• La constitution
La constitution d’une société en nom collectif est assez simple.
Il n’y a pas de capital minimum exigé, ce qui se comprend
puisque le capital sert de garantie aux créanciers de la société.
Or, dans cette forme de société, les associés sont tenus sur leur
patrimoine propre, ce qui suffit à garantir les dettes sociales.
Bien entendu, dans le même esprit, il n’est pas nécessaire non
plus de libérer le capital souscrit.
• Le capital social
Il est divisé en parts sociales. Nous avons vu qu’aucun
minimum n’est exigé et qu’il peut comprendre des apports en
industrie. Toutefois, ceux-ci ne pouvant entre dans la
composition du capital et confèreront à leur titulaire le droit de
participer aux décisions et aux résultats de la société
conformément aux dispositions statutaires.
• Les associés
Ils sont obligatoirement commerçants et sont responsables
indéfiniment, personnellement et solidairement des dettes
sociales. Par conséquent, un mineur non émancipé ou un
fonctionnaire ne peuvent devenir associés de société en nom
collectif.
Un minimum de deux associés est exigé, aucune forme de
société unipersonnelle n’étant prévue (comme c’est le cas dans
la société à responsabilité limitée) car la forme unipersonnelle
correspondrait en fait au commerçant, personne physique.
• Les titres sociaux
Il s’agit de parts sociales qui ont la particularité d’être
incessibles entre vifs (vente, donation) et intransmissibles à
cause de la mort (par voie de succession).
Cette règle s’explique là encore par l’intuitus personae. En effet,
l’on contracte compte tenu des autres cocontractants, l’on ne
peut par conséquent substituer une personne à une autre, sauf
accord unanime.
Dans ces conditions, l’associé ne peut céder ses parts en cours
de vie sociale : l’on dit qu’il est « prisonnier de ses parts ».
Quant à la transmission, qui ne s’opère qu’en cas de décès, nous
avons vu qu’elle entrainait la dissolution de la société, il héritera
simplement de la valeur de la part de son auteur. Il en sera de
même si les survivants décident de continuer entre eux.
• Les organes de gestion
Ce sont des gérants. Leur nomination et leur révocation ne se
comprennent là encore que par l’intuitus personae et l’étendue
particulière de la responsabilité des associés.
• Nomination
Le principe est celui de la « gérance légale » qui veut que tout
associé soit gérant dans le silence des statuts. En effet, le gérant,
dirigeant la société, va mettre en péril le patrimoine personnel
de chacun, il est donc logique que chacun participe à la gestion
sur un pied d’égalité.
Toutefois, compte tenu de la complexité d’une telle gestion
conjointe, le plus souvent les associés désignent un seul gérant
qu’ils choisissent parmi eux ou en dehors. Dans ce dernier cas,
le gérant sera salarié. Si le gérant est associé, sa rémunération
dépendra de l’accord des associés. Dans les deux cas, il peut être
statutaire ou non statutaire et les conséquences sont totalement
différentes.
Le gérant est dit statutaire s’il est nommé dans les statuts et non
statutaire s’il est nommé dans les conditions fixées par les
statuts, il sera alors nommé en assemblée générale ordinaire.
• Révocation
La révocation du gérant associé désigné par les statuts ne peut
avoir lieu que par une décision des autres associés prise à
l’unanimité. Cette décision entrainera la dissolution de la
société, à moins que la continuation ne soit prévue par les statuts
ou que les associés le décident à l’unanimité. Dans ce dernier
cas, une modification des statuts s’imposera.
La révocation du gérant associé non statutaire devra également
se faire par une décision des associés prise à l’unanimité.
Quant à la révocation du gérant non associé, elle se fera plus
facilement : dans les conditions prévues dans les statuts ou, à
défaut, par une décision prise à la majorité.
• Pouvoirs
La règle du pouvoir légal s’applique, c’est-à-dire que le gérant a
tout pouvoir pour diriger et engager la société vis-à-vis des tiers
sauf clause statutaire contraire, valable entre associés mais
inopposable aux tiers.
Toutefois la loi ajoute que dans tous les cas le gérant peut
valablement engager la société uniquement dans le cadre de son
objet social. Ainsi, si le gérant dépasse l’objet de la société,
l’acte passé ne sera pas valable et le tiers ne pourra en exiger
l’exécution, mais il pourra toujours demander réparation de son
préjudice s’il en a subi un. De plus, il est probable que les
associés engageront la responsabilité civile du gérant qui aura
ainsi dépassé les pouvoirs qui étaient les siens.
