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COUR D'APPEL D'ORLÉANS

CHAMBRECIVILE
GROSSES + EXPÉDITIONS : le 04/03/2013

Me Jean-Michel DAUDE

la SCP LAVAL LUEGER

ARRÊT du : 04 MARS 2013


N° : - N° RG : 12/01124
DÉCISION ENTREPRISE : Jugement du Tribunal de Grande Instance de TOURS en date du
10 Janvier 2012

PARTIES EN CAUSE
APPELANTS :- Timbres fiscaux dématérialisés N°: 1265 3980 7058 9756 et 1265 3980
6872 0954

Monsieur Jean Yves PLUME

né le 06 Avril 1945 à MARCAY (37500)

6 rue des Cours

86120 BEUXES

AJ partielle (55 %) accordée par le bureau d'Aide Juridictionnelle d'Orléans (N° BAJ
2012/006296) en date du 17/01/2013

Monsieur Didier PLUME

né le 09 Décembre 1954 à MESSEME (86200)

5 rue du Chillou

37500 MARCAY

Monsieur Thierry PLUME

né le 11 Décembre 1956 à MESSEME (86200)

Le Moulin Guignet

86120 BEUXES

représentés par Me Jean-Michel DAUDE, avocat postulant au barreau d'ORLÉANS, assisté


de Me MAISSIN de la SCP LASCOSTE - PLAT - MAISSIN, avocat plaidant au barreau de
POITIERS,

D'UNE PART

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INTIMÉS : - Timbre fiscal dématérialisé N°: 1265 4086 2977 8508

Monsieur Bernard PLUME

né le 03 Janvier 1944 à MARCAY (37500)

La Roberderie - 20 rue des Pièces Bleues

37500 MARCAY

Madame Marie Reine PLUME épouse ETTEL

née le 11 Juin 1949 à MESSEME (86200)

36 chemin des Rivières

49400 VARRAINS

Madame Marie France PLUME épouse ROULET

née le 28 Septembre 1946 à MESSEME (86200)

La Haute Bourre

37500 LERNE

Monsieur Daniel PLUME

né le 30 Octobre 1951 à MESSEME (86200)

Place du 8 Mai

37120 RICHELIEU

représentés par la SCP LAVAL LUEGER, avocats postulants au barreau d'ORLÉANS,


assistés de Me BOURQUENCIER de la SCP REFERENS - LALOUM & ARNOULT,
avocat plaidant inscrit au barreau de TOURS,

D'AUTRE PART
• DÉCLARATION D'APPEL en date du :13 AVRIL 2012
• ORDONNANCE DE CLÔTURE du : 13 DECEMBRE 2012

COMPOSITION DE LA COUR

Lors des débats, du délibéré :


• Monsieur Bernard BUREAU, Président de Chambre,
• Madame Marie-Brigitte NOLLET, Conseiller,
• Madame Elisabeth HOURS, Conseiller.

Greffier :
• Mme Evelyne PEIGNE, Greffier lors des débats et du prononcé.

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DÉBATS :

A l'audience publique du 07 JANVIER 2013, à laquelle ont été entendus Madame Elisabeth
HOURS, Conseiller, en son rapport et les avocats des parties en leurs plaidoiries.

ARRÊT :

Prononcé le 04 MARS 2013 par mise à la disposition des parties au Greffe de la Cour, les
parties en ayant été préalablement avisées dans les conditions prévues au deuxième alinéa de
l'article 450 du Code de procédure civile.

Exposé du litige :

Monsieur Léonel PLUMÉ est décédé à MARCAY (37) le 23 avril 1989 laissant pour lui
succéder ses sept enfants : Jean-Yves, Didier, Thierry, Bernard, Daniel, Marie-Reine, épouse
ETTEL, et Marie-France, épouse ROULET, ainsi que son épouse, Madame Isabelle LORIN,
laquelle est décédée le 21 avril 2006 laissant les mêmes enfants à sa succession.

