Vous êtes sur la page 1sur 26

See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/309375406

Les ressources génétiques des blés en Algérie : passe, présent et futur.

Conference Paper · February 2009

CITATIONS READS

0 107

2 authors:

Aissa Abdelguerfi Meriem Laouar


Ecole Nationale Supérieure Agronomique Ecole Nationale Supérieure Agronomique
370 PUBLICATIONS   1,061 CITATIONS    170 PUBLICATIONS   294 CITATIONS   

SEE PROFILE SEE PROFILE

Some of the authors of this publication are also working on these related projects:

Projet APA piloté par la DGF View project

Projet APA View project

All content following this page was uploaded by Aissa Abdelguerfi on 26 October 2016.

The user has requested enhancement of the downloaded file.


LES RESSOURCES GENETIQUES
DES BLES EN ALGERIE : PASSE,
PRESENT ET AVENIR
Abdelguerfi1 A. et Laouar2 M.
1 INA-MATET, El Harrach 16200 Alger-Algérie
2 INRAA, El Harrach 16200 Alger-Algérie
aabdelguerfi@yahoo.fr – laouar_m@yahoo.fr
 Quelle est l ’évolution quantitative des ressources
génétiques des blés en Algérie, entre le passé récent
et le présent ?

 Quelles sont les variétés les plus cultivées (risques)

 Que représentent actuellement les spécificités de nos


ressources et des savoirs faire locaux ?

 Comment survivre à la globalisation ?

06/01/2012 R.G. du Blé 2


AU DÉBUT DU 20ème SIÈCLE

 Les blés étaient représentés par plusieurs


espèces et sous-espèces (Ducellier, 1930) :
 les blés durs : Triticum durum Desf. ;
 les blés tendres Triticum vulgare Host. ;
 les blés tendre des Oasis T.vulgare var.oasicolum L.D. ;
 l’épeautre du Sahara T.spelta L. var.saharae L.D. 6 espèces
 le blé de Pologne (T.polonicum L.) ;
 le blé Poulard (T.turgidum L.) ;

 Les blés exotiques (Ducellier, 1930) :


 Blé Faux-Amidonnier (Triticum dicoccoïdes V.Kornicke) ;
4 espèces
 Blé d’Orient (T.orientale J.Percival) ;
 Blé de Perse (T.persicum Vavilov) ;
 Blé à grain rond ou nain de l’Inde (T.sphoerococcum J.Percival).
06/01/2012 R.G. du Blé 3
 Les blés durs :
 Barbus : 29 variétés/populations 30 variétés/pop
 Sans barbes : 1 variété (mentionnée en 1922) dont
6 étrangères
Blés durs barbus (Ducellier, 1930) :
1. Blé Aouedj . 16. Blé Azizi
2. Blé Beïda=Aïcha el Beïda 17. Blé Beliouni rouge
3. Blé Bidi ou Bahi 18. Blé Caïd de Siouf
4. Blé Caïd Eleuze 19. Blé Cheba
5. Blé Chetla=de Boghar 20. Blé de Sicile
6. Blé Hached 21. Blé Hadjini
7. Blé Hadjini rouge et Mekki 22. Blé Hamra
8. Blé Hedba=Pélissier =Chalvin=blanc de Médéa
9. Blé Kahla 23. Blé Labeter
10. Blé Mahmoudi de Sétif 24. Blé Mazouza
11. Blé Medeba 25. Blé Merouani
12. Blé Meskiana 26. Blé Mohamed Ben Bachir
13. Blé Noir de Médéa=blé de Médéa 27. Blé Poulot
14. Blé Rouge de Médéa 28. Blé rouge de Montgolfier
15. Blé Rouge de Tlemcen 29. Blé Zedouni
06/01/2012 R.G. du Blé 4
 Les blés tendres :
 Sans barbes : 3 variétés (1850-1896)
 Avec barbes : 6 variétés

Blés sans barbes :


1. Bladette de Besplas ou Tuzelle de Descartes
2. Blé d’Odessa sans barbes ou Tuzelle de Bel Abbès
3. Richelle blanche hâtive ou Richelle d’Alger
9 variétés/pop
Blés avec barbes : dont
1. Blé de Mahon 7 étrangères
2. Blé de Mahon à gros grain=Mahon Demias
3. Blé du Dahra
4. Blé Saharaoui=Cheguira
5. Saissettes
6. Tuzelle rouge barbue ou Tuzelle barbue

