamnables, à savoir l’oppression
d’un groupe humain par un autre au nom d’une prétendue inégalité entre les races. Cette
conception a ainsi été exploitée par Hitler au profit de la prétendue race aryenne qu’il vou-
lait faire coïncider exactement avec la nation allemande au détriment de la prétendue race
juive, ce qui a abouti à l’extermination de 6 millions de juifs dans l'Europe occupée durant la
seconde guerre mondiale.
- Une conception dite subjective, issue de la philosophie française des Lumières, qui insiste
davantage sur les éléments culturels, religieux, les souvenirs communs – en un mot sur la
communauté de civilisation qui qui s’est créée au cours d’une histoire commune.
Ce qu'il faut retenir est que la nation est une entité qui réunit non seulement les personnes en vie à
un moment donné mais également les morts et les générations futures. D’un côté, elle plonge ses ra-
cines dans le passé, mais de l’autre elle est porteuse d'une représentation de l'avenir, du futur. Elle
unit donc les générations passées et celles à venir.
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leur destin. Et, pour évoquer un débat actuel, l'on s'est demandé et l’on se demande toujours, si,
malgré les différences qui séparent les peuples européens - langue, culture -, il existe ou il pourrait
exister un jour une nation européenne sur laquelle un Etat fédéral européen pourrait prendre appui.
Lorsqu'il y a coïncidence entre la nation et l'Etat, l'on peut alors affirmer avec A. ESMEIN, un des
grands théoricien français du droit constitutionnel de la fin du XIXè siècle, que " l'Etat est la per-
sonnification juridique d'une nation". Dans cette hypothèse, la nation, qui est une réalité sociolo-
gique, trouve sa traduction juridique dans l'Etat.
Le problème est qu’il faut bien constater que les exemples de non-coïncidence sont nombreux :
- 1er cas de figure : les nations peuvent être divisées entre plusieurs Etats. Tel était le cas de-
puis 1949 et du fait de la guerre froide de la nation allemande avant la réunification des deux
Allemagne de l’Est et de l’Ouest en 1990 (la première faisant partie du bloc communiste, la
seconde du bloc occidental). Tel est en revanche toujours le cas de la nation coréenne qui a
été partagée en deux Etats après la seconde guerre mondiale (1948) et de la nation kurde di-
visée entre plusieurs Etats (l’Irak, l’Iran, la Syrie et la Turquie pour l’essentiel).
- 2ème cas de figure : les Etats peuvent englober plusieurs groupes nationaux : on parle alors
d’Etats pluri-nationaux. De tels Etats, comme la Russie (128 nationalités), sont évidemment
plus fragiles. Quel est leur devenir ? Deux possibilités schématiquement : soit la vie en com-
mun favorise la naissance progressive d'une nation malgré les frontières et les regroupe-
ments parfois arbitraires. C’est ce que l’on a pu espérer – mais cet espoir a été trop souvent
déçu - pour les Etats africains nés de la décolonisation. Ces Etats sont en effet composés de
sociétés plurales, c’est-à-dire composées d’éléments multiples, de sociétés distinctes - à la
fois du point de vue religieux, linguistique et culturel. Ils sont donc le plus souvent à la re-
cherche d’une identité, d’une unité nationale. Soit, et c’est la seconde possibilité, une telle
histoire commune peut s'achever dans la séparation, soit de façon douce (tel a été le cas au
début des années 1990 de la Tchécoslovaquie et de l’URSS), soit de façon violente donc
après une guerre civile : La Yougoslavie est là pour en témoigner .
Pour finir sur une note plus optimiste, il faut signaler qu’il existe une forme d'organisation étatique
qui permet aux différentes nations d'être représentées en tant que telles au sein de l'Etat : il s'agit
de l'Etat fédéral qui sera étudié dans le prochain chapitre.
B. Etat et peuple
1) Le peuple : définition générale
Le peuple est une entité qui est à la fois plus que la population et moins que la nation.
Plus que la population car le peuple possède les mêmes qualités que la nation. Les personnes qui
forment un peuple se sentent unies par un lien particulier, par un sentiment d'identité et de solidari-
té.
Moins que la nation car le peuple ne comprend que les personnes vivant à un moment donné alors
que la nation unit en un tout, passé, présent et futur. La nation française englobe tout autant les per-
sonnalités françaises du passé (Vercingétorix, Victor Hugo, le général de Gaulle etc...), les français
qui vivent actuellement que les générations à venir. En revanche, le peuple français comprend uni-
quement l'ensemble des citoyens français vivant actuellement en France ou à l'étranger, c'est l'uni-
versalité des citoyens français.
Comme je l’ai déjà indiqué, il existe un droit qui est reconnu par le droit international contemporain
: celui des peuples à disposer d'eux-mêmes. En vertu de ce droit, chaque peuple a droit – s’il le sou-
haite - à former un Etat indépendant. Le principe, qui est posé de façon générale à l’art. 1 §2 de la
23
Charte des N.U (qui est le traité fondateur de l’ONU 1945) n’est clair qu’en apparence. En effet,
son application a posé et pose encore de redoutables difficultés qui sont de deux ordres :
- Première difficulté : la difficulté d'identifier concrètement un peuple, de qualifier une popu-
lation donnée de peuple. En d’autres termes, à partir de quel seuil, une population qui pré-
sente certaines caractéristiques communes et a des aspirations communes peut- elle être qua-
lifiée de peuple ? Si on prend le cas de la France, il existe assurément, à l’intérieur du peuple
français, un peuple kanak (en Nouvelle-Calédonie - la Constitution l'a reconnu dans son titre
XIII qui renvoie à l'Accord de Nouméa de 1998 dont je vous parlerai ultérieurement), mais
doit-on admettre – comme certains le prétendent - qu’il existe un peuple réunionnais, un
peuple corse et de façon plus provocante un peuple alsacien, basque ou breton ?
- Seconde difficulté : la tendance des Etats à vouloir éviter la perte d'une partie de leur terri-
toire bien qu'elle abrite un peuple spécifique. Voir les réticences de la France à l'origine de
la guerre d'Algérie (1954/1962) et, plus récemment, à propos de l'évolution de la Nouvelle-
Calédonie. Le processus d’accès à l’indépendance de ce dernier territoire a toutefois été re-
lancé par une révision de la Constitution (loi constitutionnelle du 20 juillet 1998 - référen-
dum sur l’accès à l’indépendance en novembre 2018, majorité de votes défavorable à l'indé-
pendance 56,6%).
Ces difficultés expliquent pourquoi les Etats se sont accordés dans les années 60 et dans le cadre de
l’Organisation des Nations-Unies à restreindre le champ d’application de ce principe aux seuls
peuples colonisés, donc aux peuples qui ont été soumis contre leur gré à une domination étrangère
(= placés dans une situation arbitraire d’inégalité et de subordination par rapport à une métropole).
En effet, il a paru très dangereux de reconnaître à tout groupe social qui fait partie de la population
d’un Etat constitué mais présente certaines caractéristiques propres un droit à l’autodétermination,
donc un droit à former, s’il le souhaite, un Etat indépendant. Car quel est le risque qu’il y aurait à
reconnaître un tel droit sans limites ? celui d’enclencher un processus indéfini de désintégration des
Etats qui forment aujourd’hui la société internationale : chaque groupe social est toujours constitué
de sous-groupes, qui pourraient eux-mêmes revendiquer demain un tel droit. Où s’arrêter ? En
d’autres termes, lorsqu’il est conçu sans limites, le droit des peuples ne peut qu’être un facteur per-
manent d’anarchie, de contestation des Etats en place – et donc de violence. Or, une telle instabilité
ne peut qu’être préjudiciable aux individus, elle a toutes les chances de se retourner contre les indi-
vidus qu’elle prétend pourtant émanciper.
Cette restriction, même si elle a connu quelques exceptions, explique par exemple pourquoi la Cata-
logne ne peut pas revendiquer l'exercice d'un tel droit contre l'Etat central espagnol.
2) La notion de "peuple français" dans la Constitution du 4 octobre 1958
Depuis la Révolution française, les constitutions républicaines mentionnent en général le seul
peuple français composé de l'ensemble des citoyens français. Tel est le cas de l’actuelle Constitu-
tion du 4 octobre 1958. Elle débute d’ailleurs – c’est l’alinéa 1er de son préambule - par l'affirma-
tion selon laquelle "le peuple français proclame solennellement son attachement aux droits de
l'homme et aux principes de la souveraineté nationale...".
Le pluriel - "les peuples" - est toutefois utilisé à l’alinéa 2 de ce même préambule à propos des terri-
toires d'outre-mer et du principe de libre-détermination qui leur est reconnu.
"En vertu de ces principes et de celui de la libre détermination des peuples, la République offre aux
territoires d'outre-mer qui manifestent la volonté d'y adhérer des institutions nouvelles fondées sur
l'idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité et conçues en vue de leur évolution démocra-
tique."
Que faut-il entendre par "territoires d'outre-mer" au sens de cette disposition ?
