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Promotion « ILO »
(2003- 2008)
Présenté par :
Le 30 Juillet 2008
Présenté par :
A mes parents,
A mes frères,
A ma sœur,
A toute ma famille,
Rinah Zo
REMERCIEMENTS
Vu la fructueuse collaboration, témoignée par l’élaboration de ce présent Mémoire, de la part
de tous ceux qui, par leurs précieux conseils, leurs importantes directives et leurs valeureux soutiens,
nous ont apportés leurs aides ; nous ne saurions omettre de leurs adresser nos remerciements les plus
sincères.
Ainsi, notre profonde gratitude et reconnaissance vont à l’endroit de :
Qu’elle sache combien nous avons apprécié ses conseils judicieux et son soutien moral.
Qit Madagascar Minerals S.A. et tout le personnel, qui, par ses appuis financiers et
techniques, nous ont apporté une grande contribution dans la réalisation de cette étude. Nous leur
adressons nos plus vifs remerciements.
Tous les membres de notre famille pour leur soutien moral et affectif.
A tous ceux qui de près ou de loin, d’une manière ou d’une autre, ont contribués à
l’achèvement de ce travail.
Rinah Zo
ii
PRESENTATION DU PARTENAIRE
iii
RESUME
La volonté de promouvoir et d’appliquer une politique de développement compatible à
l’environnement a suscité la société d’extraction minière QMM. S.A. à mettre en œuvre un programme
de gestion environnemental rigoureux, en vue d’une amélioration permanente en matière de protection de
l’environnement. Ce travail intitulé « Etude écologique de l’écotone à Typhonodorum lindleyanum et à
Bruguiera gymnorhiza en vue d’un suivi environnemental et monitoring de la végétation de berge du
complexe lagunaire Lanirano- Evatraha » entre dans le cadre du programme de suivi environnemental de
QMM. L’objectif principal consiste à appréhender l’état actuel de la zone à travers une étude floristique
et écologique de la végétation ainsi que l’évaluation des menaces et pressions qu’elle subit ; ceci afin de
proposer un plan de suivi périodique et à long terme de la végétation.
La méthodologie d’approche est basée sur une revue bibliographique et une approche écologique
de la végétation. Cette approche écologique consiste, premièrement en une étude de l’habitat incluant
une description floristique et écologique de l’habitat et l’analyse du paramètre stationnel le plus
prépondérant du milieu; deuxièmement en une étude de l’interaction entre habitat et facteur stationnel du
milieu ; et enfin une évaluation des menaces et pressions sur l’habitat.
Les résultats des inventaires écologiques effectués sur la végétation de berge révèlent que celle-ci
est composée d’une flore généralement homogène et moyennement diversifié. Cependant une certaine
variation au niveau de la composition floristique est observée. L’abondance de quelques espèces
qualifiées de cryptophytes avec une proportion considérable d’hydrophytes telles Pandanus sp,
Typhonodorum lindleyanum, Typha angustifolia, Cyperus sp, etc. est remarquée. Par ailleurs, la
dominance élevée de Melaleuca viridiflora, une espèce qui se régénère très vite après le passage des
feux, témoigne de la forte intensité et fréquence de la pression anthropique liée au problème de feu sur
certaines stations.
En outre, l’analyse corrélative entre le facteur stationnel et la végétation a démontrée que le
facteur salinité constitue un facteur déterminant sur la distribution de la végétation. En effet, la méthode
de classification ascendante hiérarchique a permis de détecter quatre groupements végétaux dont chacun
est caractérisé par un intervalle de salinité propice au développement de quelques espèces dites
caractéristiques. Aussi, le mode d’agencement des espèces est expliqué par l’identification des espèces
les plus dominantes suivant six tranches de gradients de salinité. A partir de cette analyse de
correspondance entre espèces et salinité, sont révélés comme indicateurs biologiques reflétant le
caractère écologique du milieu les deux espèces Typhonodorum lindleyanum (ARACEAE) et Bruguiera
gymnorhiza (RHIZOPHORACEAE), le premier étant typiquement d’eau douce où la salinité ne dépasse
pas les 2‰, et le second d’eau saumâtre particulièrement où la salinité est comprise entre 7, 5 et 12, 5‰.
Afin de suivre le dynamisme et l’évolution de cet écosystème, un plan de suivi et monitoring
basé sur ces deux indicateurs est conçu. Ce plan de suivi permettra de suivre l’évolution de l’état de
l’environnement, d’évaluer l’efficacité des mesures environnementales déjà prises, et enfin de réajuster
ces mesures en fonction des résultats de suivi. Il considère trois éléments de suivi principaux qui sont:
suivi des paramètres stationnels du milieu, suivi de la végétation et suivi des menaces et pressions.
Ainsi, pour un maintien de la viabilité des écosystèmes naturels, un système de suivi simple et
efficient doit tenir une place prépondérante pour être en mesure d’assurer la gestion environnementale
dans toutes les activités économiques notamment en matière d’activité minière.
In order to follow the dynamism and the evolution of this ecosystem, a plan of vegetation
monitoring based on these two indicators is created. It’s allow to follow the evolution of the states of
environment, to estimate the effectiveness of environmental measures already taken, and finally, to
readjust those measures according to follow-up results. It considers three monitoring major elements:
monitoring of environmental parameter, monitoring of the vegetation and monitoring of threats.
So, for a maintaining of viability of the natural ecosystem, a simple and efficient monitoring and
follow-up system must play a predominant role to be in a position to ensure the environmental
management in all of economic activities more particularly as far as mining activities.
1.INTRODUCTION .............................................................................................................. 1
1.1.Contexte ....................................................................................................................................... 1
1.2.Problématique .............................................................................................................................. 3
1.3.Objectifs de l’étude ...................................................................................................................... 4
1.4.Hypothèses de l’étude .................................................................................................................. 4
2.PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE ............................................................................... 5
2.1.Milieu physique et cadre institutionnel ........................................................................................ 5
2.1.1.Situation géographique et administrative ............................................................................. 5
2.1.2.Climat ................................................................................................................................... 6
2.1.3.Relief et géomorphologie ..................................................................................................... 7
2.1.4.Géologie et pédologie .......................................................................................................... 7
2.1.5.Hydrographie ....................................................................................................................... 8
2.2.Milieu biologique ......................................................................................................................... 9
2.2.1.Flore et végétation................................................................................................................ 9
2.2.2.Faune .................................................................................................................................. 10
2.3.Cadre humain ............................................................................................................................. 11
2.3.1.Démographie ...................................................................................................................... 11
2.3.2.Principales activités de la population ................................................................................. 12
2.3.3.Utilisations locales des ressources ..................................................................................... 14
2.4.Menaces et pressions sur les ressources ..................................................................................... 15
2.4.1.Erosion des berges ............................................................................................................. 15
2.4.2.Persistance des feux ........................................................................................................... 16
2.4.3.Pêche .................................................................................................................................. 16
3.METHODOLOGIE .......................................................................................................... 17
3.1.Rappel de la problématique ........................................................................................................ 17
3.2.Rappel des objectifs ................................................................................................................... 17
3.3.Méthodologie ............................................................................................................................. 17
3.3.1.Investigation bibliographique ............................................................................................ 17
3.3.2.Cartographie ....................................................................................................................... 18
3.3.3.Reconnaissance sur terrain ................................................................................................. 18
3.3.4.Observations ...................................................................................................................... 19
3.3.5.Enquêtes et entretiens......................................................................................................... 19
3.3.6.Relevé de la végétation ...................................................................................................... 19
3.3.7.Mesure des paramètres stationnels ..................................................................................... 22
3.3.8.Traitements et analyses des données .................................................................................. 23
3.3.8.1.Analyse floristique et sylvicole.................................................................................. 23
3.3.8.1.1.Analyse structurale ............................................................................................ 23
3.3.8.1.2.Analyse de la régénération naturelle .................................................................. 26
vi
3.3.8.2.Traitements statistiques des données ......................................................................... 27
3.3.8.2.1.Etude de la similitude entre les stations ............................................................. 27
3.3.8.2.2.Classification ascendante hiérarchique .............................................................. 28
3.4.Limites et contraintes de l’étude ................................................................................................ 28
4.RESULTATS ET INTERPRETATIONS ................................................................................. 30
4.1.Synthèse bibliographique ........................................................................................................... 30
4.1.1.Terminologie ...................................................................................................................... 30
4.1.2.Particularités de la flore des eaux continentales de Madagascar ....................................... 31
4.1.3.Systématique et biologie des principales espèces .............................................................. 32
4.1.3.1.Typhonodorum lindleyanum Schott ........................................................................... 32
4.1.3.2.Bruguiera gymnorhiza Link. ...................................................................................... 33
4.2.Analyse écologique de la végétation de berge ........................................................................... 34
4.2.1.Analyse structurale............................................................................................................. 34
4.2.1.1.Structure floristique ................................................................................................... 34
4.2.1.1.1.Composition floristique ..................................................................................... 34
4.2.1.1.2.Richesse floristique ............................................................................................ 35
4.2.1.1.3.Diversité floristique ........................................................................................... 36
4.2.1.1.4.Type biologique et spectre biologique ............................................................... 36
4.2.1.1.5.Affinités biogéographiques ................................................................................ 37
4.2.1.2.Structure spatiale........................................................................................................ 39
4.2.1.2.1.Analyse horizontale ........................................................................................... 39
4.2.1.2.2.Analyse verticale ............................................................................................... 44
4.2.2.Analyse de la régénération naturelle .................................................................................. 47
4.3.Paramètres stationnels du milieu ................................................................................................ 51
4.3.1.Classification des valeurs de salinité.................................................................................. 53
4.3.2.Tendance évolutive de la salinité du milieu ....................................................................... 54
4.4.Menaces et pressions .................................................................................................................. 57
4.4.1.Le problème de feux .......................................................................................................... 57
4.4.2.Phénomène d’érosion ......................................................................................................... 58
4.5.Analyse correlative entre la végétation et la salinité de l’eau .................................................... 60
4.5.1.Similarité entre les relevés ................................................................................................. 60
4.5.2.Classification des groupements végétaux .......................................................................... 61
4.6.Etude des indicateurs de suivi et de monitoring ......................................................................... 65
4.6.1.1.Typhonodorum lindleyanum ........................................................................................... 67
4.1.1.2.Bruguiera gymnorhiza. ................................................................................................... 67
5.DISCUSSIONS ............................................................................................................... 69
6.RECOMMANDATIONS................................................................................................... 72
Plan de suivi et monitoring de la végétation .................................................................................... 76
Suggestions par rapport au suivi environnemental .......................................................................... 81
7.CONCLUSION................................................................................................................ 83
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES .................................................................................... 85
vii
TABLE DES ILLUSTRATIONS
viii
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Données climatologiques de la station de Fort Dauphin ............................................................6
Tableau 2: Récapitulatif des paramètres à relever......................................................................................21
Tableau 3 : Classe de fréquences ...............................................................................................................26
Tableau 4: Tableau floristique....................................................................................................................35
Tableau 5: Abondance absolue pour les espèces appartenant à la catégorie des phanérophytes ...............39
Tableau 6 : Recouvrement en % des espèces regroupé par type biologique ..............................................42
Tableau 7: Taux de recouvrement des espèces les plus abondantes...........................................................43
Tableau 8: Les jeunes bois les plus abondantes .........................................................................................48
Tableau 9: Surface terrière exprimée en % pour les espèces dominantes ..................................................48
Tableau 10 : Valeur d’importance de quelques espèces.............................................................................49
Tableau 11 : Variables descriptives de la teneur en sel du milieu..............................................................52
Tableau 12 : Résultats du test T de Student pour comparaison de 2 échantillons indépendants ................53
Tableau 13 : Les classes de salinité et leurs localités .................................................................................53
Tableau 14: Les espèces les plus dominantes par gradients de salinité......................................................64
Tableau 15 : Plan de gestion de l’écotone ..................................................................................................74
Tableau 16: Cadre logique des activités de suivi .......................................................................................77
ix
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1: Coordonnées géographiques des placettes d’inventaire ............................................................. I
Annexe 2: Station de prélèvement de salinité ............................................................................................. II
Annexe 3: Liste floristique .........................................................................................................................III
Annexe 4: Récapitulatif des types biologiques ......................................................................................... VI
Annexe 5 : Abondance de chaque espèce ................................................................................................. VI
Annexe 6: Dominance de quelques espèces ............................................................................................. VII
Annexe 7 : Tableau de fréquence absolue de toutes les espèces ............................................................. VIII
Annexe 8 : Individus par classe de hauteur ............................................................................................. VIII
Annexe 9: Individus par classe de diamètre ............................................................................................ VIII
Annexe 10 : Liste floristique de la régénération naturelle ........................................................................ IX
Annexe 11: IVI en % des jeunes bois.......................................................................................................... X
Annexe 12: Valeur de la salinité mesurée à la surface de l’eau ................................................................ XI
Annexe 13: Valeur de la salinité mesurée à 0,5m de profondeur .............................................................. XI
Annexe 14: Valeur de la salinité mesurée à 1m de profondeur................................................................ XII
Annexe 15: Classification hiérarchique ................................................................................................... XII
Annexe 16: The Nature Conservancy’s methodology ........................................................................... XVI
Annexe 17: Détermination de la viabilité............................................................................................. XVIII
1. INTRODUCTION
1.1. Contexte
Madagascar, cette île continent dans le sud- ouest de l’Océan Indien, figure parmi les pays
ayant une diversité biologique remarquable et des écosystèmes les plus riches au monde. Elle est
caractérisée par la grande diversité de sa topographie, de ses paysages et de son climat, qui a favorisé
une différenciation très remarquable de ses espèces végétales et animales dans des habitats naturels
très diversifiés. De par son originalité, sa richesse et l’exceptionnel endémisme de sa biodiversité, ces
habitats naturels renferment les éléments constitutifs de la diversité spécifique, écosystémique et
génétique, dont certains sont considérés comme «faisant partie des grandes priorités mondiales en
matière de conservation de la biodiversité et de préservation de l’environnement».
Ces spécificités sont dues aux contextes géologiques, physiques et géographiques propres au pays.
Effectivement, son isolement par rapport au continent africain lui a conféré une biodiversité originale
ayant cependant quelques affinités africaines et indiennes (MINENVEF et al, 2002). Cette insularité
précoce l’a mis à l’abri des invasions d’espèces nouvelles et a permis à sa faune et à sa flore, soit de
conserver leurs caractères archaïques, soit de se diversifier dans les différents milieux du pays tout en
restant isolé du reste du monde. Il y a ensuite sa position géographique, son étendue et son relief,
s’allongeant sur 1500 km du nord au sud, entre le onzième et le vingt-sixième parallèles. Cet
allongement en latitude et cet échelonnement d’altitudes se traduisent par une large gamme de
bioclimats très différents : du tropical chaud au tempéré frais, du subéquatorial au montagnard accusé,
du semi-désertique du Sud au saturé d’humidité des côtes nord- est (MINENVEF et al, 2002). A
chacun de ces bioclimats correspond une formation naturelle et une biodiversité faunique et floristique
qui lui sont particulières.
