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MICHAEL PAURON
La collection «Dossiers noirs», créée et animée par l’association Survie depuis 1994, documente,
questionne et critique les impérialismes en Afrique – et en particulier l’impérialisme de l’État
français.
Introduction
Première partie.
Le vrai pouvoir de l’ambassadeur
1. Le gardien
2. Guerre de palais à l’ambassade
3. Un acteur de la désinformation
Deuxième partie.
Une domination symbolique et matérielle
4. L’Afrique des ambassadeurs
5. Au palais des colonies
6. De la chair à canon locale
Troisième partie.
Dans les anciennes colonies, tout est permis
7. Ivresse et sexe
8. Il n’y a pas de petites économies
9. Les petites affaires des ambassadeurs
Quatrième partie.
Politiques migratoires: un business en or
10. «Nous n’aimons pas qu’on parle de nous…»
11. Privatisation, politique migratoire et corruption
12. Fuites à tous les étages
Conclusion
Notes et références
Introduction
Les basses du kuduro[I] font trembler les murs d’une petite boîte de nuit
située dans le centre de Luanda, capitale de l’Angola. Nous sommes un soir
de juin 2018. La danse et la boisson font oublier un court instant la crise
économique qui sévit alors dans l’ancienne colonie portugaise, la plus grave
depuis la fin de la guerre civile, en 2002: l’inflation galope et le kwanza – la
devise locale – se fait rare, à tel point que de nombreux distributeurs
automatiques de billets sont vides. Le verre coûte environ deux euros, une
fortune pour plus de la moitié des Angolais qui doivent vivre avec moins
d’un euro par jour. Le pays est pourtant le deuxième producteur africain de
pétrole. Afin d’éviter de rendre trop de monnaie, le bar ne vend que des
tickets de cinq boissons. La clientèle est composée d’Angolais et
d’étrangers. Parmi eux, des Français.
On ne peut pas les rater: ils crient à tue-tête pour essayer de s’entendre.
La petite trentaine d’années, ils ont manifestement bu plus que de raison. Ils
transpirent, chemise de costume à moitié ouverte sur un jean de marque
américaine. Les discussions tournent autour des femmes angolaises: on
scrute les serveuses, les clientes, on les juge avec des qualificatifs qu’on
préfère ne pas répéter ici, pensant sans doute que les Angolais, lusophones,
ont du mal à les comprendre.
L’un des Français s’écroule et vomit sur le sol. Ses acolytes le relèvent et
l’assoient sur une chaise. Ils s’excusent auprès des employés qui s’activent
pour nettoyer. Sur la piste de danse, un autre embrasse licencieusement une
Angolaise. Tous ces Français font partie du corps diplomatique de leur
pays. Quelques jours plus tard, je recroiserai d’ailleurs l’un d’eux dans le
bureau de l’ambassadeur de France.
Ce n’est pas la première fois que j’assiste à ce genre de scènes dans une
capitale africaine – et cela ne concerne pas que les employés des
ambassades, mais plus généralement les Européens. Beaucoup d’autres
m’ont également été rapportées. Et si elle n’est pas propre à l’Afrique, cette
arrogance prend une toute autre dimension sur ce continent, où la France fut
l’un des empires coloniaux les plus importants (près d’un tiers de sa
surface) et l’une des places fortes de la traite atlantique. Néanmoins, elle est
loin de ne concerner que des débordements lors de soirées trop arrosées – si
seulement… Cette arrogance s’expose aussi au grand jour lors
d’événements plus officiels, comme l’illustre cet autre tableau, au
Cameroun, le 22 février 2021.
Ce jour-là, Christophe Guilhou se rend au palais de l’Unité, le palais
présidentiel de Yaoundé. L’arrivée de l’ambassadeur de France est
immortalisée par la télévision camerounaise. Dans un grand hall en marbre,
le chef du protocole conduit le diplomate dans un salon cossu. Paul Biya,
président du Cameroun depuis 1982 et réélu en 2018 à l’âge de 85 ans,
l’accueille d’une poignée de main. Les deux hommes, masque de protection
sanitaire sur le nez – pandémie de COVID-19 oblige –, s’assoient sur de
larges canapés en cuir blanc. Les flashs des appareils photo crépitent. Puis
le reportage reprend au départ de l’ambassadeur. Ce dernier s’arrête sur le
parvis du palais et prend la parole. Il explique avoir remis une lettre de la
part du président français, Emmanuel Macron, et avoir abordé un «certain
nombre de sujets», dont l’épidémie de COVID-19, mais aussi «la situation
intérieure au Cameroun» et «l’excellence de la relation bilatérale». Pas plus
de commentaires: rien sur le nord-ouest et le sud-ouest du Cameroun, par
exemple, où une guerre civile fait rage depuis 2017 et a provoqué la mort de
6 000 personnes, et rien non plus sur les prisonniers torturés[1].
Cette mise en scène ridicule tourne en boucle à la télévision nationale
camerounaise et sur les réseaux sociaux. Décembre 2019, avril 2020, juin
2020… À chacun de ses entretiens avec Paul Biya, l’ambassadeur de
France se plie au même rituel. Imaginerait-on, à l’inverse, un ambassadeur
africain prendre la parole devant les journalistes de France Télévisions sur
le parvis de l’Élysée? Pourquoi, plus de soixante ans après les
indépendances, l’ambassadeur de France a-t-il conservé un statut à part
dans les anciennes colonies françaises d’Afrique subsaharienne? On
pourrait invoquer l’«histoire particulière» qui lie la France au continent
africain, mais on peut aussi être plus clair: les colonies, la Communauté
française puis la coopération, l’importante présence militaire française,
l’existence d’une langue commune, les intérêts économiques et financiers
de l’élite dirigeante soutenue par l’État français contribuent à entretenir en
permanence les liens de dépendance envers l’ancienne puissance coloniale,
et ce, au détriment, bien souvent, du plus grand nombre des Africains. Mais
quelle est aujourd’hui la part de cet héritage dans les relations entretenues
entre ceux qui, parmi ces derniers, du chef de l’État aux employés
d’ambassade, sont en lien direct avec les centaines de diplomates français
répartis dans les 48 chancelleries que compte le réseau diplomatique
tricolore en Afrique[II] – soit près du tiers des ambassades françaises dans le
monde?
L’importance des liens tissés durant la période coloniale est depuis cette
époque une variable de la politique étrangère de la France. L’ancien
colonisateur a construit et perpétué sa puissance dans les relations
internationales sur la base de la domination coloniale. «Le “pré carré
africain” qu’elle s’est ainsi aménagé a été pour la France une ressource
essentielle dans le jeu diplomatique, permettant de compenser la perte
d’influence et de prestige résultant de la fin de l’Empire colonial», explique
le professeur en droit public Jacques Chevallier. «La décolonisation n’a
qu’exceptionnellement, et souvent de manière temporaire, entraîné la
rupture de ces liens: des relations étroites ont généralement été maintenues
– relations fondées, comme dans la période coloniale, sur un rapport de
domination[2]», poursuit-il. En d’autres termes, il est vital pour la France de
maintenir son influence sur ces territoires. Charge aux diplomates d’être les
exécutants et les facilitateurs de cet objectif.
S’interroger sur la manière dont les rapports pourraient être rééquilibrés
devient urgent, au-delà des discours politiques d’intention, jamais suivis
d’effets, tandis qu’une partie de la population africaine souhaite mettre un
terme à cette asymétrie de pouvoir. Parfois instrumentalisés – mais pas
toujours, comme tentent de le faire croire les diplomates français – par
quelques puissances dont font partie la Russie, la Chine, la Turquie et les
pays du Golfe, les slogans contre l’État français et sa politique africaine
trouvent un écho croissant au sein des populations locales excédées. À
l’heure où l’information, toujours commentée mais rarement vérifiée, se
répand comme un feu de brousse sur les réseaux sociaux, l’apparition
sempiternelle d’un ambassadeur de France au journal télévisé, tout comme
le comportement désinhibé de certains diplomates français dans les rues des
capitales africaines, enflent, comme sous l’effet d’une loupe, l’omnipotence
dont se rend coupable l’ancien colonisateur.
Les interventions dénonçant le néocolonialisme de la France exaspèrent
les dirigeants français, jusqu’au plus haut niveau de l’État: Emmanuel
Macron n’a-t-il pas qualifié d’«indignes» ces discours, lors d’une réunion
du G5 Sahel[III], à Pau en janvier 2020, menaçant par la même de retirer ses
troupes de la région si le ton restait inchangé? Les chefs d’État africains
présents, médusés, ont accepté sans broncher de signer une déclaration
demandant à la France de rester[3].
Mais ces gesticulations semblent bien dérisoires: la suspension de la
coopération en Centrafrique au printemps 2021[4], à la suite de la perte
d’influence française face aux Russes et à l’exploitation du «sentiment
antifrançais» – un jargon pernicieux employé par la classe dirigeante
française pour disqualifier une critique de la politique française puisqu’elle
serait irrationnelle – montre l’impasse dans laquelle l’ancienne puissance
coloniale est enferrée vis-à-vis de certains pays gravitant dans son orbite
diplomatique. Au Mali, la junte, qui a pris le pouvoir lors d’un coup d’État
en 2020, soutenue par Moscou, le nouveau partenaire exhibé par les
militaires maliens, a sitôt fait de pousser hors de ses frontières la force
militaire française Barkhane (présente depuis dix ans) et même
l’ambassadeur de France.
Ces grands mouvements géopolitiques ne sont que l’éruption cutanée
d’un mal bien plus profond. Cette enquête, menée sur une période de deux
ans, a l’ambition d’éclairer par le bas la politique française en Afrique. Quel
regard portent les Africains sur les symboles français dans leur pays, sur les
ambassades (de l’Hexagone) et leurs diplomates censés incarner la France
des Lumières et des droits humains? Que reste-t-il de la colonisation dans
les rapports entre les Africains et ces hauts fonctionnaires, héritiers des
administrateurs coloniaux? Pour tenter d’apporter des réponses, il a bien sûr
fallu s’appuyer sur l’histoire – étudier en particulier l’implantation du
réseau diplomatique, le passage du statut d’administrateur colonial à celui
d’ambassadeur au lendemain des indépendances –, mais aussi chercher à
comprendre en quoi les mutations socioéconomiques ayant cours de nos
jours sur le continent ont pu modifier cette relation – lutte contre
l’immigration illégale, lutte contre le terrorisme, guerre de l’information.
Ce travail n’a pas été facilité par le ministère des Affaires étrangères:
souvent sollicité, le Quai d’Orsay a surtout brillé par son silence.
[I] Musique développée en Angola, le kuduro est un mélange de breakdance, de semba, d’électro et
de percussions traditionnelles.
[II] Seules 6 capitales africaines sur les 54 pays que compte le continent sont dépourvues d’une
ambassade de France, certains ambassadeurs ayant compétence sur les pays «secondaires» que sont
le Malawi, le Lesotho, le royaume d’Eswatini, la Somalie, la Gambie et Sao Tomé-et-Principe.
[III] Force militaire composée de la Mauritanie, du Mali, du Tchad, du Niger et du Burkina Faso.
PREMIÈRE PARTIE
LE VRAI POUVOIR DE
L’AMBASSADEUR
Chapitre 1
Le gardien
Bamako, Mali, le 17 février 2022. Après plusieurs mois d’une crise
diplomatique entre Paris et la junte malienne, qui a pris le pouvoir à la suite
d’une série de coups d’État entre 2020 et 2021 et s’est rapprochée de la
Russie, Emmanuel Macron annonce le départ de la force Barkhane, lancée
en 2014 dans le cadre de la lutte antiterroriste dans le Sahel. Autre coup de
théâtre: Joël Meyer, l’ambassadeur nommé en 2018, est prié de quitter le
pays suite aux déclarations du premier ministre malien, Choguel Kokalla
Maïga, l’accusant – sans preuve aucune – d’avoir constitué un plan pour
renverser la junte[1].
Comment une telle rupture des relations entre Paris et Bamako a-t-elle pu
advenir? Est-elle due à des erreurs d’analyse stratégique de la part de la
France? Ou à son arrogance coutumière? Sans doute un peu de tout cela,
mais pas que. En effet, au terme d’une guerre de palais feutrée, la
diplomatie militaire française, sous la tutelle du ministère de la Défense, a
imposé son hégémonie dans la prise de décisions d’orientation générale au
détriment de la diplomatie politique, sous tutelle du ministère des Affaires
étrangères. Si, in fine, les différents acteurs de la diplomatie servent un seul
et même intérêt, celui de la France et de son gouvernement, il n’en demeure
pas moins vrai que la domination de l’un ou l’autre ministère a des
conséquences directes sur les politiques et les populations locales. De ce
point de vue, le changement de paradigme qui a eu lieu au Mali est
particulièrement saisissant.
L’ambassade contre-attaque
Dans Le Togo, de l’esclavage au libéralisme mafieux[12], le journaliste
Gilles Labarthe raconte le destin tragique de ce magnifique petit pays situé
entre le Ghana et le Bénin. Qualifié au lendemain de son indépendance de
«Suisse de l’Afrique» grâce à ses paysages verdoyants et au potentiel
qu’offraient ses matières premières (coton, cacao, café, phosphate,
mines…), le Togo a depuis été «placé sous tutelle de réseaux français et de
puissances étrangères». La Suisse est restée dans les Alpes, où seuls
quelques apparatchiks de la dictature togolaise viennent profiter de ses
pâturages, banques et cliniques.
Depuis le putsch militaire de 1967, la même famille tient le pays d’une
main de fer. D’abord le père, Gnassingbé Eyadéma, général autoproclamé
ayant participé activement en 1963 au meurtre du premier président
postindépendance, Sylvanus Olympio. Au décès d’Eyadéma, intervenu dans
son avion le 5 février 2005 alors qu’il rejoint la France pour y être soigné,
son fils Faure Gnassingbé prend sa suite par un coup d’État constitutionnel,
suivi d’une élection contestée et d’une répression impitoyable du
soulèvement populaire. Il est ensuite «élu» en 2010, puis «réélu» en 2015.
En 2020, il l’emporte une nouvelle fois, et ce, dès le premier tour, avec
76,36 % des votes. Chaque parodie électorale est émaillée de manifestations
réprimées dans le sang.
