Vous êtes sur la page 1sur 7

VI Réciprocité quadratique

[Ireland et Rosen] Le but de ce chapitre est de donner une méthode efficace permettant de
dire si un élément de Z/pZ est un carré ou non dans Z/pZ pour p premier impair.
p−1
En fait, on a déjà vu qu’un élément non nul a ∈ Z/pZ est un carré ssi a 2 = 1 (Corollaire
I.35). Mais si on peut se poser la question à l’envers : étant donné a ∈ Z, pour quels nombres
premiers p est-ce que a est un carré modulo p. La réponse est plus difficile et c’est ce dont traite
ce chapitre.

VI.1 Symbole de Legendre


Définition VI.1. Soit p un nombre premier, et a ∈ Z. On définit le symbole de Legendre par

   0 si a = 0 mod p
a
p = 1 si a est un carré modulo p
−1 sinon

   
a a
Puisque p ne dépend que de la classe de a dans Z/pZ, on peut aussi définir p pour
a ∈ Z/pZ.
  p−1
a
Lemme VI.2. Si p est un nombre premier impair, alors pour tout a ∈ Z/pZ, p =a 2 dans
Z/pZ.

Remarque
 VI.3. si p = 2, c’est pas bien dur de savoir si a est un carré, c’est toujours le cas.
Donc a2 vaut 0 ou 1 selon que a est pair ou impair.

Preuve. On a déjà vu ça dans le corollaire I.35.


Rappelons l’argument : c’est clair si a = 0 mod p, et si a est dans le groupe cyclique

Fp ≃ Up−1 , a est un carré ssi a est dans l’image du morphisme d’élévation au carré ε2 : x 7→ x2
p−1
qui est le noyau de ker ε p−1 : x 7→ x 2 . L’image de ε p−1 etant U2 = ±1, a est un carré ssi
2 2
p−1 p−1
ε p−1 (a) = a 2 = 1 et n’en est pas un ssi a 2 = −1.
2

Corollaire VI.4. Soit p un nombre premier impair.


p−1
Alors −1 est un carré mod p ssi (−1) 2 = 1 ssi p−1 2 est pair ssi p = 1 mod 4.
 
Il y a une autre jolie caractérisation de ap en terme de signature de permutation :
 
a
Corollaire VI.5. Soit p premier impair et a premier a p. Alors p est la signature de la per-
mutation σ : x 7→ ax dans F∗p .
p−1
Preuve. Soit d l’ordre de a dans F∗p , et d′ = d . Montrons que a est un carré ssi d′ est pair. En
p−1
effet, a carré ssi a ∈ Im ε2 ssi a ∈ ker ε p−1 (ssi a 2 = 1) ssi d| p−1 p−1
2 ssi 2| d .
2

Reste à voir sign(σ) = (−1)d . La permutation σ est composée de cycles de taille d, il y en
a donc p−1 ′ d+1 ]d′ = (−1)p−1 (−1)d′ = (−1)d′ car p − 1 est pair.
d = d . Sa signature est [(−1)

Le théorème principal de ce chapitre est le suivant :

Théorème VI.6 (Th principal : Lois de réciprocité quadratiques). Soient p, q ∈ N deux nombres
premiers impairs.
  p−1
1. −1p = (−1) 2 pour p premier impair, (i.e. vaut 1 si p = 1 mod 4 et −1 sinon)
p2 −1
 
2. p2 = (−1) 8 pour p premier impair (i.e. vaut 1 si p = ±1 mod 8 et −1 sinon).

79
  p−1 q−1
 
3. pour p, q impairs : pq = (−1)( 2 )( 2 ) pq i.e. les signes sont les mêmes sauf si p ET q
sont égaux a −1 mod 4.

Les 2 premières assertions s’appellent les lois complémentaires. Elles complètent la 3ème qui
ne marche que si p, q sont impairs (et positifs). On a déjà vu la preuve de la première.
C’est un peu magique (au sens ou il n’y a pas de raison claire pour que ça soit vrai). Tellement
magique que les mathématiciens en ont proposé de très nombreuses preuves (plus de 200). Gauss
en a donné 8.

