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Réflexion sur la pratique

médicale de l’indépendance à nos


jours

Salma
[NOM DE LA SOCIETE]
Table des matières
Introduction ......................................................................................................................................... 5
CHAPITRE 1 : APERÇU DU PAYS .................................................................................................. 6
1. Géographie, langues et climat ......................................................................................................... 6
2. Langues ........................................................................................................................................... 6
3. Climat .............................................................................................................................................. 6
4. Données socio-politiques : .............................................................................................................. 6
a) Système de gouvernance ................................................................................................................. 6
b) La régionalisation ............................................................................................................................ 7
c) La pauvreté : .................................................................................................................................... 7
d) Analphabétisme : ............................................................................................................................. 8
e) Chômage .......................................................................................................................................... 8
5. Démographie et principaux indicateurs de santé ............................................................................. 8
CHAPITRE 2 : LE SYSTÈME DE SANTÉ ..................................................................................... 12
I. Organisation du système de santé.................................................................................................. 12
1. Description de l’état de la médecine au Maroc sous le protectorat ........................................ 12
2. Organisation du système de santé actuel ................................................................................... 13
II. Prestation de soin........................................................................................................................... 15
1. Les établissements de santé : ...................................................................................................... 15
a) Secteur Public : .......................................................................................................................... 15
b) Secteur Privé : ........................................................................................................................... 16
2. Les principaux indicateurs : ....................................................................................................... 18
a) Ratio habitant par ESSP dans le milieu rural : .......................................................................... 18
b) Ratio habitants par ESSP dans le milieu Urbain: ...................................................................... 19
c) Ratio habitants par Médecin dans le secteur public et privé : ................................................... 20
d) Ratio Habitants par Médecin dans le secteur public : ............................................................... 20
Chapitre 3 : La migration des médecins ............................................................................................ 22
1. La migration internationale des médecins ................................................................................ 22
2. L’émigration des médecins Marocains ...................................................................................... 25
a) L’exercice de la médecine à l’étranger : .................................................................................... 25
b) Estimation des taux d’émigration .............................................................................................. 26
Chapitre 4 : Recommandations ......................................................................................................... 36
1. L’efficience de la formation médicale au Maroc : .................................................................... 36
a) L’amélioration de la procédure d’accès : .................................................................................. 36
b) La complémentarité des formations théoriques et pratiques : ................................................... 36
c) Raccourcir la durée des études médicales : ............................................................................... 37
2. La revalorisation du médecin généraliste : ............................................................................... 38
3. La bonne répartition des ressources humaines à travers la régionalisation .......................... 39
4. Le partenariat public-privé, locomotive de développement de la santé au Maroc : ............. 40
5. L’augmentation du nombre d’enseignants et le développement de la recherche : ................ 41
6. Lutter contre la fuite des médecins à l’étranger :..................................................................... 41
Conclusion :....................................................................................................................................... 43
Introduction

Entrer dans la modernité sans rompre avec ses traditions, telle est la voie choisie par le
Maroc. Pats situé au point de rencontre de l’Afrique et de l’Europe, avec à sa tête Sa
Majesté (SM) le Roi Mohamed 6, Commandeur de croyants, il se propose de jouer un
rôle de premier plan sue la scène internationale. La santé au Maroc a aujourd’hui une
expression ambivalente, malgré l’importance des efforts investis dans le domaine et le
succès qu’ont connu certains programmes de santé instaurés au lendemain de
l’indépendance. En effet d’un côté la lecture des indicateurs sanitaires montre une
extension de la couverture sanitaire qui va s’élargir encore plus suret après de la mise
en œuvre du projet de généralisation de la protection sociale lancée par sa majesté le
14/avril/2021 et un recul des mortalités infantiles et juvéniles, et de l’autre il persiste
une disparité de l’état de santé entre les milieux socio-économiques et les régions ,ainsi
qu’un déficit mal résorbé en termes d’infrastructures et suret en termes de personnel
soignant aggravé par la migration des médecins marocains à l’étranger .

L’objet de cet article est de tenter de mettre en exergue des efforts du pays visant à
renforcer le système sanitaire du lendemain de l’indépendance à nos jours puisque le
1er chapitre a fait une petite présentation du pays géographie climat donnée socio
ème
politique…etc. le 2 chapitre a examiné l’état de la médecine sous le protectorat et
l’état actuel (état des lieux) le 3eme chapitre a débattu le phénomène de l’émigration
internationale des médecins en général et celle des médecins marocains en particulier
tout en proposant dans le 4eme chapitre des recommandations qui peuvent aider
efficacement à lutter contre la fuite de ces derniers.
CHAPITRE 1 : APERÇU DU PAYS

1. Géographie, langues et climat

Le Maroc fait partie du Grand Maghreb arabe et est situé au nord-ouest de l'Afrique,
bordé au nord par la Méditerranée et le détroit de Gibraltar et à l'ouest par l'océan
Atlantique. Au sud, le Maroc partage une frontière avec la Mauritanie, et à l'est avec
l'Algérie. Sa population compte 36 563 000 habitants (1) dont plus de la moitié vit en
zone urbaine, le pays s'étendant sur 706 550 km2. Le Maroc possède les plus grandes
plaines et les plus hautes montagnes d'Afrique du Nord.

2. Langues

Le Maroc est un pays musulman souverain, où la langue officielle est l'arabe. Ces
langues comprennent : l'arabe dialectal ou « darija » ; berbère ou tamazight ; français
anglais et espagnol dans la zone nord du pays.

3. Climat

Au nord, le climat est méditerranéen, atlantique à l'ouest et saharien au sud, et


généralement tempéré du fait de la mer. Globalement, le climat est humide sur la côte
et sec à l'intérieur du pays. Le climat se caractérise par son imprévisibilité, la sécheresse
saisonnière et les inondations imprévues sont des phénomènes impactant
considérablement les stratégies de développement.

4. Données socio-politiques :

a) Système de gouvernance

Le Royaume du Maroc est une ancienne colonie française, ayant obtenu son
indépendance en 1956. La capitale du Maroc est Rabat. Le Maroc est une monarchie
constitutionnelle et est l'une des plus anciennes monarchies du monde. Le roi est le chef
de l'État, le chef suprême de l'armée et le commandant des fidèles. Il nomme le Premier
ministre qui donne son avis sur la nomination des membres du Gouvernement, préside
le Conseil des ministres et promulgue les textes législatifs. Le système de gouvernance
marocain se caractérise par le maintien de l'équilibre entre stabilité institutionnelle et
dynamisme de l'opposition, entre sécurité et liberté, entre partage du pouvoir et
pérennité des institutions fondamentales de l'État. Depuis son indépendance, le pays a
fondé ses institutions sur le multipartisme. Aujourd'hui, une trentaine de partis
politiques exercent librement leurs activités dans le Royaume. Des élections législatives
ont lieu tous les cinq ans pour élire les membres des deux Chambres : la Chambre des
députés, et la Chambre des conseillers ou deuxième chambre dont cette dernière
renouvelle le tiers de ses membres tous les trois ans.

b) La régionalisation

Selon la loi 111- 14 publié le 7 juin 2015, Le Maroc est composé de 16 régions (2) dont
chacune d’elle est dirigée par un wali, ainsi que d'un conseil régional représentant les
principaux intérêts et organismes de la région.