06/01/2012 R.G. du Blé 5


 Les blés des Oasis et du Sahara :
4 espèces
 Blés tendres des Oasis : 9 variétés/populations
 Epeautre du Sahara : 9 variétés/populations
Blés tendres Blés Epeautre
1. Blé Baroudi 1. Abdessalem
2. Blé Chatar 2. Ali-Ben Maklouf Essentiellement
3. Blé Chedjera 3. Blé d’In-Salah des variétés/pop
4. Blé El-Koufi 4. Bou-Chouka locales
5. Blé Fereh ou Hamra 5. Djeghloul rouge barbu
6. Blé Hamra barbu 6. El-Khamra
7. Blé Mansouri 7. Masraf
8. Blé Moumenia 8. Sebbaga
9. Blé Sekoundra ou Tafertast 9. Sidi-Mansour
 Les blés de Pologne :
 Très rares, localisés dans certaines régions (Aurès, Tafilalt)
 Le blé Poulard :
 Très rare
06/01/2012 R.G. du Blé 6
A L’INDEPENDANCE
 Blés durs : Plus de 30 années après les travaux de Ducellier
(1930), Laumont et Erroux (1961) ont mentionné les mêmes
noms de blés durs à quelques exceptions.

1. Adjini 9 et 19 9. Mekki 16.470


2. Bidi 17 10. Mohamed Ben Bachir 8.037
3. Biskri AC2 11. Oued Zenati 368
4. Boghar 8.025 12. Pélissier 16 variétés
5. Hedba 3 13. Saba améliorées dont
6. Labeter 8.024 14. Tessalah 294 4 étrangères
7. Langlois 1.527 15. Tlemcen 277
8. Mahmoudi 8.041 16. Zenati x Bouteille 13.953

06/01/2012 R.G. du Blé 7


 Blés tendres : Laumont et Erroux (1962) mentionnent les
mêmes noms que ceux rapportés par Ducellier (1930).
10 variétés
améliorées

1. Mahon Demias 6. Florence-Aurore 8191


2. Baroota 8791 7. Aegilops 14227
3. Pusa-Florence 380 8. Florence x Mahon 7356
4. Florence-Aurore 8193 9. Pusa x Mentana
5. Florence-Aurore 8189 10. Pumaflor

06/01/2012 R.G. du Blé 8


DU DÉBUT DU 20ème SIÈCLE A 1962
 On est passé des populations à des variétés
sélectionnées à partir des populations locales ou à
partir de croisements de matériel local le plus
souvent !

 Les objectifs de sélection étaient clairs et les résultats


étaient très concluants.

 Démarche basée sur la sélection et l ’amélioration


génétiques douces, continues et non brusques ; le
matériel de base étant les populations ancestrales.

06/01/2012 R.G. du Blé 9


A PARTIR DE 1967-68
 Introduction massive des cultivars
étrangers dits à haut potentiel génétique
 Espoir de trouver des variétés
miracles sélectionnées ailleurs !
 Abondant des variétés locales par beaucoup d ’Agriculteurs
 La non maîtrise du paquet technologique et le coût de certains
input n ’ont pas permis l ’augmentation importante de la
production.
 Les anciens circuits de production de semences ont régressé.

 Face aux problèmes d ’adaptation, aux exigences techniques des


variétés dites à haut potentiel génétique, aux besoins en
pailles…
 Retour de certains Agriculteurs aux variétés rustiques !
06/01/2012 R.G. du Blé 10
LA FIN DU 20ème SIECLE
 La liste des blés durs et tendres mentionnés par l’ITGC en 1995
est la suivante :
Blés durs Blés tendres
1. Aribs (ex. Capeiti) 1. Ain Abid (ex. AS 81 189 A)
2. Bibans (ex. Montpellier 37.856) 2. Anza
3. Arz
3. Bidi 17 4. Chellif (ex. Pavon ‘S’)
4. Chougrane (ex. Polinicum) 5. Florence Aurore 7193
5. Guemgoum R’Khem 6. Hiddab (ex. Neelkart)
6. Hedba 3 7. Hodna (ex. Acsad 59)
7. Hoggar (ex. Vitron) 8. Isser (ex Zeergoon)
8. Mohamed Ben Bachir 9. Mahon Demias
9. Oued Zenati 368 10. Mimouni
10. Rahouia 80 (Gloire de Montgolfier) 11. Nesser
12. Rhumel (ex. Siete Cerros)
11. Righa (ex Cocorit 71) 13. Sidi Okba (ex Sham 4)
12. Sahel 77 14. Soummam (ex. Dougga x BJ.Y ‘S’)
13. Sebaou (ex. INRAT 69) 15. Strampelli
14. Tassili (ex. Mexicali 75) 16. Tessalah (ex. Mexicano 1481)
15. Waha ‘S’ 17. Ziad
16. Zibans (ex. ZB x FG) 18. Zidene
 Le CNCC a autorisé, en 1998, la production et la
commercialisation de 25 variétés de blé dur, 20 variétés de blé tendre.
06/01/2012 R.G. du Blé 11
Qu’en-est-il des ressources génétiques
des blés à la fin du 20ème siècle ?
Blé dur :
 Plusieurs variétés ont éventuellement changé simplement
de nom après avoir subi plusieurs essais de
comportement

