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Chapitre 1.

Filtres Analogiques

1.1 Catégories et gabarits de filtre :


L’objectif primordial des filtres est de différencier entre les bandes fréquentielles et par là, la
sélectivité fréquentielle est la méthode la plus commune pour classer les filtres. Les types passe-bas,
passe-haut, passe-bande, et coupe bande, sont les catégories de filtres qu’on obtient.
Si un filtre passe-bas existe, il doit complètement éliminer les signaux au-dessus de la fréquence de
coupure et faire passer parfaitement les signaux au-dessous de celle-ci. Les filtres réels n’ont pas de
caractéristiques idéales. Les transitions verticales séparant la bande passante de la bande éliminée du
filtre, ne peuvent être construites pratiquement. Tous les filtres requièrent une région ou une bande
de transition de la bande passante vers la bande éliminée ou filtrée.

1.1.1 Filtres Passe-bas


La figure 1.1 montre une réponse typique d’un filtre passe-bas utilisant les spécifications du gain et
de la fréquence, nécessaires à la conception du filtre. La rangée fréquentielle du filtre est divisée en
trois bandes. La bande passante est la rangée de fréquences dans laquelle la réponse d’amplitude ne
doit pas dépasser apass, le maximum d’atténuation tolérée. La bande passante s’étend de la fréquence
nulle (DC) jusqu’à la fréquence limite fpass (ou fcoupure).
La bande d’arrêt est la rangée de fréquences dans laquelle la réponse d’amplitude doit arriver à astop,
l’atténuation minimale à considérer. La bande d’arrêt s’étend de la fréquence limite d’arrêt fstop
jusqu’à l’infini. Ces deux bandes sont séparées par la bande de transition qui s’étend de fpass à fstop.
La réponse du filtre lui est permis de varier en bande passante entre 0 dB et le gain apass (positif pour
les filtres actifs ou négatif pour les filtres passifs), tandis que le gain dans la bande d’arrêt peut varier
entre le gain astop et l’infinité négative (en dB).

|H(jω)|dB

Figure 1.1 : Spécifications d’un filtre passe-bas

Par exemple, le gain en bande passante d’une réponse d’un filtre peut être spécifiée comme 0.707 ou
−3 dB, tandis que l’atténuation en bande d’arrêt peut être spécifiée comme 10−4 ou −80 dB.

1.1.2 Filtres Passe-haut


Un filtre passe-haut peut être spécifié comme montré dans la figure 1.2. Dans ce cas, la bande
passante s’étend de fpass à l’infinité et est localisée à des fréquences plus hautes que la bande d’arrêt
qui s’étend de zéro à fstop. La bande de transition sépare encore la bande passante de la bande d’arrêt.

1
Le gain de la bande passante reste spécifié comme apass (dB) et l’atténuation de la bande d’arrêt
comme astop (dB).

|H(jω)|dB

Figure 1.2 : Spécifications d’un filtre passe-haut

1.1.3 Filtres Passe-bande


La spécification pour un filtre passe-bande est montrée dans la figure 1.3, et requière plus de
description. Un filtre passe-bande fait passer une bande de fréquences et atténue les fréquences au-
dessous et au-dessus de cette bande médiane. Dans ce cas, la bande passante existe entre la limite
fréquentielle inférieure fpass1 et la limite fréquentielle supérieure fpass2. Un filtre passe-bande a deux
bandes d’arrêt. La bande d’arrêt inférieure s’étend de zéro à fstop1, tandis que la bande d’arrêt
supérieure s’étend de fstop2 à l’infinité. A l’intérieur de la bande passante, il y a un seul paramètre de
gain apass en décibels. Cependant, des paramètres individuels du gain pour la bande d’arrêt inférieure
astop1 (dB) et du gain de la bande d’arrêt supérieure astop2 (dB) peuvent être utilisés si nécessaire.

