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H1 : Civils et militaires dans la Première Guerre mondiale (1914-1918)

Ces dernières années ont ravivé l’importance accordée dans la mémoire


collective à la Première Guerre mondiale (1914-1918). Appelée dès 1915 la
"Grande Guerre" (elle dure déjà depuis un an et a fait plus d'un million de
morts), elle a marqué à jamais le genre humain par sa violence et les
souffrances endurées non seulement par les soldats mais aussi par les non-
combattants. C'est en effet la première guerre totale de l'histoire européenne,
c'est à dire une guerre qui mobilise toutes les ressources des pays
belligérants.

I) Les origines et les principales phases du conflit

A) Les causes de la 1ère GM : l'exacerbation des tensions nationalistes et


des rivalités entre les puissances

Document 1 : carte des alliances et des tensions en 1914

Le 28 juin 1914, à Sarajevo, François-Ferdinand, l'héritier de la couronne d'


Autriche-Hongrie (A-H), et son épouse sont tués par Gavrilo Princip, un jeune
serbe de Bosnie, militant nationaliste armé par les Serbes. La péninsule des
Balkans constitue alors une véritable poudrière où les tensions nationalistes
sont nombreuses. Sarajevo est ainsi la capitale de la Bosnie, un territoire
annexé par l'Autriche, à laquelle la Serbie voisine s'oppose.

B) L'engrenage des alliances et le déclenchement de la guerre

Face à la montée des tensions, deux systèmes d'alliance voient le jour :


- la France et le Royaume-Uni (R-U) et l'empire de Russie forment la Triple
Entente
-Les empires d'Allemagne, d' A-H et le royaume d'Italie. sont unis dans la
Triple Alliance (Triple Alliance)

En juillet 1914, la Serbie est considérée comme responsable de l'attentat par


les militaires autrichiens. Encouragé par l'Allemagne, le gouvernement
autrichien lui pose alors un ultimatum inacceptable que la Serbie repousse,
soutenue par la Russie protectrice des Slaves.

Malgré les tentatives de médiation du R-U, le 28 juillet l'Autriche-Hongrie


déclare la guerre à la Serbie. Une crise majeure s'ouvre alors plongeant toute
l'Europe dans la guerre par l'engrenage des alliances. Celui-ci conduit en
effet les puissances de l'Entente et de la Triple Alliance à se déclarer
mutuellement la guerre début août.

C) Les phases de la guerre


Si pendant les premiers mois du conflit, l’opposition se caractérise par une
guerre de mouvement , à la fin de l'année 1914, du côté occidental, les deux
armées épuisées se font face sur un front de plus de 700 km. Aussi les chefs
d'État-major renoncent-ils provisoirement à la guerre de mouvement et pour
empêcher l'adversaire de progresser, les soldats creusent des tranchées
dans lesquelles ils s'enterrent. Commence alors une nouvelle phase du
conflit appelée la guerre de position. Bien que les combats se déroulent
principalement en Europe, le conflit devient mondial par l'entrée en guerre
de nombreux pays (Empire ottoman, États-Unis etc) soit 72 États belligérants
au total et l'engagement de troupes coloniales. Les chefs d’État-major,
n’ayant pu se résoudre à renoncer à la guerre de mouvement, lancent alors
régulièrement des offensives meurtrières ayant pour but de provoquer la
rupture du front ou d’user l'adversaire (guerre d'usure). En 1916, les batailles
de Verdun et de la Somme qui font respectivement plus de 700 000 et 1,2
millions de victimes (morts, disparus et blessés) sont les symboles de la
mort de masse causée par la guerre industrielle. Le combat n'est pas
seulement continental car l'Allemagne pratique la guerre sous-marine à
outrance contre les convois de ravitaillement alliés. Malgré le retrait de la
Russie en proie à une révolution et la vague de mutineries qui secoue les
armes européennes en 1917, on assiste à la reprise de la guerre de
mouvement en 1918 et la victoire finale de l'Entente.
II) Un conflit d'un genre nouveau

A) Une guerre de position

Les armées se font face selon deux systèmes parallèles de positions


défensives, constitués de trois lignes de tranchées et séparés par un no
man’s land. C'est un espace exigu et ouvert donc soumis aux intempéries.

Le danger y est permanent (tirs de mitrailleuse, canonnade, explosion de


mines). C'est en première ligne que le taux de mortalité est le plus élevé. La
mort est omniprésente. Les soldats sont entourés de cadavres: ils les voient
entier ou des bouts, ils les sentent. Les rats prolifèrent, s'en nourrissant.