24
Ces territoires ne sont pas constitués par l'ensemble des territoires français ultra-marins - séparés de
l'hexagone par la mer - mais uniquement par certains d’entre eux. Pendant longtemps, on a pensé
qu'étaient seules concernées les anciennes colonies françaises qui se sont vu offrir la possibilité de
devenir indépendantes en 1958 mais ont choisi de rester au sein de la République française, à sa-
voir :
- La Nouvelle-Calédonie. Elle a désormais un statut spécifique – la révision de la Constitution
du 20 juillet 1998 relative à la NC a introduit un titre XIII qui constitutionnalise l’Accord de
Nouméa signé entre les différentes forces politiques du territoire et l'Etat, accord qui recon-
naît l’existence et l’identité du peuple kanak ;
- La Polynésie française et un autre archipel de Polynésie qui porte le nom de Wallis- et-Futu-
na.
Ce sont des COM (collectivités d’outre-mer) au sens de la Constitution actuelle (telle qu’elle a été
révisée en 2003). Cette qualification de peuple ne valait donc pas pour les populations des autres
COM (dont Saint-Pierre-et-Miquelon) et pour les populations des DROM (départements et régions
d'outre-mer), c’est-à-dire de la Réunion, de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane et, de-
puis 2011, de Mayotte.
Le problème est que l’une des révisions récentes de la Constitution, celle du 28 mars 2003 relative à
l’organisation décentralisée de la République, a certes maintenu l’alinéa 2 du préambule qui se ré-
fère au principe de libre-détermination des peuples des territoires d'outre-mer, mais ne semble plus
reconnaître aucun peuple outre-mer. En effet, le nouvel article 72- 3 ne mentionne plus que les po-
pulations d’outre-mer qui sont reconnues par la République « au sein du peuple français ». La for-
mule choisie, qui évite soigneusement le concept de peuple, n’est évidemment pas le fruit du ha-
sard.
ARTICLE 72-3.
La République reconnaît, au sein du peuple français, les populations d'outre-mer, dans un idéal
commun de liberté, d'égalité et de fraternité.
En résumé, en dehors de la Nouvelle-Calédonie, qui fait l’objet d’un traitement à part dans notre
Constitution et apparaît aujourd’hui comme le seul territoire auquel s’applique l’alinéa 2 du préam-
bule de la Constitution, il ne semble donc plus exister d’après la Constitution, qu’un peuple - « le
peuple français » - et non plusieurs peuples sur le sol français.
Cette question de l’éventuelle existence de peuples distincts au sein du peuple français s’était égale-
ment posée à propos de la Corse dans les années 90.
En effet, l’article 1er d’une loi relative au statut de la Corse adoptée en 1991 mentionnait « le
peuple corse, composante du peuple français ». En tant que peuple spécifique, la collectivité qui le
représentait se voyait reconnaître des droits spécifiques, qui ne sont donc pas accordés aux autres
régions et "liés à son insularité".
Vous devinez le problème : la Constitution française actuelle ne connaît qu'un seul peuple. La re-
connaissance par une loi de l'existence d'un peuple corse, même considéré comme une composante
du peuple français, était-elle conforme à la Constitution?
25
En d’autres termes, car tel était bien l’enjeu, pouvait-on admettre que le peuple français est compo-
sé de plusieurs peuples coexistant sur le même territoire et qui forment ensemble le peuple
français ?
C'est le Conseil constitutionnel, qui est chargé en France de veiller à la conformité des lois à la
Constitution, qui a tranché cette question délicate.
Il a considéré que cette reconnaissance violait la Constitution et plus particulièrement deux prin-
cipes qui y figurent (art. 1) : le principe d'égalité des citoyens français devant la loi et celui de l'indi-
visibilité de la République. Plus précisément, il a affirmé dans sa décision n° 91-290 DC du 9 mai
1991 Loi portant statut de la collectivité territoriale de Corse que la Constitution "ne connaît que le
peuple français composé de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race, ou de religion".
Il a donc interprété de façon restrictive la référence au peuple français qui figure dans la Constitu-
tion comme excluant toute possibilité d’appartenance à un peuple concurrent, même partie du
peuple français.
Il a en revanche accepté le reste de la loi, c’est-à-dire la reconnaissance de droits spécifiques accor-
dés à la collectivité territoriale de Corse (en matière d’identité culturelle et de développement éco-
nomique).
§2 : Le territoire
Le territoire, délimité par des frontières, est la seconde condition d'existence de l'Etat. Attention !
Même si l'on dit souvent que l'Etat possède un territoire, le territoire national n'est pas la propriété
de l'Etat . En effet, comme le droit de propriété est un droit exclusif, cela signifierait que les particu-
liers ne pourraient en être propriétaires simultanément, ce qui n’est pas le cas. Pour utiliser une for-
mule rigoureuse, il faut dire que le territoire est le cadre d'exercice de la compétence de l'Etat :
le territoire est donc le cadre géographique dans lequel les gouvernants exercent leurs fonctions.
Toute personne se trouvant sur le territoire est en conséquence assujettie, soumise à la réglementa-
tion édictée par les autorités de l'Etat.
§3 : Le gouvernement effectif
Deux approches seront développées successivement :
A. L'approche juridique : le pouvoir de contrainte
La troisième condition de l'existence d'un Etat est la présence sur ce territoire d'un gouvernement
effectif, d'une organisation politique qui exerce sur cette population un pouvoir de contrainte dont il
a le monopole. Ainsi, l'Etat est investi d'une puissance, appelée puissance publique.
La caractéristique d’une telle puissance est de pouvoir s'imposer, au besoin par la force, à tous les
citoyens et de façon plus large, à toute personne, même étrangère se trouvant sur son territoire.
Puisque l'Etat est la seule collectivité à disposer de la force coercitive, l'on peut affirmer que l'Etat
dispose du monopole de la contrainte organisée sur son territoire.
B. L'approche sociologique : la nécessaire légitimité du pouvoir
Au début du XXème siècle, le sociologue allemand Max Weber a défini l'Etat dans son ouvrage Le
savant et le politique "comme une communauté humaine qui, dans les limites d'un territoire déter-
miné, revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légi-
time".
Vous remarquerez que s'ajoute ainsi dans la définition de l'Etat, à côté de la contrainte, une notion
sociologique et non juridique : celle de légitimité.
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En effet, l’on peut penser que le simple recours à la force ne suffit pas pour que le rapport de domi-
nation de l'homme sur l'homme que met en place l'Etat puisse exister et surtout exister durablement.
Il serait nécessaire que ce rapport de domination soit ressenti comme légitime par les individus qu'il
vise, c'est à dire qu'il soit consenti par ceux-ci, qu'il soit perçu par ceux-ci comme conforme à leurs
exigences fondamentales.
En effet, la force, la contrainte physique, qui est le moyen d'expression spécifique de l'Etat, ne peut
être - ou en tout cas ne peut être durablement - le fondement de la puissance étatique. Si un tel
consentement n’existe pas, la moindre faiblesse des gouvernants sera en effet exploitée par les gou-
vernés pour détruire l'Etat .
La raison, la croyance raisonnable en la légalité qui prévaut dans les régimes fondés sur le droit et
en particulier les démocraties modernes.
Il faut noter que ces types de légitimité peuvent jouer concurremment .
En particulier, il y a toujours une part de charisme dans l'ascendant des gouvernants. Le général de
Gaulle, lorsqu'il était Président de la République, était à la fois régulièrement investi de ses fonc-
tions - c'est la légitimité fondée sur la raison - mais il n’en restait pas moins le l'homme de l’appel
du 18 juin 1940 et le libérateur de la France - c'est la légitimité charismatique - . Il bénéficiait donc
d'une double légitimité.
- La personne de l'Etat ne se confond pas avec celle de ses dirigeants : le progrès qui a mar-
qué la société politique a consisté à institutionnaliser le pouvoir politique, c'est-à-dire à le
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dissocier progressivement de la personne de ceux qui commandent pour le confier à l'Etat.
Désormais le pouvoir n'appartient plus aux gouvernants.
Les gouvernants sont des organes de l'Etat, titulaires d'une compétence accordée par le droit
de l'Etat, et exercent leur pouvoir au nom de celui-ci. Ainsi, les décisions qu'ils prennent
sont prises au nom de l'Etat - et non en leur nom personnel - et le patrimoine de l'Etat ne doit
pas être confondu avec leur patrimoine personnel.
Ceci explique également que l'Etat survive à la personne de ses dirigeants (le décès du chef
de l'Etat n'entraîne pas la disparition de l'Etat, mais le simple remplacement de la personne
du chef de l'Etat.
- L'octroi à l'Etat de la personnalité morale lui confère la capacité juridique. A l'image des
particuliers, il peut être propriétaire de biens, engager sa responsabilité, passer de contrats,
contracter des emprunts etc.
Comme nous venons de le voir, l'Etat n'est pas - et de loin - la seule collectivité qui dispose de la
personnalité morale mais il est la plus importante de toutes en raison de son second caractère, spéci-
fique cette fois : la souveraineté.
- Inconditionné, ce qui signifie que l'Etat peut édicter des normes et agir librement, si néces-
saire au moyen de la contrainte. Il n’a pas à se conformer à des règles qui lui seraient exté-
rieures.
- En dernier lieu suprême, ce qui signifie qu'il n'existe aucun pouvoir supérieur à l'Etat. Une
collectivité décentralisée, une commune par exemple, ne dispose évidemment pas d'un tel
pouvoir puisque l'étendue de sa propre compétence est fixée de façon limitative par l'Etat.