|H(jω)|dB

Figure 1.3 : Spécifications d’un filtre passe-bande

2
1.1.4 Filtres Coupe-bande
Le type de filtre coupe-bande ou réjecteur de bande est montré dans la figure 1.4. Dans ce cas, la
bande rejetée de fréquences est localisée entre les deux bandes passantes. La bande d’arrêt existe
entre la limite fréquentielle inférieure fstop1 et la limite fréquentielle supérieure fstop2. Le filtre coupe-
bande a deux bandes passantes. La bande passante inférieure s’étend de zéro à fpass1, tandis que la
bande passante inférieure s’étend de fpass2 à l’infinité. A l’intérieur de la bande d’arrêt, un seul
paramètre de gain astop est utilisé. Cependant, des paramètres individuels de gain pour la bande
passante inférieure et supérieure apass1 et apass2 respectivement, peuvent être utilisés si nécessaire.

|H(jω)|dB

Figure 1.4 : Spécifications d’un filtre coupe-bande

1.2 Réponses d’amplitude de filtre


1.2.1 Approximation d’amplitude
Le problème d’approximation d’amplitude consiste à trouver une fonction d’amplitude appropriée,
dont les caractéristiques satisfont les spécifications données et qui soient réalisables en pratique.
Premièrement, considérons le problème d’approximation d'un filtre LP (Low Pass).
Les spécifications d'un filtre LP sont souvent données en termes de :
 l'atténuation maximale dans la région de la bande passante, apass ou Ap en dB,
 la limite fréquentielle de coupure de la bande passante, fpass ou ωC en rd/s,
 l'atténuation minimale dans la région de la bande d’arrêt, astop ou AS en dB,
 la limite fréquentielle de la bande d’arrêt, fstop ou ωS en rd/s.

La fréquence de coupure normalisée du filtre LP est assumée être ΩC = 1 rd/s, du moment qu’on
puisse toujours employer un redimensionnement fréquenciel (ou mise en échelle fréquentielle) pour
la convertir à n’importe quelle fréquence de coupure pratique donnée pour le filtre. Un tel filtre
appelé filtre LP normalisé, présente une réponse d’amplitude dénotée |H(jΩ)| = 1 dans la bande
passante (0 ≤ Ω ≤ 1) et zéro dans la bande d’arrêt (Ω ≥ ΩS). Il faut noter que Ω = ω/ωC est la
fréquence angulaire normalisée relativement à ωC. De même, ΩS = ωS/ωC est la fréquence limite
normalisée de la bande d’arrêt.
Il y a une variété de méthodes pour approximer une réponse idéale du filtre, basées sur différents
critères donnant différentes réponses. Les trois types suivants sont bien connus dans la famille des
filtres avec des coefficients disponibles et listés dans des tables :
- Les coefficients de Butterworth, assurant un maximum de constance d'amplitude dans la bande
passante (réponse d’amplitude la plus plate ou la plus constante possible).

3
- Les coefficients de Chebyschev-I, rendant la bande de transition plus étroite entre bande passante
et bande d’arrêt (transition la plus raide après fréquence de coupure).
- Les coefficients de Bessel, linéarisant la réponse de phase dans la bande passante (réponse de
phase linéaire ou groupe de retard le plus constant).
Les trois réponses précédentes proviennent de filtres, dits tout-pôle. Leurs fonctions de transfert
(présentées plus loin) n'ont pas de zéros mais uniquement des pôles complexes conjugués, associés
éventuellement à un pôle réel unique. Il y a d’autres réponses de filtres qui répondent à de meilleurs
compromis entre les trois précédentes comme Chebyshev-II, ou qui améliorent certaines
caractéristiques (au dépend d'autres) comme les filtres elliptiques ou de Cauer. Cette nouvelle
catégorie de filtres, introduit des zéros dans leurs fonctions de transfert en plus de pôles.
Les réponses des filtres peuvent être concrétisées par une variété de circuits.
La fonction de transfert d’un filtre RC passif ne permet pas de réaliser des pôles complexes
conjugués. L’unique possibilité d’avoir des pôles complexes conjugués utilisant des composants
passifs est assurée par les filtres LC en échelle. Cependant, ces filtres sont principalement utilisés
aux hautes fréquences. Dans la rangée des basses fréquences (< 1 MHz) les valeurs d’inductance
deviennent très grandes et le filtre devient non économique. Dans ce cas, des filtres actifs sont
utilisés. Ces derniers filtres sont des réseaux RC, dont on leur inclut un composant actif tel un
amp.op.
La réponse d’amplitude spécifiée est la caractéristique à satisfaire la plus ciblée par les méthodes de
conception de filtre analogique. C’est le cas de la plupart des procédures de conception de filtres
analogiques classiques : Butterworth, Chebyshev Type I et Type II, Cauer (elliptique). L’exception
est le filtre de Bessel, où le critère de conception est la phase linéaire correspondant à un temps de
retard le plus constant. Ainsi, les filtres classiques à l’exception des filtres de Bessel, ont ignoré la
caractéristique de phase durant l’étape de conception. Le point de départ est une fonction |H(jΩ)|2 ou
PSD spécifiée (liée donc à la réponse d’amplitude |H(jΩ)|).