VI.2 Utilisation de la réciprocité quadratique : symbole de Jacobi


Pour utiliser de manière efficace les lois de réciprocité quadratique, il est commode de géné-
raliser la définition du symbole de Legendre au cas où p n’est pas premier. Cette généralisation
s’appelle le symbole de Jacobi.

Définition VI.7 (Symbole de Jacobi). Soit n impair, n ≥ 3 (n > 0 en particulier). Soit n =


pα1 1 . . . pαk k sa decomposition en facteurs
 premiers.
On définit le symbole de Jacobi na ∈ {0, 1, −1} en termes du symbole de Legendre par
r  
Y
a
( pai )αi

n =
i=1

Remarque VI.8. Le symbole de Jacobi n’est pas défini si n < 0, ou si n pair. On peut étendre
la définition pour tout n ∈ Z pour garder les propriétés intéressantes. Ça s’appelle le symbole
de Kronecker, mais ses propriétés sont un peu plus compliquées. En sage, on a la commande
kronecker(a,n).
Remarque VI.9. On n’utilise quasiment jamais cette def pour calculer le symbole de Jacobi. Cf
algorithme de calcul plus bas.
Remarque VI.10. ATTENTION ! ! Le symbole de Jacobi NE DIT PAS SI a est un carré mod n,
sauf si n est premier ! ! !  2 2
Soit a premier a n. Si a est un carré mod n et, alors na = bn = na = 1. Mais la


reciproque est fausse. 


Par exemple, na2 vaut toujours 0 ou 1 ! Mais modulo 9, 2 n’est pas un carré (les carrés
dans Z/9Z× sont 1, 4, −2).
Autre exemple : 14

51 = 1, mais 14 n’est pas un carré modulo 51 = 3 × 17 (ca n’est pas un
carré mod 3).
Pour savoir si a est premier modulo n lorsque n n’est pas premier, on peut utiliser le théorème
chinois : si n = pα1 1 . . . pαnn est sans facteur carré, a est un carré modulo n ssi c’est un carré
modulo chacun des pαi i .
Du coup quel est l’intérêt du symbole de Jacobi
  ? C’est qu’il satisfait les mêmes lois de
réciprocité quadratique, et permet de calculer ap pour p premier en autorisant des calculs
intermédiaires qui font apparaı̂tre des nombres non premiers.

Proposition VI.11 (Propriétés faciles du symbole de Jacobi).


— Si n est premier, le symbole de Jacobi coincide avec le symbole de Legendre.
′ a
  a′ 
— Si a = a mod n, n = n
— na = 0 ssi a n’est pas premier avec n


— ab a
  b
n = n n

Preuve. Les 2 premiers points sont immédiats vu la définition : si n = pα1 1 . . . pαr r , si a ≡ a′


(mod n), alors a ≡ a′ (mod pi ). Et si a n’est pas premier avec n, alors a ≡ 0 (mod pi ) pour un
certain pi .

80
  p−1
a
Pour le troisième point, on utilise que pour p premier, p = (a) 2 qui est donc multiplicatif.

Le symbole de Jacobi vérifie encore les lois de réciprocité quadratique :

Proposition VI.12. Soient n, m ≥ 3 impairs.


n−1
1. −1

n = (−1) 2 i.e. vaut 1 si n = 1 mod 4 et −1 sinon (comme n impair c’est les seuls
cas)
n2 −1
2. n2 = (−1) 8 i.e. vaut 1 si n = ±1 mod 8 et −1 si n = ±3 mod 8 (comme n impair


c’est les seuls cas)


3. m (m−1)(n−1)/4 n i.e. les signes sont les mêmes sauf si n ET m sont égaux a
 
n = (−1) m
−1 mod 4.
n−1 n2 −1
Remarque VI.13. Notons pour n impair ε(n) = (−1) 2 , et ω(n) = (−1) 8 . Alors ε et ω sont
multiplicatives : ε(ab) = ε(a)ε(b) et ω(ab) = ω(a)ω(b). C’est une vérification immédiate 40 .

