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MATHÉMATIQUES 2021 – 2022 1

8 Suites et séries de fonctions


« C’est par la logique que nous démontrons, mais c’est par l’intuition que
nous découvrons ; sans elle, le géomètre serait comme un écrivain qui
serait ferré sur la grammaire, mais qui n’aurait pas d’idées. »
Henri Poincaré (1854–1912)

Plan de cours
I Suites de fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
II Séries de fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
III Approximation uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

Dans tout ce chapitre et sauf mention contraire, les fonctions étudiées seront définies sur un intervalle I de R et à valeurs
dans R ou C. Les résultats seront par la suite étendus aux espaces vectoriels normés de dimension finie.

I | Suites de fonctions
A – Modes de convergence

On considère une suite de fonctions fn n ∈N
définies sur un intervalle I et à valeurs dans K.

Définition 8.1 : Convergence simple



On dit que la suite fn n ∈N converge simplement vers la fonction f sur I si :

∀x ∈ I , fn (x ) −−−−→ f (x )
n →+∞

Autrement dit,
∀" > 0, ∀x ∈ I , ∃N ∈ N, ∀n ¾ N , | fn (x ) − f (x )| ¶ "

Prouver la convergence simple d’une suite de fonctions revient donc à montrer la convergence de (fn (x ))n ∈N pour tout
x ∈ I , c’est-à-dire point par point. On parle pour cette raison de convergence ponctuelle. La limite f ainsi obtenue est
qualifiée de limite simple.

Exercice 1
Étudier la convergence simple et représenter graphiquement les suites de fonctions suivantes :

a n : x 7→ x n sur [0, 1] ; bn : x 7→ arctan(n x ) sur R ; cn : x 7→ min(n , e x ) sur R+ ;


v
nx t 1
d n : x 7→ sur R+ ; en : x 7→ x2 + sur R+
1+nx n

Quelles sont, parmi les propriétés suivantes, celles qui semblent être conservées par passage à la limite : (stricte)
monotonie, continuité, dérivabilité, parité, périodicité, caractère borné ?

Afin d’assurer ne serait-ce que la continuité de la limite, introduisons une notion de convergence plus restrictive.

Définition 8.2 : Convergence uniforme



On dit que la suite fn n ∈N converge uniformément vers la fonction f sur I si fn − f est bornée à partir d’un certain
rang sur I et :
k fn − f k∞ −−−−→ 0 c’est-à-dire sup | fn (x ) − f (x )| −−−−→ 0
n →+∞ x ∈I n→+∞

Autrement dit,
∀" > 0, ∃N ∈ N, ∀n ¾ N , ∀x ∈ I , | fn (x ) − f (x )| ¶ "
2 Chap. 8 Suites et séries de fonctions

y
f +"
Cette définition appelle plusieurs remarques.
• La limite f au sens de la convergence uniforme est qualifiée de
f limite uniforme.
fn
f −"
• La convergence uniforme se traduit graphiquement par l’exis-
tence d’un rang à partir duquel le graphe de fn est compris entre
ceux de f − " et f + ".
• Rappelons enfin que k·k∞ désigne la norme de convergence uni-
forme définie, par exemple, sur l’espace vectoriel des fonctions
bornées sur I et à valeurs dans K. S’il y a ambiguïté sur l’en-
semble de départ des fonctions considérées, on pourra utiliser
x la notation k · k∞,I .
Illustration de la convergence uniforme

Qui peut le plus, peut le moins : la convergence uniforme implique la convergence simple, comme exprimé ci-dessous.

Proposition 8.3 : convergence uniforme =⇒ convergence simple



Si une suite fn n∈N converge uniformément vers f sur I , alors elle converge simplement vers f sur I .

