Filtres Analogiques
|H(jω)|dB
Par exemple, le gain en bande passante d’une réponse d’un filtre peut être spécifiée comme 0.707 ou
−3 dB, tandis que l’atténuation en bande d’arrêt peut être spécifiée comme 10−4 ou −80 dB.
1
Le gain de la bande passante reste spécifié comme apass (dB) et l’atténuation de la bande d’arrêt
comme astop (dB).
|H(jω)|dB
|H(jω)|dB
2
1.1.4 Filtres Coupe-bande
Le type de filtre coupe-bande ou réjecteur de bande est montré dans la figure 1.4. Dans ce cas, la
bande rejetée de fréquences est localisée entre les deux bandes passantes. La bande d’arrêt existe
entre la limite fréquentielle inférieure fstop1 et la limite fréquentielle supérieure fstop2. Le filtre coupe-
bande a deux bandes passantes. La bande passante inférieure s’étend de zéro à fpass1, tandis que la
bande passante inférieure s’étend de fpass2 à l’infinité. A l’intérieur de la bande d’arrêt, un seul
paramètre de gain astop est utilisé. Cependant, des paramètres individuels de gain pour la bande
passante inférieure et supérieure apass1 et apass2 respectivement, peuvent être utilisés si nécessaire.
|H(jω)|dB
La fréquence de coupure normalisée du filtre LP est assumée être ΩC = 1 rd/s, du moment qu’on
puisse toujours employer un redimensionnement fréquenciel (ou mise en échelle fréquentielle) pour
la convertir à n’importe quelle fréquence de coupure pratique donnée pour le filtre. Un tel filtre
appelé filtre LP normalisé, présente une réponse d’amplitude dénotée |H(jΩ)| = 1 dans la bande
passante (0 ≤ Ω ≤ 1) et zéro dans la bande d’arrêt (Ω ≥ ΩS). Il faut noter que Ω = ω/ωC est la
fréquence angulaire normalisée relativement à ωC. De même, ΩS = ωS/ωC est la fréquence limite
normalisée de la bande d’arrêt.
Il y a une variété de méthodes pour approximer une réponse idéale du filtre, basées sur différents
critères donnant différentes réponses. Les trois types suivants sont bien connus dans la famille des
filtres avec des coefficients disponibles et listés dans des tables :
- Les coefficients de Butterworth, assurant un maximum de constance d'amplitude dans la bande
passante (réponse d’amplitude la plus plate ou la plus constante possible).
3
- Les coefficients de Chebyschev-I, rendant la bande de transition plus étroite entre bande passante
et bande d’arrêt (transition la plus raide après fréquence de coupure).
- Les coefficients de Bessel, linéarisant la réponse de phase dans la bande passante (réponse de
phase linéaire ou groupe de retard le plus constant).
Les trois réponses précédentes proviennent de filtres, dits tout-pôle. Leurs fonctions de transfert
(présentées plus loin) n'ont pas de zéros mais uniquement des pôles complexes conjugués, associés
éventuellement à un pôle réel unique. Il y a d’autres réponses de filtres qui répondent à de meilleurs
compromis entre les trois précédentes comme Chebyshev-II, ou qui améliorent certaines
caractéristiques (au dépend d'autres) comme les filtres elliptiques ou de Cauer. Cette nouvelle
catégorie de filtres, introduit des zéros dans leurs fonctions de transfert en plus de pôles.
Les réponses des filtres peuvent être concrétisées par une variété de circuits.
La fonction de transfert d’un filtre RC passif ne permet pas de réaliser des pôles complexes
conjugués. L’unique possibilité d’avoir des pôles complexes conjugués utilisant des composants
passifs est assurée par les filtres LC en échelle. Cependant, ces filtres sont principalement utilisés
aux hautes fréquences. Dans la rangée des basses fréquences (< 1 MHz) les valeurs d’inductance
deviennent très grandes et le filtre devient non économique. Dans ce cas, des filtres actifs sont
utilisés. Ces derniers filtres sont des réseaux RC, dont on leur inclut un composant actif tel un
amp.op.
La réponse d’amplitude spécifiée est la caractéristique à satisfaire la plus ciblée par les méthodes de
conception de filtre analogique. C’est le cas de la plupart des procédures de conception de filtres
analogiques classiques : Butterworth, Chebyshev Type I et Type II, Cauer (elliptique). L’exception
est le filtre de Bessel, où le critère de conception est la phase linéaire correspondant à un temps de
retard le plus constant. Ainsi, les filtres classiques à l’exception des filtres de Bessel, ont ignoré la
caractéristique de phase durant l’étape de conception. Le point de départ est une fonction |H(jΩ)|2 ou
PSD spécifiée (liée donc à la réponse d’amplitude |H(jΩ)|).
