Motivations
Dans ce projet, nous chercherons à mettre en évidence et mesurer quantitativement l'effet Zeeman normal sur la
raie rouge de l'atome de cadmium.
Nous nous proposerons alors d'évaluer le rapport charge sur masse de l'électron ⁄ à l'aide de nos mesures.
Table des matières
Introduction
2 Protocol expérimental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1 Description du montage
2.1.1 Dispositif interférentiel
2.1.2 Difficultés pratiques
Conclusion
Annexe
Ressources
2
Introduction
En 1896, le physicien Néerlandais Pieter Zeeman découvre l’effet d’un champ magnétique
sur le rayonnement d’un corps pur. Lorsqu’on soumet des atomes à un champ magnétique
assez fort, le spectre lumineux issu de ces atomes présente certaines raies spectrales
susceptibles de se subdiviser en raies polarisées et décalées en fréquence.
En 1902, Zeeman partage le prix Nobel de physique avec Hendrik Lorentz "en
reconnaissance des extraordinaires services rendus par leur recherches sur l'influence du
magnétisme sur les phénomènes radiatifs."
Aujourd'hui, cet effet trouve encore des applications en astrophysique. En effet, il peut
permettre de calculer l'intensité des champs magnétiques des taches solaires
quotidiennement.
Dans ce projet, nous nous concentrons sur la spectroscopie d’émission du Cadmium. Nous
expliquerons d’abord l’origine classique de l’effet Zeeman à partir du modèle simple de
l’atome de Bohr. Puis, après une description du montage nous permettant de mettre en
évidence cet effet, nous effectuerons deux méthodes analytiques permettant d’obtenir une
estimation expérimentale du rapport ⁄ , où représente la charge élémentaire et la
masse de l’électron.
3
1 Effet Zeeman normal
1.1 Mouvement de l’électron
1.1.1 Sans champ magnétique ⃗⃗
Dans le modèle de Bohr, l'atome d'hydrogène est modélisé par un électron de masse m e portant une charge
tournant autour du proton de masse mp portant une charge .
Il s'agit alors d'étudier l'interaction de deux corps dans à l'aide de la mécanique newtonienne.
Le mouvement de ces deux masses peut être réduit au mouvement d'une seule particule de masse réduite que
l'on peut approximer :
⃗⃗⃗
L'électron n'est soumis qu'à la force d'attraction coulombienne que l'on peut modéliser comme une force de rappel
élastique :
⃗⃗⃗
4
1.1.2 Avec champ magnétique ⃗⃗
⃗⃗⃗⃗
Une solution paraît évidente : A=B=0, cependant elle correspond au cas où l'électron est immobile.
Il n'y de mouvement dans le plan xOy (c'est à dire lorsque les solutions sont non nulles) que si le déterminant du
système est nul :
5
Cette équation en peut alors se réécrire de la manière suivante :
√
{
Pour chaque solution, on peut alors exprimer x(t) et y(t) sachant que :
Solution de Solution de
Alors, on a : Alors, on a :
[ ] [ ]
{ {
[ ] [ ]
On constate donc qu'en présence d'un Champ magnétique ⃗ , le mouvement de l'électron devient une superposition
d'un mouvement sinusoïdal de pulsation selon (Oz) et de mouvements circulaires direct et indirect dans le plan
xOy de pulsation respective .
6
1.2 Polarisation du rayonnement
On peut maintenant s'intéresser à la polarisation du rayonnement correspondant à chacune des pulsations
.
Nous devons analyser ce rayonnement selon (Oz) et dans une direction du plan xOy.
⃗ [ ( )] ⃗⃗⃗⃗
- Pour un point de l'axe (Oz), on a ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ donc : le champ rayonné est nul.
- Pour un point de l'axe (Ox), on a ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ donc : le champ rayonné est maximal.
De plus, ⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ , l'onde est polarisée rectilignement selon (Oz)
On a donc un dipôle selon (Ox) et un selon (Oy), pour les deux pulsations :
7
Pour résumer, on a :
On définit alors :
8
2 Protocol expérimental
2.1 Description du montage
2.1.1 Dispositif interférentiel
Pour mettre en évidence l’effet Zeeman, on met en place un dispositif interférentiel afin d’observer le spectre de la
source rayonnante. On choisit un Fabry-Pérot car il est relativement simple à l’emploi et présente un pouvoir de
résolution adéquat par rapport à d'autres systèmes interférentiels (réseaux ; Michelson)(§ 2.2.1).
