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Savoir-faire KSB, volume 1

Le coup de bélier
Sommaire
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1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2 Généralités relatives au problème du coup de bélier . . . . . . 4
2.1 Écoulement en charge permanent et écoulement
en charge transitoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
3 Le coup de bélier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.1 L’inertie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3.2 Élasticité du fluide et de la paroi des tubes ............7
3.3 Résonance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
4 Le coup de Joukowsky . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4.1 Le champ d’application de la formule de Joukowsky . . . . 12
5 La simulation numérique des coups de béliers . . . . . . . . . . 15
5.1 De la précision des calculs de simulation . . . . . . . . . . . . . . 15
5.2 Forces exercées sur les tuyauteries par les coups de bélier . . . 16
6 Calcul pratique du coup de bélier sur ordinateur . . . . . . . 17
6.1 Déroulement technique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
6.2 Coopération entre client et centre de calcul . . . . . . . . . . . 17
7 Utilité des règles empiriques et des calculs approximatifs . . . 18
8 Les principales sécurités anti-bélier . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
8.1 Accumulateur d’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
8.1.1 Réservoir d’eau sous pression d’air . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
8.1.2 Cheminées d’équilibre et brise-charge . . . . . . . . . . . . . . . 22
8.1.3 Volants d’inertie de pompe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
8.2 Soupapes d’aération ou de purge d’air . . . . . . . . . . . . . . . 23
8.3 Robinetterie motorisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
8.4 Clapets anti-retour à battant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
9 Exemples de cas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
9.1 Exemple de cas « Conduite d’eau à distance » . . . . . . . . . 25
9.2 Exemple de cas « Conduite de pompage d’eaux pluviales » . 26
Données de modélisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Calcul de l’état effectif, premiers résultats . . . . . . . . . . . . . 27
Mesures de protection anti-bélier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
10 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Auteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

1
Introduction 1
1 Introduction (Illustrations 1-a, 1-b, 1-c) mon- • Comment constater qu’une
trent très clairement que ces dom- installation est menacée par
La plupart des prescripteurs d’ins-
mages dépassent de loin les frais des coups de bélier ?
tallations de pompage sont fami-
entraînés par les mesures préven-
liarisés avec la notion de « coup • Quel rôle jouent les formules
tives de calcul et de sécurité.
de bélier ». En revanche, il leur est d’approximation pour le calcul
moins facile de répondre à la La détermination fiable de com- des coups de bélier ?
question de savoir si une analyse posantes de sécurité telles que ré-
• Est-il possible, si l’on consi-
du coup de bélier est nécessaire servoir d’eau sous pression d’air1,
dère le comportement d’une
dans la phase de planification. volant d’inertie de pompes et ro-
installation déjà analysée, d’en
Dès que la longueur des tuyaute- binet d’aération fait depuis long-
tirer des conclusions pour des
ries dépasse une centaine de mè- temps partie de l’état de l’art. Les
installations analogues ?
tres et que le débit de refoulement fascicules 73 et 81-1 du cahier des
est supérieur à quelques décilitres clauses techniques générales appli- • De quelle information a-t-on
par seconde, les coups de bélier cables au marché financier public besoin pour le calcul ?
sont susceptibles, dans les cas les français établissent de façon claire • Quels sont les coûts générés ?
plus défavorables, de causer des que les modifications dynamiques
• Quelle est la fiabilité et le de-
dommages. Mais même les tuyau- de pression doivent être prises en
gré de rentabilité des sécurités
teries de faible longueur, libre- compte lors de la planification et
anti-bélier proposées ?
ment posées dans des installations de l’exploitation des installations,
de pompage, sont menacées par étant donné qu’elles peuvent être • Quelle est la fiabilité d’un
les vibrations de résonance en cas la cause de dommages considé- calcul assisté par ordinateur ?
de fixation non appropriée. En re- rables. Pour chaque installation
Seule une coopération parfaite
vanche, dans l’environnement do- de tuyauterie menacée, il convient
entre le prescripteur d’installa-
mestique, c’est-à-dire dans les cir- de réaliser une analyse du coup de
tions et le « calculateur du coup
cuits de chauffage et d’eau pota- bélier d’après l’état actuel des
de bélier » permet de réaliser des
ble, de longueur et de section connaissances. À cette fin, des
économies de temps et de frais.
moindres, le phénomène est prati- programmes informatiques, dont
L’objectif de la présente brochure
quement inconnu. l’utilisation est assurée par des
est de communiquer des connais-
spécialistes expérimentés, sont
Les exploitants des installations sances fondamentales à propos du
disponibles. Les questions qui se
concernées ne sont guère désireux phénomène complexe du coup de
posent au prescripteur – et aux-
de communiquer des informations bélier sans céder à une simplifica-
quelles la présente brochure se
à propos des dommages causés tion excessive.
propose de répondre – sont donc
par les coups de bélier. Mais les
les suivantes :
photos de quelques « accidents »

Illustration 1-a : Tuyauterie de Illustration 1-b : Appui détruit Illustration 1-c : Dispositif anti-
pression DN 600 totalement dé- (profilé en fer I de 200 mm du- retour DN 800 après coup de bélier
truite (épaisseur de paroi 12 mm) rablement déformé) dans une tuyauterie sous pression

1
Le terme correct est aujourd’hui « réservoir de pression à matelas de gaz » ; il n’est toutefois pas certain que ce terme s’imposera sur le terrain.
Nous avons donc conservé le terme habituel de « réservoir d’eau sous pression d’air ».

3
2 Généralités relatives au problème du coup de bélier

2 Généralités relatives au tion des pompes sont constants des états d’écoulement se modi-
problème du coup de bélier dans le temps. L’illustration 2.1-a fiant dans le temps. Ces états sont
présente un profil d’écoulement qualifiés de non permanents ou
2.1 Écoulement permanent et
permanent typique. transitoires. S’il est question de
écoulement transitoire
pressions, on parle également de
dans une tuyauterie Pour un diamètre et une rugosité
modifications dynamiques de la
de tuyauterie constants, la ligne
En ce qui concerne la pression pression. Les causes essentielles
de hauteur manométrique est une
d’un fluide, il importe de faire la des états d’écoulement non per-
droite. Dans les cas simples, la dé-
distinction entre la surpression manents sont les suivantes :
termination du point de travail
p(bar) ou la pression absolue
permanent de la pompe peut in- • Défaillance de la pompe suite
p(bar(a)) et la hauteur manomé-
tervenir sous forme graphique. En à la mise hors circuit ou à l’in-
trique h(m). Par hauteur mano-
l’occurrence, on réalise l’intersec- terruption de l’alimentation en
métrique h, on entend la hauteur
tion de la courbe caractéristique énergie électrique.
d’une colonne de fluide homogène
de la pompe avec la courbe carac-
générant une certaine pression p. • Arrêt ou mise en circuit de
téristique du réseau.
L’indication de h est toujours pompes en parallèle avec des
reliée à une cote de référence L’exploitation permanente d’une pompes déjà en service.
(NN), à l’axe de la tuyauterie ou à installation de pompage n’est pas
• Fermeture ou ouverture d’or-
la couronne de tuyauterie. possible indéfiniment car le dé-
ganes d’arrêt sur la tuyauterie.
marrage et l’arrêt de la pompe
Dans un premier temps, les pres- • Génération de vibrations de
constituent déjà en eux-mêmes
sions de fonctionnement et le dé- résonance par des pompes à
des modifications de régime. En
bit d’une tuyauterie de pompe courbe Q-h instable.
général, tous les types de modifi-
sont déterminés de manière per-
cations de régime et de perturba- • Modifications du niveau
manente par le prescripteur. Per-
tions génèrent des variations de d’aspiration d’eau.
manent2 signifie que les débits, les
pression et de débit, c’est-à-dire
pressions et les vitesses de rota-

Cote [m]
Kote m

Cos
urtbae
tdioenhaäurteeur
Dmraunc
omk
éhtrö
iqh
ueepne
lrimnaineen
te

hNN+m hm

Longueur
Länge
Illustration 2.1-a : Courbe de hauteur manométrique en régime permanent d’une installation de pompage

2
À ne pas confondre avec le terme « statique ».

4
Généralités relatives au problème du coup de bélier 2
L’illustration 2.1-b présente à de pression admissible, alors que • Collapse des tuyauteries
titre d’exemple un profil en long hmin atteint, en revanche, dans la minces en tubes d’acier ou en
de refoulement sur lequel sont plage comprise entre 0 m et envi- plastique
portées les enveloppes de pres- ron 800 m de longueur de tuyau-
• Écaillement du revêtement in-
sion3 après défaillance de la terie, la pression de vapeur satu-
térieur en mortier de ciment
pompe, avec et sans réservoir rante (macrocavitation). Sur
d’eau sous pression d’air. presque toute la longueur de la • Pénétration d’eau souillée dans
tuyauterie, hmax est supérieure à les canalisations d’eau potable
Dans l’illustration 2.1-b, hstat. est
la pression nominale admissible suite au défaut d’étanchéité
la courbe de hauteur manomé-
de la tuyauterie PN 16 (ligne des manchons de tuyauteries
trique en régime permanent. Les
tuyauterie PN) et présente donc La macrocavitation est abordée
droites hminWK et hmaxWK de l’ins-
une hauteur non admissible. en détail au point 3.1.
tallation avec réservoir d’eau
sous pression d’air, hmin et hmax En règle générale, l’apparition
reportent les valeurs limites de de la pression de vapeur satu-
l’installation sans réservoir d’eau rante est un état extrêmement
sous pression d’air. hminWK et indésirable, susceptible de causer
hmaxWK sont situées dans la plage les dommages suivants :

Longueur de la tuyauterie L : 2624 m


Diamètre intérieur du tuyau Di : 605,2 mm
Débit permanent : 500 l/s
Niveau d’eau dans le puisard de pompe h : 287,5 m
Niveau d’eau de rejet h : 400 m
Conduite d’amenée à réservoir d’eau sous pression d’air
avec by-pass et étranglement anti-retour : Vair = 3,8 m3, Veau = 6,2 m3

700
hmax

600

Tuyauterie PN
500
Cote [m]

hmax WK
400 hstat.
hmin WK

Cote de tuyauterie
300
hmin

200
0 500 1000 1500 2000 2500
Longueur de tuyauterie [m]

Illustration 2.1-b : Enveloppes des hauteurs manométriques des modifications dynamiques de pression
après défaillance de la pompe

3
Par « enveloppes de pression », on entend les courbes de hauteur manométrique minimale et maximale le long du profil de hauteur telles qu’elles
résultent de toutes les pressions dynamiques intervenues pendant la période considérée.

