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Chapitre 1

Introduction à la mécanique des sols


Chapitre 1
Introduction à la mécanique des sols

1.1 Objet de la mécanique des sols


La mécanique des sols est la science qui a pour but l'étude des propriétés physiques,
hydrauliques et mécaniques des sols. Elle forme avec la mécanique des roches et la géologie de
l'ingénieur la géotechnique qui représente l'ensemble des activités liées à leurs applications.

Par ailleurs, la mécanique des sols fournit aux constructeurs les données nécessaires tirées
d'essais de laboratoire et in situ (sur place) pour étudier les ouvrages de génie civil et de
bâtiment et assurer leur stabilité tant durant la progression des travaux qu'après leur mise en
service.

1.1.1 Domaines d’application


Les domaines d’application de la mécanique des sols sont nombreux et variés. Ils
concernent le domaine du bâtiment, ainsi que celui des travaux publics. En fonction des projets
de construction et d'aménagement envisagés, le sol peut avoir des utilisations multiples. Il peut
être un support de fondations d'ouvrages pour transmettre la charge globale vers une couche du
sol suffisamment stable et résistante, ou servir comme matériau de construction dans les
barrages, les chaussées et les digues en terre et les remblais routiers, ou contenir des ouvrages
souterrains tels que les tunnels, ou recevoir des matériaux à stocker tels que les déchets
industriels et nucléaires, ou bien servir à extraire les gisements tels que les minéraux, les
ressources énergétiques et les matériaux utilisés dans la construction. Ainsi, on peut résumer
les cas suivants :

• fondations des ouvrages : bâtiments, ouvrages d'art (ponts), ensembles industriels


(usines, silos, ...). Les sols n'ont pas tous la même capacité portante, on utilise deux
types de fondations : les fondations superficielles et les fondations profondes,

• ouvrages de soutènement : murs, rideaux de palplanches, …

• stabilité des pentes naturelles et des talus,

• terrassements : pour routes, autoroutes, voies ferrées, ...

• Voiries et Réseaux Divers "VRD" & chaussées,

• tunnels et travaux souterrains,

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• barrages et digues en terre,

• ouvrages fluviaux, portuaires et maritimes : fondations de quais, comportement des


brise-lames, …

• amélioration et renforcement des sols,

• hydrogéologie et protection de l'environnement

1.2 Définitions des sols


L'écorce terrestre est constituée de deux éléments essentiels, à savoir les sols et les roches.
Les sols sont des agrégats peu compacts, composés de minéraux, de matières organiques et de
sédiments. Ils peuvent être soit séparés en grains par une action mécanique relativement faible
(cas des sols pulvérulents, tels que les sables), soit déformés à la main (cas des sols cohérents,
tels que les argiles). La forme et la dimension des grains qui constituent ces sols sont variables
et influent essentiellement sur le comportement mécanique du matériau. En revanche, les roches
sont des agglomérats de grains minéraux fortement soudés entre eux et qui ne peuvent être
dissociés qu'après application de gros efforts.
Les sols résultent aussi des altérations naturelles soumises aux roches. Ces altérations
peuvent être physiques provoquées par la variation de température, les cycles de gel et de dégel,
ainsi que l'activité humaine, animale et végétale, ou chimiques dues à l'oxydation et la
carbonatation, ou bien mécaniques suite à l'érosion et le mouvement des vagues.
On notera donc que les sols sont des matériaux meubles, poreux, hétérogènes et par
conséquent anisotropes, c’est-à-dire qu'ils peuvent réagir différemment selon la direction
considérée.

1.3 Origine et formation des sols


L'étude de la provenance des sols appartient à la géodynamique externe, un domaine de
la géologie qui traite des processus de modification du relief des continents et des fonds
océaniques. Du point de vue de la géologie, la formation des sols n'est qu'une des étapes menant
à la formation des roches sédimentaires. Elle est associée à deux phases de l'érosion : la
météorisation de la roche superficielle et le transport des débris.

On note aussi que les sols sont également le résultat de la décomposition d'organismes
vivants, tels que les végétaux comme la tourbe ou animaux comme la craie.

1.3.1 Mécanismes de la météorisation


Comme il a été noté plus haut, la météorisation appelée aussi altération ou modification
de la roche comprend deux processus :

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• un processus mécanique de désagrégation physique qui ne modifie pas la structure des


minéraux de la roche. Les actions répétées et agressives des conditions climatiques
agissent sur les roches situées à la surface pour les fragmenter en une quantité de débris
plus petits. Parmi lesquelles on cite l'humidité et l'eau qui gèlent dans les minces fissures
de la roche et exercent une pression suffisante pour provoquer son éclatement. Les
cycles répétés de gel-dégel agrandissent les fissures et morcellent la roche en débris. Le
ruissellement des eaux de surface, l'impact dynamique de la houle, la pression des
glaciers et les variations des températures sont aussi des agents de désagrégation
physique.

• un processus chimique d'altération de la roche modifie et parfois même détruise la


structure minérale des roches. Sous certains climats, cette action est favorisée par la
présence de matières organiques. L'eau pure ou chargée de gaz carbonique est le
principal agent de dégradation qui attaque certains minéraux dont les feldspaths en
modifiant leur structure cristalline et les transforme en d'autres minéraux secondaires,
comme les argiles. Ce type de mécanisme est appelé hydrolyse dans le cas de l'action
de l'eau et carbonatation dans le cas de l'action du gaz carbonique. Il existe aussi
l'oxydation qui se manifeste dans des roches contenant du fer. Ces minéraux réagissent
au contact de l'oxygène présent dans l'air ou dans l'eau pour détruire leur structure
cristalline et conduire à la formation de minéraux dérivés.