- Interféromètre de Fabry-Pérot
Schéma du Montage
On place ensuite la lampe spectrale dans un champ magnétique uniforme créé par deux bobines. Les bobines créant
le champ sont alimentées par un générateur de courant.
On pourra ensuite mesurer le champ obtenu en fonction de l’intensité délivrée par les générateurs (§ 2.3).
9
2.1.2 Difficultés pratiques
Choix du Cadmium
Dans le cadre de nos manipulations il faut réussir à isoler une unique raie assez lumineuse, nous avions à notre
disposition plusieurs lampes spectrales : sodium (Na), mercure (Hg) et cadmium (Cd).
Une fois le Fabry-Pérot réglé, on place successivement les différentes lampes. On peut ainsi apercevoir le spectre de
chacun des éléments cités ci-dessus. On entreprend ensuite de placer des filtres colorés devant la lampe afin
d'essayer d'isoler une raie. Il s'est avéré que le cadmium convenait à nos critères puisqu'il dispose d'une raie rouge
isolée.
Obscurité:
La première précaution expérimentale indispensable à l’observation est de travailler dans l'obscurité. Il faut en outre
protéger le montage optique de toute lumière adjacente non voulue, lumière provenant notamment de la lampe
spectrale indirectement. On place alors sur banc optique un long rouleau de papier Canson® noir supprimant le bruit
lumineux de la salle.
Alignement:
Un autre point crucial est l’alignement. La figure d’interférence obtenue en sortie étant très sensible aux
emplacements latéraux des composantes du montage, il est important de vérifier à chaque expérience leur
alignement rigoureux. Chaque composant est monté sur un support permettant un réglage fin de sa position latérale
(haut/bas et droite/gauche).
On se place ainsi dans les conditions de Gauss.
Effet Doppler
Enfin, on constate qu’au bout de quelques heures d’expériences, les raies obtenues sur la figure d’interférence sont
moins fines, gênant ainsi l’observation du dédoublement spectral prévu par l’effet Zeeman.
Cet élargissement spectral est en bonne partie dû à l’effet Doppler. Lorsque la température de la lampe devient
s'élève cet effet est accru (cf. annexe A)
Pour pallier ce problème, on alimente la lampe avec une tension plus faible, on refroidit la lampe avec un
ventilateur, et on évite de faire les acquisitions sur un temps trop prolongé.
10
2.2 Interféromètre de Fabry-Pérot
2.2.1 Théorie
Le Fabry-Pérot est un dispositif interférentiel à division d'amplitude. Il est constitué de deux lames semi-
réfléchissantes en vis à vis. Les faisceaux incidents sont décomposés par réflexions et transmissions successives dans
la lame d'air ainsi constituée. Les multiples faisceaux sortants du dispositifs sont alors susceptibles d'interférer à
l'infini (cf. schéma).
Calcul de l'intensité
Il convient tout d'abord de déterminer la différence de marche 𝛿 entre deux faisceaux consécutifs.
or, 𝐶𝐷 𝐶
cos
et 𝐻 𝐷 𝐶
d'où 𝛿
𝜙
𝜆
On suppose que les deux miroirs semi-réfléchissants sont parfaitement identiques et ont donc même coefficient de
réflexion r et de transmission t.
𝛷
De façon évidente pour le 1 er rayon : 𝑎 où 𝛷 : le déphasage induit par (AB)
: l'amplitude du rayon incident
𝑛 𝑛 𝜙 𝜙 𝑛 𝑛 𝜙
𝑎𝑛 𝑎
11
Les faisceaux étant cohérents on peut sommer leurs amplitudes.
D'où l'amplitude totale A est la somme d'une série géométrique :
∞ ∞
𝜙 𝑛
∑ 𝑎𝑛 𝑎 ∑ 𝑎 𝜙
𝑛= 𝑛=
∣𝑎 ∣
𝐼 𝜙 ∣ ∣
∣ 𝜙∣ 𝜙 𝜙
𝑇
𝐼 𝜙
𝜙
𝜙
Si maintenant on utilise le fait que 𝜙 , on obtient que :
𝑇 𝐼
𝐼 𝜙
𝜙 𝜙
En posant :
𝑇
𝐼
{
Pouvoir de Résolution :
Puisque nous nous apprêtions à faire de nombreuses mesures consistant à distinguer l'apparition de pics secondaires
sur la fonction d'Airy, il était important de déterminer le Pouvoir de Résolution du Fabry-Pérot afin de
l'optimiser.