Madame LORIN, veuve PLUMÉ, avait déposé le 29 septembre 2005 entre les mains de son
notaire, un testament léguant à son fils, Jean-Yves, le droit d'usage et d'habitation pendant
une année de sa maison sise 20, rue du Carroi à Marçay ainsi que l'usage du mobilier la
meublant.

Les 7 et 10 mai 2010, Bernard, Daniel, Marie-Reine et Marie-France PLUMÉ ont assigné
Jean-Yves, Didier et Thierry PLUMÉ devant le tribunal de grande instance de Tours afin de
voir ordonner l'ouverture des opérations de compte liquidation partage des successions de
leurs parents et obtenir l'organisation d'une expertise permettant d'y parvenir. Ils ont en outre
sollicité remboursement, par les défendeurs, des frais d'obsèques et de réception engagés
après le décès de leur mère, et réclamé rapport, par Didier PLUMÉ, d'une somme de
3.000,31 euros donnée par la défunte ainsi que l'application des peines du recel successoral à
ce rapport.

Jean-Yves, Didier, et Thierry PLUMÉ ne se sont pas opposés à l'ouverture des opérations de
partage mais ont réclamé récompense au titre des importants travaux qu'ils ont affirmé avoir
réalisés dans la maison de leurs parents et réclamé restitution des dons manuels reçus par les
demandeurs ou leurs enfants. Didier PLUMÉ a précisé que la somme reçue de sa mère est un
remboursement et Jean-Yves PLUMÉ a réclamé paiement d'une indemnité de 14.600 euros
en rétribution des soins donnés à la défunte pendant 6 ans ainsi que d'un salaire différé de
27.643,19 euros correspondant au travail non rémunéré réalisé au profit de ses parents entre
le premier juillet 1959 et le 22 juillet 1965.

Par jugement en date du 10 janvier 2012, le tribunal a ordonné l'ouverture des opérations de
compte liquidation partage ainsi qu'une expertise judiciaire, désignant pour y procéder
Monsieur VEAUVY qui a reçu mission d'estimer chacun des immeubles dépendant de la
succession et de proposer, si cela apparaît possible, la constitution de lots. Il a débouté les
demandeurs de leur demande en remboursement des frais de faire-part et de réception
exposés à l'occasion des obsèques de leur mère, condamné Didier PLUMÉ à rapporter
3.000,31 euros à la succession de celle-ci sans appliquer à ce rapport les peines du recel
successoral, débouté Jean Yves PLUMÉ de ses demandes en paiement d'une indemnité et
d'un salaire différé, rejeté, comme étant prescrite, la demande en paiement des travaux
réalisés dans l'immeuble des défunts, débouté les défendeurs de leurs demandes de rapport
des sommes données par la défunte, non à ses enfants mais à ses petits-enfants, ainsi que de
leur demande en paiement de dommages et intérêts, et dit n'y avoir lieu à application de
l'article 700 du code de procédure civile.

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Jean-Yves, Didier et Thierry PLUMÉ ont interjeté appel de cette décision par déclaration en
date du 13 avril 2012.

Les dernières écritures des parties, prises en compte par la cour au titre de l'article 954 du
code de procédure civile, ont été déposées :

- l 27 novembre 2012 par les appelants,

- le 26 novembre 2012 par les intimés.

Les appelants concluent à l'infirmation partielle de la décision déférée en demandant à la


cour de :

- dire que l'expert judiciaire devra procéder à l'évaluation des travaux qu'ils ont réalisés dans
l'immeuble de leurs parents,

- dire que le montant de ces travaux est une dette de la succession qui devra leur être
remboursée,

- ordonner le rapport à la succession des fermages reçus de leur mère par les intimés ou leurs
enfants,

- débouter Bernard, Daniel, Marie-Reine et Marie-France PLUMÉ de leur demande de


rapport, par Didier PLUMÉ, d'une somme de 3.000,31 euros,

- allouer à Jean-Yves PLUMÉ la somme de 14.400 euros au titre de l'assistance apportée à sa


mère et celle de 37.201,95 au titre d'un salaire différé,

Ils sollicitent enfin 5.000 euros à titre de dommages et intérêts en raison de l'attitude
injurieuse et abusive de leurs frères et soeurs et 4.500 euros sur le fondement des dispositions
de l'article 700 du code de procédure civile.

