PARCOURS DE L’INTERNAUTE
Caroline Faillet
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La communication d’influence :
être au cœur du parcours de l’internaute
[ technique ] D’aucuns décrivent les mutations apportées par les nouvelles technologies
comme le passage de l’ère de la propagande à celle de l’influence. Plus encore,
l’influence est devenue, à cause de l’impact grandissant du Web et des réseaux sociaux,
une véritable discipline, aux côtés du lobbying et des relations-presse. Une technique
de la communication qui s’appuie sur la veille et sur la maîtrise des outils d’e-influence. De formation HEC,
Caroline FAILLET
s’intéresse dès le début
des années 2000 aux
L
phénomènes d’influence
a communication d’influence puise ses La nécessaire communication propres au numérique.
origines dans la conception grecque
de la rhétorique, en particulier avec
d’influence En 2004, elle cofonde
le cabinet Bolero, dont
Aristote : c’est l’art de la persuasion Les organisations ne sont pas les seules à la vocation est de
et de la conviction. Avec la naissance avoir perdu du pouvoir. Face à l’émergence décrypter les opinions
des sciences sociales, les méthodes et procédés des micro-pouvoirs du citoyen-consommateur, et comportements
de propagande sont théorisés dans l’optique de la presse a troqué son statut de contre-pouvoir des internautes pour
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manipuler l’opinion et mis en pratique par les éclairer les stratégies
pour celui de caisse de résonance. La pres-
idéologies totalitaires sur la première partie du des organisations. Elle
sion économique qu’elle subit rend de plus
XXe siècle. La multiplication des médias puis est l’auteur de l’Art
en plus complexe l’investigation médiatique. de la guerre digitale
l’émergence des nouvelles technologies créent La « course au buzz » l’oblige à se « sourcer »
de nouveaux micro-pouvoirs (les radios libres, (Dunod) dans lequel
sur les réseaux sociaux et à se faire l’écho de elle porte un regard
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Internet et notamment les médias sociaux). L’ère l’information qui circule. Or, les réseaux sociaux expert sur la sociologie
de la communication d’influence y trouve ses
consacrent le règne de l’émotion, favorisant la du Web et dévoile les
points d’ancrage. Internet devient le premier
propagation des rumeurs et de la désinforma- luttes de pouvoir post-
vecteur d’influence dans les décisions d’achat
tion. Le problème est que, en face, la parole révolutions numériques.
et les recherches d’information. Identifiée comme l’une,
scientifique et politique est discréditée. L’impact
sinon la première,
Un changement de paradigme des scandales (sang contaminé, amiante, etc.)
a écorné l’image de la science et le temps de « netnologue », elle
dans la maîtrise de l’information l’analyse et de la réflexion n’est plus adapté au partage régulièrement
son expérience pour
qui circule temps réel des réseaux sociaux. À ce stade,
contribuer au débat dans
le « pathos » domine donc sur le « logos », en
La communication dans les médias (print et le monde académique
créant un terrain d’irrationalité qui rend les entre- (HEC, Celsa-La
Web) demande une vigilance et une capacité prises très vulnérables et impose le recours à la Sorbonne) et dans les
à évoluer dans deux espaces temps très diffé- communication d’influence. nombreux événements
rents. D’un côté, un espace-temps défini, fondé
consacrés à la
sur la diffusion de communiqués de presse selon
le plan de communication de l’organisation. Les
La place de la communication transformation digitale.
destinataires sont ciblés et connus, attaché de dans les actions d’influence cfaillet@bolero.fr ;
http://www.bolero.fr
presse ou journaliste, et la propagation maîtrisée
Toute organisation publique ou privée s’appuie
par une surveillance des retombées dans des
sur la communication pour renforcer sa capacité
médias identifiés. Le timing, le contenu et les
d’influence. Au cœur de ce modèle, la com-
moyens de diffusion sont ainsi cadrés. De l’autre
munication d’influence complète un dispositif
côté, un espace-temps du cyberespace qui, lui,
composé :
est incontrôlable. En effet, sur le Web, les émet-
• des relations presse pour les actions de
teurs sont multiples puisque toute information
peut être publiée en ligne par les actionnaires, valorisation engagées auprès des journalistes ;
les concurrents ou encore les salariés. Les • du lobbying pour des actions d’influence
destinataires sont également innombrables, s’appuyant sur des argumentaires (politiques,
puisque l’information peut être détectée par des économiques, techniques, etc.) permettant
journalistes comme des blogueurs et publiée d’avoir un impact sur un projet de texte
en ligne avec un rayonnement permanent, en législatif, réglementaire ou normatif.
temps réel et à l’international. Le contenu, la Au final, l’objectif recherché de la communi-
vitesse de propagation et les diffuseurs ne sont cation d’influence est de peser sur l’opinion
plus contrôlés. Les organisations, en perdant
publique, de générer l’adhésion, l’acceptation
le statut d’émetteur principal et la maîtrise des
ou encore la mobilisation.
moyens de diffusion, se voient privées d’une
grande capacité d’influence de l’opinion.
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sonnelle analysées par Cialdini1 et les • des critères subjectifs (règles logiques l’individu est exposé par son parcours
registres d’influence mis en évidence et vocabulaire utilisé, présence de sur le Web, notamment social. De
par Loup Francart2 ont apporté les pre- leaders d’opinion, vulnérabilité des l’art de convaincre, qui sévit dans les
mières grilles de classification des jeux destinataires de l’opinion, etc.). espaces conversationnels du Web, aux
d’influence utilisés dans la méthode embrasements émotionnels collectifs,
>> Lathéorie de la « psychologie
Bolero3. Ces approches ont été complé-
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1. Robert B. Cialdini. Influence et manipulation. Comprendre et maîtriser les mécanismes et les techniques de persuasion. First éditions, 2007
2. Loup Francart. Infosphère et intelligence stratégique: les nouveaux défis. Economica, 2002
3. www.bolero.fr/demarche/methode