𝜆
On définit le pouvoir de résolution par : où 𝜆 𝑛 est la plus petite longueur d'onde détectable.
𝛥𝜆 𝑖𝑛
On a :
𝜙 ⇒ 𝜙 𝜆
𝜆 𝜆
12
Si l'on applique le critère de Rayleigh : seules les différences de phase 𝜙 supérieures ou égales à la largeur à
mi-hauteur 𝜙 ⁄ d'un pic sont détectables, on obtient la condition : 𝜙 > 𝜙 ⁄ (2)
En effet,
𝜙 ⁄ 𝐼 𝐼
𝐼( ) ⇒ 𝜙 ⁄ ⁄ (3)
( 𝜙 ⁄ )
𝜆
𝜆 𝑛 ⁄
Finalement, on a :
𝝅𝑴𝟏⁄𝟐 𝐜𝐨𝐬 𝒊
𝑷𝑹
𝝀
𝑀 ⁄ 𝛿 cos
On posera et ce qui donnera 𝑷 𝑹 𝒑∗𝑭
𝜆 𝜆
La théorie nous dit donc que le pouvoir de résolution est proportionnel à l'écartement des miroirs. Cette
constatation nous a permis d'optimiser nos manipulations, dès lors que nous savions où nous placer sur le vernier
réglant l'écartement du Fabry-Pérot pour être à même d'apercevoir l'effet Zeeman.
Détermination de la finesse :
Nous avons cherché à déterminer la finesse de notre Fabry-Pérot pour vérifier s'il était possible de mettre en
évidence l'effet Zeeman.
𝐼 𝜙 /
𝐼(𝜙 / ) ⇒ ( )
4𝐹
Comme √ , on a
𝜙 /
| ( )|
13
2.2.2 Réglage du Fabry-Pérot
Le réglage de l’interféromètre de Fabry-Pérot consiste à rendre les deux miroirs parallèles. On se situe alors dans les
conditions d’observation des interférences. La figure d’interférence se présente sous forme d’anneaux concentriques
situés à l’infini. Afin d’obtenir les meilleurs contraste et résolution possibles, le parallélisme des miroirs doit être
rigoureux.
Réglage grossier
On effectue tout d’abord un réglage grossier en utilisant un L.A.S.E.R. (He-Ne). Cette source forme un objet ponctuel
issu d’un faisceau de rayons parallèles venant de l’infini. On observe ensuite, à l’aide d’une lentille et d’un écran. Si
les miroirs ne sont pas parallèles, on observe de multiples points sources images à l’infini qu’il s’agit de superposer à
l’aide des deux vis de réglage grossier en rotation du miroir 1. Les deux miroirs sont alors grossièrement parallèles.
Réglage fin
Une fois ce premier réglage grossier fait, on commence à observer des anneaux d’interférences. On remplace
l’éclairage ponctuel par un éclairage diffus en utilisant la lampe à vapeur de cadmium (Cd) et un diffuseur. On
observe alors à l’œil des interférences en transmission sous forme d’anneaux d’égale inclinaison.
Quand les miroirs sont strictement parallèles, le rayon des anneaux ne change pas et il n'y a pas de changement
d'ordre lorsque l’observateur déplace sont œil devant les miroirs. Tant que ce n’est pas le cas, on améliore le
parallélisme à l’aide des deux vis de réglage fin en rotation du miroir 2. Le principe est de déplacer la tête le long
d'un des diamètres vers le bouton de réglage sur lequel on agit.
Dans le cas du Fabry-Pérot SOPRA, la rotation des miroirs s’effectue à l’aide de deux vis dont le rôle n’est pas
indépendant (réglage à 120°) : on procédera donc par itérations en jouant sur ces deux vis alternativement jusqu’à
obtenir un bon parallélisme.
Une fois le réglage fin terminé, on éclaire le Fabry-Pérot à l'aide d'un faisceau de lumière convergente (lampe +
condenseur) et on projette les anneaux localisés à l'infini sur le capteur CCD à l'aide d'une lentille de focale
.