Exercice 2
Montrer qu’une suite de fonctions bornées convergeant uniformément converge vers une fonction bornée 1 .
En adoptant les notations précédentes, montrer que k fn k∞ −−−−→ k f k∞ .
n→+∞

Comment justifier qu’une suite de fonctions converge uniformément ? On commence dans tous les cas par déterminer la
limite simple f de la suite de fonctions fn n∈N . S’offrent alors deux possibilités :
Ê Nous sommes chanceux et en mesure de calculer la borne supérieure sur I de | fn − f | par une classique étude de
fonction. Il suffit dans ce cas de passer à la limite.
Ë Le calcul explicite de la borne sup est malaisé, on procède alors par majoration en cherchant M n ∈ R+ tel que :
∀x ∈ I , | fn (x ) − f (x )| ¶ M n avec M n −−−−→ 0
n →+∞

Exemples
xn
 ‹
À Montrons que la suite de fonctions x 7→ e−x converge uniformément sur R+ .
n! n ∈N∗
xn
• Pour tout x ∈ R+ , fn (x ) = e−x

−−−−→ 0. Donc la suite fn n ∈N converge simplement vers la fonction nulle.
n ! n→+∞
• Pour tout n ∈ N∗ , fn est dérivable sur R+ et :
x 0 n +∞
x n −1
∀x ∈ R+ , fn0 (x ) = e−x (n − x ) fn0 (x ) + 0 –
n!
Une rapide étude donne le tableau fn (n )
fn (x )
de variations ci-contre. 0 0

nn 1
Ainsi, sup | fn (x )| = fn (n ) = e−n
∼ p −−−−→ 0 en vertu de la formule de Stirling : la suite (fn )
x ∈R+ n ! n→+∞ 2πn n →+∞
converge uniformément vers la fonction nulle.
1
  ‹‹
Á Montrons que la suite de fonctions x 7→ sin x + converge uniformément sur R.
n n∈N∗
• La suite notée (fn )n ∈N∗ converge simplement sur R vers la fonction sin.
• Par ailleurs, pour tous n ∈ N∗ et x ∈ R,
 ‹
1 1 1 ¶ 1 −−−−→ 0
‹  ‹ 
| fn (x ) − f (x )| = sin x + − sin(x ) = 2 cos x + sin
n 2n 2n n n→+∞

La suite (fn ) converge donc uniformément vers la fonction sinus.

1. Pour les 5/2, nous venons de montrer que B(I , K) est un fermé pour la norme k · k∞,I

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Partie I – Suites de fonctions 3

Différentes méthodes permettent de justifier qu’une suite de fonctions ne converge pas uniformément. Par exemple :
• la non-convergence simple (c’est la condition minimale) ;
• le non-respect des théorèmes de continuité et de double limite énoncés dans la sous-section ci-dessous ;
• l’existence d’une suite (u n )n ∈N telle que | fn (u n ) − f (u n )| −−−−
6 → 0 (ce qui contredit sup | fn (x ) − f (x )| −−−−→ 0).
n →+∞ x ∈I n →+∞

Exemple
Étudions la convergence uniforme de (x 7→ x n ) sur [0, a ] avec a < 1, sur [0, 1[ puis sur[0, 1].
0 si x ∈ [0, 1[
Notons tout d’abord que (x 7→ x n )n ∈N converge simplement vers la fonction f : x 7→
1 si x = 1
• Soit a ∈ [0, 1[. sup |x n | = a n −−−−→ 0 mais en revanche
x ∈[0,a ] n →+∞

y
sup x n = sup x n = 1 −−−−
6 →0
x ∈[0,1[ x ∈[0,1] n →+∞
y = xn
1
La suite (x 7→ x n )n ∈N converge donc uniformément sur tout
segment strictement inclus dans [0, 1] mais pas sur [0, 1], ni
même sur [0, 1[.
• Notons qu’en posant u n = 1 − 1/n , on a :
y = f (x )
| fn (u n ) − f (u n )| = (1 − 1/n )n −−−−→ e−1 6= 0 c x
n →+∞
0 1
On retrouve la non-convergence uniforme sur [0, 1]. Représentation des points (u n , fn (u n ))
• Enfin, un dernier argument possible : la fonction f n’est tout
simplement pas continue sur [0, 1].