5
3 Coup de bélier - Inertie

3 Le coup de bélier Augmentations de pression : C’est approximativement la masse


d’un camion. v = 3 m/s corres-
Les modifications dynamiques de • Ruptures de tuyaux
pond à 11 km/h. Ainsi, lors de
pression sont également appelées • Dommages causés aux l’arrêt subit de l’écoulement, un
coup de bélier car on les associe supports de tuyaux camion roulant à 11 km/h (la
avec une menace pesant sur les
• Dommages causés aux masse d’eau contenue dans le
tuyauteries ou les éléments d’ins-
pompes, aux fondations, aux tuyau) percute – pour conserver
tallations. Les contraintes méca-
pièces internes de tuyauterie et l’image employée – un mur (le
niques dynamiques imposées aux
aux appareils de robinetterie robinet fermé). La conséquence de
tuyauteries, aux robinetteries, aux
cet événement est – dans le tuyau
supports de tuyauteries, aux ap- Baisses de pression :
– l’apparition de pressions élevées,
puis, aux éléments d’installations,
• Collapse de tuyauteries en ma- tandis que des forces considéra-
etc., sont les conséquences de
tière plastique ou en acier mince bles s’exercent sur le robinet de
coups de bélier. Par « coup de bé-
sectionnement.
lier », on entend aussi bien l’aug- • Écaillement du revêtement in-
mentation que la baisse de pres- térieur en mortier de ciment L’illustration 3.1-a présente une
sion. Au contraire de la force, la des tuyauteries conduite de refoulement de
pression ne possède pas de direc- pompe comme autre exemple
• Aspiration d’air ou d’eau
tion, si bien que l’expression d’inertie. La pompe et le moteur
souillée sur les liaisons par
« sens de la pression » parfois uti- ayant un très faible moment
bride, les liaisons par man-
lisée est erronée. Seule la pression d’inertie, la pompe défaillante
chon, les presse-étoupe ou les
d’un fluide sur une surface délimi- s’arrête brusquement et agit donc
fuites
tante génère une force dirigée comme un robinet à opercule se
selon la normale à cette surface. • Rupture de la colonne d’eau fermant soudainement (nous par-
suivie d’augmentations impor- lons ici de la sortie du robinet). Si,
En termes de principe, dans le ca- tantes de la pression lors du en raison de l’inertie à la sortie de
dre de tuyauteries en service, les choc des colonnes liquides la pompe, la veine liquide se
modifications dynamiques de pres- (macrocavitation) rompt, il se forme une cavité de
sion sont inévitables, mais il n’en
vapeur d’eau et d’air dégazé. Le
est pas moins nécessaire de les cir- 3.1 L’inertie reflux ultérieur des colonnes de
conscrire dans des limites admissi-
Lors de la fermeture brusque d’un fluide et leur choc génèrent des
bles. Les contraintes d’un niveau
robinet sur une tuyauterie, une pressions élevées. Ce phénomène
non admissible générées par les
force s’exerce sur le robinet, géné- porte le nom de macrocavitation4.
coups de bélier n’entraînent pas
toujours un dommage visible. rée par l’inertie de la colonne de
Fréquemment, une période assez fluide. Une augmentation de pres-
longue s’écoule jusqu’à ce qu’une sion se manifeste à l’amont du ro-
canalisation se rompe ou que des binet tandis qu’une baisse de pres-
brides se desserrent et soient arra- sion intervient à son aval. Un ex-
chées. Dans de tels cas, l’origine emple en chiffres : tuyau DN 200,
du dommage est rarement identi- L = 900 m, v = 3 m/s. La masse
fiée. Nous vous présentons ci- d’eau contenue dans le tuyau est
après, à titre d’exemple, quelques donc de
dommages typiques causés par les 0,22 
meau = –––– · 900 · 1000 = 28274 kg.
4
coups de bélier :

4
Il convient de différencier la macrocavitation intervenant dans les tuyauteries de la cavitation microscopique par corrosion caverneuse intervenant
sur les aubes de pompe et de turbine. Cette dernière attaque toujours au même endroit, et les pressions intervenant à très court terme dans les bulles
de vapeur microscopiques qui se désagrègent peuvent dépasser 1000 bar. Dans le cas de la macrocavitation, le matériau n’est pas soumis à de telles
contraintes sans cesse renouvelées et strictement localisées. Les augmentations de pression sont alors sensiblement plus faibles.

6
Élasticité du fluide et de la paroi du tuyau 3

1. État stationnaire
Steady-state avant prior
condition 2. Apparition
Formationde of la cavitation
a vapour après
pocket 3.
3.Choc des colonnes
High-impact deof
reunion fluide gé-
separate
défaillance
to pump tripde la pompe défaillance
(cavitation de la pompe
cavity) following pump trip nérant de violents
liquid columns coups de bélier
accompanied
by surge pressures

Illustration 3.1-a : Macrocavitation après défaillance d’une pompe

3.2 Élasticité du fluide et de la


paroi du tuyau
L’illustration du coup de bélier
(3.1) présentée comme consé-
quence de l’inertie du fluide n’est
que partiellement exacte, car il n’a s 1 ˆ t1
pas été tenu compte de l’élasticité
du fluide et de l’épaisseur de la
paroi du tuyau. Les automobi-
listes qui ont attaché leur ceinture s2 ˆ t 2
de sécurité ne sont pas en danger
lors de collisions à une vitesse rai-
sonnable, car lors de collisions s3 ˆ t 3
plus violentes, l’énergie cinétique
du véhicule se transforme en Illustration 3.2-a : Fermeture brusque du robinet à opercule, illustrée
chaleur de déformation non par un ressort lourd en acier
nuisible5. Toutefois, à la différence
de la carrosserie d’un véhicule, Le front de déformation se dé- d’après l’illustration 3.2-b dans
l’eau et les parois de la tuyauterie place dans une direction oppo- l’hypothèse de l’absence de per-
sont élastiques, même si elles sont sée à celle du mouvement initial, tes de charge par frottement. À
si rigides que cette propriété à la vitesse caractéristique du l’extrémité d’une tuyauterie
n’apparaît pas dans leur utilisa- ressort d’acier, la célérité de pro- horizontale de diamètre intérieur
tion quotidienne. pagation des ondes (a m/s). constant, alimentée par un
La situation réelle à l’intérieur Dans la zone de compression, la réservoir à pression constante,
d’un tuyau est donc décrite de vitesse de coulissement du res- un organe d’arrêt se ferme
manière plus précise à l’aide d’un sort est partout de v = 0. brusquement :
ressort lourd en acier coulissant à Après ces exemples encore lé-
l’intérieur du tuyau et se défor- gèrement « boiteux » par souci
mant de manière élastique lorsque de clarté, abordons maintenant
son mouvement est brutalement la situation telle qu’elle se pré-
interrompu (Illustration 3.2-a) : sente réellement dans le tuyau

5
Lors de petits accrochages, la carrosserie d’une automobile doit être aussi élastique que possible, alors que pour des collisions plus importantes les
constructeurs s’efforcent de la rendre aussi peu élastique que possible !

7
3 Élasticité du fluide et de la paroi du tuyau

1 Pour t=0, le profil de pression La grandeur significative Tr


t=0 L 1 est stationnaire, avec une s’appelle temps de réflexion de
courbe de hauteur manométri- l’onde. Sa valeur est de 2 L/a.
que horizontale en raison de
3 Quand t = 1/2 Tr , l’onde de sur-
l’absence de pertes de charge
pression est arrivée au réser-
v = v0 par frottement. La vitesse d’é-
voir. Là, du fait du niveau con-
0 < t < 1/2Tr coulement est stationnaire : v0.
stant, aucune augmentation de
∆h 2
2 La fermeture soudaine du robi- pression ne peut arriver. L’onde
net à opercule à l’extrémité de de pression est réfléchie par
la tuyauterie entraîne une aug- changement de signe. En l’oc-
v = v0 v=0 mentation subite de la pression currence, c’est la vitesse d’écou-
t = 1/2Tr
h, l’évasement de la tuyaute- lement qui change de signe, elle
∆h 3 rie qui l’accompagne étant in- se dirige maintenant vers le ré-
diqué ici. L’onde de surpression servoir.
générée se déplace à la vitesse
4 Une onde de dépression -h se
v=0 de propagation des ondes dans
dirige vers le robinet à opercule
1/ 2T
r < t < Tr le sens contraire de l’écoule-
et atteint celui-ci au temps
-∆h 4 ment stationnaire et s’accom-
t = Tr. Elle est accompagnée
pagne de l’arrêt de la vitesse
d’une modification de la vitesse
d’écoulement qui passe à v=0
qui passe à la valeur -v0.
v = - v0 v=0
dans la zone de surpression. Ce
t = Tr processus intervient dans le 5 Au droit du robinet à opercule
laps de temps 0 < t < 1/2 Tr , Tr fermé, la vitesse se modifie et
5 étant le laps de temps dont a passe de la valeur -v0 à la va-
besoin l’onde pour parcourir le leur v = 0. Il en résulte un saut
tuyau sur toute sa longueur de pression négatif de -h.
v = - v0
Tr < t < 3/2Tr
dans les deux sens. 6 L’onde de dépression -h se
déplace dans l’intervalle
-∆h 6 Tr < t < 3/2Tr de nouveau vers le
réservoir, tandis que, parallèle-
ment à cette onde, la valeur v
v = - v0 v=0
Illustration 3.2-b : Allure de la devient égale à 0.
t = 3/2Tr
pression et de la vitesse dans une
tuyauterie sans perte de charge par 7 Au temps t = 3/2Tr , l’onde at-
-∆h
7 teint le réservoir et la pression
frottement, après fermeture subite.
Les zones à hauteur manomé- repasse à la hauteur manomé-
v=0 trique stationnaire sont teintées en trique du réservoir.
3/ 2T
r < t < 2Tr rouge moyen, les zones d’augmen- 8 Dans l’intervalle 3/2Tr < t < 2Tr ,
8 tation de pression en rouge foncé, l’onde de surpression prove-
-∆ h les zones de baisse de pression en nant du réservoir se déplace de
rouge clair. L’évasement et le col- nouveau vers le robinet à oper-
v = v0 v=0 lapse de la tuyauterie suite à l’aug- cule, tandis que, parallèlement
t = 2Tr mentation et à la baisse de pres- à cette onde, v redevient v0.
sion sont indiqués. Remarque à
9 9 Quand t = 2Tr , l’état initial à
propos de l’ordre de grandeur :
t = 0 est de nouveau atteint et
quand la pression augmente de
le processus peut se dérouler
v = v0 100 bar, le volume de l’eau dimi-
une nouvelle fois.
nue d’environ 0,5 %.

