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Chapitre 1 Le modèle input-output

Ouerhani Salah
2022/2023
• En 1931, Leontief songe à un projet où il étudierait non pas un marché ou
un secteur séparément du reste de l’économie et sous l’hypothèse ceteris
paribus mais, au contraire, en représentant l’économie dans son ensemble
au travers des interdépendances entre les différentes branches et en
incluant les ménages :
Le projet d’études input-output
• Le projet, tel que présenté par Leontief, n’est rien de moins que d’appliquer
empiriquement la théorie de l’équilibre général.
• Il s’agit à la fois de récolter les données statistiques spécifiques requises et
d’élaborer un modèle mathématique d’équilibre général.
• La finalité du tableau n’est pas la représentation comptable de l’économie
nationale mais l’établissement d’un lien étroit entre les données
statistiques et les concepts de la théorie économique. Plus précisément,
c’est la théorie de l’équilibre général que Leontief convoque comme
contrepartie théorique à son tableau statistique.

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• Il montre alors comment des calculs concrets peuvent être réalisés à
partir du modèle mathématique et des données numériques du
tableau.
• Dans ce chapitre, nous présentons les grands principes du tableau et
du modèle de Leontief. Nous montrons qu’ils permettent
effectivement de traiter les problèmes rencontrés dans l’analyse en
équilibre partiel, à savoir tenir compte de l’interdépendance générale
entre les prix et entre les quantités des différents marchés, ainsi que
mesurer de manière univoque les paramètres du modèle.

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1. Le tableau input-output
• Rendre compte et représenter l’interdépendance entre les unités
productives de l’économie, y compris les ménages.
• Le principe sous-jacent à l’analyse input-output est une intuition simple : la
production de chaque bien nécessite des inputs qui sont eux-mêmes
produits à partir d’autres biens et ainsi de suite. Par conséquent, un
changement, par exemple dans la demande finale d’électricité en cas de
reprise économique, entraîne, par un effet de chaîne, des modifications
dans la consommation et la production des inputs nécessaires à la
production d’électricité, entre autres de charbon, de gaz, d’eau, de travail,
etc. Les modifications des productions de ces derniers éléments ont à leur
tour des effets sur les inputs nécessaires à leur production, y compris
l’électricité, le travail, et ainsi de suite.
Comment représenter et rendre compte de ces liaisons,
enchaînements et circularités ?
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• L’étude des relations intersectorielles permet de traiter les
enchaînements et les circularités entre les unités productives de
l’économie , à la fois du côté des quantités produites, et du côté des
prix puisque ces relations input-output répercutent les changements
conjoncturels ou structurels à travers les coûts entrants dans la
composition de chaque bien.
• Aussi, quand le tableau entrées-sorties permet de traiter de manière
statistique les volumes des biens et leur distribution dans l’économie,
le modèle mathématique permet d’effectuer les calculs nécessaires
pour répondre aux questions du type :
• Si la production (ou la demande ou la technique associée) du bien X
change, quel est l’impact sur le reste de l’économie, sur les prix et sur
les quantités ?
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• Présentons le tableau entrées-sorties dans le cas d’une économie à trois secteurs
(ou trois branches) : l’agriculture, l’industrie et les ménages.
• Ce tableau à trois branches a été conçu par Leontief en 1966 à des fins
pédagogiques et est fidèle à l’esprit du tableau publié en 1936 notamment pour
ce qui est du traitement de la demande finale et des ménages qui y sont un
secteur comme les autres. Les ménages consomment des biens provenant de
l’agriculture et de l’industrie et produisent des services. Ici les services se
réduisent à du travail, mais peuvent inclure les services entrepreneuriaux et les
services de capital.
• Les deux premiers secteurs consomment des biens et services provenant des
autres secteurs, ou de leur propre production(autoconsommation). Ils produisent
des biens distribués et consommés dans l’ensemble de l’économie.
• Pour simplifier, on ne tient pas compte des variations de stock, du capital fixe et
de la formation de capital fixe .
• Enfin, on se situe dans le cadre d’une économie fermée, sans importations ni
exportations, et sans État. Ces restrictions sont levées dans les tableaux input-
output complets.
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• Tableau 1 : Tableau entrées-sorties en valeur

Secteur1 : Secteur 2 : Secteur 3 : Production


agriculture Industrie Ménages totale (en $)
Secteur1 : 50 40 110 200$
agriculture
Secteur 2 : 70 30 150 250$
Industrie
Secteur 3 : 80 180 40 300$
Ménages
Input total en $ 200$ 250$ 300$

Total input = Total output

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• Ce tableau à double entrée donne lieu à une lecture en ligne et une
lecture en colonne :

 En ligne, on trouve la production et les débouchés de chaque secteur. Une


ligne détaille la manière dont la production totale d’un secteur est distribuée
dans l’économie. En prenant le secteur 1, l’agriculture, la production agricole
va à l’agriculture elle-même pour 50 $, à l’industrie pour 40 $, et aux
ménages, en consommation finale, pour 110 $. Au total, la valeur de la
production agricole est de 200 $. Chaque ligne exprime donc un équilibre
emplois / ressources sectoriel ;