Exercice 3
Déterminer si les suites de fonctions définies dans l’exercice 1 convergent uniformément ou non.

B – Convergence uniforme, continuité et double limite


En cas de convergence uniforme, la continuité se transmet par passage à la limite.

Théorème 8.4 : Continuité de la limite uniforme



Soit fn n ∈N une suite de fonctions de I dans K convergeant uniformément vers f sur I et soit a ∈ I .
Si, pour tout n ∈ N, fn est continue en a , alors f est continue en a .

Ainsi, si une suite de fonctions continues sur I converge uniformément, sa limite est également continue sur I .

Démonstration
Soient " > 0 et x ∈ I .

∀n ∈ N, | f (x ) − f (a )| ¶ | f (x ) − fn (x )| + | fn (x ) − fn (a )| + | fn (a ) − f (a )|

Il s’agit alors de majorer chacun de ces trois termes. Par convergence uniforme de la suite fn n ∈N
,

∀n ∈ N, | f (x ) − f (a )| ¶ k fn − f k∞ + | fn (x ) − fn (a )| + k fn − f k∞

" 2"
et il existe N ∈ N tel que pour tout n ¾ N , k fn − f k∞ ¶ . Ainsi, | f (x ) − f (a )| ¶ | fn (x ) − fn (a )| + .
3 3
"
Comme enfin fn est continue en a , il existe η > 0 tel que pour tout x ∈]a − η, a + η[, | fn (x ) − fn (a )| ¶ .
3
On a ainsi montré qu’il existe η > 0 tel que pour tout x ∈]a − η, a + η[, | f (x ) − f (a )| ¶ ". „

On peut justifier la continuité de la limite même s’il n’y a pas convergence uniforme sur I tout entier mais seulement au
voisinage de chaque point de I . La continuité est en effet une propriété locale.

Exemple
La suite (x 7→ x n ) converge simplement sur [0, 1[ vers une fonction f . Comme elle converge uniformément sur [0, a ]
pour tout a ∈ [0, 1[, f est continue sur [0, a ] pour tout a ∈ [0, 1[, donc sur [0, 1[ (ce n’est pas une surprise, f est nulle sur
[0, 1[ !). Et ceci, bien que la suite (x 7→ x n ) ne converge pas uniformément sur [0, 1[...

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4 Chap. 8 Suites et séries de fonctions

Ce théorème est avant tout un théorème d’interversion de limites. Il montre qu’en cas de convergence uniforme, on peut
écrire lim lim fn (x ) = lim lim fn (x ). On admet, conformément au programme, la propriété plus générale suivante :
x →a n →+∞ n →+∞ x →a

Théorème 8.5 : Théorème de la double limite



Soit fn n ∈N une suite de fonctions de I dans K convergeant uniformément vers f sur I et soit a un point adhérent
à I (ou bien a = ±∞). Si, pour tout n ∈ N, fn admet une limite `n en a , alors (`n ) admet une limite ` et f (x ) −→ `.
x →a

Ce théorème étend la relation lim lim fn (x ) = lim lim fn (x ) dans les cas où a est seulement adhérent à I , en garantis-
x →a n →+∞ n→+∞ x →a
sant l’existence des limites.
Attention, ce théorème tombe en défaut dès que l’on perd la convergence uniforme : lim lim− x n = 1 6= 0 = lim− lim x n !
n →+∞ x →1 x →1 n →+∞

C – Convergence uniforme et intégration sur un segment


Commençons par constater qu’on ne peut pas si facilement intervertir limite et intégrale.

