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Conservatoire National des Arts et Métiers

1 Introduction
Ce cours aborde le problème de la propagation des ondes électromagnétiques. Les formules d'électromagnétisme qui
permettent d'étudier les phénomènes de propagation se déduisent des équations de Maxwell. Cependant, on obtient
alors, dans bien des cas pratiques, des jeux d'équations extrêmement compliqués à résoudre. L'objectif de ce cours est
d'arriver rapidement à l'établissement d'un bilan de liaison entre un émetteur et un récepteur. Le bilan de liaison est un
résumé chiffré exhaustif des influences des différents phénomènes physiques qui interviennent lors de la propagation de
l'onde électromagnétique.

On parle de propagation lorsqu'un phénomène produit par une source S à un instant t 0 arrive à un instant ultérieur

t 1 = t 0 + τ en un point M situé à une distance d de la source S.

A tout instant on peut décomposer l'espace en deux régions : l'une située à proximité de la source où le phénomène est
arrivé, l'autre située à grande distance de la source où le phénomène n'est pas encore arrivé. La frontière entre ces deux
domaines est définie par une équation en x, y, z , t . Cette frontière se déplace avec une certaine vitesse et s'appelle le
front d'onde avant. Si le phénomène cesse on voit alors aussi apparaître un front d'onde arrière.

z
r P
v

front d'onde avant

x
S
front d'onde arrière

On peut alors aboutir aux définitions suivantes :


• La propagation est un transfert d'énergie sans transfert de matières, résultat de l'évolution dans le temps de la
distribution spatiale d'un champ dans le milieu où se produit le transfert.
• La propagation par onde est un type de propagation possédant une vitesse définie.

On distingue alors la propagation en visibilité et la propagation en non visibilité.

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1.1 La propagation en visibilité


Elle concerne des liaisons pour lesquelles la propagation est de type "optique" ou quasi optique. Ces liaisons utilisent
des fréquences élevées dans le domaine des ondes centimétriques ou millimétriques. Bien que l'émetteur et le récepteur
soient en visibilité l'un par rapport à l'autre, des perturbations, induites par la présence du sol ou de l'atmosphère
peuvent intervenir. Deux grandes familles de liaisons appartiennent à cette classe :
• Les liaisons sol-sol, de type faisceaux Hertziens.
• Les liaisons sol-espace, utilisées par les systèmes de transmissions par satellites.

1.2 La propagation en non visibilité


Elle concerne des liaisons pour lesquelles un obstacle est interposé entre l'émetteur et le récepteur. Le signal émis va
alors se propager grâce à différents phénomènes :

• La diffraction (ang.diffraction) se produit lorsque la ligne de visée (ang. Line of Sight : LOS) entre l'émetteur et le
récepteur est obstruée par un obstacle opaque dont les dimensions sont plus grandes que la longueur d'onde du
signal émis.
• La diffusion (ang. scattering) se produit dans le même cas que la diffraction mais lorsque les dimensions des
obstacles sont comparables à la longueur d'onde.
• La réflexion (ang. reflection) se produit lorsque l'onde émise rencontre un obstacle dont les dimensions sont très
largement supérieures à la longueur d'onde. La réflexion peut avoir pour effet une augmentation ou une diminution
du niveau du signal reçu. Lorsqu'il y a un grand nombre de réflexions le niveau du signal reçu peut devenir instable.
• La transmission (ang transmission) se produit lorsque l'obstacle est en partie "transparent" vis à vis de l'onde émise
• La réfraction (ang refraction) provient du fait que la variation de l'indice atmosphérique entraîne une propagation
"courbée" de l'onde émise.

Quelques exemples :
Phénomènes de diffraction par le sol :
- diffraction sur un sol sphérique, cas des grandes ondes (de 10 kHz à quelques dizaines de MHz)
- diffraction sur une arête, cas des ondes centimétriques par exemple
Phénomènes de diffusion dans les couches de l'atmosphère :
- couches basses, diffusion troposphérique, utilisée pour les liaisons à usage militaire de longue portée (quelques
centaines de km) à des fréquences de quelques centaines de MHz à 1 GHz environ.
- couches élevées, diffusion ionosphérique, utilisée pour des liaisons à très grandes distances avec des
fréquences entre 30 et 60 MHz.
Phénomènes de réflexion ionosphérique :
- Il s'agit en fait de réfraction dans la ionosphère, utilisée pour de liaisons à très grande distance. Plusieurs
réflexions peuvent avoir lieu. Avec une seule réflexion on peut atteindre des distances d'environ 3500 km, avec
3 réflexions on peut aller jusqu'à 10.500 km. Les fréquences utilisées se situent entre 2 et 30 MHz.

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2 Propagation en espace libre


Lors de la définition d'un système de communications, il est nécessaire de déterminer le type et la taille des antennes
d'émission et de réception, la puissance d'émission, l'ensemble des pertes et affaiblissements que va subir l'onde émise
et enfin le rapport signal à bruit nécessaire pour pouvoir effectuer la transmission avec la qualité requise. Effectuer cet
ensemble de déterminations constitue l'établissement du Bilan de Liaison (ang. Budget Link).