Du général de Gaulle à Emmanuel Macron, qui a reçu Faure Gnassingbé
sous les ors de l’Élysée le 9 avril 2021, pas un président français n’a
souhaité rompre avec la dynastie. Dans leur sillage se trouve une kyrielle
d’intrigants français, d’hommes d’affaires sulfureux, d’avocats véreux et
autres barbouzes. N’en citons qu’un: le général cinq étoiles Raymond
Germanos, condamné en France en 2010 à dix mois d’emprisonnement
avec sursis pour avoir, de 2004 à 2008, téléchargé près de 3 000 photos et
vidéos pédopornographiques mettant en scène des enfants âgés de 6 mois à
12 ans[13]. Il dispense aujourd’hui ses conseils au président togolais pour
sécuriser le nord du pays face au risque djihadiste[14]. Il travaille
étroitement avec l’armée française, avec qui le pays a toujours maintenu un
accord de défense et dont les représentants sont omnipotents. La
coopération militaire et policière est restée très active[15]. Le Togo est bien
gardé; les yovo yovo (les Blancs) s’en chargent.
Les ambassadeurs de France jouent un rôle essentiel dans le maintien de
cette tradition françafricaine. «Les relations avec le pouvoir togolais sont
certes particulières, mais pas plus que dans un autre pays d’Afrique
francophone», tente de minimiser un ex-ambassadeur de France à Lomé, la
capitale du Togo. Certains diplomates ont quand même fait plus de zèle que
d’autres.
Durant la mise en place du multipartisme, Bruno Delaye (ambassadeur
au Togo de 1991 à 1992) a été au cœur du processus dit de «transition
démocratique»: le premier ministre d’alors, Joseph Kokou Koffigoh, ne
décidait rien sans s’entretenir avec celui qui était devenu un véritable
«conseiller politique[16]». Selon un observateur togolais conservant son
anonymat, Bruno Delaye avait l’air «sympa». «Les portes de la chancellerie
étaient ouvertes, il parlait avec toute l’opposition: ils faisaient des restos
ensemble, allaient en boîte de nuit… Les opposants lui disaient absolument
tout.» Or, ces informations ont fini par arriver aux oreilles du régime. «Qui
les a transmises? Paris? Delaye?» se demande notre observateur. «Toute la
classe politique a été menée en bateau [et s’est retrouvée] dans une impasse.
Eyadéma connaissait toutes les intentions de l’opposition et s’en est servi
pour la déstabiliser et l’affaiblir afin de se maintenir au pouvoir[17].»
À l’inverse, pour Libération, Bruno Delaye s’est d’abord «engagé auprès
de l’opposition, corps et âme[18]». Lorsque cette opposition rompt les
accords du 12 juin 1991 signés sous son patronage, le diplomate, désabusé,
jette l’éponge et finit par la qualifier d’«irresponsable, peu crédible, trop
divisée et sans stratégie». Alors qu’il «pouvait ne pas s’aligner sur ses
supérieurs», il rejoint la ligne élyséenne qui, elle aussi, a évolué: Eyadéma
conserve le pouvoir dans le sang et sur les cendres d’une démocratisation
mort-née[19].
Jean-Christophe Mitterrand, le fils du président socialiste français, ancien
correspondant de l’AFP à Lomé et très lié à Eyadéma, est alors le conseiller
Afrique de son père. Lorsqu’il est débarqué, c’est Delaye qui prend sa
place. Le changement dans la continuité: le soutien au régime a perduré
jusqu’à aujourd’hui. «Les temps changent, les diplomates se font muter, les
ministres de la Coopération se reconvertissent dans les affaires… l’esprit
reste[20]», écrit Labarthe. Pourquoi? Entre autres parce que «pendant
longtemps, l’Élysée a utilisé des sommes détournées sur les ressources
togolaises pour financer des partis politiques français[21]».
J’avais trois possibilités: le droit de réponse, la HAAC et le tribunal. Les peines encourues par les
journaux et les journalistes dans un procès en diffamation me paraissaient disproportionnées. D’un
autre côté, j’estimais que le droit de réponse engageait un dialogue avec des auteurs qui, quoi qu’il
en soit, écriraient n’importe quoi. J’ai donc déposé un mémoire à la HAAC qui a très vite pris une
décision. Le fait que ces journaux avaient déjà été rappelés à l’ordre par le passé, ce que j’ignorais,
a alourdi les sanctions. Je pensais qu’ils n’auraient qu’un avertissement, ils ont en fait été
suspendus.
Un ambassadeur, un vrai
«Depuis le départ à la retraite de Jean-Marc Simon, il n’y a plus de vrais
ambassadeurs de France en Afrique», ai-je pu entendre ici et là. La
prospérité de sa société de conseil, Eurafrique Stratégies, et la couverture
médiatique dont ont bénéficié ses mémoires publiés en 2016, Secrets
d’Afrique. Le témoignage d’un ambassadeur, en disent long sur l’aura du
personnage. Des négociations secrètes en Centrafrique à la chute de Laurent
Gbagbo en Côte d’Ivoire, où son rôle lors de la crise postélectorale de 2011
a été déterminant[III], il fut de bien des «coups» de la France en Afrique des
années 1980 aux années 2010.
Né en 1947, Simon dit découvrir dès l’âge de huit ans la possibilité de
devenir «gouverneur de colonies». Tout comme Lunven, les indépendances
auront raison de cette orientation – mais il garde pour ce statut, dans ses
mots tout du moins, une certaine admiration. Il raconte dans son avant-
propos avoir eu l’ambition d’écrire ce livre aussi pour «la jeunesse
africaine, souvent mal informée des conditions dans lesquelles certaines
décisions qui ont pesé sur son destin ont été prises». Il admet et assume le
rôle actif de la France dans la politique de certains pays africains.
Petit-fils d’un directeur d’une exploitation fruitière au Sénégal, le futur
diplomate a 15 ans quand il débarque pour la première fois en Afrique, à
Dakar, à l’occasion d’un voyage organisé par une association de jeunesse.
Empli des souvenirs des photographies de son grand-père «coiffé d’un
casque colonial», il découvre, ému, une ville «bigarrée, mêlée d’enfants
courant dans tous les sens et pauvrement vêtus», avec ses «grandes artères»
portant «les mêmes noms que celles de nos villes de province, Thiers,
Gambetta, Jules-Ferry, Albert-Sarraut, ou encore des noms d’anciens
gouverneurs, William-Ponty et Ernest-Roume». Il se remémore avoir
sillonné les «quartiers africains» – la ville serait donc européenne – et se dit
«fier» d’avoir rencontré le premier ambassadeur de France nommé à Dakar,
un gaulliste (comme lui), Claude Hettier de Boislambert. «L’Afrique était
telle que je l’imaginais», écrit-il. Cet imaginaire d’une Afrique éternelle
avec d’un côté les villes au charme colonial et de l’autre une nature sauvage
idéalisée ne quittera pas le diplomate[10].
Pendant ses études de droit, Jean-Marc Simon assiste «consterné» aux
événements de mai 1968. Après sa licence, il intègre le Quai d’Orsay à
l’issue d’un concours pour être secrétaire de chancellerie. Il rejoint
l’ambassade de Dakar – «qui conserve encore quelques beaux restes de
l’époque récente où elle succédait au gouvernement général de l’Afrique-
Occidentale française» – où il est nommé vice-consul à 21 ans. Brillant,
assurément. Asie, Amérique du Sud: après ses études, Simon enchaîne les
postes en chancellerie pour ne revenir en Afrique que bien plus tard. Le
continent lui manquait, lui qui était «impatient d’agir». Or, «seule l’Afrique
pouvait [lui] en donner l’opportunité». Ce jour arrive en 1984, lorsqu’il est
nommé premier conseiller au Tchad[11].
Une fois encore, le Tchad est décrit comme un «pays ami qui parle à
l’imaginaire[12]», mais est surtout, plus prosaïquement, un territoire où
l’armée française est omniprésente. L’attaque en 1984 par l’ex-président du
Tchad, Goukouni Oueddei (renversé par Hissène Habré en 1982), soutenu
par le Libyen Mouammar Kadhafi? «Une agression extérieure
caractérisée[13]» justifiant l’opération Manta déclenchée par François
Mitterrand. Celle-ci sera remplacée par l’opération Épervier en 1986 et ne
prendra fin qu’en… 2014.
Si les droits humains ne sont pas «au cœur des préoccupations» de
l’autocrate Hissène Habré (il a été condamné en 2016 par une chambre
africaine extraordinaire pour viol, crimes de guerre, torture et crimes contre
l’humanité[14]), sa «solide formation» reçue à Paris fait de lui un homme
qui «force incontestablement le respect[15]». L’homme qui aurait exécuté
40 000 personnes durant ses huit années passées à la tête du pays[16] est
comparé par le diplomate à Georges Clemenceau. Le successeur d’Habré,
Idriss Déby Itno, arrivé au pouvoir par un putsch en 1990, n’est pas moins
couvert de louanges par Simon – alors même qu’il a collaboré au régime de
terreur d’Habré: «Je suis et je reste assez admiratif de la façon dont Déby
tenait son pays et le conduisait vers le développement et l’unité[17].» En fait,
Déby a régné sans partage et exercé une main de fer sur la population, en
enfermant ou éliminant tous ses opposants pendant plus de trente ans,
jusqu’à sa mort en 2021. Puis, le pouvoir a été transféré à son fils Mahamat
à la suite d’un putsch constitutionnel soutenu a posteriori par les autorités
françaises.
Nous l’avons soulevé plus haut, Jean-Marc Simon a participé activement,
en coulisse, à l’organisation des élections de 1993 en Centrafrique. Lorsque
le président Kolingba finit par accepter ce processus électoral, Simon
estime que «la France a repris la main sur les questions africaines avec des
principes et une ligne directrice qui prennent en compte les élections
nécessaires du continent». Et de se demander: «En faisons-nous trop?» Pour
lui, toutefois, cela se justifie par «la relation particulière que nous
entretenons avec nos anciennes colonies, fruit de l’histoire et du sang versé
ensemble». C’est une vision courte de l’histoire africaine, qui occulte le
sang versé avant tout par les Africains lors des conquêtes coloniales de la
France et qui leur refuse toute idée d’une souveraineté débarrassée de cette
filiation. Il invoque, comme souvent dans la diplomatie ou l’armée, ce qui
serait une connaissance unique «des hommes et du terrain» par les acteurs
français. Lorsque Simon est nommé ambassadeur à Bangui, en 1996, il
prend conseil auprès de Louis Sanmarco, un ancien administrateur colonial,
gouverneur de l’Oubangui-Chari en 1954. La filiation n’a jamais été
rompue…
Le décret du 11 juin ayant officialisé le transfert du chef-lieu à Dakar, il est maintenant possible
d’envisager l’installation définitive du chef de territoire et de son cabinet à Dakar. Mon choix s’est
porté sur un terrain appartenant à l’État, portion du titre foncier 4708, situé boulevard Pasteur et
bordé au sud par le palais de justice, à l’est par des bâtiments militaires faisant partie de la batterie
de l’anse Bernard, au nord-est par le terrain de l’inspection de la FOM [France d’outre-mer], et au
nord par un lot retenu pour les besoins du consulat général des États-Unis. Ce terrain de
6 500 mètres carrés est très bien situé et suffisamment vaste pour permettre l’édification d’un
bâtiment abritant le cabinet du chef de territoire et les services de l’État[7].
L’anse Bernard est désormais le nom d’une plage. Le palais de justice n’a
pas bougé. La «parcelle 4708», appelée «terrain du cap Manuel» dans un
document daté du 30 octobre 1958, et dont la superficie est revue à la
hausse pour atteindre finalement «7 520 mètres carrés», est celle sur
laquelle a été construite la résidence de France (où le gratin sénégalais est
venu fêter le début du ramadan fin juin 2019). L’avant-projet de l’entreprise
Chesneau et Vérola parvient sur le bureau de Lami début juillet 1958. Cette
première «esquisse» propose un bâtiment de 3 000 mètres carrés auquel
s’ajoute un parking de 500 mètres carrés. Coût estimé: «80 millions de
francs» (soit 146 millions d’euros et 198 millions de dollars canadiens en
monnaie constante).
En parallèle, d’autres pourparlers démarrent pour trouver un lieu
suffisamment vaste afin d’accueillir provisoirement les services
administratifs. Pierre Lami demande au haut-commissaire Messmer si
l’immeuble de l’«ancien Grand Conseil» peut lui être attribué – le bâtiment
existe toujours: place Soweto, il abrite l’Assemblée nationale sénégalaise.
Un décret du 8 décembre 1958 autorise Lami à transférer officiellement ses
services pour une durée de deux ans afin de permettre la construction de la
nouvelle chancellerie française. Le projet prend finalement plus de temps
que prévu.
Le 22 février 1960, deux semaines avant l’indépendance de la Fédération
du Mali, Lami reçoit l’autorisation de démolir «12 bâtiments […] qui
appartiennent à la République du Sénégal» situés sur la parcelle 4708, «qui
appartient à l’État français». Ces opérations «doivent s’intégrer dans le
règlement d’ensemble des problèmes domaniaux entre la République
française et la République du Sénégal», écrit Mamadou Dia, le chef de
gouvernement sénégalais. Pierre Lami n’a pas le temps d’aller plus loin. En
juin 1960, Claude Hettier de Boislambert est nommé à sa place «haut
représentant» à Dakar.
Lorsque cet aristocrate normand, homme de confiance du général de
Gaulle, débarque dans la capitale sénégalaise, le projet de chancellerie n’est
pas achevé et les événements politiques de la région l’occupent
particulièrement durant sa première année en poste, comme l’a rappelé
Foccart en vantant la finesse de jeu du diplomate. À peine arrivé, l’ancien
résistant au caractère bien trempé écrit tout de même à Modibo Keita,
président de la Fédération du Mali, pour lui faire part du caractère
«inadapté» des locaux de l’ancien Grand Palais. En juillet, il demande une
concession du Grand Palais d’une «durée satisfaisante», qu’il obtient «de
gré à gré» et «sans négociation» au cas où l’option de transformer ce
bâtiment en ambassade serait choisie. Le jeune Sénégal indépendant signe
finalement le décret d’occupation le 14 janvier 1961. Dans ce petit laps de
temps, entre juillet 1960 et début 1961, les courriers adressés à Boislambert
ont changé de destinataire: «Monsieur le haut représentant» est devenu
«Monsieur l’ambassadeur».