8
Élasticité du fluide et de la paroi du tuyau 3
Si l’on y regarde de plus près, l’il- De même, la transformation en L = 100 m, DN 100, k =
lustration 3.2-b répond également retour de l’énergie apparaît dans 0,1 mm, h auteur d’eau = 200 m,
à la question de savoir où est en l’illustration 3.2-b dans le dernier fermeture linéaire de Q = 10 l/s
fait passée l’énergie cinétique sta- état à t = 2Tr. Si le robinet à oper- à la sortie de la tuyauterie à
tionnaire initiale du fluide après cule était maintenant brusque- partir de t = 0,1 s par pas
fermeture du robinet à opercule. ment ouvert, l’ancien état à t = 0 t = 0,01 s jusqu’à Q = 0.
D’après le principe de la conserva- serait restauré sans changement et
À l’aide de l’illustration 3.2-b, il
tion de l’énergie totale, elle ne il n’existerait plus aucune énergie
est possible d’expliquer de ma-
peut tout simplement pas dispa- de déformation.
nière générale la réflexion des
raître. Elle se transforme en
Sans frottement, les oscillations de ondes de pression aux extrémités
travail de déformation élastique
la pression ne décroîtraient pas. des tuyauteries :
du fluide et de la paroi du tuyau,
En fait, il existe toujours des
puis se transforme de nouveau en • Si une onde de pression p
frottements, mais, dans la réalité,
énergie cinétique par suite de la arrive sur l’extrémité fermée
la diminution des fluctuations de
réflexion et ainsi de suite. Consi- d’une tuyauterie, p double
pression est relativement faible,
dérons l’illustration 3.2-b jus- avec le même signe, c’est-à-
car la transformation d’énergie en
qu’au moment t = 1/2 Tr. La trans- dire que l’on obtient
chaleur de frottement suite au
formation en travail de déforma- p = p±2·p. La vitesse à
frottement du fluide sur la paroi
tion intervient dans ce laps de l’extrémité est toujours égale à
du tuyau, au frottement interne
temps. Immédiatement avant la zéro.
du fluide et aux déformations de
réflexion de l’onde sur le réser- • À l’extrémité ouverte d’une
la paroi du tuyau et des supports
voir, la vitesse de la colonne est tuyauterie à hauteur énergétique
de tuyauterie est relativement peu
partout de zéro, elle ne possède constante (par exemple réservoir
importante.
maintenant plus aucune énergie à niveau d’eau constant), la mo-
cinétique, celle-ci étant en re- Pour clarifier, l’illustration 3.2-c
dification de pression est tou-
vanche contenue en elle sous for- montre le résultat d’une simula-
jours égale à zéro.
me de travail de déformation, tion, sur ordinateur, de l’exem-
ple présenté dans l’illustration • Sur les robinetteries, les étran-
comme c’est le cas dans un ressort
3.2-b pour un tuyau réel avec les glements, les pompes et les tur-
d’acier comprimé.
paramètres suivants : bines, la pression et la vitesse
sont dans tous les cas situées sur
la courbe résistante ou la courbe
[mCE]

360 caractéristique de machine.


[m l.c.]
du tuyau
outlet

300
la sortie

llustration 3.2-c : Hauteur mano-


atàpipe

métrique devant le robinet à oper-


du tuyau
centreline

240 cule. Par rapport à la situation re-


présentée dans l’illustration 3.2-b,
de l’axe

il est possible d’identifier des


above pipe

180
écarts minimes. Ainsi, en raison du
headau-dessus

temps de fermeture fini de  t =


0,01 s, les flancs de pression ne
manométrique

120
sont pas tout à fait verticaux.
Hauteur Pressure

Suite au frottement, les plateaux de


60 pression ne sont pas parfaitement
0 0.20 0.40 0.60 0.80 1.00
horizontaux. Ce phénomène est
Time [s]
Temps [s]
abordé plus en détail au point 4.1.

9
3 Élasticité du fluide et de la paroi du tuyau - Résonance

Les coups de bélier interviennent quand l’énergie cinétique du fluide se transforme en travail de défor-
mation. Ce phénomène ne se produit que lors de modifications rapides 6 de la vitesse d’écoulement,
par exemple suite à la fermeture rapide d’un robinet à opercule ou à la défaillance subite d’une pompe.
En raison de l’inertie du fluide, la vitesse d’écoulement de la colonne de fluide dans son intégralité ne
peut plus s’adapter à la nouvelle situation, le fluide se déforme et cette déformation s’accompagne de
modifications dynamiques de la pression. Les coups de bélier sont dangereux, car ils atteignent tous les
points du système de tuyauteries presque sans aucune atténuation et à la vitesse du son (approxi-
mativement 1000 m/s pour de nombreux matériaux de tuyaux) et y déploient leur énergie nuisible.

Les coups de bélier se propagent vant alors se rompre (Illustration l’entraînement des pompes ou les
rapidement, avec une vitesse d’en- 3.1-a). Mais ce phénomène ne se phénomènes de perte de charge
viron a = 1000 m/s dans les tu- produit pas, car l’énergie accumu- dans les robinetteries et les coudes,
yauteries en fonte ou les tuyaux lée dans le matelas de gaz du ré- coïncident avec la fréquence prop-
en acier (cf. 4.1). Ils ne décrois- servoir se substitue à l’énergie de re de la tuyauterie. Les tronçons
sent que lentement et restent donc la pompe. Immédiatement après de tuyauterie librement posés, an-
longtemps dangereux. Les durées défaillance de la pompe, le mate- crés de manière incorrecte, sont
de décrue sont fonction de la lon- las de gaz commence à se déten- particulièrement menacés par les
gueur des tuyaux. Les coups de dre et se substitue à la pompe dé- vibrations de résonance transmises
bélier ne durent que quelques se- faillante pour assurer le transport par le fluide transporté et la struc-
condes dans les installations d’ad- de l’eau dans la tuyauterie. Ainsi, ture de tuyaux. Sur les tuyaux en-
duction d’eau de nos régions. Sur quand le réservoir a été correcte- terrés, la résonance ne joue en re-
les pipe-lines de grande longueur, ment dimensionné, des modifica- vanche pratiquement aucun rôle.
la décrue d’un coup de bélier peut tions rapides de la vitesse d’écou- Pour configurer les ancrages de
demander plusieurs minutes. lement dans le tuyau sont exclues. manière correcte, il convient de
Il se produit un flux et un reflux soumettre systématiquement les
Ainsi, le principe de base de
vibratoire de longue durée de ancrages de tuyaux des installa-
toutes les sécurités anti-bélier,
l’eau du réservoir et de la colonne tions de pompage à une estima-
comme par exemple les réservoirs
de fluide non déformée dans la tion sommaire en termes de dyna-
d’eau à pression d’air, les volants
tuyauterie. Ce processus est activé mique de structure en prenant la
d’inertie des pompes, les chemi-
par l’énergie que le matelas de gaz vitesse de la pompe comme fré-
nées d’équilibre et les dispositifs
délivre lors du flux et réabsorbe quence d’excitation.
d’entrée d’air, apparaît clairement.
lors du reflux. La réserve d’éner-
Ils empêchent la transformation
gie du matelas de gaz n’est con-
dangereuse de l’énergie cinétique
sommée que lentement par dissi-
stationnaire en travail de défor-
pation. C’est pourquoi les oscilla-
mation élastique. Le réservoir
tions d’un réservoir d’eau sous
d’eau sous pression d’air convient
pression d’air ne décroissent
bien à l’illustration de ce principe.
qu’après plusieurs minutes,
Le matelas de gaz comprimé du
notamment sur les tuyauteries de
réservoir d’eau sous pression d’air
grande longueur.
est un accumulateur d’énergie.
Sans réservoir d’eau sous pression
3.3 Résonance
d’air, la défaillance d’une pompe
serait suivie de la transformation Les vibrations de résonance repré-
dangereuse de l’énergie cinétique sentent un cas particulier. Elles
en travail de déformation élas- interviennent quand les fréquences
tique du fluide à la sortie de la d’excitation de n’importe quelle
pompe, la colonne de fluide pou- origine, générées par exemple par

6
Le terme de « rapide » dépend des caractéristiques de l’installation. Ainsi, les modifications dynamiques de pression induites par la fermeture d’une
robinetterie sur une tuyauterie de 2 km de longueur peuvent rester dans une plage admissible, tandis que la même séquence de fermeture est suscep-
tible, sur une tuyauterie de 20 km de longueur, de générer des valeurs de pression d’un niveau non admissible.

10
Le coup de Joukowsky 4
4 Le coup de Joukowsky coups de bélier, dans les conduites
domestiques, dont les sections et
La modification de pression
les longueurs sont très faibles, ne
DpJou dans un fluide intervenant
présentent aucune importance.
à la suite d’une modification de
Les énergies cinétiques et les
la vitesse Dv est de
masses des fluides sont ici mini-
mes. À cela s’ajoute le fait qu’il
(4.1) est pratiquement impossible de
fermer un robinet domestique
dans le très court temps de réfle-
Dv : modification de la vitesse xion des conduites domestiques.
[m/s]
À l’aide de la formule de Jou-
r: masse volumétrique du kowsky, il est possible de procé-
fluide [kg/m3] Nikolai Egorovich Joukowsky der à des estimations simples par
a: vitesse de propagation des le calcul. En voici trois exemples :
et 305 m/152,5 mm. En s’appuyant
ondes dans un tuyau rem- Exemple 1 :
sur les résultats de ses expériences
pli de fluide [m/s]
et sur des études théoriques, il a Sur une tuyauterie de DN 500,
DpJou : modification de pression publié ses travaux en 1898. avec L = 8000 m,
[N/m2] a = 1000 m/s et v = 2 m/s, un ro-
Il peut sembler contradictoire que
DpJou est désigné par le terme de binet à opercule est fermé en 5 s.
le coup de Joukowsky DpJou –
coup de Joukowsky. L’équation Quelle est l’ampleur du coup de
exprimé par l’équation (4.1) –
(4.1) contient, outre Dv, la masse bélier ? Quel est le volume de la
n’ait apparemment rien à voir
volumétrique r et la vitesse de force s’exerçant sur l’opercule du
avec la masse du fluide présent
propagation des ondes a. Le robinet ?
dans le tuyau. Si, dans la première
rapport n’est valable que pour la illustration du coup de bélier Réponse :
période pendant laquelle inter- (3.1), nous étions par exemple 5 s < Tr = 16 s, il est donc pos-
vient la modification de vitesse partis de l’hypothèse d’un diamè- sible d’utiliser la formule de Jou-
Dv. Si Dv est dirigée contre le tre de tuyau double, la masse du kowsky. Si, lors de la fermeture
sens d’écoulement, il en résulte fluide et son énergie cinétique, en du robinet à opercule, la vitesse
une augmentation de pression. raison de A =D2π/4, auraient été d’écoulement passe par laminage
Dans le cas contraire, la pression quatre fois plus importantes. Ce d’une valeur de 2 m/s à une valeur
baisse. Si r = 1000 kg/m3 (eau7), paradoxe apparent disparaît si de zéro, Dv = 2 m/s. L’augmenta-
l’équation (4.1) devient : l’on considère la force F = Dp·A, tion de pression est donc de
agissant sur l’appareil d’arrêt, qui Dh = 100 · 2 = 200 m ou environ
(4.2) est décisive pour la contrainte Dp = 20 · 105 N/m2 ou 20 bar. La
générée par le coup de bélier. En section du robinet à opercule est
g : gravité [9,81 m/s2] raison de A, elle est maintenant de A = D 2 · 0,25 · π ≈ 0,2 m2. La
effectivement quatre fois plus force s’exerçant sur le robinet à
DhJou : modification de la hauteur
importante qu’auparavant. opercule est de p · A = 0,2 · 20 ·
manométrique [m]
La masse du fluide est donc égale- 105 = 4·105 N= 400 kN.
En 1897, à Moscou, Joukowsky a
ment responsable du potentiel de
réalisé des expériences exhaustives
danger induit par les coups de bé-
sur des conduites d’eau potable
lier bien que cela n’apparaisse pas
présentant respectivement les lon-
lors d’une étude superficielle de la
gueurs et les diamètres suivants :
formule de Joukowsky. Ceci ex-
7620 m/50 mm, 305 m/101,5 mm
plique également pourquoi les

7
Dans les tuyauteries de gaz, malgré des vitesses d’écoulement plus élevées, il n’existe pas de problèmes de coup de bélier, car r · a est des milliers de
fois plus faible que dans les conduites d’eau.