NB : La PSD est définie comme, |H(jΩ)|2 = H(jΩ) H*(jΩ) = H(jΩ) H(-jΩ) = H(P) H(-P).
La PSD est ainsi purement réelle qui peut être décrite en termes d’une fonction de transfert
complexe, H(P), et son image-mirroir H(-P) réfléchie par rapport à l’axe P = jω. En tant que tel, on
peut toujours définir une réalisation stable de la PSD du filtre par assignement des pôles à H(P) dans
le demi-plan gauche du domaine de P. De plus, avoir un filtre à phase minimale (dans ce cas, la
réponse de phase peut être déduite de celle d’amplitude) peut aussi être garanti si tous les zéros
éventuels de H(P) sont aussi situés dans le demi-plan gauche.
Type de filtre Ω
Passe-bas ωx / ωc
Passe-haut ωc / ωx
Passe-bande Bx / Bc
Coupe-bande Bc / Bx
Tableau 1.1 : Définition de la fréquence normalisée suivant le type de filtre
4
La valeur Ω est une fréquence normalisée égale à la fréquence courante ωx rapportée à celle de
coupure ωc pour un passe-bas, ou bien la bande passante d’intérêt Bx rapportée à celle de coupure Bc
pour un passe-bande. Ces définitions sont à inverser pour les filtres réciproques.
Aux hautes valeurs de Ω, l’atténuation croît avec une pente de 6n dB/octave, où une octave est
définie comme un rapport de fréquence de 2 pour les cas du passe-bas et passe-haut, et un rapport de
bande passante de 2 pour les filtres passe-bande et réjecteur de bande.
Par exemple, la réponse fréquentielle à 1, 2, et 4 rad/s d’un filtre passe-bas normalisé de Butterworth
d’ordre n = 5, peut être connue en utilisant l’équation (1.2) : A(1) = 3dB, A(2) = 6n = 30dB, et
A(4) = 12n = 60dB.
Des courbes d’atténuation normalisées à 3dB pour une coupure à 1 rad/s, figure 12, ainsi que les
tableaux de composants normalisés y relatifs, se trouvent en annexe. Ces tableaux fournissent les
valeurs normalisées des éléments pour les filtres passe-bas passifs (type LC), tableau 1, et ceux actifs
(type Sallen-Key), tableau 2, à réponse de Butterworth ayant un ordre jusqu’à n = 10.
Les modèles de source de Thévenin et de Norton de résistance interne RS utilisés dans le tableau 1 et
les autres tableaux de filtres LC, sont interchangeables.
L’approximation de Butterworth donne une classe de filtres, avec les caractéristiques d’une
atténuation modérée et une transition acceptable. Ainsi, le filtre de Butterworth est le meilleur
compromis entre atténuation et réponse de phase. Les valeurs de ses éléments sont les plus simples à
calculer, que celles de la plupart des autres types de filtres. Les filtres de Butterworth sont utilisés
dans la mesure du possible, à cause de leurs caractéristiques favorables.
Ordre n Cn(Ω)
1 Ω
2 2Ω2 ‒ 1
3 4Ω3 ‒ 3Ω
4 8Ω4 ‒ 8Ω2 + 1
5 16Ω5 ‒ 20Ω3 + 5Ω
6 32Ω6 ‒ 48Ω4 + 18Ω2 ‒ 1
7 64Ω7 ‒ 112Ω5 + 56Ω3 ‒ 7Ω
8 128Ω8 ‒ 256Ω6 + 160Ω4 ‒ 32Ω2 + 1
9 256Ω9 ‒ 576Ω7 + 432Ω5 ‒ 120Ω3 + 9Ω
10 512Ω10 ‒ 1280Ω8 + 1120Ω6 ‒ 400Ω4 + 50Ω2 ‒ 1
5
Des courbes d’atténuation normalisées à 3dB pour une coupure à 1 rad/s sous cinq différentes
ondulations, se trouvent en annexe dans les figures 13 à 17 ainsi que les tableaux de composants
normalisés y relatifs.
La fonction de Chebyshev est utile lorsqu'une transition minime entre bande passante et celle d'arrêt,
est la considération majeure. Elle fournit donc, la pente théorique de décroissance maximale d'une
fonction de transfert tout-pôle d’ordre donné. En contre-partie, les filtres de Chebyshev accusent
plus de retard dans leurs bandes passantes et plus de dépassement en régime transitoire.
105 945
H 4 (P) 4 , H 5 (P) 5
P 10P 45P 105P 105
3 2
P 15P 105P 420P 2 945P 945
4 3
Tous les pôles sont localisés sur le demi-cercle gauche, séparant leurs parties imaginaires par 2 / n.
L’espacement vertical entre les pôles sur l'axe jω est égal, alors que dans le cas de Butterworth, les
pôles présentent des angles égaux du point d'origine.