En novembre 1960, la société Chesneau et Vérola démarre la
construction de la résidence sur le terrain choisi par Lami. Dès lors,
Boislambert accorde une attention toute particulière au chantier. Il se plaint
du «rythme de travail des ouvriers africains qui sont chargés de niveler la
grande terrasse», de la «plaque sur le trou d’évacuation d’eau dans la cour à
voitures», du «robinet placé le long du chemin de descente qui va aux
appartements du sous-sol» placé trop bas, ou encore de la variété des arbres
à planter et de la délimitation du futur potager. Rien n’échappe au diplomate
reconverti en chef de chantier.
En juin, les travaux sont presque terminés. Début juillet, Boislambert
s’inquiète encore des poignées de porte inadaptées qu’il faut rapidement
changer. Son idée? Inaugurer la résidence le 14 juillet. Une semaine avant
la date fatidique, la résidence de France est «provisoirement» livrée.
Léopold Sédar Senghor, tout nouveau président du Sénégal, assistera à la
première réception du 14 juillet postindépendance et inaugura ainsi une
tradition qui a toujours cours aujourd’hui.
Après de nombreux déboires, Lucien Paye, le nouvel ambassadeur arrivé
en octobre 1962[8], valide la réception définitive de la résidence le
10 janvier 1963. Il parfait les derniers aménagements, dont la construction
d’un court de tennis pour la modique somme de «360 000 francs», auquel
on accède depuis le parc de la résidence par un petit portillon. Très
scrupuleux, l’ambassadeur édicte un règlement strict pour encadrer son
utilisation: «tenue blanche» et «chaussures de tennis» exigées, «pas de
chien».
Quid des bureaux de la chancellerie? Des documents consultés aux
archives de Nantes nous apprennent que, jusqu’en 1964, avant l’installation
dans l’immeuble du mess des officiers (l’actuelle ambassade), d’autres
projets étaient mis à l’étude par l’ambassadeur Paye.
Il choisit un terrain en plein centre de la capitale sénégalaise. Cette fois-
ci, les préoccupations sont bien différentes de celles de Boislambert pour la
résidence et son parc: on parle de salles de réunion, d’archivage, du bureau
du «chiffre» (où sont codés les messages à destination de Paris), de la
«radio» (autrement dit des écoutes) et de sécurité.
En pleine guerre froide, l’une des inquiétudes est la proximité d’un
bâtiment acquis par la représentation russe. Dans une note à l’attention de
l’ambassadeur datée du 27 juin 1963, l’auteur (qui signe «J.R.») explique:
«Je persiste à penser que l’emplacement est médiocre; les inconvénients
seront encore aggravés par le voisinage de l’ambassade d’URSS, qui a
acheté, si je ne me trompe, un immeuble de cinq étages situé juste en face
de notre entrée principale.»
Mais, en avril 1964, coup de théâtre: l’ambassadeur informe les
architectes qu’«il conviendrait, jusqu’à nouvel ordre, de surseoir à l’étude
détaillée de l’ensemble». Pourquoi interrompre si brusquement le projet? La
proximité des Russes a-t-elle été dissuasive? Un document, daté du 26 avril
1964, donne une piste: «Même si les travaux nécessaires étaient entrepris
pour améliorer la sécurité, même si des constructions étaient possibles pour
accueillir les services actuellement dispersés, la situation de l’immeuble,
face au palais de la présidence de la République n’est pas des plus
heureuses et ferait de l’ambassade de France un objectif tout désigné en cas
de troubles.»
Les mouvements populaires hostiles à la France sont en effet une
préoccupation majeure dès cette époque. Une inquiétude qui résonne fort
dans le contexte actuel: depuis plusieurs années, les démonstrations contre
la politique française dans des pays phares de l’ancien pré carré français se
sont multipliées. Finalement installée dans le mess des officiers, la
localisation de l’ambassade de France répond alors à deux inquiétudes
principales: elle l’éloigne du regard des Russes et l’exclut de la zone de la
présidence sénégalaise où pourraient converger des manifestants.
On le voit, les lieux où sont installées les ambassades de France n’ont
rien d’anodin. Pour la chercheuse Odile Goerg, les villes coloniales, qui
avaient leur propre logique ségrégationniste, séparaient les «quartiers
indigènes» dépourvus de services des «quartiers européens». La place
centrale de l’ambassade dans la ville répond alors sans doute à cette notion
héritée du colonialisme, pour laquelle «la ville, telle qu’elle est pensée
alors, se limite à une portion de l’agglomération, c’est-à-dire à la partie
habitée essentiellement par les Européens, le “centre”[9]». Cela explique
aussi la proximité (souvent entre un et deux kilomètres) des chancelleries
françaises avec les palais présidentiels africains, qui étaient pour la plupart
les anciens palais de gouverneur.
Abidjan est l’une des chancelleries les plus vastes du réseau français dans
ses anciennes colonies d’Afrique subsaharienne. Le pays, qui bénéficie d’un
accord de partenariat de défense avec la France depuis 2012, accueille l’une
des deux bases opérationnelles avancées de l’armée française en Afrique.
Neuf cents militaires français y stationnent en permanence. Elle constitue
notamment la base arrière d’approvisionnement de l’opération Barkhane.
Autant dire que l’ambassade de France en Côte d’Ivoire, outre l’histoire
politique singulière qui lie les deux pays depuis plus de six décennies, est
particulièrement stratégique.
Quelque 150 personnes, dont la moitié sont des agents de droit local, font
tourner la boutique. Selon notre source, le budget de l’année 2020 s’élevait
à 1,5 million d’euros[18]. Avec les ressources liées à la coopération militaire
et l’aide au développement, le budget de la France en Côte d’Ivoire s’élève
à près de 3,7 millions d’euros par an. En raison de l’épidémie de COVID-
19, des économies réalisées sur les frais de représentation ont permis de
réaliser des travaux à hauteur de 250 000 euros.
Une partie du personnel diplomatique est logée au sein d’une résidence
fermée et sous bonne garde, Les Palmes, située sur le boulevard François-
Mitterrand, face à l’École de gendarmerie et l’École nationale de police.
Accolé à son parc, on trouve aussi le siège de l’Agence française de
développement, le bras financier de la coopération française.
La résidence de France se trouve à trois kilomètres de là, plus au sud,
nichée dans un gigantesque parc au bord de la lagune Ébrié. Le locataire
des lieux, Jean-Christophe Belliard, m’ouvre ses portes. Une démarche
assez exceptionnelle, faut-il le préciser. La villa, située dans un quartier où
sont installées d’autres emprises diplomatiques (dont celle de l’Iran et de la
Suisse), n’est pas visible de la route, cachée par de hauts murs blancs
équipés de caméras. Le voisin immédiat n’est autre que l’ancienne
résidence présidentielle ivoirienne, en partie détruite par des
bombardements français lors de la crise postélectorale de 2010-2011.
L’ancien président, Laurent Gbagbo, avait trouvé refuge dans son bunker,
d’où il a été délogé avec l’aide des troupes françaises[19]. Un tunnel,
imaginé par Félix Houphouët-Boigny, relie les deux villas: aujourd’hui
bouché, Henri Konan Bédié l’avait emprunté lors du putsch de 1999 pour se
réfugier à la résidence de France.
Après avoir passé deux sas de sécurité, il faut traverser le parc qui
accueille d’autres résidences, dont celle de l’attaché de défense, qui possède
sa propre piscine. L’ensemble boisé est si vaste qu’il est difficile d’en
apercevoir le bout, comme c’est souvent le cas des résidences françaises en
Afrique. En haut d’un grand escalier, l’ambassadeur patiente, un garde
français à ses côtés. Pour le rejoindre, il faut passer sous un bâtiment en
béton et en forme de U construit sur pilotis. Il crée un périmètre
supplémentaire de sécurité: là sont logés les militaires français chargés de la
sécurité des lieux. L’un d’eux est en plein footing.
L’ambassadeur ne cache pas le caractère un peu suranné de son
logement, dont la plaque inauguratrice dorée à l’entrée indique «1963».
À gauche de l’entrée s’étire une longue salle de réception. En face, après
être passé sous deux immenses défenses d’éléphant fixées sur leurs socles et
formant presque une arche – «ça ne fait pas très bon genre de nos jours»,
ironise le diplomate – s’ouvre un grand salon. Au fond, une large baie vitrée
donne accès à une vaste terrasse en surplomb du parc, avec vue sur la
lagune. Au loin, le ponton d’où s’est échappé l’ex-président Henri Konan
Bédié. Au mur, au-dessus de vieux canapés aux couleurs passées, des
tableaux retirés ont laissé des marques. «Notre logement personnel se
trouve à l’étage, précise-t-il. En bas, il y a les cuisines, la réserve…» Et le
fameux tunnel.
Ancien ambassadeur en Éthiopie, dont il garde un souvenir ému du parc
de la résidence («le matin, on prend son petit déjeuner au milieu des
animaux sauvages»), son affectation à Abidjan n’était pas prévue: il a dû
remplacer au pied levé son prédécesseur, Gilles Huberson, rappelé
précipitamment à Paris[II]. Réputé bon gestionnaire et apprécié par ceux qui
ont eu à travailler avec lui, Belliard a dû stabiliser cette chancellerie,
également secouée au moment de son arrivée par une enquête
administrative pour harcèlement moral à l’encontre du consul général
Laurent Souquière.
La visite est courte mais cordiale. Avant le départ, un petit tour près de la
lagune Ébrié s’impose. Là, sous l’œil vigilant d’un garde ivoirien qui
semble faire les cent pas, armé et vêtu d’un gilet pare-balles, il est plus
facile d’imaginer les deux hélicoptères rasant l’eau, en 2002, lors de
l’évacuation d’Alassane Ouattara, de son épouse et de ses proches.
À Abidjan, Paris n’a pas lésiné sur les mètres carrés de ses bâtiments ni sur
les hectares de ses parcs pour maintenir visuellement sa présence. Or,
comme nous l’avons déjà montré, cet héritage a un coût que l’État a de plus
en plus de mal à assumer. Après une période faste dans les années 1960-
1980, les projets de construction d’ambassades françaises en Afrique se
sont raréfiés. Depuis une dizaine d’années cependant, le vieillissement des
bâtiments, les nouvelles contraintes sécuritaires et la nécessité de faire des
économies en regroupant les services dans des «campus diplomatiques» ont
conduit le Quai d’Orsay à lancer de nouveaux chantiers. Une manne pour
les architectes français – et les entreprises tricolores.
Au Gabon, l’«oasis de verdure» de Maurice Delauney n’est plus
strictement réservée à la résidence, son locataire et aux invités de marque.
Une partie de cet écrin boisé en plein centre de Libreville, et à moins d’un
kilomètre du palais du bord de mer, doit accueillir une nouvelle ambassade.
C’est par souci de sécurité et d’économie que le ministère des Affaires
étrangères a finalement décidé de remplacer l’ancien bâtiment. La première
pierre du chantier, confié au cabinet français Fabienne Bulle basé à
Montrouge en région parisienne, a attendu six ans pour être posée après le
lancement du concours, en 2014. Le parc accueillera bientôt tous les
services de la chancellerie: le service économique, le consulat général, la
trésorerie générale, un service commun de gestion…
Siga Sécurité emploie quelque 3 000 vigiles dans tout le pays. Elle gère
aussi le gardiennage de la résidence de France. Dirigée par une Française,
Maryse Malaganne-Delpeuch, la société a été créée par son père en 1970.
La patronne est, depuis au moins 2011, l’une des deux conseillers du
Commerce extérieur de la France en Côte d’Ivoire. Siga Sécurité est une
filiale du premier groupe de sécurité français, Seris. Dirigé par la famille
Tempereau, entrée dans le palmarès des 500 familles les plus riches de
l’Hexagone[20], ce groupe ne compte pas moins de 43 000 salariés, et son
chiffre d’affaires mondial atteint 662 millions d’euros en 2020, selon son
site internet. C’est ainsi: l’État français sous-traite le gardiennage de ses
ambassades à une société française de droit local, qui profite des conditions
minimales qu’offre une législation approximative pour faire de substantiels
bénéfices.
«Aujourd’hui, le marché est autour de 250 000 francs [CFA] par vigile et
par mois, le ministère tire régulièrement les prix vers le bas», confie une
source au sein du ministère français des Affaires étrangères[21]. Charge au
sous-traitant de s’en arranger. Mais, même à 380 euros par mois,
l’entreprise engrange une jolie marge, équivalente à plus de deux fois le
salaire minimum ivoirien par vigile (sur la base d’un salaire de 122 euros
bruts, soit le salaire minimum avec cotisation patronale). Contactés, ni Siga
Sécurité ni Seris n’ont souhaité s’exprimer.
D’autres faits sont relatés par le journaliste Franck Renaud: des actes de
pédophilie. Il a exhumé plusieurs affaires (au Maroc, à Djibouti, en Côte
d’Ivoire, au Niger, en Égypte). Parmi elles, celle de Jean-Louis Poulalion,
ex-consul général à Tamatave (Madagascar) et à Djibouti, condamné à
douze ans de réclusion criminelle en 1997[19]. Son fils, adopté au Surinam
en 1980, l’a accusé d’avoir abusé de lui et de son petit frère, adopté en 1986
en Côte d’Ivoire. Ces faits ont été reconnus par le diplomate. Jean-Pierre
Castella, lui, a toujours nié ce qui lui était reproché. Mais après une longue
bataille judiciaire, cet ex-consul général à Alexandrie, en Égypte, passé par
l’Ouganda et le cabinet de François Bayrou en 1994, alors ministre de
l’Éducation nationale, a été condamné définitivement le 16 janvier 2008 à
dix-huit mois de prison avec sursis dont six fermes. Il a été jugé coupable
d’avoir agressé sexuellement, au consulat, un adolescent égyptien de
13 ans[20].
Cette condamnation reste une exception. Un ancien gendarme
d’ambassade se souvient de cette autre affaire, au Mali, en 1986. Il raconte
être personnellement intervenu auprès de l’ambassadeur de l’époque pour
«virer» un conseiller culturel dont le comportement pédophile était connu.
«Il a fallu que je menace de l’arrêter moi-même pour que l’ambassadeur
décide enfin d’intervenir. Le conseiller a été déplacé, mais pas
sanctionné[21].» Tout fonctionnaire ayant connaissance de faits délictueux
doit en informer le procureur de la République, au titre de l’article 40
alinéa 2 du Code de procédure pénale. Quand bien même le parquet jugerait
que les faits sont infractionnels mais prescrits, les personnes qui en auraient
eu connaissance, et qui n’auraient rien fait, pourraient être poursuivies au-
delà de la prescription de ces faits.