11
4 Le coup de Joukowsky · La formule de Joukowsky

Exemple 2 : Exemple 3 : 4.1 Le champ d’application de


Une pompe transporte Q = 300 l/s Une pompe transporte Q = la formule de Joukowsky
avec une hauteur énergétique de 300 l/s avec une hauteur énergé- La formule de Joukowsky n’est
Dh = 40 m à travers une conduite tique de Dh = 40 m dans une valable :
de refoulement DN 400 d’une tuyauterie DN 400 d’une lon-
• que pour les temps qui sont
longueur L = 5000 m dans un gueur de 2000 m, a = 1000 m/s.
égaux ou inférieurs au temps
réservoir surélevé ; a=1000 m/s. Le Le moment d’inertie8 de toutes
de réflexion de l’onde parcou-
moment d’inertie de la pompe et les pièces en mouvement (pompe,
rant la tuyauterie Tr
du moteur est négligeable. Existe- moteur, etc.) est de J = 20 kgm2,
t-il un danger de macrocavitation la vitesse de n0 = 24 s-1 et le • que pour la période située
après défaillance de la pompe ? rendement de η = 0,9 soit 90%. pendant la modification de
Si oui, à quelle augmentation de Existe-t-il un danger de rupture vitesse Dv
pression convient-il de s’attendre ? de la colonne d’eau, c’est-à-dire • que pour les tuyauteries
de macrocavitation, après présentant des coefficients de
Réponse :
défaillance de la pompe ? frottement situés dans la plage
Q = 300 l/s dans une tuyauterie
Réponse : habituelle du transport d’eau
de DN 400 correspond approxi-
mativement à v = 2,4 m/s. En cas À l’instant de la défaillance, il Remarque à propos du temps de
de défaillance, et avec un moment est possible, à partir de l’équa- réflexion Tr :
d’inertie négligeable, la pompe tion d’inertie : Dans l’illustration 3.2-b, après
s’arrête brusquement, c’est-à-dire
M = 2··J·n.
p écoulement du temps Tr , l’onde de
que Dv = 2,4 m/s. Il en résulte, diminution de pression réfléchie
d’après la formule de Joukowsky, de calculer le changement de vi-
par le réservoir est arrivée sur
tesse de rotation n. = ___
n0 . Si l’on
une diminution de la hauteur ma- t
l’appareil d’arrêt et compense
nométrique de Dh = -100 · 2,4 m prend comme approximation (très
ainsi en partie l’augmentation de
= -240 m. Étant donné que la grossière) une diminution linéaire
pression Dp. Si la modification de
hauteur manométrique stationnai- de la vitesse, il en résulte avec
débit a lieu en Dt supérieur à Tr ,
re n’est que de 40 m, le vide s’ins- p·Q
_____
_ ___
Mp = l’augmentation de pression DpJou
2·n0·
talle, la colonne d’eau se rompt et n’intervient qu’à l’endroit du dé-
le temps Dt, dans lequel la vitesse
la macrocavitation intervient. clenchement, tandis qu’elle dimi-
a diminué pour atteindre la va-
Après rupture de la colonne d’eau nue jusqu’à l’autre extrémité de la
leur zéro et, avec Dp = 1000 ·
immédiatement à la sortie de la tuyauterie jusqu’à une valeur cor-
9,81 · Dh,
pompe, il se produit ultérieure- respondant à la condition complé-
ment une collision des colonnes (2 · n0)2 · J ·  n2 · J · 
t = Ä 4· 0 = 3,4 s mentaire.
p· 0.001· Q h · Q
d’eau quand elles font leur jonc-
tion. Pour des raisons de conser- Le temps de réflexion de l’onde L’illustration 4.1-a présente les
vation de l’énergie, la vitesse parcourant la tuyauterie est de enveloppes de pression pour un
d’écoulement de retour la plus Tr = 4 s (avec a = 1000 m/s), tel cas de figure :
élevée ne peut dépasser la valeur c’est pourquoi l’onde d’équili-
de la vitesse d’écoulement perma- brage réfléchie ne parvient à la
nent originale, soit 2,4 m/s. Dans pompe que lorsque la vitesse a
le cas de figure le plus défavorable, déjà baissé jusqu’à zéro et qu’il
l’augmentation de pression induite est trop tard pour bénéficier
par la cavitation est donc de d’un effet d’équilibrage. Il y a
Dh = 100 · 2,4 = 240 m ou 24 bar. donc lieu de supposer qu’une
macrocavitation va se produire.

8
Remarque à propos du moment d’inertie J : J en kgm2 est la grandeur physique correcte. L’ancien moment d’inertie GD2 ne peut plus être utilisé, car
des confusions avec J peuvent facilement se produire !

12
Formule de Joukowsky · Vitesse de propagation des ondes 4

hmax
∆ hJou

hmin ∆ hJou

Illustration 4.1-a : Enveloppes des hauteurs manométriques pour des temps de fermeture supérieurs au
temps de réflexion Tr
Remarque à propos du présentent plus aucune impor- ment dans les tuyaux, est désigné
frottement : tance. Dès lors, la formule de Jou- par le nom de Line Packing. Le
kowsky ne s’applique plus à l’in- calcul de simulation suivant en
Si le fluide transporté présente
térieur du temps de réflexion de présente un exemple.
une viscosité élevée ou que les
l’onde parcourant la tuyauterie.
tuyauteries sont très longues (à Dans l’exemple de l’illustration
L’augmentation effective de la
partir d’environ 10 km), l’énergie 4.1-b, le robinet à opercule se
pression après la fermeture subite
fournie par la pompe ne sert plus ferme 20 s après le début du cal-
d’un robinet à opercule peut, dans
qu’à vaincre les pertes de charge cul. La première augmentation,
de tels cas, représenter un multi-
par frottement. En revanche, les de pente accentuée, d’environ
ple du coup de Joukowsky ! Ce
modifications de hauteur géodé- 20 bar jusqu’à environ 55 bar,
phénomène, causé par le frotte-
sique le long de la tuyauterie ne est le coup de Joukowsky, la
montée consécutive de la pres-
120 sion jusqu’à près de 110 bar est
provoquée par le Line Packing.
(approx.)

Le Line Packing n’est important


(approx.)

100
que pour les pipelines de grande
longueur ou les fluides d’une vis-
in bar
en bar

80
cosité très élevée et ne joue au-
absolute,

cun rôle dans les installations


sortie absolue

d’adduction d’eau ou d’eaux


60 usées de nos pays.
pressure,
Initial de

40
Pression

20
0 80 160 240 320 400
Temps
Time[s][s]

Illustration 4.1-b : Allure des lignes de pression à la sortie d’une tuyau-


terie de pétrole brut d’une longueur de 20 km après fermeture subite
d’un robinet à opercule. Paramètres de calcul : DN 300, k=0,02 mm,
pression d’entrée 88 bar constants, Q=250 l/s, fluide transporté pétrole
brut avec ρ = 900 kg/m3

13
4 Formule de Joukowsky . Vitesse de propagation des ondes

Remarque à propos de la vitesse mé. La teneur en gaz du fluide,


de propagation des ondes qui n’est pas prise en compte
dans l’équation (4.1), peut en
Elle est contenue dans la formule
effet fortement modifier a com-
de Joukowsky et donc décisive
me le montre le tableau 4-1 sous
pour l’ampleur du coup de bélier.
forme d’extraits. Dans les tu-
Son calcul est réalisé à l’aide de
yaux d’eau potable, la teneur en
la formule (4.1)
gaz est négligeable, mais, habi-
m/s tuellement, elle ne l’est pas dans
(4.1)
les installations d’eaux usées.
Les autres incertitudes de a con-
 - masse volumétrique du fluide cernent principalement les tu-
[kg/m3] yaux en plastique. Un module
EF - module d’élasticité du fluide d’élasticité inconnu et variable,
[N/m2] les divergences de fabrication, le
ER - module d’élasticité de la vieillissement du tuyau et, en
paroi du tuyau [N/m2] particulier, sa mise en place en-
di - diamètre intérieur du tuyau terrée jouent ici un rôle impor-
[mm] tant. Un tuyau enterré présente
s - épaisseur de la paroi du des valeurs de a sensiblement
tuyau [mm] plus élevées que le tuyau libre.
 - facteur de contraction
transversale.
Les valeurs fournies par l’équa-
tion (4.1) sont des valeurs maxi-
males d’environ 1400 m/s pour
les tuyaux en acier jusqu’à
300 m/s pour les tuyaux souples
en plastique. La valeur de a dans
l’eau libre est d’environ
1440 m/s. L’exploitabilité pra-
tique de l’équation (4.1) ne doit
pas être surévaluée ; dans les cal-
culs de coup de bélier, il est fré-
quent que l’on renonce à l’utili-
ser et que a soit uniquement esti-