La commune ne peut pas l’étendre à son gré.
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Dans cet ordre, l'Etat est souverain au sens où il est indépendant. Son pouvoir vis-à-vis des autres
Etats n'est pas, comme vis-à-vis de ses sujets, illimité puisqu'il se heurte à la souveraineté des autres
Etats. Mais, de façon négative, la souveraineté dans l'ordre international signifie qu'un Etat ne peut
se voir imposer aucune obligation, qu'elle émane d'un autre Etat ou d'une organisation internatio-
nale, sans qu'il y ait consenti.
Un Etat peut cependant accepter de limiter sa souveraineté future, c'est-à-dire sa faculté de décider
librement à l'avenir, en concluant des traités ou en adhérant à des organisations internationales qui
lui imposent des obligations particulières.
En effet, le respect de la souveraineté exige seulement que l'Etat consente au préalable à ces limita-
tions futures. C'est ce qu'a fait la France en particulier lorsqu'elle a créé en 1957 avec 5 autres Etats
européens la CEE par le Traité de Rome, Communauté qui s'est élargie et approfondie par la suite
pour devenir l'Union européenne.
Jeudi 7 mars :
On va ici distinguer les États selon leur degré d’unification juridique. On va se poser la question
suivante : existe-t-il dans l’État une ou plusieurs sources de droit, et s’il en existe plusieurs,
comment sont-elles s’articuler ?
Pour cela, on va distinguer les États unitaires, dans lesquels ce degré d’unification juridique est
élevé, et on va les distinguer des États dits « composés » où se degré est moindre.
I- L’État unitaire
Dans les pays qui adoptent cette structure, il n’y a qu’un État, il est unique, et ses organes vont
disposer de la totalité de la compétence de l’État. Ces compétences vont principalement être
exercées au moyen de règles juridiques qui sont applicables sur l’ensemble du territoire, comme par
exemple les lois.
A l’intérieur de cette division, il faut encore distinguer l’État unitaire centralisé de l’état unitaire
décentralisé.
Lorsque l’État est centralisé, les organes dirigeants de l’État vont exercer sans partage toutes les
compétences de l’État, soit directement soit par le biais de représentants locaux.
Lorsque l’état est centralisé, aucune autre personne publique n’existe en dehors de l’état.
Il y a en réalité deux types d’états centralisés qui existent.
D’une part il y a l’état concentré et d’autre part l’état centralisé déconcentré.
Dans l’état concentré : la concentration du pouvoir est totale car toutes les décisions sont prises par
le pouvoir central.
Ce pouvoir central n’est pas représenté au niveau local par des agents qu’il aurait nommés et qui
29
seraient soumis à son autorité.
Deux observations : d’abord, ce choix en faveur de l’état concentré est plutôt le fait de régimes
autoritaires plutôt que de régimes libéraux ; parce que la méfiance à l’égard de tout partage de
pouvoir est justement l’une des caractéristiques de ce régime.
Ce type d’organisation étatique n’est pas adaptée à un grand état, dont la superficie dépasse une
certaine dimension.
Un état de ce type ne peut durer que dans un « micro-état » parce qu’il y a plusieurs risques si ce
choix est fait dans un grand état :
- Il y a évidemment le risque que l’administration qui va siéger dans la capitale soit
rapidement débordée, submergée par le nombre de décisions à prendre.
- Le risque de l’inadaptation des décisions prises aux situations particulières qu’elles viennent
réglementer.
Dans l’état unitaire déconcentré : dans un tel état, le degré d’unification juridique est déjà
moindre. On va vers une pluralité des sources juridiques.
L’exercice des compétences est partagé entre les organes administratifs centraux qui siègent dans la
capitale et les services extérieurs de l’état, dits « les organes déconcentrés ».
Ces derniers représentent le pouvoir central au niveau local et plus précisément, à l’intérieur d’une
circonscription territoriale (territoire délimité) donnée.
Pour que ces organes soient considérés comme organes déconcentrés, ils doivent présenter 3
caractéristiques :
- Ils ne sont composés que d’agents nommés par le pouvoir central (la décision vient d’en
haut).
- Ensuite, ils sont soumis à un devoir d’obéissance hiérarchique (ils doivent obéir aux ordres
du pouvoir central, celui qui les a désignés).
- Enfin, ils sont révocables par le pouvoir central à tout moment.
En France, c’est le préfet qui est l’autorité déconcentrée dans la mesure où il représente l’état dans
la circonscription administrative qu’est le département.
- D’abord, une plus grande efficacité de l’état. Dans ce système, on va multiplier les centres
de décisions et on va ainsi éviter l’engorgement du pouvoir central, en particulier pour les
questions de moindre importance notamment au niveau local.
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Dans l’état dit décentralisé, le degré d’unification juridique est encore moindre que les 2 autres.
Dans ce cas-là, l’exercice des compétences étatiques va être partagé entre l’état d’un côté et des
personnes morales de droit public distinctes de l’état qu’on appelle collectivité territoriales ou
collectivités locales (exercent leur pouvoir à l’intérieur d’une circonscription territoriale) de l’autre
côté.
Le système de pouvoir de l’état décentralisé : c’est un système intermédiaire entre l’état purement
déconcentré donc sans décentralisation et l’état fédéral.
Cet état présente plusieurs caractéristiques : (lorsque ces caractéristiques sont réunies, il existe des
degrés dans la décentralisation, donc il faut être subtil).
La décentralisation doit être plus ou moins poussée selon les états ou alors pour un même état selon
les époques.
Justement, tel a été le cas de la France puisque la décentralisation a été approfondie au fil du temps.
Quelques moments clefs à retenir : l’année 1982 (après l’arrivée de la gauche en 1981) + la loi de
1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions.
Ce mouvement a été prolongé en 2003 avec une révision de la constitution qui est relative à
l’organisation décentralisée de la république.
- Elle concerne le titulaire de la compétence au niveau local : les organes des collectivités
locales doivent nécessairement être élues de l’élection par la population par le corps
électoral de la circonscription concernée.
Ex : prenons le cas des communes. Elles sont administrées par un conseil municipal qui est
lui-même élu par un suffrage universel du corps électoral de la commune et également par
un maire qui est élu par le conseil municipal.
Différence avec la déconcentration : l’autorité vient du pouvoir central, et demeure sous
cette dépendance et dans le cas de la décentralisation le pouvoir vient d’en bas l’autorité
locale est choisie par le corps électoral de la circonscription donnée.
- La nature des compétences qui sont exercées par les collectivités : elles sont plutôt
restreintes.
Dans la mesure où ces collectivités n’ont pas de compétences législatives, ni judiciaires
(mettre en place des tribunaux susceptibles de trancher certains litiges) et pas non plus de
compétences gouvernementales cad de mise en œuvre de la loi au plus haut niveau car
toutes ces compétences sont exercées par l’état central.
Il reste aux collectivités des compétences d’administration des affaires locales cad de
gestion des espaces sur lesquels ces collectivités sont localisés les règles qui sont adoptées
localement par les organes élus sont « conditionnés », ne peuvent être créés que par
l’application de normes nationales préalables, cad posée, adoptées au préalable par le
pouvoir central.
Cela apparait clairement dans l’article 72 alinéa 3 de la constitution « dans les conditions
prévues par la loi les collectivités s’administrent et ne se gouvernent pas ».
(Différent dans l’état fédéral).
Ces compétences mêmes restreintes peuvent être étendues par la loi ou diminuées ce qui
explique en partie que la décentralisation puisse être plus ou moins approfondie (ex de la
France en 1982).
- Les modalités d’exercice reconnues aux collectivités territoriales : Elles disposent d’une
certaine autonomie dans l’exercice de leurs fonctions.
Ces collectivités restent soumises à un contrôle de l’état et ce contrôle de l’état est présent à
l’article 72 alinéa 6 de la constitution « dans les collectivités territoriales de la république
le représentant de l’état a la charge des intérêts nationaux du contrôle administratif et du
respect des lois. »
Ce contrôle peut être plus ou moins contraignant.
Au minimum, le contrôle de la légalité des mesures prises par les collectivités cad un
contrôle de la conformité de ces mesures au droit, à la loi aux règes émises par le pouvoir
central.
Il existe aussi un contrôle d’opportunité des décisions adoptées par la collectivité, ce
contrôle va plus moins car il s’agit de vérifier non seulement si les décisions sont conformes
aux lois mais également si elles sont adaptées aux circonstances et sont opportunes.
C’est ce qu’on appelle la « tutelle administrative ».
Ce contrôle peut être exercé soit par les autorités déconcentrées soit (mais uniquement s’il
s’agit d’un contrôle de légalité) par les tribunaux administratifs.
C’est justement le cas en France depuis la loi de 1982, contrôle est un pur contrôle de
légalité la décentralisation fait alors un bond en avant et est approfondie.
La décentralisation est liée à l’idée démocratique permet à des groupes politiques qui sont
minoritaires nationales mais majoritaires à l’échelon local d’influer sur les règles qui leur seront
appliqué.
La différence qui existe entre la déconcentration et la décentralisation est une différence de nature.
Il y a une différence de nature entre le mode de désignation d’une autorité déconcentrée et le mode
de désignation d’une autorité décentralisée.
