Ainsi, le corps humain ne peut être autre chose qu’un symbole, comme tout
élément se présentant à notre observation. Il a un non seulement un langage
par lequel il exprime ses joies et ses souffrances, mais il est aussi lui-même
un langage en soi de portée plus vaste.
Cette vision de l’Arbre séphirothique, donc du corps humain, représente ainsi les
développements des trois principes fondamentaux : le principe unificateur (sommet
de la colonne centrale,Kether), le principe « passif », féminin (sommet de la
colonne de gauche, Dinah) et le principe « actif », masculin (sommet de la colonne
de droite, Hockmah).
Toutes les Sephiroth situées sous ces principes décrivent un état de développement
de ces derniers. Toute Sephirah sur un axe procède de la Sephirah précédente et
engendre la suivante.
Le second découpage s’effectue en prenant trois étages s’empilant les uns sur les
autres, qu’Annick de Souzenelle a définis comme Avoir, Être et Devenir. Comme
précédemment, chaque étage supérieur forme le principe de l’étage situé
immédiatement sous lui. Les différentes Sephiroth se lient ainsi entre elles de
différentes manières, mais selon un principe unique.
Dans son ouvrage, Annick de Souzenelle décrit le corps en suivant ces trois
parties, de l’Avoir vers le Devenir, des pieds à la tête, ou encore selon la
tradition hébraïque du Royaume (Malkuth) vers la Couronne (Kether).
L’auteur relate étape par étape la nature et la fonction subtile qu’exprime
chacun des organes à travers les grands mythes de l’humanité. Ces mythes
sont souvent dépourvus de sens métaphysique aux yeux des modernes et
leur apparaissent comme des histoires absurdes, des « fables ». Le grand
mérite d’Annick de Souzenelle est de souvent les étudier avec finesse et
profondeur, loin des schémas conventionnels et sclérosants. Elle les raccorde
avec aisance au découpage du corps humain.
Nous distinguons comme elle un sens puissant aux découpages en trois
parties du corps humain, mais nous émettons toutefois une réserve majeure
s’agissant des noms qu’elle accorde aux trois étages de l’Arbre séphirothique
: l’Avoir, l’Être et le Devenir. Ces termes nous paraissent prêter à confusion.
Enfin, le dernier « étage » est celui de l’homme élevé le long de l’axe et ayant
réintégré son Principe. Cet homme est l’homme transcendant. Ici, le terme de
devenir risque de soulever une confusion : réintégré à son Principe, l’homme
n’est plus entraîné dans la Ronde des existences. Dans l’Être, dans l’Unité et,
au-delà, dans le Non Être puis le Principe, il ne peut plus y avoir le moindre
devenir, ce dernier supposant une dualité, un point passé et un point futur.
L’homme y a retrouvé son sens de l’éternité, son « troisième oeil »
(l’urna des hindous), celui synthétisant toute dualité. Le Devenir a cessé pour
lui.
D’autres points nous ont gênés, mais les remarques n’enlèvent rien à la
qualité informative de l’ouvrage proposé. La lecture et la méditation de son
contenu ouvre au lecteur de larges possibilités de compréhension de la
Tradition en partant du connu vers l’inconnu. Quoi de plus banal que le corps
humain ! Pourtant, quelle richesse symbolique contient-il ! La construction de
l’ouvrage répond adéquatement au processus de Réalisation spirituelle de
l’être humain. Celle-ci, sauf cas exceptionnels, part toujours de notre état
connu, de ce que nous pouvons constater immédiatement.
Le corps humain constitue à cet égard une base très digne d’attention et
susceptible d’être évocatrice pour chacun d’entre nous. Puis, des apparences
grossières, l’être s’élève en pénétrant le sens profond contenu dans
l’agencement et la fonction des organes. Il retrouve alors la correspondance
entre le plan grossier, corporel et les plans supérieurs, domaines où
s’épanouissent alors ses facultés. Le lecteur peut suivre pas à pas les étapes
de cette élévation, des pieds à la têtes, la seule donnant son sens à nos vies
jonchées d’épreuves et de difficultés.
Editions Dangles.
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