2.1 Les antennes


On considère en général deux types de liaison radioélectriques avec deux familles d'antennes :

Les liaisons dont les antennes sont à des hauteurs au dessus du sol très largement supérieure à la longueur d'onde. C'est
le cas pour toutes les ondes dont la longueur d'onde est inférieure au mètre. Les antennes de référence sont alors :
1. Le doublet élémentaire de Hertz qui est un élément de courant de longueur très inférieure à la longueur d'onde pour
laquelle il fonctionne. Le diagramme de rayonnement en champ d'un tel doublet est un tore qui a pour centre le
doublet et dont le rayon au centre est nul.
2. Le doublet demi-onde est un élément rayonnant filiforme dont la longueur est égale à la moitié de la longueur
d'onde sur laquelle il fonctionne.
3. L'antenne isotrope est une antenne qui rayonne de la même façon dans toutes les directions. Son diagramme de
rayonnement est une sphère centrée sur l'antenne. Une telle antenne est irréalisable cependant elle est en général
utilisée comme antenne de référence.

Les liaisons dont les antennes sont à une hauteur au dessus du sol très inférieure à la longueur d'onde. C'est le cas pour
les grandes longueurs d'onde (ex VLF, LF). Seule la polarisation verticale est alors utilisable et l'on rencontre :
1. L'antenne verticale courte au dessus d'un sol supposé infiniment conducteur. C'est la moitié d'un doublet de Hertz.
2. L'antenne verticale quart d'onde au dessus d'un sol supposé infiniment conducteur. C'est donc la moitié d'un doublet
demi-onde.

2.2 Gain et aire équivalente d'une antenne


Lorsque l'on utilise une antenne quelconque au lieu de l'antenne isotrope, considérée comme l'antenne de référence,
cette antenne concentre la puissance rayonnée dans certaines directions de l'espace, repérées, dans un système de
coordonnées polaires, par un couple (θ, ϕ) .

On peut alors introduire la directivité de l'antenne d'émission G e (θ, ϕ ) et tout se passe dans une direction (θ, ϕ) comme

si l'on utilisait une antenne isotrope mais que la puissance Pe de l'émetteur était remplacée par :

Pe' = G e (θ, ϕ ) Pe

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S
θ
ϕ
d

θ
δS

En considérant la propagation sans perte d'une onde sphérique, le flux de puissance (en W/m²) à une distance d de
l'antenne s'écrit :
Pe
φ(d ) =
4.π.d 2
La puissance captée par un élément de surface δS placé à la distance d de l'antenne et dont la normale est dirigé vers
cette antenne d'émission est alors égale à φ( d ) δS . En intégrant sur la surface de la sphère de rayon d on doit retrouver

la puissance émise Pe :
θ = 2π π
d 2 sin (ϕ ) Ge (θ,ϕ )
Pe
Pe = ∫ ∫ .dϕ.dθ
θ =0 ϕ =0 4 πd 2

Une antenne de réception possède une aire équivalente Ar . Cette antenne reçoit ainsi une puissance :

Pr = φ( d ) Ar

Dans le cas d'une antenne qui possède une ouverture (ex antenne parabolique), l'aire équivalente Ar n'est pas
obligatoirement égale à l'ouverture de l'antenne mais elle est en général proportionnelle à celle ci à travers un coefficient
η appelé efficacité. Ce coefficient varie en général entre 0.5 et 0.7.

Supposons maintenant que l'antenne soit directive et rayonne principalement dans une direction définie par un azimut et
une élévation (θ 0 , ϕ 0 ) . Par rapport à l'antenne isotrope, le flux de puissance dans cette direction sera multiplié par un

coefficient Ge (θ0 ,ϕ 0 ) , qui représente donc la valeur maximale de la directivité et que l'on appellera le gain
d'antenne.
Pour simplifier les écritures, nous supposerons dans la suite que l'on s'intéresse à cette direction privilégiée (θ 0 , ϕ 0 ) et

l'on omettra de le préciser dans l'expression du gain : Ge .

Nous avons ainsi défini le gain pour l'antenne d'émission et l'aire équivalente pour l'antenne de réception. La même
antenne peut être utilisée à l'émission ou à la réception. La relation suivante permet de relier l'aire équivalente et le
gain :

λ2
Ar = Ge

Ainsi, on peut toujours calculer l'aire équivalente d'une antenne (exemple: l'antenne non directive (gain linéaire égal à 1)
d'un téléphone GSM à 900 MHz a donc une aire équivalente égale à : 8.8 10-3 m². Cette aire est équivalente est égale à
celle d'un disque de 5 cm de rayon).

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Le gain d'antenne est souvent exprimé en décibel par le calcul de 10 log (G e ) . Ce gain est alors exprimé en dBi (dB par
rapport à une antenne isotrope de gain égal à 1).