 En colonne, sont détaillés les montants de chaque input entrant dans la


fabrication de l’output d’un secteur. Par exemple, pour le secteur 2,
l’industrie, la production de 250 $ d’output industriel nécessite la
consommation de 40 $ de produits de l’agriculture, 30 $ de produits
industriels, et 180 $ de services des ménages (du travail).
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2. Du tableau intersectoriel à la matrice comptable. De la matrice au
modèle
• Remarquons d’abord que, si ce tableau est dorénavant un tableau standard de la comptabilité
nationale, ce n’est pas pour autant un tableau comptable au sens habituel du terme. En effet,
nous n’avons pas là un tableau qui représente un compte en T avec, pour chaque secteur, d’un
côté les ressources et, de l’autre, les emplois.
• C’est un tableau à double entrée, mieux décrit comme une matrice comptable. Cette manière de
représenter l’économie convient mieux aux économistes qu’aux comptables nationaux.
• Si le tableau entrées-sorties (TES) se présente comme une matrice comptable, c’est qu’il est
construit afin de mesurer les éléments du modèle mathématique qui est lui-même conçu à l’aide
de matrices mathématiques.
• Une contrainte imposée par la représentation matricielle du TES est l’égalité entre le nombre de
colonnes et de lignes. Cette contrainte est imposée afin de permettre l’usage du calcul matriciel.
Quand le tableau contient autant de lignes que de colonnes, il correspond à une matrice carrée.
Quand le nombre de colonnes est plus ou moins grand que le nombre de lignes, alors il
correspond à une matrice rectangulaire.
• D’un point de vue mathématique, les matrices carrées offrent de nombreuses propriétés
extrêmement utiles pour réaliser des calculs et manipuler les données du tableau. C’est le
caractère matriciel du tableau qui permet d’en tirer des inférences statistiques. C’est pour cette
raison que, dès son premier TES de 1936, Leontief construit un tableau carré de quarante-six
lignes et quarante-six colonnes.

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• La contrainte mathématique d’égalité entre lignes et colonnes pèse et
satisfait mal la logique comptable.
 Dans une perspective mathématique, une introduction d’un élément
supplémentaire en colonne, par exemple, donne lieu à l’introduction d’un
élément correspondant en ligne, ce qui n’a pas toujours un intérêt évident
pour l’enregistrement comptable.

 En introduisant en colonne les dépenses publiques, on peut associer, en ligne,


les taxes et les prélèvements (qui seront donc comptabilisés parmi les coûts
et dépenses des secteurs).
 En introduisant les relations avec le reste du monde, on peut placer en
colonne les exportations et en ligne les importations. En introduisant ces deux
nouveaux éléments, on obtient un tableau à cinq lignes et cinq colonnes (en
ne comptant pas les totaux).

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• Plus problématique est la distinction entre les produits et les secteurs. En effet,
un secteur peut produire plusieurs produits, soit sous forme de produits joints
soit de produits secondaires. Il serait alors pertinent de représenter en ligne les
produits disponibles dans l’économie et, en colonne, les secteurs de l’économie
qui produisent et consomment ces produits. Dans ce cas, le tableau sera
rectangulaire et il y aura plus de lignes que de colonnes puisqu’il y a plus de
produits que de secteurs. Ce problème soulève des questions autant en termes
de logique comptable que d’analyse économique.

• Le choix de Leontief :
• Premièrement, de placer les secteurs en ligne comme en colonne,
• Deuxièmement, de représenter autant de secteurs en ligne qu’en colonne,
• Troisièmement, de supposer que chaque secteur produit un bien unique et,
inversement, que chaque bien est produit par un seul secteur.

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3. De la matrice comptable au calcul économique : un exemple
• Dès sa conception dans les années 1930 par Leontief, le tableau entrées-sorties est
conçu comme une matrice comptable input-output et cela dans le but de réaliser des
calculs économiques que n’auraient pas permis des comptes en T (ressources / emplois).
• Prenons un exemple de calcul économique auquel se prête la matrice comptable input-
output, ce qui nous amènera à « faire fonctionner » la logique sous-jacente du tableau, à
savoir les interdépendances input-output entre les secteurs dans un cadre de double
équilibre prix / coût et emplois / ressources. Cela nous conduira naturellement vers la
formulation du modèle mathématique input-output.
• À titre d’exemple, imaginons que notre économie à trois secteurs connaisse un gain de
productivité des travailleurs résultant d’un meilleur niveau d’éducation et qui élève le
revenu national de 300 $ à 320 $.
Quel est le nouvel équilibre de cette économie et
donc le nouveau tableau entrées-sorties ?
• Répondre suppose de déterminer la nouvelle production totale, les productions de
chaque secteur et les volumes de chaque bien et service consommés par chacun des
secteurs.

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• Le modèle classique de Leontief repose sur l’hypothèse que la
demande intermédiaire d’une branche dépend entièrement, et selon
des proportions fixes, de son niveau de production.
• Cette relation fixe entre la production d’un produit et les inputs
intermédiaires entrant dans son processus de production est
représentée par les coefficients techniques d’inputs.
• Les coefficients techniques sont obtenus en divisant chaque colonne
de la matrice des consommations intermédiaires par la production de
la branche.
𝑍𝑖𝑗
• soit 𝑎𝑖𝑗 =
𝑥𝑗
• Où 𝑎𝑖𝑗 indique la quantité de produit i (issue) de la production
intérieure) qui est utilisée pour la production d’une unité de produit j.
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• Commençons par tirer les conséquences de cette augmentation du revenu
national sur la consommation finale des ménages, c’est-à-dire sur la colonne du
secteur 3. Dans cette colonne, il apparaît que lorsque le revenu national est égal à
300, la consommation de produits de l’agriculture par les ménages est égale à
110, celle de produits industriels à 150 et celle de services à 40.
• Leontief suppose, à la manière de l’analyse de la consommation chez Keynes,
qu’il existe une relation linéaire entre le revenu courant (le revenu de l’année) et
la consommation des ménages : on peut donc calculer des coefficients de
consommation qui ressemblent à la propension à consommer de Keynes. On
déduit de la sorte que pour 1 $ de revenu, les ménages consomment 0.367 de
produits agricoles (= 110/300) et l’on note ce coefficient 𝑎13 qui se lit« montant
de bien 1 consommé par unité d’output des Ménages » (l’output des ménages
étant équivalent au revenu national) ; de même, le coefficient de consommation
de produits industriels est 𝑎23 = 0.5 (= 150/300), et le coefficient de
consommation des services est 𝑎33 = 0.133 (= 40/300).
• Puisque le revenu est maintenant de 320 $, et les coefficients de consommation
étant supposés constants, la nouvelle consommation de produits agricoles s’élève
à117,44 $ (= 0.367 x 320), celle de produits industriels est de 160 $ (= 0.5 x 320),
et celle de services est de 42.56 $ (= 0.133 x 320).
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Tableau 2. Equilibrage par itération
Secteur1 : Secteur 2 : Secteur 3 : Production
agriculture Industrie Ménages totale (en $)
Secteur1 : 50 40 110 +7,34 200$ +7,34$
agriculture
Secteur 2 : 70 30 150 +10 250$+10$
Industrie
Secteur 3 : 80 180 40 +2,66 [302,66$]
Ménages
Input total en $ 200$ 250$ 300$ +20$