Teneur en gaz a m/s


Volume %
0 1250
0,2 450
0,4 300
0,8 250
1 240

Tableau 4-1 : a en fonction de la


teneur en gaz pour une pression
d’eau statique d’environ 3 bar

14
Simulation numérique des coups de bélier
Précision des calculs de simulation
5
5 La simulation numérique des
coups de bélier
En théorie, d’après l’état actuel (5.1)
des connaissances, les grandeurs
de modélisation caractéristiques
sont la pression p et la vitesse
d’écoulement v dans les deux
équations différentielles partielles
couplées (5.1) pour chaque tuyau pédance, c’est-à-dire en prenant gèrement supérieures aux résultats
individuel d’un réseau de tuyaute- en considération la gamme de de la simulation. Les premiers ma-
ries, t étant le temps et x la lon- fréquences. xima et minima de pression sont
gueur de tuyaux développée. donc encore calculés avec une très
Les équations (5.1) présentent une 5.1. La précision des calculs de grande précision, tandis que les
validité générale et tiennent simulation courbes suivantes sont calculées
compte à la fois de l’influence de avec un manque d’atténuation qui
Les logiciels reposant sur la mé-
l’inertie et de celle de l’élasticité. va croissant. Mais de telles diver-
thode des caractéristiques four-
Par l’intermédiaire des parois des gences sont négligeables par rap-
nissent des résultats dont la préci-
tuyaux qui, en termes mathéma- port aux imprécisions résultant de
sion dépasse de très loin les be-
tiques, sont appelées conditions données d’entrée erronées ou de
soins pratiques, comme le prou-
aux limites des équations (5.1), les l’absence de données. Citons,
vent de nombreuses comparaisons
pièces internes de tuyauterie telles parmi les erreurs de données
avec des relevés de mesures. Les
que les nœuds de tuyauterie, les possibles :
différences notables n’inter-
réservoirs, les pompes et la robi- viennent que lors du calcul de la • l’imprécision des courbes ca-
netterie sont intégrées dans le mo- macrocavitation et de l’atténua- ractéristiques de robinetterie et
dèle. C’est ainsi qu’intervient par tion des ondes de pression dans le des courbes débit-hauteur.
exemple le raccordement de tu- tuyau.
yauteries séparées pour former un • la méconnaissance de la vitesse
réseau de tuyaux par l’intermé- Le modèle standard de la cavita- réelle de propagation des
diaire d’un nœud de raccordement tion de vapeur qui découle de ondes à l’intérieur du tuyau.
représentant une condition com- l’équation (5.1), c’est-à-dire
• la présence de points de souti-
plémentaire. La condition initiale l’hypothèse d’une cavité simple
rage inconnus sur une canali-
de l’équation (5.1) est l’état per- de vide après séparation des co-
sation principale.
manent d’écoulement dans le tu- lonnes de fluide, fournit des
pressions toujours plus élevées • la méconnaissance de l’état
yau concerné avant apparition de
que dans la réalité, mais permet, d’incrustation des tuyaux.
la défaillance. Le procédé numé-
rique de résolution des équations en termes de conclusions, de se L’importance d’une précision
(5.1) est la méthode des caractéris- trouver du côté de la sécurité. aussi parfaite que possible des
tiques, sur laquelle reposent Les pertes réelles d’énergie dues données d’entrée pour la qualité
aujourd’hui presque tous les aux phénomènes de frottement, du calcul du coup de bélier est
programmes de calcul du coup de aux déformations des tuyaux et donc évidente.
bélier. des supports de tuyaux sont lé-
Pour calculer les vibrations dues à
la résonance, les équations (5.1)
Le calcul du coup de bélier n’est jamais plus précis que les
sont moins appropriées dans le
données d’entrée. Il n’est permis d’admettre l’hypothèse d’une
domaine temporel. Ces vibrations
précision élevée que si ces données sont exactes et que le
sont calculées avec une meilleure
modèle de calcul correspond à la réalité.
précision par la méthode de l’im-

15
5 Précision des calculs de simulation
Forces exercées sur les tuyauteries par les coups de bélier

Mais, fréquemment, il n’est pas 5.2 Forces exercées sur les


possible d’obtenir des données tuyauteries par les coups
exactes. Il est alors nécessaire de de bélier
recourir à des estimations.
À l’aide des courbes de pression
Exemple : en fonction du temps détermi-
Pour les fabricants de robinetterie, nées par ordinateur, il est possi-
un coefficient de résistance du ble, dans une nouvelle étape de
robinet à pleine ouverture aussi calcul séparée, de calculer les
faible que possible est un argu- forces s’exerçant sur les coudes
ment de vente essentiel. Par et les raccords de tuyauterie en
contre, pour le calcul du coup de cas de tuyauteries non enterrées.
bélier, ce sont les valeurs précé- En l’occurrence, l’interaction
dant immédiatement la fermeture entre le fluide et les parois des
totale qui importent, valeurs dont tuyaux n’est pas prise en compte
la mesure est toutefois ardue. En (calcul dissocié). À part quelques
conséquence, nombre de courbes exceptions qui ne jouent aucun
de résistance de robinetterie rôle dans le domaine de l’eau et
disponibles ne vont pas assez loin des eaux usées, ce procédé four-
dans le sens de la fermeture. Pour nit toujours des forces légère-
des raisons de coûts, la plupart ment trop élevées, ce qui permet
des courbes de résistance mises à donc de se trouver du côté de la
disposition par les fabricants ne sécurité si l’on se base sur les
proviennent pas de relevés de résultats du calcul.
mesures originaux, mais ne repré-
sentent que des extrapolations.
La configuration d’une installa-
tion à l’aide de calculs de coup de
bélier doit tenir compte de telles
imprécisions par la mise en place
de dispositifs anti-bélier d’un di-
mensionnement légèrement plus
« conservateur ».

16
Calcul pratique du coup de bélier 6
6 Calcul pratique du coup de nombre de cas d’utilisation est in- - cotes géodésiques
bélier sur ordinateur férieur à dix par an, l’investisse-
- longueurs
ment réclamé par les calculs n’est
6.1 Déroulement technique - diamètres
pas rentable.
Le calcul du coup de bélier ne sau- - épaisseur de paroi
rait fournir directement les para- 6.2 Coopération entre client et
mètres recherchés, tels que taille - matériau, revêtement, raccords
centre de calcul
optimale de réservoir d’eau sous de tuyauteries
Il convient ici de faire la distinction
pression d’air, réglages de com- - plage de pression, courbe de
entre la phase d’offre et le calcul
presseur, lois de fermeture de la hauteur manométrique de calcul
proprement dit. Dans la phase
robinetterie, masses d’inertie de
d’offre, le centre de calcul a besoin, - pressions intérieures de tuyau-
pompes, etc. Le type de sécurité
pour calculer les coûts, d’obtenir terie admissibles (pmin, pmax)
anti-bélier doit être indiqué par
les informations suivantes du pres-
l’opérateur et ses paramètres esti- - méthode de pose des tuyaux
cripteur de l’installation :
més. À l’issue du contrôle des ré- (enterré ou non)
sultats fournis par le calcul du 1. Schéma fonctionnel grossier de
- modules d’élasticité des maté-
coup de bélier, les paramètres sont l’installation, figurant toutes les
riaux des tuyaux
adaptés en conséquence et il est pièces internes décisives telles
procédé à un nouveau calcul inté- que pompes, robinetterie, points - coefficient de rugosité de surface
gral du coup de bélier pour l’ins- de soutirage ou amenées supplé- - aération et purge d’air des
tallation. Après plusieurs sé- mentaires ainsi que les éven- points hauts
quences de calcul, les valeurs ob- tuelles sécurités déjà mises en
place (aérateur, réservoir d’eau - ramifications
tenues s’approchent de l’optimum
en termes de technique et de sous pression d’air). Ce schéma - courbes zeta ou courbes Kv et
rentabilité. En raison de l’indis- peut également être fourni sous lois d’actionnement de la robi-
pensable intervention d’un forme de croquis tracé à la main netterie
spécialiste et malgré le recours à dont la réalisation ne demande
- courbes débit-hauteur, courbes
des ordinateurs modernes, une que quelques minutes.
et données caractéristiques des
étude de coup de bélier réclame 2. Liste grossière des paramètres machines hydrauliques
encore une dépense de temps et un essentiels, tels que longueurs
volume de travail considérables. - moments d’inertie des machines
de tuyau importantes, dia-
Étant donné qu’il existe aujour- mètres, débits. - courbes et données caractéris-
d’hui des logiciels performants en tiques de sécurités anti-bélier
3. Liste des périodes principales
matière de coup de bélier, l’utilisa- déjà existantes
de service et d’arrêt pour dé-
teur est fondé à se poser la ques- faillance. - valeurs caractéristiques des
tion de savoir s’il est judicieux de dispositifs d’aération et de
procéder soi-même à des calculs. 4. Récapitulation de tous les
purge d’air
En raison du faible nombre dommages connus suscepti-
bles d’avoir été provoqués par - réglage des régulateurs
d’acheteurs, les programmes
« sérieux 9 » de calcul du coup de des coups de bélier. - hauteur du niveau d’eau des
bélier sont coûteux. À cet inves- 5. Observations inhabituelles réservoirs
tissement viennent s’ajouter les faites pendant l’exploitation. - débits dans les différentes
frais générés par la formation et la sections de tuyauteries
S’il est prévu de procéder à un
familiarisation avec le programme.
calcul, il est nécessaire de four- - degrés d’ouverture des organes
Si le programme n’est pas utilisé
nir d’autres données spécifiées d’arrêt et de laminage
pendant un certain temps, il est
par le centre de calcul. À titre
nécessaire de réactiver les connais- – pressions de service.
d’extrait, citons les données
sances des utilisateurs. Quand le
complémentaires suivantes :
9
Étant donné qu’un utilisateur n’a pas la possibilité de saisir comment fonctionnent les programmes de calcul de coups de bélier, il est essentiel qu’un
fabricant renommé se porte garant de la qualité du produit. En règle générale, les programmes de calcul du coup de bélier proviennent d’instituts
universitaires spécialisés. Dans certains cas, ces programmes ont été repris par des sociétés commerciales et dotés d’interfaces graphiques sophisti-
quées qui en facilitent l’utilisation.

17
7 Règles empiriques et calculs approximatifs

7 Utilité des règles empiriques Un exemple très simple illustre ce cessaire de disposer d’une très
et des calculs approximatifs propos : deux systèmes d’adduc- vaste expérience. Dans le cadre
tion d’eau identiques en tous des tâches pratiques de planifica-
Une estimation grossière peut
points à l’exception du profil en tion, les formules d’approxima-
s’avérer judicieuse dès lors qu’il est
long géodésique de la tuyauterie tion doivent être exclusivement
nécessaire de déterminer rapide-
principale, l’une des installations utilisées pour l’estimation gros-
ment le danger potentiel menaçant
présentant un point haut dont sière du potentiel de danger me-
une installation. Dans ce contexte,
l’autre est dépourvue. L’installa- naçant une installation (exemples
des questions se posent à propos
tion dépourvue de point haut est au point 4). En règle générale, il
de la plage de validité des règles
protégée de manière fiable par un n’est pas possible d’assumer la
empiriques et de la possibilité de
réservoir d’eau sous pression d’air. responsabilité d’évaluations plus
transposer le comportement d’une
Or, cette protection n’est pas pos- précises, voire d’un dimensionne-
installation en matière de coup de
sible dans la deuxième installation ment de sécurités anti-bélier. Tous
bélier sur une autre installation
avec la même taille de réservoir les procédés d’approximation et
(modularité). Dans un premier
d’eau sous pression d’air : en ef- toutes les formules d’estimation
temps, il convient de constater que
fet, lors de la décrue de la vibra- connus sont brièvement présentés
les installations d’adduction d’eau
tion de l’eau du réservoir, la hau- ci-après :
et de pompage d’eaux usées sont
teur manométrique dynamique
extrêmement variées et diffèrent à
minimale fait intersection avec le
tel point les unes des autres que les
point haut et ces dépressions gé-
formules d’approximation ne sont
nèrent un danger de pénétration
pas applicables. De même, les ins-
d’eau usée dans l’installation.
tallations présentant des caracté-
ristiques très similaires – en termes Pour être en mesure d’évaluer de
de débits externes et de longueurs manière fiable le domaine de vali-
de tuyauterie – ne peuvent en règle dité des formules d’approxima-
générale faire l’objet d’une trans- tion pour le calcul des états
position. d’écoulement turbulents, il est né-