Preuve. Pour les 2 premiers, ça découle immédiatement de la loi de réciprocité quadratique
pour un nombre
Q αi premier, avec le fait que ε et ω sont multiplicatives. Explicitement pour la
1ère : n = pi ,

−1
 def Y  −1 αi loirecip Y αi
Y α
n = pi = ε(p i ) = ε( pi i ) = ε(n).

n−1 m−1
 
Pour la 3ème, on a (−1) 2 2 = ε(n) m d’apres la 1ère loi. La 3ème loi s’écrit donc
 
ε(m)m n

n = m . On sait qu’elle est vraie pour chaque facteur premier de n ou m. Tout est
multiplicatif d’où le résultat.
Q β
Détails : n = pαi i , m = qj j .
Q

  Y  ε(m)m αi Y Y  ε(q β j α i Y Y  p β j α i


ε(m)m j )qj
=multiplicativite =loirec n
i

n = pi pi qj = m
i i j i j

Corollaire VI.14. Il y a un algorithme de calcul rapide du symbole de Jacobi, donc du symbole


de Legendre, via une sorte d’algorithme d’Euclide.

Ceci permet donc de savoir rapidement si un entier est un carré mod p (pour p un nombre
premier).
Un exemple vaut mieux qu’un long discours : on veut savoir si 202 est un carré modulo 257.
202 2 −9 −1
  101  257
 55
 101
  
257 = 257 257 = 101 = 101 = 55 = 55 = 55 = −1

2 101 257 55 101


    
car 257 = 1 (2ème loi), 257 = 101 (3ème loi), 101 = 55 (3ème loi), puis comme 9 est
un carré, on a −9 −1

55 = 55 = −1 d’après la 1ère loi puisque 55 = −1 mod 4.
A chaque fois, on réduit modulo n, on sort la puissance de 2 et le signe, on leur applique la
1ère et 2ème loi, comme ça tout est positif et impair, on applique la 3ème loi, et on recommence.
Note : bien que la définition du symbole de Jacobi utilise la décomposition en facteurs
premiers, on n’a pas besoin de factoriser pour le calculer.
40. il suffit de vérifier que la valeur 1 est atteinte sur un sous-groupe d’indice 2 de Z/4Z × , ou de Z/8Z ×
respectivement

81
VI.3 Preuves de la réciprocité quadratique
VI.3.a Preuve de la la 2ème loi complémentaire.
√ √
Preuve. Si on cherche à écrire 2 à partir de racines de l’unité, vu que cos(45o ) = 22 , on va
√ √
pouvoir écrire 2 en termes de ζ = eiπ/4 : 2 = ζ + 1/ζ. Autrement dit 2 = (ζ + ζ −1 )2 . En
fait, cette égalité est vrai dans n’importe quel corps dès que ζ est une racine primitive 8-ème de
l’unité i.e. ζ 4 = −1. En effet, on a alors ζ 2 = −ζ −2 , donc (ζ + ζ −1 )2 = ζ 2 + ζ −2 + 2 = 2.
Prenons donc K une extension finie de Fp dans lequel on peut trouver un tel ζ. Pour savoir
si 2 est un carré dans Fp , on veut savoir si l’élément α = ζ + ζ −1 appartient à Fp : si α ∈ Fp ,
c’est que 2 est un carré dans Fp puisque α2 = 2. Si α ∈ / Fp , alors 2 n’a pas de racine carrée dans
Fp puisque ses 2 racines carrées dans K sont ±α.
i.e. s’il est fixe par le Frobénius, c’est à dire si αp = α i.e. (ζ + ζ −1 )p = ζ + ζ −1 . Mais
(ζ + ζ −1 )p = ζ p + ζ −p (c’est le Frobénius), donc ζ + ζ −1 appartient à Fp si et seulement si
ζ + ζ −1 = ζ p + ζ −p .
Puisque ζ est d’ordre 8, ceci ne dépend que de p mod 8. Comme p est impair, p = 1, 3, 5, 7
mod 8. Notons aussi que si on change p en −p mod 8, la valeur de ζ p + ζ −p est inchangée.
Si p = ±1 mod 8, on a clairement l’égalité, et 2 est donc un carré dans Fp . Si p = 3 mod 8,
puisque ζ 3 = −ζ, α3 = ζ 3 + ζ −3 = −α donc α ∈ / Fp et 2 n’est pas un carré dans Fp (idem si
p = −3).