Les intimés concluent à la confirmation du jugement déféré et à la condamnation des


appelants à leur verser une indemnité de procédure de 3.500 euros.

CELA ETANT EXPOSE, LA COUR,

Attendu qu'aucune des parties ne conteste les dispositions du jugement déféré relatives à
l'ouverture des opérations de compte liquidation partage des successions des époux Léonel
PLUMÉ, la désignation, pour y procéder, du président de la chambre des notaires d'Indre et
Loire avec faculté de délégation, l'organisation d'une expertise et le rejet des demandes
relatives aux frais de faire-part et de bouche, et qu'il convient de les confirmer ;

- Sur les travaux réalisés par les appelants dans la maison de leurs parents :

Attendu qu'il n'est nullement contesté que Jean-Yves, Didier et Thierry PLUMÉ ont réalisé
divers travaux dans l'immeuble de leurs parents avant le décès de leur père ;

Qu'ils ont ainsi remplacé un poulailler effondré par un garage, créé une buanderie, une salle
de bains et des toilettes, remplacé les huisseries et le portail et refait la cuisine vétuste ;

Que, cependant, il est tout aussi constant, puisque cela résulte tant de l'inventaire signé par
eux que des attestations qu'ils versent aux débats, que les travaux de remplacement des
huisseries et de réaménagement de la cuisine ont été réalisés en 1970 et 1971 alors que

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Didier et Thierry PLUMÉ, qui affirment les avoir effectués, étaient respectivement âgés de
16 et 14 ans et que ces appelants ne peuvent dès lors être entendus lorsqu'ils affirment avoir
intégralement financé ces travaux de leurs deniers personnels et les avoir seuls réalisés ;

Qu'au regard de leur âge, ils n'ont pu qu'apporter à leur père une aide en industrie, certes
appréciable, mais que leurs parents n'ont à l'évidence jamais entendu rémunérer puisqu'elle
était parfaitement normale pour des enfants mineurs hébergés au domicile familial ;

Attendu que la construction de la salle de bains a été terminée en 1973 alors que, la majorité
étant alors fixée à 21 ans, Didier PLUMÉ, âgé de 19 ans et son frère, âgé de 17 ans, étaient
encore tous deux mineurs et toujours hébergés et nourris par leurs parents ;

Que pour les mêmes motifs que ceux précédemment exposés, ils ne peuvent soutenir avoir
dirigé et réalisé seuls, sur leurs deniers personnels, ces travaux qui leur ont d'ailleurs permis
de profiter, eux aussi, du confort supplémentaire qu'ils apportaient dans la maison ;

Qu'enfin, il n'est pas contesté que Didier et Thierry PLUMÉ ont réalisé ensemble, entre 1976
et 1977, les travaux de remise en état de la façade de l'immeuble de leurs parents et qu'ils ont,
avec Jean-Yves PLUMÉ, construit en 1978 un garage à tracteur au lieu et place d'un
poulailler effondré ;

Attendu que les appelants fondent leur demande en paiement de l'intégralité de ces travaux
sur l'existence d'un quasi-contrat les liant à leurs parents et affirment que la dette contractée
par ces derniers à leur égard a été transmise à leurs successions ;

Mais attendu qu'en application de l'article 1315 du code civil, il appartient à celui qui se
prétend créancier d'apporter la preuve de l'obligation contractée envers lui ;