Cependant, ces ressources biologiques sont menacées de disparition et de dégradation du fait
des activités humaines. L’importance des pressions sur les ressources sont considérables au point
d’entraîner une destruction irréversible des écosystèmes naturels à moins de prendre des dispositions.
Malgré les efforts mondiaux en matière de conservation de la biodiversité, le processus de dégradation
des ressources naturelles ne fait que prendre de l’ampleur dans l’île, avec l’expansion démographique
et la paupérisation du monde rural, associées à des modes de production archaïques. Par conséquent, la
biodiversité continue de s’appauvrir et l’équilibre écologique continue d’être menacé.
S’étant engagée pour la protection de son environnement depuis la fin des années 1980,
Madagascar a adoptée des approches, pour faire face à cette problématique, approches qui évoluaient
d’une simple notion de conservation vers une notion de développement, compte tenu de la prise en
compte d’une utilisation durable des potentialités naturelles existantes. Actuellement, les politiques de
conservation sont axées sur des approches tendant à promouvoir différentes formes d’incitations
associées à la conservation des ressources naturelles, la notion de valorisation durable de la
biodiversité est de mise. L’engagement de l’Etat pour la cause environnementale est au plus haut
niveau dans une perspective de développement durable.
1
Introduction
Cet engagement s’est traduit, entre autres, par l’adoption de la Charte de l’environnement
comme loi de l’Etat, la ratification des conventions internationales, et la mise en place des institutions
spécifiques à la gestion de l’environnement (MINENVEF et al, 2001). L’adhésion du pays à la
Convention sur la Diversité Biologique à partir de 1995, ne peut que renforcer les différentes stratégies
et actions en vue d’atteindre les objectifs de conservation de la biodiversité.
Parallèlement, en vue d’une lutte contre la pauvreté, des options importantes de
développement et de relance économique ont été entamés au niveau national. En principe, ils
contribuent à plus de croissance économique globale et constituent des leviers pour accélérer le
développement et la réduction de la pauvreté, surtout en milieu rural. Ces programmes sont
essentiellement basés sur la valorisation des ressources naturelles du pays. Et comme ce dernier
présente de fortes potentialités en gisement minier sur des superficies relativement vastes, de
nouvelles stratégies visant le secteur minier ont été formulées, avec l’objectif global d’accroître la
contribution de ce secteur à l’économie nationale.
Par ailleurs, face aux impératifs de conservation de la biodiversité terrestre, lacustre, marine et
côtière, l’harmonisation « économique-écologique » (éco-éco) constitue l’une des diverses
préoccupations de l’Etat, qui sont d’ailleurs tracées dans le septième engagement du « Madagascar
Action Plan » ou MAP. Aussi, pour allier conservation de l’environnement et développement
économique, des composantes d’appui et/ou stratégiques qui contribuent aux objectifs de la gestion
durable de cette diversité biologique ont été mises en place. Les politiques, les stratégies et
instruments à l’exemple du Décret 95.377 du 23.05.95 qui stipule les procédures et législations
environnementales traduites par le texte sur la Mise en Compatibilité des Investissements avec
l’Environnement (MECIE) ou Etudes d’Impacts Environnementaux (EIE) sont mis en œuvre dans un
souci d’intégration des contraintes de gestion rationnelle de l’environnement au sein des activités de
production en vue du développement durable. Par conséquent, tous les projets quant à une éventuelle
exploitation des gisements devront être conformes à l’engagement de promouvoir et d’appliquer une
politique de développement compatible avec l’environnement. Alors, conformément aux études
d’impacts socio- environnementaux effectués par la société minière QMM, des programmes de suivi
environnemental doivent être mis en application afin de mieux appréhender les éventuels changements
environnementaux sur les sites d’implantation du projet (QMM, 2001). C’est dans cette optique que
s’inscrit la présente étude intitulée: « Approche écologique sur la dynamique de l’écotone à
Typhonodorum lindleyanum (ARACEAE) et à Bruguiera gymnorhiza (RHIZOPHORACEAE) dans le
complexe lagunaire Lanirano- Evatraha de Fort Dauphin ». L’étude a comme finalité d’assurer le
programme de suivi et monitoring à long terme de la végétation de berge en vue d’une gestion durable
du milieu. Spécifiquement, elle permet d’acquérir une connaissance approfondie sur les peuplements
végétaux du milieu et sur les paramètres écologiques qui les conditionnent, et de fournir des données
de référence pour l’identification des indicateurs appropriées aux objectifs du suivi à court et à long
terme.
2
Introduction
1.2. Problématique
La zone littorale de la partie orientale malgache, une zone exceptionnelle en matière de
richesse floristique, constitue un exemple probant en matière de diversité en bioclimats et en
écosystèmes. En effet, constituée de cordons de sables de dunes vives, de falaises et de complexes
laguno-récifo-mangroves (QMM, 2001), elle représente un ensemble d’habitats naturels tant terrestres,
aquatiques que marins
A l'instar des autres régions de Madagascar, celle d'Anosy est dotée de ressources fortement
diversifiées, et bénéficie d'avantages naturels en sus : deux climats différents constituant des extrêmes
qui lui attribuent des paysages, des types forts diversifiés de végétation et de forêts naturelles, allant
des bush aux grandes forêts primaires verdoyantes très riches en faune et flore. Mais cette région
dispose également d’un écosystème aquatique relativement étendue, réunissant un milieu dulcicole et
estuarien qui forme un système lagunaire appelé « Lanirano- Evatraha ».
Ce complexe lagunaire constitue l’un des milieux importants dans la zone du projet. En effet, il
servira de station de pompage pour l’alimentation en eau de l’usine d’extraction minière et également
pour l’approvisionnement en eau de la ville de Fort Dauphin. Cependant, l’utilisation d’une eau
saumâtre comme eau de dragage pourrait compromettre les activités de restauration écologique après
exploitation. En effet, une salinité éventuelle réduit les possibilités en matière de renaturalisation tant
en productivité qu’en choix des espèces (ANDRIANOELISON, 2001). D’où la nécessité de la
construction d’un seuil déversoir à l’embouchure du lac Ambavarano afin d’empêcher la pénétration
d’eau salée en provenance de la mer (QMM, 2001).
L’aménagement de ce seuil déversoir permet d’éliminer la circulation à deux couches qui rend
possible les échanges de sel et de sédiments entre le lac Ambavarano, la rivière Mandromodromotra et
la rivière Anony, occasionnant par la suite la transformation de l’eau saumâtre en eau douce.
Etant donné que la végétation constitue le reflet de l’état du milieu et que les caractéristiques
du milieu conditionnent le développement de la végétation, le changement d’un facteur de la station
peut affecter la structure et la dynamique de la végétation qui l’occupe. Selon RANDRIANTIANA
(2006), la variation du gradient de salinité constitue un facteur déterminant qui influence la
distribution des associations végétales le long de ce complexe lagunaire. La problématique qui se pose
est alors : « Est-ce que la modification du milieu affecte significativement la végétation riveraine
et aquatique du système lagunaire?». Suite à cette problématique, une connaissance approfondie des
peuplements végétaux du milieu, des paramètres écologiques qui les conditionnent ainsi que la
dynamique de cet écosystème est indispensable afin de pouvoir la gérer durablement. De plus, les
végétaux supérieurs aquatiques sont encore mal connus et très peu étudiés.
3
Introduction
Les objectifs spécifiques de ce travail sont définis dans les termes suivants :
- Etudier la phytosociologie et l’autoécologie des deux espèces en vue de les identifier comme
indicateurs du changement du milieu
- Elaborer un plan stratégique de gestion durable des espèces et des alternatives pour la
préservation de l’intégrité de l’écosystème.
4
PRESENTATION DE LA
ZONE D’ETUDE
Milieu d’étude
Située entre 24°57’31’’et 25°00’10’’ Latitude Sud et entre 46°59’01’’et 47°05’19’’ Longitude
Est, la zone d’étude est composée d’un écosystème fluvio- lacustre et estuarien qui forme, du coté
continental à l’embouchure, un complexe lagunaire où deux rivières d’importance, Lanirano et
Mandromodromotra, se déversent respectivement dans les lacs Lanirano et Ambavarano. En passant
par la rivière à méandre et par le lac Besaroy, les eaux rejoignent l’océan Indien via la rivière Anony.
Géographiquement, elle se localise dans la partie extrême sud-est de Madagascar, dans la
province de Tuléar, région de l’Anosy, district de Fort Dauphin. Elle est délimitée à l’Est et au Sud par
l’Océan Indien, au Nord par la province de Fianarantsoa, à l’Ouest par le massif montagneux de
Vohimena. Le district de Fort Dauphin constitue avec celui d’Amboasary Atsimo la région de
l’Anosy.
Classé en tant que propriété domaniale, l’ensemble de l’écosystème aquatique s’étend sur 590
ha, dont le milieu dulcicole représente 24 % (140 ha) de cette superficie et le milieu estuarien, 76 %
(448 ha). Deux communes rurales : Ampasy Nahampona et Mandromodromotra constitue le voisinage
immédiat de la zone d’étude. La commune rurale d’Ampasy Nahampona se trouve à 8km au nord de
Taolagnaro et celle de Mandromodromotra à 17km. Appartenant à ces deux communes rurales, les
villages d’Andranokana, d’Antetezambe, de Manakana, d’Ampiha, d’Ampotamalemy, d’Andrakaraka
et d’Evatraha se trouvent en bordure de ces plans d’eau.
5
Milieu d’étude
2.1.2. Climat
Les valeurs des différents paramètres climatiques pour la région, relevées sur une période de
20 ans, de 1979 à 1998, sont présentées dans le tableau suivant :
Tableau 1: Données climatologiques de la station de Fort Dauphin
Température °C 26,8 26,7 26,1 24,6 22,6 20,7 20,2 20,7 21,7 22,9 24,4 27,8 23,7
26,9 26,5 26,1 24,8 22,2 20,3 19,6 20,9 22,1 23,6 24,7 25,9
Pluviométrie mm 202 162 143 170 125 108 136 64 101 82 146 138 1545,5
244 193 127 129 164 103 123 75 44 88 95 129
Vitesse km/h 23 22 23 22 19 17 16 18 21 26 24 23 20,4
du vent 21 21 19 19 16 16 18 21 25 26 24 10
Humidité % 80 81 82 83 81 80 81 78 79 80 82 81 80,5
relative 83 83 81 81 80 79 79 78 79 79 79 82
Les températures sont plus fraîches avec des moyennes annuelles de 23,7 ºC. La température
moyenne du mois le plus froid (juillet) est de 20,3 ºC, et celle du mois le plus chaud (janvier) atteint
seulement 26,9 ºC. La température maximale enregistrée fut 32,6 ºC, en janvier 1981, et la température
minimale 14,1 ºC, en juillet 1992 (QMM, 2001). La faible variation des températures est typique des
zones côtières, où la température est atténuée par la proximité de l’océan.
D’une manière générale, l’ensemble de la côte est de Madagascar est soumise à l’influence
permanente du vent d’est dominant l’alizé qui apporte des pluies pendant toute l’année, donnant une
moyenne annuelle de 1545mm répartie sur 163 jours de pluie. La précipitation atteint son maximum
en mois de Janvier avec 244mm et diminue jusqu’à 64mm en Aout qui est le mois le plus sec.
La vitesse annuelle moyenne du vent se situe entre 19,6 et 23,8 km/h, pour une valeur
moyenne de 20,7 km/h. Le printemps (octobre et novembre) semble plus venteux que le reste de
l’année, avec des vents soufflant en moyenne à plus de 24 km/h.
Sur le versant oriental, l’humidité relative moyenne annuelle se situe autour de 80%. Elle
diminue légèrement en mois d’Août avec une valeur de 78% pour croître jusqu’à 83% en mois de
Janvier- Février.
6
Milieu d’étude
Ces paramètres climatiques (température et pluviométrie) peuvent être traduits par la courbe
ombrothermique de WALTER et LIETH (1967)
En conclusion, le climat de la région est du type tropical chaud et humide (KOECHLIN et al, 1974).
Les types morphologiques tels les plages de sable, les dunes littorales, les plates-formes de faible
hauteur (environ 2m) avec des grandes ondulations, les jeunes marécages et lacs et les jeunes terrasses
alluviales y sont rencontrés (QMM, 2001).
Sont rencontrés sur les bordures des plans d’eau, les sols peu évolués, peu humifères et hydromorphes
ainsi que les sols hydromorphes organiques ou sols à tourbe (QMM, 2001).
Du lac Lanirano à l’estuaire Anony, les berges sont constituées de trois types de matériaux :
- Les berges constituées de matière organique, qui sont principalement localisées le long de la
rivière à méandres ainsi que dans les parties est et nord-est des lacs. Ces berges, généralement
hautes de 0,20 à 0,40 m au dessus du niveau de l’eau, sont soit protégées par la végétation semi-
aquatique riveraine, soit directement exposées aux vagues et portant une végétation
exclusivement herbacée.
- Les berges de sédiments, principalement des sables fins, qui sont localisées principalement sur
les rives à l’ouest et au sud des plans d’eau ainsi que sur les rives concaves des méandres des
rivières. Elles sont généralement assez instables, sans végétation et sujettes à l’érosion. Les
sédiments sont des sables fins biens triés et finement stratifiés. La pente de ces berges varie
autour de la pente d’équilibre, de 30 à 40 degrés, et la partie supérieure de la berge est parfois
abrupte. Sur la rive nord de l’estuaire Anony, la section inférieure de la berge est constituée de
latérites dégradées. Toutes ces berges subissent l’érosion des vagues et des courants, surtout
durant les crues
- Les berges de gneiss (roche métamorphique ou roc), qui n’existent que dans quatre secteurs :
en bordure nord-ouest du lac Lanirano, à l’embouchure de la rivière Mandromodromotra, sur la
rivière Anony et à l’extrémité de la rive gauche de l’estuaire Anony.
2.1.5. Hydrographie
Les concentrations de solides totaux en suspension sont faibles, avec des teneurs inférieures à
5 mg/l (seuil de détection). Les concentrations en oxygène dissous sont le plus élevées dans les eaux
dulcicoles (comparativement aux milieux estuarien et marin), diminuant avec l’augmentation de la
salinité et la profondeur à la plupart des stations, quelle que soit la saison.