Remarque VI.15. Pourquoi exprimer 2 en termes de racines de l’unité était utile ? Puisqu’on
l’a exprimé en terme de racines 8-èmes de 1, la condition d’être point fixe du Frobénius s’exprime
en fonction de la classe de p mod 8.

VI.3.b Preuve de la 3ème loi via les permutations


 
On sait que pq est la signature de σ : x 7→ px dans F∗q . C’est la même signature que
x 7→ px dans Fq = Z/qZ (q est un nombre premier). On veut réaliser cette permutation dans un
sous-ensemble U ⊂ K d’une extension de Fp .
Soit K un corps fini de caractéristique p, ayant une racine primitive q-ième de l’unité. Ca
existe : prendre un corps de décomposition de X q − 1, il a toutes ses racines simples car q est
premier à p. Notons Uq ⊂ K ∗ le groupe multiplicatif des racines q-ièmes de l’unité. Puisque
(Z/qZ, +) ≃ (Uq , ·), la signature de σ est donc celle de la permutation φ de Uq définie par
φ : x 7→ xp (c’est la restriction du Frobenius a Uq ).
Si on numerote les éléments de Uq = {x1 , . . . , xq }, la signature est le nombre d’inversions, et
s’écrit en fait   Y φ(x ) − φ(x ) Y φ(x − x )
p i j i j
q = xi − xj
=
xi − xj
i<j i<j

car le nombre d’inversions determine le signe donc


Q  Q p  p−1
  φ i<j (x i − x j ) i<j (x i − x j ) Y
p
q =
Q = Q =  (xi − xj ) .
i<j (x i − x j ) i<j (x i − x j )
i<j

On veut faire apparaı̂tre


Y q(q−1) Y (q−1) Y
xi − xj = (−1) 2 ( (xi − xj ))2 = (−1) 2 ( (xi − xj ))2
i̸=j i<j i<j

puisque q est impair. Ainsi


  p−1   p−1   p−1
2 2 2
(q−1) Y
  Y p−1 q−1 Y
p ( (xi − xj )) 2
q = = (−1) 2 (xi − xj ) = (−1) 2 2  (xi − xj ) .
i<j i̸=j i̸=j

82
p−1
    p−1 p−1
q
, et puisque pq = q 2 = (q 2 )q , (puisque q
Q
Reste a voir que i̸=j (xi − xj ) =
2
p
p−1
q
Q
impair et que q 2 = ±1), il suffit de voir que i̸=j (xi − xj ) = q .
Ca peut
Q se faire avec la notion de discriminant,
Q ′ ou à la main, comme Q ici. On considère
f (X) = i (X −xi ) et on calcule de 2 facons i f (xi ). On a d’abord f (X) = i (X −xi ) = X q −1
puisqueQ xi ′ parcourtqtoutes les racines q-ièmes de l’unité, donc f ′ (X) = qX q−1 , etQf ′ (xi ) = qxiq−1
donc Q i f (xi ) = q ( i xi )q−1 . D’après
Q
Q ′les relations coefficients/racines de f , i (−xi ) = −1,
donc i xi = −1.(−1)q = +1, donc i P f (xQ i) = q .
q
′ (X) = ′ (x ) =
Q
Q ′ D’autre part, on dérive f i j̸ = i (X − x j ), et f i 0 j̸=i0 (xi0 − xj ), donc
q
Q Q
i f (xi ) = i̸=j (xi − xj ). Ceci conclut que i̸=j (xi − xj ) = q .

VI.3.c Preuve par les sommes de Gauss


[Ireland/Rosen p 85/p 71.]
  √
On a vu dans le calcul de p2 l’utilité d’écrire 2 à partir d’une racine de l’unité. Les sommes

de Gauss permettent d’écrire ±p à partir de racines de l’unité.