Illustration 7-1 : Procédé graphique d’après Schnyder-Bergeron

18
Règles empiriques et calculs approximatifs 7
• À l’aide du procédé graphique Il n’existe pas d’autres procédés
Schnyder-Bergeron, il a été pos- de calcul approximatif. Ce
sible, avant de disposer d’ordi- manque apparent devient plus
nateurs, de réaliser des calculs compréhensible si l’on considère
de coup de bélier d’une fiabilité comme exemple encore une fois le
très élevée. Pour des raisons réservoir d’eau sous pression d’air.
pratiques, l’utilisation en est Il ne saurait suffire de lire le vo-
pour l’essentiel limitée aux sys- lume total du réservoir dans un
tèmes ne comprenant qu’une graphique de pré-dimensionne-
tuyauterie, la prise en compte ment. L’efficience du réservoir
du frottement n’étant possible d’eau sous pression d’air dépend
qu’au prix d’une procédure de manière décisive du rapport
complexe. L’utilisation de la for- entre le volume d’eau et le volume
mule réclame des connaissances d’air dans le réservoir, c’est-à-dire
spécialisées. de la question de savoir si le pré-
L’illustration 7.1 montre à titre gonflage est plus ou moins accen-
d’exemple un graphique Schny- tué. Ce pré-gonflage influe sur le
der-Bergeron dans lequel la pro- volume total du réservoir néces-
pagation des ondes de pression saire. Par ailleurs, le profil de la
suite à la fermeture d’un robinet tuyauterie est important. S’il
est déterminée de manière gra- existe par exemple un point haut,
phique. avec lequel la ligne de hauteur
manométrique dynamique mini-
• Application de la formule de
male ne doit pas faire intersection
Joukowsky en cas de modifica-
après défaillance de la pompe (dé-
tions rapides de la vitesse
pression), il en résulte, pour des
d’écoulement v (exemples de
paramètres d’installation identi-
cas au paragraphe 4).
ques, un autre dimensionnement
• Procédés graphiques pour la du réservoir. Celui-ci est alors sen-
détermination de la taille des siblement plus grand. Fréquem-
réservoirs d’eau à pression ment, un clapet anti-retour et un
d’air*). organe d’étranglement placés
• Procédés graphiques pour dans un by-pass assurent que, lors
l’estimation du Line Packing*). du retour de l’onde, aucune pres-
sion inadmissible n’apparaîtra
• La loi presque toujours opti-
dans le réservoir d’eau sous pres-
male de fermeture d’un robinet
sion d’air. Les règles empiriques et
d’arrêt pour le cas spécifique
les procédés graphiques de pré-
d’une conduite à une seule
dimensionnement ne permettent
tuyauterie peut être calculée
pas la saisie de toutes ces gran-
par approximation*).
deurs d’influence décisives.

*) Il est impératif de disposer de connaissances spécialisées.

19
8 Sécurités anti-bélier

8 Les principales sécurités comme énergie de pression, tandis 8.1.1 Réservoir d’eau sous
anti-bélier qu’avec un volant d’inertie de pression d’air
pompe, elle est accumulée comme
Les sécurités anti-bélier em- Il existe des réservoirs à compres-
énergie de rotation. Cette réserve
pêchent le passage de l’énergie seur (Illustration 8.1.1-a), des ré-
d’énergie est suffisamment
cinétique à l’énergie de déforma- servoirs à vessie (Illustration
grande, si bien qu’il est possible
tion. Pour l’essentiel, il est en 8.1.1-b) ou des réservoirs à tube
de conserver l’écoulement
l’occurrence fait application des d’aération immergé. Les réservoirs
permanent pendant une période
principes suivants : à compresseur ainsi que les réser-
de temps relativement longue et
voirs à vessie ne présentent pas de
– Accumulateur d’énergie que sa vitesse ne diminue que len-
différences de principe en ce qui
– Dispositifs d’aspiration auxi- tement par dissipation. Une chute
concerne leur mode de fonction-
liaire et d’entrée d’air de pression rapide est évitée. Les
nement. La sélection du type de
réservoirs d’eau sous pression
– Optimisation des lois d’action- réservoir intervient en fonction
d’air et les cheminées d’équilibre
nement10 de la robinetterie d’aspects techniques ou écono-
peuvent, lorsqu’ils sont installés
miques. En raison de leur concep-
– Optimisation des stratégies de en amont d’une pompe sur une
tion, les réservoirs à vessie
pilotage des tuyauteries tuyauterie d’amenée d’une grande
n’entrent en ligne de compte que
longueur, empêcher le coup de
pour les petits volumes.
8.1 Accumulateur d’énergie bélier non seulement par la déli-
vrance d’énergie, mais également, Ainsi que nous l’avons déjà ex-
Avec un réservoir d’eau sous pres-
à l’inverse, par l’absorption pliqué, le volume du réservoir
sion d’air et une cheminée d’équi-
d’énergie. d’eau sous pression d’air n’est
libre, l’énergie est accumulée
pas le seul élément décisif. Si le

D0

Va
Compresseur en marche
Compressor on
100 mm
HWIN
Compresseur
Compressorà l’arrêtoff

Vw WSH

ZB

Z1
Hgeo

D1 D2

Z2
Illustration 8.1.1-a : Schéma d’un réservoir à compresseur. Pour éviter les pressions trop élevées lors du
retour de vibration de l’eau du réservoir, il est nécessaire, le cas échéant, de prévoir un clapet anti-retour
à battant avec by-pass laminé sur la tuyauterie de raccordement.

10 Une loi d’actionnement indique l’angle de fermeture de la robinetterie en fonction du temps.

20
Sécurités anti-bélier 8
pour les installations de pom-
Membrane page d’eaux usées. Les raisons
en sont les suivantes :
Gaz
• Avec les eaux usées, il n’existe
pas de possibilité de mesurer le
niveau de remplissage néces-
saire pour le réglage du com-
presseur.
Grille de limitation de
l'expansion de la vessie
• La vessie d’un réservoir à vessie
Liquide
peut être endommagée par les
objets coupants ou pointus qui
Illustration 8.1.1-b : Schéma d’un réservoir à vessie
se trouvent dans les eaux usées.
rapport entre le volume de l’eau protéger les installations contre
et le volume de l’air est optimal, les défaillances de la pompe. Ils • Danger d’incrustation, de dé-
il est possible de faire l’économie peuvent également être intégrés à pôt et de bouchage.
d’une partie importante du vo- d’autres emplacements d’un sys- Avec une surveillance appropriée,
lume total du réservoir. Dans un tème de tuyauteries : Sur les con- la sécurité d’exploitation des ré-
réservoir à compresseur, des cap- duites d’amenée de grande lon- servoirs d’eau sous pression d’air
teurs veillent à un remplissage gueur, il est, par exemple, possible est élevée. Pour leur exploitation,
correct en mettant le compres- d’installer un réservoir d’eau sous il convient de veiller aux points
seur d’air en/hors circuit suivant pression d’air supplémentaire à suivants :
les besoins. Sur le réservoir à l’amont de la pompe comme sécu-
• Surveillance du niveau d’eau
vessie, le réglage intervient la rité anti-bélier. Le réservoir situé à
dans le réservoir.
plupart du temps avant l’instal- l’amont absorbe de l’énergie après
lation par le prégonflage déter- défaillance de la pompe, tandis • Pour des raisons d’hygiène, il
miné de la vessie. que le réservoir placé à l’aval dé- est nécessaire de remplacer
livre de l’énergie. continuellement ou régulière-
Les réservoirs d’eau sous pression
ment le volume d’eau dans le
d’air ne sont pas uniquement mon- Les réservoirs d’eau sous pres-
réservoir.
tés à la sortie de la pompe pour sion d’air ne sont pas appropriés
• L’air comprimé doit être
exempt d’huile.
• Pour permettre une mise hors
service pour inspection tech-
nique, il est nécessaire de
prévoir des réservoirs de
rechange.
• Les robinets d’arrêt montés sur
la conduite de raccordement
doivent être protégés contre les
fermetures par inadvertance,
leur position d’ouverture doit
être surveillée.
• Maintenance du compresseur
(réservoir à compresseur).

Illustration 8.1.1-c : Réservoir à vessie

21
8 Sécurités anti-bélier

8.1.2 Cheminées d’équilibre et


brise-charge
La cheminée d’équilibre ne peut
être mise en œuvre que sur les
points du système présentant de
faibles hauteurs manométriques.
En règle générale, elle ne saurait
remplacer un réservoir d’eau sous
pression d’air à la sortie de la
pompe. Équipée d’un clapet anti-
retour à battant dans le sens
d’écoulement et d’un mécanisme
de remplissage (brise-charge), elle
est utilisée pour empêcher les
dépressions aux points hauts des
pipelines d’eau pure de grande Illustration 8.1.3-a : Les poulies des courroies trapézoïdales sont
longueur. Dans les installations réalisées sous forme de poulies pleines.
d’eaux usées, en raison des éven- J - moment d’inertie du volant bles, il n’est toutefois possible de
tuelles nuisances olfactives, les d’inertie [kgm2] parvenir qu’à une prolongation du
cheminées d’équilibre n’entrent en temps de ralentissement convenant
ligne de compte que dans les cas  - vitesse angulaire [s-1]
à des longueurs de tuyauterie rela-
exceptionnels. La sécurité d’ex- Pour un disque plein homogène tivement faibles, c’est-à-dire des
ploitation des cheminées d’équili- de rayon r et de masse m, le mo- temps de réflexion Tr courts. La
bre et des brise-charge est élevée, ment d’inertie est par exemple de longueur totale limite de la tuyau-
à condition que les points suivants m · r2 terie est d’environ 1 à 2 km. Une
J = ––––––
soient respectés : 2 estimation grossière permettant de
Les illustrations 8.1.3-a et 8.1.3-b
• Remplacement continuel ou savoir si la solution recourant à un
présentent des exemples d’applica-
régulier de l’eau (hygiène). volant d’inertie est possible a été
tions. Avec les volants d’inertie
réalisée dans le troisième exemple
• Filtrage de l’air d’amenée. rentables et techniquement faisa-
du chapitre 4. La construction des
• Essai de fonctionnement du
dispositif anti-retour des brise-
charge.
• Surveillance du niveau de rem-
plissage ou du dispositif de rem-
plissage des brise-charge.

8.1.3 Volants d’inertie de pompe


Ils sont placés sur le moteur d’en-
traînement et augmentent, grâce à
l’énergie de rotation accumulée,
1 · J · 2
Ekin = – (8.1)
2
le temps de ralentissement de la
pompe.
Illustration 8.1.3-b : Volant d’inertie vertical (entraînement par
l’intermédiaire d’un arbre articulé, D = 790 mm).