Figure d’interférence
14
2.2.3 Etalonnage du Fabry-Pérot
Comme le montre le schéma ci-dessous le Fabry-Pérot SOPRA ® nous permet de modifier l'écartement des miroirs à
l'aide d'une vis micrométrique graduée translatant un chariot qui pousse sur un plan incliné, ce qui repousse les
bases mobiles des miroirs.
L'écartement des miroirs influant sur le Pouvoir de Résolution du Fabry-Pérot et donc sur la précision de nos
mesures, il fut nécessaire de connaître le coefficient de proportionnalité qui existait entre un déplacement de la vis
micrométrique et une variation de l'épaisseur du Fabry-Pérot, cela revenait à déterminer le coefficient directeur de la
pente du plan incliné sur lequel agissait le chariot.
Puisque notre montage nous permettait des mesures de rayons des anneaux d'interférences, nous avons cherché un
moyen de relier l'écartement des miroirs à des mesures de rayons.
𝛿 ecos
Soit l'ordre d'interférence.
𝜆 𝜆
Au centre de la figure l'ordre d'interférence est :
𝜆
où ∈ [ ]est l'excédent fractionnaire de la tache centrale dû à l'indétermination lors du chariotage de la vis.
.
𝑅𝑛
On considère ensuite que 𝑛 ′ 𝑛 ce qui donne la relation :
λ
𝑛 ′√ ε
15
En posant 𝑛 𝑛 , on a finalement :
′𝜆
Par cette relation il ne nous manquait plus qu'à effectuer une batterie de mesures à des graduations différentes, puis
à effectuer une régression linéaire pour obtenir une fonction e(G) de la forme :
𝑎𝐺 𝑏
avec G la graduation du vernier.
Pour se faire, nous avons mis les miroirs au plus proche du contact optique et les avons progressivement écartés afin
d'éviter tout incident (une méthode inverse aurait risqué un choc entre les miroirs). Voici ce que nous obtînmes :
Etalonnage du Fabry-Pérot - 𝐺
8 8 b 8 mm
La décroissance s'explique par le fait que lorsque la vis micrométrique s'enfonce les miroirs s'écartent, et lorsqu'elle
se dévisse ceux-ci se rapprochent.
16
Mesure de la Finesse du Fabry-Pérot
Notre figure d'interférence est recueillie à l'aide de la Camera CCD ainsi que de l'interface CALIENS.
Ceci nous permet d'acquérir la courbe 𝐼 correspond à l'abscisse du capteur de la caméra.
𝜙 /
| ( )|
.
4
On a donc besoin de relier 𝜙 à R et comme 𝜙 et que
𝜆
√ ( )
′
Alors :
𝜙
𝜆
√ ( )
′
On peut ainsi déterminer, les coefficients de réflexivité R des miroirs ainsi que le plus petit écart en longueur d'onde
détectable 𝜆 𝑛
17
i) Réflexivité R
⁄
√
⟹ √
ii) 𝚫𝛌𝐦𝐢𝐧
𝜆
On utilise cette fois-ci une autre expression, celle du pouvoir de résolution : ∗
𝛥𝜆 𝑖𝑛
Où :
𝛿
𝜆 𝜆
𝜆 √ ( )
′
A.N. :
6 9
{
9
𝜆 𝑛 3 8
Le P.R de notre Fabry-Pérot, nous permet donc en pratique de distinguer un écart de longueur de l'ordre du
picomètre.
On peut vérifier alors s'il est possible de mettre en évidence l'effet Zeeman, en calculant 𝑛 ainsi que le en
choisissant une amplitude de champ magnétique B= 500 mT (qui est l'amplitude moyenne du Champ que l'on peut
appliquer à la Lampe Cd)
On a calculé en 2.3 que 𝜆 𝑛 3 8 , on peut alors calculer :
𝜆 𝑛
𝑛
𝜆
A.N. :
9𝐻
𝑛 3
9 𝐻
{
On peut donc bien mettre en évidence l'effet Zeeman ayant une Finesse 9
18
2.3 Etalonnage du champ magnétique ⃗⃗
Il s’agit de prévoir l’amplitude du champ magnétique appliqué à la source sans avoir à le mesurer à chaque
expérience.