En effet, La régionalisation est de plus en plus pertinente dans le débat politique au


Maroc, étant l'une des priorités lancées par le Roi, visant à mettre en place des
institutions régionales fortes, démocratiquement élues, jouissant d'une autonomie
fiscale et leur permettant d'assurer un développement durable. La régionalisation du
système de santé marocain est une opportunité pour améliorer le financement de la
santé, la gestion des ressources humaines, l'accès aux soins, l'organisation des services
et la gouvernance globale du système. La régionalisation est aussi un levier d'action de
l'État pour mettre en œuvre des stratégies et des réformes, pour le renforcement de la
collaboration intersectorielle, pour la responsabilisation des services extérieurs et des
collectivités locales, ainsi qu'un moyen de régulation et de redistribution des ressources,
de négociation et de développement de partenariats entre les secteurs public et privé, et
avec la société civile.

c) La pauvreté :

En outre au Maroc, la pauvreté et les inégalités sociales ont toujours été une
caractéristique constante du tissu social du pays. Ce phénomène s'est considérablement
accru depuis l'application des Plans d'ajustement structurel (PAS) dans les années 1980
(3). Une étude réalisée par le Haut Commissariat au Plan (HCP) du Maroc en 2007 a
montré que le taux national de pauvreté était de 9,0% (14,5% en milieu rural et 4,8% en
milieu urbain) (4). Cependant, selon le centre de l’Observatoire National du
Développement Humain (ONDH) le taux de pauvreté relative a également enregistré
une baisse entre 2001 et 2019, puisqu’il est passé de 20,4% à 17,7%. Il se maintient à
un niveau encore élevé, surtout en milieu rural où il a atteint 36.8% en 2019. Durant la
même période, l’incidence de la pauvreté relative a reculé en milieu urbain, de 9% à
6,4% (5).

d) Analphabétisme :

Autrement, de point de vue l'analphabétisme au Maroc, une enquête menée en 2008 sur
le savoir dans le monde arabe par La Fondation Mohammed Bin Rachid Al Maktoum,
a estimé ce dernier à un taux de 43% (6), tandis qu’une autre étude faite par le HCP en
2017 a trouvé un taux de 32% (7).

e) Chômage

Selon le HCP, le chômage a atteint 9,8% en 2009 qui a grimpé à 11,9% en 2020 selon
la même source, cependant, l'emploi diffère radicalement selon le sexe. Les femmes, en
particulier celles qui sont diplômées, sont les plus vulnérables au chômage. Le taux de
chômage des femmes est de 16,2% en contre 10,7% pour les hommes (8).

5. Démographie et principaux indicateurs de santé

Après une 50 d’années qui ont suivi l'indépendance, le Maroc a connu une forte
croissance démographique. Aujourd'hui, la situation se stabilise notamment avec
l'évolution de la société marocaine notamment en matière d'éducation et les
changements sociaux dont, par exemple, les programmes de planification familiale, qui
ont fait une différence significative dans la qualité de vie de la population féminine (9).
Figure 1:taux d’accroissement au Maroc (en%)

La modification du profil d'âge de la population est l'une des principales conséquences


de la transition démographique. Les jeunes constituent le principal segment de la
population, représentant environ un tiers de la population.

Figure 2: Structure de population totale (en %) par grands groupe d'âges

Malheureusement, les structures politiques ne les ont pas activement intégrées dans
l'équation du développement mondial en raison à la fois d'un manque de programmes
gouvernementaux axés sur ce groupe d'âge et d'un manque de cadre au sein des partis
politiques. De plus, 10% de la population marocaine a 60 ans ou plus et il n'y a
pratiquement pas d'infrastructures pour cette tranche d'âge, y compris des structures de
santé spécialisées dans les soins aux personnes âgées.

Les femmes ont joué un rôle important dans la croissance du potentiel humain du
Maroc. Historiquement, ils n'étaient généralement pas pris en compte dans le processus
de développement des ressources humaines, mais, après une longue lutte pour être
reconnus, ils ont fait des progrès considérables. Parmi les exemples de progrès figurent
la réforme de la Code familial en 2003, et le Code de nationalité en janvier 2007(10).

Comme dans d'autres pays, les zones rurales et reculées du Maroc sont généralement
restées en retrait par rapport au dynamisme des grandes villes, tant au niveau du
développement économique qu'au niveau du développement humain et du changement
social. Les disparités entre la ville et la campagne nécessitent des solutions sociales et
économiques complémentaires en termes d'infrastructures, d'investissements et de
programmes communaux pour les zones rurales.
CHAPITRE 2 : LE SYSTÈME DE SANTÉ

I. Organisation du système de santé

1. Description de l’état de la médecine au Maroc sous le protectorat

Cette période fut inaugurée le 30 mars 1912 par la signature du traité du Protectorat
qui allait lier le sort du Maroc à celui de la France. L'infrastructure mise en place à
l'époque par les autorités du Protectorat visait essentiellement à apporter les soins
nécessaires à la communauté européenne et à préserver le "capital humain " marocain,
réservoir de main d'œuvre pour l'industrie et l'agriculture entre les mains des colons,
et de soldats pour l'armée française, en cas de conflit aimé. Le promoteur de cette
politique sanitaire est le maréchal Lyautey premier résident général du protectorat
français au Maroc qui affirmait à cet égard qu'un "médecin vaut un bataillon".

Quoiqu’un grand nombre d'hôpitaux furent construits durant cette période : l'hôpital
Maurice Gaud à Casablanca dont la construction fut reprise en 1946, après avoir été
arrêtée durant la Deuxième Guerre Mondiale. D'autres hôpitaux furent construits à
Oujda, Meknès et Rabat avec l'ouverture de l'hôpital Avicenne (Ibn Sina) en 1953.
L'hôpital d'El Ank à Casablanca et l'hôpital Cocard de Fès furent modernisés. Par
ailleurs, deux hôpitaux furent construits à Safi et à Essaouira. En 1949, fut créé
l'hôpital ophtalmologique de Salé, ainsi qu'un grand sanatorium à Azrou et un
préventorium à Ben Ahmed. D'autre part le carnet de santé (1949), l'hygiène scolaire
(1937) et l'hygiène industrielle ont commencé à voir le jour. En somme, le nombre de
lits hospitaliers est passé de quelques centaines en 1912 à 14000. Le nombre de
consultations annuelles qui était d'environ 3 millions en 1925, dépassait les 19 millions
en 1955. Par ailleurs, le nombre de médecins qui n'était que de 200 en 1930 a atteint
le chiffre de 1050 en 1955, chiffre qui restera d'ailleurs stable jusqu'en 1972. Cet effort
sanitaire favorisa l'augmentation de la population marocaine par baisse de la mortalité
générale, qui est passée pour les Marocains de 32 à 19 pour mille, population qui a vu
son chiffre doubler, alors que celle-ci avait été stable pendant des siècles. Elle était en
effet de 4,5 millions en 1912 et de 8,6 en 1951. Ceci montre, l'importance de la
prévention et de la médecine dans le développement humain et social d'une société
(11).
2. Organisation du système de santé actuel

Le système national de soin est organisé autour de deux secteurs :

 Le secteur privé est composé de deux sous-secteurs


Le premier à but non lucratif, regroupant les ressources sanitaires de la Caisse
Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), les mutuelles, de l’O.C.P et l’O.N.E , Cabinets
dentaires et laboratoires d’analyses des mutuelles , Hôpitaux et centres de soins du
Croissant Rouge, Hôpitaux et centres de soins des Ligues et Fondations.

Figure 3: organigramme du système nationale de soins

Le deuxième sous-secteur, à but lucratif, est constitué des structures de soins du


secteur libéral, organisées individuellement ou regroupées, par des médecins,
chirurgiens-dentistes, pharmaciens ou autres professionnels de santé (cabinet de
consultation, scanner médical, pathologie, soins et réadaptation, chirurgie dentaire,
cliniques hospitalières, pharmacies et entrepôts médicaux). Au total, on dénombre 375
cliniques en 2020 contre 359 cliniques en 2019 avec une capacité de 10.562 lits. La
région de Casablanca-Settat concentre à elle seule 118 cliniques, Rabat-Salé-Kénitra
(62 cliniques), Marrakech-Safi (46), Fès-Meknès (39), Tanger-Tétouan-Al Hoceima
(31), Béni Mellal-Khénifra (26), l’Oriental (25), Souss-Massa (23), Draâ Tafilalet (4),
Guelmim Oued Noun (1). Il est aussi à signaler que les cabinets de consultation
médicale dans le privé sont au nombre de 10 125. Le privé compte également 283
cabinets de radiologie, 582 cabinets de laboratoire, 3.643 cabinets dentaires. Quant
aux officines, leur nombre s’élève à 9.189. Ce secteur compte au total 10 562 lits et
13 622 médecins (9).