• Dans ce tableau, l’équilibre est établi pour la colonne du secteur 3. Le reste du tableau présente
des déséquilibres comme, par exemple, la ligne emplois-ressources du secteur 3 avec, d’un côté,
un montant de services distribués de (80 + 180 + 42.66) = 302.66 $ alors que, pour respecter
l’équilibre, il devrait être égal à 320 $. Il nous faut donc poursuivre « l’équilibrage » du tableau.
• D’un point de vue économique, ce déséquilibre est dû au fait que l’augmentation du revenu
national a généré une augmentation de la consommation finale, que nous avons intégrée au
tableau, et celle-ci implique à son tour une augmentation de la production de produits
agricoles(passant de 200 $ à 207.34 $), de produits industriels (de250 $ à 260 $) et de services (de
300 $ à 302.66 $).

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• L’augmentation de ces outputs implique que chacun des secteurs associés emploie plus d’inputs,
et il nous faut donc corriger la consommation d’inputs du secteur 1 (colonne 1) et celle du secteur
2 (colonne 2).
• La question qui se pose est la suivante : si, par exemple dans le secteur 1, la production
augmente d’un certain montant, de combien augmentent les inputs consommés ?
• L’hypothèse de Leontief est que, comme pour la consommation finale des ménages, dans les
secteurs productifs de l’économie, il existe une relation linéaire simple entre input et output.
Ainsi, lorsque la production agricole était de 200 $, la consommation du secteur agricole de son
propre bien était de 50 $, alors on suppose que pour chaque dollar de bien agricole produit, il
faut employer 0.25 de produit agricole (= 50/200). On note ce ratio â11, le montant de bien 1
nécessaire à la production d’un dollar de bien 1.
• De même, dans le secteur 1, il faut employer â21 = 0.35 de produits industriels (=70/200) pour
chaque dollar de biens agricoles produits ; enfin, il faut employer â31 = 0.4 de services (= 80/200)
pour chaque dollar de biens agricoles produits.
• Par conséquent, pour produire 207.34 $ de produits agricoles, le secteur 1 doit consommer
51.835 $ (= 207.34 x 0.25) de son propre produit, 72.569 $ (= 207.34 x 0.35) de produits
industriels, et 82.936 $ (= 207.34 x 0.4) de services.
• On peut alors corriger la première colonne dans notre tableau input-output. Procédons de la
même manière avec le secteur 2 de manière à réaliser la production établie dans le tableau
précédent, de 260 $. En modifiant les deux premières colonnes, le tableau est comme suit :
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• Tableau 3. Equilibrage par itération (suite)
Secteur1 : Secteur 2 : Secteur 3 : Production
agriculture Industrie Ménages totale (en $)
Secteur1 : 51,85 41,6 117,4 210,85$
agriculture
Secteur 2 : 72,59 31,2 160 263,79$
Industrie
Secteur 3 : 82,96 187,2 42,6 312,76$
Ménages
Input total en $ 207,4$ 260$ 320$

• Le tableau n’est pas encore équilibré puisque, pour chaque secteur, les
totaux en ligne ne sont pas égaux aux totaux en colonne. Il nous faut
continuer à évaluer les effets en cascade des augmentations des
productions sectorielles.
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• Le simple fait d’avoir tenu compte de ce que la production du secteur
1 avait augmenté suite à l’augmentation de la consommation finale
des ménages, a conduit à une augmentation de la demande de
chacun des biens et des services, y compris du secteur 1, ce qui
relance le processus pour intégrer cette nouvelle augmentation de la
production de bien 1 suite à une augmentation de la production de
bien 1. De même, ce même principe doit être appliqué au secteur 2.
• De manière itérative, en tenant compte de ces effets en cascade, on
obtient au fur et à mesure des augmentations de moins en moins
importantes de chacun des inputs consommés et des outputs
produits. Ce processus itératif rappelle celui en œuvre dans le
mécanisme du multiplicateur keynésien.
Quel est le résultat final ?

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4. Le modèle fermé de Leontief
• Le modèle fermé permet de calculer les volumes des productions
sectorielles et des inputs consommés dans chaque secteur ainsi que
les prix relatifs.
• Alors que l’analyse en équilibre partiel permet de déterminer le prix
et la quantité d’équilibre pour un secteur donné i, (Pi, Qi), le modèle
de Leontief permet de déterminer simultanément les prix et les
quantités pour l’ensemble des secteurs.
• Si l’on reprend notre présentation du tableau input-output à trois
secteurs, nous avons indiqué :
qu’en colonne il établit un équilibre recette = coût qui peut se décomposer en
prix et quantités physiques (P x Q),
qu’en ligne, en un équilibre emplois = ressources qui se décompose
également en prix et quantités physiques.