À cette obligation inscrite dans la loi française s’ajoute la loi du pays où
sont détachés les diplomates: malgré leur statut, ils sont tenus de la
respecter. De plus, un code interne encadre strictement leur comportement –
et de manière générale celui de tous les fonctionnaires. Dès les premières
lignes de ce «Guide de déontologie[22]», il est question de «dignité»:
«L’obligation de dignité se traduit notamment par une attitude et des
comportements retenus, et tend à remplacer les références plus anciennes
aux bonnes mœurs, à la moralité ou à l’honorabilité […]. À travers leurs
comportements, c’est l’image de la fonction publique et de l’administration
qui est en jeu et, pour les diplomates, le renom de la France.» Les mêmes
principes s’appliquent aux conjoints. Peut-on être plus clair?
L’administration considère comme une faute la fréquentation «des
milieux liés à des activités illégales (prostitution, drogue, jeu clandestin,
mafias, filières d’immigration illégales, etc.)». Pour l’administration, il ne
s’agit pas «de s’immiscer dans la vie privée des agents, mais de mesurer les
conséquences qu’une attitude peut entraîner en termes d’image pour le
corps ou le cadre d’emploi qu’ils occupent. […] Les diplomates et les
agents consulaires doivent veiller à ce que leurs relations ne compromettent
pas leur indépendance».
L’activité des diplomates est surveillée par les services du pays hôte. En
possession d’informations compromettantes, ces derniers pourraient ensuite
en tirer profit: une technique vieille comme le monde. Au-delà du risque
professionnel que constitue un tel comportement, il convient de s’interroger
sur le rapport entretenu par les hommes blancs vis-à-vis du corps noir. La
réification de ce dernier traverse les époques et détermine encore la position
dominante des premiers sur les seconds. Ce rapport s’exprime dans les
relations intimes, mais aussi dans les relations professionnelles, où la
hiérarchisation des liens amplifie et normalise la domestication.
[I] Ces établissements étaient organisés et gérés par l’armée française.
[II] Un ambassadeur peut gagner plus de 20 000 euros (27 000 dollars canadiens) par mois, quand le
revenu national brut mensuel par habitant en République centrafricaine est de 37 euros, soit
50 dollars canadiens (selon la Banque mondiale).
Chapitre 8
Il n’y a pas de petites économies
Je devais attendre que la femme du consul se lève pour lui demander de l’argent. Je n’aimais pas
cette position. Je n’avais pas de glacière, j’avais parfois honte de devoir ramener des produits frais,
comme le poisson, juste emballé dans un sac… La chaîne du froid n’était pas respectée, les
conditions d’hygiène n’étaient pas optimales, ce n’est pas ce que j’ai appris, ce n’est pas comme
ça que j’envisage le métier. S’il y avait eu une intoxication alimentaire, j’aurais été tenu
responsable.
Fred est-il trop ambitieux? A-t-il une trop haute opinion de lui-même? N’a-
t-il pas pris la mesure de la tâche qui lui incombait? Il finit par s’en ouvrir
au couple. La réponse est catégorique: il n’aura pas d’autre aide. Tout juste
consentent-ils à lui épargner le ménage, mais pas la plonge. «À partir de ce
moment-là, poursuit-il, les relations se sont dégradées. Chaque jour,
j’entendais: “Allez dire à Fred qu’il peut venir débarrasser.” Je me suis senti
humilié. Ce qu’ils voulaient, c’était un homme à tout faire. Je suis cuisinier,
j’ai un diplôme, je ne suis pas un boy!» Sa déception est grande, après avoir
travaillé dans des cuisines où il dirigeait toute une brigade.
Quelques jours seulement avant la fin de sa période d’essai, début avril,
Fred est convoqué à l’ambassade. «La personne qui m’avait recruté
m’explique que le couple est très satisfait de ma cuisine, mais que mon
activité annexe n’est pas tolérée, et donc que le contrat est rompu.» Fred est
en effet le propriétaire d’un petit établissement de grillades: il a un employé
et gère cette affaire à distance. «J’y allais une fois de temps en temps le soir,
jamais sur mes horaires de travail évidemment», assure-t-il. Surtout, Fred
précise avoir informé la chancellerie de cette activité dès son embauche.
L’expérience prend fin brutalement. Un an après, lors d’un entretien
d’embauche pour un grand restaurant dans Abidjan, le recruteur se
renseigne auprès du consul. Celui-ci le met en garde: Fred ne serait pas
«franc du collier[10]». Il n’a pas obtenu le poste.
«C’est le vrai ministre de l’Afrique»: ainsi parlait le patron des relations extérieures de la France
sous Georges Pompidou, Michel Jobert, lorsqu’on évoquait devant lui le nom de Maurice Robert.
Barbouze, agent secret, nounou de chefs d’État, déstabilisateur, ambassadeur, porteur de valises,
pétrolier, le vieil homme, décédé le 9 novembre [2005] à l’âge de 86 ans, aura tout incarné de la
face cachée des relations franco-africaines. Avec lui disparaît l’un des derniers survivants de la
«génération Foccart» alors même que la page du pré carré exclusif et de l’ingérence permanente
est depuis longtemps tournée[1].
S’ils sont nombreux à se lancer dans le consulting, le plus connu est peut-
être Jean-Marc Simon. Cette figure de la crise postélectorale de Côte
d’Ivoire a monté Eurafrique Stratégies, une société de conseil dont l’objet
est d’encourager les partenariats et les investissements entre les deux
continents. Tchad, Nigeria – où il a pris en stage un jeune du nom
d’Emmanuel Macron –, Gabon, Côte d’Ivoire, conseiller pour les affaires
africaines à la Coopération… son pedigree, qui ferait rêver plus d’un
françafricaniste, lui a inspiré un livre autobiographique, Secrets
d’Afrique[7]. Pierre Ménat, Bertrand Besancenot, Didier Le Bret, Philippe
Faure, Alain Azouaou, etc., la liste de ces diplomates passés par l’Afrique
et devenus consultants est sans fin.
Le consul général de Côte d’Ivoire, Laurent Souquière, a été remplacé
par Jean-Luc Delvert en septembre 2021. «Appelé à d’autres fonctions»,
selon le décret publié dans le Journal officiel le 1er septembre 2021, il
semble que le diplomate aimait trop sa vie à Abidjan pour accepter de
quitter la capitale économique au terme de sa mission. Selon Africa
Intelligence, Souquière aurait demandé une année de plus au Quai d’Orsay,
qui la lui aurait refusée. Le diplomate s’est donc mis en disponibilité et au
service d’une entreprise de construction basée à Abidjan. Selon la lettre
confidentielle, il a rejoint Philippe Eponon, PDG de La Route africaine, une
entreprise créée en 2010. Philippe Eponon a fait une grande partie de sa
carrière au sein de l’entreprise Colas, une filiale de Bouygues et héritière de
la Société routière Colas, qui a bâti sa fortune en Afrique de l’Ouest et du
Nord durant la colonisation. Philippe Eponon a été fait chevalier de la
Légion d’honneur lors d’une cérémonie à la résidence de France en Côte
d’Ivoire, en mars 2015. À noter qu’au conseil d’administration de Colas, on
trouve une autre diplomate, Stéphanie Rivoal, ancienne ambassadrice de
France en Ouganda et secrétaire générale du Sommet Afrique-France de
Montpellier (octobre 2021). Diplomatie, économie… les réseaux
françafricains s’entremêlent à merveille.
On distingue encore les lettres blanches sur le panneau bleu décati: «Si
vous désirez vous rendre à l’ambassade ou au service des visas du consulat,
merci d’emprunter la rue Mage[1].» La mention «service des visas» a été
grossièrement rayée. À Dakar, depuis 2014, les Sénégalais qui désirent faire
une demande de visa pour la France n’ont plus accès au consulat français.
Ils doivent se rendre loin de la chancellerie, dans le quartier de Ouakam, où
est installé VFS Global, le prestataire sélectionné par l’ambassade de
France pour gérer certains services comme l’accueil des demandeurs, la
réception et la gestion des dossiers, le relevé des données biométriques et le
paiement des frais de visa.
Obtenir une autorisation pour visiter ce centre n’a pas été chose aisée.
Après de multiples allers-retours par courrier électronique avec Georges
Cherian, le directeur adjoint du service communication basé à New Delhi, il
aura fallu se rendre devant les locaux de la capitale sénégalaise, discuter
avec le gardien pour obtenir le nom du responsable local, revenir plusieurs
fois sans rendez-vous, essuyer des échecs, relancer New Dehli en
expliquant que, quelle que soit l’issue des négociations, VFS Global
apparaîtrait dans ce livre avec la matière disponible: témoignages de
demandeurs, refus de l’entreprise de s’entretenir avec moi… Un rendez-
vous a finalement été fixé le 10 mai 2019.
Situé au kilomètre 8 de la route de Ouakam, VFS Global occupe depuis
2018 1 300 mètres carrés au rez-de-chaussée d’un l’immeuble flambant
neuf baptisé «Atryum», qui jouxte la base militaire française BA 160, dont
les hauts murs dressés sur plusieurs centaines de mètres empêchent de voir
les eaux bleues de l’océan Atlantique. Le promontoire au sommet duquel
trône le monument de la Renaissance africaine, œuvre décriée construite par
des Nord-Coréens, conçue par l’architecte Pierre Goudiaby Atepa et le
président Abdoulaye Wade, symbole de l’ère de ce dernier, domine le
quartier. Devant l’immeuble, dès 8 heures, une foule hétéroclite patiente
sous un soleil déjà ardent. Sur le parking surchargé et sablonneux, balayé
par de petites bourrasques, les taxis jaunes déversent leur lot de clients.
Mamadou, la cinquantaine, accompagne sa sœur Awa[I]. Il explique:
«Avant, on se rendait directement au consulat, ou on appelait un numéro de
téléphone pour prendre un rendez-vous. Désormais, tout se passe sur
internet. Or, beaucoup de familles n’ont pas internet chez elles[2]. Il y a le
cybercafé, mais encore faut-il être formé au web. Au mieux, il y a un
membre de la famille qui peut aider, sinon il faut s’adresser à des gens qui
monnayent leurs services.»
À quelques mètres de Mamadou, Jean-Pierre Sene, sombrero vissé sur la
tête, propose ces fameux services depuis six mois. Ce trentenaire fringant,
assis sur une chaise à l’ombre d’un mur, dispose d’un ordinateur portable
avec une connexion internet et d’une imprimante. «Je remplis le formulaire
en ligne et imprime tous les documents, pour 4 000 francs CFA», explique-
t-il. Discret sur ses revenus quotidiens, il considère son business comme
«florissant», bénéficiant d’un «bon taux de réussite». Comprendre: d’un
bon taux de visa accepté. Même si la constitution sans faille d’un dossier est
un atout indéniable pour obtenir son visa, la décision, in fine, ne lui
appartient pas.
De l’autre côté du parking, les mêmes services, moins personnalisés, sont
proposés pour 3 000 francs. Il faut cependant s’armer de patience: abritée
dans un conteneur reconverti en bureau ouvert aux quatre vents, une petite
équipe de trois personnes tente de réguler le flux de clients, dont de
nombreux étudiants. «Remplissage de formulaire et impression, assurance
voyage, assurance auto, réservation de billets, prise de rendez-vous», la
boutique est «multiservices».
À gauche de l’immeuble, l’entrée des demandeurs, filtrée par un garde
qui vérifie les feuilles de rendez-vous; à droite, l’entrée des employés. Le
gardien me reconnaît. «Ah! vous avez fini par avoir un rendez-vous?» me
lance-t-il tout sourire en me tendant un badge visiteur. «Monsieur Pauron?»
Je me retourne et découvre enfin mon interlocuteur: jeans, chemise blanche
et veste de costume sombre, Walid Chamakhi, directeur général de VFS
Dakar, m’invite dans son bureau, dont la porte est verrouillée par un
digicode.
«Désolé pour les tergiversations autour de notre entretien, mais chez VFS
nous n’aimons pas beaucoup qu’on parle de nous.» Est-il sénégalais? «Non
non, je suis tunisien.»
Formé dans une école de commerce située à Tunis, Walid Chamakhi,
38 ans, a lancé sa première affaire – un magasin de réparation d’ordinateurs
et de téléphones – au tout début des années 2000. Après la révolution de
2011, le climat politique incertain l’incite à vendre sa boutique et à quitter
le pays. Marié et père de deux enfants, maîtrisant trois langues (français,
arabe et anglais), il choisit de tenter sa chance à Dubaï. «Je me suis donné
quelques mois pour y arriver, quitte à revenir en Tunisie et à reprendre mon
activité en cas d’échec. Finalement, j’ai été embauché par VFS Global en
janvier 2013. Un an plus tard, en avril 2014, ils m’ont confié le Sénégal.»
Cette année-là, le centre obtient le marché français. Avec 60 000
demandes en 2019 (courts et longs séjours), il est de loin le plus juteux du
pays, et son volume n’a cessé d’augmenter: en 2016, le centre traitait ainsi
45 000 demandes pour la France, en 2017, 50 000, en 2018, 57 000…
Depuis se sont ajoutés neuf autres marchés: Chine, Afrique du Sud,
Ukraine, Norvège, Pays-Bas, Belgique, Luxembourg, Italie et Portugal, qui
représentent quelque 50 000 dossiers supplémentaires. Le centre reçoit par
ailleurs 35 000 demandes de visas étudiants. Walid Chamakhi a également
la responsabilité des antennes VFS basées en Gambie (pour les visas
chinois) et en Guinée-Bissau (pour les visas portugais), deux petits pays
frontaliers du Sénégal. À Dakar, il emploie désormais une soixantaine de
personnes, de 12 nationalités différentes.
Les dates proposées étaient à peu près les mêmes. Mais le consulat a réduit ses capacités, et on a
eu un écart de quinze jours entre la date proposée en prémium et en normal. Les gens se sentaient
obligés d’aller vers l’offre prémium pour obtenir une date plus rapidement. Or, contractuellement,
tout le monde doit être traité de la même manière à la prise de rendez-vous. Maintenant, le
demandeur choisit une fois sur place, s’il veut la salle normale ou la salle prémium. Il ne doit pas
être incité avant. Nous faisons du business, mais nous avons une éthique.