Figure 4:

Cependant le secteur public comprend les ressources sanitaires du Ministère de la


Santé, des Forces Armées Royales, des Collectivités Locales et des autres
Départements Ministériels. Dans le cadre de la stratégie fixe, une personne nécessitant
des services et des soins se rend chez un fournisseur de soins de santé de base. Les
stratégies mobiles et itinérantes couvrent le milieu rural. Une équipe médicale mobile
se rend périodiquement dans les zones éloignées des centres de santé. La stratégie
itinérante est une activité non médicale où un infirmier prend une moto ou même un
âne pour distribuer certains médicaments (réhydratation orale, pilules contraceptives,
crème contour des yeux, etc.), et de promouvoir les procédures de soins de santé en
particulier pour les femmes enceintes, les diabétiques et autres maladies chroniques.
Le secteur public compte quelque 847 centre de Santé urbain 1279 rural, 152 hôpitaux
avec un capacité litière de 25 440, 10 hôpitaux psychiatriques avec une capacité de
1486 lits et 120 centres d’hémodialyse avec 2376 appareils de dialyse et (huit Centres
Hospitaliers Universitaires (CHU), situés dans les principales villes. Cinq sont
opérationnels et trois sont actuellement en cours de construction, et leurs travaux sont
presque achevés ou achevé comme c’est le cas pour le CHU de Tanger)(12) .

L'ensemble de la fonction publique totalise 12 454 médecins et 40 366 fonctionnaires


comprenant le corps paramédical administratif et technicien (voir figure carte
sanitaire).

II. Prestation de soin

1. Les établissements de santé :

a) Secteur Public :

1) Les établissements de santé par région

Figure 5: les établissements de santé par région

La région Marrakech-Safi est classé 1ere avec 508 établissements suivie par la région
de Fes-Meknes avec 489 établissements puis la région de Casablanca-Settat avec 478
établissement tandis que la région Dakhla-Oued Edda ab vient en dernière position
avec 22 établissements.

2) Les établissements de santé par catégorie :


En 2020, le Maroc compte 856 centre de santé rural niveau 1 et 423 niveau 2 , 809
dispensaire rural, 669 centre de santé urbain niveau 1 et 178 niveau 2,tandis que les hôpitaux
provinciaux sont au nombre de 73,120 centre d’hémodialyse ,67 centre de diagnostic et de
traitement des maladies respiratoires 43 centre de référence en santé de reproduction ,41
laboratoire santé publique et 35 centre medico-universitaires.

Figure 6: Les établissements de santé par catégorie

3) Les établissements de santé par milieu :

Figure 7:les établissements de santé par milieu

Les établissements de santé dans le milieu urbain présentent 40% de l’ensemble des
établissements entre le rural et l’urbain qui sont au nombre de 3521.

b) Secteur Privé :
i) Infrastructure sanitaire privé par région dans le milieu urbain :

Figure 8: Infrastructures sanitaire privé par région dans le milieu urbain

Au niveau du privé le milieu urbain dénombre 8289 formation sanitaire dans la région de
Casablanca-Settat, 3962 dans la région de Rabat-Salé-Kenitra, 2580 dans la région de
Marrakech-Safi, 2406 dans la région de Fes-Meknes, quant aux régions de Tanger-
Tétouan-Al Hoceima l’Oriental Souss-Massa Beni Mellal-Khenifra Draa-Tafilalet
Laayoune-Sakia El Hamra Guelmim-Oued Noun et Eddakhla-Oued Eddahab denombrent
respectivement 1828, 1774 ,1556 ,1207 ,319 ,189 ,156 et 57 établissements.

ii) Infrastructure sanitaire privé sanitaire privé par région dans le milieu rural :

25865 formations sanitaire privés dans le milieu rural dont la région de Casablanca vent
sur la tête de la liste avec 8593 et 58 établissements dans la région de Dakhla Oued
Eddahab en dernier lieu.
Figure 9: Infrastructure sanitaire privé sanitaire privé par région dans le milieu rural

2. Les principaux indicateurs :


a) Ratio habitant par ESSP dans le milieu rural :

On dénombre 9693 habitants par ESSP dans la région de Rabat Salé Kenitra dans la 2eme
position vient la région de Casablanca-Settat avec 9185 PUIS VIENT LA REGION DE
Marrakech –Safi avec en 3eme position avec 7792 habitant /ESSP.
Figure 10:Ratio habitant par ESSP dans le milieu rural

b) Ratio habitants par ESSP dans le milieu Urbain:

Selon la situation de l’offre de soin de santé de 2020 le plus grand ratio habitants par ESSP dans le
milieu Urbain et celui de la region Souss Massa avec 34505 et une valeur national estimée à 27300

Figure 11:Ratio habitant par ESSP dans le milieu urbain


c) Ratio habitants par Médecin dans le secteur public et privé :

Concernant la ratio habitant par médecin dans les deux secteurs on dénombre 3270 habitants par
médecin dans la région de Draa-Tafilalet tandis que la région de Casablanca Settat se dispose que de
932 selon les statistiques de 2020.

Figure 12: Ratio habitants par médecin dans le secteur public et privé

d) Ratio Habitants par Médecin dans le secteur public :

Sousse Massa , Tanger-Tetouan-El-Hoceima, Daraa-Tafilalet et la region de Beni


Mellal-Khenifra sont les quatres premières regions qui se disposent du plus grand
ration habitant par medecin dans le secteur publis avec respectivement
5295 ,4805 ,4756 et 4692
Figure 13: Ratio habitants par médecin dans le secteur public
Chapitre 3 : La migration des médecins

1. La migration internationale des médecins

La migration internationale des médecins est devenue un objet de recherche et une


préoccupation majeure pour les pays en développement en général et le Maroc en
particulier du fait des pénuries et des défis sanitaires qu’elle engendre. Elle constitue
également un sujet d’intérêt majeur pour les pays d’accueil où les médecins étrangers
aident à faire face aux pénuries en personnel médical, du moins à court terme, cette
pénurie préexistante s’est exacerbée avec la pandémie et la pression qui repose sur ces
effectifs surmenés (13). De fait, l’immigration des médecins a longtemps constitué pour
ces pays un moyen d’ajustement plus au moins explicite des ressources humaines en
santé (12). Dans la plupart des pays membres de l’Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE), la proportion de médecins formés à l’étranger –
essentiellement dans les pays en développement – ne cesse de croître. Selon les données
de l’OCDE (2019), elle s’élève par exemple à 1,9 % en Pologne, 11,5 % en
France,11 ,9% Allemagne 25 % aux États-Unis, 29 ,2 % au Royaume-Uni, et 40,3%
Norvège.

L’approche traditionnelle des migrations internationales s’inscrit dans le paradigme de


la fuite des cerveaux (brain drain). Elle considère les migrants qualifiés comme une
source de coûts d’opportunités pour le pays d’origine et pour son économie en général
(14) (15) (16). Par conséquent, la création d’une taxe à l’émigration avait été suggérée
afin de compenser les pertes pour le pays d’origine (17). Toutefois, une nouvelle
approche des migrations est apparue qui remet en question les conclusions de
l’approche traditionnelle. Elle met en avant les effets bénéfiques pour le pays d’origine
(brain gain) comme les transferts de fonds, les investissements en formation de capital
humain, le retour définitif ou temporaire de migrants participant au développement du
pays.

Cette nouvelle littérature sur la fuite des cerveaux ne fait pas consensus parmi les
spécialistes des questions migratoires. Elle a été très critiquée théoriquement et
empiriquement (18) (19) (20) (21). La plupart des hypothèses qui fondent cette
approche ont été remises en cause. Les preuves empiriques que la migration contribue
à elle seule à renforcer les investissements dans l’éducation dans le pays d’émigration
sont très faibles. Les plus sceptiques invitent à analyser plus attentivement et plus
finement les effets de la diaspora. De plus, la question du transnationalisme de la
population des migrants qualifiés, et de son impact sur le développement économique
du pays d’origine doit être étudiée. Pour ce faire, des approches pluridisciplinaires
basées sur des enquêtes microéconomiques sont nécessaires. « L’émergence des
diasporas scientifiques et techniques invalide les approches traditionnelles en termes de
fuite des cerveaux et consacre l’avènement du paradigme circulatoire dans l’étude des
migrations internationales. » (22).