Exercice 4
Pour n ∈ N∗ , on considère fn : x 7→ n 2 x (1 − n x )1[0,1/n ] (x ). Représenter graphiquement la fonction fn puis montrer que :
Z 1 Z 1
lim fn (x ) dx 6= lim fn (x ) dx
n →+∞ n →+∞
0 0

Théorème 8.6
Soit (fn ) une suite de fonctions continues sur un segment [a , b ] et à valeurs dans K, convergeant uniformément sur
le segment [a , b ]. Alors,
Z b Z b
lim fn (x ) dx = lim fn (x ) dx
n →+∞ n →+∞
a a

On peut affaiblir les hypothèses en supposant les fn seulement continues par morceaux, mais il faudra alors supposer la
limite également continue par morceaux, la convergence uniforme n’y suffisant pas.

Démonstration

Notons f la limite uniforme sur le segment [a , b ] de la suite fn n ∈N . f est par théorème continue sur [a , b ] (donc
intégrable) et par inégalité triangulaire :
Z Z b Z b Z
b b Z b
f − f = (f − f ) | f − f | k fn − f k∞ = (b − a ) · kfn − f k∞ −−−−→ 0

n n ¶ n ¶
a n →+∞
a
a a a

Ce théorème n’est malheureusement plus valable lorsque l’intervalle d’intégration n’est pas un segment.

Exercice 5
xn
 ‹
Rappelons que x 7→ e−x converge uniformément sur R+ vers la fonction nulle. Montrer cependant que :
n ! n ∈N∗
Z +∞ Z +∞
xn xn
 ‹
−x
lim e · dx 6= lim e−x · dx
n→+∞
0
n! 0
n →+∞ n!

Proposition 8.7 : Convergence uniforme et primitives


Soit (fn ) une suite de fonctions continues définies sur un intervalle I et à valeurs dans K, convergeant uniformément
vers f sur tout segment de I . Soit x0 ∈ I . On définit, pour n ∈ N et x ∈ I ,
Z x Z x
Fn (x ) = fn (t ) dt et F (x ) = f (t ) dt
x0 x0

Alors (Fn ) converge uniformément vers F sur tout segment de I .

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Partie I – Suites de fonctions 5

D – Convergence uniforme et dérivation


La convergence uniforme d’une suite de fonctions dérivables fn n’assure nullement la dérivabilité de la limite f . Et même
si celle-ci est dérivable, rien ne nous assure de la convergence de (fn0 ) vers f 0 . C’est l’objet de l’exemple suivant.

Exemple
sin(n x )
On considère la suite de fonctions définies sur R par fn : x 7→ .
n
• Pour tout x ∈ R, fn (x ) −−−−→ 0, la suite (fn )n ∈N∗ converge simplement sur R vers la fonction nulle, dérivable.
n →+∞
• La convergence est en fait uniforme :
1
k f n k∞ ¶ −−−−→ 0
n n→+∞
• Pour tout n ∈ N∗ , fn est dérivable et fn0 (x ) = cos(n x ) pour tout x ∈ R. La suite (fn0 )n ∈N ne converge pas simplement .

Théorème 8.8
Soit ( fn ) une suite de fonctions définies sur un intervalle I de R, à valeurs dans K. On suppose que :
• Pour tout n ∈ N, fn est de classe C 1 sur I .
• (fn ) converge simplement sur I vers une fonction f .
• (fn0 ) converge uniformément sur tout segment de I vers une fonction g .
Alors (fn ) converge uniformément vers f sur tout segment de I , f est de classe C 1 sur I et f 0 = g .

Démonstration
Z x
Soit x0 ∈ I . Pour tout x ∈ I , fn (x ) = fn0 (t ) dt + fn (x0 ).
x0

• Par convergence uniforme de fn0 vers g ,

x x
‚ Z Œ Z
x 7→ fn0 (t ) dt converge uniformément vers x 7→ g (t ) dt sur tout segment de I .
x0 n ∈N x0

En passant à la limite (simple) dans l’égalité précédente, il vient :