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On obtient ainsi deux systèmes d’équations :
 En colonne, l’équilibre recette = coût : PiQi = P1Q1i + P2Q2i + P3Q3i, pour chaque secteur i
allant de 1 à 3, avec Pi le prix du bien i, Qi la quantité physique de bien i, et Qji la quantité de
bien j consommée pour produire le bien i. Par exemple, pour le secteur 1, l’agriculture, on
obtient :200 $ = 50 + 70 + 80
 En ligne, l’équilibre emplois-ressources : PiQi = PiQi1 + PiQi2 + PiQi3 pour chaque secteur i
allant de 1 à 3. Par exemple, pour le secteur 1, l’agriculture, on obtient :200 $ = 50 + 40 + 110
Quels sont alors les prix relatifs et les quantités physiques dans l’économie que
nous étudions ?
• Pou répondre il faut distinguer entre prix et quantités physiques. Même si
certains tableaux input-output sont construits à partir des relevés des quantités
physiques échangées, en pratique toutefois, les comptables nationaux reportent
rarement les quantités physiques échangées.
• En revanche, c’est un exercice commun de relever les prix ou de construire des
indices de prix pour chaque type de bien.
• Supposons alors que les prix dans notre économie soient les suivants, en
considérant que chaque secteur produit un bien homogène avec le blé pour
l’agriculture, le tissu pour l’industrie et le travail pour les ménages : le prix d’un
quintal de blé est de 2 $, celui d’un mètre de tissu de 5 $ et celui d’une année-
homme de 1 $.
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Tableau 4. Tableau entrées-sorties en quantités physiques
Secteur1 : Secteur 2 : Secteur 3 : Production totale
agriculture Industrie Ménages
Secteur 1 : 25 20 55 100 quintaux de blé
agriculture
Secteur 2 : 14 6 30 50 mètres de tissu
Industrie
Secteur 3 : 80 180 40 300 années-homme de
Ménages travail

• À partir des prix et du tableau en unités monétaires, on parvient à


construire le tableau input-output des quantités physiques.

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• Ce tableau est particulièrement utile pour déterminer les relations
techniques entre les outputs et les inputs puisque les coefficients calculés
précédemment à partir des valeurs monétaires, seraient modifiés si les prix
relatifs changeaient dans l’économie.
• Ce qui détermine le montant d’un input demandé par secteur, c’est en
premier lieu l’état de la technique et donc des relations physiques. Les
coefficients techniques doivent donc refléter les relations techniques, c’est-
à-dire des relations entre des quantités physiques et qui ne sont modifiées
qu’en cas de progrès technique.
• On peut calculer ainsi, en prenant le secteur de l’industrie, que pour
produire un mètre de tissu il faut employer a12 = 0.4 quintal de blé (=
20/50), a22 = 0.12 mètre de tissu et a32 = 3,6 année-homme de travail. Ce
sont les coefficients techniques, en quantités physiques, caractérisant le
secteur 2, l’industrie.
• En opérant les mêmes calculs pour les autres secteurs, on obtient le
tableau des coefficients techniques (appelés coefficients de consommation
dans le cas des ménages) :

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Tableau 5. Matrice des coefficients techniques en quantités physiques
Secteur1 : Secteur 2 : Secteur 3 :
agriculture Industrie Ménages
Secteur1 : 𝑎11 = 0,25 𝑎12 = 0,40 𝑎13 = 0,1833
agriculture
Secteur 2 : 𝑎21 = 0,14 𝑎22 = 0,12 𝑎23 = 0,100
Industrie
Secteur 3 : 𝑎31 = 0,80 𝑎32 = 3,60 𝑎33 = 0,133
Ménages

• Ces coefficients techniques et de consommation peuvent être reportés dans les


deux systèmes d’équations établis précédemment. On se contentera ici
d’examiner les équations relatives aux quantités, en laissant de côté les prix.
L’équation d’équilibre des quantités est obtenue à partir de l’équilibre emplois /
ressources en ligne :
(1) 𝑃𝑖 𝑄𝑖 = 𝑃𝑖 𝑄𝑖1 + 𝑃𝑖 𝑄𝑖2 + 𝑃𝑖 𝑄𝑖3 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑐ℎ𝑎𝑞𝑢𝑒 𝑠𝑒𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑖 𝑎𝑙𝑙𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒 1 à 3

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• En simplifiant par le prix Pi, on obtient une équation ne contenant que des
quantités physiques : Qi = Qi1 + Qi2 + Qi3. Par exemple, dans le cas du
secteur 1, l’agriculture, on trouve 100 = (25 + 20 + 55) quintaux de blé.
• Nous savons que les 25 quintaux de blé consommés par l’agriculture
contribuent à produire 100 quintaux de blé, ce rapport 25/100 étant
déterminé par le coefficient technique a11 = 0.25 tel que 25 = 0.25 x 100 ;
de même pour les 20 quintaux de blé consommés par l’industrie selon le
coefficient technique a12 = 0.40 tel que 20 = 0.40 x 50 ; enfin, les 55
quintaux de blé consommés par les ménages s’expliquent par le coefficient
de consommation a13 = 0.1833 tel que 55 = 0.1833 x 300.
• On peut alors réécrire l’équation d’équilibre emplois-ressources des
quantités physiques : 100 = 0.25 x 100 + 0.40 x 50 + 0.1833 x 300. En
reprenant nos notations, on obtient : Q1 = a11Q1 + a12Q2 + a13Q3.
• En appliquant le même principe à chaque secteur, on obtient le système
d’équation d’équilibre des quantités physiques suivant :

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𝑄1 = 𝑎11 𝑄1 + 𝑎12 𝑄2 + 𝑎13 𝑄3
(2) 𝑄2 = 𝑎21 𝑄1 + 𝑎22 𝑄2 + 𝑎23 𝑄3
𝑄3 = 𝑎31 𝑄1 + 𝑎32 𝑄2 + 𝑎33 𝑄3