Qu'il a déjà été indiqué qu'il n'est nullement établi que les appelants entendaient facturer leur
participation à la rénovation de l'immeuble de leurs parents ou que ceux-ci entendaient la
rémunérer, le testament établi le 29 septembre 2005 par Madame Léonel PLUMÉ
démontrant d'ailleurs le contraire puisque la défunte y indiquait consentir une donation à son
fils, Jean-Yves, en raison de l'aide apportée par celui-ci pendant ses dernières années mais n'y
mentionnait aucune dette envers cet enfant ou un autre de ses fils ;

Qu'il apparaît dès lors que les époux Léonel PLUMÉ et leurs enfants ont procédé à divers
travaux entre 1970 et 1978 dans le cadre d'une entraide familiale dont aucun d'eux
n'imaginait qu'elle pourrait ouvrir droit à rémunération et qu'aucun quasi-contrat n'ayant été
conclu, aucune dette des époux Léonel PLUMÉ n'a été transmise à leurs successions ;

Qu'il sera par ailleurs surabondamment observé que les appelants, qui ont pour la première
fois régulièrement notifié une demande en paiement dans leurs conclusions en date du 3
février 2011, soit plus de trente années après la réalisation des travaux, font une lecture
erronée des dispositions de l'article 2237 du code civil aux termes duquel la prescription des
créances qu'il a contre la succession est suspendue contre l'héritier acceptant à concurrence
de l'actif net, c'est à dire de l'acceptant sous bénéfice d'inventaire, alors qu'ils ont accepté
purement et simplement les successions de leurs parents, ce qui les empêche de réclamer
l'application de cet article et a conduit, à bon droit, le tribunal à constater la prescription de
leur réclamation ;

Attendu enfin que Jean-Yves PLUMÉ, qui indique avoir rénové entièrement les faïences et la
peinture de la salle de bains en 2002, oublie de signaler qu'il occupait alors gracieusement
l'immeuble et a, lui aussi, profité de cette rénovation que sa mère n'a jamais entendu
rémunérer autrement qu'en lui laissant, au titre de son 'aide', qui comprenait nécessairement

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ces travaux, la jouissance gratuite de son immeuble, toutes charges payées, pendant un an ;

Que le jugement déféré sera en conséquence confirmé en ce qu'il a rejeté les demandes de
Didier, Thierry et Jean-Yves PLUMÉ tendant à obtenir reconnaissance de créances au titre
de travaux ;

- Sur la remise d'une somme de 3.000,31 euros par Madame Léonel PLUMÉ à son fils Didier
:

Attendu que Didier PLUMÉ, qui ne conteste pas avoir reçu ces fonds, soutient cependant
qu'ils lui ont été remis par sa mère en remboursement d'une somme qu'elle lui devait ;

Qu'il s'évince cependant de ses propres explications et de l'acte dactylographié qu'il a fait
signer à la défunte le 26 novembre 2005 que ces fonds lui ont été donnés au titre d'une perte
de salaires pendant 5 mois ;

Que, si Didier PLUMÉ affirme qu'il a, durant ces cinq mois, subi une incapacité totale de
travail en raison de coups portés par son frère Bernard, cette circonstance est indifférente
puisque Madame veuve PLUMÉ, qui n'était pas civilement responsable de Bernard PLUMÉ
et ne paraît nullement avoir été à l'origine d'une querelle entre les deux frères, n'était pas
redevable, envers Didier PLUMÉ, de la somme de 3.000,31 euros qu'elle lui a remise ;

Que c'est dès lors en faisant une exacte appréciation des faits qui lui étaient soumis que le
tribunal a qualifié cette remise de don manuel et ordonné son rapport à la succession de
Madame PLUMÉ ;

Que les intimés renonçant expressément devant la cour à réclamer l'application des peines du
recel successoral à ce rapport, il n'y a pas lieu d'examiner les conclusions des appelants sur
cette demande rejetée par le premier juge ;

- Sur les fermages perçus par la défunte qui auraient été reversés à ses petits-enfants :

Attendu qu'il ne résulte que d'une 'attestation' rédigée par Thierry PLUMÉ que Madame
veuve PLUMÉ avait l'habitude de répartir entre ses quatorze petits-enfants les fermages
qu'elle percevait, et remettait ainsi chaque année à chacun d'eux la somme de 70 euros ;

