Revue de l'Occident musulman et

de la Méditerranée

Le sixième congrès panafricain de Préhistoire et des études du

Quaternaire
Monsieur Georges Souville

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Souville Georges. Le sixième congrès panafricain de Préhistoire et des études du Quaternaire. In: Revue de l'Occident
musulman et de la Méditerranée, n°5, 1968. pp. 161-164;

https://www.persee.fr/doc/remmm_0035-1474_1968_num_5_1_991

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 COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES

Le sixième congrès panafricain de Préhistoire

et des études du Quaternaire

Le sixième congrès panafricain de Préhistoire s'est tenu à Dakar du

2 au 8 décembre 1967. Créé en 1957 à l'initiative de Préhistoriens de
langue anglaise, ce congrès a pour but de réunir les archéologues et les
spécialistes du Quaternaire travaillant sur l'ensemble du continent africain. Il
a eu une influence heureuse montrant l'existence de problèmes communs à
l'Afrique, alors que l'on avait trop tendance à ne considérer que les relations
avec l'Europe et les bords de la Méditerranée. Il s'est réuni successivement
à Nairobi (1947), à Alger (1952), à Livingstone (1955), à Léopoldville (1959)
et aux Canaries (1963). Cette dernière session aurait dû avoir lieu
conjointement au Maroc et aux Canaries ; mais les autorités marocaines n'ayant
pu en assurer le fonctionnement, le relais fut pris entièrement et avec
succès par les Préhistoriens espagnols.
La cession de Dakar a été parfaitement organisée, scientifiquement et
matériellement par M. Henri Hugot, chef de la section Archéologie —
Préhistoire de l'Institut fondamental d'Afrique noire (I. F.A.N. ). Les travaux ont
eu lieu dans la magnifique cité universitaire, proche de l'Océan, tandis que
la plupart des congressistes étaient logés dans le charmant "village de
pêcheurs" de N'Gor. Les autorités sénégalaises avaient apporté la plus grande
aide à la préparation et au déroulement de la session. Non seulement les
plus hautes personnalités de l'état avaient tenu à présider les séances
solennelles et les principales manifestations mais avaient aussi offert différentes
réceptions agrémentées de représentations de troupes folkloriques. Le
Président Senghor lui-même a reçu le Congrès et a témoigné de son intérêt à
la Préhistoire r non seulement par ses paroles élogieuses mais aussi par
l'hospitalité qu'il accorda personnellement à plusieurs personnalités du
Congrès.
Des excursions eurent lieu avant le congrès du 29 novembre au 1er
décembre sur les sites quaternaires de la "Petite Côte" (Joal, Fadiouth, M'Bour,
Popenguine, Cap de Naze, etc.) sous la direction du professeur Elouard de
la faculté des Sciences de Dakar et les 29 et 30 novembre sur les sites mé-
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galithiques du Sine-Saloum , sous la direction de M. R. Mauny, professeur