Les conditions d’hygiène sont à peu près nulles. Les soldats ne peuvent pas
se laver et les puces/poux prolifèrent véhiculant des maladies (galle). En
France, on donne aux soldats le surnom de poilus car ils ne peuvent pas se
raser régulièrement.

La plupart du temps, quand ils ne se battent pas, ils doivent effectuer des
corvées éreintantes de nuit. Ils subissent également l'inconfort de la
tranchée ainsi que le bruit incessant des bombardements. Pour toutes ces
raisons, ils ne dorment que très peu et sont donc épuisés.
Le ravitaillement est défaillant. La nourriture, de mauvaise qualité (viande en
conserve, vin …), arrive souvent froide (soupe), et est mangée dans des
conditions d'hygiène déplorables. Souvent, les soldats doivent se rabattre
sur les aliments que leur envoie leur famille.

B) Une guerre d'une brutalité inédite

1) La violence de masse d'une guerre industrielle


Le passage d’une guerre de mouvement à une guerre de position implique
un armement différent qu'il a fallu produire en quantité industrielle. L’arme
défensive par excellence est la mitrailleuse mais pour détruire les tranchées
et les moyens de transports adverses, on utilise des canons qui permettent
de bombarder des positions à plusieurs kilomètres. L’infanterie reçoit aussi
l’arme la plus adaptée au combat de tranchée : la grenade. De plus, au cours
de la guerre, de nouveaux moyens de destruction sont utilisés : le lance-
flammes, les gaz, les chars. Enfin, l’avion sert à régler les tirs d’artillerie et
l’observation.
Il est fait de toutes ces armes une utilisation massive, ce qui donne au conflit
une brutalité encore jamais atteinte. A Verdun, plus 50 millions d'obus sont
tirés. C'est l'artillerie qui a causé la très grande majorité des morts et des
blessures. Les obus pulvérisent, tranchent, occasionnent des blessures sur
les visages des soldats jamais vues auparavant et les transformant en
« gueules cassées ».
Les chefs d’État major, qui n'acceptent pas la guerre de position, lancent des
offensives meurtrières destinées à rompre le front ou à user l'adversaire
(guerre d’usure =stratégie allemande à Verdun) mais la plupart du temps, la
ligne de front ne bouge que d'une centaine de mètres et le terrain gagné est
rapidement perdu. Les soldats se considèrent donc comme de la « chair à
canon » dont la vie est inutilement sacrifiée.
Malgré les violences qu'ils subissent, les soldats tiennent grâce à leur
robustesse, au patriotisme, au souvenir de la vie civile (lettres et colis de la
famille et des marraines), à la haine de l'ennemi (« les Boches »), la force des
amitiés, le renouveau de la foi et aux loisirs de l'arrière (artisanat de tranchée,
jeu de cartes, rédaction de journaux). Rappelons surtout qu'ils n'ont pas le
choix (exécution pour abandon de poste, mutilation volontaire ou refus
d'obéir aux ordres).
2) Les violences à l’égard des civils

Lors des offensives de 1914, des millions de civils en Belgique, dans le


Nord et l’Est de la France, Russie, en Serbie et en Prusse orientale ont fui
devant les armées d’invasion. De nombreuses atrocités ont été commises
par les Allemands, les Autrichiens et les Russes : viols de femmes,
massacres d’otages, destructions de villages, pillages.
C’est dans l’Empire ottoman que les violences contre les civils ont pris le
tour le plus tragique avec le.génocide des Arméniens par l’armée turque. Les
Turcs musulmans accusent les deux millions d'Arméniens chrétiens de
comploter avec la Russie afin d'obtenir la création d'un État indépendant et
justifient ainsi leur extermination. Les hommes sont assassinés tandis que
les femmes, les enfants et les vieillards sont déportés vers des régions
désertiques syriennes situées à des centaines de kilomètres en 1915. Tout
ceux qui n’avancent pas assez vite au gré de leurs bourreaux sont
systématiquement massacrés. Sur place, ils sont abandonnés à leur sort
dans des camps de concentration où la mortalité est très élevée. Sur les 2
millions d’Arméniens vivants dans l’Empire Ottoman avant 1914, les 2/3 ont
été exterminés entre janvier 1915 et fin 1916 soit 1,3 millions d’individus lors
de ce qui constitue un des plus importants génocides de l'Histoire.
Aux atrocités commises lors des invasions succèdent les conditions de vie
difficiles endurées par les populations lors des occupations. Celles-ci sont
extrêmement dures comme en Belgique ou dans le Nord et l’Est de la France
où malgré le paiement d’indemnités d’occupation colossales, les produits
industriels et agricoles sont réquisitionnés, les usines fonctionnent
uniquement pour l’Allemagne et les hommes sont contraints aux travaux
forcés. Dans les villes, on souffre de la faim, du froid, du manque de
nouvelles du front. Les populations subissent des brimades, des prises
d’otages, des déportations dans des camps. Les quelques tentatives de
résistance sont durement réprimées, leurs auteurs fusillés ou déportés.