En revanche, la différence entre l’état décentralisé et l’état fédéral n’est qu’une différence de degré.
On a vu qu’un état unitaire décentralisé peut ressembler fortement à un état fédéral très centralisé
32
dont les états membres ne disposent que de faibles pouvoirs.
I- L’état composé
Dans un état dit composé, le degré d’unification juridique est encore moindre.
On peut le définir ainsi « l’état composé est constitué de plusieurs entités qui se présentent comme
des états mais qui sont privées de certaines de leurs attributs et entre lesquels existent des liens
d’union ».
On rencontre actuellement deux types d’états composés qui se distinguent par le degré de rigidité du
lien qui unit les parties composantes.
A- La confédération d’État
C’est une association d’états qui sur le fondement d’un traité ont choisi d’exercer un certain nombre
de compétences par l’intermédiaire d’organes communs.
I- Le Citoyen
La démocratie est définie par l’article 2 : « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le
peuple. ». La source de tout pouvoir dans une démocratie est le peuple. Elle s’oppose à la
monarchie, et s’oppose à l’oligarchie (le pouvoir appartient à un petit nombre d’individu).
Le seul modèle de démocratie qui subsiste est la démocratie dite libérale/ pluraliste.
Les démocraties dites socialiste ou encore populaire se sont effondré fin 20ème.
La qualification de démocratie pour ce régime était usurpée, elles étaient fondées sur un système de
parti unique qui exerçaient une dictature.
Dans la forme actuelle, la démocratie implique une souveraineté du peuple mais également que soit
reconnu aux personne la liberté politique (choisir ses opinion), ainsi que la libre expression, mais
elle suppose également le pluralisme politique : la liberté de constituer des partis politiques avec à
la clé l’existence d’une offre politique diversifié. Cet ajout est fondamental puisque ce sont là des
conditions indispensables pour que la possibilité de choix des gouvernant, puisse s’exercer
effectivement.
1) La démocratie directe
Dans les systèmes de démocratie directe, le peuple se gouverne lui-même par la participation de
tous les citoyens au fonctionnement de l’État. Il n’y a pas de représentants, donc ni assemblée,
ni gouvernement. Les gouvernés sont aussi les gouvernants.
Pour certains, cette forme de démocratie est la démocratie idéale, mais ce système est plus une
utopie qu’une réalité observable, puisqu’il faut comprendre que pendant longtemps, elle n’était
techniquement envisageable que dans un micro-Etat, où le nombre de citoyens est réduit.
34
Ajd les choses ont changé dans la mesure où par internet on a pu mettre en place des procédures de
vote à distance, mais en réalité les inconvénients de ce type de démocratie restent importants :
Fiabilité : vote falsifié
1) La démocratie représentative
L’exercice du pouvoir sera uniquement confié à des représentants élus au suffrage universel, qui
seront chargés de décider au nom du peuple.
Dans le passé, cette représentation était justifiée à la fois par l’impossibilité matérielle de mettre en
œuvre la démocratie directe dans les grand États, mais également, en raison de l’incapacité totale ou
partielle des citoyens à comprendre les problèmes politiques.
L’avantage du régime représentatif permet, une fois le vote achevé, d’écarter le peuple de l’exercice
du pouvoir.
Cette vision originelle est aujourd’hui en partie dépassée.
Le degré d’information et d’éducation des citoyens a augmenté, ce qui peut plaider en faveur d’une
certaine participation du peuple à la gestion des affaires publiques.
Cependant cet argument perd de sa pertinence dans les domaines techniques, où une spécialisation
peut s’avérer nécessaire.
En effet, la gestion de l’État, qui intervient dans tous les domaines, est devenue un véritable métier.
Ce qui est sûr c’est que le système purement représentatif du 18ème n’est plus le même que celui
d’aujourd’hui.
D’un côté, l’interdiction du mandat impératif est maintenue dans la plupart des démocraties.
Un mandat est dit représentatif, quand les électeurs ne peuvent pas imposer aux élus le respect de
certaines instructions, et les élus ne peuvent pas être révoqués pour motif de non-respect de ces
indications.
L’élu est censé représenter la nation tout entière.
D’un autre côté, cette interdiction du mandat impératif est remise en cause dans les faits et ce, en
raison de la particularité de la vie politique :
Les candidats aux élections affirment vouloir prendre la défense des intérêts locaux, et une
fois élus, ils se comportent comme des représentants de leur circonscription, et pas comme
des représentants de la nation toute entière
L’appartenance fréquente des élus à un parti politique va limiter leur liberté une fois élus :
o Elle va permettre à l’électeur grâce au programme des différents partis, de faire son
choix en connaissance de cause. Une fois élu, le représentant va voir sa liberté enca-
drée par son parti, qui va imposer le plus souvent à ses élus une discipline de vote,
dont le non-respect peut entrainer l’exclusion du parti
Les élus sont donc moins libres qu’au 18ème et fin 18ème, non pas parce que
les règles juridiques ont changé mais parce que la vie politique a évolué. Les
partis modernes sont apparus, et ont contribué à démocratiser le régime, en
accentuant le lien élu-électeurs.
A) La démocratie semi-directe
C’est un régime représentatif, dans lequel ont été introduits des éléments de démocratie directe.
Il y a une coexistence d’organes représentatifs (composés d’élus) et de procédures d’intervention
populaire directe. Dans certaines matières, le peuple va être érigé en autorité d’avis ou de décision,
et donc concurrente du parlement.
Certains États ont toujours pratiqué la démocratie directe, comme la Suisse, ou les Etats fédérés des
États Unis.
La démocratie semi-direct a connu un regard d’intérêt au milieu du 20ème siècle puisque certains
Etats ont intégré dans la constitution des procédures de démocratie directe.
Différentes techniques de démocraties directes :
1) Le veto populaire
Le peuple a le droit de s’opposer à l’entrée en vigueur d’une loi votée par le parlement.
Dans ce cas, la constitution prévoit que les lois ne pourront entrer en vigueur qu’après un certains
délais, durant lequel les citoyens pourront étudier cette loi.
Concrètement, lorsqu’une loi qui vient d’être votée suscite l’opposition, un nombre déterminé de
citoyens pourra déposer une pétition, qui, si elle obtient le nombre de signatures requises, donnera
lieu à un référendum. Le peuple dispose donc d’une faculté d’empêcher : droit de veto.
Lorsque cette possibilité de veto est étendue à l’ensemble des lois, cela permet de soumettre le
parlement au contrôle permanent du peuple. Il va donc limiter les effets du mandat représentatif,
cad la liberté des élus.
Ce système est pratiqué par la Suisse, à l’égard de l’ensemble des lois, et même de certains traités
internationaux, en vertu de l’art 41 de leur constitution.
2) L’initiative populaire
C’est le droit qui est donné à un certain nombre de citoyens de proposer l’adoption d’un texte, et en
général d’une loi. A partir de ce droit d’initiative, ce qui va être important c’est la suite. On a
plusieurs systèmes qui sont envisageables :
Une fraction du peuple, déterminée par la constitution, va pouvoir signer une pétition. Cette
initiative n’a pas d’effet contraignant sur les pouvoirs publics
Le Parlement peut être contraint en cas d’initiative populaire de légiférer dans le domaine
concerné. En effet, s’il n’examine pas la loi, ou s’il l’examine et la rejette, la proposition est
soumise au référendum. C’est donc le peuple qui va décider en dernier ressort
o Système appliqué en Suisse (et peut-être bientôt en Italie) pour les révisions par-
tielles de la constitution. Elle est appliquée lorsque l’initiative populaire est conçue
en termes généraux, et pas rédigée
Adoption d’une loi suite à une initiative populaire, mais sans aucune intervention du Parle-
ment. C’est l’hypothèse du referendum d’initiative populaire. Un certain nombre de citoyens
peut demander l’organisation d’un referendum pour adopter ou abroger une loi.
o Système prévu en Suisse pour les initiatives rédigées et en Italie, où 500 000 élec-
teurs (1% de la pop) peuvent demander l’organisation d’un referendum d’abrogation
d’une loi en vigueur
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En France, art 11 Constit a introduit le référendum en matière législative, mais le droit d’initiative
n’a pas été reconnu aux citoyens. En 2008, grande révision de la Constitution a introduit une
initiative partagée, càd une initiative à la fois parlementaire et populaire. En fait, la forme est assez
rudimentaire. En effet, 1/5 de membres du Parlement (185 députés ou sénateurs), soutenus par 1/10
de électeurs inscrits sur les listes électorales (4,5 M) peuvent proposer une loi, qui devra être
seulement examinée par les 2 assemblées dans un certain délai. Dans le cas d’une absence
d’examen, la soumission au référendum est obligatoire.
Le système est extrêmement lourd pour un résultat assez maigre finalement. Il n’a pour
l’instant jamais fonctionné.
