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Volume 2 - Aufklärung et modernité philosophique : Foucault entre Kant et Hegel - ENS Éditions
ENS
Éditions
Lectures de Michel Foucault. Volume 2 | Emmanuel Da
Silva
Aufklärung et
modernité
philosophique :
Foucault entre
Kant et Hegel
Franck Fischbach
p. 115-134
Texte intégral
1 Il est pour le moins risqué de rapprocher Hegel et Foucault,
et ce dernier, après tout, nous a prévenus : « Toute notre
époque, écrit-il, que ce soit par la logique ou par
l’épistémologie, que ce soit par Marx ou par Nietzsche, essaie
d’échapper à Hegel »1. Foucault entendait évidemment dire
par là que sa propre entreprise était à ajouter au nombre des
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Notes
1. M. Foucault, L’Ordre du discours (leçon inaugurale au Collège de
France), Paris, Gallimard, 1971, p. 74.
2. Ibid., p. 75.
3. En ce qui concerne sa lecture de Hegel, Foucault a lui-même donné
quelques indications permettant d’en évaluer l’importance (relative) :
« J’ai commencé par lire Hegel, puis Marx, et je me suis mis à lire
Heidegger en 1951 ou 1952 ; et en 1953 ou 1952, je ne me souviens plus,
j’ai lu Nietzsche. J’ai encore ici les notes que j’avais prises sur Heidegger
au moment où je le lisais – j’en ai des tonnes ! –, et elles sont autrement
plus importantes que celles que j’avais prises sur Hegel ou sur Marx.
Tout mon devenir philosophique a été déterminé par ma lecture de
Heidegger. Mais je reconnais que c’est Nietzsche qui l’a emporté », « Le
retour de la morale » (1984), entretien avec G. Barbedette et A. Scala, M.
Foucault, DE, IV, p. 703. Retenons que si Hegel n’a pas eu pour le
« devenir philosophique » de Foucault l’importance déterminante de
Nietzsche ou de Heidegger, son importance fut néanmoins décisive pour
son devenir-philosophe, puisqu’il est le premier philosophe qu’il ait lu,
celui par lequel il est entré en philosophie, et cela grâce à Jean Hyppolite,
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Foucault Reader, New York, Pantheon Books, repris et traduit dans DE,
IV, p. 562-578, DE, IV, p. 574 (noté WE ?).
10. M. Foucault, « La vie : l’expérience et la science » (1985), DE, IV,
p. 765.
11. « C’est l’une des grandes fonctions de la philosophie dite « moderne »
(celle dont on peut situer le commencement à l’extrême fin du XVIIIe
siècle) que de s’interroger sur sa propre actualité », M. Foucault, QL ?,
p. 682.
12. Ibid.
13. E. Kant, « Beantwortung der Frage : Was ist Aufklärung ? »,
Berlinische Monatsschrift IV, n° 6, décembre 1784. Voir Kant, « Réponse
à la question : Qu’est-ce que les Lumières ? », trad. Heinz Wismann,
Œuvres philosophiques, publiées sous la direction de F. Alquié, Paris,
Gallimard (Pléiade), II (1985), p. 207sq.
14. Mendelssohn avait répondu avant Kant (mais Kant ne connaissait
pas cette réponse lorsqu’il rédigea la sienne) : « Über die Frage : Was ist
Aufklärung ? », Berlinische Monatsschrift, IV, n°3, septembre 1784.
15. M. Foucault, WE ?, p. 563-564.
16. Ibid., p. 564.
17. M. Foucault, QL ?, p. 680.
18. Il semble que Foucault ne soit que progressivement devenu conscient
de la nouveauté de la posture kantienne. Dans une conférence donnée le
27 mai 1978 à la Société française de philosophie (« Qu’est-ce que la
critique ? Critique et Aufklärung », publiée dans le Bulletin de la Société
française de philosophie, 84e année, n° 2, avril-juin 1990, p. 38-40),
Foucault voyait alors dans le texte de Kant Qu’est-ce que les Lumières ?
la mise en œuvre d’une « attitude critique » apparue dans l’Occident
chrétien à partir du XVIe siècle. Cette attitude critique visait à borner un
« art de gouverner les hommes » issu de la pastorale chrétienne et de la
recherche du Salut, mais largement laïcisé à partir de la même époque et
s’appliquant désormais à toutes les pratiques mondaines de l’homme.