Le flux de puissance à une distance d est égal à :


Ge Pe
Watts / m2
4 πd 2
Le produit G e Pe est appelé la Puissance Isotrope Rayonnée Equivalente : PIRE (Effective Isotropic Radiated Power :

EIRP). On rappelle que la PIRE est la puissance rayonnée par rapport à une antenne isotrope pour laquelle G e = 1

La puissance Pr reçue par une antenne de réception, dirigée dans la direction de rayonnement principal de l'antenne
d'émission, va être égale à une fraction de la puissance rayonnée. Cette fraction est proportionnelle à la surface de
l'antenne de réception et à son orientation par rapport à la direction de propagation de la puissance émise. En supposant
les antennes d'émission et de réception parfaitement alignées, la puissance reçue s'écrit :
Pe Ge Ar
Pr =
4 πd 2

G r λ2
En utilisant la relation entre l'aire effective et le gain de l'antenne de réception : Ar = , la puissance reçue par

l'antenne s'écrit finalement :
Pe Ge G r
Pr =
2
 4 πd 
 
 λ 

2
 λ 
On introduit alors le facteur L s =   qui est appelé la perte en espace libre (free-space path loss).
 4 πd 
La puissance reçue s'écrit alors :
Pr = Pe Ge G r Ls

En prenant en compte des pertes de propagation atmosphérique sous la forme d'un terme La , la puissance reçue
devient :
Pr = Pe Ge G r Ls La
Prise en dB cette expression devient :
(Pr )dB = (Pe )dB + (Ge )dBi + (G r )dBi + (Ls )dB + (La )dB
Pour terminer le bilan de liaison il faut prendre en compte le bruit additif du canal et du récepteur. Le bruit thermique
est défini par sa densité monolatérale de puissance :
N 0 = kT Watts/Hz

avec k : constante de Boltzmann : k = 1,38.10 −23 JK −1 et T température de bruit en Kelvin.


La puissance de bruit N dans une bande de fréquence W est alors égale à :
N = N 0W

En introduisant l'énergie par bit E b dans la bande de réception et le débit binaire Rb , il vient :

Pr = E b Rb

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Eb
Le rapport est alors égal à :
N0

Eb 1 Pr
=
N 0 Rb N 0

Eb
Pour obtenir un taux d'erreur spécifié lors de la démodulation, il est nécessaire d'avoir un rapport requis que l'on
N0

E 
note  b  . Il faut donc ajuster les puissances d'émission et les tailles des antennes afin que :

 N0  req

Pr E 
= Rb  b 
N0  N0  req

En remplaçant Pr par sa valeur ainsi que N 0 dans cette expression, on obtient :

Pr PG L L G
= e e s a r
N0 k T

Gr
On voit alors faire apparaître le terme qui est une caractéristique très importante pour qualifier la chaîne de
T
réception.

Exemple:
Considérons un satellite Géostationnaire avec une puissance rayonnée de 100 Watts (20 dBW). L'antenne d'émission a
un gain de 17 dB. La PIRE est alors égale à 37 dBW.

L'antenne de réception de la station terrienne est une parabole de 3 mètres de diamètre avec une efficacité de 50%. La
fréquence porteuse est égale à 4 GHz.
Le gain de l'antenne de la station terrienne est donc égal à G r = 39 dB

La perte en espace libre est égale à L s = 195.6 dB

On suppose qu'il n'y a ici aucune autre perte atmosphérique à prendre en compte. La puissance reçue est égale à :
(Pr )dBW = 20 + 17 + 39 − 195.6

(Pr )dBW = −119.6 dBW

La température de bruit du récepteur est égale à 300 K . La densité de bruit est alors :

N 0 = 4,1.10 −21 W / Hz ou encore −203 dBW / Hz (note: dBW / Hz ≡ dBJ )

D'où :
Pr
= −119.6 + 203.9 = 84.3 dBHz
N0

E 
Supposons que le rapport  b 
 = 10 dB
 N0  req

Le débit maximum sera alors égal à :


(Rb )dB = 84.3 − 10 = 74.3 dBHz

D'où :

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Rb = 10 7.43 = 26.9 Mbit / s

Donc, avec ces antennes et avec cette puissance d'émission, ce satellite Géostationnaire peut transmettre au plus
26.9 Mbit/sec. Si l'on souhaite augmenter cette valeur, on peut augmenter la puissance émise par le satellite, augmenter
la taille de l'antenne du satellite ou enfin augmenter la taille de l'antenne de la station terrienne.

Note :
2
 πD 
Pour une antenne parabolique de diamètre D le gain est donné par la formule G r = η  et l'aire effective
 λ 

πD 2
Ar = η , avec η égal à 50-60%.
4
10 A
Pour une antenne cornet avec une aire A, le gain est donné par Gr = et l'aire effective est Ar = ηA avec η égal à
λ2
80%.

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