A l’approche du bassin Besaroy, l’espèce Typha angustifolia prend de l’importance, ainsi que
les cypéracées. Les typhas ont des particularités biologiques qui leur permettent d’assumer un rôle
écologique important : occuper les rivages vaseux des eaux douces et les surélever, en utilisant les
détritus organiques en suspension dans l’eau.
L’espèce de palétuvier, Bruguiera gymnorhiza, occupe le substrat sableux de la rive sud, à mi-
chemin de la rivière à méandres. Son habitat correspond aux sols sableux peu salés ou saumâtres, bien
aérés et bien drainés (WEISS, 1972 in QMM, 2001), surélevés par rapport au niveau de la mer
(KOECHLIN et al, 1974). Le palétuvier Lumnitzera racemosa, apparaît avant l’entrée au lac
Ambavarano. Selon LEBIGRE (1988) in QMM, 2001, Lumnitzera racemosa se trouve en lisière des
marais et en bordure des cordons sableux. Cette espèce d’arrière mangrove est caractéristique des
zones fortement dessalées (KOECHLIN et al, 1974).
9
Milieu d’étude
RAKOTONARIVO,2008 RAKOTONARIVO,2008
2.2.2. Faune
Le long du complexe lagunaire, la végétation des berges et les mangroves revêtent une grande
importance vitale pour les animaux aquatiques et dans le maintien de l’équilibre de l’écosystème
puisqu’elles constituent un habitat tant pour des espèces pélagiques dont les crevettes, les crabes et les
poissons, que pour les oiseaux et les reptiles. Les espèces Phragmites mauritianus, Cyperus
madagascariensis et Typha angustifolia servent d’abris, de nichoir et de lieu de ponte à certains
oiseaux.
2.2.2.1. Crustacés
09 espèces de crevettes ont été répertoriées, dont les Pénéides, qui ont plutôt des affinités pour
les milieux estuariens: Penaeus monodon, P. indicus, P. japonicus et Metapenaeus monoceros, et les
crevettes du genre Macrobrachium, d’affinité dulcicole : Macrobrachium lar, M. idella, M. idae et M.
equidens. Le crabe des palétuviers, Scylla serrata, une espèce euryhaline y est également présente.
10
Milieu d’étude
2.2.2.2. Poissons
13 espèces de poissons ont été rencontrées en milieu dulcicole et 52 espèces en milieu
estuarien (QMM, 2000), parmi lesquels les plus abondantes sont :
- des espèces dulcicoles qui ont pénétré dans le milieu estuarien telles que Tilapia nigra,
Ptychochromis oligacanthus, Ambassis commersonii, Bedotia geayi, Paratilapia polleni
- des espèces euryhalines telles que, Liza macrolepis, Mugil cephalus, Gobius fusca, Eleotris fusca,
Gerres acinaces, Gerres filamentosus qui font des migrations saisonnières.
- Deux espèces d’anguilles y sont également aperçues : Anguilla bicolor bicolor et Anguilla
mossambica.
Quatre espèces sont endémiques à Madagascar dont Bedotia geayi, Ratsirakia legendrei,
Ophiocara macrolepidota et Ptychochromis oligacanthus.
2.2.2.3. Reptiles
Le crocodile africain Crocodylus niloticus a été aperçu de façon hebdomadaire dans la rivière
à méandres et dans la rivière Mandromodromotra, à la limite entre les portions estuarienne et
dulcicole. A Madagascar, les populations sauvages de cette espèce sont classées dans l’annexe II de la
CITES (QMM, 2001).
2.2.2.4. Oiseaux
40 espèces ont été répertoriées dans le milieu lagunaire avec 20 endémiques à Madagascar,
dont 12 au niveau de l’espèce et 8 au niveau de la sous-espèce. L’habitat et l’alimentation de 17 de ces
espèces sont liés à la présence de plans d’eau estuariens ou dulcicoles, et aux ressources aquatiques,
alors que 12 espèces occupent des terrains ouverts ou dégradés (QMM, 2001).
La commune rurale d’Ampasy Nahampoana comprend 23 villages occupés par environ 3 400
habitants répartis en 635 familles. Celle de Mandromodromotra comprend 11 villages avec en
moyenne 2 800 habitants répartis en 515 familles (QMM, 2001). La région est caractérisée par une
population relativement jeune et à majorité rurale. Les tendances démographiques actuelles confirment
le doublement de population d’ici 2020 avec un taux d’accroissement moyen annuel de 2,9 %
(PRD, 2005).
11
Milieu d’étude
Par le fait que la population est installée près des lagunes, des rivières et de la mer, leur
activité économique principale repose essentiellement sur la pêche. La population est alors composée
majoritairement de pêcheurs. Mise à part la pêche, les villageois pratiquent également l’agriculture,
l’élevage, l’exploitation des produits de la forêt et des ressources naturelles en général.
2.3.2.1. Agriculture
L’agriculture représente la principale source de revenus de 80 % des villageois. L’économie
d’autosubsistance prédomine dans l’Anosy, le rendement des cultures y est resté faible du fait de
techniques agricoles dans une large mesure très traditionnelles, alors que la région dispose de
conditions agroclimatiques favorables à un bon développement agricole. A part le café et le litchi, les
cultures vivrières telles le riz, le maïs, le manioc sont les plus cultivées. Du lac Lanirano au lac
Ambavarano, les cours d’eau sont bordés de marécages dont la plupart sont transformés en rizières. Le
milieu étant très humide, certaines variétés de riz y poussent sans irrigation. Les cultures arbustives
fruitières qui sont généralement destinées à la cueillette sont également pratiquées par les villageois.
2.3.2.2. Elevage
Les bovins, les porcs et les volailles constituent les principaux cheptels d’élevage de la
population. Le zébu joue un rôle dans la vie rurale qui va bien au-delà de sa dimension économique, il
s’agit souvent d’élevage contemplatif.
2.3.2.3. Pêche
La pêche constitue l’activité principale de certains villages de la zone. Parmi les pêcheurs des
milieux dulcicoles, les villageois d’Amboanato, d’Ehoho, d’Andrakaraka et de Besarô, et quelques
habitants de Fort-Dauphin viennent pêcher dans les lacs Lanirano et Ambavarano.
12
Milieu d’étude
Elle se pratique dans le milieu dulcicole à l’aide de lignes et de filets dérivants ou fixes ou
d’une canne avec des petites pirogues. Dans le milieu estuarien, l’activité de pêche est relativement
intense et touche tous les villages qui bordent les eaux du système. Les espèces ciblées sont la
crevette, le crabe des palétuviers, les anguilles et autres poissons. La récolte est destinée à
l’autoconsommation et la vente.
2.3.2.4. Exploitation forestière
Produits forestiers ligneux
L’utilisation des produits de la forêt fait partie du quotidien de la population. La majorité des
villageois font la collecte de bois pour leurs besoins quotidiens : bois de feu pour la cuisson, bois pour
la construction des parcs à bœuf et des maisons. La coupe de bois pour la commercialisation (bois
équarri, planches,…) est de plus en plus pratiquée dans les villages à proximité de la forêt (QMM,
2001). L’espèce Barringtonia racemosa donne un bois blanc résistant que les villageois valorisent
dans leur vie quotidienne. Le bois de Rhizophora (voasiho lahy) est utilisé pour confectionner des
haies de piquets utilisées pour la pêche à la crevette (valambovo). Le charbonnage y est également une
activité très intense.
Produits forestiers non ligneux
- Plusieurs espèces végétales sont utilisées et peuvent avoir une certaine importance économique. Le
tressage de Mahampy (Lepironia mucronata) contribue considérablement au revenu familial. C’est
une activité spécifiquement féminine. D’autres espèces végétales sont également utilisés dans
l’artisanat pour la vannerie : confection et le tressage de nattes, de paniers, de sacs, de van, de
nasses ou de cordages à partir de fibres ou divers sous-produits tirés de Cyperus papyrus (Zozoro) ;
Cyperus latifolius (Herana) ; Eleocharis plantaginea (Harefo) ; Phragmites mauritianus et Typha
angustifolia (Vondro ou Massette).
Les plantes sont collectées dans les marécages environnants et transportés aux villages pour être
séchées et tressées. Les produits confectionnés sont vendus sur les marchés locaux ou auprès des
collecteurs qui passent dans les villages. Le produit de la vente est très important, sur le plan
économique, car il est souvent la seule source de revenus pendant la période de soudure
(QMM, 2001).
13
Milieu d’étude
L’arrivée de QMM a créée des emplois pour les populations riveraines des sites d’installation
du projet par l’embauche des mains d’œuvre locales. QMM emploie actuellement une centaine de
mains d’œuvre permanentes ainsi que des centaines de prestataires temporaires issues de la région.
Pour la phase d’exploitation qui commencera en 2008, la société prévoit d’embaucher 600 employés
permanents (QMM ; 2001).
- Les jeunes pousses de Phragmites mauritianus servent de nourriture au bétail. Le chaume sert
d’armature où sont disposés des panneaux fabriqués de Typha angustifolia pour la construction des
cases et des toitures. Le tronc et les feuilles de Ravenala madagascariensis servent également, sur
la côte est, à la fabrication de cases (QMM, 2001).
- Les pandanus sont utilisés pour le tressage des produits de vannerie. Entre 1200 et 1300 paquets de
feuilles de pandanus sont exploités chaque année à partir de la zone de Mandena pour les produits
de tressage (QMM, 2001). Les tiges de Scirpus pterolepis (vondro) sont très utilisées pour la
fabrication de nattes et de paniers, et les fleurs servent à bourrer des matelas et des oreillers. Ces
deux usages peuvent être privés ou commerciaux.
- L’écorce d’Hibiscus tiliaceus est exploitée sur une base privée et commerciale pour en extraire des
fibres pour le cordage.
14
Milieu d’étude
- D’autres espèces sont utilisées en médecine traditionnelle : Drosera madagascariensis, pour ses
qualités antispasmodiques et antitussives ; les tubercules de Nymphaea stellata, Potamogeton
natans, pour le traitement de diverses affections et maladies. Les extraits de quelques plantes sont
utilisés dans l’industrie pharmaceutique, c’est le cas de Centella asiatica qui est dotée de propriété
cicatrisante.
2.3.3.3. Navigation
Le cours d’eau est utilisé comme voie d’accès entre la pointe d’Evatraha et le lac Lanirano, à
bord de pirogues ou de petits bateaux à moteurs. Les villageois d’Evatraha empruntent la voie fluviale
pour transporter des charges, notamment du riz, trop lourdes pour être ramenées à pied du marché de
Fort-Dauphin. Entre 14 à 23 pirogues de pêcheurs naviguent journalièrement dans le système
lagunaire, contre 18 à 35 pirogues de marchandises. Quelques bateaux touristiques ont été également
observés. Le circuit en bateau dure quelques heures et comprend une excursion entre le lac Lanirano et
le village d’Evatraha, suivi d’une promenade dans le village et quelquefois jusqu’aux îles Lokaro. Près
de 1 000 touristes ont participé à cette excursion en 2000 (QMM, 2001).
A part les activités de pêche, le milieu dulcicole ne subit pas de pression significative liée à
l’exploitation de ses ressources. Toutefois, des phénomènes qui se manifestent peuvent constituer des
menaces et des pressions pour les ressources et peuvent porter préjudice à la végétation du complexe
lagunaire.
Le phénomène d’érosion concerne surtout les berges constituées de sables fins de la dune
frontale, par conséquent entraîne l’ensablement des rivages estuaires et lagunaires et provoque une
dégradation significative des écosystèmes à mangroves de certaines zones de la région. Les coulées de
sable aboutissent directement dans la rivière et détruisent la végétation riveraine.
RAKOTONARIVO,2008 RAKOTONARIVO,2008
Photo 6 et Photo 7 : Erosion active sur les versants de dune. Le sommet de la dune porte une
végétation exclusivement d’herbacée.
2.4.2. Persistance des feux
Chaque année, des milliers d’hectare de prairie sont brûlées suite à des tavy non contrôlés par
les villageois et aux feux de brousse pour le renouvellement des pâturages. Grignotant toujours un peu
plus les lisières forestières, ces feux provoquent une diminution progressive de la superficie de chaque
fragment d’écosystème. Poussé par le vent, le feu peut détruire une grande surface de la végétation de
marécage. La présence de troncs calcinés indique qu’une végétation forestière couvrait, encore
récemment, ces versants et que des incendies ont détruit la couverture végétale. La diversité
biologique diminue et seules les espèces les plus agressives, telle que Melaleuca quinquinervia ou
niaouli et les graminées résistent et se régénèrent après le passage du feu. En période sèche, le feu s’y
propage facilement étant donné la forte densité du couvert végétal.
2.4.3. Pêche
Les ressources aquatiques lagunaires représentent un intérêt économique important pour la
région. Cependant la pression de pêche sur la population piscicole a augmenté de façon considérable
au cours des dix dernières années pour l’ensemble des eaux intérieures de Mandena. En 1999, le
nombre de pêcheurs permanents, dont l’activité principale est la pêche tout au long de l’année, était
estimé à 60 dans le système lagunaire Lanirano-Anony. En 2002, il est estimé à 130 et la production
totale de poissons s’élève à 180 tonnes par an. De plus, les techniques de pêche sont inadaptées pour
une gestion durable de la pêcherie des poissons des lagunes. En effet les pêcheurs utilisent des filets à
mailles très fines (inférieures à 1cm) qui ne favorisent que la capture des juvéniles, d’où diminution de
la taille et de la quantité des poissons capturés (QMM, 2000). L’usage des sennes de plages est
également plus répandu qu’il y a dix ans. Cette méthode de pêche est plus destructive que le filet
maillant car elle permet de récolter tous les poissons rencontrés sans sélection.
16
METHODOLOGIE
Méthodologie
3. METHODOLOGIE
Cette étude a comme objectif général de constituer des données de référence et de définir par
la suite les indicateurs de suivi et de monitoring de la végétation pour que le suivi à long terme soit
assuré. La finalité à long terme en est d’appréhender l’évolution de ces formations végétales compte
tenu du changement des caractéristiques physico-chimiques du milieu.
- Etudier la phytosociologie et l’autoécologie des deux espèces en vue de les identifier comme
indicateurs du changement du milieu
3.3. Méthodologie
17
Méthodologie
Elles débutent dès la phase préliminaire de la recherche et s’effectue tout au long de l’étude en
vue de :
Collecter et Synthétiser les informations relatives au thème de l’étude notamment la biologie
et l’écologie des espèces étudiées, la sylviculture, la phytosociologie et l’autoécologie de ces
espèces, leurs valeurs biologiques et écologiques, leurs utilisations par la population locale, les
caractéristiques de la station…
La revue de la littérature permet non seulement de mieux connaître au préalable le milieu
d’étude et d’avoir un aperçu sur les informations pertinentes déjà publiées, mais également
d’avoir une assise bibliographique bien fondée de la recherche et de mettre en évidence la
méthode qui se montre la plus appropriée pour l’étude.