On mesure donc au teslamètre l’amplitude du champ magnétique créé par les deux bobines pour différentes valeurs
d’intensité. On place la sonde à effet Hall (cf. Annexe B.) à la place de la lampe de cadmium (préalablement retirée
de son support). Les bobines sont alimentées par deux générateurs de courant montés en série pouvant en tout
délivrer une intensité sur une gamme de 0 à 10,2 A, correspondant à une amplitude de champ B comprise entre 0 et
550 mT.
On obtient la courbe de l’amplitude du champ B en fonction de l’intensité délivrée I suivante :
A posteriori, on remarque que l’effet Zeeman n’était mesurable que pour des intensités supérieures à 7 A. Une
régression linéaire n’étant plus assez précise pour de telles valeurs, on établit un profil en 𝐶 𝐼 .
Code Gnuplot :
f3(x)=a3*(x**c3)
a3=60;
c3=0.5;
fit f3(x) 'bobine.res' using 1:2 via a3,c3 ;
set title "B=f(I)"
set pointsize 1.5
set xlabel 'I(A)'
set ylabel 'B(mT)'
plot "bobine.res" using 1:2 with points title 'Données Relevées',
79.746*(x**0.852437)
19
3 Analyse & Modèle
3.1 Acquisition des données
Outils d’acquisition
Une fois qu’un bon contraste et un bon pouvoir de résolution sont obtenus, la principale donnée accessible sur la
figure d’interférence est le rayon des anneaux. Afin de mesurer le rayon des anneaux d’interférence, il nous faut
prendre des photographies de la figure. Nous avons choisi d’acquérir cette image à l’aide d’une caméra CCD à une
dimension, dont l’axe est placé horizontalement en passant par le centre commun des anneaux. Le capteur est relié
à l’interface logicielle CALIENS, permettant d’enregistrer la courbe de l’intensité en fonction de l’abscisse X.
L’interface CALIENS permet également d’enregistrer un tableau de ces mêmes valeurs avec un pas en abscisse de
l’ordre de la dizaine de µm. On a en effet privilégié une acquisition en une seule dimension pour bénéficier d’une
meilleure précision.
On ajoute ensuite le champ magnétique en configuration transverse. On observe alors un détriplement de chaque
anneau d’interférence. À l’œil nu, la figure observée est la suivante :
Pour mesurer le rayon des anneaux, il suffit de repérer l’abscisse du sommet du pic issu de la tache centrale
(qu’on choisit préalablement claire) puis, pour chaque anneau, on mesure l’abscisse du pic correspondant puis on
calcule la différence , représentant alors trivialement le rayon de l’anneau à l’ordre apparent .
Polarisation
On peut aisément vérifier la polarisation rectiligne prévue pour chaque frange (§ 1.2) en plaçant un polariseur
rectiligne (ou polaroïd) en sortie du Fabry-Pérot.
- En polarisation verticale, on coupe les deux raies annexes, polarisées horizontalement, et n’observons plus que la
raie centrale.
- En polarisation horizontale, on coupe la raie centrale, polarisée verticalement, et n’observons plus que les deux
raies annexes.
21
3.2 Écartement spectral
On remarque en première observation que l’écart en rayon entre les deux raies annexes diminue lorsque l’ordre
apparent devient grand. On peut en effet établir une relation de proportionnalité inverse entre cet écart spectral
et l’ordre apparent.
Pour ce faire, on repart des résultats classiques de la théorie du Fabry-Pérot (§ 2.2.1) :
′
⟹
√ 𝜆 𝜆
√
On relie donc ainsi l’angle d’incidence de chaque faisceau avec le rayon de l’anneau d’interférence correspondant
𝜆.
On mesure alors pour chaque ordre visible, le rayon de l’anneau central et les rayons des deux anneaux annexes.
