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1 Voir Par la poésie, par la pensée et puis finalement par l’action. Alfred Rosenberg, le philosophe,
l’idéologue et le politique (1893-1946), Mémoire de Master 1 réalisé sous la direction de Fabrice
Bouthillon, Université de Bretagne Occidentale, Brest, 2008 et La Gegenrasse juive. Origines et
élaboration d’un concept national-socialiste en Allemagne (1789-1945), Mémoire de Master 2 réalisé
sous la direction de Fabrice Bouthillon, Université de Bretagne Occidentale, Brest, 2009.
2 Mes remerciements vont à Fabrice Bouthillon, pour ses conseils avisés, mais aussi à Gwendal
Piégais pour sa relecture.
3Rémi Brague, «Judaïsme», in Jean-Yves Lacoste, Dictionnaire critique de Théologie, PUF, Quadrige,
Paris, 2007, p. 732.
4 Roger Gougenot des Mousseaux, dit parfois «Le Chevalier» Gougenot des Mousseaux. (1805,
Coulommiers - 1876, idem).
5Robert Byrnes, Antisemitism in Modern France. Tome 1 : Prologue to the Dreyfus Affair, Rutgers
University Press, 1950, p. 110.
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15 Emile Poulat, «Le petit monde et le grand monde des Ségur. Trois générations à travers les
révolutions», in Emile Poulat, Jean-Pierre Laurant, L’antimaçonnisme catholique. Les Francs-Maçons,
ce qu’ils sont, ce qu’ils veulent par Mgr de Ségur, Berg International, «Pensée politique et sciences
sociales», Paris, 2006, pp. 122-123.
16Le Chevalier Gougenot des Mousseaux, Le Juif, le judaïsme et la judaïsation des peuples chrétiens,
Plon, Paris, 1869. Cette édition a été réimprimée par les Editions Saint-Rémi très récemment (la
date ne figure pas sur l’ouvrage).
17 Ibid, p. XXIII.
18 Ibid., p. XXV.
19 Ibid, p. XXIII.
20 Ibid, p. XIII.
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concède aux juifs, qu’il réduit aux Pharisiens pour la raison qui suit, c’est
leurs incessants recours à la tradition27 , ce qui en fait une communauté
irréligieuse voire simplement athée28, car encline à l’imitation plutôt qu’à
la vraie foi29 . La cause de ceci est la croyance des Juifs dans l’unique
Talmud, c’est-à-dire dans l’enseignement des Rabbins plus que dans la
religion transmise à Abraham et Moïse par Dieu. La source de leur impiété
se situerait donc là, dans la supériorité que les Juifs accordent aux
Rabbins sur Dieu Lui-même30.
Gougenot des Mousseaux consacre de larges développement au
Talmud, qu’il présente comme un bréviaire de la haine31, ésotérique,
dépouillé de ses passages antichrétiens pour qu’ils soient mieux transmis
oralement32 , et contenant le message mystique de la Cabale33 . L’idée de
complot, de vérité officielle et de discours officieux, est évidemment très
présente, et c’est le Talmud et son lecteur, le pharisien, qui en seraient les
instigateurs depuis deux mille ans. Le Juif orthodoxe est aussi égoïste,
exclusif34 , un adepte d’un odium generis humani35 , parfaitement
antichrétien au point d’organiser des sacrifices humains36 , et donc
également anthropophage37 ou vampirisant les chrétiens38 , spoliant les
nations européennes de leurs richesses39 . Par dessus tout, le Juif est
considéré comme «l’homme le plus universel» que l’on puisse imaginer,
au point même que Gougenot le considère comme le plus «catholique»40,
dans le sens où il aurait même subvertit le catholicisme.
27 Ibid., p. 218.
28 Ibid., p. 250.
29Le même grief sera fait par Wagner, puis par les nationaux-socialistes, dont Rosenberg au sujet
de l’art.
30 Gougenot des Mousseaux, op. cit., p. 92.
31 Ibid, p. 76.
32 Ibid, pp. 94-95.
33 Ibid, p. 101.
34 Ibid., p. 127.
35 Ibid., p.129. Voir aussi Tacite, Annales, XV, 44 et Histoire, V, 5.
36 Ibid., p. 130, p. 140, p. 184.
37 Ibid., p. 225.
38 Ibid., p. 226.
39 Ibid., p. 159, p. 349.
40 Ibid., p. 408. En grec, καθολικός (katholikòs) signifie «universel». C’est le sens premier du mot
«catholique».