Des courbes d’atténuation normalisées à 3 dB pour une coupure à 1 rad/s, se trouvent dans la figure
18 d'annexe ainsi que les tableaux de composants normalisés y relatifs.
L’utilisation des filtres de Bessel est limitée aux applications où les propriétés de phase sont la
considération majeure. Un type similaire à la famille des filtres de Bessel est le type gaussien.
Cependant, la réponse de phase gaussienne n’est pas aussi linéaire que celle de Bessel pour un même
nombre de pôles, et la sélectivité n’est pas aussi pointue.
6
Figure 1.8 : Comparison des réponses d'amplitude de
quatre différents Passe-bas normalisés d'ordre 6
La figure 1.10 montre les dépassements d'amplitude prélevés sur les réponses indicielles des trois
filtres étudiés. Le dépassement accusé par le filtre de Bessel est insignifiable, alors que celui de
Chebyshev est le plus grand et dure plus longtemps. Un retard minimal d'établissement de la réponse
de Bessel est à noter en sa faveur, comparativement aux autres impulsions filtrées.
7
1.3.1.a Normalisation
Afin d’utiliser les courbes et tables normalisées du filtre passe-bas, ses données requises doivent
d’abord être converties en données normalisées. La première étape de normalisation est le calcul du
facteur de raideur Fr (ou fréquence d'arrêt normalisée) :
f
Fr S .............................(1.5)
fC
Où fS est la fréquence-stop ayant l’atténuation minimale requise pour la bande d’arrêt et fC est la
fréquence de coupure de la bande passante, usuellement au point −3 dB. Ainsi, la requête
fondamentale est d'assurer par le filtre normalisé, une transition entre bande passante et bande d’arrêt
dans un rapport de fréquence Fr. Une conception qui répond (ou excède) à la requête Fr est alors
sélectionnée à partir des courbes normalisées.
Par exemple, un filtre passe-bas est à concevoir avec une constance maximale en amplitude dans la
bande passante, avec les consignes :
f -3dB = 10 kHz
fstop = 20 kHz
atténuation > 27dB (à partir de fstop).
Dans ce cas, un filtre à réponse de Butterworth est choisi, dont le facteur de raideur vaut :
fstop / f -3dB = Fr = 2
En se reportant aux courbes normalisées de la figure 12 d'annexe, l'intersection dans la bande d'arrêt
(stopband) entre l'abscisse de fréquence normalisée Ω = Fr = 2 et l'ordonnée d'atténuation 30dB
(> 27dB) indique un ordre minimal 5 du filtre.
1.3.1.b Dénormalisation
Il s'agit de mener un redimensionnement fréquentiel et d’impédance du filtre normalisé conçu. Donc,
c'est une mise en échelle de fréquence et d’impédance qui le finalise en filtre pratique.
L’intérêt d’une normalisation des filtres est qu’une réponse de filtre peut être remise en échelle ou
décalée à une autre bande fréquentielle, en divisant les éléments réactifs du filtre par un facteur
d’échelle de fréquence (FSF : frequency scaling factor). Le facteur FSF est le rapport de la
fréquence désirée de référence, à la fréquence normalisée de référence (généralement, 1 rd/s).
Cette dernière fréquence est définie généralement au point −3 dB des filtres passe-bas et passe-haut,
tandis qu'elle est choisie comme fréquence centrale des filtres passe-bande et réjecteur de bande.
On peut mettre en évidence la manière d'appliquer le facteur FSF, dans le cas d'un filtre passe-bas
passif à base d'éléments LC normalisés à ωCn=1 rd/s, LnCnωCn2 = 1 (l'indice n signifie normalisé).
Les éléments après dénormalisation fréquentielle à ωC, deviennent avec FSF = ωC/ωCn = ωC (sans
unité) LCωC2 = 1 = LnCnωCn2. Soit donc, LC = (Ln ωCn/ωC)×(Cn ωCn/ωC) = (Ln/FSF)×(Cn/FSF).
Le FSF est un nombre sans dimension, avec numérateur et dénominateur de mêmes unités
(généralement en rd/s). La mise en échelle fréquentielle d’un filtre a pour effet, de multiplier tous les
points de l’axe fréquentiel de sa courbe de réponse par le FSF.
Les valeurs de composant des filtres normalisés ne sont pas très pratiques. Par exemple, on a souvent
des valeurs de capacité trop grandes et des valeurs de résistance trop petites pour un filtre actif. Cette
situation peut être résolue par un redimensionnement ou remise en échelle d’impédance.
Tout réseau linéaire passif ou actif maintient sa fonction de transfert inchangée, par compensation
mutuelle des opérations de remise en échelle d’impédance. Ceci s'applique au filtre, lorsque les
valeurs de ses résistances et inductances sont multipliées par un facteur Z de mise en échelle
d’impédance, et que toutes ses capacités sont divisées par le même facteur Z.