• Les assemblées d’associés
Leurs compétences sont celles indiquées dans les règles
communes. Nous ne retiendrons ici que les majorités requises
qui, elles, sont propres à chaque type de société.
L’assemblée générale ordinaire statue en principe à l’unanimité,
sauf stipulation contraire ( les statuts peuvent exier la majorité
des voix). La particularité essentielle des sociétés de personnes
étant que chaque associé possède une voix, quel que soit le
montant de son apport, car ils sont tous traités sur un pied
d’égalité, du fait qu’ils engagent tous leur patrimoine personnel
au-delà de leur apport. Ainsi, toutes les décisions sont prises à la
majorité en nombre et non pas en parts.
L’assemblée générale extraordinaire statue à l’unanimité, ce qui
se justifie par l’intuitus personae qui exige que toute
modification du contrat de société soit approuvée par chacun des
cocontractants.
• La dissolution
L’intuitus personae est si fort dans la société en nom collectif
que le décès ou l’incapacité d’un associé entraine sa dissolution
En effet, à la formation du contrat, celui qui donne son
consentement le fait en considération de la personne des autres
et peut-être n’aurait-il pas contracté en l’absence de l’un d’eux.
Il est également évident que la disparition de l’un des associés
augmente le risque supporté par chacun des autres, puisque la
garantie qu’offrait son patrimoine disparait aussi, et l’on peut
supposer qu’un associé n’aurait jamais consenti s’il avait su
qu’ils seraient moins nombreux à s’engager ainsi.
Toutefois, la loi autorise les associés à continuer avec ceux qui
restent, si une clause des statuts le prévoit, ou bien si les
associés le décident à l’unanimité. Dans les deux cas, tous les
associés auront été d’accord, ainsi l’intuitus personae aura été
respecté.
Les associés peuvent dans les mêmes conditions choisir de
continuer avec les héritiers de l’associé défunt, mais là encore,
cela ne peut leur être imposé à cause de l’intuitus personae qui
domine ce contrat de société.
Il ne faut pas oublier que, dans la société en nom collectif, le
risque pécuniaire du à l’étendue de la responsabilité est très
important et que ce que l’on peut risquer avec une personne que
l’on a choisie n’est pas forcément envisageable avec ses
héritiers.
• Constitution
C’est la forme de société la plus lourde à constituer,
notamment lorsque la société fait publiquement appel à
l’épargne.
Dans tous les cas, il y a un capital minimum à réunir et il faut
un nombre minimum d’associés.
A NOTER. En cas d’appel public à l’épargne à la
constitution, il faut notamment procéder à des publicités
particulières : rédiger un projet des statuts sous forme
authentique et en déposer une expédition au CNRC, faire
publier une notice d’information au Bulletin officiel des
annonces légales, obtenir un visa de la COSOB et tenir une
assemblée constitutive.
II. La dissolution
En plus des causes communes à toutes les sociétés, la SPA
connait des causes de dissolution qui lui sont spécifiques.
D’abord, comme en SARL, lorsque les pertes amènent l’actif
net à être inférieur au quart du capital social. Egalement, bien
entendu, lorsque le nombre d’associés descend en dessous de
sept depuis plus d’un an.
III. Le capital social
Il est divisé en actions. La responsabilité des associés étant
limitée aux apports, la SPA est évidemment soumise à
l’exigence d’un capital minimum. Lorsque la SPA ne fait pas
appel public à l’épargne il est fixé à 1 000 000 DA. Dans le cas
contraire, il est de 5 000 000 DA.
Le capital social doit être intégralement souscrit à la
constitution de la société. En ce qui concerne sa libération, si
les actions représentant les apports en nature elles doivent être
intégralement libérées à leur émission, les actions de
numéraire peuvent être libérées seulement pour le quart de
leur valeur, le reste pouvant l’être dans les cinq années
suivantes.
IV. Les associés
Ils portent le titre d’actionnaires. La loi exige un nombre
minimum de sept actionnaires mais ne fixe pas de maximum.
Ils n’ont pas le statut de commerçant, donc la capacité civile
suffit pour être associé dans une SPA. Enfin, leur
responsabilité est limitée au montant de leur apport.
V. Les titres sociaux
Ils constituent une particularité importante de la société de
capitaux car ce sont des
titres librement négociables, appelés actions.
La conséquence du principe de l’absence d’intuitus personae
est de permettre la libre cession ou transmission des titres
sociaux, aussi bien aux ascendants, descendants,
A NOTER. Les statuts peuvent toutefois prévoir des
« clauses de préemption » qui obligent l’actionnaire à
proposer ses actions aux autres associés en priorité, ou des
« clauses d’agrément » par lesquelles l’actionnaire doit
soumettre, avant la cession, ses titres à l’approbation d’un
organe social, par exemple au conseil d’administration.