1) Le referendum
Différentes sortes :
Referendum constituant (en rapport avec la constitution) / referendum législatif (en rap-
port avec une loi ordinair)
o Constitution française prévoit ces 2 types de referendums. Par ex le Général de
Gaulle s’est servi du referendum constituant pour proposer des modifications consti-
tutionnelles directement au peuple
Obligatoire (lorsque le peuple est seul compétent pour adopter proposition) ou facultatif
(peuple + parlement)
o En France, referendum législatif est facultatif, et referendum constituant est facultatif
uniquement si le projet émane de l’exécutif
Referendum d’acceptation (adoption de la loi) / referendum d’abrogation
o 2011 : referendum d’abrogation en Italie pour renoncer au retour du nucléaire civil
Referendum consultatif (peuple donne seulement son avis, qui n’est pas contraignant) / re-
ferendum décisionnel (peuple décide)
o Au RU, referendum simplement consultatif. Seul le parlement a un pouvoir décision-
nel / En France referendum décisionnel
Exécutif (système qui peut être dangereux, car peut facilement entraîner un déséquilibre des
pouvoirs au profit de l’exécutif, et au détriment du Parlement / peuvent aussi facilement dé-
générer en plébiscite, quand la réponse populaire est donnée non pas en fonction de la ques-
tion, mais en fonction de la personne dont émane la question)
o Chef de l’état
o Gouvernement
37
3ème cas de figure : l'initiative peut être confiée à l'Exécutif
[...]
En France, précisons que l’article 11 de la Constitution confie le droit d’initiative référen-
daire en matière législative au seul Président de la République mais sur proposition du Gou-
vernement ou des deux Chambres. De plus, le référendum ne peut être utilisé que dans cer-
taines matières limitativement énumérées par l’article 11, ce qui limite le risque de dérive
que je viens d’évoquer. Lorsque l'on étudie la pratique, on doit tout de même constater que
la pratique par le général de Gaulle du référendum entre 1958 et 1969 a été plébiscitaire.
21/03
Principe de la séparation des pouvoirs : permet une classification des régimes politiques.
L’importance de ce principe est affirmée à l’article 16 de la DDHC « toute société dans laquelle la
garantie des droits n’est pas assurée ni la séparation des pouvoirs déterminée n’a point de
constitution. »
Ce principe est apparu dans la philosophie politique du XVIIIème siècle et a fait l’objet ensuite
d’interprétations différentes.
1§
Essai sur le gouvernement civil : ouvrage de John Locke qui parait en 1690 mais cette notion sera à
38
la fois systématisée et popularisée par Montesquieu. « L’esprit des lois » paraît en 1748, livre 11,
intitulé des lois qui forment la liberté politique dans son rapport avec la Constitution.
Ce livre est publié d’abord à Genève puis dans une édition à Londres.
Montesquieu est un aristocrate, un baron, un juriste.
Montesquieu va procéder par étape dans ce livre 11.
1ère étape : distinction des 3 fonctions qui sont assumées par l’État.
1ère fonction fonction législative (adopter des lois, des règles générales)
2ème fonction fonction d’exécution de ces règles générales, fonction exécutive
3ème fonction fonction de règlement des litiges (fonction juridictionnelle ou judiciaire)
Pour Montesquieu, l’objet de la Constitution doit être la préservation des libertés des
citoyens (droit de faire ce que les lois permettent) la loi générale qui s’applique à tous et
pas des décisions arbitraires prises selon le bon vouloir du prince. Pour cela Montesquieu
insiste sur le fait que l’État ne doit pas pouvoir abuser de son pouvoir. Pour atteindre cet
objectif il y a des solutions :
Exiger des gouvernants qu’ils soient vertueux, cad qu’ils respectent la liberté au nom de leur
morale/ surmoi personnel.
Pour Montesquieu on peut se contenter de ça mais il ne croit pas que le recours à la seule morale
des dirigeants suffise donc il insiste sur le fait que la vertu elle-même « est une expérience éternelle
que tout Homme qui a du pouvoir est porté à en abuser et il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites, la
vertu elle-même a besoin de limites » par « la disposition des choses il faut que le pouvoir arrête le
pouvoir » il faut que l’état soit organisé de telle manière qu’un tel abus ne soit pas possible, et pour
cela il faut que les différentes fonctions étatiques ne soient pas exercées par une même autorité, il
faut qu’elles soient réparties entre plusieurs organes distincts.
Comment répartir les différentes fonctions entre les différents organes ? Est-ce que chaque organe
doit être spécialisé dans l’exercice d’une fonction ? Quelles doivent être les relations entre ceux-ci ?
(Indépendance, dépendance, concentration) ?
Montesquieu ne répond pas clairement à ces questions. Sur ce point il se contente de décrire
concrètement la manière dont fonctionne le régime politique anglais à la fin du XVIIème siècle.
Il constate qu’il y a « une nation dans le monde qui a pour objet direct de sa Constitution la liberté
politique » et c’est l’Angleterre.
Les autres monarchies d’Europe de l’époque n’ont pas cet objet direct. Elles ne tendent « qu’à la
gloire des citoyens, de l’État et du prince ».
A la clef de cette concentration des pouvoirs il n’y a pas de préservation des citoyens contre
l’arbitraire.
Lorsqu’il décrit le régime politique anglais, il observe qu’il y a dès la fin du XVIIIème siècle une
séparation des pouvoirs : d’un côté le roi, de l’autre le Parlement puis les tribunaux. Il observe une
certaine collaboration des pouvoirs pour que le système fonctionne. Il constate que le roi dispose
d’un droit de véto (il peut empêcher qu’une loi votée par le Parlement entre en vigueur).
Ce Parlement note également Montesquieu qu’il est bicaméral, cad qu’il comprend deux chambres
(chambre héréditaire, composée de membres de la noblesse héréditaire = aristocratie, chambre des
Lords / et de l’autre côté chambre qui représente la nation).
Chacune des chambres peut voter pour qu’une loi n’entre pas en vigueur (pour qu’une loi soit votée,
les 2 chambres et le Roi doivent la valider).
Montesquieu constate finalement que les différents pouvoirs ont donc la faculté de « s’empêcher ».
Il ajoute que la séparation des pouvoirs n’exclut pas une certaine collaboration.
Quelles devaient être les modalités de mise en œuvre de cette séparation avec deux conceptions
différentes qui ont vu le jour de la SP et qui consiste en la théorisation des expériences
39
constitutionnelles du UK et USA :
Cette conception rigide, stricte de la séparation des pouvoirs a institué le régime présidentiel.
2) La seconde conception est une conception souple de la séparation des pouvoirs. Non seulement
la règle de la spécialisation n'est appliquée que dans une moindre mesure - une même fonction
peut être répartie (donc partagée) entre plusieurs organes différents - mais c'est la dépendance or-
ganique des pouvoirs - ou du moins de certains d'entre eux - qui est recherchée. Des moyens d'ac-
tion sont en effet donnés à certains pouvoirs sur les autres pouvoirs : il s'agit de la possibilité pour
le Parlement d'engager la responsabilité du Gouvernement (et donc de l'obliger à démissionner)
et de la possibilité pour le pouvoir exécutif de dissoudre le Parlement (dissolution).
Dans cette conception, l'équilibre naîtra donc, non de l'indépendance des pouvoirs, mais de leur col-
laboration. Cette conception inspirera un autre type de régime politique, qui est le régime parle-
mentaire.
Les régimes politiques qui ont mis en oeuvre ces deux conceptions de la séparation des pouvoirs se-
ront étudiés dans le détail ultérieurement. En guise de réflexion finale, on peut cependant se de-
mander si la théorie de la séparation des pouvoirs n'a pas vieilli, si elle n'a pas perdu aujour-
d'hui de son autorité.
D'un côté, ce principe et la façon dont il a été interprété permettent encore aujourd'hui de classer les
régimes politiques, donc de faire une typologie des régimes politiques.
Mais d'un autre côté, cette théorie a vieilli et n'est plus suffisante pour comprendre le fonction-
nement des différents régimes politiques contemporains. Pourquoi ? Parce que, après l'élabora-
tion de cette théorie, on a vu naître les partis politiques et que ceux-ci ont faussé son jeu. Au
XVIIIè siècle ou même au début du XIXè siècle, on pouvait affirmer que, lorsqu'il y a des organes
séparés, ceux-ci se font équilibre, que chaque pouvoir arrête l'autre pouvoir dans ses éventuelles
tentatives d'abus. Aujourd'hui, les organes ont beau être séparés, les partis qui les animent peuvent
être identiques. La conséquence en est que les pouvoirs sont en fait concentrés entre les mains du
(ou des) parti(s) majoritaire(s). La séparation entre les organes n'est donc souvent plus qu'une
façade.
Ce constat fait, la question qui se pose est alors de savoir comment la liberté des citoyens - objec-
tif poursuivi par Montesquieu, rappelons-le - est aujourd'hui préservée puisque, malgré la sépara-
tion des organes, les pouvoirs sont en fait souvent concentrés. En réalité, elle l'est grâce à l'appari-
tion de nouveaux contre-pouvoirs.
- D'abord, l’opposition politique qui veille et dont le rôle est justement d'arrêter le pouvoir dans ses
tentatives despotiques : à notre époque, c'est l'opposition qui fait face à la majorité et non pas l'Exé-
cutif qui fait face au Parlement.
40
- Deuxièmement, les juridictions constitutionnelles, dont l’une des fonctions est justement de pro-
téger les droits et libertés des citoyens, en particulier contre la loi.
