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CHAPITRE 2

EDP LINÉAIRES DU SECOND ORDRE

La forme générale d’une EDP linéaire du second ordre est :

a(x, y)u xx + 2b(x, y)u x y + c(x, y)u y y + d (x, y)u x + e(x, y)u y + f (x, y)u = g (x, y), (x, y) 2 D, (2.1)

où D Ω R2 ; a, b, c, d , e, f , g 2 C (D) sont des fonctions données. On suppose que a, b, c ne s’annulent


pas simultanément.

2.1 Classification
Définition 2.1 Le type de l’EDP (2.1) est donné par le sing du discriminant de la partie principale

a(x, y)u xx + 2b(x, y)u x y + c(x, y)u y y ,

soit ¢(x, y) = b 2 (x, y) ° a(x, y)c(x, y).

• L’équation (2.1) est dite hyperbolique au point (x 0 , y 0 ) 2 D si et seulement si ¢(x0 , y0 ) > 0. Si


(2.1) est hyperbolique pour tout point (x 0 , y 0 ) 2 D, on dit alors qu’elle est hyperbolique.

• L’équation (2.1) est dite parabolique au point (x 0 , y 0 ) 2 D si et seulement si ¢(x0 , y0 ) = 0. Si (2.1)


est parabolique pour tout point (x 0 , y 0 ) 2 D, on dit alors qu’elle est parabolique.

• L’équation (2.1) est dite elliptique au point (x 0 , y 0 ) 2 D si et seulement si ¢(x0 , y0 ) < 0. Si (2.1) est
elliptique pour tout point (x 0 , y 0 ) 2 D, on dit alors qu’elle est elleptique.

Exemple 2.1 1. L’équation des ondes :

u xx ° u t t = 0, u = u(x, t ).

On a : a = 1, b = 0, c = °1 =) ¢(x, t ) = 1 > 0, 8(x, t ) 2 R2 , elle est donc hyperbolique.

2. L’équation de la chaleur :
u t ° u xx = 0, u = u(x, t ).
On a : a = 1, b = 0, c = 0 =) ¢(x, t ) = 0 > 0, 8(x, t ) 2 R2 , elle est donc parabolique.

11
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3. L’équation de Laplace :
u xx + u y y = 0, u = u(x, y).
On a : a = 1, b = 0, c = 1 =) ¢(x, y) = °1 < 0, 8(x, y) 2 R2 , elle est donc elliptique.

4. L’équation de Tricomi
u xx + xu y y = 0, u = u(x, y).
On a : a = 1, b = 0, c = x =) ¢(x, y) = °x. Ainsi,

• dans le domaine {(x, y) 2 R2 : x < 0} l’équation de Tricomi est hyperbolique.


• dans le domaine {(x, y) 2 R2 : x = 0} : l’équation de Tricomi est parabolique.
• dans le domaine {(x, y) 2 R2 : x > 0} : l’équation de Tricomi est elliptique.

Définition 2.2 La transformation (ª, ¥) = (ª(x, y), ¥(x, y)), ª, ¥ 2 C 1 (R2 ), est un changement de coor-
données si le jacobien, Ø Ø
Ø Ø
Ø Ø ØØ @ª @ª Ø
Ø
Ø D(ª, ¥) Ø Ø @x @y Ø
Ø Ø Ø,
Ø D(x, y) Ø = ØØ Ø
Ø @¥ @¥ Ø
Ø @x @y Ø

est non nul.

Théorème :

Le type de l’EDP (2.1) est préservé par tout changement de coordonnées.

Autrement dit, le type de l’équation est une propriété intrinsèque, et il est indépendant du système
de coordonnées utilisé.
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Exemple 2.2 Considérons l’équation des ondes

u xx ° u y y = 0.