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Ce que Gougenot fait dire aux archives qu’il consulte n’est pas en
soi accusateur, mais il le devient parfois dans son esprit, tant il est opposé
à ses interlocuteurs. Sa source la plus citée sont d’abord les Archives
Israélites47 , dont le but est principalement de «servir la cause israélite», et
dont les idées sont libérales 48 . Pour contrebalancer l’idée d’une simple
divergence politique, et démontrer que la fracture n’est pas entre la droite
et la gauche, mais bien entre le Juif et le non-juif, ou même en
l’occurrence, le catholique, il se sert d’un journal aux opinions plus
conservatrices, comme le sont celles de l’Univers Israélite49 . Logiquement,
puisqu’une partie de son oeuvre se base sur un commentaire du Talmud,
Gougenot des Mousseaux utilise les propos d’un rabbin, et par n’importe
lequel, puisqu’il s’agit de Paul Drach, l’auteur de la Lettre d’un rabbin
converti aux Israélites ses frères sur les motifs de sa conversion, et paru en
1825. Le même procédé est utilisé pour Adolphe Crémieux, juif et franc-
maçon, et président de l’Alliance Israélite Universelle, et qu’il considère
par conséquent comme «un des souverains provisoires de la France»50 . La
stratégie employée par Gougenot des Mousseaux révèle sa volonté de
déceler un complot, car ceux qui en fomentent un sont tenus au secret, et
donc à une connaissance ésotérique et occulte. En insistant sur les propos
universalistes ou libéraux quand ils proviennent des Archives Israélites ou
d’Adolphe Crémieux, Gougenot nous montre que ses craintes ne sont pas
infondées. En mettant en avant la fausseté du judaïsme, et donc la
volonté de s’en détacher d’un Drach, Gougenot nous explique que ses
analyses sont bonnes. Les juifs sont passés aux aveux, et leur volonté
conspirationniste est éclaircie, dans la tradition des complot maçonniques
ou jésuitiques, avec lesquels Gougenot établit d’ailleurs une
équivalence 51.
Le point commun des juifs que Gougenot cite est leur capacité à
tomber d’accord sur plusieurs points avec un antisémite comme lui. «Dès
47 Gougenot des Mousseaux, op. cit.. Ces archives sont mentionnées environ 150 fois tout au long
du texte. Ce journal a été fondé en 1840 par Isidore Cahen et est à l’origine une publication
religieuse.
48 David Cohen, La promotion des Juifs en France à l’époque du Second Empire (1852-1870),
Université de Provence, Aix-en-Provence, 1980, p. 604.
49 Un ouvrage témoignait de la couleur politique de ce journal dès 1868 : S. Bloch (dir.), L’Univers
Israélite, journal des principes conservateurs du judaïsme, Paris, 1868.
50 Gougenot des Mousseaux, op. cit., p. 216.
51 Ibid., p. 388.
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que quelqu’un dit d’un Juif que c’est un antisémite, les autres juifs
s’exclament : ‘‘Typiquement juif !’’», nous dit Theodor Lessing, en forme de
boutade 52, avant d’ajouter qu’«en fin de compte, nous ne détestons pas le
Mal parce qu’il est mauvais, mais comme nous le détestons et devons le
détester, nous le nommons : le Mal»53. De la même manière, Gougenot
accolle aux juifs tout ce qu’il honni : universalisme, libéralisme,
antichristianisme ou athéisme, et modernité. La postérité de Gougenot
des Mousseaux compense largement l’insuccès qu’il eut à sa sortie,
malgré les honneurs pontificaux dont l’auteur avait eu le privilège. Il fallut
attendre Edouard Drumont et La France Juive en 1886, où il reconnaissait
Gougenot comme un maître, dix ans après sa mort54 , et surtout une
atmosphère particulière pour qu’Alfred Rosenberg juge sa traduction
nécessaire.
52Theodor Lessing, La haine de soi. Le refus d’être Juif, Berg International, «faits et représentations»,
Paris, 1990, p. 36.
53 ibid., p. 27.
54Henri Rollin, L’apocalypse de notre temps. Les dessous de la propagande allemande d’après des
documents inédits, Allia, Paris, 1991, p. 346.
55 Serge Lang, Ernst von Schenck, Testament nazi. Mémoires d’Alfred Rosenberg, Editions des 3
Collines, Paris-Genève, 1948, p. 23. La Rubonia était une des 3 corporations estudiantines
allemandes présentes à cette époque à Riga (Lettonie).
56L’Aufbau Wirtschaft-politische Vereinung für der Osten. Cf Michael Kellogg, The Russian roots of
nazism. White Emigrés and the making of National Socialism 1917-1945, Cambridge University Press,
2005, p. 123.
57 S. Lang, E. von Schenck, op. cit., p. 53. Thulé était une société occulte aryosophiste basée à
Munich. Cf. Nicholas Goodrick-Clarke, The occult Roots of nazism, TPP, London, 2009. Detlev Rose,
Die Thule-Gesellschaft. Legend, Mythos, Wirklischkeit, Grabert, Tübingen, 1994.
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58Gweltaz Caouissin, Par la poésie, par la pensée et puis finalement par l’action. Alfred Rosenberg, le
philosophe, l’idéologue et le politique (1893-1946), UBO, Brest, 2008, pp. 17-18.
59 Michael Kellogg, op. cit.
60Richard Wagner, Ecrits en prose. 17 volumes, Editions d’Aujourd’hui, collection «les introuvables»,
Paris, 1976.