En résumé, il faut indiquer que cette théorie reste nécessaire, en particulier pour classer les régimes,
mais elle n'est pas suffisante pour décrire et comprendre le fonctionnement réel des régimes poli-
tiques. La vie politique de chaque Etat devra également être prise en compte, ainsi que l’exis-
tence d’un contrôle de constitutionnalité des lois.
Avant d'étudier les différents régimes politiques, nous allons commencer par examiner de façon
sommaire l'organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics en général, donc quel que soit le
régime politique choisi.
Chapitre II : Généralités sur la structure, l'organisation interne et les prérogatives des trois
pouvoirs
Etudions successivement les trois pouvoirs que sont le pouvoir législatif (le Parlement), le pouvoir
exécutif et le pouvoir judiciaire.
Section I : Le Parlement
Quelles sont l'organisation (étudiés dans le §1) et les fonctions exercées par le Parlement (étudiées
dans le §2) ?
§1. L'organisation du Parlement
Deux points - structure d'une part, fonctionnement d'autre part - seront étudiés successivement.
A. La structure du Parlement
Le Parlement est soit monocaméral (il ne comporte qu'une chambre), soit bicaméral (il en
comporte deux).
42
qui ont varié dans les différentes constitutions - du pouvoir de délivrer des avis sur les questions de
caractère économique ou social. Actuellement, le Conseil économique, social et environnemental
est régi par le titre XI de la Constitution de 1958. Il peut être consulté par le Parlement, le Gouver-
nement ou saisi par voie de pétition, et sa compétence a été étendue à la matière environnementale.
2) Justification et critique du bicaméralisme
Dans les Etats unitaires, le débat sur la légitimité d'instaurer ou de maintenir un bicaméralisme est
ouvert à chaque changement constitutionnel. La France a pratiqué la monocamérisme en 1791, en
1793 et en 1848 mais la plupart des régimes français, pour diverses raisons et à des degrés divers,
ont instauré un bicaméralisme. Pour quelles raisons un Etat choisit-il de mettre en place un Parle-
ment bicaméral ?
a. En faveur du bicaméralisme, on avance plusieurs arguments :
- un argument technique : le double examen de la loi permet d'améliorer la qualité des textes votés.
- On avance également un autre argument plus politique. La Nation aurait intérêt à mettre en place
d’une part une chambre basse, élue au suffrage direct et fréquemment renouvelée, donc une
chambre reflétant les dernières évolutions de l'état de l'opinion et d’autre part une chambre plus
stable, plus réfléchie qui représenterait les valeurs permanentes de la nation. En clair, la chambre
basse serait l'imagination de la République et la chambre haute la sagesse de la République. On peut
même aller plus loin et considérer que le bicaméralisme est une forme de séparation des pouvoirs, la
fonction législative étant partagée entre deux assemblées différentes, et donc, dans la droite ligne de
la pensée de Montesquieu, que le bicaméralisme est un rempart contre le despotisme. A l'intérieur
même de l'organe législatif, le pouvoir arrêterait donc le pouvoir, selon la formule de Montesquieu.
b. A l’encontre du bicaméralisme, on peut avancer les arguments suivants :
- un argument technique : l'existence d'une seconde chambre est un facteur de complexité et de
lenteur. La procédure législative est déjà lente. Si les assemblées ne sont pas d'accord, il faudra
qu'une navette s'instaure entre les deux chambres jusqu’à ce qu’elles parviennent à un accord, c'est-
à-dire que le texte, après avoir été examiné successivement par les deux chambres, repasse devant
elles jusqu'à ce qu'elles tombent d'accord.
- Mais la critique essentielle formulée à l'encontre du bicaméralisme n'est pas celle-là, c’est une cri-
tique politique : la seconde chambre est souvent accusée d'être anti-démocratique ou du moins
peu démocratique. La véritable chambre démocratique serait celle issue du suffrage universel di-
rect. En effet, les techniques électorales utilisées pour obtenir une représentation différente de la na-
tion au sein de la seconde chambre ont pour conséquence de déformer plus ou moins gravement
l'image de l'opinion du pays, souvent d’ailleurs - on l'a vu - dans un sens conservateur. L'histoire
nous le rappelle, les secondes chambres sont nées aristocratiques et elles ne se sont maintenues par
la suite, donc après l’avènement de la démocratie, qu’en raison de la méfiance des élites envers le
peuple et envers le suffrage universel direct. Un exemple d’un tel conservatisme : la France doit au
Sénat de la IIIème République d'être l'une des derniers démocraties occidentales à avoir introduit le
suffrage féminin. A plusieurs reprises, il refusera en effet d’adopter une telle réforme au point qu'il
faudra attendre la chute de la IIIè République et plus précisément 1944 pour qu’elle soit enfin adop-
tée. Ces considérations valent toujours pour le Sénat actuel même si le mode de désignation de ce-
lui-ci a évolué.
Il faut bien sentir combien la question de la légitimité du bicaméralisme est, dans les sociétés
contemporaines, difficile à résoudre. Le bicaméralisme ne se justifie que si chaque chambre repré-
sente la nation de façon différente. Mais on a tendance actuellement à considérer que, lorsque l'on
s'éloigne de la technique de désignation de la chambre basse, la seconde chambre ne répond plus
aux exigences démocratiques. La seule façon de tenter de concilier ces exigences contradictoires
consiste alors à consacrer un bicaméralisme inégalitaire. La plupart des Etats ne reconnaissent à la
43
seconde chambre que des pouvoirs moindres par rapport à ceux reconnus à la première chambre,
justement parce que la chambre haute est moins démocratique, moins représentative de l'opinion du
pays. Tel a été le cas, vous l'étudierez l'an prochain, pour le Sénat de la Vème République.
B. Le fonctionnement du Parlement
A ce sujet, simplement quelques définitions :
Il faut distinguer la législature qui est la période durant laquelle les membres d'une assemblée
exercent leur mandat (5 ans en France pour l'Assemblée nationale) des sessions qui sont les pé-
riodes durant lesquelles l'assemblée peut se réunir. Enfin ces deux termes doivent être distingués
des séances, qui sont les périodes durant lesquelles l'assemblée siège effectivement.
S'agissant du travail parlementaire, il faut surtout retenir l'existence de commissions parlemen-
taires, qui sont composées de parlementaires et dont la fonction est pour l'essentiel de préparer les
débats et de contrôler l’Exécutif. Quant aux groupes parlementaires, ils regroupent, au sein d'une
même assemblée, les élus d'un même parti ou d'une même tendance politique.
§2. Les fonctions exercées par le Parlement
Dans les divers régimes politiques, les assemblées assument traditionnellement différentes fonctions
: les trois plus importantes sont la fonction de représentation, la fonction de législation, la fonction
de contrôle de l'activité gouvernementale. Au XXè siècle, les Parlements ont toutefois été concur-
rencés dans l'exercice de ces fonctions par d'autres autorités, en particulier par le pouvoir exécutif.
A. La fonction de représentation
Les assemblées exercent d'abord une fonction de représentation de la population en ce sens
qu'elles procèdent de l'élection et sont mandatées par la Nation elle-même. Aux XVIIIè et XIXè
siècles, elles détenaient le monopole de l'exercice de cette fonction. En effet les chefs d’Etat étaient
dans leur quasi totalité des monarques héréditaires (à l'exception du Président américain) et les
Gouvernements sont désignés par le chef de l'Etat. A cette époque, l’exécutif ne procédait donc pas
de l'élection.
Aujourd'hui, ce monopole doit être relativisé en raison de l'élection fréquente du chef de l'Etat par le
peuple. Dans ce cas, la fonction de représentation est exercée de façon concurrente par l'assemblée
et par le pouvoir exécutif.
B. La fonction de législation
Les assemblées exercent ensuite une fonction de législation. A ce titre, elles disposent du droit
de proposer l'adoption d'une loi. C'est ce qu'on appelle l'initiative de la loi. Il faut préciser que le
droit d'initiative est en général partagé entre l'exécutif - dans ce cas, on parle de projets de lois - et
les parlementaires - dans ce cas, on parle de propositions de lois.
La procédure législative, qui est la procédure d'adoption des lois, comporte plusieurs étapes. Après
le temps de l'initiative, viennent le temps de la discussion et du vote. A ce stade, le Parlement dis-
pose du droit d'amendement, c'est-à-dire du droit de modifier le texte proposé, qu'il soit d'origine
parlementaire ou d'origine gouvernementale.
La fonction de législation reste une fonction importante des Parlements au XXè siècle et au
XXIème siècle mais il faut constater le rôle croissant que joue le pouvoir exécutif en matière légis-
lative. En particulier, la quasi totalité des lois adoptées par les Parlements d'aujourd'hui sont des
textes d'origine gouvernementale. C'est pourquoi, les chambres ont été souvent accusées, de façon
un peu caricaturale, d'être des chambres d'enregistrement des volontés de l'exécutif.
C. La fonction de contrôle
En dernier lieu, les assemblées exercent une fonction de contrôle de l'activité
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gouvernementale. Les chambres ne se contentent pas d'exercer la fonction législative, elles
contrôlent également la façon dont le pouvoir exécutif s'acquitte de sa tâche. Les moyens à la dispo-
sition du Parlement pour exercer cette fonction sont variables selon les régimes : ils vont des
simples questions adressées au Gouvernement ou de la réunion d'une commission d'enquête, à la
mise en jeu de la responsabilité du Gouvernement en régime parlementaire, donc à la révocation du
Gouvernement.