1 − 𝑎11 𝑄1 − 𝑎12 𝑄2 − 𝑎13 𝑄3 = 0


(3) ⇒ − 𝑎21 𝑄1 + (1 − 𝑎22 )𝑄2 − 𝑎23 𝑄3 = 0
− 𝑎31 𝑄1 − 𝑎32 𝑄2 + (1 − 𝑎33 )𝑄3 = 0

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• Partant d’un simple équilibre emplois-ressources (1), nous avons
introduit un principe explicatif des relations input-output, les
coefficients techniques et de consommation, et l’on aboutit à un
système beaucoup moins intuitif qu’initialement, le système (3), mais
qui indique simplement que les emplois déduits des ressources
s’annulent.
• Nous obtenons un système d’équations linéaires, typique de la
modélisation économique de la théorie de l’équilibre général de
Walras.
• Trait caractéristique de l’approche de Leontief, il exprime ce système
d’équations en langage matriciel. En plaçant d’un côté les paramètres
du modèle, les coefficients techniques, et de l’autre les variables à
expliquer, les quantités physiques, on obtient le système suivant :

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(1 − 𝑎11 ) −𝑎12 −𝑎13 𝑄1 0
(4) −𝑎21 (1−𝑎21 ) −𝑎23 𝑄2 = 0
−𝑎31 −𝑎32 (1 − 𝑎33 ) 𝑄3 0

En utilisant nos données numériques, nous obtenons :

(1 − 0,25) −0,4 −0,1833 𝑄1 0


(5) −0,14 (1 − 0,12) −0,1 𝑄2 = 0
−0,80 −3,6 (1 − 0,133) 𝑄3 0

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0,75 −0,4 −0,1833 𝑄1 0
(6) −0,14 0,88 −0,1 𝑄2 = 0
−0,80 −3,6 0,867 𝑄3 0

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Opérations sur les lignes Matrice augmentée

0,75 −0,4 −0,1833


Matrice initiale −0,14 0,88 −0,1
−0,80 −3,6 0,867

R1×(1.33)R1->R1
A[1][1] = .75 x 1.33 = 1
A[1][2] = -.4 x 1.33 = -0.53 1 −0,53 −0,24
A[1][3] = -0.18 x 1.33 = -0.24 −0,14 0,88 −0,1
−0,80 −3,6 0,867

R2+(0.14)R1->R2
A[2][1] = -.14 + (1 x 0.14) = 0
A[2][2] = .88 + (-0.53 x 0.14) = 0.81 1 −0,53 −0,24
A[2][3] = -.1 + (-0.24 x 0.14) = -0.13 0 0,81 −0,13
−0,80 −3,6 0,867

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R3+(0.8)R1->R3
A[3][1] = -.8 + (1 x 0.8) = 0 1 −0,53 −0,24
A[3][2] = -3.6 + (-0.53 x 0.8) = -4.03 0 0,81 −0,13
A[3][3] = 0.87 + (-0.24 x 0.8) = 0.67 0 −4,03 0,67

R2×(1.24)R2->R2
A[2][1] = 0 x 1.24 = 0
1 −0,53 −0,24
A[2][2] = 0.81 x 1.24 = 1
0 1 −0,17
A[2][3] = -0.13 x 1.24 = -0.17
0 −4,03 0,67

30
R1+(0.53)R2->R1
A[1][1] = 1 + (0 x 0.53) = 1
A[1][2] = -0.53 + (1 x 0.53) = 0 1 0 −0,33
A[1][3] = -0.24 + (-0.17 x 0.53) = -0.33 0 1 −0,17
0 −4,03 0,67

R3+(4.03)R2->R3
A[3][1] = 0 + (0 x 4.03) = 0
A[3][2] = -4.03 + (1 x 4.03) = 0
A[3][3] = 0.67 + (-0.17 x 4.03) = 0 1 0 −0,33
0 1 −0,17
0 0 0

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• En notations matricielles, en nommant A la matrice des coefficients
techniques (nets), Q le vecteur colonne des quantités physiques
sectorielles, et O le vecteur nul, on écrit AQ = 0.
• Si le déterminant de la matrice A est non nul, celle-ci est inversible et
il existe une solution Q* à ce système.
• Ce modèle, aussi simple soit-il, permettra de clarifier, dans les années
1940-1950, de nombreuses questions dans l’analyse de la production
en équilibre général.
• Avec ce modèle, il est maintenant possible de répondre à la question
posée plus haut : pour un certain montant de revenu national, ici 300
$, quelle est la production physique sectorielle dans l’économie ?

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• À la suite d’une augmentation de la population, lorsque la quantité de
travail passe à 320 années-homme, on calcule que la quantité de produits
agricoles et la production industrielle :
𝐴𝑔 = 0,33 𝑀é = 0,33 𝑥 320 = 105,6
𝑒𝑡
𝐼𝑑 = 0,17 𝑀é = 0,17𝑥320 = 54,4
• La production agricole augmente à 105,6 unités physiques, soit une
augmentation de 5,6%% ; la production industrielle augmente à 54,4
unités, soit une augmentation de ……… %, le revenu national ayant lui-
même augmenté de ………. %.
• De plus, puisque les données techniques n’ont pas changé et donc les
relations produit-coût non plus, on peut supposer que les prix relatifs sont
les mêmes et, avec le système de prix précédent, la production est de
211,2 $ pour l’agriculture et 272 $ pour l’industrie. Les coefficients
techniques nous permettent également de calculer les inputs consommés
par chaque secteur, et donc d’établir le nouveau tableau input-output de
cette économie :

33
• Tableau 6. Tableau entrées-sorties en quantités physiques
Secteur1 : Secteur 2 : Secteur 3 : Production totale
agriculture Industrie Ménages
Secteur1 : 105,6 quintaux de blé
agriculture
Secteur 2 : 54,4 mètres de tissu
Industrie
Secteur 3 : 320 années-homme de
Ménages travail

• En valeur monétaire, nous retrouvons le tableau input-output habituel qui permet de


s’assurer que les totaux en colonnes sont bien égaux aux totaux en ligne :

34
• Tableau 7. Tableau entrées-sorties en valeur

Secteur1 : Secteur 2 : Secteur 3 : Production


agriculture Industrie Ménages totale (en $)
Secteur1 : 211,2$
agriculture
Secteur 2 : 272$
Industrie
Secteur 3 : 320$
Ménages
Input total en $

• Le tableau 7, obtenu par le calcul matriciel, est le tableau que nous cherchions à établir. La
méthode itérative initialement employée aurait permis de s’approcher du résultat, de manière
laborieuse et approximative, tandis que le modèle input-output matriciel permet, quand on
détient un calculateur suffisamment puissant, de déterminer directement l’équilibre final.