Une éthique ajustable en fonction du contrat. Pour être informé par SMS de
l’avancée de son dossier, il faut compter 650 francs (environ 1 euro)
supplémentaires. L’envoi du passeport par courrier varie de 10 000 à 40 000
francs (entre 15 et 60 euros), selon la destination. Pour les plus fortunés,
l’offre «VIP» est facturée 13 200 francs. Au total, prix du visa inclus, un
Sénégalais doit débourser au minimum 80 euros, et 164 euros s’il prend
toutes les options. Une somme non remboursée si le visa est refusé. Depuis
la privatisation du service, il y a eu une inflation de plus de 30 % pour le
service de base. D’après les chiffres fournis par VFS Sénégal, 35 % des
demandeurs choisissent l’option prémium, 15 à 18 % se tournent vers le
service postal et la quasi-totalité paient l’option SMS.
Et comme le temps c’est de l’argent, VFS Global a mis en place le même
process dans tous ses centres. Le demandeur est ainsi censé passer le moins
de temps possible dans les locaux et VFS Global peut traiter un maximum
de dossiers par jour. Au guichet France, en période creuse, le temps
d’attente est d’environ douze minutes. En période d’affluence, de juin à
septembre, quand se mêlent étudiants et vacanciers, il est plutôt de
quarante-cinq minutes.
Le parcours est millimétré. «Le temps de service est environ de huit
minutes au comptoir, trois minutes et demie pour la billetterie, et deux
minutes à la caisse. Pour la Norvège[IV], dont la demande est très lourde et
nécessite beaucoup plus de vérifications, le temps d’attente est de trente à
trente-cinq minutes», explique le patron tunisien. Une petite pièce en retrait
de la salle d’attente m’intrigue: un jeune homme, assis sur un tabouret,
s’adresse à un écran. «Si des consulats souhaitent s’entretenir avec un
demandeur, on peut le faire par visio», explique-t-il.
Awa, la sœur de Mamadou, a peu ou prou respecté la même procédure
que les 60 000 demandeurs annuels du guichet France. Après s’être
enregistrée sur le site internet France-Visas (mis en place en 2018), Awa a
été redirigée vers celui de VFS Global, où lui a été rapidement proposé un
rendez-vous une semaine plus tard. Des clients assurent cependant avoir dû
attendre jusqu’à trois mois. Le nombre de places disponibles, de 150 à 300
par jour, dépend du consulat, qui attribue des slots (créneaux) à VFS
Global.
Le jour J, Awa est arrivée munie d’une fiche indiquant la date et l’heure,
ainsi que de son dossier complet, comprenant notamment son passeport, des
relevés bancaires prouvant qu’elle dispose des ressources nécessaires pour
la durée de son séjour, ses billets aller et retour. Après avoir passé un
premier contrôle, une hôtesse a scanné sa fiche et lui a remis un ticket
numéroté. Direction la salle d’attente et ses rangées de bancs métalliques
bleus. «Ticket RRA248, comptoir no 11»: une voix automatisée l’appelle.
Au guichet, un agent vérifie le dossier et enregistre également ses
informations biométriques: il prend une photo, scanne son iris et ses
empreintes digitales. Puis elle s’acquitte de ses frais de visa à la caisse.
Un peu à l’écart, à l’abri des regards, le salon prémium. Sur l’un des
murs, un poster des Alpes aux cimes enneigées invite au voyage. Dans une
ambiance feutrée, les clients patientent assis confortablement dans de gros
fauteuils. Fontaines à eau, machines à café et distributeurs de boissons
fraîches sont à leur disposition. Et «le ratio entre le nombre de dossiers et le
nombre d’agents est inférieur», ajoute Chamakhi. Les étapes et la procédure
restent néanmoins les mêmes.
La Commission européenne a fixé à quinze jours le délai maximum pour
donner une réponse au demandeur[3]. Selon Chamakhi, au Sénégal, la
réponse intervient généralement «entre vingt-quatre heures et une semaine».
— Et vous avez probablement un suivi statistique du nombre d’acceptations et de refus des visas?
— Nous, bon… (Il hésite.) Ça ne nous regarde pas. Sur les refus et les acceptations, c’est une
question qu’il faut poser au consulat.
— Quand il y a un désaccord sur une décision, le recours passe par vous?
— Non, pas par nous, il passe par le consulat, via un document physique ou par mail. Le
consulat est le seul décisionnaire final.
Depuis une dizaine d’années, la France privatise à tour de bras ses services
de visas. Une stratégie considérée comme «essentielle pour faire face au
doublement de la demande de visas [dans le monde] depuis 2010», selon la
Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire
de l’Assemblée nationale[1]. Elle rappelle, en 2019: «Au total, plus de 140
centres externalisés dans une cinquantaine d’États collectent 93 % des
demandes de visa présentées à la France.»
Le recours à des entreprises privées pour traiter les demandes de visa a
été facilité en coulisse par un ancien diplomate. Dès qu’il prend sa retraite,
en 2013, Michel Dejaegher crée sa société, MD Visa Consulting. Au menu
de ses compétences: externalisation en matière de visas, recueil des données
biométriques, réglementation en matière de visas, interface entre
prestataires de service et administrations en matière de visa, assistance aux
entreprises en matière de visas[2]… Bref, tout ce qui touche à la politique
des visas et à son externalisation.
On peut dire qu’il connaît le sujet: la majeure partie de sa carrière a été
effectuée dans les consulats (dont dépend le service visa), jusqu’à devenir
consul général à Abidjan, de 2002 à 2006, et à Alger, de 2010 à 2013. Il est
également passé par la sous-direction des visas au ministère de
l’Immigration. À ce poste, il a piloté pour la France les négociations
Schengen afin de rendre légalement possible la privatisation des demandes
de visa.
Confronté à une baisse de budget et à une demande croissante lorsqu’il
était consul à Abidjan, Dejaegher avait été l’un des premiers consuls
français à faire appel à un prestataire. En l’occurrence, AfricaTel. Déjà
présente à Dakar, la société proposait de gérer les rendez-vous par
téléphone. «On a mis au point un logiciel très sécurisé, afin d’éviter tout
trafic de rendez-vous», confie-t-il[3]. Le coût de la communication surtaxée
était supporté par le demandeur. L’opérateur reversait un pourcentage à
AfricaTel. Mais les délais restaient trop longs.
Lorsque je suis devenu sous-directeur des visas, j’ai remarqué que ce problème [d’augmentation
des demandes et de pression sur les budgets] concernait tous les pays. Arrivait en plus la question
de la biométrie. Cela aurait nécessité d’accueillir physiquement chaque demandeur pour relever les
informations. La Grande-Bretagne externalisait déjà, nous le faisions partiellement, mais aucune
règle n’encadrait cette pratique. Nous avons donc introduit la biométrie et l’externalisation dans
les «instructions consulaires communes» des États Schengen, et négocié une modification du Code
des visas au niveau européen, en 2009, pour une application en 2010[4].
Dans beaucoup de pays, les conditions d’accueil étaient médiocres, avec des locaux exigus et un
manque de personnel. Au Togo, nous expérimentons l’externalisation dans des sociétés privées, ce
qui permet de multiplier par cinq le personnel qui traite les demandes. La décision finale incombe
toujours au consulat. Depuis que nous avons externalisé, nous avons donné 10 % de visas en plus
au mois de juin, premier mois de la mise en service. La France fait des efforts, si ce dispositif
s’étend dans d’autres pays, on sera beaucoup mieux vus sur ce point[6].
Marc Vizy est ambassadeur de France au Togo depuis 2017 quand il tient
ces propos lors d’un débat organisé le 29 août 2019, à l’occasion de la
conférence annuelle des ambassadeurs (28-31 août 2019). À ses côtés,
Jules-Armand Aniambossou, ambassadeur en Ouganda, et Stéphanie
Rivoal, la prédécesseure d’Aniambossou avant d’être nommée en avril
2019 secrétaire générale du Sommet Afrique-France (qui s’est tenu le
8 octobre 2021). La chancellerie de Lomé est l’une des dernières en Afrique
à avoir eu recours à un prestataire pour le traitement administratif des
demandes de visa.
Avec cette politique, les représentations françaises à l’étranger se sont
surtout affranchies des demandeurs mécontents et des queues interminables
devant leurs bâtiments. «Il ne faut pas se mentir, ça permet de faire le
ménage devant l’ambassade», confie un diplomate sous couvert
d’anonymat[7]. Un autre rappelle que «nous ne pouvions plus assurer la
sécurité dans un contexte de menaces d’attentat. Il y avait par ailleurs tout
un trafic qui s’était mis en place, auquel participaient certaines forces de
l’ordre[8]». Cela permet aussi aux agents consulaires de se concentrer
uniquement sur l’étude des dossiers. Une mission particulièrement sensible
en Afrique, l’une des régions les plus concernées par ce qui a été
communément appelé la «crise migratoire de 2015», incitant Paris à
resserrer la vis. La France aurait également renforcé son dispositif en
Afrique pour lutter contre la fraude documentaire qui serait un sport
continental[9].
En raison du nombre de demandeurs annuels, l’Afrique est
particulièrement touchée par la privatisation des services consulaires. En
2018, sur les 4 millions de demandes de visa «court séjour» pour la France
(les plus demandés), 1,5 million provenaient du continent africain. Depuis
quelques années, les principaux «marchés» de la France en Afrique ont été
privatisés, dont l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Côte d’Ivoire, le Sénégal,
le Gabon et l’Afrique du Sud. En 2019 ont suivi le Togo, le Bénin, le Mali,
le Burkina Faso et la Guinée, portant à 25 le nombre de pays africains
concernés[I]. Trois groupes se partagent ce lucratif marché: l’indien VFS
Global, les Français TLS Contact et Capago International.
Les gains attendus de cette «externalisation» (terme utilisé par le Quai)
se comptent surtout en nombre d’emplois non créés malgré la hausse de la
demande. La Commission des finances de l’Assemblée nationale s’en
félicite[10]:
L’opération est d’autant plus rentable dans les pays pauvres qui disposent
d’une main-d’œuvre abondante et bon marché.
Est-ce à dire que l’État n’a plus les moyens financiers d’assumer cette
mission régalienne? Pas vraiment. L’activité visa, la seule de l’«action
extérieure de l’État» à générer des revenus, a toujours été économiquement
rentable, comme le confirmait déjà la Cour des comptes dans son évaluation
de 2017: «Les recettes tirées par l’État de cette activité, au titre des droits de
chancellerie, se sont élevées à près de 187 millions d’euros en 2015, alors
que les dépenses correspondantes se sont montées à 140,6 millions
d’euros[11].» Le bénéfice était donc de l’ordre de 25 %. Largement de quoi
rémunérer les prestataires sur ses fonds, comme a choisi de le faire le
Royaume-Uni, évitant ainsi un surcoût à la charge du demandeur.
Et ces revenus ne cessent de croître. En 2018, selon le Sénat, «les
recettes tirées de l’activité visas se sont élevées à 217,7 millions d’euros, en
hausse de 3,5 % par rapport à 2016 (210,4 millions d’euros). Pour 2019, les
prévisions sont de 222,1 millions d’euros[12]». En l’absence de
communication par zone géographique, difficile de connaître la part
africaine. Mais à 60 euros le visa (prix fixé à l’époque par l’Union
européenne pour la zone Schengen), on peut estimer ce chiffre à 90 millions
d’euros pour 2018, soit près de 41 % des recettes totales. Une ressource non
négligeable pour le ministère des Affaires étrangères.
Dans une question à l’attention du ministère, en octobre 2018, un député
du Nord, Ugo Bernalicis (La France insoumise), s’étonnait du choix de
l’externalisation au regard de ces chiffres: «L’instruction des demandes de
visa est une activité “rentable” pour l’administration, avec un bénéfice net
qui peut être évalué à environ 20 euros par visa demandé, ou un quart du
total du produit. En résumé, la collecte et le traitement des dossiers
permettent à l’État et à des opérateurs privés de réaliser des bénéfices
substantiels[13].»
Ce coût supporté par les demandeurs (le prix du visa auquel s’ajoutent
les frais du prestataire, soit 100 euros minimum au total depuis que le prix
du visa Schengen est passé à 80 euros) n’est pas remboursé en cas de
dossier recalé. Et le député de s’interroger: «La lucrativité prime-t-elle sur
le sérieux et la qualité de service rendu?»
[Il] n’existe pas de délégation de la prérogative régalienne à des opérateurs privés. Certes, des
prestataires extérieurs sont chargés de prendre des rendez-vous et de collecter un certain nombre
de pièces pour instruire les demandes. Mais ce sont bien des agents du Quai d’Orsay qui se
concentrent sur le travail aboutissant, au final, à dire oui ou non à une demande de visa, en
fonction de nos règles législatives et réglementaires. Encore une fois, seul un agent de l’État peut
statuer sur un tel dossier.
L’intermédiaire agréé sélectionne ses employés sur des critères de compétence et de probité
(nécessité d’un casier judiciaire vierge) et les propose à l’habilitation de l’autorité consulaire. […]
Cette habilitation individuelle des personnels est susceptible d’être retirée à tout moment par
l’autorité consulaire. [L’intermédiaire] forme de manière adéquate son personnel, s’engage à
imposer au personnel recruté le respect du secret des données personnelles manipulées, y compris
dans l’hypothèse d’une rupture soit du contrat de travail de l’employé avec l’intermédiaire agréé
ou le prestataire local, soit du présent agrément, ainsi qu’à l’échéance de ces contrats.
[L’intermédiaire] prend toutes les mesures appropriées en matière de lutte contre la corruption[30].
Mais alors que les consulats ont un droit de veto sur les recrutements et sont
censés les contrôler, l’évaluation de la Cour des comptes publiée en 2017
est moins catégorique:
Les dispositions prises pour prévenir ces différents risques ne sont, en général, pas assez
surveillées par les consulats. Tel est le cas en particulier du contrôle par les centres externalisés du
curriculum vitae et du casier judiciaire des agents locaux, au moment de leur recrutement. Leur
embauche doit être validée par le consulat: dans la pratique, cette validation est le plus souvent
formelle, les consulats ne procédant pas aux vérifications complémentaires. En outre, les consulats
ne consultent que rarement les bandes de vidéosurveillance [des sous-traitants] pourtant à leur
disposition[31].
Une affaire a d’ailleurs secoué le bureau d’Alger, géré par TLS Contact.
Selon le journal algérien TSA, qui a dévoilé l’affaire en 2017, des employés
de TLS Contact ont été accusés «d’avoir alimenté un réseau qui proposait
aux demandeurs de visa d’avancer la date de leur rendez-vous moyennant
une rétribution financière». Toujours selon TSA, «l’ambassade de France à
Alger soupçonnait l’existence d’un important réseau de corruption[32]». Le
contrat avec TLS a finalement été rompu en janvier 2018, et c’est son
concurrent VFS Global qui a remporté le marché.