Z x
∀x ∈ I , f (x ) = g (t ) dt + f (x0 )
x0

La fonction g étant continue sur I comme limite uniforme sur tout segment de I de fonctions continues, f est de
classe C 1 sur I et f 0 = g .
• Il ne reste plus qu’à montrer la convergence uniforme sur tout segment de I de (fn ) vers f , qui découle de celle de
(hn ) vers h avec hn : x 7→ fn (x ) − fn (x0 ) et h : x 7→ f (x ) − f (x0 ).
Pour tout segment S inclus dans I ,

∀x ∈ S , | fn (x ) − f (x )| ¶ |hn (x ) − h (x )| + | fn (x0 ) − f (x0 )| ¶ khn − h k∞,S + | fn (x0 ) − f (x0 )|


inég.
triang.

Ainsi, par passage au sup, k fn (x ) − f (x )k∞,S ¶ khn − h k∞,S + | fn (x0 ) − f (x0 )| et cette dernière quantité tend vers 0.
On a bien k fn (x ) − f (x )k∞,S −−−−→ 0. „
n →+∞

Corollaire 8.9
Soit ( fn ) une suite de fonctions définie sur un intervalle I de R, à valeurs dans K. On suppose que :
• Pour tout n ∈ N, fn est de classe C p sur I .
• Pour tout k ∈ ¹0, p − 1º, (fn(k ) ) converge simplement sur I vers une fonction fk .
(p )
• (fn ) converge uniformément sur tout segment de I vers une fonction fp .
Alors (fn ) converge uniformément vers f = f0 sur tout segment de I . La fonction f est de plus de classe C p sur I et
pour tout k ∈ ¹0, p º, f (k ) = fk .

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6 Chap. 8 Suites et séries de fonctions

E – Intégration sur un intervalle quelconque et convergence dominée


Lorsque l’intervalle d’intégration n’est pas un segment, la convergence uniforme ne suffit plus à justifier l’interversion
limite et intégrale. Le théorème de convergence dominée exposé ci-dessous est un nouvel outil (souvent plus efficace d’un
point de vue pratique). En contrepartie, sa démonstration est beaucoup moins accessible et est même hors programme.

Théorème 8.10 : Convergence dominée


Soit ( fn ) une suite de fonctions définies sur un intervalle I de R, à valeurs dans K. On suppose que :
• Pour tout n ∈ N, fn est continue par morceaux sur I .
• La suite (fn ) converge simplement sur I vers une fonction continue par morceaux f .
• Il existe une fonction ϕ positive intégrable sur I vérifiant :

∀n ∈ N, | fn | ¶ ϕ (hypothèse de domination)
Z Z
Alors, lim fn (x ) dx = f (x ) dx .
n →+∞
I I

Exercice 6
Z π/2 Z +∞
n dx
Montrer que les suites de terme général sin (x ) dx et convergent et préciser leurs limites.
0 0
(1 + x 2 )n

Exemple – Cas symptomatique


xn
 ‹
La suite de fonctions x 7→ e−x converge uniformément sur R+ vers la fonction nulle. Le théorème de conver-
n ! n ∈N∗
gence dominée ne peut s’appliquer :
Z +∞ Z +∞
lim fn (x ) dx = 1 6= 0 = lim fn (x ) dx
n →+∞ n →+∞
0 0

Il est en fait impossible de dominer les fonctions fn par une fonction intégrable, comme le suggère le graphe ci-dessous.

0.3

y = ϕ(x )
y = fn (x )
x
0 1 2 3 4 5 6
xn
 ‹
Domination impossible de x 7→ e−x
n ! n ∈N∗
Le théorème de convergence dominée a une formulation plus générale, au programme également, à laquelle nous aurons
recours essentiellement dans un chapitre ultérieur.