35
• Notons que le cas que nous avons traité, celui d’une augmentation du
revenu national de 20 $, peut aussi s’interpréter comme une
augmentation de la consommation finale (ou plus généralement de la
demande finale) de 20 $, soit une augmentation de 6.66…% de la
demande finale – par exemple à la suite d’une politique budgétaire
expansionniste.
• Or, comme le montrent les résultats numériques obtenus, cette
augmentation de 6.66…% n’a pas généré une augmentation plus
importante du revenu national ou de la production totale : si le
mécanisme qui se met en action lorsque la demande d’un bien
augmente ressemble à celui d’un multiplicateur keynésien, l’effet final
n’est pas un effet multiplicateur. Il est néanmoins courant d’appeler ce
principe le multiplicateur input-output. Il s’agit d’un mécanisme
multiplicateur sans effet multiplicateur.

36
Exemple :

1/2 1/3 1/4


Soit : 1/4 1/3 1/4
1/4 1/3 1/2
Calculer la production des deux premiers secteurs, étant donné que la
production du 3ème est 30000 DT.

37
• On a examiné la partie du modèle qui explique les quantités
physiques en supposant les prix donnés. Il est important de garder à
l’esprit que le modèle input-output permet également d’expliquer les
prix relatifs.
• À côté des équations des équilibres des quantités physiques, on
trouve les équations des équilibres prix = coût.
• La lecture en ligne nous a permis d’établir la relation suivante :

• 𝑃𝑖 𝑄𝑖 = 𝑃𝑖 𝑄𝑖1 + 𝑃𝑖 𝑄12 + 𝑃𝑖 𝑄𝑖3 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑐ℎ𝑎𝑞𝑢𝑒 𝑠𝑒𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑖 𝑎𝑙𝑙𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒 1 à 3

38
• On peut faire apparaître les coefficients techniques dans cette équation. Les quantités
d’input Qij sont le résultat d’une relation technique de proportionnalité entre les outputs
Qj et les inputs nécessaires à leur production.
• En notant P le vecteur-colonne des prix et 𝐴𝑇 la matrice transposée des coefficients
techniques, on obtient 𝐴𝑇 𝑃 = 0.
• Cette égalité indique qu’il est possible de déterminer les prix relatifs dans l’économie à
partir des seules relations techniques et des coefficients de consommation des ménages.
• Les prix relatifs changent si et seulement si ces coefficients changent. Dans la mesure où
l’ensemble des prix et des quantités est déterminé simultanément, l’équilibre obtenu est
un équilibre général.
• En résumé, étant donnés les coefficients techniques établissant les relations structurelles
entre les quantités physiques dans le processus de production, le modèle de Leontief
permet de déterminer les quantités d’équilibre 𝑇
Q* et les prix d’équilibre P* à partir des
relations matricielles suivantes : AQ = 0 et 𝐴 𝑃 = 0.
• Ce modèle est appelé le modèle fermé de Leontief. Peu connu, il est le premier modèle
(Leontief 1937a, 1941, 1951) et, d’un point de vue théorique, l’un des plus complets. Ce
modèle statique offre la photographie d’une économie donnée à l’équilibre. Il peut servir
pour raisonner en termes de statique comparative en comparant l’équilibre prix-quantité
(P*, Q*) pour certaines valeurs numériques des paramètres structurels A, et l’équilibre
(P’, Q’) quand ces paramètres ont été modifiés. On peut ainsi examiner l’effet sur
l’ensemble de l’économie d’un changement de productivité dans un secteur donné.

39
• À partir de la fin des années 1940, Leontief développe une formulation théorique d’un
modèle dynamique et commence à récolter les données appropriées. Dans le modèle
dynamique, le développement de l’économie est considéré dans le temps, d’une période
à l’autre.
• Le lien principal entre les périodes est la capacité de production, c’est-à-dire
l’investissement et le stock de capital fixe. On ne suppose plus que chaque secteur
nécessite seulement du capital circulant (les biens intermédiaires) et du travail, mais
aussi du capital fixe.
• Dans un cadre input-output, il n’existe pas de différence par nature entre capital fixe et
capital circulant : tous les biens sont potentiellement des biens de production à usage
alternatif. En revanche, une partie de ces biens est détruite dans le processus de
production, ce sont les biens intermédiaires, tandis qu’une autre partie est accumulée et
forme un stock de capital fixe.
• D’un point de vue comptable, il faut alors distinguer entre un tableau des biens
consommés dans l’année pour la production ou la consommation finale, c’est le tableau
entrées-sorties standard, et un tableau des biens accumulés, c’est le tableau du capital
fixe. Pour chaque industrie, il devient possible de définir la quantité nécessaire de biens
intermédiaires requise par unité produite, les coefficients techniques notés (aij), et la
quantité nécessaire de biens de capital fixe, les coefficients de capital notés (bij). Ces
derniers coefficients forment la matrice des coefficients de capital B :