L’ambassade de France est une porte d’entrée vers l’espoir d’une vie
meilleure. Les demandeurs ont pour beaucoup d’entre eux des liens
familiaux avec la France. Les demandes de visa constituent une part
importante de la relation entre la chancellerie (le consulat, en l’occurrence)
et les Africains. La qualité du fonctionnement des services, des rapports
humains, des réponses apportées en cas de refus, est nécessaire. En
supprimant ce lien direct entre le consulat et le demandeur, la France a pris
ses distances avec les demandeurs qui ne sont de fait plus les bienvenus.
Confrontés à la corruption des agents, aux refus non motivés et à
l’augmentation de près de 50 % de leurs frais, les demandeurs se sentent
méprisés. Derrière la «crise migratoire» s’est solidement installée une
politique africaine des visas qui ne dit pas son nom. Encouragés par l’État
français, quelques personnages astucieux ont su en tirer des profits
colossaux.
[I] En plus des pays cités: Angola, Botswana, Cap vert (long séjour), Gambie, Lesotho, Liberia,
Madagascar, Nigeria, Namibie (long séjour), Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, Sierra Leone, Zambie
(long séjour), selon le site France-Visas.
Chapitre 12
Fuites à tous les étages
Dans le monde, une demande de visa sur deux traitée par des entreprises
privées l’est par VFS Global, qui dispose de 3 425 centres et de 11 000
employés répartis dans 146 pays[1]. Soixante-deux gouvernements ont
recours à ses services. Le groupe, pionnier et leader de ce secteur, était à
l’origine une filiale du voyagiste suisse Kuoni, avant de fusionner avec
cette entité en 2018. Il pèserait aujourd’hui quelque 2,5 milliards de dollars
– un chiffre démenti par VFS[2]. Pour la France, en Afrique, il gère 9 pays
sur 25 concernés par la privatisation[I].
La société est dirigée par son fondateur, Zubin Karkaria, un Indien de
53 ans. Parsi originaire de Dadar, quartier huppé de Mumbai, Karkaria est
un homme d’affaires discret. Les interviews et les articles le concernant
sont rares. Tout juste accepte-t-il de parler de ses affaires au magazine
Forbes, en décembre 2018, à l’occasion de la fusion avec Kuoni. Presque
simultanément, l’un des principaux journaux indiens, The Times of India,
consacre un portrait à celui qui vient de prendre la tête «d’une firme à
500 millions de dollars[3]».
Storytelling habituel: il y narre comment il a gagné ses premières roupies
dans son quartier en servant durant des cérémonies religieuses. Après des
études à l’université catholique italienne Don Bosco, il entre chez le
voyagiste suisse, alors leader mondial du tourisme haut de gamme. Il prend
vite les rênes de l’agence de Mumbai, et c’est au contact des ambassades et
des consulats que lui vient l’idée qui va le rendre riche.
Afin de faire face aux pics saisonniers de demandes de visa, qui
ralentissent le business de Kuoni, il propose au consulat américain de
Mumbai de prendre en charge la partie administrative des dossiers. Après
de longs mois de négociation, il finit par arracher un accord en 2001. Il met
alors en place une procédure millimétrée et prouve qu’il peut gérer les
foules et alléger les agents consulaires des tâches fastidieuses, afin que
ceux-ci se concentrent sur la décision finale. Visa Facilitation Services est
né.
Le succès est fulgurant. En Afrique, VFS Global s’implante en 2005 à
Johannesburg, en Afrique du Sud. Suit Abuja, au Nigeria, en 2007.
Quatorze ans après la création de la start-up, les activités historiques de
Kuoni sont vendues pour se concentrer sur les voyages de luxe et d’affaires,
ainsi que sur les visas. En 2016, le chiffre d’affaires de VFS atteint
348 millions de francs suisses (334 millions d’euros, 472 millions de dollars
canadiens). L’année suivante, le fonds d’investissement suédois EQT entre
au capital de Kuoni, restructure le groupe, et revend le reste des activités
liées au voyage: avec une marge de 15 %, VFS Global est de loin l’activité
la plus rentable. 2018: le nom Kuoni disparaît. 2019: le chiffre d’affaires a
plus que doublé en trois ans, avec 750 millions de francs suisses[4]. En
moins de deux décennies, la start-up a fini par avaler la multinationale qui
l’avait mise au monde.
Durant cette période, le siège a souvent changé de lieu: Mumbai,
Singapour, Zurich – siège de Kuoni –, avant Dubaï, une ville placée «au
centre pour servir le monde», confie Zakaria au Times of India. Mais
comme le rappelle le chercheur Sébastien Boussois dans l’hebdomadaire
Marianne, le petit émirat est surtout connu pour le blanchiment d’argent
sale, son culte du secret et une fiscalité attrayante à travers ses zones
franches[5]. Depuis plusieurs années, les Émirats arabes unis font d’ailleurs
des allers-retours sur la liste noire européenne des paradis fiscaux[6].
Où va l’argent des demandeurs de visas? Le 17 août 2019, le journal
anglais The Independant[7] révèle l’existence de filiales VFS domiciliées
aux îles Caïmans, à Jersey et au Luxembourg, places fortes de la finance
offshore, ainsi que de flux financiers conséquents vers ces sociétés. Le
contrat anglais a été passé avec VF Worldwilde Holdings, une société
enregistrée à l’île Maurice, autre destination connue pour sa fiscalité
attractive.
Plusieurs fois contacté, VFS Global n’a jamais souhaité s’exprimer sur
ces révélations précises ni sur ses revenus exacts:
Depuis sa création, VFS Global est la propriété exclusive de Kuoni Travel Holding Ltd, dont le
siège social est situé à Zurich, en Suisse, et une société du portefeuille d’EQT, une société de
capital-investissement de premier plan, dont le siège est à Stockholm, en Suède. Kuoni Travel
Holding Ltd a fusionné ses activités avec VFS Global Investments Ltd en juin 2018 et est basé en
Suisse. La fondation suisse Kuoni and Hugentobler, fondée en 1957, a une participation dans VFS
Global. VFS Global est la marque utilisée à l’échelle mondiale[8].
C’est, mot pour mot, le même le communiqué que celui rédigé à l’attention
de The Independant. Mais qui ne répond pas à cette question: pourquoi tant
d’autres entités apparaissent dans les paradis fiscaux? Pas de quoi
embarrasser la France! Le 2 décembre 2016, à Mumbai, Zubin Karkaria est
décoré de l’ordre national du Mérite par l’ambassadeur Alexandre Ziegler,
au nom du président français, François Hollande[9].
J’étais payée 25 000 dinars par mois [environ 180 euros, 240 dollars canadiens], pour huit heures
de travail par jour, avec une heure de pause déjeuner. Je traitais dans les 40 dossiers le matin, une
vingtaine l’après-midi jusqu’à 16 heures, puis je passais à la saisie des informations sur un logiciel
connecté au consulat français… Là, je devais faire environ 50 dossiers avant la fin de ma journée.
La direction n’était pas correcte avec les employés, elle nous promettait des primes que nous
n’avons jamais eues. Le traitement humain n’était vraiment pas top[17].
L’intervention d’un prestataire extérieur dans le processus de collecte des données comporte un
risque de compromission de l’intégrité du processus de délivrance des visas, et notamment du
niveau de fiabilité et de sécurité de ce processus, ainsi que des garanties entourant la protection des
données personnelles relatives aux demandeurs de visa. […]
Les garanties d’ordre contractuel risquent d’être insuffisantes s’agissant de prestataires
étrangers relevant de la souveraineté de leur État d’implantation, alors même que l’introduction
d’identifiants biométriques a précisément pour but de renforcer le niveau de sécurité du processus
de délivrance des visas.
Introduction
[1] Josiane Kouagheu, «Au Cameroun anglophone où la guerre civile fait rage, “cette CAN nous
trouve en deuil”», Le Monde, 12 janvier 2022; Jean-Bruno Tagne, «Au Cameroun, le calvaire
carcéral des opposants à Biya», Afrique XXI, 11 juillet 2022.
[2] Jacques Chevallier. «L’héritage politique de la colonisation», dans Marie-Claude Smouts (dir.),
La situation postcoloniale, Paris, Presses de Sciences Po, coll. «Références», 2007, p. 364.
[3] «Sahel: Macron s’indigne des discours anti-français et annonce l’envoi de 220 soldats
supplémentaires», Paris Match, 14 janvier 2020.
[4] Rémi Carayol et Michael Pauron, «En catimini la France prend ses distances avec la
Centrafrique», Mediapart, 4 juin 2021.
Chapitre 1
[1] Dominique Pin, «Quand Alassane Ouattara était chez moi», Libération, 5 janvier 2011.
[2] Julia Ficatier, «Côte d’Ivoire», La Croix, 24 septembre 2002.
[3] Francis Kpatindé, «Le coup d’État de Noël à Abidjan: le film des événements», Jeune Afrique,
22 décembre 2009.
[4] «Côte d’Ivoire: vers un gouvernement de réconciliation», Le Monde, 24 janvier 2003.
[5] Jérôme Pin, 69 jours ou Le temps des assassins, s. n., 2020, 57 minutes, 2020.
[6] Thomas Hofnung, «Jean-Marc Simon, l’ambassadeur décomplexé», Le Monde, 24 juin 2016.
[7] Jean-Christophe Notin, Le crocodile et le scorpion. La France et la Côte d’Ivoire (1999-2013),
Monaco, Le Rocher, coll. «Lignes de feu», 2013, p. 201.
[8] Ibid.
[9] Ibid.
[10] Christophe Boisbouvier, «France-Afrique: les habits neufs de la DGSE», Jeune Afrique, 16 juin
2017.
[11] Notin, Le crocodile et le scorpion, op. cit., p. 240.
[12] «Côte d’Ivoire: Simon l’apologiste», Billets d’Afrique, no 201, avril 2011.
[13] Raphaël Granvaud et David Mauger, Un pompier pyromane. L’influence française en Côte
d’Ivoire d’Houphouët-Boigny à Ouattara, Marseille, Agone, coll. «Dossiers noirs», 2018.
[14] Jean-Marc Simon, Secrets d’Afrique. Le témoignage d’un ambassadeur, Paris, Le Cherche Midi,
coll. «Documents», 2016.
[15] Hofnung, «Jean-Marc Simon, l’ambassadeur décomplexé», loc. cit.
[16] Nathalie Schuck et Frédéric Gerschel, Ça reste entre nous, hein? Deux ans de confidences de
Nicolas Sarkozy, Paris, Flammarion, coll. «Document», 2014, p. 39.
[17] «Les lobbyistes s’activent autour d’Alassane Ouattara», La Lettre du continent, no 765,
22 novembre 2017.
[18] Fanny Pigeaud, «Côte d’Ivoire: pourquoi Ouattara a été le relais efficace des intérêts français»,
Mediapart, 9 juin 2017.
[19] Hofnung, «Jean-Marc Simon, l’ambassadeur décomplexé», loc. cit.
[20] Entretien avec Franck Herman Ekra, 12 mars 2020.
[21] Cyril Bensimon, «Alassane Ouattara, candidat à un troisième mandat en Côte d’Ivoire: “Je me
présente contre ma volonté, ce n’est pas un plaisir”», Le Monde, 24 octobre 2020.
[22] Michael Pauron, «L’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire accusé de violences sexistes et
sexuelles», Mediapart, 19 septembre 2020.
[23] Entretien avec Nicolas Normand, 25 mars 2019.
[24] Philippe Bernard, «Au Sénégal, le président Wade a obtenu le départ de l’ambassadeur Rufin»,
Le Monde, 11 juin 2010.
[25] Entretien anonyme, avril 2019.
[26] Thomas Borrel et al. (dir.), L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique,
Paris, Seuil, coll. «Documents», 2021.
[27] Simon, Secrets d’Afrique, op. cit.
[28] Jacques Chevallier, «L’héritage politique de la colonisation», dans Marie-Claude Smouts (dir.),
La situation postcoloniale, Paris, Presses de Sciences Po, coll. «Références», 2007, p. 360-377.
Chapitre 2
[1] David Baché, «L’ambassadeur de France avait-il un plan pour renverser le gouvernement
malien?», RFI, 25 février 2022.
[2] Entretien avec Christian Rouyer, 8 juin 2020.
[3] Isabelle Lasserre et Thierry Oberlé, Notre guerre secrète au Mali. Les nouvelles menaces contre
la France, Paris, Fayard, coll. «Documents», 2013.
[4] Laurent Bigot, intervention lors d’une conférence sur le Sahel, Paris, Institut français des relations
internationales, 22 juin 2012.
[5] Nicolas Beau, Papa Hollande au Mali. Chronique d’un désastre annoncé, Paris, Balland, 2013.
[6] Entretien avec une source diplomatique anonyme, juin 2021.
[7] Rémi Carayol, «Sahel, les militaires évincent le Quai d’Orsay», Le Monde diplomatique, juillet
2019.
[8] Ladislas Poniatowski et Bernard Cazeau, Projet de loi de finances pour 2018: Action extérieure
de l’État: Action de la France en Europe et dans le monde, Assemblée nationale française,
23 novembre 2017.
[9] Carayol, «Sahel, les militaires évincent le Quai d’Orsay», loc. cit.
[10] «Mali: Amadou Haya Sanogo, président un jour, président toujours?», Jeune Afrique, 7 mai
2012.
[11] Les sources sur cette affaire ont requis un strict anonymat.
[12] Entretien avec un ancien diplomate américain, mars 2021.
[13] Lire notamment Antoine Glaser et Thomas Hofnung, Nos chers espions en Afrique, Paris,
Fayard, coll. «Documents», 2018.
[14] Pierre Cochez et Olivier Tallès, «Omar El Béchir, trente ans de règne sanglant», La Croix,
11 avril 2019.
[15] Glaser et Hofnung, Nos chers espions en Afrique, op. cit., p. 132.
[16] Mathieu Olivier, «Entre surveillance des opposants et des terroristes, le juteux marché de
l’espionnage en Afrique», Jeune Afrique, 19 juillet 2021.
[17] Glaser et Hofnung, Nos chers espions en Afrique, op. cit., p. 132.
[18] Entretien avec un architecte anonyme, 2019.
[19] Pascal Airault, «Le Quai, nid d’espions», L’Opinion, 27 avril 2016.
[20] Entretien avec un retraité de la DGSE, mars 2020.