Recouper les informations relevées sur terrain et les comparer avec les résultats des études
antérieures. L’étude bibliographique effectuée durant la recherche permet d’assurer la fiabilité
des données à analyser. La documentation électronique via la visite des sites « web » est aussi
bien indispensable que les ouvrages imprimés.
Les mots clés utilisés pendant la recherche sont les suivants : Typhonodorum lindleyanum, Bruguiera
gymnorhiza, écosystème lagunaire, végétation de berge, phytosociologie, autoécologie, dynamique des
écosystèmes naturels, conservation, gestion durable, suivi environnemental, Fort-Dauphin, Région
Anosy, etc.
3.3.2. Cartographie
Les travaux cartographiques sont essentiels pour la situation géographique et le repérage de la
zone d’étude en général et de celle à inventorier. Elle permet, d’une part la délimitation et la
stratification de la zone d’étude avant la descente sur terrain, et d’autre part le recoupement
d’informations notamment sur l’évolution de l’habitat des espèces.
18
Méthodologie
3.3.4. Observations
L’observation constitue l’une des méthodes non négligeables d’appréciation du milieu. Des
observations directes dans le site d’étude ont été effectuées tout au long des travaux de terrain. Elles
ont porté sur l’état du site en général, sur le type de végétation dominant, sur les activités humaines y
pratiquées, sur les traces d’actions anthropiques notamment le feu.
Le dispositif expérimental sur le site étudié comporte 103 unités d’échantillonnage ou plots
qui sont des « Parcelles Permanentes d’Observation » (PPO) installés et réparties tous les 200m de part
et d’autre des 2 rives le long du complexe lagunaire Lanirano- Evatraha. Au total, la surface totale
inventoriée est de l’ordre de 1,03ha.
19
Méthodologie
RIVE GAUCHE
200m
10m
RIVIERE
Sens de l’écoulement
20
Méthodologie
Ind 1 x x x x x x x
Ind 2 x x x x x x x
Collecte d’écch
hantillons
Pour toutes les espèces recensées, des herbiers ont été récoltées afin d’avoir à disposition des
spécimens à conserver et qui serviront à l’identification des noms scientifiques de ces espèces. Pour
les individus stériles ne présentant ni fleur ni fruit au moment de l’observation, deux échantillons
herbiers ont été récoltés et numérotés. Pour les individus fertiles, cinq ont été récoltés. Ces
échantillons subissent des traitements :
- Mise en papier journal et attribution d’un numéro d’identification des herbiers
- Pressage à l’aide d’une presse-
presse herbier constitué de cartons, de feuillets ondulés d’aluminium
d’alu
et de sangles
- Séchage dans un séchoir électrique pendant 48 heures.
- Les herbiers traités font l’objet d’une identification de noms scientifiques et de familles par les
botanistes.
21
Méthodologie
Carte 2: Localisation des 21 stations de prélèvement de salinité (Source : QMM modifié, 2008)
22
Méthodologie
Elle a pour but d’étudier la structure floristique et la structure spatiale du peuplement afin
d’obtenir des indications respectivement sur les caractéristiques des espèces le composant
(RAJOELISON, 1997).
a. Structure floristique
Elle étudie la composition floristique et la richesse floristique
La richesse floristique : exprimant le nombre total d’espèces présents sur une surface donnée
(FOURNIER et SASSON, in RAJOELISON, 1997)
Diversité floristique : montrant la répartition des espèces entre les individus présents. Elle peut
être appréciée avec le coefficient de mélange et la diversité de SIMPSON (DAJOZ, 1996).
Le coefficient de mélange (CM) est donné par la formule :
S
CM =
N
2
ni
DS = 1 - ∑
N
Les affinités biogéographiques : révèlent les origines et les aires de distribution de chaque
espèce à l’échelle mondiale. La connaissance des affinités biogéographiques de chaque espèce est
très importante du fait que elle permet d’avoir une idée sur l’aptitude écologique chaque espèce à
s’adapter aux différents facteurs du milieu, et de prévoir ainsi les éventuels invasions d’espèce suite
au changement des caractéristiques du milieu même.
23
Méthodologie
Compte tenu des études entreprises par CABANNIS et CHABOUIS (1969), les affinités de la
flore malgache sont réparties dans les groupes suivants :
- Les espèces pantropicales : espèces dont l’aire de répartition s’étend sur tous les
continents de la zone tropicale
- Les espèces paléotropicales : espèces dont l’aire de répartition actuelle recouvre outre
Madagascar, l’Asie et l’Afrique
- Les espèces asiatico- malgaches : espèces dont l’aire de répartition recouvre Madagascar
et l’Asie
- Les espèces africano- malgaches : espèces dont l’aire de répartition s’étend sur
Madagascar et l’Afrique
- Les espèces africano- australo- malgaches : espèces dont l’aire de répartition s’étend en
Afrique, Australie et Madagascar
- Les espèces cosmopolites : espèces à vaste répartition et présentes sur tous les continents,
y compris Madagascar
- Les espèces endémiques : espèces dont la répartition géographique se limite à Madagascar
ou dans une région donnée de Madagascar.
Formes biologiques : ce sont les dispositions morphologiques par lesquels les végétaux
manifestent leurs adaptations aux conditions du milieu (climatique, édaphique) où ils vivent
(RAUNKIAER in RAZAFIMIZANILALANA, 1996). Dans cette étude, la classification des types
biologiques a été prise selon la définition de RAUNKIAER mais adaptée aux circonstances et
réalités sur terrain :
Les phanérophytes : les plantes (arbre, arbustes et arbrisseaux) dont les bourgeons se
situent entre 2 à 30m.
Les chamaéphytes: les sous-arbrisseaux, herbes et plantes subligneuses dont les
bourgeons se placent entre 0 et 50cm du sol.
Les cryptophytes : les plantes à organe pérennants souterrains (géophytes) ou situés
dans l’eau (hydrophytes). Ils peuvent être de trois sortes : les cryptophytes à bulbe, les
cryptophytes à rhizome et les cryptophytes à tubercule.
Les hémicryptophytes : les plantes basses à bourgeons pérennant situés au ras du sol.
Les thérophytes : les plantes annuelles passant la mauvaise saison à l'état de graine.
Les épiphytes : les plantes (lianes) dont les bourgeons sont situés sur la partie aérienne
fixés à une plante hôte jouant le rôle de support.
24
Méthodologie
b. Structure spatiale
- Analyse horizontale
Elle étudie l’abondance et la fréquence de chaque espèce, deux variables traduisant la stratégie
de conquête de l’espace correspondant à chaque espèce.
Abondance : permet d’estimer la densité floristique. Elle correspond au nombre de tiges dans le
peuplement (N/ha)
Abondance absolue : exprimée par le nombre de tiges dans le peuplement pour toutes les
espèces confondues.
Abondance relative : exprimée par le pourcentage d’une espèce par rapport au nombre total
de tiges, elle représente le mode de répartition des individus au sein des formations
végétales et est donnée par la formule de DAGET (1979) :
Dominance : donne une indication sur la surface occupée par l’ensemble des arbres.
Dominance absolue : obtenue par la formule :
Dominance relative : exprimée par le pourcentage de surface terrière occupée par une espèce
par rapport à la surface terrière de l’ensemble du peuplement (RAJOELISON, 1997). Elle est
obtenue par la formule :
D% = (Gi/G) x 100
25
Méthodologie
- Analyse verticale
Elle renseigne sur la stratification verticale du peuplement et comprend la structure des
hauteurs donnée par la distribution des individus par classes de hauteur. Elle est utilisée pour montrer
la strate d’appartenance de chaque espèce étudiée.
Elle a pour objectif de connaître le futur des communautés végétales à partir des capacités de
régénération des espèces. Elle est composée d’une analyse floristique, d’une analyse horizontale,
d’une estimation du potentiel de régénération et de la répartition spatiale de celle-ci. Pour le cas de
cette étude, seule la régénération naturelle des espèces ligneuses est étudiée. L’analyse est alors axée
sur les jeunes bois ayant un diamètre compris entre 0,5cm et 5cm de diamètre.
L’Indice de valeur d’importance qui permet d’apprécier l’importance de chaque espèce, elle
est donnée par la formule :
A % : Abondance relative
IVI (%) = A % + D % + F % Avec D % : Dominance relative
F % : fréquence relative
26
Méthodologie
Chaque station est décrite par la présence et l’absence de plusieurs espèces qui apportent
chacune une information sur les relations de ce relevé avec les autres. Symétriquement, l’écologie de
chaque espèce est décrite par la manière dont elle occupe, elle domine ou elle est absente des stations.
De ce fait, une étude de la similarité entre les espèces et entre les stations est nécessaire pour
appréhender et mettre en évidence l’affinité floristique entre les différentes stations.
Vu que la végétation remplit les trois conditions d’uniformité selon GOUNOT (1969) :
uniformité stationnelle apparente, uniformité physionomique de la végétation et uniformité de la
combinaison de certaines espèces ; l’utilisation de la matrice de SOERENSEN est appropriée à cette
analyse. Utilisant la liste floristique et le tableau de présence- absence, elle consiste à déterminer les
indices de similarité des stations prises deux à deux à l’aide de la formule suivante :
2C
PS =
A+B
P1 P2 ….. ….. Pn
P1 - PS1, 2 PS1, n
P2 PS2,1 - PS2, n
….. …. - ….
….. …. - ….
Pn PSn, 1 PSn, 2 …. …. -
27
Méthodologie
Cette matrice de SOERENSEN sera interprétée avec d’autre analyse statistique telle la
classification ascendante hiérarchique (ou « cluster analysis ») pour illustrer l’existence d’affinité
entre les stations.
Cette analyse dite multivariée vise à classifier une série d’observations en catégories, en
groupes ou en sous- ensembles en se basant sur des données statistiques. L’objectif en est de
distinguer les groupes issus d’une population ou d’un échantillon où les individus partagent les mêmes
propriétés. Cette méthode permet de prédire facilement les comportements ou propriétés d’une
population basée sur l’adhésion en groupes où tous partageant des propriétés similaires. Pour mieux
illustrer alors l’existence d’affinité entre les stations d’après la méthode précédente, les résultats issus
de l’analyse sylvicole sont classifiés par la méthode de classification hiérarchique ou « cluster
analysis », conduisant à l’obtention d’un dendrogramme.
Le relevé de certains paramètres pendant les travaux d’inventaire n’est pas toujours évident.
En effet, s’agissant d’une végétation à dominance d’herbacées et de chamaephytes aquatiques
ou semi- aquatiques, le prélèvement des coordonnées de chaque individu au sein des unités
d’échantillonnage n’a pas été rendu possible, ce qui ne permet pas l’élaboration du profil
structural et la répartition spatiale des individus d’une même espèce.
Le climat de la région étant caractérisé par une pluviométrie élevée pendant toute l’année, le
temps est donc parfois pluvieux et très nuageux, causant ainsi un biais au moment de
l’utilisation du GPS car l’interception de satellite est très faible, ce qui occasionne une perte de
temps lors du repérage des points à inventorier et limite la réalisation des travaux de terrain.
Le bateau constitue le seul moyen de déplacement fiable pour accéder à la zone d’étude, or ce
matériel est également utilisé par d’autres services au sein de QMM, et donc n’est pas toujours
disponible. Le temps imparti pour la réalisation des travaux sur terrain est de ce fait réduit et il
a fallu les planifier conformément à la disponibilité du matériel et les réaliser en une durée
restreinte.
28
Méthodologie
I
Q
U Végétation aquatique Application d’un programme Végétation de berge =
malgache = encore de suivi environnemental composante très
E
mal connue et très conformément aux EISE importante au point de
peu étudiée déposés à l’ONE vue socio- économique
Nécessité d’un suivi à court et moyen terme de la végétation pour mieux appréhender
son évolution
Objectifs : Mise en place d’un état de référence pour le suivi et monitoring de la végétation de berge
ETAT DE REFERENCE
ECOLOGIQUE
4. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
4.1. Synthèse bibliographique
Les recherches bibliographiques se résument à la connaissance de quelques notions
notamment sur la terminologie utilisée et sur la végétation en bordure des eaux continentales à
Madagascar.
4.1.1. Terminologie
a) Ecotone
Un écotone est une zone de transition écologique entre deux écosystèmes. Le passage de la
savane à la forêt, ou le passage d'une plaine alluviale à une zone non inondable constitue un écotone.
Comme dans le cas des biomes, la végétation joue un rôle important dans la caractérisation d'un
écotone, du fait de la marque physionomique prépondérante qu'elle imprime au paysage.
Un corridor biologique linéaire faisant l'interface entre deux milieux peut être qualifié d'« écotonial ».
La mangrove, qui n'est généralement présente que là où l'eau est salée, est un exemple particulier
d'écotone développant des fonctions écopaysagères particulières.
La notion de lisière est plutôt utilisée pour une description géographique ou paysagère des milieux,
alors que celle d’écotone l'est pour décrire le fonctionnement écologique de lisières complexes (et
normalement souvent mouvantes) dans le temps et dans l'espace. En écologie du paysage, la lisière est
surnommée un écotone (in www.wikipedia.org).
b) Phytosociologie
La phytosociologie est la science qui étudie les communautés végétales, en se basant au départ
sur des listes floristiques les plus exhaustives possibles.
Elle vise à étudier les relations spatiales et temporelles entre les végétaux. Mais, elle peut être
également considérer comme une discipline écologique ou géographique dans la mesure où elle ne se
contente pas de décrire des assemblages de plantes, mais étudie également les relations des plantes
entre elles et avec leur milieu de vie (climat, caractéristiques physico- chimiques de la station), ainsi
que leur répartition géographique. Ainsi, la reconnaissance des groupements végétaux révèle de
manière plus précise les fonctionnements écologiques locaux. Par conséquent, la phytosociologie peut
donc servir à la bioindication car certaines plantes sont des "indicateurs biologiques" de certains types
de terrains (acidiphile, calcaire, humide, sableux, etc.). Ces indicateurs précisent certaines variables de
l'environnement comme la lumière, la température, la continentalité, l'humidité du sol, le pH, la
quantité de nutriments dans le sol, la salinité. De ce fait, l’approche phytosociologique permet de poser
les diagnostics de l'état initial et de suivre l'évolution du milieu en relation avec la variabilité de ces
paramètres de l’environnement.