NB : La PSD est définie comme, |H(jΩ)|2 = H(jΩ) H*(jΩ) = H(jΩ) H(-jΩ) = H(P) H(-P).
La PSD est ainsi purement réelle qui peut être décrite en termes d’une fonction de transfert
complexe, H(P), et son image-mirroir H(-P) réfléchie par rapport à l’axe P = jω. En tant que tel, on
peut toujours définir une réalisation stable de la PSD du filtre par assignement des pôles à H(P) dans
le demi-plan gauche du domaine de P. De plus, avoir un filtre à phase minimale (dans ce cas, la
réponse de phase peut être déduite de celle d’amplitude) peut aussi être garanti si tous les zéros
éventuels de H(P) sont aussi situés dans le demi-plan gauche.

1.2.2 Réponse de Butterworth (ou fonction d’approximation de Butterworth)


L’approximation de Butterworth au filtre passe-bas idéal est basée sur la prétention qu’une réponse
plate dans la bande passante est plus importante que la réponse dans les deux autres bandes.
La DSP correspondante est : |H(jΩ)|2 = 1 / (1 + Ω2n) = 1 / A2 ............(1.1)
où n est l’ordre du filtre et A son atténuation (égale à 3 dB à 1 rad/s), avec Ω fréquence normalisée
selon le type de filtre, tableau 1.1. La fonction de transfert normalisée qui en découle est de type tout
pôle, ayant des racines ou pôles qui se trouvent tous sur un cercle unitaire (ceux dans le demi-plan
gauche sont retenus). L’atténuation du filtre passe-bas de Butterworth peut être exprimée par :
AdB = 10 log(1 + Ω2n) ...........................(1.2)

Type de filtre Ω
Passe-bas ωx / ωc
Passe-haut ωc / ωx
Passe-bande Bx / Bc
Coupe-bande Bc / Bx
Tableau 1.1 : Définition de la fréquence normalisée suivant le type de filtre

4
La valeur Ω est une fréquence normalisée égale à la fréquence courante ωx rapportée à celle de
coupure ωc pour un passe-bas, ou bien la bande passante d’intérêt Bx rapportée à celle de coupure Bc
pour un passe-bande. Ces définitions sont à inverser pour les filtres réciproques.
Aux hautes valeurs de Ω, l’atténuation croît avec une pente de 6n dB/octave, où une octave est
définie comme un rapport de fréquence de 2 pour les cas du passe-bas et passe-haut, et un rapport de
bande passante de 2 pour les filtres passe-bande et réjecteur de bande.
Par exemple, la réponse fréquentielle à 1, 2, et 4 rad/s d’un filtre passe-bas normalisé de Butterworth
d’ordre n = 5, peut être connue en utilisant l’équation (1.2) : A(1) = 3dB, A(2) = 6n = 30dB, et
A(4) = 12n = 60dB.
Des courbes d’atténuation normalisées à 3dB pour une coupure à 1 rad/s, figure 12, ainsi que les
tableaux de composants normalisés y relatifs, se trouvent en annexe. Ces tableaux fournissent les
valeurs normalisées des éléments pour les filtres passe-bas passifs (type LC), tableau 1, et ceux actifs
(type Sallen-Key), tableau 2, à réponse de Butterworth ayant un ordre jusqu’à n = 10.
Les modèles de source de Thévenin et de Norton de résistance interne RS utilisés dans le tableau 1 et
les autres tableaux de filtres LC, sont interchangeables.
L’approximation de Butterworth donne une classe de filtres, avec les caractéristiques d’une
atténuation modérée et une transition acceptable. Ainsi, le filtre de Butterworth est le meilleur
compromis entre atténuation et réponse de phase. Les valeurs de ses éléments sont les plus simples à
calculer, que celles de la plupart des autres types de filtres. Les filtres de Butterworth sont utilisés
dans la mesure du possible, à cause de leurs caractéristiques favorables.