[21] Ibid.
[22] Sur Sankara, voir le webdocumentaire Qui a fait tuer Sankara? Des pistes d’enquête, RFI, six
épisodes, 2017; sur le génocide des Tutsis au Rwanda, voir «Génocide rwandais: l’embarrassante
note de la DGSE», L’Express, 6 février 2019.
[23] Thomas Borrel et al. (dir.), L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique,
Paris, Seuil, coll. «Documents», 2021.
[24] Olivier Blamangin et Thomas Borrel, «La Françafrique prend la vague libérale», dans Borrel et
al. (dir.), L’Empire qui ne veut pas mourir, op. cit.
Chapitre 3
[1] Michael Pauron, «En Centrafrique, le pari risqué des mercenaires russes», Mediapart,
10 décembre 2021.
[2] Michael Pauron, «Centrafrique: Moscou en embuscade», Jeune Afrique, 26 août 2018.
[3] Tristan Coloma, «La stratégie économico-sécuritaire russe au Mozambique», note de l’Institut
français des relations internationales, mai 2020.
[4] Florence Morice et Charlotte Cosset, «En Centrafrique, des victimes des exactions russes brisent
la loi du silence», RFI, 3 mai 2021.
[5] Rapport final du Groupe d’experts sur la République centrafricaine reconduit dans son mandat
par la résolution 2536 (2020) du Conseil de sécurité (S/2021/569), Conseil de sécurité de
l’Organisation des Nations Unies, 25 juin 2021.
[6] Entretien avec un ancien ambassadeur en République centrafricaine, juin 2021.
[7] Clarissa Ward et al., «Russian Election Meddling Is Back – via Ghana and Nigeria – and in Your
Feeds», CNN, 11 avril 2020.
[8] Entretien avec un diplomate, mars 2021.
[9] «Attaquée, la Minusca veut mener la riposte médiatique», Africa Intelligence, 3 juin 2021.
[10] Sylvain Itté, «Intervention à la fondation Jean-Jaurès», février 2021.
[11] Rémi Carayol et Michael Pauron, «Wagner en Afrique. Une indignation à géométrie variable»,
Afrique XXI, 6 mai 2022.
[12] Gilles Labarthe, Le Togo, de l’esclavage au libéralisme mafieux, Marseille, Agone, coll.
«Dossiers noirs», 2013 [2005].
[13] Pascale Robert-Diard, «Pédophilie: dix mois d’emprisonnement avec sursis pour le général
Germanos», Le Monde, 14 avril 2010.
[14] Alexandre Varel, «Faure Gnassingbé attendu à Paris», Financial Afrik, 25 février 2021.
[15] Lire en particulier l’étude de cas sur le Togo dans Association Survie, Coopération militaire et
policière en Françafrique. De l’héritage colonial au partenariat public-privé, Montreuil, Survie,
mars 2018.
[16] Labarthe, Le Togo, de l’esclavage au libéralisme mafieux, op. cit., p. 129.
[17] Entretien avec un intellectuel togolais, 2020.
[18] Antoine Glaser et Stephen Smith, «Bruno Delaye. L’adieu à l’Afrique d’un déçu de la
“Paristroïka”», Libération, 25 février 1995.
[19] John Heilbrunn et Comi Toulabor, «Une si petite démocratisation pour le Togo…», Politique
Africaine, no 58, 1995.
[20] Labarthe, Le Togo, de l’esclavage au libéralisme mafieux, op. cit., p. 140.
[21] Ibid., p. 138.
[22] «Togo: deux journaux d’opposition suspendus après une plainte de la France», AFP, 27 mars
2020.
[23] Reporters sans Frontières, «Togo: RSF demande l’annulation de la suspension d’un journal»,
communiqué du 8 mars 2021.
[24] «Au Togo, plus de 300 numéros de téléphone ciblés par Pegasus», RFI, 24 juillet 2021.
[25] «Franck Paris l’intriguant», L’Alternative, no 869, 28 février 2020.
[26] «Diplomatie: Marc Vizy, l’autre Ennemi de la Démocratie au Togo!», 27avril.com, 4 mars 2020.
[27] «Biographie de l’ambassadeur M. Marc Vizy», Ambassade de France au Bénin, 23 septembre
2020.
[28] Entretien avec Marc Vizy, avril 2021.
[29] «Marc Vizy», La Lettre du continent, no 821, 15 avril 2004.
[30] Entretien avec Marc Vizy, avril 2021.
[31] Godfrey Akpa, «RFI dans le viseur du régime de Faure Gnassingbé», Togo tribune,
20 novembre 2018.
[32] Entretien avec Marc Vizy, avril 2021.
[33] Entretien avec un journaliste togolais, 2020.
[34] Ibid.
Chapitre 4
[1] Maurice Delauney, Kala-Kala. De la petite à la grande histoire: un ambassadeur raconte, Paris,
Robert Laffont, 1986, p. 23.
[2] Ibid., p. 178.
[3] Michel Lunven, Ambassadeur en Françafrique, Paris, Guéna, 2011, p. 10.
[4] Ibid., p. 104-105.
[5] Ibid., p. 70.
[6] Ibid., p. 72.
[7] Ibid., p. 149.
[8] Lire par exemple Odile Goerg, «Domination coloniale, construction de “la ville” en Afrique et
dénomination», Afrique & histoire, no 5, 2006, p. 15-45.
[9] Lire par exemple François-Xavier Fauvelle, Le rhinocéros d’or. Histoires du Moyen Âge africain,
Paris, Tallandier, coll. «Texto», 2022 [2013].
[10] Jean-Marc Simon, «Prologue», dans Secrets d’Afrique. Le témoignage d’un ambassadeur, Paris,
Le Cherche-Midi, coll. «Documents», 2016.
[11] Ibid.
[12] Ibid., chap. 1., p. 6.
[13] Ibid.
[14] «Condamnation historique de Hissène Habré pour atrocités», Human Rights Watch, 30 mai
2016.
[15] Simon, Secrets d’Afrique, op. cit., p. 13.
[16] «Hissène Habré, dix mois de procès pour huit ans de crimes», Le Monde, 30 mai 2016.
[17] Simon, Secrets d’Afrique, op. cit., p. 25.
Chapitre 5
[1] Jacques Foccart, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, t. 1, Paris/Tunis, Fayard /
Jeune Afrique, 1995.
[2] Ibid., p. 225.
[3] Maurice Delauney, Kala-kala. De la grande à la petite histoire: un ambassadeur raconte, Paris,
Robert Laffont, 1985, p. 108.
[4] Entretien avec Kirkor Kalayciyan, 19 février 2020.
[5] Foccart, Foccart parle, op. cit.
[6] «Le programme du voyage du Général de Gaulle au Sénégal et en Mauritanie», Le Monde,
9 décembre 1959.
[7] Pierre Lami, «Lettre à Pierre Messmer», 24 juin 1958, Centre des Archives diplomatiques de
Nantes.
[8] «M. Lucien Paye a rejoint son poste», Le Monde, 8 octobre 1962.
[9] Odile Goerg, «Domination coloniale, construction de “la ville” en Afrique et dénomination»,
Afrique & histoire, no 5, 2006, p. 24.
[10] Fassil Demissie (dir.), Colonial Architecture and Urbanism in Africa: Intertwined and Contested
Histories, Londres, Routledge, 2012, p. 1.
[11] Marie-Alice Lincoln, L’architecture des ambassades française (1945-2003), du national à
l’international, mémoire de Master 2, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2015.
[12] Yvon Roé d’Albert, «Préface», dans Martin Fraudreau, Ambassades de France, t. 2, Les trésors
du patrimoine diplomatique, Paris, Perrin, 2003.
[13] Cité par Lincoln, L’architecture des ambassades françaises, op. cit., p. 97.
[14] En référence à Thomas Borrel et al. (dir.), L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la
Françafrique, Paris, Seuil, coll. «Documents», 2021.
[15] Fraudreau, Ambassades de France, op. cit.
[16] Lire notamment Jean-Pierre Bat, «Pirates, fantasmes & géopolitique: les îles de l’Afrique
Atlantique», Libération, 20 mars 2020; et Mehdi Ba, «Trafic de cocaïne et commerces illicites,
bienvenue dans la Bissau Connection», Jeune Afrique, 8 avril 2014.
[17] Vincent Ledoux, «Annexe no 1. Action extérieure de l’État», dans Laurent Saint-Martin,
Rapport fait au nom de la Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle
budgétaire sur le projet de loi de finances pour 2021, Assemblée nationale française, 8 octobre 2020.
[18] Entretien anonyme, 2020.
[19] Raphaël Granvaud et David Mauger, Un pompier pyromane. L’influence française en Côte
d’Ivoire d’Houphouët-Boigny à Ouattara, Marseille, Agone, coll. «Dossiers noirs», 2018, p. 403-
408.
[20] Entretien avec Pascale Poirier, 22 novembre 2019.
[21] «Cérémonie de la pose de la première pierre de la nouvelle ambassade de France au Gabon», Al
Wihda, 10 janvier 2020.
[22] «Christian Kerangall, PDG de la Compagnie du Komo: puissance et discrétion», Le Nouveau
Gabon, 12 septembre 2020.
[23] Section «Nominations» du site du Journal officiel de la République française.
[24] «Vers l’instauration d’un cadre permanent d’échange», L’Union, 28 mai 2010.
[25] Ibid.
Chapitre 6
[1] «L’ambassade de France en Côte d’Ivoire visée par des tirs de roquette», Le Monde, 8 avril 2011.
[2] «Côte d’Ivoire: Aqmi dévoile les objectifs de son attentat à Grand-Bassam», RFI, 15 mars 2016.
[3] «Les ambassades françaises, cibles de cinq attaques en Afrique depuis 2000», France 24, 2 mars
2018.
[4] Marc-Antoine Pérouse de Montclos, États faibles et sécurité privée en Afrique noire. De l’ordre
dans les coulisses de la périphérie mondiale, Paris, L’Harmattan, coll. «Logiques sociales», 2008, p.
65.
[5] Entretien avec un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur français, janvier 2020.
[6] Entretien avec Maxime Legoupil.
[7] «Syrie: Un drone de l’EI bombarde un stade», Le Figaro, 25 octobre 2017.
[8] «Drone Terrorism Is Now a Reality, and We Need a Plan to Counter the Threat», World
Economic Forum’s Geostrategy Platform, 20 août 2018.
[9] Malick Diawara, «Sécurité des ambassades françaises: dispositif de vigilance renforcé en
Afrique», Le Point, 3 mars 2018.
[10] Entretien avec Frédéric Gallois, 19 septembre 2019.
[11] Alexandre Sulzer, «Comment la France sécurise ses ambassades», 20 Minutes, 16 mai 2013.
[12] Entretien avec Franck Hermann Ekra, 12 mars 2020.
[13] Diawara, «Sécurité des ambassades françaises», loc. cit.
[14] Ibid.
[15] CFDT-MAE, «CTM des 24 et 25 mai 2018: et si on parlait de sécurité?», communiqué de
presse, 8 août 2018.
[16] «Attaque terroriste du 2 mars 2018: quatre policiers burkinabè décorés pour leur bravoure»,
Fasozine, 17 mars 2020.
[17] Entretiens anonymes, 3 décembre 2020.
[18] Entretien avec Jérémi Kouassi Yao, 30 novembre 2020.
[19] «Cote d’Ivoire / Secteur de la Sécurité Privée: Se plaignant de maltraitance, les Agents de Siga
Sécurité-Seris souhaitent une amélioration de leurs conditions», La Tribune de l’info, mars 2019.
[20] «Les 500 plus grandes fortunes de France 2020», Challenge, 2020.
[21] Entretien anonyme, automne 2020.
[22] Enzo Fasquelle, «Guerres privées: qui sont les “gardiens” en Afrique de l’Ouest», Le Grand
Continent, 11 avril 2019.
[23] Le document de Montreux sur les obligations juridiques pertinentes et les bonnes pratiques pour
les États en ce qui concerne les opérations des entreprises militaires et de sécurité privées pendant
les conflits armés, Genève/Berne, CICR / département fédéral des Affaires étrangères, novembre
2010.
[24] Fasquelle, «Guerres privées», loc. cit.
Chapitre 7
[1] Entretien avec une ancienne employée de l’ambassade de Bangui, 2019.
[2] Courriel reçu à la rédaction de Jeune Afrique en 2015.
[3] D’après le témoignage de plusieurs sources diplomatiques françaises, 2019.
[4] Témoignage écrit d’un ancien ambassadeur à Bangui, reçu en 2017.
[5] Le récit qui suit est issu de divers témoignages recueillis par l’auteur en 2018 et 2019.
[6] Magdalena Brand, «Boxer Bangui». Les femmes libres aux frontières des politiques sexuelles de
l’expatriation française en Centrafrique, thèse de doctorat, Université Paris 8, 2016.
[7] Entretien avec un responsable militaire de l’ambassade de Bangui, 2018.
[8] Entretien anonyme, 2018.
[9] Entretien avec Christian Bader, 4 novembre 2019.
[10] Entretien avec Magdalena Brand, 19 février 2020.
[11] Brand, «Boxer Bangui», op. cit.
[12] Ibid., p. 130.
[13] Pascal Blanchard et al. (dir.), Sexe, race & colonies. La domination des corps du XVe siècle à
nos jours, Paris, La Découverte, 2018.
[14] Simon Blin et Catherine Calvet, «Pascal Blanchard: “Ces images sont la preuve que la
colonisation fut un grand safari sexuel”», Libération, 21 septembre 2018.
[15] Brand, «Boxer Bangui», op. cit., p. 259.
[16] Ibid., p. 301.
[17] «Accusations de viols contre des soldats français en Centrafrique: non-lieu ordonné», Le Monde,
15 janvier 2018.
[18] «Situation sécuritaire de leurs pays et sur les suites attendues du Sommet de Pau du 13 janvier
2020 – Audition des ambassadeurs des pays du G5 Sahel», dans Comptes rendus de la Commission
des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, Sénat, 26 février 2020.
[19] «Le consul pédophile condamné à douze années de réclusion criminelle», Presse Océan,
28 octobre 1997.
[20] «Pédophilie: un ex-consul condamné», Le Figaro, 16 janvier 2008.
[21] Entretien avec un gendarme français, mai 2019.
[22] Guide de déontologie, ministères des Affaires étrangères, juin 2018.
Chapitre 8
[1] Entretien anonyme à Abidjan, novembre 2019.