Les deux relations précédentes suivies d’un DL1 en 𝜆 donne :
𝜆 ′ ( )
𝜆
( ) ( )
𝜆 𝜆 𝜆
𝜆 𝜆
( ) ( ) ( )
𝜆 𝜆 𝜆 𝜆
𝜆 𝜆 𝜆 𝜆 𝜆 𝜆
On a de plus : { {𝜆 𝜆 𝜆
𝜆 𝜆 𝜆 𝜆 𝜆 𝜆 𝜆
22
Schéma des anneaux
(k : ordre réel ; p : ordre apparent)
𝜆
}⟹ 𝑎 𝑎
𝜆
𝜆
4
Notons que 𝑎 donc on peut faire un développement limité sur :
( ) 𝑎
𝜆
𝜆 𝜆
𝜆 𝜆 𝜆
23
3.3 Détermination du rapport ⁄
3.3.1 Première méthode
On effectue les mesures décrites au § 3.2 pour un champ magnétique d’amplitude 9 𝑇 pour les cinq
premiers ordres apparents. Comme le montre le profil d’intensité obtenu, les ordres suivants présentent un
écartement spectral trop faible pour donner des mesures assez précises.
𝜆 𝜆
𝑎 8 ⟹ 𝜆
𝜆 𝑎
24
Or, on relie aisément l’écart spectral à l’écart fréquentiel par :
𝜆
𝜆
Et, d’après les calculs classiques sur l’effet Zeeman, on connaît l’écart en fréquence comme :
A.N. :
( ) 3 𝐶
( ) 9 𝐶
|( ) ( ) |
𝜂 8%
( )
Incertitudes
Incertitude sur 𝜆 : 𝜆 𝜆 6
Incertitude sur : 𝜆 3 𝐻
𝜆
𝜆
Enfin sur l'estimation du rapport ⁄ : ( ) (
𝜈
) 3 𝐶
On remarque que, bien que la valeur expérimentale obtenue ne soit pas tant éloignée de la valeur théorique du
rapport ⁄ , cette dernière ne rentre pas dans l'intervalle d'incertitude calculé.
On met alors en œuvre une nouvelle méthode.
Dans cette seconde méthode, on effectue toujours plusieurs mesures des rayons 𝜆 𝜆 𝜆 mais cette fois-ci,
pour différentes amplitudes du champ ⃗ .
𝑅
Pour chaque expérience, (pour chaque champ ⃗ ), on effectue la régression linéaire du type 𝑎 𝑏.
𝑅 𝑅
𝜆
Où 𝑎 , on en déduit alors pour chaque valeur de ‖ ⃗ ‖ la valeur de 𝜆 . Puis :
4 𝛥𝜆
𝜆
𝜆
.
25
On peut alors vérifier la proportionnalité entre l'écart et B car théoriquement on a : .
4
On trace alors , puis on effectue une régression linéaire :
9
Avec une incertitude de 𝐻 𝑇
On peut donc évaluer le rapport ⁄ .
On obtient :
( ) 8 𝐶
|( ) ( ) |
𝜂 %
( )
Incertitudes
Incertitudes sur B :
Lors du calibrage du champ magnétique ⃗ , on a établit la relation ‖ ⃗ ‖ 9 𝐼 .
𝛥 𝛥
Alors, en considérant le positionnement de la sonde comme parfait, on a : 8
𝛥
D'où : 8 𝑇
Incertitudes sur : ( ) 𝐶
26
Conclusion
À l’aide d’un montage relativement simple à mettre en œuvre, nous avons pu réaliser une
expérience historique qui met en évidence l’effet Zeeman, ou l’influence d’un champ
magnétique sur le spectre d’un élément atomique. Nous avons en outre pu obtenir une
évaluation du rapport ⁄ avec une assez bonne précision.
Enfin, la conduite d’un tel projet nous a permis d’acquérir une certaine autonomie
expérimentale, en nous poussant à nous interroger sur l’origine physique des difficultés
rencontrées ainsi qu’en nous obligeant à comparer différents modèles d’analyse des
mesures obtenues.
27
Annexe
A. Effet Doppler
Dans cette partie, on ne considère que les atomes se déplaçant dans la direction z parallèle à l’axe de la fiole de
cadmium. Les atomes de cadmium température absolue non nulle, et sont donc soumis à une agitation thermique
qui leur confère une vitesse dont la répartition, dans l’ensemble du gaz, est donnée par la distribution de Maxwell-
Boltzmann :
√ ( )
𝑇 𝑇
Où est une densité de probabilité, est la masse d’un atome, 𝑇 est la température en kelvins, et est la
constante de Boltzmann.