30
Résultats et interprétations
c) Autoécologie
L’autoécologie étudie l'influence des facteurs externes du milieu sur une espèce végétale ou animale
prise isolément. L’étude préalable du milieu est nécessaire pour définir les principales espèces
caractéristiques : celles- ci sont alors des caractéristiques de station. Ces dernières forment, grâce à
l’identité de leurs exigences, une association qui reflète fidèlement l’état du milieu local. Elle est
appréhendée par la détermination de la distribution de l’espèce en fonction des variations progressives
dans une direction donnée (gradient) des facteurs du milieu (GOUNOT, 1969).
Madagascar est une île montagneuse dont les sommets culminent à près de 3000m. Le relief
de l’île présente une asymétrie est-ouest, avec un versant oriental abrupt et un versant occidental en
pente plus douce. Cette dissymétrie a pour conséquence une variabilité climatique surtout au niveau de
la précipitation, d’où la distinction des quatre grandes régions climatiques malgaches.
La multiplicité de ces conditions locales (topographique, géologique, pédologique…) et la diversité
des facteurs en présence (température, humidité, pH, vent, vitesse de l’eau…) en interaction entre eux
créent, à Madagascar, une multiplicité d’habitats, propices à une flore riche et variée ; le milieu
aquatique n’échappant pas à cette règle.
Les milieux humides malgaches constitués de biotopes lentiques (lacs) et lotiques (rivières)
d’importance forment un réseau hydrographique bien développé et dense, avec une superficie totale de
1 030 000ha soit 2% de la surface du territoire malgache (RAHARIMALALA, 2008 in mg.chm-
cdb.net/biodiversity).
Constitué par les marais peu profonds, les bords d’étangs, les berges et les rives, les suintements et les
sources, les points d’eau temporaire et les abords de rizières, le milieu humide représente une
transition entre les domaines aquatique et terrestre. La végétation qui colonise les berges de ces zones
humides constitue une variante édaphique de la forêt littorale (« tropical littoral woodland ») et est
communément appelé une forêt marécageuse d’eau douce (« tropical fresh- water swamp forest »).
Ses frontières sont peu nettes et certaines plantes se retrouvent même dans les deux domaines voisins
montrant, selon l’habitat ou la saison, des formes différentes et présentant les caractères des végétaux
aquatiques ou paludicoles. Ces espèces sont considérées comme espèces ubiquistes et limitrophes.
Trois types de plantes fréquentent cette végétation de berge (ASHTON, 1973, in ELOUARD
et al, 2001) :
Les plantes aquatiques qui poussent en permanence dans le milieu liquide. Elles peuvent être
immergées, flottantes ou émergées. Leur structure et leur port sont adaptés à vivre dans l’eau.
Si le niveau de l’eau s’abaisse, les plantes peuvent survivre quelques temps en modifiant leur
port, mais meurent si le milieu s’assèche complètement.
31
Résultats et interprétations
Les plantes semi- aquatiques qui exigent une période d’inondation temporaire et se
développent donc dans les zones temporairement inondées ainsi que sur les bords des plans
d’eau permanents, les milieux gorgés d’eau ou encore dans les zones d’eaux peu profondes.
Les plantes terrestres hygrophiles qui se rencontrent normalement dans des milieux gorgés
d’eau ou humides et ne peuvent survivre que peu de temps lorsque le milieu est complètement
inondé.
Les milieux lotiques sont généralement plus pauvres en flore aquatique que les milieux
lentiques (ELOUARD et al, 2001). A ce titre, tout le long de la côte orientale de Madagascar, de Fort-
Dauphin à Fenerive- Est, des lagunes plus ou moins importantes séparées de la mer par des formations
dunaires couvertes de forêt littorale, sont fréquemment occupées par une végétation halophile
d’estuaire ou de marécage. Les espèces rencontrées y présentent des caractères adaptifs très variables,
apparentés aux végétaux terrestres et aquatiques. Dans les conditions favorables se rapprochant de
celles du milieu aquatique, elles sont constituées par des organes mous, bien verts, dépourvus de
cuticules, des stomates nombreux concentrés sur la surface inférieure des feuilles, des surfaces
foliaires développées (cas de la famille des ARACEAE) et une multiplication végétative active par
rhizomes ou bulbilles. Les feuilles sont persistantes, la reproduction sexuée aérienne est importante et
les fleurs à pigments violets et à pigments jaunes.
Règne : VEGETAL
Embranchement : PHANEROGAMES
Sous-embranchement : ANGIOSPERMES
Classe : MONOCOTYLEDONES
Ordre : ARALES
Famille : ARACEAE
Sous-famille : PHILODENDROÏDEAE
Genre : Typhonodorum
Espèce : lindleyanum
Nom vernaculaire : Via (Betsileo), Viha (Antanôsy), Mangibo (sakalava)
Nom français : Oreille d’éléphant
b) Biologie
Le Viha est une herbe vivace à tubercule, qui a l’allure d’un « bananier taro » pouvant
atteindre une hauteur de 2 à 4 m. Sa fausse tige couverte de vestiges de feuilles mortes de couleur
brune est surmontée de larges feuilles vertes dressées en panaché. La plante adulte porte, chaque
année, plusieurs inflorescences axillaires en épi. La fleur est supportée par un pédoncule de 40 à 50 cm
de longueur et 5 à 10 cm de diamètre. Elle est constituée de spathe de couleur blanche crème à
l’intérieur de laquelle se loge le spadice jaunâtre.
Règne : VEGETAL
Embranchement : PHANEROGAMES
Sous-embranchement : ANGIOSPERMES
Classe : DICOTYLEDONES
Ordre : RHIZOPHORALES
Famille : RHIZOPHORACEAE
Genre : Bruguiera
Espèce : gymnorhiza
Nom vernaculaire : Voasiho, Tangampoly, Tsitolona
Nom Français : Palétuvier noir, manglier noir
b) Biologie
33
Résultats et interprétations
Au point de vue systématique, les espèces qui colonisent le milieu aquatique se rencontrent
dans des familles très variées.
Par ailleurs, un même nom vernaculaire est attribué à plusieurs espèces, cas de l’espèce
« Hazombato » pour désigner à la fois Campylospermum obtusifolium (OCHNACEAE), Mapouria
aegialodes (RUBIACEAE) et Psychotria sp (RUBIACEAE).
Les noms scientifiques de certaines espèces, surtout ceux des espèces de la strate herbacée,
n’ont pas pu être définis. En effet, la non précision et l’incertitude dans la détermination des herbiers
sont dues en principe à l’état de nombreux échantillons qui sont trop jeunes ou trop
tro vieux ou même
stériles (à l’état végétatif ou plantule). Des codes tels que sp1, sp2,
sp2 etc. leur sont donc attribuées pour
pouvoir les différencier les uns des autres.
34
Résultats et interprétations
La prédominance des FABACEAE, des CYPERACEAE et des POACEAE illustrée par ce tableau
témoigne de la typologie d’une végétation constituée majoritairement d’herbacées aquatiques ou semi-
aquatiques.
35
Résultats et interprétations
36
Résultats et interprétations
Ces individus ne sont pas groupés mais dispersées d’entre le tapis herbacé. Les
mésophanérophytes
rophytes ne présentent qu’une infime proportion (1,6%).
Pour les chamaephytes : elles sont constituées majoritairement d’espèces herbacées et
subligneuses appartenant aux familles des FABACEAE, des ASTERACEAE, des POACEAE et des
ACANTHACEAE.
Pour les cryptophytes: les géophytes ayant des bourgeons au dessous de la surface du sol
sont très peu représentés et sont formés par quelques espèces de la famille des POACEAE. En ce qui
concerne les hydrophytes, elles sont plus fréquentes et constituent les 16,8% des
de espèces. Possédant
essentiellement des bourgeons dans l’eau, cette forme biologique regroupe les espèces appartenant
généralement aux familles de CYPERACEAE, d’ARACEAE, de TYPHACEAE, de PANDANACEAE, etc.
Pour les hemicryptophytes : la plupart des espèces appartiennent à la famille des FABACEAE
et des POACEAE.
Pour les lianes épiphytes : les espèces appartenant à la famille des LAURACEAE, des
COMMELINACEAE, des ANNONACEAE et des CONVOLVULACEAE constituent 6,4% des espèces.
Ce système de classification des types biologiques de RAUNKIAER se base essentiellement
sur le comportement biologique et morphologique des espèces face aux conditions climatiques,
édaphiques et physiques du milieu. Par conséquent, ces dernières jouent des rôles très importants sur
l’installation des espèces et leurs adaptations par rapport au changement du milieu. L’opposition, entre
végétaux vivaces et annuels, est nette, ceci signifie que les types récents sont annuels et qu’ils
représentent des envahisseurs
eurs pénétrant dans des milieux ouverts (cas des
es graminées dans les savanes).
savanes
37
Résultats et interprétations
- Les espèces africano- malgaches (24,19%%), ce sont les apports du continent africain qui eut
des communications prolongées avec Madagascar, jusqu’à la fin du tertiaire. Cette catégorie est
représentée essentiellement par les espèces d’herbacées appartenant aux familles des POACEAE
et des FABACEAE, des CYPERACEAE, etc.
- Les espèces cosmopolites (14,52%), rassemblant les espèces plurirégionales telles Typha
angustifolia (TYPHACEAE), Pycreus sp (CYPERACEAE), Mimosa pudica (FABACEAE)
Mascarenhasia arborescens (APOCYNACEAE) et Imperata cylindrica (POACEAE), etc. Ces
espèces cosmopolites sont des espèces colonisatrices de différents milieux et ont parfois une
tendance invasive en relation avec leur aptitude chorologique. Etant originaires de contrées
lointaines et possédant une forte capacité de propagation, elles peuvent prendre le dessus sur les
espèces autochtones.
- Les espèces australo-malgaches (1,61%), les souches de ces plantes se retrouvent en Australie.
La majorité des représentants sont naturalisées, tel est le cas du Melaleuca viridiflora
(MYRTACEAE).
- Les espèces communes à Madagascar et aux Mascareignes (9,68%), ce sont les mêmes
spécimens trouvés en Indo- Malaisie et qui ont pu effectuer des migrations entre les pays de
l’Océan Indien.
- Les espèces endémiques (3,23%), ce sont des espèces dont l’aire de répartition se limite à
Madagascar. La végétation de berge est pauvre au niveau endémicité floristique car elle ne
présente que deux espèces d’affinité malgache : Aphloia theiaformis (APHLOIACEAE) et
Ravenala madagascariensis (STRELITZIACEAE).
Beaucoup d’entre eux se sont naturalisées et sont même devenues des écotypes localisées.
Ceci pourrait être attribué au fait que Madagascar représente bien un pont géologique, géographique,
écologique et floristique entre les grands domaines de l’Est (Australie, Inde) et de l’ouest (Afrique du
Sud, Amérique du sud). En définitive, il s’avère que Madagascar est bien un ensemble de tout ce qui
l’environne de près ou de loin dans l’hémisphère sud, mais surtout une synthèse personnalisée de tous
ces apports.
L’étude de la répartition
rtition des plantes par milieu permet de dégager clairement l’importance des
influences extérieures et de noter la facilité de pénétration des étrangères dans divers domaines
(CABANNIS et al, 1969).
Le genre Pandanus domine le milieu, essentiellement dans la section eau douce, et compte
jusqu’à 500 individus à l’hectare. L’espèce Pandanus platyphyllus en est le plus abondant avec une
abondance relative de 23% sur l’ensemble de la végétation. Par ailleurs, au fur et à mesure d’entrer
dans la section estuarienne, les espèces de palétuviers comme Bruguiera gymnorhiza et Lumnitzera
racemosa sont abondantes avec 250
25 à 300 tiges par hectare.
En outre, l’espèce Melaleuca viridiflora,, qualifiée parmi les plus abondantes, est une espèce qui
colonise surtout les zones perturbées par les feux (vers l’embouchure de la rivière à méandre et en
bordure du lac Besaroy).
b) Dominance
L’évaluation de la dominance ou surface terrière est limitée seulement aux espèces dont le
nombre de tiges ont pu être comptés, ce qui exclut les espèces de la strate herbacée.
herbacée
Dominance absolue
Bien que la végétation soit typiquement hydrophytique,, la surface terrière des phanérophytes
ayant atteint au minimum 5cm de diamètre a pu être évaluée. Illustrant le degré de remplissage de la
formation végétale, elle est de l’ordre de 18,19m²/ha.. Parmi les familles inventoriées, les plus
dominantes sont celle des MYRTACEAE avec 28,9%
% de la surface terrière totale,
totale suivi des
PANDANACEAE (20%), des RHIZOPHORACEAE (15,3%) et des COMBRETACEAE (10,5%).
Dominance relative
Cet histogramme montre que, parmi les espèces appartenant à la catégorie des phanérophytes,
Melaleuca viridiflora (MYRTACEAE) est largement l’espèce ayant une dominance la plus élevée,
suivie de Pandanus platyphyllus (PANDANACEAE) et de Bruguiera gymnorhiza
(RHIZOPHORACEAE).
40
Résultats et interprétations
La dominance de la première espèce est attribuée à son fort envahissement dans les stations
récemment détruites par le feu. En effet, étant une espèce
esp capable de se régénérer
régénér après le passage du
feu,, elle colonise très vite les zones marécageuses surtout à l’entrée du lac Besaroy où certains
individus peuvent atteindre 30 cm de diamètre et 12m de haut.
Fréquence relative
La fréquence relative des espèces présentes dans au moins 40 plots, autrement dit le tiers de la
surface inventoriée, est présentée dans l’histogramme suivant :
Les espèces présentées dans cette figure sont comprises entre un intervalle de fréquence de 40
à 60%. Elles ont une plus large valence écologique car elles sont plus fréquentes dans le milieu.
L’état de population de chaque espèce ainsi que la distribution des nombres d’espèces dans un
intervallee de fréquence peut être appréciée avec la courbe de fréquence de RAUNKIAER
(RANDRIANINDRIANA, 2008).
200
41
Résultats et interprétations
Figure 9: Courbe de fréquence de toutes les espèces (établi selon le modèle de RAUNKIAER)
D’après
’après cette figure, les espèces de la végétation de berge appartiennent majoritairement à la
classe I regroupant les espèces ayant une fréquence entre 0 et 20%.
L’absence de la classe IV et V démontre que la fréquence de chaque espèce ne dépasse pas les
60%, ce qui laisse dire qu’aucune espèce n’est continuellement distribuée tout le long de la berge et
que chacune d’elles ont une exigence particulière vis-à-vis
vis vis du milieu. Leur présence est donc régie par
des facteurs stationnels.