L’un des facteurs-clés de l’émigration des médecins dans les pays en développement
est la taille et la qualité du secteur de la santé dans le pays d’origine(23). Un autre tient
à des raisons démographiques : le vieillissement de la population implique
l’accroissement de la cohorte des personnes âgées qui sont les plus grandes
consommatrices de services médicaux (24). Le gap entre l’offre et la demande de soins
ne cesse d’alimenter le phénomène migratoire et attise la compétition entre les pays
développés pour accueillir les médecins du reste du monde. Ceci n’est pas sans
conséquences sur l’accentuation des pénuries de médecins dans les pays d’origine (25).

Au regard des besoins estimés en 2013, la pénurie mondiale de médecins était évaluée
à l’époque à 2,6 millions. Elle était particulièrement prononcée en Asie du Sud-Est (1,3
million) et en Afrique (0,9 million)(26). En termes absolus, c’est en Asie du Sud-Est
qu’elle était la plus criante en raison de la forte population des pays de cette région.
Toutefois, les défis les plus pressants concernent l’Afrique : 1,1 million de médecins y
sont nécessaires pour prendre en charge les besoins de santé de la population (contre un
million pour l’Asie du Sud-Est) (27). La pénurie des professionnels de santé devrait
s’aggraver pour atteindre 12,9 millions d’ici 2035 selon OMS.

La littérature sur les migrations internationales des travailleurs qualifiés est assez
abondante. Les études et recherches sur cette question ont connu une évolution
importante depuis les années 1960. À l’origine, les travaux précurseurs ont tenté de
mesurer les effets de ces migrations sur le pays d’origine. Ils rapportent que l’émigration
des élites est source d’externalités négatives. Certains auteurs à l’instar de (28) (17) et
(29) ont suggéré la mise en place de mesures compensatoires en faveur des pays
d’origine (une taxe à l’émigration) afin de compenser les pertes induites. Ensuite, des
recherches mobilisant la théorie de la croissance endogène (30) (31) ont cherché à
évaluer la relation entre le capital humain, l’émigration et la croissance économique.
Elles concluent que l’émigration impacte négativement le taux de croissance et le stock
de capital humain, et grève la croissance du produit intérieur brut par habitant dans le
pays d’origine.

Cette vision pessimiste de l’émigration des travailleurs qualifiés, focalisée sur les
aspects négatifs (brain drain), a été contrebalancée dans les années 1990 et 2000 par une
nouvelle théorie soulignant les effets positifs de la migration des élites pour le pays de
départ : il n’y est plus question de brain drain mais de brain gain (18) (14) (32) (33)
(34).

La vision de la migration des médecins comme un problème économique domine la


littérature. Le poids des facteurs économiques dans la décision d’émigration s’est accru
lorsque la Banque mondiale a décidé d’investir le domaine de la santé mondiale dans
les années 1980, estimant que la santé était une question économique et devait être
traitée comme telle. Cette surreprésentation de la perspective économique dans
l’émigration des médecins est en parfaite adéquation avec les valeurs du néolibéralisme,
à savoir l’argent, le choix du consommateur et la prise de décision fondée sur le marché.
Ainsi, la santé est devenue un produit marchand (35). Plusieurs facteurs, tant du côté de
la demande que de l’offre, peuvent entraîner un déséquilibre sur le marché de la
ressource humaine en santé. Selon cette vision, les médecins ne sont pas différents des
autres catégories de migrants. Ils émigrent dans le but d’améliorer leur bien-être.

Les facteurs de la migration des médecins sont bien documentés dans la littérature (23)
(36). Ils sont à la fois d’ordre socio-économiques et personnels et ils agissent comme
des stimuli dans la décision d’émigration. On distingue habituellement des facteurs
« pull » et « push ». Les premiers renvoient aux attentes suscitées par les pays de
destination : un niveau de rémunération plus élevé, une meilleure éducation des enfants,
de bonnes conditions de travail et une meilleure satisfaction et sécurité au travail. La
migration des médecins des pays en développement est également motivée par les
perspectives d’acquisition des compétences disponibles dans les pays développés. Les
facteurs push sont associés au pays d’origine : une rémunération insuffisante par rapport
à d’autres secteurs d’activité, mais aussi à d’autres pays, la demande non satisfaite
d’enseignement médical, des conditions de travail difficiles, un manque de
reconnaissance sociale et un climat politique délétère. La dynamique des facteurs push-
pull entre les pays développés et en développement a historiquement généré des
disparités entre le stock et les sorties des professionnels de santé dans et entre ces pays
(37).

Nous ne disposons pas d’études ou de données qualitatives sur les raisons qui poussent
les médecins marocains à s’expatrier. (38) a mené une enquête auprès d’un échantillon
de cinquante-deux praticiens diplômés hors Union européennes (PADHUE), dont treize
médecins marocains, dix médecins algériens, six médecins malgaches, quatre médecins
libanais, quatre médecins roumains et des médecins de douze autres nationalités. Les
résultats de cette recherche montrent qu’il est difficile d’appréhender l’intégralité des
éléments qui mènent à l’élaboration et à la mise en œuvre d’un projet migratoire. Les
motivations de départ en France diffèrent d’un individu à l’autre et les facteurs
économiques ne sont que secondaires.

Une forte émigration renforce les difficultés rencontrées par les systèmes de santé des
pays sous-développés ou en développement qui accusent des faiblesses structurelles.
Contrairement à la vision économique stricto sensu des migrations des médecins qui
considère que les facteurs économiques sont prépondérants dans la décision
d’émigration, les études qualitatives, aussi rares soient-elles, montrent que ces derniers
doivent être minorés. Le registre de motivation est pluriel combinant des facteurs
d’attraction dans les pays d’accueil et à des facteurs de répulsion dans les pays d’origine.

2. L’émigration des médecins Marocains

a) L’exercice de la médecine à l’étranger :

Les lauréats diplômés peuvent, mis à part les diverses options de carrière proposées
au Maroc, peuvent éventuellement choisir d’aller exercer dans un autre pays, en tant
que médecin généraliste, ou commencer une spécialité.

En fonction du pays choisi, ces derniers peuvent avoir besoin de faire une équivalence
de leur diplôme, de passer des concours, avec ou sans quotas pour les médecins
étrangers à cette nation.

En France par exemple, pour exercer en tant que médecin généraliste, les médecins
ayant un diplôme marocain doivent d’abord suivre une Procédure D’Autorisation
d’Exercice (PAE).
Celle-ci se déroule en 3 étapes : Les épreuves théoriques et pratiques, organisées chaque
année, où le candidat n’a qu’une chance de réussite - les fonctions hospitalières, ou
durant 3 ans, le lauréat exercera en tant que praticien attaché, attaché associé ou
assistant associé – Les commissions d’autorisation, organisées par le ministère de la
santé, après lesquelles ce dernier peut donner enfin ou pas, une autorisation de « plein
exercice ». Le médecin devra par la suite s’inscrire à l’Ordre National des Médecins de
France, avant de commencer son exercice.

Pour suivre une spécialité par contre, la France ne dispose pas de concours de résidanat
mais d’un concours d’Internat à Titre Étranger (ETR), avec un nombre limité de postes
ouvert à l’ensemble des étrangers non issus d’un pays de l’Union Européenne. Le
déroulement est en général similaire à celui du concours d’internat au Maroc, c’est-à-
dire lui aussi réparti en épreuves d’admission et d’admissibilité.

b) Estimation des taux d’émigration

On savait déjà que les médecins alimentent, à leur tour, et de plus en plus hélas, la fuite
des cerveaux marocains vers l’étranger mais l’ampleur du phénomène était mal cernée
avec des estimations éparses et peu fiables. Or une étude de l’OCDE intitulée (Recent
Trends in International Migration of Doctors, Nurses and Medical Students) est venue
y jeter un éclairage plus précis. Et il n’est guère rassurant pour notre pays et plus
particulièrement notre système de santé qui souffre déjà de tous les maux(39). Selon
une étude du conseil national de l’Ordre des médecins en France, les praticiens nés au
Maroc, représentent la deuxième communauté de médecins nés à l’étranger et inscrits
à l’ordre des médecins de France. En 2017, ils étaient 6510 en activité régulière et 430
intermittents, soit 15 ,6% des mêmes catégories dans l’ensemble des médecins nés à
l’étranger exerçant dans les établissements français. Au total, près de 7000 médecins
marocains exercent en France (40).