Or, on sait que lorsqu’un atome, de vitesse non nulle, rencontre un photon, la fréquence du photon vue par
l’atome est différente de la fréquence du photon dans le référentiel du laboratoire. Les vitesses considérées ici ne
sont pas relativistes, on va donc utiliser les formules de l’effet Doppler non relativiste. On a la relation :
( )
Avec la vitesse de la lumière, et le signe de choisi tel que les atomes se dirigeant vers la source ont une vitesse
positive. On voit alors clairement, par les formules précédentes, comment s’élargie la raie d’absorption : si la
fréquence émise n’est pas exactement la fréquence d’excitation, il y a tout de même une partie des atomes qui
ont une vitesse qui leur permettent de voir cette fréquence comme leur fréquence d’excitation. On cherche donc la
probabilité d’observer un photon dont la fréquence se trouve entre et . Or cette probabilité est
égale à la probabilité qu’il y ait un atome dont la vitesse soit comprise entre et , telle que et
satisfont la relation de l’effet Doppler.
Ainsi, on a d’une part :
D’où :
⟹
Et, finalement :
√ ( )
𝑇 𝑇
Ainsi, la fréquence émise par le cadmium est distribuée selon une gaussienne centrée autour de la valeur et
d’écart-type :
𝑇
√
Du fait de la proportionnalité en √𝑇, les raies acquises à l'aide de la caméra paraîtrons plus larges et moins séparées
lorsque la lampe sera chaude.
28
B. Effet Hall
Afin de calibrer le champ magnétique B qui sera appliqué sur la lampe de Cadmium, nous utilisons un Teslamètre.
Le principe de cet outil repose sur l'Effet Hall, on se propose dans cette partie de l'annexe d'expliquer ce phénomène
d'un point de vue classique.
On considère une portion de conducteur ayant la forme d'un ruban de largeur suivant (Oy) et d'épaisseur h suivant
(Oz); On note (Ox) l'axe du ruban.
Le milieu conducteur est modélisé par une densité d'ions fixes notée n et une densité volumique d'électrons de
même valeur et de charge -e. Le ruban est parcouru par un courant d'intensité I>0, le vecteur densité volumique de
courant est uniforme : ⃗⃗⃗⃗ . On applique perpendiculairement au ruban, un champ magnétostatique uniforme
⃗ ⃗⃗⃗ .
Expression du vecteur densité volumique de courant : ⃗⃗⃗⃗ où ⃗⃗⃗⃗ représente la vitesse des électrons.
L'intensité du courant I est :
/ /
𝐼 ∫ ∫ ⃗⃗⃗⃗
= / = /
Le sens de la vitesse des charges négatives est opposé à celui du courant. Les électrons de charge -e subissent la
force magnétique :
Comme , la force magnétique, dirigée suivant , à tendance à accumuler les électrons sur la face du
ruban qui se charge donc négativement. Par conséquent, la face , se charge positivement.
29
L'accumulation de charges opposées de part et d'autre du ruban provoque l'apparition d'un champ électrique ⃗⃗⃗⃗⃗
dirigé suivant ⃗⃗⃗⃗ :
Les électrons sont donc également soumis à une force électrique : ⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ .
⃗⃗⃗ est dirigé selon ⃗⃗⃗⃗ , s'oppose donc à ⃗⃗⃗⃗ . Tant que ‖ ⃗⃗⃗ ‖ ‖⃗⃗⃗⃗ ‖, les charges opposées s'accumulent sur les
faces et , il s'agit d'un phénomène transitoire où la norme de ‖⃗⃗⃗⃗⃗ ‖ augmente avec le temps.
Dès que ⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ ⃗ soit ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗ ⃗ , le régime permanent est établi. Il apparait alors un champ
électrostatique de Hall transverse à la direction du courant, d'expression : ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗ ⃗⃗⃗⃗ .
Ce champ est donc responsable de l'existence d'une différence de potentiel UH , appelée tension de Hall entre les
plans et :
/ / /
𝑀 ∫ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑎 ⃗⃗⃗⃗ ∫ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ ∫ ⃗⃗⃗⃗
/ / /
Et comme, , on obtient :
𝑛
𝐼
La tension de Hall étant proportionnelle à la norme B du champ magnétique, sa détermination permet de mesurer
des champs magnétiques, c'est le principe des sondes à effet Hall que nous utilisons avec notre Teslamètre.
30
Ressources
31