D’après ce tableau, les cryptophytes que composent les géophytes et les hydrophytes sont les
plus abondants et recouvrent les 2/3 de la surface inventoriée ; suivi des hémicryptophytes et des
chamaephytes. Les thérophytes n’en occupent que 22 ± 2,48 %. Bien que les espèces classées dans ces
types biologiques n’ont pas la même hauteur, la comparaison de leur taux de recouvrement permet de
déduire que les espèces hydrophytes et géophytes sont les plus abondantes. En effet, ce sont les
espèces qui présentent une biologie particulière adaptée au milieu humide, lesquelles appartiennent
généralement aux familles des CYPERACEAE, des ARACEAE, des PTERIDACEAE et des POACEAE.
Les espèces les plus abondantes sont résumées dans le tableau suivant avec leurs taux de
recouvrement respectifs par rapport à la surface totale inventoriée.
Recouvrement Hauteur
Espèces Type biologique
(%) moyenne (m)
Typhonodorum lindleyanum Viha 33 2 Cryptophytes
Acrostichum aureum Harakaraky 32 2 Cryptophytes
Eleocharis plantaginea Harefo 30,8 1,5 Hémicryptophytes
Hypparhenia sp Tsingirifiry 30 0,5 Hémicryptophytes
Typha angustifolia Vondro 29 2 Cryptophytes
Xyris semifuscalus Forombato 26,3 1,3 Thérophytes
Panicum sp. Zama 25,7 1 Thérophytes
Cyperus polifera Beloha 25,7 1 Hémicryptophytes
Acanthospermum sp Fetsaho 23,2 0,8 Chamaephytes
Cyperus sp2 Vendrana 23 1,5 Cryptophytes
Ce tableau montre que la plante d’eau douce Typhonodorum lindleyanum (Viha) domine en
bordure des plans d’eau et présente un recouvrement moyen de 33% de la surface inventoriée. A part
cette espèce, les espèces Cyperus sp (CYPERACEAE, Vendrana), Eleocharis plantaginea (Harefo,
CYPERACEAE), Typha angustifolia (TYPHACEAE, Vondro) et Hypparhenia sp (POACEAE,
Tsingirifiry) sont également abondants. Il met surtout en exergue la manière dont les individus d’une
espèce occupent l’espace.
Combinée avec d’autres informations tels le nombre de tiges et le caractère de sociabilité des
espèces (individu solitaire, toujours en groupe, en touffes), le degré de recouvrement peut être un
complément de l’analyse de l’abondance particulièrement pour les espèces d’herbacées.
43
Résultats et interprétations
Il s’agit d’une formation végétale relativement basse dont la hauteur moyenne de la voûte est
de 6 à 8m avec quelques émergents comme Dicrostachys pocifoliata (FABACEAE), Melaleuca
viridiflora (MYRTACEAE) pouvant atteindre plus de 12m et dont le diamètre n’excède pas 25-30cm.
25
- Une strate supérieure entre 6 à 8m, relativement faible tant en nombre d’individus qu’en
espèce, et constituée
uée principalement par des espèces ligneuses telles Terminalia catappa
(COMBRETACEAE), Melaleuca viridiflora (MYRTACEAE) et Mimusops commersonii
(SAPOTACEAE). Cette structure haute n’est observée que sur quelques stations, plus
particulièrement sur les dunes fossiles.
44
Résultats et interprétations
- Une strate inférieure située à moins de 4m,, c’est la strate d’appartenance des individus non
ligneux, où dominent les espèces typiques des milieux humides telles Pandanus sp
(RANDANACEAE), Phragmites mauritianus (POACEAE), Typhonodorum lindleyanum
(ARACEAE), Ravenala madagascariensis (STRELITZIACEAE)
b) Structure totale
La structure totale renseigne sur la variabilité du nombre de tiges d’une classe de diamètre à
une autre et donne des indications sur les caractéristiques actuelles et la tendance évolutive du
peuplement (RAJOELISON, 1997). Elle est montrée par la figure suivante :
Ils sont essentiellement constitués par l’espèce Melaleuca viridiflora qui a envahi certaines
stations suite à la propagation des feux, ainsi que certains palétuviers qui abordent les rivières.
Cette courbe de distribution du nombre des individus par classe de diamètre montre que le
nombre de tiges par hectare est inversement proportionnel au diamètre des individus. Le tableau des
individus groupés par classe de diamètre est présenté en annexe (cf. Annexe N°6).
45
Résultats et interprétations
Les deux profils mettent en évidence l’existence de deux strates, néanmoins la tendance à la
monostratification est observée sur certains sites. La canopée se situe entre 4 et 5m. Les espèces les
plus dominants sont les hydrophytes tels Typhonodorum lindleyanum et Pandanus sp, ainsi que les
palétuviers : Bruguiera gymnorhiza, Barringtonia racemosa.
46
Résultats et interprétations
La régénération naturelle est l’ensemble des processus naturels par lesquels les individus se
reproduisent dans une formation végétale, par graines ou par multiplication végétative (ROLLET,
1963, in RANDRIANINDRIANA, 2008). La régénération prise en considération constitue les jeunes
bois de diamètre inférieur à 5cm et dont la hauteur ne dépasse pas 2m.
Les 34 espèces constituant les jeunes bois inventoriés sont réparties dans 23 familles et
30 genres. La famille des FABACEAE est la plus représentée avec 5 espèces identifiées. La flore est
relativement pauvre au point de vue floristique vu que la plupart de ces familles sont représentées par
une ou au plus deux espèces. La liste floristique est présentée en annexe (cf. annexe 7).
4.2.2.3.1. Abondance
L’abondance de la régénération naturelle est de 768 individus par hectare. Elle est très faible
par rapport au nombre d’individus de régénération dans les forêts littorales, ceci pourrait être dû la
difficulté de survie des jeunes plantules face à la forte densité du tapis herbacé. En effet, plus la
densité de la population est forte, plus la sélection naturelle entre espèces est rigoureuse.
47
Résultats et interprétations
Le nombre de tiges par hectare des espèces les plus abondantes est présenté dans le tableau
suivant :
Tableau 8: Les jeunes bois les plus abondantes
4.2.2.3.2. Dominance
La dominance absolue des jeunes bois est négligeable et équivaut à D= 0,46m²/ha. Quant à la
dominance relative de chaque espèce, elle est exprimée dans la figure suivante :
Tableau 9: Surface terrière exprimée en % pour les espèces dominantes
Dominance absolue Dominance relative
Espèces Familles
(m²/ha) (%)
Bruguiera gymnorhiza RHIZOPHORACEAE 0,15 32,05
Pandanus platyphyllus PANDANACEAE 0,14 29,97
Barringtonia racemosa LECYTHIDACEAE 0,03 6,48
Melaleuca viridiflora MYRTACEAE 0,02 4,90
Mapouria aegialodes RUBIACEAE 0,02 3,27
Mimosa latispinosa FABACEAE 0,01 2,98
Psorospermum revolutum CLUSIACEAE 0,01 2,69
Eliea articulata CLUSIACEAE 0,01 2,33
Lumnitzera racemosa COMBRETACEAE 0,01 2,28
Dracaena reflexa CONVALLARIACEAE 0,01 1,69
Ce tableau montre que, parmi les espèces appartenant à la catégorie des phanérophytes,
Bruguiera gymnorhiza (RHIZOPHORACEAE) et Pandanus platyphyllus (PANDANACEAE) sont
largement les espèces à dominance plus élevée. B. gymnorhiza est donc une espèce à la fois abondante
et dominante en terme de régénération naturelle.
48
Résultats et interprétations
4.2.2.3.3. Fréquence
Les espèces les plus fréquentes présentées dans la figure suivante sont celles
cell qui représentent
les 50% de la fréquence totale de toutes les espèces de régénération naturelle.
RAKOTONARIVO,2008
50
Résultats et interprétations
1
2005, 2006 et 2007 : Années précédant la construction du seuil déversoir, et donc considérées
considérée comme années de
référence où aucune modification significative de la salinité n’est encore perçue.
51
Résultats et interprétations
D’amont en aval, le milieu estuarien commence à l’entrée du lac Besaroy avec une salinité de
4,2 ± 0,9 ‰, en saison sèche comme en saison humide. A l’entrée du lac Ambavarano, elle est de
l’ordre de 7,5 ± 0,5‰ et accuse une diminution brusque jusqu’à 5 ‰ ou 6‰ en aval due au
déversement de la rivière Mandromodromotra à Ambavarano. Soumise à l’influence périodique de la
mer, l’eau de la rivière Anony est plus salée avec une concentration en sel variant de 15 à 20 ± 1,5‰.
L’évolution latérale de la salinité entre les transects selon les différentes profondeurs est illustrée par
l’existence d’un double gradient ou variation :
- une stratification haline selon la profondeur, autrement dit une salinité toujours plus élevée en
profondeur qu’en surface, ce qui constitue la particularité des milieux estuariens.
- des isohalines qui s’organisent en valeurs décroissantes de l’aval vers l’amont, ce qui laisse
penser que le gradient de salinité entre l’estuaire et les sources d’eau douce est bien marqué.
Cette variation en fonction de la profondeur de l’eau est illustrée dans la figure suivante :
Cette figure démontre que la teneur en sel augmente au fur et à mesure d’entrer en profondeur.
Cette tendance peut être expliquée par l’effet de la gravité entrainant les particules vers le fond.
Les caractéristiques statistiques des valeurs de salinité prises à trois profondeurs différentes
sont résumées dans le tableau suivant.
Ecart-type
Ecart-
Echantillons Effectif Moyenne Variance de la Maximum
type
moyenne
Salinité à la surface 21 3,17 23,17 4,81 1,05 18,60
Salinité à 0,5 m 21 3,83 37,50 6,12 1,33 22,40
Salinité à 1m 21 5,35 74,10 8,61 1,88 31,55
52
Résultats et interprétations
Quant à la comparaison de la salinité prélevée sur les deux rives, le résultat du test bilatéral
« T-test » montré dans le tableau suivant, permet d’affirmer qu’au seuil de signification α= 0,05 ;
l'hypothèse nulle d'égalité des moyennes de salinité des deux rives du plan d’eau ne peut pas être
rejetée. Autrement dit, la différence entre les moyennes de salinité de la rive gauche et la rive droite
n'est pas significative. Par conséquent, la variation de la salinité de l’eau du complexe lagunaire est
perçue longitudinalement d’amont en aval.
Les barres de salinité qui délimitent chaque classe sont présentées dans la carte suivante :
La mesure de salinité effectuée en mars 2008, année suivant la construction du seuil déversoir,
a révélé un changement notable de la salinité. Cette modification est illustrée par la figure suivante :
‰ Evolution de la salinité
40
35
30
25
20
15
10
5
0
S01 S03 S05 S07 S10 S12 S14 S16 S18 S20 Avant
Stations de prélèvement Après
55
Résultats et interprétations
Les enquêtes et entretiens effectués auprès des personnes ressources ont aboutit à vérifier les
menaces et les pressions sur le milieu. Les principales menaces et pressions sont consécutives aux
actions anthropiques comme le feu, à l’érosion de berge, à l’ensablement ou à l’envasement du fait
d’apports de sédiments dû à la dénudation du sol.
L’action destructrice des feux qui est fonction de son intensité, de sa fréquence et de sa durée,
s’exerce essentiellement sur la végétation ligneuse, principalement par la destruction des semis. Par
contre, bon nombre d’espèces herbacées survivent fort bien, les thérophytes parce que leurs graines
sont à l’abri dans le sol, les vivaces parce que leurs bourgeons sont protégés. Chez les graminéens
cespiteuses, les jeunes innovations, à l’abri des bases foliaires et des chaumes, se retrouvent intactes
après passage du feu. Ainsi, les feux agissent en inhibant le développement de la végétation ligneuse,
au profit des graminées, d’où la colonisation du milieu par ces dernières et la tendance à la
monospécificité de la végétation sur certaines stations. En effet, les parcelles incendiées en bordure de
la rivière à méandre sont actuellement couvertes par les espèces Typha angustifolia (TYPHACEAE,
Vondro) et Cyperus sp (CYPERACEAE, Vendrana).
Par ailleurs, les espèces vivant dans les savanes et prairies marécageuses présentent un certain
nombre de particularités structurales et biologiques : fréquence d’une couche subéreuse épaisse chez
les arbres, abondance des cryptophytes, floraison après le passage des feux. Ces diverses particularités
sont autant des caractères qui favorisent la survie des espèces, tant vis-à-vis du passage des incendies
que vis-à vis des changements des facteurs stationnels. Il peut donc être envisagé que l’existence d’une
flore « adaptée » au rythme annuel des feux pourrait résulter d’une sélection exercée par ceux- ci,
certaines espèces de la flore primitive ayant pu être éliminées (KUHNOLTZ-LORDAT in SCHNELL,
1971). Inhibant le développement de la végétation ligneuse au profit des graminées savanicoles, les
feux favorisent donc l’extension des espèces de groupements ouverts au détriment des espèces pré-
existantes (SCHNELL, 1971). L’abondance de ces pyrophytes, plantes qui, par leur structure et par
leur mode de vie (et notamment leur rythme annuel), sont aptes à supporter les feux et vivent dans les
formations incendiées, témoigne donc de la fréquence, de la durée et de l’intensité des feux que
subissent la végétation marécageuse de berge de Lanirano-Evatraha.
57
Résultats et interprétations
RAKOTONARIVO,2008
RAKOTONARIVO,2008 RAKOTONARIVO,2008
Photo 12 et Photo 13 : Tendance d’invasion du Melaleuca viridiflora (Niaouli) sur les zones de
passage des feux.
A l’extrémité sud-ouest du lac, la rive présente trois secteurs en érosion. Les dunes fossiles de
plus de 8 m de hauteur sont déstabilisées par la disparition partielle ou totale du couvert végétal
forestier, de sorte que les sédiments des versants glissent peu à peu dans le lac. L’absence de
végétation sur le versant permet de supposer que les glissements de sable sont relativement continus.
58
Résultats et interprétations
RAKOTONARIVO,2008 RAKOTONARIVO,2008
L’analyse différentielle permet de regrouper les relevés qui présentent entre eux le plus de
ressemblance au point de vue floristique. Obtenue à partir du tableau de présence- absence des
espèces, l’indice de SOERENSEN qui traduit le coefficient de similitude entre relevés pris deux à
deux se présente sous forme de matrice de similarité. En principe, deux relevés sont considérés comme
similaires s’ils ont un indice de similitude ≥ 50%.
D’après le résultat, il peut être conclut que la végétation est floristiquement homogène mais la
composition floristique varie beaucoup d’une parcelle à une autre. Cette variation peut être expliquée
par nombre de facteurs :
- D’une part, l’intensité des pressions telles la persistance des feux sur certaines stations
entrainant l’invasion des graminées et par conséquent la tendance à la savanisation et à la
monospécificité de celles-ci. De même, la conversion des berges en terrains rizicoles ont
souvent comme conséquence la colonisation des plantes rudérales. Ce phénomène est
surtout fréquent dans la rive gauche de la rivière à méandres près du village Andrakaraka.