Cette fonction parlementaire est capitale aujourd'hui. A partir du moment où l'Exécutif tend à acca-
parer l'essentiel de la fonction législative, il est important en contrepartie que le Parlement exerce
un contrôle étroit sur l'exécutif.
Section II : Le pouvoir exécutif
Seront étudiées successivement la structure et les fonctions assumées par le pouvoir exécutif.
§1. La structure de l'Exécutif
Le pouvoir exécutif peut revêtir différentes formes que l'on peut classer de deux manières. A. Exé-
cutif moniste et exécutif dualiste
Le pouvoir exécutif est dualiste ou bicéphale (à deux têtes) lorsqu'il comporte deux organes dis-
tincts dotés de pouvoirs propres. D'une part, un chef de l'Etat et d'autre part, un Gouvernement,
encore appelé Cabinet. Le Gouvernement est un organe collégial qui réunit les ministres et est placé
sous la direction de l'un d'entre eux, appelé chef du Gouvernement.
Dans les systèmes modernes, le dualisme joue le rôle suivant :
- il permet d’assurer la continuité du pouvoir car le chef de l'Etat, qui est politiquement irrespon-
sable, c'est-à-dire qui ne peut pas être renversé, représente la continuité de l'Etat à la différence des
Gouvernements qui peuvent varier très souvent.
- Il permet également un partage du pouvoir exécutif. Le plus souvent, la réalité du pouvoir exécutif
incombe au Gouvernement, qui est seul responsable devant le Parlement. Le chef de l'Etat se
contente alors d'exercer une fonction de représentation de l'Etat, en particulier sur la scène interna-
tionale, donc une fonction essentiellement symbolique.
Ce sont les régimes parlementaires qui mettent en place des Exécutifs dualistes mais l'essentiel
du pouvoir exécutif y est aujourd’hui exercé par le Gouvernement.
Le pouvoir exécutif est en revanche moniste ou monocéphale (à une tête) lorsque l'Exécutif ne
comporte qu'un seul organe - le chef de l'Etat, qui exerce l'ensemble du pouvoir exécutif. Attention,
il peut y avoir des ministres lorsque l'Exécutif est moniste mais ces ministres sont alors de simples
conseillers. Ils ne disposent d'aucune pouvoir de décision propre.
Ce système est pratiqué par les régimes présidentiels, en particulier aux Etats-Unis.
B. Individu ou collège
Le chef de l'Etat peut être soit un individu - c’est l'hypothèse la plus courante où il s'agit d'un
monarque ou d'un président -, ou un collège (donc un groupe d’individu). Tel était le cas du Direc-
toire mis en place par la Constitution de l'an III. Le pouvoir exécutif y était confié à un Directoire
de cinq membres. Quant au Gouvernement, il est bien entendu toujours collégial.
§2. Les fonctions exercées par l'Exécutif : de la fonction exécutive à la fonction gouvernemen-
tale
A priori, l'on pourrait croire que le pouvoir exécutif n’exerce aujourd’hui que la "fonction exécu-
tive", c'est-à-dire la fonction d'exécution des lois. Or, tel n’est pas le cas. Il est plus conforme à la
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réalité de dire que les Exécutifs exercent la "fonction gouvernementale". En effet, même si l'on
parle toujours de pouvoir exécutif aujourd'hui, les Exécutifs ne se bornent plus à exécuter docile-
ment les lois votées par le Parlement. Leur tâche est aujourd'hui beaucoup plus importante. Elle
consiste en vérité à déterminer et à conduire la politique nationale. Depuis le XXème siècle, l'Exé-
cutif exerce donc un rôle moteur dans l'Etat.
Ce renforcement de l'Exécutif a plusieurs causes :
- Première cause de cette promotion : sa démocratisation - l'Exécutif est désormais démocratique-
ment désigné par le corps électoral ou par le Parlement, les monarques n'étant plus qu'un souvenir
ou un symbole. Cette démocratisation contribue à réhabiliter l'Exécutif, la méfiance héritée de l'An-
cien régime ne se justifiant plus.
- Deuxième cause de cette promotion : l'interventionnisme étatique. L'Etat intervient de plus en
plus, en particulier dans la vie économique, et les tâches nouvelles de réglementation et de gestion
incombent le plus souvent à l'Exécutif.
- Troisième cause : ce qu'on pourrait appeler les impératifs de l'action qui placent nécessairement
l'Exécutif en première ligne. Le monde est de moins en moins stable. En conséquence, dans de
nombreuses circonstances (crises, guerres) mais également pour tout ce qui concerne les relations
internationales, la politique monétaire et financière etc., les décisions doivent être prises rapide-
ment, sans attendre les délibérations longues et solennelles du Parlement. De plus, seul l'Exécutif
dispose, grâce à l'administration qui est placée sous son autorité, de moyens d'information et d'ac-
tion importants, moyens dont ne dispose pas le Parlement.
- Quatrième cause : la personnalisation du pouvoir, liée au développement des médias, qui profite
essentiellement au pouvoir exécutif et à son chef.
Tous ces éléments jouent simultanément et tendent à renforcer le pouvoir exécutif.
Comment se manifeste ce renforcement de l'exécutif ? Essentiellement, par la suprématie qu'il
exerce dans certains domaines (politique étrangère, défense et politique économique), mais égale-
ment par sa participation de plus en plus importante à l'exercice de la fonction législative. On
l'a vu, la législation est dans sa majeure partie d'inspiration gouvernementale. De plus, dans la plu-
part des Etats existe un système de législation déléguée qui permet à l'Exécutif, sur autorisation du
Parlement, de modifier les lois adoptées par le Parlement.
SECTION III : Le pouvoir judiciaire
Le pouvoir judiciaire, dont la fonction consiste à appliquer le droit et à en imposer le respect, pré-
sente la particularité de devoir être indépendant, ce qui signifie à la fois que les juges doivent être
indépendants et que les tribunaux doivent l'être.
L'indépendance des magistrats est le plus souvent assurée grâce au mode de désignation des ma-
gistrats - en France, par concours - et aux garanties de carrière qui leur sont accordées - dont l'in-
amovibilité (pas de changement d'affectation sans accord de l'intéressé) et l'existence de garanties
disciplinaires (les sanctions disciplinaires ne peuvent être prononcées que par un tribunal et non par
un supérieur hiérarchique).
Quant à l'indépendance des tribunaux, elle est assurée par le fait que ni le Gouvernement, ni le Par-
lement ne peuvent censurer leurs décisions, ni leur adresser des injonctions ou se substituer à eux
dans le jugement des litiges qui relèvent de leur compétence.
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Chapitre 3 : Typologie des régimes politiques
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Chef de l’État : irresponsable : irresponsabilité pénale : il ne peut pas être poursuivi et condamné à
une sanction pénale, irresponsabilité politique : il ne peut pas être renversé par le Parlement ou par
le peuple. Irresponsabilité : principe mais il y a une ou des exceptions pour des fautes politiques.
Second organe : gouvernement : nommé par le chef de l’État qui va assumer la responsabilité
politique des actes de l’exécutif devant le Parlement. Les pouvoirs qui relèvent de la fonction
exécutive vont être partagés selon ces organes. Tous les actes du chef de l’État doivent être
contresignés, par le chef du gouvernement (1° ministre), il s’agit de la règle du contreseing
obligatoire, des actes du chef de l’État= caractéristique fondamentale régime parlementaire.
Comment s’explique cette règle ?
Elle s’explique par l’irresponsabilité du chef de l’État, celui qui est responsable
Ce dualisme ne signifie pas que les pouvoirs vont être répartis de façon équilibrée. Bien au
contraire, dans les régimes parlementaires contemporains, l’ensemble du pouvoir exécutif est entre
les membres du gouvernement.
2. Les rapports entre les pouvoirs : les moyens d’action réciproques de l’exécutif.
a. La dissolution
L’exécutif dispose d’un moyen d’action à l’encontre du Parlement, qui est considéré comme la
contrepartie du régime pol et qui permet de sauvegarder l’équilibre entre les pv.
La dissolution est le droit qui appartient aux membres de l’exécutif, avant un terme normal, au
mandat des membres de l’Assemblée et de provoquer ainsi l’élection anticipée devant l’Assemblée.
2 précisions :
-En général, seule la chambre basse peut être dissoute, uniquement la chambre élue au SUD.
-Il y a des régimes qui sont considérés comme parlementaire alors que le droit de dissolution n’est
pas reconnu à l’exécutif, cad que le critère essentiel du régime parlementaire c’est la responsabilité.
-Conflit ouvert entre l’exécutif et le Parlement : conflit tranché par les électeurs.
-Un conflit qui n’est pas encore ouvert, mais un conflit qui est potentiel, le gvt peut menacer de
recourir à la dissolution, qui peut menacer la dissolution peut servir à freiner les velléités, car tout
parlementaire tient à son siège et il n’est pas assurer de la retrouver lors de nouvelles élections.
- La dissolution peut être utilisée dans une conjoncture totalement pacifique, avec l’objectif
politique de la consolidation de la majorité au Parlement.
L’exécutif veut simplement profiter de circonstances politiques, en réalité le gvt souhaite profiter
de cette situation favorable pour dissoudre et procéder à une élection anticipée, pour espérer obtenir
le mandat.