 Parfois les noms ont été algérianisés

 D’autres variétés, par contre, ont


été obtenues après un travail
laborieux de sélection

 Plusieurs de ces variétés mises au point ne sont souvent pas


adoptées par les agriculteurs car elles ne répondent pas
à leurs préoccupations immédiates.
06/01/2012 R.G. du Blé 12
 1991/92 : situation « équilibrée » avec Mexicali (30%),
Bidi 17 (16), Mohamed Ben Bachir (13), Vitron (11),
Acsad 65 (11) et Waha (8%).
 Pour les cultivars locaux (de 1991/92 à 1998/99) : Bidi 17,
Hedba 3 et Oued Zenati, cultivars locaux, sont passés
respectivement de 16%, 4% et 3% à 4%, 1% et 0% des
semences vendues.
 Evolution très nette vers la monoculture de la variété
Waha : 65% en 1998/99, bombe à retardement
constituant un danger certain au niveau national
70 Waha
% de vente des semences

60 MBB
50 Poloni.
40 Capietti
30 GTA
20 Mexicali
10 Bidi
0 Vitron
1991/1992 1997/98 1998/99 Acsad
06/01/2012 R.G. du Blé 13
Blé tendre :
 1991/92 : HD1220 représentait seulement 18% alors que Anza,
Arz et S.cerros représentaient environ 43, 21 et 13%.

 1997/98 : la variété HD1220 représente 87.5% alors que Arz et


Anza ne représentent respectivement que 8.5% et 2.8% des
ventes de semences.

 Les anciennes variétés locales n’étaient plus commercialisées.

Autres cultures :
 Compte tenu des prix incitatifs pratiqués par l’Etat, la production
de semences des orges et des avoines semble de plus en
plus négligeable à côté de celle des blés.
06/01/2012 R.G. du Blé 14
ACTUELLEMENT
 Le CNCC a autorisé, en 2006, la production et la
commercialisation de 32 variétés de blé dur, 26 variétés de blé tendre.
Blé dur :
 Evolution très nette vers la monoculture de la variété
Waha et Vitron : bombe à retardement constituant un
danger certain au niveau national
30
2007-2008
% de vente des semences

25

20

15

10

0
r
S" ar
)
Du n'
S hi
r
ili
) ) a3 )
a" g ta e
Ba
c s to ed
b eto
ah og G Ch . as fa
n
H im
W (H .B (T (O (S
on M 75 is so
u
tr li m r
Vi ica r se Se
ex ua
M O
 Waha et Vitron: environ 60% des ventes, les cinq variétés
seulement représentent 94% des ventes!
06/01/2012 R.G. du Blé 15
Blé tendre :

 HD1220 : catastrophe en 2003-2004: Rouille jaune


(réduction du rendement de 60% en moyenne, beaucoup de
parcelles : rendement nul !!

 Evolution très nette vers la monoculture de la variété


HD1220 : environ 70% des ventes! bombe à
retardement constituant aussi un danger certain au
niveau national
% de vente des semences

70
60
50 2007-2008
40
30
20
10
0
HD 1220 (Hiddab) Arz (B.Slimane) Anza AS 81189 "A" (Ain
06/01/2012 R.G. du Blé abid) 16
BILAN SUR PRES D’UN SIECLE

Espèces : d’environ 10 à 2 espèces

Variétés cataloguées :
-Blé dur : de 30 (6 introduites) à 32 (peu de locales)
-Blé tendre : de 9 (7 introduites) à 26 (1 ou 2 locales)

Variétés cultivées :
-Blé dur : d’une multitude à 4 ou 5 !
-Blé tendre : d’une dizaine à 1 ou 2 !
06/01/2012 R.G. du Blé 17
FINALEMENT, DURANT PRES D ’UN SIECLE :

NOUS SOMMES PASSES D ’UNE MULTITIDE


DE POPULATIONS DE TERROIRS A
QUELQUES VARIETES HOMOGENES !