Théorème 8.11 : Convergence dominée (extension)


Soit (fλ )λ∈J une famille de fonctions définies sur un intervalle I à valeurs dans K, la famille étant indexée par un
intervalle J . Soit également λ0 un point adhérent à J . On suppose que :
• Pour tout λ ∈ J , fλ est continue par morceaux sur I .
• Pour tout x ∈ I , fλ (x ) −−−→ f (x ) où f est une fonction continue par morceaux sur I .
λ→λ0

• Il existe une fonction ϕ positive intégrable sur I vérifiant :

∀λ ∈ J , | fλ | ¶ ϕ
Z Z
Alors, les fonctions fλ et f sont intégrables sur I et lim fλ (x ) dx = f (x ) dx .
λ→λ0
I I

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Partie II – Séries de fonctions 7

II | Séries de fonctions
A – Convergence simple, uniforme et normale d’une série de fonctions
En vue d’adapter les définitions et résultats précédents aux séries de fonctions, fixons quelques notations. Soit (fn ) une
suite de fonctions définies sur un intervalle I et à valeurs dans K. On peut alors définir la série de terme général fn :
Xn
• On appelle somme partielle au rang n la fonction Sn = fk .
k =0
• On appelle série de terme général fn la suite de fonctions (Sn )n ∈N . On la note
P
fn .

Définition 8.12 : Convergence simple, convergence uniforme


P
On dit que la série de fonctions fn converge simplement (respectivement uniformément) sur I si la suite de
fonctions (Sn )n∈N converge simplement (respectivement uniformément) sur I .
En cas de convergence, on appelle fonction somme de la série la fonction S définie par :
+∞
X n
X
∀x ∈ I , S (x ) = fk (x ) = lim fk (x )
n →+∞
k =0 k =0

Naturellement, la convergence uniforme d’une série entraîne sa convergence simple.

Exercice 7
X 1 X (−1)n
Étudier la convergence simple de et .
n ∈N∗
nx n ∈N∗
nx

Exercice 8
X
Sur quel intervalle la série de fonctions x n de variable réelle converge-t-elle simplement ? uniformément ?
n ∈N

Proposition 8.13
Une série de fonctions converge uniformément si et seulement si elle converge simplement et si la suite de ses
restes converge uniformément vers 0.

Démonstration
+∞
X
L’hypothèse de convergence simple permet de définir le reste de la série au rang n , noté Rn . Rn = fk = S − Sn en
k =n +1
utilisant les notations précédentes. De façon évidente, kS − Sn k∞ −−−−→ 0 si, et seulement si kRn k∞ −−−−→ 0. „
n →+∞ n →+∞

Exercice 9
X sin(n x )
Montrer que la série converge uniformément sur R.
n ∈N∗
n2

Il n’est en général pas très commode de justifier la convergence uniforme d’une série de fonctions : il faut au préalable
montrer la convergence simple pour ensuite étudier la convergence uniforme du reste vers 0. On dispose d’un procédé
nettement moins laborieux dans le cas d’une série de fonctions bornées au moyen de la convergence normale.

Définition 8.14 : Convergence normale


X
On dit que la série de fonctions fn converge normalement sur I si les fonctions fn sont bornées sur I (à partir
X
d’un certain rang) et si la série numérique k fn k∞,I converge.

X
Pour justifier la convergence normale, on se contentera en pratique de la majoration k fn k∞ ¶ αn avec αn convergente.

Théorème 8.15
Si la série de fonctions converge normalement sur I alors elle converge uniformément sur I .

X+∞ +∞
X
On a, dans ce cas, l’inégalité triangulaire fn k fn k∞,I .


n =0 n =0
∞,I

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8 Chap. 8 Suites et séries de fonctions

Démonstration
X
Supposons que les fonctions fn : I → K sont toutes bornées et que fn converge normalement sur I .
(i) Convergence simple
X n ∈ N, | fn (x )| ¶ k fn k∞ donc la convergence normale implique la convergence absolue de la
Soit x ∈ I . Pour tout
série numérique fn (x ) par comparaison de séries à termes positifs, donc sa convergence.
X
On vient de montrer que fn (x ) converge pour tout x ∈ I , la convergence simple est donc acquise.
(ii) Convergence uniforme
Montrons que la suite des restes converge uniformément vers 0. Pour tout x ∈ I ,