22
Sécurités anti-bélier 8
groupes submersibles ne permet tions dans lesquelles l’air aspiré
pas le recours à des volants d’iner- entraîne de dangereuses augmen-
tie. Sur les autres types de pompe, tations dynamiques de pression
il convient d’examiner si le démar- sont également possibles. L’expul-
rage du moteur de la pompe est sion de l’air aspiré doit intervenir
affecté ou non. Les volants d’iner- lentement, car des modifications
tie constituent sans doute la sécu- de pression par à-coups peuvent
rité anti-bélier la plus sûre et la survenir dans la phase finale de
plus élégante. Leur sécurité de ser- l’expulsion de l’air quand les sec-
vice est la plus élevée de tous les tions de purge sont trop impor-
types de dispositifs. Mis à part la tantes. C’est pourquoi les aéra-
surveillance des paliers sur les sys- teurs ou les purgeurs présentent
tèmes de grandes dimensions, leur des diamètres nominaux diffé-
fonctionnement ne réclame rents dépendants du sens d’écou-
aucune attention particulière. lement de l’air. L’aération a une
Illustration 8.2-a : Duojet*), section importante et la purge
8.2 Soupapes d’aération ou de soupape d’aération et de purge d’air une section faible.
purge d’air d’air avec soupape à une chambre
La sécurité de service des aéra-
actionnée par le liquide.
Elles ne sont mises en œuvre que teurs et des purgeurs, tributaire
là où d’autres mesures ne sont Section de purge d’air importante de leur conception, est la moins
plus possibles. Leurs inconvé- pour l’aération et la purge de avantageuse de toutes les sécuri-
nients sont les suivants : grands volumes d’air lors de la tés anti-bélier. Lors de leur utili-
mise en/hors circuit d’installations sation, il faut contrôler réguliè-
• Nécessité d’une maintenance
de pompage. rement le bon fonctionnement et
régulière.
filtrer, le cas échéant, l’air aspiré.
Petite section de purge d’air pour
• En cas de disposition incor-
la purge de faibles volumes d’air
recte et de montage non con- 8.3 Robinetterie motorisée
pendant le fonctionnement en
forme, elles peuvent provoquer
pleine surpression intérieure. Les lois d’ouverture et de ferme-
des coups de bélier aggravés.
ture des robinets sont déterminées
• Dans certaines conditions, le défavorables, avoir des effets très
et vérifiées à l’aide d’un logiciel de
mode de fonctionnement de désavantageux. Normalement, les
calcul du coup de bélier, compte
l’installation peut être limité, coussins d’air ont une action d’at-
tenu de la courbe caractéristique
car l’air aspiré doit ensuite être ténuation. Toutefois, des situa-
éliminé.
• Pour les eaux usées, il est né-
cessaire de recourir à des con-
ceptions spécifiques.
Les soupapes d’aération (Illustra-
tion 8.2-a) doivent être dimen-
sionnées avec soin. Avec des tu-
yauteries de diamètre important,
les purgeurs doivent être placés
sur des dômes afin que l’air aspiré
puisse s’y rassembler. Dans les
tuyauteries, quand l’écoulement
ne s’est pas encore totalement ar-
rêté, l’air aspiré peut, dans les cas Illustration 8.3-a : Clapet d’arrêt à battant motorisé

*) Avec l’aimable autorisation de la société VAG-Armaturen GmbH.

23
8 Sécurités anti-bélier

de la robinetterie. après renversement du sens papillon, lors de l’arrêt, bat dure-


d’écoulement, il se produit des ment dans son siège. Ce phéno-
La sécurité de service est élevée
modifications de vitesse qui, mène, connu sous le nom de
quand les temps de manœuvre et
d’après l’équation de Joukowsky « coup de clapet », est fort redou-
les points caractéristiques des
(4.1), génèrent des modifications té. Étant donné que le critère déci-
courbes du système d’actionne-
de pression. sif du coup de clapet est le temps
ment sont dotés d’une sécurité
de fermeture, la situation peut
multiple sur les actionneurs élec- À quelques exceptions près, un
être certes améliorée par un amor-
triques ou que, sur les actionneurs clapet anti-retour à battant doit
tissement de fin de course, mais le
oléohydrauliques, des éléments de toujours satisfaire aux deux exi-
problème ne sera pas fondamen-
construction sûrs, tels que les gences contradictoires suivantes :
talement éliminé. Avec les eaux
plaques perforées ou les vannes de
• Le courant de retour doit s’im- usées, les soupapes de retenue à
régulation de débit, sont utilisés.
mobiliser le plus vite possible. corps tuyère n’entrent pas en ligne
En cas de recours à cette formule,
• Le coup de bélier survenant de compte en raison du danger de
il est nécessaire de veiller à une
lors de la décélération doit bouchage, si bien que, malgré
vérification régulière des temps de
rester aussi faible que possible. leurs inconvénients, les clapets à
manœuvre et à des contrôles de
oscillation libre avec amortisse-
fonctionnement réguliers par rap- Sur les installations de pompage
ment de fin de course restent la
port à la loi d’actionnement. d’eau potable avec réservoirs
seule option.
d’eau sous pression d’air, il est né-
8.4 Clapets anti-retour à battant cessaire d’utiliser des soupapes de Sur les tuyauteries de refroidisse-
retenue à corps tuyère. Les clapets ment des centrales énergétiques,
La dynamique des clapets anti-
à oscillation libre peuvent s’avérer les clapets anti-retour assurent
retour à battant a fréquemment
très défavorables, car leur ferme- qu’après défaillance de la pompe,
une influence décisive sur l’évolu-
ture lente conduit à la formation le courant de retour est laminé de
tion du coup de bélier, car, en
d’un écoulement de retour et le manière définie. En cas de fonc-
raison de la fermeture du clapet
tionnement de pompes en paral-

Illustration 8.4-a : Clapet anti-retour à battant avec contrepoids et actionneur hydraulique.

24
Etudes de cas 9
lèle, c’est un point important : si tanée des trois pompes. Les pres- des pointes de pressions dyna-
une pompe est victime d’une dé- sions dynamiques maximum cré- miques supérieures à 16 bars
faillance, les pompes restantes con- ées par cette défaillance sont large- interviennent encore. C’est pour-
tinuent à fonctionner et exercent ment supérieures à la pression quoi il est en plus nécessaire de
une pression contre la pompe dé- nominale admissible PN 16 (cf. laminer le courant de retour dans
faillante. Dans cette configuration, ligne hmax) de l’illustration 2.1-b, le réservoir d’eau sous pression
une fermeture définie est réalisée et les pressions minimales surve- d’air. Le schéma de principe du
par des entraînements hydrauli- nant baissent sur de longues sec- laminage est représenté dans
ques réglables sans alimentation tions jusqu’à atteindre la pression l’illustration 8.1.1-a. Dans le cas
extérieure, avec levier et contre- de vapeur (cf. ligne hmin) de l’illus- présent, le laminage est réalisé à
poids, le clapet s’ouvrant libre- tration 2.1-b. Il est possible de l’aide d’un court tuyau de DN
ment dans le sens de l’écoulement protéger le système à l’aide d’un 200, dans lequel est monté un dia-
et se fermant après déclenchement réservoir d’eau sous pression d’air phragme normalisé DN 80. L’illus-
par l’effet d’une loi d’actionne- placé à l’origine de la conduite à tration 2.1-b présente les enve-
ment à un ou deux niveaux. distance. Un réservoir des dimen- loppes de pression calculées, avec
sions indiquées dans l’illustration et sans réservoir d’eau sous pres-
La sécurité de service des clapets
2.1-b empêche dans un premier sion d’air. Maintenant, la courbe
anti-retour est relativement éle-
temps l’apparition de dépressions, maximale de hauteur manomé-
vée. En cas de recours à ce sys-
mais, lors du retour de vibration trique avec réservoir d’eau sous
tème, un contrôle de fonctionne-
de la colonne d’eau dans le tuyau, pression d’air hmaxWK n’est plus
ment régulier est nécessaire.
Système avec réservoir d’eau sous pression d’air
H-entrée [m]: KN=1/Tuyau n° 1

9 Etudes de cas
Les études de cas présentées ici
proviennent d’analyses de coup de
bélier réalisées par KSB, avec des
modifications appropriées des pa-
ramètres des installations pour Temps [s]

empêcher l’identification des ins- Système avec réservoir d’eau sous pression d’air
Q-entrée [l/s]: KN=1/Tuyau n° 1
tallations concernées. Les problé-
matiques respectives et les solu-
tions n’ont pas été modifiées.

9.1 Etude de cas : « Conduite


d’eau à distance »
Temps [s]
Les paramètres de l’installation
Système avec réservoir d’eau sous pression d’air
sont indiqués dans l’illustration Vol. d’eau [m3]: KN=1/Réservoir n° 1

2.1-b. Le débit-volume permanent


Qstat = 500 l/s est refoulé avec une
hauteur énergétique totale de
∆hstat = 122,5 m à travers une tu-
yauterie en fonte ductile de DN
600, d’une longueur totale de L = Temps [s]

2624 m, dans un réservoir sur- Illustration 9.1 : Courbes de temps de l’exemple « Conduite d’eau à
élevé par trois pompes centrifuges distance » (illustration 2.1-b) ; l’illustration présente les courbes des
fonctionnant en parallèle. Le dys- hauteurs manométriques et du débit-volume en fonction du temps
fonctionnement décisif, entraînant pour le système avec réservoir d’eau sous pression d’air (hauteurs
des pressions dynamiques inad- manométriques en m au-dessus du niveau de la mer).
missibles, est la défaillance simul-

25
9 Etudes de cas

que légèrement supérieure à la


courbe de hauteur manométrique
stationnaire hstat, et la courbe de
hauteur manométrique minimale
hminWK passe avec une grande dis-
tance de sécurité au-dessus de la Aé
rat
eu
r
génératrice supérieure de la tuyau-
terie.
So
lut
ion
L’illustration 9.1 présente les a
et vec a
by
-pa érate
courbes des hauteurs manomé- ss ur

triques et du débit-volume en
Illustration 9.2-a : Schéma de l’exemple « Conduite d’eaux pluviales »
fonction du temps pour le sys-
tème avec réservoir d’eau sous électrique – et, en conséquence, la tration de leur mode d’action.
pression d’air (hauteurs mano- défaillance simultanée des trois Données de modélisation
métriques en m au-dessus du ni- pompes – s’est produite. Cette dé-
Outre les paramètres déjà men-
veau de la mer). faillance a provoqué des secousses
tionnés dans l’illustration 9.2-a,
considérables dans la partie de la
les données du système suivantes
9.2 Etude de cas « Conduite de conduite non enterrée, avec pour
sont également intégrées dans le
pompage d’eaux pluviales » conséquence la détérioration et la
calcul :
rupture partielle des fixations de
Une nouvelle conduite d’eaux plu-
la conduite. Courbe débit-hauteur de
viales DN 350, de longueur totale
l’illustration 9.2-c
L = 590 m, partant d’une station L’étude de coup de bélier comman-
de pompage d’eaux usées, est diri- dée à la suite avait pour objectifs : Conduite modélisée L1 :
gée vers un ouvrage d’aération. Matériau : PE HD
• de déterminer les causes des
La pressurisation intervenait par
coups de bélier et des forces Dintér : 354,6 mm
l’intermédiaire de trois pompes de
observés, k: 0,1 mm
type identique fonctionnant en
parallèle et dotées chacune d’un • de prévoir des actions et sécuri- a: 600 m/s (estimé)
clapet anti-retour à battant et tés anti-bélier appropriées pour Pression mini.
d’un robinet-vanne motorisé pour contrer les pressions dyna- admissible : vide
piloter le démarrage et la décélé- miques inadmissibles générées
Plage de
ration. Les cent premiers mètres par la défaillance des pompes et
pression : PN 6
de la conduite en PE-HD ont été de faire par le calcul la démons-
enterrés, les 490 mètres restants
étant réalisés en tube d’acier non Pompe pour eaux pluviales 1470 t/min

enterrés reposant sur des ber-


ceaux pour tuyauterie. L’illustra-
tion 9.2-a présente le schéma de
l’installation. Les conduites aéri-
ennes sont reliées entre elles par
des coudes à 90°. Une analyse du
coup de bélier accompagnant la
conception de l’installation n’a été
ni réalisée ni commandée par le
prescripteur de l’installation.
Après réalisation, lors des pre- Illustration 9.2-c : Courbe débit-hauteur de l’exemple « Conduite d’eaux
miers essais de fonctionnement, pluviales »
une interruption de l’alimentation