Toutefois, une étude récente a révélé une propagation alarmante de la décision de


quitter le pays parmi les étudiants de la dernière année des facultés de médecine au
Maroc.

Selon cette étude (réalisée à la faculté de médecine de Casablanca et publiée par


l’Oxford Académie) pour chaque médecin resté au Maroc, 3 sont partis à l’étranger.
Parmi les 251 étudiants en médecine qui ont fait l’objet de l’etude,71,1% des étudiants
en dernière année ont l’intention d’émigrer à l’étranger, dont 61,6% sont des femmes

Alors que les médecins marocains optaient principalement pour la France durant la
dernière décennie, les résultats de cette étude indiquent que l’Allemagne est
aujourd’hui la destination préférée de la plupart des étudiants en dernière année de
médecine avec un pourcentage de 34%(41).

Une autre étude récente était menée auprès des lauréats de la Faculté de Médecine et
de Pharmacie de Marrakech, entre 2006 et 2020, l’étude est menée en 2021 avec un
nombre total de questionnaires recueillis de 1176 et un taux de réponse total de 51,2%

Cette enquête a pu retrouver que 82 lauréats de la FMPM de nationalité marocaine en


exercice ou en formation de spécialité, au sein de 13 pays dans le monde. Avec 28
diplômés chacune, la France et l’Allemagne étaient les pays les plus représentés, suivis
du Sénégal et du Canada.

Ces chiffres restent faibles par rapport à ceux déclarés par monsieur le ministre de la
santé, le lundi 26 Avril 2021 à la chambre des représentants, Mr Khalid Ait Taleb,
mentionnant 600 départs à l’étranger, sur les 2200 lauréats marocains par an, soit
27,2%.

Table 1:Répartition des lauréats Marocains de la FMPM exerçant à l’étranger

Une répartition par pays dévoile que la majorité de nos lauréats choisissent la France et
l’Allemagne, comme pays de destination, avec un taux de 34,1% pour chacun de ces
deux pays (n=28), soit un total de 68,2%. Le 3ème pays de destination reste le Sénégal,
avec 8 lauréats, tous en formation spécialisée, suivie du Canada (5 lauréats). Le reste
des pays de destination est constituée principalement des autres pays de l’Europe, et
des pays du Golfe.

Le choix de la France, pourrait s’expliquer par des raisons tout d’abord historiques, le
« modèle français » faisant partie intégrante de notre culture actuelle. Ces raisons
venant s’ajouter à celle de la langue commune, les études en médecine se faisant au
Maroc en langue française, et avec des programmes souvent inspirés de ceux enseignés
au sein des facultés de l’hexagone. Et ce choix ne concerne pas que le Maroc, puisque
le principal pays d’émigration des médecins du Maghreb, est la France. L’Algérie reste
la nationalité la plus représentée parmi les médecins titulaires d’un diplôme Hors-UE à
exercer en France (40%), suivie de la Syrie (11%), puis du Maroc (10%), selon les
chiffres de la CNOM Française de 2014.

L’Allemagne quant à elle, n’a commencé à constituer une option majeure pour nos
lauréats que lors des dernières années, dépassant la France sur la période 2012-2020
(26 thésards exerçant en Allemagne contre 10 en France, 2 thésards en Allemagne pour
la période 2006-2012 contre 18 en France). Cet engouement viendrait surtout des
procédures d’insertion professionnelle des médecins étrangers mises en place par le
gouvernement Allemand, face au vieillissement de sa population médicale, et des
disparités entre les différentes régions.

Mais toutes les raisons citées précédemment, restent secondaires, par rapport au désir
d’aller vers un meilleur système de santé, et d’avoir une meilleure qualité de formation.
54% des répondeurs à notre questionnaire, déclarent avoir quitté le Maroc pour des
raisons professionnelles, dont 27% ayant cité la qualité de la formation comme raison
d’émigration, contre 10% pour des raisons financières par exemple.

Comme l’explique Mohammed Kouni dans un article paru en 2016, l’émigration reste
une décision difficile et complexe puisqu’elle génère non seulement un coût matériel,
mais aussi un coût psychologique élevé. Par conséquent, les facteurs du coté de pays
d’origine demeurent les plus déterminants dans cette décision. Le travailleur hautement
qualifié tel que le médecin cherche de meilleures opportunités d’emploi et de revenu.
Toutefois, ces deux objectifs représentent un défi majeur pour les pays du Maghreb
(42).
30 Au 1er janvier 2019, l’effectif des médecins en activité en France s’élevait à
226 859. Selon les projections de la Direction de la recherche, des études, de
l’évaluation et des statistiques (DREES, 2017), la France aura besoin de 280 000
praticiens à l’horizon 2040. Jusqu’en 2025, les effectifs de médecins devraient
augmenter moins rapidement que les besoins de soins de la population. Dans son
scénario tendanciel, elle estime que les médecins diplômés à l’étranger et installés en
France représenteront 6 % de l’ensemble des médecins en 2024, et 9 % en 2030
(DREES, 2017). Par ailleurs, les données du CNOM (2017) montrent qu’entre 2007 et
2017, le nombre de médecins nés à l’étranger a augmenté de 14,2 %. Pour faire face à
leur déficit de médecins, les pays développés ont opté pour le recrutement de médecins
étrangers. Ainsi, ils ont longtemps considéré l’immigration des médecins comme une
variable d’ajustement plus ou moins explicite des ressources humaines en santé.

Le tableau 4 montre la répartition géographique des médecins nés à l’étranger et


diplômés à l’étranger (hors de France et de l’UE). Les données concernent les dix
premières facultés d’appartenance de ces médecins. 4,7 % sont issus de la faculté de
Rabat, 4,7 % de celle de Casablanca et 6,6 % de celle de Damas (Syrie). Les 2 facultés
marocaines représentent à elles seules 9,4 % de l’ensemble.

Table 2:Répartition géographique des dix premières facultés d’appartenance des médecins nés hors de France

Faculté d'appartenance Effectifs %

TUNIS (TUN) 396 3,2

TANANARIVE (MAD) 436 3,6

SOUSSE (TUN) 174 1,4

RABAT (MAR) 579 4,7

ORAN (ALG) 914 7,4

ALGER (ALG) 2 859 23,3

DAMAS (SYR) 808 6,6

BEYROUTH (LIB) 376 3,1


CASABLANCA (MAR) 579 4,7

CONSTANTINE (ALG) 507 4,1

Source : compilation par l’auteur des données du CNOM.