Il se pourrait donc que l’affinité floristique entre certains relevés exclue la caractéristique
initiale de sa flore.
- D’autre part, la variation du gradient de facteur déterminant dans les différentes stations.
En effet, la variation de la composition floristique est présidée par le fait que chaque
espèce possède une amplitude écologique, au-delà de laquelle elle disparait.
60
Résultats et interprétations
Dans le cadre de l’analyse de la végétation, il s’agit de grouper les relevés pour mettre en
évidence des conditions écologiques particulières qui président à la reconnaissance de groupements
végétaux. Elles permettent de mettre en évidence comment les espèces sont – elles distribuées par
rapport aux gradients de milieu et les unes par rapport aux autres.
La classification des 103 relevés s’effectue selon la méthode de Ward en utilisant comme
variables la salinité du milieu et la présence- absence des espèces les plus fréquentes.
61
Résultats et interprétations
Niveau de
troncature
Figure 18 : Classification des 103 relevés selon la variable salinité et les espèces les plus abondantes.
62
Résultats et interprétations
La figure précédente indique que les individus se répartissent en 4 classes représentées par des
groupements caractérisées par une homogénéité au niveau du gradient de salinité et de la composition
floristique :
Groupement 1 : Zone à dominance de Typhonodorum lindleyanum, Hypparhenia sp, Scleria
angusta, Eleocharis plantaginea, Pandanus platyphyllus, Ipomoea purpureum, avec
quelques espèces de Barringtonia racemosa, Cyperus polifera,
polifera Pteridium sp et
Pycreus sp. Ce groupement végétal est abondant en bordure du lac Lanirano et sur une
portion de la rivière à méandre où la salinité est inférieure à 1‰.
‰.
Groupement 2 : Zone appartenant au domaine d’eau douce de la rivière à méandres (salinité moins
de 2‰) où dominent les espèces Typhonodorum lindleyanum,
lindleyanum avec Crinum
firmifolium,, Pandanus platyphyllus, Barringtonia racemosa, Ravenala
madagascariensis Panicum sp.
madagascariensis,
Groupement 3 : Zone à dominance de Typha angustifolia, Bruguiera gymnorhiza,
gymnorhiza Barringtonia
racemosa, Stenotaphrum dimidiantum, Hibiscus tiliaceus, Melaleuca viridiflora.
viridiflora Elle
constitue la végétation de berge à l’entrée au lac Besaroy jusqu’au lac Ambavarano où
la salinité avoisine le 4 à 9‰.
9
Groupement 4 : Zone à dominance de Bruguiera gymnorhiza, Hibiscus tiliaceus, Barringtonia
racemosa, Lumnitzera racemosa, Acrostichum aureum, Poupartia chapelieri, Cyperus
sp2. Cette association d’espèces est très fréquente en bordure de la zone estuarienne à
salinité élevée
élevé allant de 9 à plus de 20‰, comprenant l’embouchure du lac
Ambavarano, la rivière Anony jusqu’à la pointe Evatraha.
Au point de vue floristique, les deux premiers groupements sont plus similaires par l’existence
des espèces qui leur sont communes. En effet, l’espèce Typhonodorum lindleyanum est présente
simultanément dans le premier et le deuxième groupement avec une fréquence relative respectivement
élevée de 96,3% et 65,7%.
63
Résultats et interprétations
Chaque classe ou groupe résume toutes les tendances écologiques, géographiques ou autres
qu’ont certaines plantes à se grouper (DUVIGNEAUD, 1946 in GOUNOT, 1969). Conséquemment,
l’analyse de l’occurrence des espèces dans chacune des groupements permet de discerner qu’une
tendance est observée dans la structure et la composition de la végétation suivant un gradient
écologique. La partie amont, domaine dulcicole, est dominée par Typhonodorum lindleyanum, une
espèce typiquement d’eau douce, qui diminue progressivement en nombre au fur et à mesure
d’avancer vers le milieu estuarien. Plus en aval, entre les chenaux, sur les banquettes moins élevées,
les sols irrigués par des eaux salées sont occupés par Bruguiera gymnorhiza associées à d’autres
espèces halophiles telles Acrostichum aureum et Typha angustifolia.
Mais comment les espèces sont –elles distribuées par rapport à ce gradient du milieu et les
unes par rapport aux autres ?
Le tableau suivant permet de voir le mode d’agencement des espèces les plus fréquentes
variant suivant six tranches de gradient de salinité.
Tableau 14: Les espèces les plus dominantes par gradients de salinité
Conformément aux études d’impacts socio- environnementaux effectués par QMM, des
programmes de suivi environnemental doivent être mis en application afin de mieux appréhender les
éventuels changements environnementaux sur les sites d’implantation du projet. Dans cette optique,
l’objectif fixé est la caractérisation écologique des formations végétales de berge en vue d’établir un
état de référence écologique en vue d’un suivi et monitoring de la végétation longeant le système
lagunaire Lanirano- Evatraha. L’identification d’indicateur est un élément incontournable au
programme de suivi et monitoring.
Selon le protocole de suivi déposé à l’ONE, deux espèces végétales ont été identifiées comme
indicateur du milieu, soit Typhonodorum lindleyanum et Bruguiera gymnorhiza afin de suivre
l’évolution à long terme de la végétation dans le complexe fluvio-lacustre Lanirano – Evatraha. La
fréquence de ces deux espèces révèle qu’elles ne peuvent atteindre une certaine importance
quantitative que dans un intervalle de salinité.
65
Résultats et interprétations
D’après ces figures, une tendance est observée dans la structure de la végétation le long du
complexe lagunaire. En effet, dans les sections plus en amont où la salinité de l’eau est moins élevée,
l’espèce Typhonodorum lindleyanum domine. Tandis que le palétuvier Bruguiera gymnorhiza apparaît
à partir de l’entrée à Ambavarano et forme avec les autres espècess de palétuviers,
palétuviers une bande continue
jusqu’à la rivière Anony. Chacune de ces deux espèces dont l’un typique d’eau douce et l’autre
l’au affine
des eaux saumâtres, ont un habitat spécifique liée à la concentration de l’eau en sel.
sel Malgré l’existence
d’autres espèces halophiles, les deux espèces semblent être les plus illustratives de la variation
progressive dee la végétation liée gradient de salinité. Elles constituent donc un couple d’espèces
indicatrices du milieu et par conséquent peuvent servir de bio- indicateurs quant à la variation de la
salinité dans le système lagunaire.
66
Résultats et interprétations
Comportement écologique
Originaire de l’île de Zanzibar, Typhonodorum lindleyanum (ARACEAE) est une plante
tropicale vu sa forte présence sur la côte est de Madagascar. Cette espèce peuple les bordures de
marais d’eau douce, des embouchures des rivières de la côte Est jusqu’à 600 à 900m d’altitude. Elle
est également présente sur la côte Ouest et le centre dans des milieux humides ou le long des vallées
de basse altitude, mais avec une population moins dense.
Les individus de Typhonodorum sp se répartissent le long des gradients de salinité suivant une
courbe logarithmique tendant vers zéro et avec un coefficient de corrélation r²= 0,8419.
La concentration en termes de nombre de pieds par unité de surface amène à conclure que les
conditions du milieu : salinité nulle, profondeur moyenne de 1,2m ; sont idéales au développement de
la plante. La variation croissante de la salinité, du lac Lanirano jusqu’à Evatraha, est accompagnée
d’une diminution progressive du nombre d’individu de Typhonodorum sp, une espèce dulcicole.
Comportement écologique
Se répartissant sous les tropiques, domaine oriental qui couvre l'Océan Indien et l'Océan
Pacifique, et sur le littoral de la région Anosy, elle est une espèce à caractère beaucoup moins
maritime. Elle vit en effet communément dans les résurgences d’eau douce qui bordent la plage, elle
apparente également le milieu saumâtre ou salée des mangroves où le sol est perpétuellement gorgé
d'eau ; lagunes, deltas, marais maritimes. Elle se développe souvent à l'ombre des autres essences de
palétuviers. Elle s’installe sur des sols plus sableux, plus élevé par apport au niveau de la mer, donc
bien drainés et moins longtemps soumise à l’influence de la marée.
67
Résultats et interprétations
Elle occupe un domaine de transition à la limite des eaux et de la terre, et se trouve aussi bien
au milieu des Rhizophora que parmi les espèces terrestres telles l’espèce Acrostichum aureum.
La relation entre l’espèce et le gradient de la salinité est démontrée par la figure suivante :
R²= 0,30
Pour Bruguiera gymnorhiza, la tendance de la courbe est plutôt hyperbole (en cloche) avec un
préférendum situé entre 7,5‰ et 12,5‰. En effet, il s’agit d’une espèce de mangrove (BEENTJE et al,
in RABENANTOANDRO, 2007), donc qui nécessite à priori une fluctuation du degré de salinité pour
accomplir son cycle biologique. Inversement à l’espèce Typhonodorum lindleyanum, le nombre de
Bruguiera gymnorhiza augmente avec la salinité.
RAKOTONARIVO,2008
68
DISCUSSIONS ET
RECOMMANDATIONS
Discussions et recommandations
5. DISCUSSIONS
69
Discussions et recommandations
Bien que la construction du seuil déversoir ait débuté en Juillet 2007, et que depuis, une
variation considérable de la salinité est perçue, aucune modification des caractéristiques floristiques et
biologiques de la végétation n’est encore discernée actuellement. En effet, même si la végétation est
conditionnée par le milieu, un changement brusque des caractéristiques de ce dernier n’est distingué
chez la végétation qu’après une longue période où s’alterne une succession végétale.
La question qui se pose actuellement est « comment la végétation évoluera-t-elle dans le temps
et dans l’espace face la variation du paramètre salinité du milieu et à la forte intensité des actions
anthropiques ? ».
Seule la réalisation d’un suivi et monitoring périodique de la végétation, suivant une méthode
simple, efficace et rigoureuse et en se basant sur un état de référence écologique, permettra de suivre
son évolution spatio-temporelle. Dans cette optique, les espèces Typhonodorum lindleyanum
(ARACEAE) et Bruguiera gymnorhiza (RHIZOPHORACEAE) constituent des indicateurs biologiques
permettant de suivre l’évolution du milieu. En effet, la première est une espèce hydrophile qui se
répartit en bordure des rivières où la salinité ne dépasse pas les 2‰.
70
Discussions et recommandations
Au-delà de cette valeur, elle commence à se raréfier, ce qui signifie qu’elle est exclusivement
d’eau douce et que sa présence en un milieu donné renseigne sur la propriété de celui-ci. Elle est donc
une espèce caractéristique des milieux dulcicoles. Par ailleurs, en ce qui concerne la deuxième espèce,
elle est une espèce de mangrove nécessitant à priori une fluctuation du degré de salinité pour
accomplir son cycle biologique. Se répartissant en bordure des zones d’estuaire, elle est surtout
abondante dans les milieux où la salinité est comprise entre 7, 5 et 12, 5‰ et en constitue une espèce
indicatrice. La figure suivante illustre l’intervalle de tolérance des deux espèces vis-à-vis du facteur
salinité.
Figure 24: Box Plots illustrant le seuil de tolérance des deux espèces vis-à-vis de la salinité du milieu
71
Discussions et recommandations
6. RECOMMANDATIONS
Cette étude a mis en évidence l’état actuel de l’écotone à Typhonodorum lindleyanum et à
Bruguiera gymnorhiza. Il en ressort que, l’écotone constitue un écosystème remarquable où diverses
plantes halophiles allant des herbacées aux palétuviers ornent la bordure du complexe lagunaire. Cet
écosystème joue un rôle essentiel dans une optique socio-économique pour la région. En effet, il
procure d’importantes ressources pour la population : source tant en plantes médicinales, en matières
premières de la vannerie qu’en plantes comestibles. Cependant, nombre de menaces et pressions
pèsent sur ce biotope. Afin d’assurer donc une viabilité à long terme de cet écosystème, des mesures à
l’encontre de ces menaces et pressions s’avèrent nécessaires.
Les causes de la persistance des feux sont souvent complexes du fait de l'imbrication entre des
acteurs socioculturels d'une part et des facteurs liés aux systèmes de culture et d'élevage d'autre part.
Ses conséquences néfastes s'exercent non seulement sur l'environnement naturel mais se répercutent
directement sur les conditions de production agricole : érosion des sols jusqu'à devenir stériles,
tarissement des sources, ensablement des bas-fonds, moindre qualité du fourrage, etc. Vu sa gravité et
son impact, il faut mieux gérer les feux de brousse, pratique généralisée et répétitive à l'échelle du
pays. Cette action pourrait s’effectuer par une gestion appropriée des différents modes d'utilisation tels
les feux de contre-saison, les feux précoces, les feux contrôlés, l’installation de pare-feux, etc., de
façon à limiter autant que possible les conséquences sur l'environnement. Cette gestion du feu passe
nécessairement par la responsabilisation des collectivités locales à différents stades par le biais d’une
méthode d’approche adéquate : l’Information, l’Education et la Communication (IEC). Cette IEC
aboutira notamment à une meilleure analyse du phénomène feu, à l'élaboration des modes de gestion
appropriés et à la planification d’un contrôle et/ou surveillance de leur application.
Les phénomènes d'érosion dans les bassins versants dénudés entraînent un envasement rapide
des écosystèmes lacustres et estuariens. Pour y remédier, le recours aux procédés biologiques semble
favorable : ce sont toutes des techniques ou pratiques permettant de conférer au sol une résistance
accrue à l’attaque hydrique et qui utilisent essentiellement l’action de la végétation naturelle ou
cultivée. Elle assure une meilleure couverture des sols découverts. La végétalisation de dunes
dénudées par le biais de la plantation entre autres de légumineuses fixatrices d’azote telles Vetiveria
zizanoïdes et Tephrosia vogelli, pourra servir de plante de couverture tout en limitant l’érosion et
améliorant le sol.
72
Discussions et recommandations
Il est admis que les notions de gestion durable englobent la valorisation, en complémentarité
avec la conservation. La valorisation rationnelle des ressources naturelles peut constituer une des
mesures d’accompagnement pour la réduction des feux à travers la conscientisation sur les bénéfices
procurés par celle- ci. Mais, il faut dans ce cadre en maintenir la viabilité à long terme. Par
conséquent, l’optimisation des formes de valorisation est à améliorer dans l’esprit de durabilité. Les
objectifs permettant de réaliser cet axe sont :
Cet objectif vise à promouvoir certaines filières porteuses afin qu’elles puissent mieux
contribuer à l’amélioration des revenus de la population et augmenter les bénéfices des différents
acteurs. Les sous objectifs y afférents sont : d’améliorer la connaissance sur les filières des ressources
naturelles en vue de pouvoir renouveler et structurer les filières pour répondre aux besoins locaux et
nationaux sans qu’il y ait surexploitation des ressources ; d’inciter les opérateurs aux actions de
valorisation durable des produits non ligneux ; et d’adopter de systèmes de gestion durable des filières.