1.3.2 Transport et dépôts


Les débris minéraux solides et les produits d'altération en solution résultant des deux
processus précédents sont emportés souvent par les agents de transport (le vent, le
ruissellement, les courants marins et les glaciers) et se déposent dans des bassins de
sédimentation. L'agent de transport couplé au mécanisme de dépôt déterminent les propriétés
des dépôts de sols. On distingue les dépôts suivants :

• dépôts alluvionnaires,

• dépôts lacustres,

• dépôts marins,

• dépôts glacières,

• dépôts éoliens.

1.4 Structure des sols


Le sol est constitué de particules ou grains solides entourées de vides qui peuvent contenir
de l'eau, de l'air ou un ensemble de ces deux fluides en proportions variables (figure 1.1). Il se
compose de façon générale de trois phases, à savoir :

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• une phase solide composée de grains et formant le squelette du sol. L'arrangement des
grains correspond à la structure du squelette. Si un échantillon de sol n'a pas la même
structure que le sol in situ, on dit qu'il est remanié. Au contraire, la structure est la même
et il est désigné par intact,

• une phase liquide composée de l'eau interstitielle. L'eau existe sous plusieurs formes
(eau de constitution, interfeuillets, liée et libre),

• une phase gazeuse contenue dans les vides et composée de l'air et éventuellement de la
vapeur d'eau.

Figure 1.1 : Constitution d'une portion de sol.

Il est à noter que les phases liquide et gazeuse sont contenues dans les vides. Si l'eau
remplit tous les vides, il n'y a pas d'air : le sol est dit saturé. Lorsqu'il n'y a pas d'eau, les vides
sont remplis uniquement d'air et le sol est dit sec. Par contre, lorsque les vides sont un mélange
d'air et d'eau : le sol est humide.

1.4.1 Sols grenus et sols fins


Il existe en pratique deux grandes catégories limites de sols (figure 1.2) : les sols grenus
et les sols fins. Entre ces deux familles, on distingue les limons (silts en anglais) qui possèdent
un comportement intermédiaire.

Figure 1.2 : Distribution dimensionnelle des sols d'après la classification d'Atterberg.

• Sols grenus ou pulvérulents appelés aussi granulaires car ils sont constitués d'un
empilement de grains relativement gros avec des diamètres moyens D > 20 µm visibles
à l'œil nu, comme le sable, le gravier, les cailloux, les blocs ou les enrochements et les
mélanges de ces matériaux comme le sable graveleux. Ces sols sont composés
essentiellement de silice (quartz), de calcaire ou d'autres roches ou minéraux inertes. Ils
sont caractérisés par une forte perméabilité et une absence de l'adhérence entre les
grains, ce qui rend ces derniers détachables les uns des autres sous leur poids et
s'écoulent facilement. Les principales forces intervenant dans l'équilibre de la structure

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sont les forces de pesanteur ; c'est par des réactions de contact grain à grain que
l'ensemble est stable. Lors d'un chargement externe, ces réactions engendrent des forces
de frottement entre les grains caractérisant la résistance au cisaillement du sol.
Par ailleurs, lorsque le sol est humide, l'eau est retenue par des forces de capillarité entre
les points de contacts des grains sous forme de ménisques. Ces forces créent entre les
grains des forces d'attraction capillaire lesquelles donneront au matériau une cohésion
capillaire qui permettent de souder relativement les grains entre eux. C'est le cas des
châteaux de sable qui restent debout sans qu'ils s'éboulent. Or, ces forces capillaires sont
négligeables devant les forces de pesanteur car le diamètre des grains est relativement
grand, ce qui les rendent lourdes.

• Sols fins ou cohérents avec des dimensions faibles par rapport à ceux des sols grenus
(D < 2 µm) tels que l'argile, la marne et les mélanges comme la marne argileuse.
Les argiles sont composées d'alumino-silicates hydratés associés à un ou plusieurs
cations de calcium Ca, de sodium Na, de magnésium Mg, de potassium K et du fer Fe,
lesquels tapissent la surface des grains solides chargées négativement. La présence de
l'un ou l'autre de ces ions modifie considérablement les propriétés des argiles. Ainsi,
une argile avec des cations Na aura des propriétés bien différentes d'une argile avec Ca.
Cela donnera une variété d'argile, telle que la kaolinite, l'illite et la montmorillonite.

De plus, les sols fins sont peu perméables et possèdent une forte cohésion entre ses
particules à cause des forces d'attraction capillaires qui deviennent prépondérantes. Elles
sont générées par la pellicule d'eau créée autour du grain appelée eau adsorbée ou eau
liée (figure 1.3). Ceci est dû à la valeur importante des surfaces des grains qui ont la
forme de plaquettes et qui sont formés d'un empilement de feuillets. Par conséquent,
les grains se collent les uns aux autres donnant au sol l'apparence d'un solide qui ne se
désagrège pas sous l'effet de la pesanteur ou d'autres forces appliquées. S'il est trituré,
le sol se met en mottes.

Figure 1.3 : Grain d'un sol fin.

Il est à noter qu'en général, les sols peuvent contenir une de ces deux catégories, comme
ils peuvent les englober simultanément sous forme de matériaux ayant des caractéristiques
intermédiaires comme l'argile sableuse ou le limon argileux.

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