1.2.3 Réponse de Chebyshev de type I


L’approximation de Chebyshev à un filtre idéal présente une réponse fréquentielle, dont la bande
transitionnelle entre bande passante et celle d'arrêt est rendue plus étroite, au prix de permettre des
ondulations dans la bande passante (à n / 2 périodes pour un ordre n du filtre).
La fonction de transfert normalisée est de type tout-pôle dont les racines sont toutes sur une ellipse
(celles dans le demi-plan gauche assurent la stabilité du filtre) : |H(jΩ)|2 = 1 / [1 + ε2Cn2(Ω)] = 1 / A2,
où A est l’atténuation du filtre, et ε le facteur d’ondulation.
L’atténuation des filtres de Chebyshev peut être exprimée comme :
AdB = 10 log[1 + ε2Cn2(Ω)] ...........................(1.3)
où Cn(Ω) désigne un polynôme de Chebyshev, tableau 1.3.

Ordre n Cn(Ω)
1 Ω
2 2Ω2 ‒ 1
3 4Ω3 ‒ 3Ω
4 8Ω4 ‒ 8Ω2 + 1
5 16Ω5 ‒ 20Ω3 + 5Ω
6 32Ω6 ‒ 48Ω4 + 18Ω2 ‒ 1
7 64Ω7 ‒ 112Ω5 + 56Ω3 ‒ 7Ω
8 128Ω8 ‒ 256Ω6 + 160Ω4 ‒ 32Ω2 + 1
9 256Ω9 ‒ 576Ω7 + 432Ω5 ‒ 120Ω3 + 9Ω
10 512Ω10 ‒ 1280Ω8 + 1120Ω6 ‒ 400Ω4 + 50Ω2 ‒ 1

Tableau 1.3 : Polynômes de Chebyshev

5
Des courbes d’atténuation normalisées à 3dB pour une coupure à 1 rad/s sous cinq différentes
ondulations, se trouvent en annexe dans les figures 13 à 17 ainsi que les tableaux de composants
normalisés y relatifs.
La fonction de Chebyshev est utile lorsqu'une transition minime entre bande passante et celle d'arrêt,
est la considération majeure. Elle fournit donc, la pente théorique de décroissance maximale d'une
fonction de transfert tout-pôle d’ordre donné. En contre-partie, les filtres de Chebyshev accusent
plus de retard dans leurs bandes passantes et plus de dépassement en régime transitoire.

1.2.4 Réponse de Bessel


La fonction de transfert de Bessel est optimisée pour obtenir une phase linéaire, en d’autres mots, le
retard le plus constant. La réponse impulsionnelle est dépourvue de comportement oscillatoire.
Cependant, la réponse fréquentielle est beaucoup moins sélective que dans les autres types de filtres.
L’approximation du passe-bas à un retardateur constant, peut être exprimée par la fonction de
transfert générale récursive suivante :
1
H(P)  ...(1.4)
n 1   2 2(n  2)  3 2(n  3)  4 2(n  2)   
1 P  P  P   P  ...  
2n  1   3(2n  2)  4(2n  3)  3(2n  2)  

Ainsi pour un ordre n = 1 à 5, on obtient :
1 3 15
H1 (P)  , H 2 (P)  2 , H 3 (P)  3 ,
P 1 P  3P  3 P  6P  15P  15
2

105 945
H 4 (P)  4 , H 5 (P)  5
P  10P  45P  105P  105
3 2
P  15P  105P  420P 2  945P  945
4 3

Tous les pôles sont localisés sur le demi-cercle gauche, séparant leurs parties imaginaires par 2 / n.
L’espacement vertical entre les pôles sur l'axe jω est égal, alors que dans le cas de Butterworth, les
pôles présentent des angles égaux du point d'origine.