Cette attitude exigeait ainsi l’examen critique des Écritures sur lesquelles
se fondait cet art de gouverner, subordonnait au Droit naturel les
législations positives qu’il produisait, et enfin opposait l’autonomie de la
subjectivité au pouvoir de l’autorité. La religion, le droit et la
connaissance : ce sont là justement les trois domaines abordés par Kant
dans son opuscule de 1784. Ainsi, selon Foucault en 1978, Kant hérite
plus qu’il n’innove. À partir de 1983 en revanche, Foucault aperçoit en
quoi Kant fait rupture : Kant est celui qui établit un lien conscient entre
philosophie, attitude critique et temps présent ; avec lui la critique
devient inséparable d’une interrogation sur le présent. Avec Kant, on
passe donc d’une attitude critique, propre déjà à l’âge classique, à un
êthos philosophique moderne consistant en diagnostic sur ce que nous
sommes aujourd’hui, ici et maintenant.
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son article « Une flèche dans le cœur du temps présent », dans le même
numéro de Critique voir note 31). Foucault et Habermas sont d’accord
pour considérer que la modernité est cette époque pour laquelle le fait
même d’être une époque se met à faire problème. Quant aux tâches qui
sont celles de la philosophie dans cette époque et à la manière dont peut
s’établir un rapport critique au présent, on peut en effet constater avec
H. L. Dreyfus et P. Rabinow de nombreuses divergences entre Foucault
et Habermas (voir les chapitres que ce dernier consacre à Foucault et à sa
théorie du pouvoir dans son Discours philosophique de la modernité,
p. 281-347).
31. J. Habermas, Le Discours philosophique de la modernité, trad. C.
Bouchindhomme et R. Rochlitz, Paris, Gallimard, 1988, p. 8.
32. Ibid., p. 5. Début juillet 1984, soit quelques jours après la mort de
Foucault, J. Habermas a consacré un article en forme d’hommage (« Une
flèche dans le cœur du temps présent », repris dans Critique n° 471-472,
août-septembre 1986) à l’interprétation par Foucault du texte de Kant,
Qu’est-ce que les Lumières ? Habermas cherche à déterminer comment
peut se concilier l’auto-inscription tardive de Foucault dans une tradition
moderne allant de Kant à l’École de Francfort avec la critique de la
modernité menée dans ses textes antérieurs. Aussi Habermas ne se
prononce-t-il pas ici sur la question de savoir si c’est bien avec Kant
qu’apparaît de manière pleinement consciente le rapport moderne de la
philosophie à son présent ; sur ce point, il se contente de prendre acte de
la thèse de Foucault : « Ainsi Foucault voit en Kant le premier
philosophe qui, tel un archer, pointe sa flèche vers le cœur d’un temps
présent, condensé et transmuté en actualité, et ouvre ainsi le discours de
la modernité », art. cité, p. 796. Mais Habermas tranche la question dans
ses leçons (publiées en 1986, mais tenues entre 1980 et 1984) sur Le
Discours philosophique de la modernité où l’on peut lire : « Les traits
essentiels de l’époque se reflètent comme dans un miroir dans la
philosophie kantienne, sans que Kant ait compris la modernité comme
telle. Ce n’est que d’un point de vue rétrospectif que Hegel [et Foucault !
– nous complétons] peut interpréter la philosophie de Kant comme
l’auto-exégèse décisive de la modernité » (p. 23).
33. J. Habermas, Le Discours philosophique de la modernité, p. 8.
34. Voir Kant, Le Conflit des facultés, section II, § 6, Œuvres
philosophiques, III, p. 894.
35. Hegel, Différence des systèmes philosophiques de Fichte et de
Schelling, trad. M. Méry, Gap, Ophrys, 1975, 4e édition, p. 86 (trad.
modifiée) ; Hegel, Gesammelte Werke, Hambourg, Felix Meiner Verlag,
1968, IV, p. 12 (noté GW).
36. Ibid., p. 158 ; GW, IV, p. 80-81.
37. Ibid., p. 88 ; GW, IV, p. 14.
38. Ibid., p. 88 (trad. modifiée) ; GW, IV, p. 14.
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