Qu'outre le fait que, pour justifier d'une telle affirmation, il n'est produit qu'un unique relevé
au nom de 'Marie-Alida PLUMÉ' démontrant le dépôt d'un chèque de 70 euros le 11 janvier
2006, il semble que Thierry PLUMÉ critique les cadeaux faits par sa mère à ses petits
enfants au seul motif qu'il n'a, quant à lui, pas eu d'enfant ;

Que l'appelant pourrait tout aussi bien reprocher à ses frères et soeurs de l'avoir empêché
d'être fils unique et que cette argumentation, dépourvue de tout sérieux, ne peut qu'être
écartée, les petits-enfants n'étant jamais tenus de rapporter à la succession de leurs
grands-parents les dons que ces derniers ont pu leur faire, et la modicité des sommes
éventuellement reçues par chacun de ses petits-enfants excluant que les cadeaux de nouvel an
opérés par Madame veuve PLUMÉ aient pu porter atteinte à la réserve héréditaire ;

- Sur l'assistance apportée par Jean-Yves PLUMÉ à sa mère :

Attendu qu'il est constant que Jean-Yves PLUMÉ est venu vivre avec sa mère à compter de
l'année 2000 et jusqu'à son décès ;

Qu'il est tout aussi constant que cette décision n'a pas été prise au regard d'un état de besoin

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de la défunte puisqu'il résulte de l'attestation émise par le médecin traitant de celle-ci comme
des témoignages de ses amis qu'elle était, moins d'un mois avant son décès, parfaitement
valide et lucide, ne souffrait d'aucun handicap, faisait seule ses courses, se déplaçait au
volant de sa voiture sans permis et faisait du vélo ;

Qu'il est en outre établi par les documents fiscaux versés aux débats que Madame veuve
PLUMÉ rémunérait une femme de ménage et qu'il ressort de son testament que l'aide
apportée par son fils a principalement concerné le jardin, qu'il a entretenu seul et à ses frais ;

Que cette aide a déjà été rémunérée par un hébergement gratuit pendant six années ainsi que
par la jouissance tout aussi gratuite, pendant une année suivant le décès de Madame PLUMÉ,
de l'immeuble dépendant de sa succession, eau, chauffage et électricité compris, ce qui
conduit à confirmer également le jugement déféré en ce qu'il a débouté Jean-Yves PLUMÉ
de sa demande tendant à obtenir paiement d'une somme de 14.400 euros ;

- Sur le salaire différé réclamé par Jean-Yves PLUMÉ :

Attendu qu'aux termes de l'article L 321-3 du code rural et de la pêche maritime, les
descendants d'un exploitant agricole qui, âgés de plus de 18 ans, participent directement et
effectivement à l'exploitation sans être associés aux bénéfices ni aux pertes et qui ne
reçoivent pas de salaire en argent en contrepartie de leur collaboration sont réputés
légalement bénéficiaires d'un contrat de travail à salaire différé ;

Qu'il appartient à celui qui se prétend bénéficiaire d'un tel contrat de travail d'apporter la
preuve qu'il remplit ces conditions légales en démontrant, non seulement qu'il n'a perçu
aucun salaire, mais également qu'il n'a reçu aucune contrepartie pour sa collaboration à
l'exploitation ;

Attendu que Jean-Yves PLUMÉ, qui a eu 18 ans le 6 avril 1963, réclame désormais paiement
d'un salaire différé à compter de cette date jusqu'au 22 juillet 1965 ;

Que, pour démontrer le bien fondé de sa demande, il verse aux débats une attestation de la
MSA indiquant qu'il était aide familial sur l'exploitation de ses parents 'du premier juillet
1959 au 31 décembre 1963', ce qui est sans intérêt puisque ne concernant pas la période dont
il réclame paiement, ainsi qu'une simple demande de renseignements émanant de ce même
organisme qui n'est pas plus probante ;