26
Etudes de cas 9
Conduites modélisées L2 à L10 : Défaillance de pompes sans sécurité anti-bélier
n [1/s]: KN= 1/Pompe n° 1

Matériau : Acier
Dintér : 349,2 mm
k: 0,1 mm
a: 1012 m/s (issu de la
formule 4.1)
Pression mini. admissible : Vide Temps [s]

Plage de pression : PN 10 H-entrée [m]: KN= 1/ Tuyau n° 1


Défaillance de pompes sans sécurité anti-bélier

Des informations sur les clapets


anti-retour n’étaient pas dispo-
nibles. Dans le modèle, l’hypo-
thèse de départ, largement plau-
sible, était donc que les clapets
se ferment brusquement à l’in- Temps [s]
version du sens d’écoulement.
Q-entrée [l/s]: KN= 1/ Tuyau n° 1 Défaillance de pompes sans sécurité anti-bélier

Calcul de l’état effectif,


premiers résultats
Le débit-volume permanent calcu-
lé par le programme pour le fonc-
tionnement en parallèle avec trois
pompes est de Qstat = 187 l/s. Il Temps [s]
est ressorti du premier calcul du
coup de bélier avec défaillance si- Illustration 9.2-d : Courbes de temps du système « Conduite d’eaux
multanée des pompes qu’une ma- pluviales » sans protection
crocavitation et, conséquence de
Längskraft auf L8 ohne Druckstoß -Sicherungen
celle-ci, des pressions dynamiques Force longitudinale sur L8 sans sécurité anti-bélier

maximales allant jusqu’à 15 bar 40

survenaient dans la conduite en 20


PE-HD, c’est-à-dire un dépasse-
0
ment très large et inadmissible de 0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50

la pression nominale du tuyau, -20


Force [kN]
kN

soit PN 6. Les forces longitudi-


Kraft

-40

nales calculées agissant sur les


-60
berceaux pour tuyauterie entre
-80
deux coudes à 90° atteignaient à
bref délai des valeurs allant pres- -100

que jusqu’à 100 kN, ce qui -120


Zeit s[s]
correspond à des poids d’environ Temps

10 tonnes. Les illustrations 9.2-d Illustration 9.2-e : Force longitudinale sur L8 dans le système
et 9.2-e présentent, à titre d’exem- « Conduite d’eaux pluviales » sans protection
ple, quelques courbes de temps du
système sans protection. L’illustra- modélisée L1 (hauteur manomé- de force longitudinale agissant sur
tion 9.2-d indique la vitesse de ro- trique exprimée ici en m au-dessus L8. Les secousses et les dommages
tation de la pompe ainsi que la de l’axe du tuyau), tandis que l’il- observés étaient donc expliqués.
hauteur manométrique et le débit- lustration 9.2-e indique la courbe
volume à l’entrée de la conduite

27
9 Etudes de cas

Mesures de protection
n [1/s]: KN= 2/Pompe n° 1 Défaillance de pompe avec aérateur et by-pass comme sécurités
anti-bélier
Grâce à une nouvelle simulation,
un aérateur DN 150 a été mis en
œuvre au point haut de la sortie
de L2 dans le but d’éliminer la
macrocavitation survenant après
Temps [s]
arrêt non maîtrisé des pompes.
H-entrée [m]: KN= 2/ Tuyau n° 1
Malgré cette mesure de sécurité, le
Défaillance de pompe avec aérateur et by-pass comme sécurités
calcul a encore mis en évidence
quelques secondes après l’arrêt
des pompes d’importantes aug-
mentations de pression inadmissi-
bles dans le tuyau PE-HD. Pour
éliminer ces pointes de pression
Temps [s] non désirées, un by-pass avec ro-
binet d’arrêt à ouverture automa-
Q-entrée [l/s]: KN= 2/ Tuyau n° 1 Défaillance de pompe avec aérateur et by-pass comme sécurités
tique en cas d’arrêt simultané des
trois pompes commandé par un
actionneur électrohydraulique
sans entretien et à levier et contre-
poids a été prévu entre l’entrée de
L1 et le réservoir d’aspiration des
Temps [s] pompes. Aujourd’hui, de tels sys-
tèmes sont proposés plus ou
Illustration 9.2-f : Courbes de temps du système « Conduite d’eaux moins à titre de standard par les
pluviales » avec protection fabricants de robinetterie. Avec
ces deux mesures de sécurité,
c’est-à-dire l’aérateur et le by-pass
à robinet d’arrêt à ouverture
automatique, la simulation a
finalement montré que les pointes
Force longitudinale
Längskraft surBelüfter
auf L8 mit L8 avecund
aérateur et by-pass
Bypass
de pression dynamique restaient
40 inférieures à la pression station-
20
naire initiale et que les forces
longitudinales se manifestant
0 dans les tuyaux aériens, posés sur
0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50

-20
leurs supports, ne représentaient
kN
Karft[kN]

plus qu’environ 5% des valeurs


Force

-40
initiales. Par ailleurs, le calcul a
-60 montré qu’il était possible de
renoncer aux clapets anti-retour
-80
existants. L’illustration 9.2-f
-100 présente – à la même échelle que
Zeit[s]
Temps s
les illustrations 9.2-d et 9.2-e
pour permettre une meilleure
Illustration 9.2-g : Force longitudinale sur L8 dans le système comparaison – les courbes de
« Conduite d’eaux pluviales » avec protection temps, l’illustration 9.2-g la

28
Etudes de cas 9
courbe des forces pour le système
avec protection. Les courbes enve-
loppes de pression de l’installation
modifiée sont présentées dans l’il-
lustration 9.2-h avec les courbes
sans sécurité anti-bélier.

Druckeinhüllenden mit und ohne Druckstoß-Sicherungen (DS)


Enveloppes de pression avec et sans sécurité anti-bélier

220
niveau de la mer en [m]

200

180
hh sans sécurité
max ohne DS
max
anti-bélier
160
müNN

140
Kotedu
Cote au-dessus

120

100
hmax avec sécurité anti-bélier
hmax mit DS
80

60
hh ohne
minsans
min DS anti-bélier
sécurité

hmin
hmin avecmit DS anti-bélier
sécurité Rohrkote
Cote du tuyau

40
0 100 200 300 400 500 600
abgewickelte
Longueur de tuyauRohrlänge
développéem[m]

Illustration 9.2-h : Enveloppes de pression du système « Conduite d’eaux pluviales » protégé et non protégé

29
Bibliographie

10 Auteurs

Bibliographie : 8. Veröffentlichung der Beiträge Bernd Kothe, ing. diplômé


der Internationalen Konferen-
1. Dynamische Druckänderun- né en 1955. Études à l’Université
zen "Pressure Surges” der
gen in Wasserversorgungsan- technique « Otto von Guericke »
bhra fluid engineering,
lagen, Techn. Mitteilung, de Magdebourg, puis ingénieur en
England in den Jahren 1976,
Merkblatt W303, DVGW, développement pour pompes de
1980, 1986, 1992, 1996,
Sept. 1994 (Modifications centrales énergétiques aux usines
2000 (Publication des contri-
dynamiques de pression dans de pompes de Halle. De 1993 à
butions de la Conférence inter-
les installations d’adduction 1998, au sein du secteur Ingénie-
nationale « Pressure surges »)
d’eau) rie de la société KSB AG, respon-
9. Engelhard, G.: Zusammen- sable des calculs de coup de bélier
2. Horlacher, H.B., Lüdecke,
wirken von Pumpen, Arma- et des calculs complexes pour le
H.J.: Strömungsberechnung
turen und Rohrleitungen, secteur des eaux usées. Depuis
für Rohrsysteme, expert Ver-
KSB 1983 (Interaction entre 2002 Manager Sales Support du
lag, 1992 (Calcul d’écoule-
pompes, robinetterie et tu- Centre de compétence Waste Wa-
ment pour systèmes de tu-
yauteries) ter (eaux usées) de Halle.
yauteries)
10.Raabe, J.: Hydraulische Ma-
3. Zielke, W.: Elektronische Be- Rédaction :
schinen und Anlagen, VDI
rechnung von Rohr- und Ge- Communication de la société
Verlag, 1989 (Machines et
rinneströmungen, Erich KSB Aktiengesellschaft
installations hydrauliques)
Schmidt Verlag, 1974 (Calcul
électronique d’écoulement 11.Louis Bergeron : Du coup de Christoph P. Pauly, ing. diplômé
dans les tuyauteries et les bélier en hydraulique au (FH)
conduits) Coup de foudre en électricité
– Dunod Paris (1949)
4. Wylie, E.B., Streeter, V.L.:
Fluid Transients, FEB Press, Auteurs :
Ann Arbor, MI, 1983
Prof. Dr. Horst-Joachim Lüdecke,
5. Chaudry, H.M.: Applied Hy-
draulic Transient, Van Nost- né en 1943, diplômé d’études
rand Reinhold Company, supérieures de physique, mise au
New York, 1987 point de logiciels de technique des
process et de dynamique des
6. Sharp, B.B.: Water Hammer, fluides à la BASF, Ludwigshafen.
Edward Arnold, 1981 Depuis 1976 professeur à l’école
7. Parmarkian, J.: Waterham- supérieure Hochschule für
mer Analysis, Dover Publica- Technik und Wirtschaft (HTW)
tions, 1963 du Land de Sarre. De nombreuses
publications sur le thème de
l’écoulement dans les tuyaux.
Co-auteur de l’ouvrage « Calcul
d’écoulement pour systèmes de
tuyauteries » (expert- Verlag). Il a
participé en tant que membre de
la commission Coup de bélier du
DVGW à la rédaction de la direc-
tive W 303 en matière de coup de
bélier. Il apporte son assistance et
ses conseils à la société KSB pour
les calculs de coup de bélier.

30
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