Par exemple, une fonction de transfert en P d’un filtre passif RLC d’ordre 2 avec éléments en série,
s'écrit : 1 / (P2 LC + P RC + 1). La mise en échelle d’impédance peut être exprimée comme :
R' = ZR, L' = ZL, et C' = C/Z, où les primes dénotent les valeurs obtenues après la mise en échelle
d’impédance par le facteur Z. La nouvelle fonction de transfert devient alors :
8
1 / (P2 ZL C/Z + P ZR C/Z + 1), identique à celle de départ.
Prenons un exemple de conception d'un filtre passe-bas passif (LC en échelle) à partir des tables
normalisées, sans se soucier du type de sa réponse fréquentielle mais qui doit être à minimum
d’éléments utilisés. Les caractéristiques du filtre doivent répondre aux spécifications suivantes :
3 dB d'atténuation à 1000 Hz
20 dB d'atténuation au minimum à 2000 Hz
RS = 1kΩ comme impédance de source
RL = 5kΩ comme impédance de charge
Les étapes de conception sont les suivantes :
(a) normalisation du passe-bas par calcul du facteur de raideur Fr (1.5) :
f 2000 Hz
Fr S 2
f C 1000 Hz
(b) choisir un filtre passe-bas normalisé à partir des courbes normalisées ayant au moins 20 dB
d’atténuation à 2 rad/s.
L’examen des courbes indique que Butterworth avec n = 4, figure 12 d'annexe, ou Chebyshev à
0.1dB du 3ème ordre, figure 14 d'annexe, satisfont ce besoin (c’est juste inférieur à 20dB pour
Chebyshev à 0.01dB du 3ème ordre, figure 13 d'annexe, tandis que pour Bessel en figure 18 d'annexe,
l'atténuation est loin de 20dB même avec un ordre 10). Le filtre de Chebyshev 0.1dB d'ordre 3 est
retenu, vu qu’un nombre réduit d’éléments est requis (l'ordre 3 est maintenu dans les autres cas
d'ondulations plus grandes de Chebyshev).
(c) le tableau 6 d'annexe contient les valeurs d’éléments normalisés pour les filtres LC de Chebyshev
à 0.1dB, avec un ordre allant de n = 2 jusqu’à n = 10 pour une variété de rapports d’impédance.
Comme le rapport RS / RL = 1 / 5 = 0.2, le circuit pour n = 3 est sélectionné correspondant à RS = 0.2Ω
et RL = 1Ω avec le schéma en π du haut. Le filtre normalisé correspondant est montré en figure
1.11a. Alternativement, le schéma dual en T avec R'S = RS‒1 = 5Ω et R'L = RL‒1 = 1Ω peut être
sélectionné (figure 1.11b, avec rapport restant le même, R'L / R'S = RS / RL = 1 / 5 = 0.2).
Figure 1.11 : (a) Filtre Passe-bas en π normalisé avec d'inégales terminaisons, (b) son dual en T
9
(d) dénormalisation du filtre en utilisant un facteur d'impédance Z = 5000 et un facteur d’échelle
fréquentielle FSF = 2πfC = 6280. Soit pour le premier type de filtre en échelle, en π :
RS = 0.2Ω×5000 = 1kΩ (indépendante du FSF),
RL = 1Ω×5000 = 5kΩ (indépendante du FSF),
C'1 = C1 / (FSF×Z) = 3.9418 / (6280×5000) = 125nF.
L'2 = (L2×Z) / FSF = (0.3172×5000) / 6280 = 252mH,
C'3 = C3 / (FSF×Z) = 7.8503 / (6280×5000) = 250nF.
et pour son dual en T : R'S = 5Ω×5000 = 25kΩ (indépendante du FSF),
R'L = 1Ω×5000 = 5kΩ (indépendante du FSF),
L'1 = (L1×Z) / FSF = (3.9418×5000) / 6280 = 3H.
C'2 = C2 / (FSF×Z) = 0.3172 / (6280×5000) = 10nF,
L'3 = (L3×Z) / FSF = (7.8503×5000) / 6280 = 6H.
Les filtres résultants sont montrés en figure 1.12. Le filtre en π retenu, figure 1.12a, montre des
valeurs plus pratiques de ses composants.
Figure 1.12 : (a) Filtre Passe-bas en π redimensionné en fréquence et impédance, (b) son dual en T
Si une terminaison infinie de la source est requise, une conception ayant une RS infinie est
sélectionnée. C'est le cas d'une source de courant idéale.
Si la conception requiert une impédance nulle de source, le réseau dual est utilisé correspondant à
1 / Rs infinie (Rs = 0Ω, pour une source de tension idéale).
10