61 Richard Wagner, Le judaïsme dans la musique, pp. 93-95.
62 Ibid., p. 114.
63 Alfred Rosenberg, Le Mythe du Vingtième Siècle. Bilan des combats culturels et spirituels de notre
temps, Editions Déterna, «Documents pour l’histoire», Paris, 1999, p. 93. Nous nous référons aussi à
l’édition allemande : Alfred Rosenberg, Der Mythus des 20. Jahrhunderts. Eine Wertung der seelisch-
geistigen Gestaltenkämpfe unserer Zeit, Hoheneichen-Verlag, München, 1943.
64 Houston S. Chamberlain, La Genèse du dix-neuvième siècle, Payot et Cie, Paris, 1913.
65 Ibid., p. 445.
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66Sur la notion de Weltanschauung, voir Pascal David, «Weltanschauung», dans Barbara Cassin (dir.),
Vocabulaire européen des philosophies : Dictionnaire des intraduisibles, Le Seuil, Le Robert, Paris,
2004, pp. 1396-1397.
67 Alfred Rosenberg, Le Mythe du Vingtième Siècle , p. 385.
68 Gweltaz Caouissin, La Gegenrasse juive. Origines et élaboration d’un concept national-socialiste en
Allemagne (1789-1945), UBO, Brest, 2009, p. 57.
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71Ernst Piper, Alfred Rosenberg, Hitlers Chefideologe, Pantheon, München, 2005, p. 63. La période
1919-1923 témoigne de cette obsession judéo-bolchevique, à l’influence eckartienne évidente.
Parmi les publications de Rosenberg, on trouve ainsi «Christus im Talmud», «Die Totengräber
Rußlands», «Asiatische Pest» (Ibid.).
72Cité par Pierre-André Taguieff (dir.), Les Protocoles des Sages de Sion. Faux et usages d’un faux.
Tome II : Etude et documents, Berg International, «faits et représentations», Paris, 1992, p. 604.
73 Alfred Rosenberg, Das Verbrechen der Freimaurerei, 1921.
74 Frederick A. Busi, Faith and Race: Gougenot des Mousseaux and the Development of Antisemitism in
75 Le terme sera repris par Ludwig Müller, «l’évêque du Reich», en 1939 dans Was ist positives
Christentum ? .
76 André Paul, Leçons paradoxales sur les Juifs et les Chrétiens, Desclée de Brouwer, Paris, 1992.
77 Francis Bertin, «Aspects du mythe conspirationniste antimaçonnique en Allemagne», Politica
Hermaetica «Esotérisme et Socialisme», L’Age d’Homme, numéro 9, 1995, p. 160.
78Rosenberg ne parlerait cependant pas de civilisation, car en allemand, cela peut apparaitre
comme le contraire de la Culture (Kultur). Cf Oswald Spengler, Le Déclin de l’Occident, Esquisse d’une
morphologie de l’histoire, NRF-Gallimard, Bibliothèque des Idées, Paris, 1998.
79 Gougenot des Mousseaux, op. cit., p. 76.
80 Ibid., p. 98.
81 Ibid., p. 130.
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82 Ibid., p. 138.
83 Ibid., p. 382.
84 Ibid., p. 392.
85 Paul Airiau, L’antisémitisme catholique aux XIXe et XXe siècles, Berg International, Paris, 2002, p. 46.
86Richard Steigmann-Gall, The Holy Reich. Nazi conceptions of Christianity, 1919-1945, Cambridge
University Press, 2003, p. 19.
87 Alfred Rosenberg, Le Mythe du XXème Siècle, p. 79.
88 Ibid., p. 194.
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89Houston Stewart Chamberlain, La Genèse du XIXème Siècle, p. 299. Paul de Lagarde voyait dans les
propos du Christ quand il disait «Je suis le fils de l’Homme» en vérité «Je ne suis pas un juif». Cité
par Fritz Stern, The Politics of Cultural Despair : a study in the Rise of the Germanic Ideology, University
of California Press, 1974, p. 42. Même Théodore Lessing reprenait cette assertion : «le christianisme
du Christ (..) était issu de l’âme des peuples aryens, par je ne sais quel canal mystique». Cf T.
Lessing, op. cit., p. 31.
90David Flusser, Les sources juives du christianisme, une introduction, Editions de l’Eclat, Paris/Tel-
Aviv, 2003, pp. 43-44.
91 Ibid., p. 99.
92 Cité par David Flusser, Jésus, Editions de l’Eclat, Paris/Tel-Aviv, 2005, p. 64.
93 Gougenot des Mousseaux, op. cit., p. 130.
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94Ibid., p. 76 et p. 130. Gougenot emploie deux fois le même épithète pour qualifier la conversion
de Paul sur le chemin de Damas.
L’eschatologie nationale-socialiste
99Sur la notion de «Pangée» dans le nationalisme. Cf. Ronan Calvez, La radio en langue bretonne.
Roparz Hemon et Pierre-Jakez Hélias : deux rêves de la Bretagne, Presses Universitaires de Rennes,
CRBC, Rennes, 2000, p. 33.
100 Alfred Rosenberg, op. cit., p. 385
101 Ibid., p. 462.
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Conclusion