40
• En reprenant notre petite économie fermée à trois secteurs, l’agriculture,
l’industrie et les ménages, on peut ajouter à la matrice des coefficients
techniques une matrice des coefficients de capital. En colonne, cette
matrice B indiquera pour chaque secteur les stocks de capital requis de
chaque bien, excepté le travail qui n’est pas considéré comme accumulable.
En suivant Leontief (1966), on obtient, par exemple
0,20 0,05
B=
0,01 0,07
• La première colonne de cette matrice indique « qu’il faudrait ajouter 0.20
unité de produits agricoles et 0.01 de produits manufacturés aux stocks de
capital détenus par l’agriculture si la capacité de production de ce secteur
devait être augmentée de manière à permettre un accroissement d’une
unité de sa production annuelle ». Dit autrement, les coefficients de capital
interviennent uniquement quand un secteur connaît un accroissement de
la production qui nécessite une augmentation de sa capacité de
production.
41
• Le produit entre les coefficients de capital B = (bij) et le vecteur des
accroissements des productions sectorielles, noté ΔQ, donne une
mesure des investissements dans l’économie, I = B ΔQ.
• Le modèle dynamique s’écrit simplement en ajoutant cette quantité
requise de biens supplémentaires pour l’accroissement de la
production aux équations d’équilibre emplois-ressources amenant à
AQ + BΔQ = 0.
• En introduisant le taux d’intérêt, noté ρ, on détermine les prix relatifs
par l’égalité
𝐴𝑇 𝑃 + ρ𝑩𝑻 𝑷 = 𝟎.

42
5. Le dispositif input-output : une articulation
particulière entre concepts et observations
• Afin de saisir le projet de Leontief tel qu’il le présente dans« Les mathématiques dans la
science économique » (1954), il est important de prendre au sérieux l’articulation qui est
établie entre le tableau intersectoriel comme matrice comptable et le modèle
mathématique input-output. C’est une manière particulière d’établir le « branchement »
entre les concepts théoriques et les observations statistiques.
• Le modèle de Leontief, comme un modèle d’interdépendance des secteurs en équilibre
général, vise à expliquer pour chaque secteur le prix d’équilibre, Pi, et la quantité
physique produite Qi. Ensemble, ces données permettent d’expliquer les montants
observés dans les tableaux entrées-sorties et mesurés en unités monétaires (PiQi).
• Dans le modèle, les prix et les quantités sont organisés dans des matrices-colonnes,
notées P pour les prix et Q pour les quantités, et sont calculés à partir des coefficients
techniques regroupés dans la matrice structurelle, A.
• Dans le modèle fermé statique, on écrit AQ = 0 et 𝐴𝑇 𝑃=0. Les deux tableaux ci-dessous
exposent les données numériques du modèle dans le cas de notre économie à trois
branches.

43
Tableau 8. Tableaux des données input-output

Tableau intersectoriel en quantités Matrice des coefficients techniques


physiques
(Q)
Secteur1 Secteur2 Secteur Secteur1 Secteur2 Secteur3
3
Secteur 1 25 20 55 100 quintaux de 0,25 0,40 0,1833
Agriculture blé
Secteur 2 14 6 30 50 mètres de 0,14 0,12 0,100
Industrie tissu
Secteur 3 80 180 40 300 années 0,80 3,60 0,133
Ménages homme de travail

44
• Ce sont ces données numériques des tableaux input-output, qui sont
implémentées dans les matrices du modèle, comme celles des
systèmes (4) et (5).
• La réception de ce dispositif montre que, c’est bien l’articulation entre
le tableau entrées-sorties (TES) et le modèle mathématique qui a fait
son succès en raison de la puissance de calcul qu’il offre.

45
Exercice 1 :
Supposons que la production d'une unité d'agriculture nécessite 1/3
unité d'agriculture, 1/3 unité de manufacture et 1/3 d'unité de
transport. Produire 1 unité de manufacture nécessite 1/2 unité
d'agriculture, 1/4 unité de manufacture et 1/4 unité de transport.
Produire 1 unité de transport nécessite 0 unité d'agriculture, 1/4
d'unité de manufacture et 3/4 unité de transport.
Montrer que la stabilité de l’économie décrite est conditionné par les
deux égalités suivantes.
3
𝐴= 𝑇
8
1
M= 𝑇
2

46
Exercice 2 :
Les consommations intermédiaires d’une économie simplifiée sont
représentées dans le tableau suivant :
1 2 3 𝟑

𝒙𝒊𝒋 On suppose que :


𝒋=𝟏 𝑃1 = 1000
1 200 200 0 𝑃2 = 2000
𝑃3 = 2000
2 400 1000 400
1) Compléter le tableau
3 50 400 800 2) Déterminer la matrice des
𝟑 coefficients techniques.
𝒙𝒊𝒋
𝒊=𝟏

47
6. Le modèle input-output ouvert

• Soit un pays fictif sans échanges extérieurs, dont l’économie


simplifiée se décompose en deux secteurs seulement : le secteur 1 et
le secteur 2 :
• La production du secteur 1 est notée x et la production du secteur 2
est notée y.
• Nous avons les deux équations suivantes :
Production de production totale = consommation intermédiaire + demande externe (finale)
Secteur 1 𝑥= 0,05 𝑥 + 0,5 𝑦 + 8000
Secteur 2 y= 0,1 𝑥 + 2000

48
Tableau 9 : Tableau input-output
Consommation intermédiaire Consommation finale
Secteur 1 Secteur 2
Secteur 1 0,05x 0,5y 8000
Secteur 2 0,1x 0 2000

• La production totale de chaque secteur est égale à la somme de la demande interne et de la


demande externe :
𝑥 = 0,05𝑥 + 0,5𝑦 + 8000 𝑥 0,05 0,5 𝑥 8000
• 𝑦 = +
𝑦 = 0,1 𝑥 + 2000 0,1 0 𝑦 2000

• 𝑋 =𝐴𝑋+𝐵
0,05 0,5 8000 𝑥
• 𝐴= ,𝐵 = ,𝑋 = 𝑦
0,1 0 2000

49
• 𝑋 = (𝐼 − 𝐴)−1 𝐵
1 0 0,05 0,5 −1 8000
•𝑋= [ − ]
0 1 0,1 0 2000
0,95 −0,5 −1 8000
•𝑋=
−0,1 1 2000
10 1 0,1 8000
•𝑋= 𝑡
9 0,5 0,95 2000
10 1 0,5 8000
•𝑋=
9 0,1 0,95 2000
10000
•𝑋=
3000