06/01/2012 R.G. du Blé 18


DES STRATEGIES ANCESTRALES AUX
INSTABILITES ACTUELLES
 Dans le passé, la  Actuellement, l ’injection
sélection était très douce, massive, dans les systèmes de
la base génétique large production, de variétés de blé
(meilleure adaptation) et exigeantes et à base génétique très
l ’utilisation multiple étroite.
(grain, paille).
Forte fragilisation d ’une
La mise au point de cultivars
catégorie de la profession
de terroirs était largement
(zones fertiles) et
justifiée.
marginalisation du reste de la
profession (zones difficiles).
 Au niveau international, la recherche de variétés à rendements
stables est d ’actualité ; les savoirs populaires ainsi que la
matériel végétal local sont largement pris en compte.
06/01/2012 R.G. du Blé 19
 Les risques sont souvent pris essentiellement par les
Agriculteurs et la culture des blés, selon les normes, est devenue
‘‘Programme d ’Intensification ’’!

 De par le passé, la conservation et la  Actuellement, la


production de semences relevaient de la centralisation entraîne
compétence des zaouiats et des grandes souvent des mélanges et
familles des régions céréalières. Les des problèmes
circuits d ’échange et de d ’utilisation de variétés
commercialisation étaient localisés au inadéquates.
niveau des terroirs.

 Les techniques de ‘‘coupage’’ de semoule de


blés locaux et introduits mises au point par les
femmes rurales pour la préparation de plats
locaux sont inconnues et non maîtrisées par nos
laboratoires de technologies alimentaires.
06/01/2012 R.G. du Blé 20
Selon C.FRIEDBERG (1999) :
 Les savoirs populaires, souvent qualifiés de traditionnels, ne
sont pas figés dans un passé immémorial mais évoluent au fur et
à mesure que le contexte se modifie. Ils s ’inscrivent dans des
pratiques techniques mais aussi sociales et leur efficacité dépend
des relations entre les partenaires concernés
 Chaque société construit les éléments qui constituent son
environnement à la fois sur le plan matériel et sur le plan
conceptuel.
 Les savoirs technologiques, au contraire, se figent souvent
dans une généralisation rassurante pour ceux qui les appliquent,
mais inadaptés au contexte particulier dans lequel on doit les
appliquer. Ce contexte doit être défini non seulement en terme de
conditions du milieu physique et biologique mais aussi de
conditions socioculturelles.

06/01/2012 R.G. du Blé 21


POUR ATTEINDRE UN DEVELOPPEMENT DURABLE ET
SURVIVRE A LA GLOBALISATION
D’abord le constat :
 Uniformisation variétale, voire monoculture variétale !
 Disparition de la notion de terroir et de culture de terroir ;
 Perte des ressources génétiques ancestrales et négligence des
savoirs faire locaux ;
 Approche basée sur un élément du système de production (la
variété) et non sur le fonctionnement et la production de tout le
système !
 L’absence de coordination, voire le cloisonnement, entre structures
complémentaires ;
 L’appareil de recherche-développement ne semble pas opérationnel;
 Négligences des aspects sociaux et l’approche système n’est qu’un
slogan !
06/01/2012 R.G. du Blé 22
Quelques orientations :

 Retour vers la spécificité des différentes régions et


réhabilitation de la notion de terroir ;

 Valorisation des savoirs faire locaux ;

 Labélisation de certains produits locaux (de la variété au plat


local);

 Meilleure articulation entre recherche-développement en


tenant compte des spécificités locales ;

 Meilleure préservation et valorisation des ressources


génétiques, des agro-écosystèmes et de leur diversité !
06/01/2012 R.G. du Blé 23
CONCLUSION
 Le retour indispensable et urgent vers les notions de terroirs, de
spécificités régionales et la valorisation des ressources génétiques et
des savoirs faire locaux, sont vitaux pour le pays face à la
globalisation au niveau international ;
 De tels objectifs seraient difficiles à atteindre si la coordination, la
concertation et l’engagement des différents secteurs et partenaires
concernés ne sont pas concrètement affichés.
Cela suppose un développement des esprits, la nécessité de sortir des
sentiers battus et l’avènement d’idées originales et parfois seulement
ancestrales !
 Une telle démarche, bien qu’indispensable, s’annonce difficile
d’autant plus que nombreux sont ceux qui considèrent “ que ce qui
vient d’ailleurs est meilleur ” et que beaucoup d ’entre-nous sont des
déracinés !
06/01/2012 R.G. du Blé 24
Remerciements
CNCC : M. Khaddem, Mmes Zakia M., Ioutichene R.
OAIC : M. Bouchouika, Mme Bensemaia
ITGC : M. Khaldoun, Mme Bellah F.
INRAA : Dr. Abbas K.
Merci pour votre attention
06/01/2012 R.G. du Blé 25
View publication stats

Vous aimerez peut-être aussi