Dans ce cas-là, la dissolution n’est pas une sanction, ce n’est pas une arme contre le Parlement, il
s’agit du moyen de procéder à des élections. La GB a pratiqué pdt très longtemps a ce type de
dissolution, revu en 2011, et ce type de dissolution ne peut plus intervenir.
3ème hypothèse :
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La dissolution peut également remplir une autre fonction, et utilisée comme un moyen de consulter
directement le peuple, et peut être utilisée comme une arme pour mettre fin à une crise extra
parlementaire.
Tout va bien entre les pv publics, mais tout ne va pas bien dans le pays où règne une agitation
politique ou sociales (ex grève générale) dans ce cas-là l’exécutif peut être tenter de reprendre le
pouvoir par la dissolution.
C’est le moyen pour le pdt de renforcer sa légitimité. Utilisée par le GDG, pour renforcer sa
légitimité et celle de son gvt, utilisé par la crise de mai 68.
Régime bi paritisan :
-2 grands partis dans l’État, le régime parlementaire est efficace car il permet au gvt d’avoir une
grande stabilité, comme au royaume Unis (conservateurs et travaillistes) ou un des partis obtient
forcément (sauf exception) la majorité à la chambre des communes, et a donc le gvt aura la
confiance du Parlement.
Dans ce cas, la responsabilité du gvt est rarement remise en cause, et la dissolution n’est pas utilisée
comme une sanction contre le Parlement, mais plutôt pour des élections anticipées.
Il faut donc comprendre que le régime parlementaire, dans ce contexte, est un régime de
déséquilibre des pouvoirs au profit de l’exécutif.
En effet, la hiérarchie qui existe au sein du parti se retrouve au sein du gvt et dans la chambre basse,
dans la mesure ou les dirigeants du parti vont occuper les diff postes ministériels et dominer le parti.
Système multi partisan : Coalitions formées pour gouverner = plus instables car regroupent plus de
partis, et dans ce cas le régime va entrainer une certaine instabilité gouvernementale, car le sort du
gvt va dépendre directement de la durée de la coalition.
La responsabilité du gvt est souvent mise en jeu, et la dissolution ne joue pas forcément son rôle de
rééquilibrage.
Les régimes est donc déséquilibré, mais cette fois au profit du Parlement, car c’est au Parlement que
les coalitions vont se faire et se défaire.
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Le régime présidentiel, qui est un régime de séparation stricte des pouvoirs, est apparu à la fin du
XVIIIème siècle aux Etats-Unis avec la constitution de 1787. Les constituants américains avaient lu
Locke et Montesquieu. Ils furent donc les premiers à mettre en oeuvre consciemment la théorie de
la séparation des pouvoirs.
Mais les rédacteurs de la constitution américaine ne cherchaient pas seulement à diviser le pouvoir
pour éviter le despotisme. Ils gardaient également le souvenir de la monarchie limitée que pratiquait
la Grande-Bretagne au début du XVIIIème siècle, donc avant l’apparition du régime parlementaire.
En réalité, c'est ce régime de monarchie limitée que les rédacteurs de la Constitution américaine
chercheront en partie à transposer dans un régime républicain. Pourquoi républicain ? Parce que les
constituants américains n'ont pas de Roi sous la main (à mettre sur un trône) et comme ils sont
d'ailleurs plutôt hostiles à l'institution monarchique, ils substituent au Roi un président élu.
Aux Etats-Unis, le régime présidentiel a été un succès puisque ce régime est toujours pratiqué au-
jourd’hui, donc plus de deux siècles après sa naissance. En France, tel n'a pas été le cas. Trois
constitutions françaises ont institué un régime de type présidentiel - celles de 1791, de l'an III (Di-
rectoire) et celle 1848 (Deuxième République) - mais ces régimes ont tous été des échecs - leur du-
rée de vie a été très brève. De façon générale, la France a préféré, comme la plupart des Etats libé-
raux, en particulier européens, se tourner vers le régime parlementaire.
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Il y a deux conceptions du régime d’assemblée, l’une stricte, l’autre souple.
A. La conception stricte du régime d'assemblée
Ce régime s'inspire davantage de la pensée de Rousseau et de la théorie de la souveraineté populaire
(étudiée dans le prochain cours) que de la pensée de Montesquieu.
Il s'agit de donner le pouvoir au peuple en attribuant l'essentiel des fonctions étatiques au Parlement
et en soumettant les élus au contrôle populaire. Un tel régime est pratiqué par la Suisse depuis 1848.
Dans un régime d'assemblé au sens strict, l'infériorité constitutionnelle de l'exécutif est particulière-
ment marquée au point que l'exécutif, qui existe en tant qu'organe distinct, est considéré comme un
organe commis, comme le simple commis de l'assemblée, le simple serviteur des volontés de l'as-
semblée.
S'agissant de la structure de l'Exécutif, il faut retenir qu'en régime d'assemblée, l'exécutif est mono-
céphale, c'est-à-dire qu'il n'est composé que d'un seul organe qui exerce à lui tout seul le pouvoir
exécutif. Il est toutefois collégial, ce qui empêche une personnalisation trop marquée du pouvoir.
L'infériorité de l'Exécutif résulte d'abord de sa dépendance à l'égard de l'assemblée (il est élu par
l’assemblée et ne dispose pas de moyens de pression sur elle - ni dissolution, ni question de
confiance). Elle résulte également de la faiblesse de ses pouvoirs : certaines compétences qui sont
traditionnellement réservées à l'exécutif en régime parlementaire sont ici attribuées au Parlement.
En résumé, l'exécutif est placé, pour toutes ces raisons, dans une situation de dépendance vis- à-vis
de l'assemblée qui est donc, en apparence du moins, l'organe éminent dans un tel régime. Mais, la
philosophie qui sous-tend ce régime est de conférer le pouvoir, non à l'assemblée, mais au peuple.
C'est pourquoi, le régime d'assemblée a souvent été combiné dans l'histoire avec la mise en place
d'une démocratie semi-directe. Tel est le cas en Suisse depuis 1848.
B. La conception large du régime d’assemblée
Certains régimes parlementaires fonctionnent comme des régimes d’assemblée car les institutions
sont particulièrement déséquilibrées en faveur du Parlement : les exécutifs sont faibles et instables
en raison des innombrables crises ministérielles ( = renversements du gpuvernement) dont le Parle-
ment est à l'orgine.
En l'absence de procédés de démocratie directe, ce n'est pas ici le peuple qui est le véritable titulaire
du pouvoir, mais l'assemblée. On a pu parler à propos de ces régimes d'un "parlementarisme abso-
lu". Les IIIème et IVème République en France illustrent bien ce schéma.
§2 : Les régimes à prépondérance de l'Exécutif
L’un des régimes de ce type est le régime dit présidentialiste : le Chef de l'Etat concentre l'essentiel
des pouvoirs en face d'un Parlement subordonné et souvent réduit à n'être qu'une chambre d'enregis-
trement des volontés du premier. En France, le régime mis en place sous la Vème République a sou-
vent été qualifié de régime présidentialiste car le Président de la République dispose de pouvoirs
importants (sauf en période de cohabitation, c'est-à-dire sauf lorsque le Président est d'une couleur
politique différente de celle de la majorité à l'Assemblée nationale).
Conclusion critique sur la typologie des régimes politiques
Pour achever ce chapitre relatif à la typologie des régimes politiques, il faut faire quelques re-
marques fondamentales :
- D'abord, il faut remarquer que certains régimes présentent des caractéristiques qui relèvent de plu-
sieurs types de régimes. On parle alors de régimes hybrides ou mixtes. Ainsi, et vous l'étudierez
l'année procgaine, le régime mis en place par la Constitution de 1958 présente à la fois des aspects
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parlementaires et des aspects présidentiels. Le Président y est élu au suffrage universel direct et dé-
tient des pouvoirs importants - dont (dans certains cas et en pratique) celui de démettre le Gouver-
nement, qui est donc responsable devant lui -, ce qui fait penser au régime présidentiel, mais par
ailleurs le Gouvernement est responsable devant le Parlement et le Président dispose du droit de dis-
solution, ce qui fait penser au régime parlementaire. C’est pourquoi on qualifie souvent ce régime
de régime semi-présidentiel, étant précisé que les qualifications de régime présidentialiste et de ré-
gime parlementaire dualiste valent surtout hors période de cohabitation ; elles sont beaucoup moins
pertinentes lorsque le Gouvernement n’est pas de la même couleur politique que le Président.
- Seconde remarque : s’agissant des régimes politiques, la lecture des textes constitutionnels est im-
portante mais insuffisante. Il faut toujours se reporter ensuite à la pratique constitutionnelle. Ainsi,
lorsqu’un droit est reconnu par la Constitution, il faut se demander comment ce droit est utilisé en
pratique, et cette pratique dépend en partie des caractéristiques propres à chaque Etat, liées en parti-
culier à sa vie politique. La transposition pure et simple d'un régime étranger, qui fonctionne bien
dans un Etat, est donc difficile pour la simple et bonne raison que la vie politique ne se transpose
pas. Elle a ses caractéristiques propres, qui dépendent de l'histoire nationale, de la culture politique
d'un peuple etc.
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