Définition VI.16. Soit p un nombre premier impair, et soit ζ une racine primitive p-ième de
l’unité dans le corps C (ou dans un corps K quelconque).
On appelle somme quadratique de Gauss le nombre complexe (ou élément de K)

X   X   p−1  
X
τζ = i
p ζi = i
p ζi = i
p ζ i.
i∈Z/pZ i∈(Z/pZ)× i=1

Note : la somme a du sens puisque ζ k ne dépend que de la classe de k modulo p puisque ζ


est une racine p-ième de l’unité.
On va utiliser 2 propriétés :
 
Lemme VI.17. Pour a ∈ Z/pZ× , τζ a = ap τζ .

Preuve. C’est facile : écrire la somme et faire le changement d’indice i′ = ai dans Z/pZ× :
X     X     X  ′ ′  
i ai a ai ai a i i a
τζ a = p ζ = p p ζ = p p ζ = p τζ .
i∈(Z/pZ)× i∈(Z/pZ)× i′ ∈(Z/pZ)×

La deuxième propriété est la suivante :

Lemme VI.18 (calcul de la somme de Gauss). Dans C, on a 41


( √
± p si p = 1 mod 4
τζ = √
±i p si p = 3 mod 4
Plus généralement, sur un corps quelconque tel que p − 1 ̸= 0 dans K, et si ζ est une racine
primitive p-ième de 1,  
τζ2 = −1
p p

On verra la preuve après. Montrons la réciprocité quadratique à partir des deux propriétés.
   
41. Sur C, on a τζ = τζ = τζ −1 = −1 p
τζ . Donc τζ est réel ou imaginaire pur selon le signe de −1
p
. Il reste
donc à calculer le module carré i.e. τζ τζ .

83
Preuve de la loi
 de réciprocité quadratique
  (Th VI.6 (iii)) en admettant le Lemme VI.18. On veut
p−1 q−1
p q
montrer que q = (−1) 2 2
p . Note : pour appliquer le lemme 2, il faut savoir que
p − 1 ̸= 0[q]. C’est OK si p < q, ce qu’on peut supposer quitte à échanger les rôles de p et
q (la 3ème loi deréciprocité
 est symétrique en p et q).
q−1
p
On sait que q = p 2 mod q. Donc on se place dans un corps fini de caracteristique q,
q−1 q−1
et on veut calculer p 2 = ±1. On veut donc connaı̂tre le signe de p 2 , et informellement, ceci

revient à calculer le signe de pq−1 si on a une racine de p sous la main.
On se place dans une extension finie de Fq ayant une racine primitive p-ième de l’unité ζ, et

 le rôle de p est τζ ,(c’est une racine carrée de ±p, Lemme VI.18).
ce qui va jouer
q−1 q−1 p−1 q−1
On a p
q =p 2
−1
p τζ2 ) 2 = (−1) 2 2 τζq−1 .
=(V I.18) (
Mais par ailleurs, on a (τζ )q−1 = τζ−1 τζq , et l’élévation à la puissance q étant le Frobénius,
P      
τζq =(F robenius) i pi ζ qi =def τζ q =(V I.17) pq τζ , donc (τζ )q−1 = pq .
  p−1 q−1
 
Donc pq = (−1) 2 2 pq .
 
−1
Preuve du calcul de la somme de Gauss (Lemme VI.18). L’égalité τζ2 = p p est équivalente
   
à τζ τζ −1 = p (d’après lemme VI.17). Mais pour tout a ∈ Z/pZ× , on a τζ a τζ −a = ap τζ ap τζ −1 =
τζ τζ −1 ). Donc on somme tout ca :
X
(p − 1)τζ τζ −1 = τζ a τζ −a
a∈Z/pZ×
! !
X X   X  
i ai j −aj
= p ζ p ζ
a∈Z/pZ× i∈(Z/pZ)× j∈(Z/pZ)×
X X X   X X  ij  X
ij
= p ζ a(i−j) = p ζ a(i−j) .
a∈(Z/pZ)× i∈(Z/pZ)× j∈(Z/pZ)× i j a∈(Z/pZ)×