Des courbes d’atténuation normalisées à 3 dB pour une coupure à 1 rad/s, se trouvent dans la figure
18 d'annexe ainsi que les tableaux de composants normalisés y relatifs.
L’utilisation des filtres de Bessel est limitée aux applications où les propriétés de phase sont la
considération majeure. Un type similaire à la famille des filtres de Bessel est le type gaussien.
Cependant, la réponse de phase gaussienne n’est pas aussi linéaire que celle de Bessel pour un même
nombre de pôles, et la sélectivité n’est pas aussi pointue.

1.2.5 Comparaison des trois réponses


Les tracés de réponse d'amplitude des trois filtres normalisés présentés, en plus d'un filtre RC
classique, sont réunis dans la figure 1.8. L'ordre des différents filtres est fixé à six, tandis que
l'ondulation apportée par le filtre de Chebyshev est fixée à 0.5dB.

6
Figure 1.8 : Comparison des réponses d'amplitude de
quatre différents Passe-bas normalisés d'ordre 6

Figure 1.10 : Réponse à un échelon d'amplitude 1V à t = 0, pour les trois types


de Passe-bas d'ordre 8 et de fréquence de coupure 1kHz

La figure 1.10 montre les dépassements d'amplitude prélevés sur les réponses indicielles des trois
filtres étudiés. Le dépassement accusé par le filtre de Bessel est insignifiable, alors que celui de
Chebyshev est le plus grand et dure plus longtemps. Un retard minimal d'établissement de la réponse
de Bessel est à noter en sa faveur, comparativement aux autres impulsions filtrées.

1.3 Implémentation des filtres passifs et actifs


Les trois réponses d’amplitude étudiées réclament des filtres tout pôles ou polynômiaux.
L’implémentation de ces fonctions analogiques d’approximation se fait sur des circuits passifs et
actifs, dont la topologie est à étudier ci-après.

1.3.1 Filtres Passe-bas


Les données spécifiées de gabarit du passe-bas, figure 1.1, sont d’abord transformées en celles d'un
passe-bas normalisé ayant une fréquence de coupure de 1 rad/s, avec une réponse d'amplitude
particulière sélectionnée. Après avoir déterminé l’ordre du filtre passe-bas à partir d'une
caractéristique d'atténuation normalisée (annexe), les valeurs normalisées des éléments du filtre sont
à dénormaliser dans la conception finale par un redimensionnement en fréquence et en impédance
(mise en échelle vers la fréquence de coupure et la valeur d’impédance, désirées).

7
1.3.1.a Normalisation
Afin d’utiliser les courbes et tables normalisées du filtre passe-bas, ses données requises doivent
d’abord être converties en données normalisées. La première étape de normalisation est le calcul du
facteur de raideur Fr (ou fréquence d'arrêt normalisée) :
f
Fr  S .............................(1.5)
fC
Où fS est la fréquence-stop ayant l’atténuation minimale requise pour la bande d’arrêt et fC est la
fréquence de coupure de la bande passante, usuellement au point −3 dB. Ainsi, la requête
fondamentale est d'assurer par le filtre normalisé, une transition entre bande passante et bande d’arrêt
dans un rapport de fréquence Fr. Une conception qui répond (ou excède) à la requête Fr est alors
sélectionnée à partir des courbes normalisées.
Par exemple, un filtre passe-bas est à concevoir avec une constance maximale en amplitude dans la
bande passante, avec les consignes :
 f -3dB = 10 kHz
 fstop = 20 kHz
 atténuation > 27dB (à partir de fstop).
Dans ce cas, un filtre à réponse de Butterworth est choisi, dont le facteur de raideur vaut :
fstop / f -3dB = Fr = 2
En se reportant aux courbes normalisées de la figure 12 d'annexe, l'intersection dans la bande d'arrêt
(stopband) entre l'abscisse de fréquence normalisée Ω = Fr = 2 et l'ordonnée d'atténuation 30dB
(> 27dB) indique un ordre minimal 5 du filtre.