Qu'il produit également une attestation sur l'honneur établie par ses soins et contresignée par
deux témoins, Mesdames MARTIN, épouse ORILLUS, et ORILLUS, épouse VINET, mais
que ces pièces restent muettes sur l'absence de rémunération ou d'avantages qui ont pu être
consentis à l'appelant par ses parents à raison de l'aide qu'il leur a apportée ;

Qu'il produit enfin deux attestations établies par Mesdames BAILLARGEANT et MARTIN,
épouse ORILLUS, dans les termes identiques suivants : ' Monsieur Jean-Yves PLUMÉ a
accompli en qualité d'aide familial de manière habituelle et régulière sur l'exploitation de
son père Léonel PLUMÉ (numéro d'exploitant : 42.1023 7925211 olec 37744) durant la
période du premier juillet 1959 au 21 juillet 1965 sans rémunération d'aucune sorte' ;

Mais attendu que ces attestations, manifestement établies sous la dictée puisque tous deux
sont composées d'une unique phrase incomplète et mentionnent intégralement le numéro
d'exploitant de Monsieur Léonel PLUMÉ que les témoins ne pouvaient connaître, ne
détaillent aucun des travaux accomplis par Jean-Yves PLUMÉ et sont contredites par le
relevé de carrière ARCO de ce dernier qui mentionne, pour l'année 1965, 4 trimestres de
travail rémunérés pour un montant total de 5.223 francs, qui correspond à la rémunération

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perçue par lui en 1967, et qui fait état d'une période de service militaire en 1964 ainsi que
d'une activité comme 'salarié et aide familial' du 6 avril 1961 au 5 juillet 1965 ;

Qu'elles sont également combattues par les attestations rédigées par Messieurs
BERTHOLLEAU et MEUNIER qui certifient que Jean-Yves PLUMÉ a travaillé chez
Monsieur Raymond CHAUVET comme ouvrier agricole de 1963 à juillet 1965 ;

Que, malgré la demande des intimés, l'appelant ne verse pas aux débats son relevé de carrière
MSA et que les pièces qu'il produit sont dès lors très insuffisantes pour apporter la preuve qui
lui incombe d'une activité à temps complet d'aide familial non rémunéré du 6 avril 1963 au
22 juillet 1965 ;

- Sur les autres demandes :

Attendu que les longues écritures des parties visant à démontrer leurs turpitudes respectives
sont sans intérêt pour la solution du litige devant être tranché par la cour et n'ont donc pas à
faire l'objet d'un examen, la demande en paiement de dommages et intérêts formée par les
appelants en raison 'de l'attitude injurieuse et abusive' des intimés ayant à bon droit été
rejetée par le premier juge en l'absence de toute pièce probante ;

Que les appelants succombant entièrement, il convient de faire application des dispositions
de l'article 700 du code de procédure civile au profit de Bernard, Daniel, Marie-Reine et
Marie-France PLUMÉ ;

PAR CES MOTIFS

****************

STATUANT publiquement, par arrêt contradictoire et en dernier ressort,

CONFIRME la décision entreprise,

Y AJOUTANT,

CONDAMNE in solidum Jean-Yves, Didier et Thierry PLUMÉ à payer à Bernard, Daniel,


Marie-Reine et Marie-France PLUMÉ, ensemble, la somme de 2.000 euros au titre des
dispositions de l'article 700 du code de procédure civile,

CONDAMNE in solidum Jean-Yves, Didier et Thierry PLUMÉ aux dépens d'appel,

ACCORDE à la SCP LAVAL-LUEGER, avocat, le bénéfice des dispositions de l'article 699


du code de procédure civile.

Arrêt signé par Monsieur Bernard BUREAU, Président de Chambre et Madame Evelyne
PEIGNE, greffier auquel la minute de la décision a été remise par le magistrat signataire.

LE GREFFIER LE PRÉSIDENT

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