Toutefois, la loi interdit que ces dernières clauses
empêchent la transmission ou la cession à un conjoint,
ascendant descendant ou encore la cession à un associé de la
société. De plus, pour éviter que la clause d’agrément ne
rende impossible pour l’actionnaire la cession de ses titres,
la loi impose, en cas de refus d’agréer le tiers, que la société
trouve elle-même un acquéreur ou rachète les actions dans
les trois mois suivants.
Ces clauses ont pour but, en contrôlant l’arrivée de
nouveaux actionnaires, d’éviter ou de limiter le risque
d’OPA, mais elles ajoutent à la SPA une dose d’intuitus
personae qui ne correspond pas forcément à sa véritable
nature.
• Pouvoirs
La loi confie au conseil d’administration le rôle de déterminer
les orientations de l’activité de la société et de veiller à leur
mise en œuvre. Ses pouvoirs sont en fait extrêmement larges,
il se réunit régulièrement pour contrôler la marche de la
société et donner son accord sur des matières importantes.
• La direction : président du conseil d’administration ou
directeur général
Le président du conseil d’administration assume, sous sa
responsabilité, la direction générale de la société. Il peut être
assisté, sur proposition du conseil d’administration par une ou
deux personnes physiques à titre de directeur généraux. Ces
derniers sont révocables à tout moment par le conseil
d’administration sur proposition de son président.
• Nomination et révocation
Le président du conseil d’administration est nommé pour une
durée n’excédant pas celle de son mandat d’administrateur. Il
est rééligible et peut être révoqué à tout moment par les
membres du conseil (Art.635 du code de commerce).
• Pouvoirs
Le pouvoir essentiel de l’organe de direction est de représenter
la société et de la diriger sous réserve des pouvoirs des autres
organes sociaux. Il est soumis à la règle du pouvoir légal.
Ainsi, il a tout pouvoir pour représenter la société et agir en
son nom et pour son compte, les clauses limitatives statutaires
étant inopposables aux tiers. De plus, il est convenu que les
dirigeants peuvent engager la société au-delà de l’objet social
envers les tiers de bonne foi. Bien entendu, le dirigeant reste
responsable envers les associés et le conseil d’administration
en cas de faute et engage même sa responsabilité civile en cas
de préjudice subi par la société.
B-SPA AVEC DIRECTOIRE ET CONSEIL DE
SURVEILLANCE
A NOTER. Dans ce système, il n’y a qu’un organe chargé
de diriger la société, alors que dans le système classique,
ainsi que nous venons de le constater, ce rôle est assuré par
deux organes. En effet, le conseil de surveillance n’est pas
un organe de gestion, mais, comme son nom l’indique, un
organe de surveillance. Toutefois, afin de permettre une
comparaison plus aisée des deux formes de société par
actions, nous placerons son étude au titre des organes
dirigeants, tout en soulignant l’inexactitude de cette
affectation.
• Le conseil de surveillance
• Nomination et révocation
Composé de sept à douze membres, il est nommé par
l’assemblée générale des actionnaires et peut être révoqué par
elle à tout moment.
• Pouvoirs
Il détient un pouvoir de contrôle permanent de l’action du
directoire, celui-ci devant à cet effet lui présenter une fois tous
les trois mois au moins et à la fin de chaque exercice un
rapport de sa gestion. Son autorisation est nécessaire pour
certains actes graves, comme la constitution de suretés réelles
ou personnelles.
• Le directoire
• Nomination et révocation
Il s’agit d’un organe collégial composé de trois à cinq
membres nommés par le conseil de surveillance dont le
président. Les membres du directoire sont révocables par
L’AG sur proposition du conseil de surveillance.
• Pouvoirs
Le directoire est bien entendu charger de la direction de la
société dans le cadre de la règle du pouvoir légal, et là encore
il engage la société au-delà de l’objet social à l’égard des tiers
de bonne fois, en étant responsable vis-à-vis des autres
associés.
VII. Les assemblées d’associés
Les règles qui gouvernent la tenue des assemblées
d’actionnaires des SPA sont lourdes et nombreuses.
Nous nous bornerons ici à indiquer les majorités requises et
signaler quelques particularités fondamentales les décisions
sont évidemment prises à la majorité en capital, mais certaines
actions ne donnent pas de droit de vote.