1.3.1.b Dénormalisation
Il s'agit de mener un redimensionnement fréquentiel et d’impédance du filtre normalisé conçu. Donc,
c'est une mise en échelle de fréquence et d’impédance qui le finalise en filtre pratique.
L’intérêt d’une normalisation des filtres est qu’une réponse de filtre peut être remise en échelle ou
décalée à une autre bande fréquentielle, en divisant les éléments réactifs du filtre par un facteur
d’échelle de fréquence (FSF : frequency scaling factor). Le facteur FSF est le rapport de la
fréquence désirée de référence, à la fréquence normalisée de référence (généralement, 1 rd/s).
Cette dernière fréquence est définie généralement au point −3 dB des filtres passe-bas et passe-haut,
tandis qu'elle est choisie comme fréquence centrale des filtres passe-bande et réjecteur de bande.
On peut mettre en évidence la manière d'appliquer le facteur FSF, dans le cas d'un filtre passe-bas
passif à base d'éléments LC normalisés à ωCn=1 rd/s, LnCnωCn2 = 1 (l'indice n signifie normalisé).
Les éléments après dénormalisation fréquentielle à ωC, deviennent avec FSF = ωC/ωCn = ωC (sans
unité) LCωC2 = 1 = LnCnωCn2. Soit donc, LC = (Ln ωCn/ωC)×(Cn ωCn/ωC) = (Ln/FSF)×(Cn/FSF).
Le FSF est un nombre sans dimension, avec numérateur et dénominateur de mêmes unités
(généralement en rd/s). La mise en échelle fréquentielle d’un filtre a pour effet, de multiplier tous les
points de l’axe fréquentiel de sa courbe de réponse par le FSF.
Les valeurs de composant des filtres normalisés ne sont pas très pratiques. Par exemple, on a souvent
des valeurs de capacité trop grandes et des valeurs de résistance trop petites pour un filtre actif. Cette
situation peut être résolue par un redimensionnement ou remise en échelle d’impédance.
Tout réseau linéaire passif ou actif maintient sa fonction de transfert inchangée, par compensation
mutuelle des opérations de remise en échelle d’impédance. Ceci s'applique au filtre, lorsque les
valeurs de ses résistances et inductances sont multipliées par un facteur Z de mise en échelle
d’impédance, et que toutes ses capacités sont divisées par le même facteur Z.
Par exemple, une fonction de transfert en P d’un filtre passif RLC d’ordre 2 avec éléments en série,
s'écrit : 1 / (P2 LC + P RC + 1). La mise en échelle d’impédance peut être exprimée comme :
R' = ZR, L' = ZL, et C' = C/Z, où les primes dénotent les valeurs obtenues après la mise en échelle
d’impédance par le facteur Z. La nouvelle fonction de transfert devient alors :

8
1 / (P2 ZL C/Z + P ZR C/Z + 1), identique à celle de départ.

1.3.1.c Filtres passifs


Un réseau et son dual ont des caractéristiques de réponse identiques. Chaque filtre LC tout pôle tablé
en annexe, a un réseau équivalent dual. La configuration en circuit T montrée au bas de chaque table,
correspond au filtre dual du circuit en π du haut.
Les tables de valeurs normalisées d’éléments du filtre passe-bas passif d'annexe, sont fournies pour
des réseaux d’égales ou d’inégales terminaisons. Différents rapports de résistances de source-à-
charge sont tabulés, incluant les extrêmes impédances d’infinité et de zéro.
Pour concevoir un filtre avec d’inégales terminaisons, il faut déterminer en premier le rapport désiré
RS / RL (résistances source-à-charge), puis sélectionner un filtre normalisé qui satisfait ce rapport à
partir de la table. Le rapport d’impédance tabulé est inverti si le réseau dual du bas de la table est
utilisé. Après cela, le filtre choisi est remis en échelle fréquentielle et d’impédance.