Cette répartition géographique peut s’expliquer par des liens historiques (notamment la
colonisation de ces pays par la France), la proximité géographique, le réseau
professionnel et social des médecins, les stages professionnels antérieurs dans le pays
d’accueil ou encore le facteur linguistique (sans oublier les migrations récentes de
réfugiés politiques dans le cas des médecins syriens).

c) Les causes de la migration des médecins

Comme nous l’avons vu, la décision d’expatriation est souvent multifactorielle. En


l’absence d’enquêtes qualitatives portant sur les raisons de l’émigration des médecins
marocains, nous nous sommes intéressés aux salaires des médecins du secteur public,
plus nombreux à émigrer que leurs confrères du secteur privé. D’ailleurs, le
développement de ce dernier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire contribue à
la baisse du taux d’émigration des médecins, comme le montre une étude menée au
Ghana, en Inde et au Pérou (43)et Ainsi, l’offre et le financement de soins de santé
privés peuvent limiter le phénomène. Au Maroc, l’attractivité qu’exerce le secteur privé
sur les médecins n’est pas sans lien avec les différentiels de revenus. Il est vrai que les
salaires des médecins dans le secteur public ne sont pas à la hauteur du travail fourni.
Cette sous-valorisation a non seulement entraîné une forte inflexion vers le privé mais
renforcé le désir d’émigration chez les jeunes médecins marocains (voir figures 14,15
et 16). Toutefois, si les incitations financières demeurent un levier pour garder un
personnel médical motivé et productif, leur impact reste limité en matière de migrations
internationales. Les conditions de travail, les perspectives d’évolution de carrière,
l’investissement (principalement matériel) requis pour exercer dans le privé
(notamment pour certaines spécialités comme la radiologie, l’anatomie-pathologie…)
et les caractéristiques sociodémographiques des médecins (genre, âge, lieu d’exercice,
situation familiale…) sont autant de facteurs à prendre en considération comme le
tableau 5.
Figure 14:Évolution de l'effectif des médecins généralistes par année de soutenance et par secteur

Figure 15:Évolution de l'effectif des médecins spécialistes par année de soutenance et par secteur

Figure 16:Évolution de l'effectif des médecins anciens internes de CHU par année de soutenance et par secteur

Une comparaison des chiffres du ministère de la santé entre 2007 et 2020, confirme nos
propos. Nous notons une baisse des médecins généralistes du secteur public de 26%,
contre une croissance de 22% dans le secteur privé, et une croissance de 63% des
médecins spécialistes du secteur public, contre une croissance de 105% dans le secteur
privé. Les médecins choisissent de plus en plus le secteur privé pour la qualité de vie
et l’autonomie qu’il confère, contrairement à un secteur public où le médecin y est
dévalorisé, et où l’infrastructure sanitaire est défaillante. Selon le CESE, le
développement du secteur privé résulte essentiellement de « l’insatisfaction des
citoyens vis-à vis des prestations du secteur public et du faible attrait exercé par ce
dernier sur les médecins, à la fois en raison du niveau des salaires en vigueur et des
conditions de travail proposées » (44) (45).

Notre étude vient affirmer ces propos, car plus de la moitié des médecins du secteur
public, généralistes et spécialistes, voulaient changer de secteur et exercer dans le privé,
majoritairement pour des raisons financières, suivi de raisons professionnelles et de
conditions de travail défavorables. Comme de nombreux autres pays, le système de
santé marocain est constitué de deux secteurs :un secteur public régulé par l’État et
hiérarchisé, et un secteur privé non hiérarchisé. Un médecin ne peut exercer dans deux
secteurs à la fois (46). Cependant, l’exercice mixte du médecin, généraliste ou
spécialiste, pourrait être une solution intéressante afin de pallier à la privatisation du
secteur médical au Maroc, et au manque d’attrait du secteur public. Il devrait pour
autant faire objet d’un conditionnement des heures de travail pour chaque secteur, et
d’une amélioration des conditions de travail dans le secteur public. En Australie, les
médecins spécialistes préféraient garder une activité mixte, combinant à la fois un
exercice dans le secteur public et le secteur privé (47).En Afrique du Sud, les médecins
généralistes du secteur privé montraient un faible attrait pour exercer un certain nombre
d’heures dans les hôpitaux publics, en raison des conditions de travail et du type de
contrat proposé par l’État(48). En France, même si la grande majorité des départements
ont une part plus importante des médecins exerçant leur activité en libéral ou mixte
qu’en salariat, les changements de pratiques d’exercices associés aux aspirations
personnelles des médecins montrent un intérêt moindre pour le libéral au cours des
dernières années (notamment pour les nouvelles générations). Au 1er janvier 2021, 41,8
% des médecins actifs réguliers exercent en libéral exclusif soit 11.3 % de moins qu’en
2010. Les médecins actifs réguliers exerçant en salariat représentent 47,6 % des
effectifs contre 10,5 % pour l’activité mixte. En un an, il est constaté que l’activité
salariée augmente de 0,8 % alors que l’activité libérale et mixte baissent respectivement
de 0,5 et 1,1 % (49). La Tunisie aussi compte plus de médecins dans le secteur privé
que dans le secteur public(50). Le secteur public, handicapé, ne peut plus faire face à
un secteur privé, réputé innovant, et attirant les meilleurs cadres de santé. L’OMS
recommande pour le développement du système de santé tunisien, un «mix»
public/privé (PPP) visant à consolider le rôle du secteur public comme référence sur les
plans des soins, de la formation et de la recherche et de gérer la complémentarité entre
les secteurs public et privé, en matière de soins curatifs et préventifs (51). Faisant de la
généralisation de la protection sociale un chantier de premier rang pour le
développement du Royaume, sa majesté le Roi Mohammed VI, avait souligné lors du
discours du 8 Octobre 2021 au parlement, que « dans ce cadre, le défi majeur consiste
à opérer une véritable mise à niveau du système de santé, conformément aux meilleurs
standards et en synergie totale entre secteurs public et privé » (52). Le PPP serait donc
un acteur majeur dans le développement de la santé au Maroc dans la décennie à venir,
et des études approfondies sur l’avis des médecins sur ce partenariat, et son influence
sur le choix de secteur d’exercice, doivent être effectuées en parallèle.

Notre but est de parvenir à situer financièrement les médecins du secteur public par
rapport autres catégories socioprofessionnelles. Au Maroc, les médecins du secteur
public peuvent être répartis en deux groupes les médecins généralistes et les médecins
spécialistes.

Le salaire national minimum garanti est de 8500 Dh (environ 800 euros).

Table 3:Les salaires réels des médecins de santé publique (échelle 11) en 2022

Catégorie Salaire perçu (en DH)

Médecin généraliste 8500

Médecin spécialiste de santé publique 12000

Il est intéressant de comparer les salaires réels des médecins du secteur public avec
ceux des cadres des autres secteurs d’activité, à niveau de qualification équivalent (Bac
+5, Bac +7) afin de savoir si les médecins sont effectivement mal rémunérés. Si
l’hypothèse se vérifie, alors la question financière pourrait expliquer, dans une certaine
mesure, la décision d’émigration ou la double activité dans le secteur privé7 pour
compenser les bas salaires du secteur public. Dans le cas contraire, l’émigration
pourrait être considérée comme déconnectée de la contrainte financière et la double
activité comme une stratégie d’optimisation de revenu ou d’atteinte d’un revenu cible.

Table 4:Les salaires nets mensuels des cadres du secteur public national

Secteur d’activité Montant (Dh)

Professeur universitaire 12 000

Magistrat 14 346

Ingénieur 9000

Bacha 20 430

Qaiid 15 033

En 2022, un médecin généraliste de santé publique après 8 ans d’études débute avec un
salaire de 8500 DH par mois, alors qu’un spécialiste de santé publique touche 12000
DH après 13ans d’études

Évidemment, en comparaison des revenus d’autre profession étatiques ou des médecins


du secteur privé ou des pays développés, les médecins marocains du secteur public sont
mal rémunérés. Les médecins du secteur privé, rémunérés à l’acte, le sont beaucoup
mieux. Leurs salaires sont jusqu’à dix fois plus élevés que ceux du secteur public.