On a vu, dans l’exemple précédent, qu’elle est hyperbolique. On va déterminer son type dans les nou-
velles coordonnées :
ª(x, y) = x + y, ¥(x, y) = x ° y.
En posant
v(ª, ¥) = v(ª(x, y), ¥(x, y)) = u(x, y),
et en utilisant la règle de chaines, on obtient

u x = ªx v ª + ¥ x v ¥ = v ª + v ¥
u y = ªy v ª + ¥ y v ¥ = v ª ° v ¥
° ¢
u xx = v ª + v ¥ x
= ªx v ªª + ¥ x v ¥ª + ªx v ª¥ + ¥ x v ¥¥
= v ªª + 2v ª¥ v ¥¥
° ¢
uy y = vª ° v¥ y
= ª y v ªª + ¥ y v ¥ª ° ª y v ª¥ ° ¥ y v ¥¥
= v ªª ° 2v ª¥ v ¥¥ .

D’où,
° ¢ ° ¢
u xx ° u y y = 0 =) v ªª + 2v ª¥ v ¥¥ ° v ªª ° 2v ª¥ v ¥¥ = 0,

ce qui donne l’EDP :


v ª¥ = 0. 1
Pour cette dernière, le calcul du discriminant donne
1 1
¢(ª, ¥) = ° 0.0 = > 0,
4 4
donc elle est hyperbolique.

2.2 Les caractéristiques


Supposons, sans perte de généralité, que a(x, y) 6= 0, 8(x, y) 2 D.

Définition 2.3 On appelle courbe caractéristique de l’équation (2.1) toute solution de l’équation ca-
ractéristique
µ ∂ µ ∂
dy 2 dy
(C ) a ° 2b + c = 0.
dx dx
La recherche des caractéristiques se ramène donc à la résolution d’une équation algébrique du second
dy
degré en d x . On distingue alors 3 cas :

1. C’est l’équation des ondes écrite dans un nouveau système de coordonnées.


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1. Si b2 ° ac > 0 (hyperbolique) : (2.1) possède deux familles de courbes caractéristiques :


p p
d y b + b 2 ° ac d y b ° b 2 ° ac
= et = .
dx a dx a

2. Si b2 ° ac = 0 (parabolique) : (2.1) possède une famille de courbes caractéristiques :

dy b
= .
dx a

3. Si b2 ° ac > 0 (elliptique) : (2.1) possède deux familles de courbes caractéristiques complexes


conjuguées : p p
d y b + i ac ° b 2 d y b ° i ac ° b 2
= et = .
dx a dx a
Exemple 2.3 Considérons l’équation des ondes : u xx ° u y y = 0. L’équation caractéristique :
µ ∂2
dy
° 1 = 0.
dx

Il y a donc deux familles de courbes caractéristiques, solutions des EDOs :

dy dy
= +1 et = °1.
dx dx
En résolvant ces équations, on trouve les courbes

y + x = c1 et y ° x = c2 .

2.3 Formes canoniques


Si on effectue un changement de coordonnées (ª, ¥) = (ª(x, y), ¥(x, y)) ; v(ª, ¥) = u(x, y), l’équation
(2.1) devient :
(R) Av ªª + 2B v ª¥ +C v ¥¥ + ... termes d’ordre 1 ... = 0,

A(ª, ¥) = A(ª) = aª2x + 2bªx ª y + cª2y


B (ª, ¥) = aªx ¥ X + b(ªx ¥ y + ª y ¥ x ) + cª y ¥ y
C (ª, ¥) = C (¥) = a¥2x + 2b¥ x ¥ y + c¥2y

Nous allons donc choisir des ª et ¥ de façon à annuler l’un des termes A, B et C .

• Cas hyperbolique : Soit ¡(x, y) = c une courbe caractéristique de (2.1) 2 (écriture implicite). En
dy ¡
substituant d x = ° ¡xy dans l’équation caractéristique, on trouve :

a¡2x + 2b¡x ¡ y + c¡2y = 0 () A = 0

2. La fonction ¡ est dite intégrale première de l’équation différentielle (2.1)


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Ainsi, si on choisit
8
>
>
< ª = ¡1 (x, y), (les coordonnées caractéristiques)
>
>
: ¥ = ¡ (x, y),
2

où, ¡1 (x, y) = c 1 et ¡2 (x, y) = c 2 sont les deux familles de courbes caractéristiques, on aura,
A = C = 0. D’où, l’équation (R) devient 2B v ª¥ = f (ª, ¥, v, v ª , v ¥ ) ; ou bien

v ª¥ = H (ª, ¥, v, v ª , v ¥ ) : première forme canonique.