Prenons un exemple de conception d'un filtre passe-bas passif (LC en échelle) à partir des tables
normalisées, sans se soucier du type de sa réponse fréquentielle mais qui doit être à minimum
d’éléments utilisés. Les caractéristiques du filtre doivent répondre aux spécifications suivantes :
 3 dB d'atténuation à 1000 Hz
 20 dB d'atténuation au minimum à 2000 Hz
 RS = 1kΩ comme impédance de source
 RL = 5kΩ comme impédance de charge
Les étapes de conception sont les suivantes :
(a) normalisation du passe-bas par calcul du facteur de raideur Fr (1.5) :
f 2000 Hz
Fr  S  2
f C 1000 Hz
(b) choisir un filtre passe-bas normalisé à partir des courbes normalisées ayant au moins 20 dB
d’atténuation à 2 rad/s.
L’examen des courbes indique que Butterworth avec n = 4, figure 12 d'annexe, ou Chebyshev à
0.1dB du 3ème ordre, figure 14 d'annexe, satisfont ce besoin (c’est juste inférieur à 20dB pour
Chebyshev à 0.01dB du 3ème ordre, figure 13 d'annexe, tandis que pour Bessel en figure 18 d'annexe,
l'atténuation est loin de 20dB même avec un ordre 10). Le filtre de Chebyshev 0.1dB d'ordre 3 est
retenu, vu qu’un nombre réduit d’éléments est requis (l'ordre 3 est maintenu dans les autres cas
d'ondulations plus grandes de Chebyshev).

(c) le tableau 6 d'annexe contient les valeurs d’éléments normalisés pour les filtres LC de Chebyshev
à 0.1dB, avec un ordre allant de n = 2 jusqu’à n = 10 pour une variété de rapports d’impédance.
Comme le rapport RS / RL = 1 / 5 = 0.2, le circuit pour n = 3 est sélectionné correspondant à RS = 0.2Ω
et RL = 1Ω avec le schéma en π du haut. Le filtre normalisé correspondant est montré en figure
1.11a. Alternativement, le schéma dual en T avec R'S = RS‒1 = 5Ω et R'L = RL‒1 = 1Ω peut être
sélectionné (figure 1.11b, avec rapport restant le même, R'L / R'S = RS / RL = 1 / 5 = 0.2).

Figure 1.11 : (a) Filtre Passe-bas en π normalisé avec d'inégales terminaisons, (b) son dual en T

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(d) dénormalisation du filtre en utilisant un facteur d'impédance Z = 5000 et un facteur d’échelle
fréquentielle FSF = 2πfC = 6280. Soit pour le premier type de filtre en échelle, en π :
RS = 0.2Ω×5000 = 1kΩ (indépendante du FSF),
RL = 1Ω×5000 = 5kΩ (indépendante du FSF),
C'1 = C1 / (FSF×Z) = 3.9418 / (6280×5000) = 125nF.
L'2 = (L2×Z) / FSF = (0.3172×5000) / 6280 = 252mH,
C'3 = C3 / (FSF×Z) = 7.8503 / (6280×5000) = 250nF.
et pour son dual en T : R'S = 5Ω×5000 = 25kΩ (indépendante du FSF),
R'L = 1Ω×5000 = 5kΩ (indépendante du FSF),
L'1 = (L1×Z) / FSF = (3.9418×5000) / 6280 = 3H.
C'2 = C2 / (FSF×Z) = 0.3172 / (6280×5000) = 10nF,
L'3 = (L3×Z) / FSF = (7.8503×5000) / 6280 = 6H.
Les filtres résultants sont montrés en figure 1.12. Le filtre en π retenu, figure 1.12a, montre des
valeurs plus pratiques de ses composants.

Figure 1.12 : (a) Filtre Passe-bas en π redimensionné en fréquence et impédance, (b) son dual en T

Si une terminaison infinie de la source est requise, une conception ayant une RS infinie est
sélectionnée. C'est le cas d'une source de courant idéale.
Si la conception requiert une impédance nulle de source, le réseau dual est utilisé correspondant à
1 / Rs infinie (Rs = 0Ω, pour une source de tension idéale).

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