• Assemblée générale ordinaire (AGO)
La prise de décision est soumise, sur première convocation,
à la réunion d’un quorum d’un quart des actions ayant le
droit de vote. A défaut, il faudra convoquer une nouvelle
assemblée qui pourra statuer sans exigence de quorum, à la
majorité simple des voix des actionnaires présents ou
représentés.
• Assemblée générale extraordinaire (AGE)
Tous les actionnaires peuvent y participer et là encore la loi
prévoit des exigences de quorum et de majorité qualifiée.
A la première convocation, le quorum nécessaire pour que
l’assemblée puisse valablement statuer est de la moitié des
actions ayant le droit de vote. A défaut, il faudra procéder à
une deuxième convocation et la loi fixe là encore une
exigence de quorum, cette fois-ci ramené au quart des
actions ayant le droit de vote.
En principe, la majorité requise est celle des deux tiers des
voix des actionnaires présents ou représentés.
A NOTER. Le législateur a donné au comité de
participation (institué par la loi n°90/11 relative aux
relations de travail modifiée et complétée) un véritable droit
de contrôle des SPA. Avant la tenue d’une assemblée, le
conseil de participation a droit à la communication des
mêmes documents que ceux fournis aux actionnaires.
• L’obligation d’information
a/information des dirigeants sociaux
les commissaires aux comptes doivent porter à la connaissance
du conseil d’administration ou du directoire et du conseil de
surveillance les renseignements relatifs :
-aux contrôles et vérifications auxquels ils ont procédés et les
différents sondages auxquels ils se sont livrés.
-aux postes du bilan et aux autres documents
comptables auxquels des modifications leur paraissent
nécessaire.
-aux irrégularités et inexactitudes constatées.
-les conclusions auxquelles conduisent les
observations et rectifications ci-dessus sur les résultats de
l’exercice comparés à ceux du précédent exercice.
L’article 715 ne précise ni le moment ni la forme dans laquelle
ces informations sont communiquées. Dans la pratique ces
informations sont communiquées avant la date de la réunion
du conseil d’administration ou du directoire au cours de
laquelle sont arrêtés les bilans et les comptes de l’exercice
écoulé.
b/ informations des actionnaires
les commissaires aux comptes doivent présenter des rapports
aux actionnaires.
-lors de l’assemblée générale annuelle, ils établissent deux
rapports dont l’un est général et l’autre spécial.
Le rapport général rend compte des vérifications que la loi
impose aux commissaires aux comptes. Ils certifient ou
refusent la certification de l’inventaire, des comptes sociaux et
du bilan (art.715 bis 4). Ils mentionnent dans leur rapport la
sincérité des informations qu’il contient. Ce rapport doit
également mentionner tous les faits relatifs à la vie sociale
entrant dans leurs prérogatives telles que les modifications
apportées à la présentation des comptes annuels ou à la
méthode de leur évaluation, les irrégularités et inexactitudes
qu’ils ont eu à relever dans l’exercice de leur mission, etc.
Le rapport spécial concerne les conventions conclues
directement ou indirectement entre la société et l’un de ses
administrateurs, DG, membre du directoire ou du conseil de
surveillance.
-lors des assemblées générales extraordinaires les
commissaires aux comptes établissent un rapport lorsque
notamment il y a eu une réduction du capital, une
transformation de la société et en cas d’irrégularité pouvant
compromettre l’exploitation de la société (art.715 bis 11).
III. CESSATION DE FONCTION DES COMMISSAIRES
AUX COMPTES
Les fonctions de commissaires aux comptes prennent fin par
l’arrivée du terme, la démission, la révocation, la récusation, la
dissolution de la société, son redressement judiciaire.
• LA RECUSATION
Elle peut être demandée au tribunal de commerce par un ou
plusieurs actionnaires représentant au moins le dixième du
capital social, à condition qu’ils se prévalent d’un juste motif.
Cette récusation si elle est prononcée entraine la cessation de
fonction des commissaires aux comptes. Un nouveau
commissaire aux comptes est alors désigné par le président du
tribunal, qui restera en fonction jusqu’à la désignation par
l’assemblée générale d’un autre commissaire aux comptes
(art.715 bis 8).
• LA REVOCATION
En cas de faute ou d’empêchement, les commissaires aux
comptes peuvent être relevés de leurs fonctions par décisions
de justice à la demande du conseil d’administration ou du
directoire ou d’un ou plusieurs actionnaires représentant au
mois le dixième du capital social ou de l’assemblée générale
(art.715 bis 9).
Les commissaires aux comptes commet une faute quant il
exécute mal ou n’exécute pas sa mission. Il est empêché quant
il devient in câble d’exercer ses fonctions dans les conditions
et délais requis (éloignement, maladie, etc.).