Toutefois, des augmentations de salaires ont été décidées récemment par les autorités
du pays. La rémunération des médecins (généralistes et spécialistes) est, dans tous les
pays de l’OCDE, nettement plus élevée que le salaire moyen de l’ensemble des
travailleurs (53). À titre de comparaison, en 2018, un médecin hospitalier en France
gagnait en moyenne 5 700 euros bruts par mois, et le salaire mensuel moyen d’un
fonctionnaire était de 2 516 euros bruts.
Table 5:19 Raisons de non satisfaction des médecins du secteur public DE LA THESE GUEBBASS

Une analyse de l’évolution des effectifs selon le secteur choisi, chez les médecins
généralistes, spécialistes, et anciens internes de CHU de Marrakech, montre un point
d’inflexion commun sur la période 2012-2014, ce qui traduit une « tendance à la
privatisation ». (Graphiques 73,74,75)

Toutes les raisons citées précédemment, restent secondaires, par rapport au désir d’aller
vers un meilleur système de santé, et d’avoir une meilleure qualité de formation. 54%
des répondeurs à notre questionnaire, déclarent avoir quitté le Maroc pour des raisons
professionnelles, dont 27% ayant cité la qualité de la formation comme raison
d’émigration, contre 10% pour des raisons financières par exemple.
Chapitre 4 : Recommandations

Ces recommandations, basées notre étude, et la lecture minutieuse de plusieurs


rapports traitant ce sujet, visent plusieurs axes stratégiques, complémentaires les uns
des autres, de la formation à la répartition territoriale des médecins au Maroc. Nous
espérons qu’elles feront l’objet d’études approfondies de la part des décideurs, et
surtout leur application concrète sur le terrain.

1. L’efficience de la formation médicale au Maroc :

Malgré les efforts du ministère de la santé, l’objectif d’avoir 3300 médecins formés par
an à l’horizon 2020 n’a pas été atteint. La qualité de la formation et le manque de
moyens, font fuir les étudiants actuels. Afin d’atteindre ce chiffre un jour, en s’appuyant
sur une contribution efficiente des facultés de médecine, nous proposons d’avoir :

a) L’amélioration de la procédure d’accès :

La médecine reste la branche la plus sélective au Maroc. Depuis 2020, le ministère de


l’Enseignement Supérieur a uniformisé les modalités de déroulement du concours
d’admission. Il est désormais national, et commun, avec un seuil fixé à 12/20 de la
moyenne du baccalauréat, alors qu’il dépendait auparavant des inscriptions à chaque
faculté, avec des seuils variants entre 14 et 17 selon les villes (54). Cette mesure a
permis de donner les mêmes chances à l’ensemble des bacheliers du Royaume, quel
que soit leur lycée de provenance, y compris les missions françaises et étrangères.

Mais les modules du concours n’ont pas changé, au nombre de 4 : Mathématiques,


Physique, Chimie et biologie. Il s’agit là d’un test de connaissances non adapté à celles
requises pour la pratique médicale, ce qui discrédite bon nombre d’étudiants pouvant
potentiellement faire de bons médecins. Notre proposition consiste à prioriser des
épreuves basées sur les qualités humaines des étudiants, à savoir l’éthique médicale et
la citoyenneté, la communication orale, en plus d’une épreuve de culture générale.

b) La complémentarité des formations théoriques et pratiques :

La formation actuelle comprend deux années de formations entièrement théoriques en


sciences fondamentales, suivies de trois ans de formations en pathologies,
accompagnées d’une formation pratique à temps partiel, puis de deux années
consacrées à la formation pratique.

Or, ce système, en plus d’être considéré long et chargé, surtout de la 3ème à la 5ème
année, n’est pas adapté. La rotation des services lors des stages est faite de manière
indépendante des cours magistraux. De ce fait, beaucoup d’étudiants se retrouvent dans
des services sans aucune formation théorique initiale, tandis que d’autres, ne trouvent
plus l’occasion de pratiquer ce qu’ils ont appris lors des cours magistraux. Ceci
représente une perte de temps, engendre une frustration chez les étudiants, et cause des
lacunes, dans un domaine où la pratique doit rester la pierre angulaire de la formation.
D’autres part, la durée de chaque stage, trop longue par rapport au nombre de spécialités
enseignées, ne permet pas aux étudiants d’avoir une formation pratique dans certaines
spécialités primordiales.

Finalement, le Centre Hospitalier Universitaire, malgré le flux et la capacité


d’encadrement, reste trop spécialisé. L’étudiant en médecine générale risque donc de
ne jamais avoir à gérer, et s’exercer, pour des pathologies de routine, qui constituent
pourtant la majorité des cas vus dans les ESSB et dans les cabinets de médecine
générale. Ce système contribue implicitement à la surspécialisation des effectifs.

Par conséquent, nous proposons de mettre en place une réforme visant à créer une
complémentarité entre la formation théorique au cours magistral et la formation
pratique.

c) Raccourcir la durée des études médicales :

Le passage des études médicales de 7 à 6 ans, mesure entreprise par le nouveau


gouvernement marocain afin d’augmenter la capacité de formation des facultés de
médecine, n’a toujours pas fait l’objet de rapport détaillé (55).

Notre proposition, globale, ne vise pas seulement à réduire le nombre d’années de


formation en médecine générale. Elle vise la médecine spécialisée, en incluant la
médecine de famille comme spécialité à part entière. Comme expliqué lors de la
discussion, raccourcir la durée des études d’un médecin spécialiste de 13 ans à 9 ans,
en donnant la priorité à la formation pratique, permettra une insertion plus rapide du
médecin dans la vie professionnelle, et diminuera les coûts de sa formation à l’État.
2. La revalorisation du médecin généraliste :

Alors qu’il est censé constituer le pilier du système de santé marocain, le médecin
généraliste ne se sent plus valorisé. La dégradation de son image dans la société,
s’accompagne, surtout dans les ESSB, d’un manque cruel de moyens et
d’infrastructures.

Après 8 ans de longues et difficiles études, le médecin généraliste, surtout dans le


secteur public, fait face à une frustration et à un manque d’épanouissement personnel.
Tout cela a conduit à avoir au Maroc aujourd’hui, quasiment 2 fois plus de médecins
spécialistes que de médecins généralistes.

Il est impératif d’œuvrer activement à la revalorisation du médecin généraliste. Notre


proposition consiste à améliorer le système de santé marocain, en le mettant au centre
de celui-ci. Rebaptisé médecin de famille, il aura toutes les compétences nécessaires
pour traiter les principales pathologies, et les problèmes de santé publique. Il sera le
médecin référent, sans lequel aucun patient ne pourra accéder à une consultation en
médecine spécialisée. Cette démarche permettra d’élargir l’accès aux soins de la
population, et de la réglementer. Elle contribuera aussi, via la détection et le traitement
optimal des maladies, à une baisse de mortalité, ainsi que des formes graves et
compliquées, à moyen et à long terme. Ceci permettra d’économiser des sommes
importantes à l’État et aux caisses de mutuelles, et diminuera la pression exercée sur
les CHU.

Afin de garantir la qualité de soins prodiguée par le médecin de famille, l’état se doit
d’institutionnaliser sa formation continue, en mettant en avant le e-learning et les
formations à distance. Initier la création de médecins généralistes chercheurs, permettra
de développer des stratégies de prise en charge adaptées au terrain, et participera à la
valorisation de ce dernier.

Finalement, la revalorisation salariale du médecin généraliste public reste importante.


Un salaire dérisoire pour le nombre d’années d’études, un secteur privé non régulé où
l’autonomie et la rentabilité sont de mise, engendrent une frustration et dégrade par
conséquent la qualité de soins prodigués. Le projet gouvernemental de la revalorisation
salariale du médecin du secteur public, à partir de 2023, est une bonne initiative,
concorde avec notre vision.
3. La bonne répartition des ressources humaines à travers la régionalisation

Les ressources humaines, gérées principalement au niveau national, sont mal réparties
sur le territoire. Seules 3 régions marocaines, à savoir Casablanca-Settat, Rabat-Salé-
Kénitra et Marrakech-Safi, ont dépassé le seuil minimal fixé par l’OMS. Les 3 régions
de l’extrême sud, Dakhla-Oued Eddahab, Laâyoune Sakia El Hamra, Guelmim-Oued
Noun, en plus de la région de Drâa-Tafilalet, souffrent d’un déficit extrême en
médecins, conséquence d’un manque d’attractivité (56).