50
• Dans le cas général: soit
𝑥1 , 𝑥2 , 𝑥3 , … . . 𝑥𝑛 𝑙𝑎 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑡𝑜𝑡𝑎𝑙𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑠𝑒𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑆1 , 𝑆2 , 𝑆3 , … , 𝑆𝑛
• Cela donne :
𝑥1 = 𝑎11 𝑥1 + 𝑎12 𝑥2 + ⋯ … … . 𝑎1𝑛 𝑥𝑛 + 𝑏1
𝑥2 = 𝑎21 𝑥1 + 𝑎22 𝑥2 + ⋯ … … . 𝑎2𝑛 𝑥𝑛 + 𝑏2

𝑥𝑛 = 𝑎𝑛1 𝑥1 + 𝑎𝑛2 𝑥2 + ⋯ … … . 𝑎𝑛𝑛 𝑥𝑛 + 𝑏𝑛
• 𝑎𝑖𝑗 𝑥𝑗 est le nombre d’unité produit par le secteur 𝑆𝑖 et consommé par
le secteur 𝑆𝑗
• Production totale est égale à la consommation totale

51
𝑥1
𝑥11 … … … 𝑥1𝑛 𝑏1. .
• 𝐴 = 𝑥 ……… ..
𝑛1 𝑥𝑛𝑛 , 𝐵 = ,𝑋 = .
𝑏𝑛
𝑥𝑛
• 𝑋 =𝐴𝑋+𝐵
• 𝑋 = (𝐼𝑛 − 𝐴)−1 𝐵
• Revenons à notre exemple. Calculer l’impact d’un changement de la
demande externe sur la production :
7300
• 𝐵′ =
2500
𝑥′ 1 10 5 7300 9500
• = =
𝑦′ 9 1 9,5 2500 3450

52
• Exemple 1 : Une économie avec deux secteurs R et S. Les
consommations courantes sont données par le tableau suivant :

Consommation
Secteur R Secteur S externe
Secteur R 50 50 20
Secteur S 60 40 100

• Déterminer les niveaux de production dans le cas d’une demande


externe égale à 100 unités pour le secteur R et 100 unités pour le
secteur S.

53
Solution :
50 50
𝑥 = 120 20 120 200
•𝑋= ,𝐵 = 𝐴=
𝑦 = 200 100 60 40
120 200
100
• Or 𝐵′ =
100
𝑥′ −1 1 96 30 100 307,3
• = (𝐼2 − 𝐴) 𝐵′ = =
𝑦′ 41 60 70 100 317,0

54
• Exemple 2
• Soit un pays fictif sans échanges extérieurs, dont l’économie très simplifiée
se décompose en deux secteurs seulement : l’agriculture et l’industrie.
• L’agriculture : la production est de 500 000 DT répartie en consommations
intermédiaires :
200 000DT consommés par l’industrie
50 000 DT consommés par l’agriculture elle-même
Et le reste en demande finale, soit 250 000DT, disponible pour satisfaire les besoins
intermédiaires de la population.
• L’industrie : la production est de 2500 000 DT répartie en consommations
intermédiaires :
150 000 DT consommés par l’agriculture
550 000 DT consommés par l’industrie elle-même
Et le reste en demande finale, soit 1800 000DT, disponible pour satisfaire les besoins
de la population

55
1) Donner le vecteur colonne des produits totales (P).
2) Donner le vecteur colonne des demandes finales (D).
3) Présenter le tableau inter-secteur.
4) Calculer la matrice des coefficients techniques (C).
5) Calculer le produit C x P. Que retrouve-t-on?
6) Justifier l’égalité (I-C) x P = D

56
Solution :
500 000
1) Le vecteur colonne P des productions finales est .
2500 000
250 000
2) Le vecteur colonne D est
1800 000
3) Le nombre inscrit à l’intersection de la ligne i et de la colonne j est la partie de
la production de la branche i consommée par la branche j.
Consommation de l’agriculture Consommation de l’industrie
Produit agricole 50 000 200 000
Produit industriel 150 000 550 000

4) La matrice des coefficients techniques est définie de la manière suivante :


𝐶𝑜𝑛𝑠𝑜𝑚𝑚𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟𝑚é𝑑𝑖𝑎𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑝𝑟𝑜𝑑𝑢𝑖𝑡 𝑖 𝑝𝑎𝑟 𝑙𝑒 𝑠𝑒𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑗
𝑎𝑖𝑗 =
𝑃𝑟𝑜𝑑𝑢𝑐𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑢 𝑠𝑒𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟 𝑗

57
• La matrice des coefficients techniques est donc de la forme :
50000 200000 1 2
500000 2500000 10 25
C= 150000 550000 = 3 55
500000 2500000 10 250
1 2
10 25 500 000 250 000
5) 𝐶𝑥𝑃 = 3 55 =
2500 000 700 000
10 250
𝑐𝑜𝑛𝑠𝑜𝑚𝑚𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟𝑚é𝑑𝑖𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑙 ′ 𝑎𝑔𝑟𝑖𝑐𝑢𝑙𝑡𝑢𝑟𝑒
𝐶𝐼 = 𝐶 𝑥 𝑃 =
𝑐𝑜𝑛𝑠𝑜𝑚𝑚𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑖𝑛𝑡𝑒𝑟𝑚é𝑑𝑖𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 𝑑𝑒 𝑙 ′ 𝑖𝑛𝑑𝑢𝑠𝑡𝑟𝑖𝑒
6) 𝑃 = 𝐶𝐼 + 𝐷 ⟹ 𝑃 − 𝐶𝐼 = D
⟹ 𝑃 − 𝐶 𝑥 𝑃 = 𝐷 ⟹ 𝐼2 − 𝐶 𝑥 𝑃 = 𝐷

58

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