[2] Témoignage écrit d’un ancien intendant d’ambassade de France, 2017.
[3] Vincent Jauvert, La face cachée du Quai d’Orsay. Enquête sur un ministère à la dérive, Paris,
Robert Laffont, 2016.
[4] Franck Renaud, Les diplomates. Derrière la façade des ambassades de France, Paris, Nouveau
Monde, 2010.
[5] Entretien avec Olivier Blamangin, 18 juin 2021.
[6] Issu de divers entretiens réalisés au cours de l’enquête.
[7] David Delfolie, Marc Loriol et Françoise Piotet, Splendeurs et misères du travail des diplomates,
Paris, Hermann, coll. «Sociétés et pensées», 2013.
[8] Entretien avec Alexandre Bairo, 8 décembre 2020.
[9] Entretien avec un intendant français, 9 septembre 2020.
[10] Entretien avec un chargé de recrutement à Abidjan, 2021.
[11] Témoignage écrit d’un ancien chauffeur de Laurent Souquière, 2019.
[12] Documents et témoignages recueillis en 2020.
[13] «Mort du Premier ministre ivoirien, Hamed Bakayoko, pilier du régime d’Alassane Ouattara»,
Le Monde, 10 mars 2021.
[14] «Le COMICI et les Miss CI traduisent de joyeuses fêtes de fin d’année à la communauté
française», site du Comité Miss Côte d’Ivoire, 26 décembre 2019.
[15] Entretien avec un employé du consulat français d’Abidjan, 2020.
[16] Entretien avec un ancien expatrié français, 2021.
[17] Témoignage écrit d’un intendant local de la résidence de France envoyé au procureur de Paris,
19 décembre 2017.
[18] Ibid.
[19] Jean-Paul Pancracio, «Les ambassades ne sont pas un territoire étranger», Observatoire de la
diplomatie, 25 juin 2017.
[20] Entretien avec Valérie Jacq-Duclos, 2019.
[21] Entretien avec Nicolas Normand, 25 mars 2019.
Chapitre 9
[1] François Soudan, «Maurice Robert. L’ancien bras droit de Jacques Foccart est décédé le
9 novembre à 86 ans», Jeune Afrique, 6 décembre 2005.
[2] Jacques Foccart, Foccart parle. Entretiens avec Philippe Gaillard, t. 2, Paris/Tunis, Fayard /
Jeune Afrique, 1997.
[3] Lire notamment François-Xavier Verschave, Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique?, Paris,
Les Arènes, 2000, p. 371-395.
[4] Jacques Isnard, «La nomination du nouvel ambassadeur au Gabon, notre agent de Libreville», Le
Monde, 19 décembre 1979.
[5] Jean-Pierre Tuquoi, «Michel de Bonnecorse, l’Africain du président», Le Monde, 15 février 2007.
[6] «Côte d’Ivoire: quand l’ancien ambassadeur de France fait le VIP pour CMA CGM à Abidjan»,
Jeune Afrique, 17 mai 2018.
[7] Jean-Marc Simon, Secrets d’Afrique. Le témoignage d’un ambassadeur, Paris, Le Cherche Midi,
coll. «Documents», 2016.
[8] Entretien avec un ministre équato-guinéen, 2019.
[9] Entretien avec un ancien ambassadeur de France, 2019.
[10] Entretien avec un homme d’affaires et politique ivoirien, Abidjan, décembre 2020.
[11] Entretien avec Jean-Marc Chataigner, avril 2019.
[12] Laurence Badel, «Diplomatie et entreprises en France au XXe siècle», Les cahiers Irice, no 3,
2009, p. 103-128.
[13] Marie-Christine Kessler, «Pour une histoire de la diplomatie économique de la France»,
Vingtième Siècle, no 90, 2006.
[14] Sandrien Weisz, «Recruter un diplomate? Mode d’emploi», Les Échos, 7 avril 2015.
[15] Voir «Les outils de la diplomatie économique», France Diplomatie, 29 janvier 2019.
[16] Laure Mousset, «Ambiance speed dating entre ambassadeurs et entreprises», TV5 Monde,
25 août 2015.
Chapitre 10
[1] Les données du chapitre qui suit sont issues d’un reportage réalisé à Dakar en mai 2019.
[2] Selon le rapport annuel Global Digital 2019, le taux de pénétration d’internet est de 41 % en
Afrique de l’Ouest, et de 12 % en Afrique centrale. Voir Simon Kemp, «Digital 2019: Global Digital
Overview», DataReportal, 31 janvier 2019.
[3] «Questions et réponses: adaptation de la politique commune de l’UE en matière de visas aux
nouveaux défis», Commission européenne, 14 mars 2018.
Chapitre 11
[1] Vincent Ledoux, «Action extérieure de l’État», annexe no 1, dans Joël Giraud, Rapport fait au
nom de la Commission des finances de l’économie générale et du contrôle budgétaire sur le projet de
loi de finances pour 2020 (no 2272), Assemblée nationale française, 10 octobre 2019.
[2] Page LinkedIn de Michel Dejaegher, consultée le 3 juillet 2021.
[3] Entretien téléphonique avec Michel Dejaegher, 22 juin 2021.
[4] Ibid.
[5] «Côte d’Ivoire: le consulat de France sous-traite désormais les demandes de visas», RFI, 2 mars
2016.
[6] Marc Vizy, dans France Diplomatie, «La France et l’Afrique, vos questions, nos réponses», vidéo
Facebook Live, 29 août 2019.
[7] Entretien avec un diplomate, 2019.
[8] Entretien avec un diplomate, 2021.
[9] M’jid El Guerrab et Sira Sylla, Rapport d’information déposé en application de l’article 145 du
règlement par la Commission des affaires étrangères en conclusion des travaux d’une mission flash
constituée le 8 janvier 2020 sur la politique des visas, Assemblée nationale française, 12 janvier
2021.
[10] Vincent Ledoux, «Action extérieure de l’État», loc. cit.
[11] «L’externalisation du traitement des demandes de visa à l’étranger: une réforme réussie, un
succès à conforter», dans Le rapport public annuel 2017, t. 2, L’organisation, les missions, le suivi
des recommandations, Cour des comptes, février 2017.
[12] Ibid.
[13] Ugo Bernalicis, «Externalisation de la collecte des demandes de visa», question écrite au
gouvernement no 12523, 2 octobre 2018.
[14] Vincent Ledoux, «Action extérieure de l’État», loc. cit.
[15] «Statistiques des visas pour les consulats, 2018», dans «Statistiques sur les visas Schengen»,
data.europa.eu, s. d.
[16] Fanny Pigeaud, «Visas: les visiteurs africains face à l’arbitraire des consulats français»,
Mediapart, 31 juillet 2019.
[17] Entretien avec Michel Dejaegher, 2021.
[18] Maxime Tellier, «750 millions d’analphabètes dans le monde mais des progrès», France Culture,
8 septembre 2018; «3 jeunes sur 10 sont analphabètes dans les pays touchés par des conflits ou
catastrophes», UNICEF, 31 janvier 2018.
[19] Yves Collombat, «Gestion des demandes de visas par des sociétés privées», question orale au
Sénat no 0348S.
[20] Entretien téléphonique avec M’jid El Guerrab, 29 avril 2020.
[21] El Guerrab et Sylla, Rapport d’information déposé en application de l’article 145, op. cit.
[22] Olivier Marbot, «Visas: deux députés français plaident pour l’Afrique», Jeune Afrique,
12 janvier 2021.
[23] Entretien avec Marc Loriol, 22 juin 2021.
[24] Fréjus Quenum, Daniel Pelz et Gianna-Carina Grün, «Les Africains ont moins de chance
d’obtenir un visa allemand», Deutsche Welle, 7 juin 2018.
[25] Adrien Gouteyron, Rapport d’information fait au nom de la Commission des finances, du
contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation sur les services des visas, Sénat,
27 juin 2007.
[26] Entretien avec Nicolas Normand, 25 mars 2019.
[27] Lettre confidentielle du ministère des Affaires étrangères à Romain Vuillaume, datée du 24 août
2017.
[28] «Conseil d’État, 2e – 7e chambres réunies», décision no 425226, 16 octobre 2019.
[29] Entretien téléphonique avec Valérie Jacq-Duclos, 18 septembre 2020.
[30] Assemblée des Français de l’étranger, «Synthèse des questions écrites», 18 décembre 2009.
[31] «L’externalisation du traitement des demandes de visa à l’étranger», loc. cit.
[32] Zahra Rahmouni, «Visas Schengen: des “rendez-vous avancés” au cœur d’un scandale», TSA,
14 mai 2017.
Chapitre 12
[1] Chiffres issus du site web de VFS Global.
[2] Margot Gibbs, «VFS: Who Is the Company Subcontracted by the Home Office to Process Visa
Applications?», The Independant, 18 août 2019.
[3] Suman Layak, «Here’s How Zubin Karkaria Is Taking the $500-Million Firm Vfs Global on a
New Tech Adventure», The Economic Times, 23 décembre 2018.
[4] «Rating Action: Moody’s Downgrades VFS to B2; Outlook Negative», site web de Moody’s,
23 avril 2020.
[5] Sébastien Boussois, «Les Émirats arabes unis, nouveau paradis fiscal planétaire», Marianne,
15 janvier 2020.
[6] «Liste commune des juridictions de pays tiers de l’UE à des fins fiscales», Commission
européenne, s. d.
[7] Gibbs, «VFS», loc. cit.
[8] Courrier électronique reçu de la part de VFS Global, 8 octobre 2019.
[9] «Soirée de promotion du tourisme à Mumbai», site de l’ambassade de France à New Delhi,
2 décembre 2016.
[10] Pascale Pascariello, Plus Belge la vie, Arte Radio, 22 mai 2014.
[11] Échange téléphonique avec un attaché de presse de l’agence de communication Image 7, qui
représente Teleperformance, 10 septembre 2019.
[12] Franck Renaud, Les diplomates. Derrière la façade des ambassades de France, Paris, Nouveau
Monde, 2010.
[13] Voir le site web d’OpenCorporates.
[14] Document de référence de Teleperformance, 2012.
[15] Pascariello, Plus Belge la vie, op. cit.
[16] Journal officiel de la République Française, no 163, 14 juillet 1996.
[17] Témoignage recueilli par messagerie et par courrier électronique, octobre 2019.
[18] Pierre Carles, Christophe Coello et Stéphane Goxe, Attention danger travail, C-P Productions,
2003, 104 minutes.
[19] Sherpa, «Droits des travailleurs et devoir de vigilance: le leader mondial des call centers
Teleperformance mis en demeure», communiqué de presse, 18 juillet 2019.
[20] «La protection des données personnelles des demandeurs, une priorité pour l’Administration»,
France Diplomatie, décembre 2019.
[21] Entretien téléphonique avec Michel Dejaegher, 22 juin 2021.
[22] «About VFS Global», site web de VFS Global, s. d.
[23] «L’externalisation du traitement des demandes de visa à l’étranger: une réforme réussie, un
succès à conforter», dans Le rapport public annuel 2017, Paris, Cour des comptes, février 2017.
[24] Réponse par courrier électronique du service communication de VFS Global, 27 septembre
2019.
[25] Assemblée des Français de l’étranger, «Synthèse des questions écrites», 18 décembre 2009.
[26] Auditeur général de Malte, An Investigation of Visas Issued by the Maltese Consulate in Algiers,
Floriana, National Audit Office, janvier 2019.
[27] Saeed Kamali Dehghan, «Users’ Data Compromised after Technical Glitch at Home Office
Contractor», The Guardian, 17 juillet 2015.
[28] Amélia Lakrafi, «Externalisation du dépôts des demandes de visa», question écrite au
gouvernement no 21372, 9 septembre 2019.
[29] «L’externalisation du traitement des demandes de visa à l’étranger», loc. cit.
[30] Entretien téléphonique avec Michel Dejaegher, 22 juin 2021.
[31] Stéphane Bortzmeyer, Cyberstructure. L’Internet, un espace politique, Caen, C&F, coll.
«Société numérique», 2018.
[32] Échanges par courrier électronique entre DXC et VFS, 15 mai 2019.
[33] «Politique de confidentialité», site web de TLS Contact.
[34] Commission nationale de l’informatique et des libertés, «Délibération no 2009-494 du
17 septembre 2009».
[35] Commission nationale de l’informatique et des libertés, «Délibération no 2012-293 du
13 septembre 2012».
[36] Entretien téléphonique le 30 septembre 2019.
[37] Mfonobong, Nsehe, «Meet Zubin Karkaria, the Man Who Built The World’s Largest Visa And
Consular Services Company», Forbes, 17 décembre 2018.
[38] «Comment une société de sécurité bien connectée crée-t-elle en catimini des bases de données
biométriques à grande échelle en Afrique de l’Ouest avec les fonds d’aide de l’Union européenne»,
Privacy International, 10 novembre 2020.
Conclusion
[1] Tim Laurence, Profil sociologique type de l’ambassadeur français, mémoire, Institut d’études
politiques de Lille, 2018.
[2] David Rich, «Diplomatie française: “Le Quai d’Orsay a trop tendance à fonctionner en vase
clos”», France 24, 19 avril 2022.
[3] Michael Pauron, «Nouvelles tensions entre Bangui et Paris après la fouille d’une ministre
centrafricaine à Roissy», Mediapart, 21 avril 2022.
[4] Ngũgĩ wa Thiong’o et Adrien Vial, «Ne plus écrire en anglais, une décision qui a changé ma vie»,
Afrique XXI, 9 mai 2022.
Dans la même collection, aux éditions Agone
Collection dirigée par l’association Survie
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François-Xavier Verschave,
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Survie
Lux Éditeur
C.P. 60191
www.luxediteur.com
Dans les années 1960, les colonies françaises d’Afrique
subsaharienne accédaient officiellement à leur indépendance. On
donnait les palais des gouverneurs aux nouveaux présidents, on
nommait des ambassadeurs et on construisait des ambassades.
L’État français disait vouloir ainsi normaliser ses relations avec ces
pays souverains. Or, soixante ans plus tard, le faste des résidences
de France, le comportement des diplomates et la marche de
l’administration française donnent une tout autre image, où les
ambassades et leurs locataires occupent encore une place
importante dans les destinées africaines.
Journaliste d’investigation indépendant, Michael Pauron a travaillé près de dix ans au sein
du magazine panafricain Jeune Afrique. Il collabore aujourd’hui à Mediapart et est l’un des
animateurs du journal indépendant Afrique XXI.