Ce problème ne concerne pas que le Maroc. Bon nombre de pays ont adopté des
mesures afin de pallier à cette disparité entre les régions, et entre le monde rural et le
monde urbain. Il est nécessaire d’augmenter l’attractivité des régions déficitaires, en
mettant en place, par exemple, un quota à cursus intégré : En fonction du besoin, un
certain nombre de places dans les bancs de chaque faculté seront destinés aux médecins
désireux de travailler dans les régions défavorisées pendant une certaine période, contre
une allocation durant le cursus. Copier le modèle concernant les postes contractuels via
le résidanat, pour la médecine spécialisée, en attribuant des postes à la médecine de
famille, pourrait être une alternative équivalente.

Pendant leur exercice, les médecins présents dans ces zones considérées défavorisées
doivent avoir des avantages. Nombreuses sont les possibilités offertes, en gage de
reconnaissance, pour permettre au médecin de servir efficacement son pays : Une prime
mensuelle, la mise à disposition de logements ou de voitures de fonction pour les
déplacements. Les médecins jeunes, plus motivés et en quête de satisfaction
personnelle, doivent être prioritaires pour cette initiative. Leur accorder ces avantages,
pendant une période déterminée, les aidera à mieux s’intégrer dans la vie
professionnelle.

En parallèle, l’application effective de la régionalisation dans le cadre de la


planification de l’offre de soins est devenue une nécessité. Les délégations régionales
doivent être le premier décideur, en concertation avec le ministère, pour le réseau
hospitalier, et les délégations provinciales, pour les ESSB. Cette passation de pouvoir
doit être accompagnée des ressources humaines et financières nécessaires. Des
décideurs proches du terrain pourront estimer de manière adaptée les besoins, et donner
des directives optimales à l’ensemble des structures, en concertation avec les
départements concernés. Ces directives concerneront aussi les lieux de formation, à
savoir, pour le personnel médical, la faculté de médecine. Le projet « une faculté de
médecine par région » sera l’aboutissement de cette stratégie. En rapprochant les études
médicales des bacheliers originaires de la région, ces derniers seront plus nombreux, et
exerceront pour la majorité dans celle-ci. La FMPM est un exemple concret de la
contribution d’une faculté au développement de la santé au niveau régional et national.

4. Le partenariat public-privé, locomotive de développement de la santé au Maroc :

Beaucoup d’études ont souligné qu’avec l’ascension démographique que connait le


monde, le secteur public, régulé par l’état, ne pourra pas faire face à la demande
croissante en soins de la population. Le PIB consacré à la santé au Maroc reste faible
(6% contre 10% minimum recommandée par l’OMS)(57), accompagné d’une fuite
massive des médecins et des patients du secteur public au secteur privé, qui reste libéral,
et non régulé.

La généralisation de la couverture sanitaire au Maroc, inscrit comme projet phare de la


décennie, ne pourra pas être effective sans le développement du système sanitaire
national, basé sur la « synergie entre les secteurs public et privé », comme dit dans le
discours de sa majesté le Roi Mohammed VI, que dieu l’assiste (52).

La mise en place des PPP dans le domaine de la santé, doit passer par des projets
ambitieux, condition sine qua non pour leur éligibilité(58). Sérieusement pilotée, ils
permettront au secteur public d’atteindre ses objectifs, et d’optimiser son offre de soins.

Cependant, ce montage ne sera pas possible sans une refonte du système de santé,
passant par la mise en place d’un système de contrôle, évitant ainsi les égards d’éthique.
Ils doivent s’inscrire dans un cahier de charges précis, répondant à des objectifs
d’envergure globale, et une relation basée sur le « Win-Win », le secteur public mettant
en place un cahier de charge prometteur, et le secteur privé s’engageant à respecter
celui-ci, dans le cadre de contrats.

Concernant les ressources humaines, notre vision du partenariat public-privé s’inscrit


dans l’ouverture d’un troisième secteur d’activité : L’activité mixte et la généralisation
du temps plein aménagé (TPA).

Le TPA, déjà en vigueur pour les Enseignants-chercheurs en médecine, consiste à


donner aux médecins du secteur public un temps d’exercice légal dans le secteur privé,
en dehors de leurs horaires de travail. La combinaison des avantages du secteur public
en termes de salariat et de stabilité de carrière, et celles du secteur privé,
professionnelles mais aussi financières, serait une source d’équité pour les médecins
fonctionnaires, et les motiverait à continuer de « servir leur pays », tout en améliorant
leur bien-être et leur qualité de vie.

Il permettra à l’État, de contrôler une activité auparavant illégale et informelle, à travers


une régularisation administrative et fiscale strictes, tout en limitant la fuite des
médecins du secteur public. Accompagnée d’une réforme juridique précise, elle
permettra sur le court terme, d’élargir l’offre de soins, et de réduire indirectement le
déficit en médecins que connait le pays.

5. L’augmentation du nombre d’enseignants et le développement de la recherche :

2% des lauréats seulement empruntant la voie de l’enseignement et de la recherche, est


un chiffre alarmant. Les quelques postes ouverts lors du concours d’admission pour les
professeurs assistants, n’est pas concordant avec la volonté du pays à former plus de
médecins, et de créer une faculté par région. D’autant plus qu’avec la détérioration du
secteur public et l’ouverture d’un secteur privé pour l’enseignement, le nombre de
démissions augmente, et le nombre d’enseignants au niveau national, stagne (59).

Nos propositions de réforme, surtout sur le plan de la formation, ne pourraient être


appliquées sans un recrutement conséquent d’enseignants chercheurs. Leur cursus aussi
doit faire l’objet d’une révision, afin de définir des objectifs de formation et d’exercice
plus précis que la règlementation déjà en vigueur. En parallèle, l’application du
partenariat public-privé sur ce point pourra passer par le recrutement de professeurs
vacataires.

Aussi, la formation du futur professeur ne doit pas se focaliser que sur l’aspect pratique
à l’hôpital. Des modules de pédagogie médicale et de leadership, doivent être enseignés
à des professeurs considérés comme mentors pour des milliers d’étudiants. Le transfert
de connaissance dans nos propositions passe avant tout par les qualités humaines,
primordiales à avoir pour chaque médecin, et pour chaque enseignant-chercheur.

6. Lutter contre la fuite des médecins à l’étranger :


Cette mesure ne sera possible que par la réalisation de l’ensemble des propositions
précédemment citées. En améliorant la qualité de formation et les conditions
d’exercice, principales raisons de départ actuellement, beaucoup de médecins qui
allaient pour la plupart quitter leur famille, et perdre du temps dans les procédures
d’équivalence dans d’autres pays, renonceront à l’émigration.

La multiplication des partenariats d’échange inter-universités, contribuera grandement


à l’amélioration de la qualité de formation des facultés de notre pays, tout en limitant
le départ définitif des étudiants désireux de suivre une formation « meilleure ». L’octroi
de bourses d’excellences pour échange inter-universitaire, permettra de contrôler
partiellement la fuite de ses médecins, tout en assurant une diversité de formation.
Conclusion :

Le bien le plus précieux d’une nation cependant pas sa réserve d’or et de devises
pour considérable qu’elle soit, ce n’est pas d’avantage, la richesse de son sous-sol
ou la puissance de son industrie, c’est la santé de son peuple…* Feu Sa Majesté le
Roi Hassan 2 que Dieu l’ait en sa sainte miséricorde. Partant de cette vérité et du
lendemain de l’indépendance la santé était et reste un objectif prioritaire au Maroc,
mais les efforts à fournir sont nombreux et doivent être repartis entre les différents
axes de développement : santé, éducation, infrastructure de base…

A travers ce travail on a donné de véritables indicateurs de performance et faire


écho aux directives et efforts entrepris 60 ans après l’indépendance.

On a aussi levé le voile sur l’intensification de la fuite des médecins un des


problèmes majeur et d’actualité qui nécessite une intervention sérieuse et surtout
urgente.

Aux porte d’une couverture sanitaire généralisée, et du projet d’une faculté par
région, il est primordial et d’améliorer les conditions de travail des médecins du
secteur public et d’accompagner le développement des facultés de médecine au
Maroc d’une refonte en profondeur de la santé, sur plusieurs plans, afin de garantir
l’efficience du système, et promettre un avenir meilleur pour notre pays et surtout
stopper l’hémorragie d’émigration des nouveaux lauréats.
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