C) Une guerre totale


La durée de l’affrontement oblige les États belligérants à mobiliser toutes
les forces de leur pays.
1) L’économie de guerre
Les gouvernements des pays belligérants instaurent une économie de
guerre pour fournir le front en armes et ravitailler soldats et populations
civiles. Pour la première fois les États dirigent l’économie et ouvrent des
crédits aux industriels afin de construire de nouvelles usines et de les
équiper comme en France Renault pour les chars d'assaut.
D’autre part, les États se chargent d’assurer les approvisionnements en
matières premières et le ravitaillement des populations civiles (ticket de
rationnement).
Ils s'occupent aussi de mobiliser toute la main d’œuvre disponible. Les
femmes prennent alors le relais dans les usines d'armement
(«munitionnettes»).
Pour financer le colossal effort de guerre, les États empruntent à d'autres
États (l'Entente aux États-Unis) puis à leur population (affiches pour
l’emprunt de guerre).

2) La mobilisation des esprits dans une guerre idéologique (propagande et


culture de guerre )
Pendant quatre ans, les peuples n’ont plus vécu que pour la guerre ce qui a
donné naissance à une culture de guerre. En effet, la durée du conflit a
conduit les États à tenter de maintenir la cohésion nationale.
La mobilisation des esprits passe par une propagande, elle minimise les
succès ennemis, nie les réalités meurtrières du front et héroïse les chefs
militaires. Les thèmes principaux de la propagande montrent qu’il s’agit
d’une guerre idéologique. Ses supports sont les affiches, les cartes postales,
les journaux, le cinéma d’actualité ainsi qu'une production commerciale. Les
enfants sont une cible privilégiée de cette mobilisation des esprits.
Toutefois la propagande officielle n’a pu encadrer efficacement l’opinion que
dans la mesure où elle a su s’appuyer sur le patriotisme profond. Il ne faut
pas exagérer le rôle de la censure des lettres et des journaux dans la
manipulation des esprits car les opinions disposent très tôt d’une contre-
information efficace.

III) Les conséquences de la guerre

A) Les bouleversements politiques


1) La révolution bolchévik et la naissance de l'URSS

En octobre, le gouvernement provisoire, favorable à la poursuite de la guerre,


est renversé par les Bolchéviks conduits par Lénine qui instaure un régime
communiste.

La paix avec l'Allemagne est signée en mars 1918. Lénine pose les
fondements d'un régime totalitaire.

L'URSS (Union des Républiques socialistes soviétiques) est créée en 1922.

2) Une carte politique redessinée par les traités et une paix fragile (doc1 et
2 p34)

La paix est rétablie par plusieurs traités dont celui de Versailles signé le 28
juin 1919. Huit nouveaux États sont créés.
L'Allemagne, jugée responsable de la guerre, est lourdement sanctionnée .
La Société des Nations est instituée
B) Un bilan effroyable

1) Une saignée démographique et un bilan matériel lourd (doc4p15)

Jamais conflit n’aura été aussi meurtrier : 9,4 millions de soldats tués ou
disparus,. 21,2 millions de blessés. Des régions entières dévastées par les
bombardements sont désormais impraticables pour l'agriculture. Tous les
États Alliés sont affaiblis financièrement

2) Un traumatisme durable

Les nations en deuil érigent des lieux (monuments aux morts.dans chaque
commune), et créent des temps de mémoire (cérémonie du soldat inconnu
sous l'arc de triomphe, 11 novembre = jour férié). Les soldats fondent des
associations d'anciens combattants dont certaines sont pacifistes en
espérant que cette guerre sera la « Der des Ders » tandis que d'autres
exaltent la violence et l'ordre.

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