Si on effectue un 2e changement de variable :

X = ª + ¥, Y = •°¥ v(ª, ¥) = w(X , Y ),

on obtient
w X X ° w Y Y = F (X , Y , w, w X , w Y ) : deuxième forme canonique.

Exemple 2.4 Equation de Tricomi u xx + xu y y = 0, x < 0. L’équation caractéristique :


µ ∂
dy 2
+ x = 0,
dx
qui admet deux caractéristiques :
dy p dy p
= °x, = ° °x,
dx dx
dont les solutions sont
3 3 3 3
¡1 (x, y) = y + (°x) 2 = c 1 et ¡2 (x, y) = y ° (°x) 2 = c 2 .
2 2
Les coordonnées caractéristiques sont donc :
3 3 3 3
ª1 (x, y) = y + (°x) 2 et ¥(x, y) = y ° (°x) 2 .
2 2
En posant v(ª, ¥) = u(x, y), l’équation de Tricomi devient :
∑ ∏
2 vª ° v¥
°9(ª ° ¥) 3 v ª¥ + = 0,
6(ª ° ¥)
et ainsi,
vª ° v¥
v ª¥ = ° .
6(ª ° ¥)

• Cas parabolique : On a une seule famille de courbes caractéristiques ¡(x, y) = c. On prend donc
ª(x, y) = ¡(x, y), et ¥ une fonction de classe C 1 telle que (ª(x, y), ¥(x, y)) est un changement de
variables ; c-à-d, le jacobien Ø Ø
Ø D(ª, ¥) Ø
Ø Ø
Ø D(x, y) Ø 6= 0.
On aura ainsi A = B = 0. D’où, la forme canonique est :

v ¥¥ = F (ª, ¥, v, v ª , v ¥ ).
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Exemple 2.5 Considérons l’EDP suivante :

(E ) : x 2 u xx ° 2x yu x y + y 2 u y y + xu x + yu y = 0, x > 0.

On a ¢(x, y) = 0, (2.1) est donc parabolique. L’équation caractéristique :


µ ∂2 ∂µ
2 dy dy
x + 2x y + y 2 = 0,
dx dx

qui admet une seule famille de courbes caractéristiques, solutions de :

dy y
=° .
dx x
On trouve
¡(x, y) = x y = c.
La coordonnée caractéristique est donc :

ª(x, y) = x y.

En choisissant une deuxième variable ¥(x, y) = x, et en posant v(ª, ¥) = u(x, y), l’équation (2.1)
devient :
¥2 v ¥¥ + ¥v ¥ = 0,
et ainsi,

v ¥¥ = ° .
¥

• Cas elliptique : On a deux familles de courbes caractéristiques complexes conjuguées ¡(x, y) = c 1


et ¡(x, y) = c 2 . En prenant la partie réelle et la partie imaginaire de ¡ comme nouvelles variables,

ª(x, y) = <(¡(x, y)) et ¥(x, y) = =(¡(x, y)),

on obtient : A = C et B = 0. D’où, la forme canonique est :

v ªª + v ¥¥ = F (ª, ¥, v, v ª , v ¥ ).

Exemple 2.6 L’équation de Tricomi u xx + xu y y = 0, x > 0. L’équation caractéristique :


µ ∂2
dy
+ x = 0,
dx

qui admet deux caractéristiques complexes :

dy p dy p
= °i x, = +i x,
dx dx
dont les solutions sont
3 3 3 3
¡(x, y) = y + i x 2 = c 1 et ¡(x, y) = y ° i x 2 = c 2 .
2 2
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Les coordonnées caractéristiques sont donc :

3 3
ª1 (x, y) = <(¡(x, y)) = y et ¥(x, y) = =(¡(x, y)) = °x 2 .
2
En posant v(ª, ¥) = u(x, y), l’équation de Tricomi devient :

1
v ªª + v ¥¥ + v ¥ = 0,

et ainsi,
1
v ªª + v ¥¥ = ° v¥.

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