Maintenant, i, j étant fixes, la somme a∈(Z/pZ)× ζ a(i−j) vaut p − 1 si i = j, et vaut (en posant
P

a′ = a(i − j), qui décrit Z/pZ× ), a′ ∈(Z/pZ)× ζ a = −1 car c’est la somme des racines primitives
P

p-ièmes de l’unité, c’est à dire de l’ensemble des solutions de X p−1 +X p−2 +...+1 donc la somme
fait −1 (relations coefficients-racines) 42 . On obtient
X  ij 
(p − 1)τζ τζ −1 = p (pδij − 1)
i,j

X  2 X   X X  
i ij k
=p p − p = p(p − 1) − p = p(p − 1)
i=j∈(Z/pZ)× i,j∈(Z/pZ)× i k∈(Z/pZ)×
P k
puisque k = ij décrit Z/pZ× pour tout i fixe, et que k p = 0 puisque la moitié des éléments
de Z/pZ× sont des carrés et l’autre pas. En simplifiant par p − 1 (puisque p − 1 ̸= 0 dans K),
on a le résultat.

VI.3.d Critère de primalité de Solovay-Strassen (optionnel)


Proposition VI.19. Soit n > 2 un entier impair.
n−1
1. Si n est premier, pour tout a premier à n on a na = a 2 (mod n).

n−1
2. Réciproquement, si na = a 2 (mod n) pour tout a premier à n, alors n est premier.


42. on peut aussi dire qu’en rajoutant la racine p-ième qui manque, i.e. 1, la somme devient nulle

84
Preuve. Le premier point est déjà vu : c’est le calcul du symbole de Legendre via l’exponentiation.
n−1
Pour le 2ème point : supposons na = a 2 (mod n) pour tout a premier a n. En particulier,

n−1
puisque a 2 = ±1 (mod n), an−1 = 1 (mod n) pour tout a. n est donc un nombre de Carmi-
chael. On a vu en TD que n est sans facteur carré : n = p1 . . . pr . Il s’agit de voir que r = 1. On
suppose donc r ≥ 2.
Notons ai la classe de a mod pi , i.e. a 7→ (a1 , . . . , ar ) par l’ isomorphisme chinois. Notre
hypothèse dit que
n−1 n−1
(a1 2 , . . . , ar 2 ) = na (1, 1, . . . , 1).


 Q  
Mais d’autre part, par définition du symbole de Jabobi, na = i pai donc

n−1 n−1    
a1 ar
(a1 2 , . . . , ar 2 ) = p1 ... pr (1, 1, . . . , 1).

Prenons a1 qui n’est pas un carré dans Z/p1 Z (ça existe car p1 premier impair), et a2 =
    n−1
· · · = ar = 1, donc en particulier ap11 . . . aprr = −1. On obtient : (a1 2 , 1, 1, 1, 1, 1) =
(−1, −1, −1, −1, −1), contradiction.

Définition VI.20. Soit n > 2 impair. On dit que a ∈ J1, n − 1K est un témoin de Solovay-Strassen
n−1
de la non primalité de n si na = 0 (i.e. si a ∧ n ̸= 1) ou si na =
 
̸ a 2 (mod n).
n−1
Lemme VI.21. L’ensemble des a ∈ Z/nZ × tq na = a 2 (mod n) (i.e. des non-temoins in-


versibles) est un sous-groupe de Z/nZ × . Si n n’est pas premier, il a donc au moins (n − 1)/2
témoins de Solovay-Strassen parmi {1, . . . , n − 1}.
n−1
Preuve. C’est un sous-groupe car a 7→ na et a 7→ a 2 sont deux morphismes de groupes a


valeurs dans Z/nZ × . Si n n’est pas premier, l’ensemble des non-témoins est un sous-groupe
propre de Z/nZ × , donc de cardinal au plus φ(n)/2 ≤ (n − 1)/2.

Corollaire VI.22. Test de primalité : prendre k nombres ai au hasard dans {1, . . . n − 1}. Si
n−1
ai

n ̸= ai
2
(mod n), pour un certain i : dire n n’est pas premier. Sinon, dire n est probablement
premier avec proba de se tromper ≤ 1/2k .

85

Vous aimerez peut-être aussi