Il s’agit donc d’impliquer les communes, les communautés locales et les opérateurs dans l’exploration
d’opportunités d’un marché plus grand et de systématiser les études d’impact
Le tableau 15 résume les grandes lignes d’intervention en vue de la minimisation des menaces
et pressions sur le peuplement.
73
Discussions et recommandations
Les moyens de lutte -Amélioration de la qualité des milieux et la reconstitution DREEFT, ONG, -Intensité de la pression Court et
contre l’érosion sont d'une zone végétale QMM, Population -Fréquence de sols dénudés moyen terme
développés - Plantation d’espèces forestières sur les dunes locale, chercheurs
-Végétalisation des sols découverts et de dunes dénudées :
plantation de Vetiveria zizanoïdes
Des filières des -Analyse du marché des produits non forestiers DREEFT, ONG, -Circuit de distribution de la Court et
ressources sous- -Amélioration de la connaissance de la filière des produits PIC filière moyen terme
valorisées et sous- forestiers non ligneux pour pouvoir la redynamiser -Offre et demande sur le
utilisées sont -Renouvellement et structuration des filières marché
dynamisées Court et
-Implication des communes, les communautés locales et les DREEFT, ONG, -Plan de gestion respecté,
moyen terme
opérateurs dans l’exploration d’opportunités d’un marché PIC, Population -Existence des activités
plus grand. locale génératrices de revenu
74
Discussions et recommandations
Les activités de -Proposition des mesures d’incitation pour les opérateurs DREEFT, ONG, -Nombre de touristes annuel Court terme
valorisation durable de touristiques PIC, Population -existence d’infrastructures
l’écosystème tel -Développement de l’écotourisme locale hôtelières
l'écotourisme sont -Assurer les retombées pour la population
développées
-Mise en place des mesures d’incitation ONG, PIC, -Accroissement du revenu Court terme
-Renforcement, appui et encouragement de la capacité locale QMM, Population des ménages dus à
à utiliser d’une manière durable les variétés locales utilisées locale, chercheurs l’écotourisme
dans l’artisanat -Diminution des pressions
-Appui de la population à entreprendre des activités sur les ressources
attractives, génératrices de revenus
Un suivi périodique de -Mise en place d’un système de suivi périodique de la ONG, PIC, - Plan de suivi mis en œuvre Court et long
l’écotone est effectué végétation QMM, Population terme
-Cartes de suivi
locale, chercheurs
-Prélèvement des propriétés physico- chimiques de l’eau
-Bases de données sur le
-Mise en place d’un système de suivi des menaces et suivi
pressions
75
Discussions et recommandations
Le cadre logique des activités de suivi est présenté dans le tableau N°11. Il constitue les trois
éléments de suivi ci-après (cf. Tableau N°12) :
- Suivi des paramètres écologiques : axé essentiellement sur la mesure de la salinité du milieu
vu que c’est le facteur prépondérant par rapport à d’autres. Toutefois, il peut être complété par
l’observation des caractéristiques physiques de l’eau (niveau de l’eau, etc.). La mesure peut
s’effectuer mensuellement.
- Suivi de la végétation : effectué dans les 103 parcelles PPS où un inventaire floristique
intégral est réalisé, le suivi de végétation est effectué une fois par an et vise à apprécier
l’analyse floristique, le relevé des données dendrométriques et la distribution des deux espèces
prises comme indicateur du milieu. L’étude phénologique des deux espèces qui concerne la
détermination les périodes de la floraison, de la fructification et l’état de développement des
individus, peut servir de complément de données.
- Suivi des impacts anthropiques : qui doit être effectué une fois tous les ans. Il importe
généralement sur l’évaluation des types d’activités anthropiques lis à la menace,
l’identification des pratiquants, l’intensité, de la fréquence et de la durée des activités
anthropiques.
76
Discussions et recommandations
-Un état de référence sur la caractéristique de -Identifier les éléments QMM, -Peuplement de Typhonodorum Court et Long
la végétation est mis en place environnementaux sensibles Consultant, lindleyanum terme
-Une meilleure connaissance du milieu est -Apprécier l’état de l’environnement Prestataire de
assurée à un moment donné service -Peuplement de Bruguiera
-Les éléments faisant l’objet de suivi sont -Ressortir la caractéristique de la gymnorhiza
identifiés végétation
-Une typologie de la végétation selon le -Evaluer la tendance de la végétation
gradient de salinité est effectuée
-Les changements du milieu sont observables
dans les résultats du suivi
- La qualité des mesures et prélèvements -Identifier les impacts qui n’auraient QMM, -Niveau de dégradation de la Long terme
d’échantillons est assurée pas été anticipés Consultant, ressource
-Les données sont validées - Identifier les différents enjeux Prestataire de - Impacts réduits
-Le respect de l’application du PGES est - Vérifier le respect de l’application service - Importance et sévérité des
vérifié du PGES dégâts
-Voir la conformité des mesures
environnementales avec le PGES
77
Discussions et recommandations
- Des mesures permettant de lever les -Obtenir des informations et/ou de QMM, -Existence d’outils de prévision Long terme
contraintes sont identifiées et mises en renseignements permettant Consultant,
œuvre d’améliorer les méthodes de Prestataire de
-Des protocoles de suivi et de mesures sont prévision des impacts de projets service
optimisés similaires
-Un système de suivi est opérationnel -Rechercher des alternatives
environnementales les mieux
adaptés en fonction du diagnostic
de suivi
Planning du suivi
2008 2009 2010
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
Mission 1
Mission 2
Mission 3
Mission 4
Mission 1 : Mise en place d’un état de référence (diagnostic de l’état initial)
Mission 2 : Suivi de l’évolution
Mission 3 : Evaluation de l’efficacité des mesures environnementales
Mission 4 : Ajustement et optimisation des mesures environnementales en fonction des résultats de suivi
78
Discussions et recommandations
Fiches de suivi
QMM,
Evaluer la -Réalisation d’un -Abondance des Bordure du Une fois -Inventaire -EPI
Consultant,
communauté de inventaire individus lac Lanirano par année floristique sur un -Matériels
Prestataire,
Typhonodorum floristique et -Espèces fréquentes jusqu’à la au mois transect suivant dendrométriques
Agents de
lindleyanum phénologique -Indice de diversité rivière Anony d’avril l’axe longitudinal -Bateau ou canoe
suivi,
-Identification de -Taux de couverture contenant 103 -Presse-herbiers
Evaluer la Botaniste
la distribution de -Hauteur et diamètre placettes de -Fiche
communauté de Les
chaque moyen 10mx10m d’inventaire et de
Bruguiera coordonnées
communauté -Période de floraison, distantes de relevé
gymnorhiza géographiques
fructification 200 m
Suivi de la
des placettes
Caractériser -Réalisation d’un -Fragmentation -EPI
végétation
d’inventaire
l’habitat inventaire -Fréquence d’espèces -Prélèvements -Matériels
floristique invasives sont retenues dendrométriques
d’échantillons
durant toutes
-Quantification -Surface -Presse-herbiers
des individus -Richesse spécifique les activités -Bateau ou canoe
morts sur pied -Distribution des de suivi -Fiche
-Cartographie espèces fréquentes d’inventaire
des habitats -Cartes de localisation
des habitats
79
Discussions et recommandations
-Acquérir des - Mesure de la -Limite fictif entre eau Sur les deux Une fois QMM, Prélèvement de -Equipements de
données sur la salinité du milieu douce et d’eau saumâtre rives du par mois Prestataire, salinité sur un protection
salinité du milieu -Identification -Carte de gradient de complexe Agents de transect individuelle (EPI)
-Observer les des écarts de salinité lagunaire suivi comprenant -pH-mètre
Suivi propriétés salinité entre -superficie du milieu 21 stations -Fiches de
paramètres physico- deux périodes aquatique en eau douce équidistantes de prélèvement
stationnels chimiques de l’eau distinctes -Superficie du milieu 500 m de part et
-Observation du saumâtre d’autre des deux
niveau de l’eau -Carte mettant en rives
évidence les gradients
de salinité
-Inventorier les -Identification -Fréquence -Sur les Une fois QMM, Observations -EPI
types d’actions des parcelles -Durée berges de la par année Consultant, directes tout le -Matériels
anthropiques érodées -Intensité lagune Prestataire, long de la berge dendrométriques
-identifier les -Réalisation -Portée des activités -Sur les dunes Agents de Entretien avec la -Bateau ou canoe
Suivi des
pratiquants d’Cartographie -existence d’espèces suivi, population et/ou -Fiche d’enquête
menaces et
des menaces pyrophytes Botaniste, des personnes
pressions
-Observation des -Cartes de localisation Population ressources
traces d’actions des menaces et Bibliographie
anthropiques pressions
Note : Les stations qui ont été utilisées pour la caractérisation des milieux, pour l’étude de l’état de référence, seront conservées et valorisées en tant que
Parcelles Permanentes de Suivi (PPS) et l’échantillonnage de l’eau sera concomitant avec les périodes d’échantillonnage pour la flore aquatique.
80
Discussions et recommandations
Les 3 premiers facteurs doivent être classés dans les catégories suivantes selon la comparaison de leur
valeur avec celle obtenue à l’état de référence :
Très bonne : la valeur de toutes les variables de chaque facteur est «élevée»
81
Discussions et recommandations
Bonne : la valeur de chaque facteur est assez élevée et dont au moins un facteur se trouve
entre «bonne» à «mauvais»
Assez bonne : viabilité qui reflète au moins 2 valeurs «assez bonne», et une «mauvaise», avec
inexistence du rang «mauvais»
Mauvais: variante entre «bonne» à «mauvais» avec au moins deux facteurs ayant une valeur
«mauvaise»
Quant au 4è facteur : toutes les menaces et pressions identifiées sont classées selon l’envergure
(étendue géographique de la menace) et la sévérité (intensité) des dégâts, et sont classées dans les
catégories suivantes : « très élevé», « Elevé», « Moyen » et « Basse» (même manière que
précédemment). Une fois classifiée, tous les facteurs sont croisés dans un tableau afin de déterminer la
viabilité résultante de l’écosystème considéré. Pour ce faire, un tableau est proposé en annexe.
(cf.Annexe N°17)
Cette approche permettra de détecter sur quel critère prépondérant repose la viabilité d’un
écosystème donné. De ce fait, elle permet de réajuster les critères qui semblent entrainer vers la non-
viabilité de l’écosystème en mettant en œuvre un plan de gestion axé sur l’amélioration de ceux- ci.
82
CONCLUSION
Conclusion
7. CONCLUSION
Afin d’atteindre les objectifs de l’étude, une méthodologie d’approche diversifiée a été
adoptée, notamment la cartographie de la zone d’étude, la revue bibliographique, l’entretien avec des
personnes ressources et l’inventaire écologique. Cette dernière consiste à la fois à observer et prélever
les paramètres stationnels du milieu et à effectuer l’inventaire floristique de la végétation. Ces deux
types de prélèvement sont effectués sur des parcelles permanentes d’observation dont le nombre
d’unités d’observation est de 21stations pour le paramètre stationnel, et 103 placettes avec une surface
de 1,03 ha pour l’inventaire. Ces unités d’échantillonnage sont distribuées de part et d’autre des rives
tout le long du complexe. Enfin une évaluation des menaces et pressions sur l’habitat a été effectuée.
Les résultats ainsi obtenus ont été traités statistiquement en utilisant le « test T de Student » pour la
comparaison des moyennes de la salinité, la similitude de SOERENSEN pour l’évaluation de
similarité entre les stations, la classification ascendante hiérarchique ou « cluster analysis » pour la
recherche de groupements végétaux correspondant au facteur du milieu.
83
Conclusion
Parmi ces 4 groupements, deux (2) d’entre elles sont remarqués par une dominance élevée de
Typhonodorum lindleyanum, une espèce dulcicole et les deux restants par celle de Bruguiera
gymnorhiza, une espèce estuarienne ; ce qui laisse dire que ces deux populations caractérisent la
différenciation de l’ensemble de la végétation.
Par ailleurs, l’étude du paramètre salinité a évoqué un double gradient de variation : une
variation verticale suivant la profondeur de l’eau et une variation longitudinale tout le long du
complexe lagunaire. La salinité la plus élevée étant observé à la rivière Anony avec une valeur de
19,95‰. C’est cette fluctuation de la salinité qui conditionne la présence de d’une végétation
dulcicole en amont et halophile en aval. Vu sous cet angle, le changement de la salinité peut engendrer
une modification du dynamisme de la végétation. Par conséquent, la mise en place de l’infrastructure
« seuil déversoir » dont la fonction principale est d’éliminer ce flux de salinité entre les rivières et les
lacs, et donc de rendre la zone en amont du lac Ambavarano en eau douce ; ne peut qu’engendrer un
impact sur la propriété de la végétation. Afin de suivre cette évolution de la végétation, la présente
étude offre comme point saillant de constituer un état de référence par rapport à laquelle l’évolution va
être appréhendée. Certainement, les menaces et pressions identifiées dans certaines zones vont
également concourir à modifier le cortège floristique de la végétation. D’où, un plan de suivi est conçu
pour pouvoir estimer d’une façon périodique les éventuelles tendances de la flore par rapport à ces
facteurs de variation. Ce plan de suivi est décliné en 3 éléments de suivi fondamentaux : un plan de
suivi des paramètres stationnels dont le sol, l’eau, la salinité, etc. ; un plan de suivi et monitoring de la
végétation avec comme indicateur de suivi les deux populations de Typhonodorum lindleyanum et de
Bruguiera gymnorhiza, et enfin un plan de suivi des menaces et pressions telles le feu, l’érosion, etc.
A chacune de ces trois éléments de suivi, des indicateurs de suivi sont assignés. Il s’agit d’indicateurs
mesurables et comparables qui serviront d’apprécier les éventuels écarts entre deux périodes de suivi.
Certes, cette étude tient une place prépondérante dans le programme de suivi et monitoring de
la végétation entamé par QMM, cependant, elle ne prétend pas être complète. En effet, elle constitue
seulement l’étape initiale incontournable de la planification du suivi, et de ce fait doit être complétée
ultérieurement avec une étude basée sur la modélisation de la tendance évolutive de la végétation de
berge de Lanirano- Evatraha, une étude qui ne peut pas être séparée des résultats du suivi de
l’évolution à court, moyen et long terme de la végétation.
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