à la Sorbonne. Durant la session, les congressistes se répartirent le 3
décembre entre l'étude du volcanisme et de la géologie du Cap Vert et entre
la visite des sites préhistoriques de la "Petite Côte". Après le Congrès ,
M. Biberson dirigea du 10 au 17 décembre une excursion en Mauritanie
(paléolithique d'El-Beyyed et quaternaire).
Cent soixante dix préhistoriens appartenant à trente-deux pays
participaient au Congrès dont la séance inaugurale eut lieu le 2 décembre en
présence de plusieurs membres du gouvernement et du corps diplomatique ; des
allocutions furent prononcées par M. Teyssier, recteur de l'Université de
Dakar et par le professeur Pericot Garcia, président du Ve Congrès qui
rappela l'historique des Congrès et parla des vingt dernières années de
Préhistoire africaine. M. Leopold Senghor, Président de la République du Sénégal
en accueillant le Congrès insista sur l'importance de la Préhistoire en
Afrique, plus grande même à ses yeux que l'Histoire et sur la nécessité de
donner à cette science une plus grande place dans les différents degrés
d'enseignement. Après le rapport du secrétaire organisateur, M. Hugot, le bureau
fut désigné : Président : M. M'Bow, ministre de l'Education nationale du
Sénégal ; vice-présidents : MM. Balout (France)1 et Shaw (Nigeria),
secrétaire général : M. Hugot (Sénégal). Les sections et commissions
spécialisées furent ensuite constituées (archéologie, quaternaire, paléontologie
humaine, chronologie absolue, terminologie, art rupestre, atlas, Inventarta
archaeoloilca af 'ricana, Fiches typologiques africaines). Des commissions
et des rapports particuliers examinèrent notamment les problèmes de
l'enseignement de la préhistoire en Afrique et de la formation des préhistoriens
de terrain, les origines de la vie sociale, l'atlas préhistorique de
l'Afrique et surtout les questions de terminologie et de nomenclature. Avec
quelques compléments ou précisions, le congrès a retenu en ce domaine les
propositions d'un symposium tenu en 1965 à Burg Wartenstein \
Les congressistes ont eu la possibilité de visiter le très riche musée
de Dakar réunissant de très précieuses collections d'ethnologie africaine3,
la section archéologie-préhistoire de l'I. F. A. N. ainsi que le centre de C 14
de l'Université de Dakar. Ils assistèrent en outre à l'inauguration de
l'exposition sur la Préhistoire africaine au "Musée dynamique". Cent trente
communications réparties en plusieurs sections furent présentées. On se
contentera ici de résumer ou seulement de signaler celles qui traitent de la
préhistoire nord-africaine. A. Thiam a étudié les Pierres a rainures ouest-
africaines (que l'on retrouve au Maghreb : polissoirs ; utilisées pour le
calibrage des perles ; poids de pêche) ; P. Smith, spécialiste du Solutréen
français présente des Remarks on the Sebillan (des recherches récentes ont
vérifié certaines idées de Vignard ; association de la méthode Levallois et
de la technique du microburin) ; Mme Camps-Fabrer donne la Typologie de
1 M. M'Bow ayant été souvent retenu par les devoirs de sa charge, c'est M. Balout
qui présida en fait les séances de travail du Congrès.
2 Sous les auspices de la Wenner-Gren foundation for Anthropological research. Cf
Background to evolution in Africa, The University of Chicago Press, 1967, X-936 p.,
spécialement p. 879-901.
3 Elles ont surtout été réunies parle professeur Monod et occupent les anciens locaux
de l'LF.A.N.
 COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 163

l'industrie osseuse en Afrique du Nord et au Sahara; G. Camps précise

VExtension territoriale des civilisations épipaléol Uniques et
néolithiques au Maghreb et au Sahara ;C. Brahimi donne le résultat de Nouvel-
les recherches suri' Ibéromaurusien littoral de Kabylle (sondages à Tamar
Hat ; importance des lamelles à bord abattu ; microburins en relation avec
les microlithes géométriques mais aussi avec la fracture des lamelles) .
Mlle G. Aumas sip étudie la Civilisation prénéolithique des régions
sahariennes septentrionales (très grand nombre de lamelles à bord abattu mais
très peu de microlithes géométriques et de microburins ; débitage médiocre) .
R. de Bayle et J. Tixier présentent Le gisement kêremlen de la "Jumenterie"
(Tiaret, Algérie) (40 % environ de grattoirs). D. Grébenart fait état de ses
Recherches sur le Cap s ten des régions pré sahariennes de l'Algérie centre-
orientale» G. Souville communique une Note sur l1 industrie préhistorique
de Bab Merzouka (Maroc) (nombreuses haches "taillées" à côté de l'industrie
néolithique classique). Mlle Mounira Harbi fait une Présentation commentée
de la carte des gisements préhistoriques de Tunisie (premier état d'une
oeuvre importante et qui fait le point de nos connaissances sur la
Préhistoire tunisienne). Mme N. Lambert présente Objets en cuivre et
Néolithique de Mauritanie occidentale (montrant l'importance de découvertes
récentes). J. Tixier et Mery étudient Le gisement atêrien d'Ain Cheblt (Reg-
gan, Sahara algérien) (gisement de surface riche de 605 pièces dont 207 pé-
donculées, 115 bifaces foliacées et 54 galets aménagés). On citera également
L. Lefebvre , Les styles de l'art rupestre pré et protohistorique en
Afrique du Nord ; Mme G. Lefebvre, Etude des gravures et des bas-reliefs
pré et protohistoriques ; R. Kennedy, The chronology of the Neolithic in
the Northern Africa; Mlle H. Alimen, Considération sur l 'évolution des
hachereaux au Sahara nord-occidental ; G. Gonrad, Les fluctuations
climatiques récentes dans l'Est du Sahara occidental algérien ; F. Roubet,
L'extension vers le Nord et le Sud de la zone à gravures- rupestres du
Sud oranais ; Mme C. Roubet, Le gisement de Koudiat Kifene Lahada. Sa
place dans la chronologie de l'Epipaléolithique maghrébin ; J. Morel,
Les galets aménagés de la zone littorale du département d' Annaba (Bbne)
dans l'Est algérien, —Les cheminées de dissolution de grès littoraux
quaternaires des environs de La Galle (Est algérien) —et Les formations
quaternaires littorales de la région de La Calle (Est algérien) et leurs
industries préhistoriques ; P. Cadenat, vestiges humains recueilli sa
Columnata en 1959-198 1 . A. Ruellan, Le rôle des sol s dans
l'interprétation des variations bio-climatiques du pleistocene marocain, R. Coque,
Observations géomorphologiques dans le Piedmont méditerranéen du Djebel
Akhdar (Cyrénalque). Mme N. Chavaillon, Datation au C là d'un niveau
d'habitat néolithique près d'Hassi M essaoud (République algérienne) ; P.
Huard, Nouvelles peintures du Tibestt oriental.
Enfin furent présentées les récentes et importantes découvertes de la
section française de la mission scientifique internationale de l'Omo (Ethiopie)
en 1967, dues à MM. Arambourg, Chavaillon et Coppens, il faut signaler
notamment une mandibule d'hominien à caractère australopithèque.
164 COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES

Au cours de la séance de clôture qui fit le point des principaux

résultats, furent annoncées les invitations pour le prochain Congrès de l'Ethiopie
et de la Tunisie.

Georges SOUVTLLE

Fiches typologiques de Préhistoire et

Protohistoire africaines

La typologie et la nomenclature des techniques, formes et types

représentent un des problèmes essentiels de la Préhistoire ; ils ont spécialement
retenu ces dernières années l'attention des Préhistoriens. L'utilisation en
Afrique de la terminologie européenne, la nécessité de créer des mots
nouveaux correspondant à des cultures particulières, à des techniques ou des
formes originales, le besoin d'établir une correspondance entre les termes
anglais et français, demandaient la mise au point d'une oeuvre générale de
caractère international.
En 1963, aux Canaries, le Ve Congrès panafricain de Préhistoire et
d'études quaternaires insistait sur le problème de l'unification de la
terminologie préhistorique et protohistorique utilisée en Afrique. Répondant à
cet impérieux besoin, M. Lionel Balout, professeur de Préhistoire au
Muséum national d'Histoire naturelle et à l'Institut de Paléontologie humaine
prenait l'initiative de créer des fiches typologiques bilingues se rapportant
aux techniques et aux formes de pierre taillée ou polie, d'os travaillé, de
céramique, voire de monuments1, depuis les origines de la Préhistoire
jusqu'à la Protohistoire. L'entreprise créée et animée par M. Balout intéresse
pour l'instant l'Afrique d'expression française ; la réalisation des différentes
séries a été confiée à des spécialistes travaillant en étroite liaison avec la
chaire de Préhistoire du Muséum 2.
Un prototype de fiche mis au point par M. Jacques Tixier, spécialiste
de l'Epipaléolithique du Maghreb3 a été examiné, ainsi que des fiches
provisoires, à un symposium de la Jfenner-Gren Foundation for Anthropological
Research4 consacré àla Systematic Investigation of the African Later
Tertiary and Quaternary,

1 Cf BALOUT (L.), Fiches typologiques de Préhistoire et Protohistoire africaines

(F. T. A.). L'Anthropologie, t. 71, 1967, p. 569-571.
2 Les F. T. A. sont différentes dans leur esprit et leur conception des Inventoria ar-
chaeoloiica a f ricana publiés par Jacques Nenquin ; celles-ci étudient les ensembles , les
associations de techniques et de formes, caractéristiques de la Préhistoire africaine, en
"trouvaille fermée" ou en stratigraphie nettement définie.
3 Cf TIXIER (J. ), Typologie de l'Epipaléolithique du Maghreb. Paris, 1963, 212 p.,
61 fig. , 1 dépliant.
4 Au Burg Wartenstein (Autriche) en juillet -août 1965.