X+∞ +∞
X +∞
X
|Rn (x )| = fk (x ) ¶ | fk (x )| ¶ k f k k∞

k =n+1 k =n +1 k =n +1

+∞
X
Par passage au sup, kRn k∞ ¶ k fk k∞ . Cette dernière n’est rien d’autre que le reste d’une série numérique
k =n +1
convergente, qui tend donc vers 0 lorsque n → +∞. La convergence uniforme est assurée. „

En résumé,
Convergence normale =⇒ Convergence uniforme =⇒ Convergence simple

L’étude de la convergence normale pour justifier la convergence uniforme résout bien des problèmes !

Exemples
Étudions la convergence normale des trois séries de fonctions suivantes :
X sin(n x ) X xn X 1
; ;
n ∈N∗
n2 n∈N
n! n∈N∗
nx

sin(n x ) 1 X 1
• Posons fn (x ) = . La série fn converge normalement sur R puisque k fn k∞ =
P
et converge.
n2 n2 n2
n
x
• Posons g n (x ) = . La fonction (g n ) n’est pas bornée sur R. En revanche, pour tout segment [a , b ],
n!
Mn
kg n k∞,[a ,b ] = avec M = max(|a |, |b |)
n!
P Mn P
Or converge absolument. Donc, g n converge normalement sur tout segment de R (vers exp).
n!
1 1
• Posons hn (x ) = . La série hn converge simplement sur ]1, +∞[ mais comme khn k∞,]1,+∞[ = , elle ne
P
n x n
converge pas normalement sur ]1, +∞[. Néanmoins, pour tout a > 1,

1 1 1
∀x > a ,
¶ donc khn k∞,[a +∞[ =
n x na na

Ce qui assure la convergence normale de hn sur tout intervalle de la forme [a , +∞[ avec a > 1.
P

En revanche, la réciproque du théorème est fausse : toute série convergeant uniformément ne converge pas nécessaire-
ment normalement. Bien que pratique, la convergence normale ne sera pas la réponse à tout !

Exemple
X (−1)n (−1)n n
Étudions le comportement de x n sur [0, 1]. Posons pour cela fn (x ) = x .
n ∈N∗
n n
• Convergence simple : il suffit d’appliquer le critère spécial des séries alternées pour établir la convergence simple.
(−1)n

1
n
• Convergence normale : k fn k∞ = sup x = donc la série ne converge pas normalement sur [0, 1].
x ∈[0,1] n n
• Convergence uniforme : toujours en vertu du critère spécial des séries alternées,

+∞ N +1
(−1) n
x 1
X
∀N ∈ N∗ , ∀x ∈ [0, 1], |RN (x )| = xn ¶


n=N +1 n N +1 N

1
Ainsi, kRN k∞ ¶ N −−−−→ 0. La série converge ainsi uniformément sur [0, 1] (sans converger normalement).
N →+∞

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Partie II – Séries de fonctions 9

B – Continuité et double limite


Ces théorèmes sont une simple adaptation des théorèmes relatifs aux suites de fonctions.

Théorème 8.16
P
Soit fn une série de fonctions de I dans K convergeant uniformément vers f sur I et soit a ∈ I .
+∞
X
Si, pour tout n ∈ N, fn est continue en a , alors fn est continue en a .
n =0

Ainsi, si une série de fonctions continues sur I converge uniformément, sa somme est également continue sur I .
En pratique, la convergence uniforme sur tout segment inclus dans I assure la continuité sur I . Cette condition s’avère
pratique lorsqu’il n’y pas convergence uniforme (ou mieux, normale) sur l’intervalle I tout entier.

Exemple
X 1
converge normalement sur tout intervalle de la forme [a , +∞[ avec a > 1.
n ∈N∗
nx
+∞
X 1
On en déduit que ζ : x 7→ est continue sur ]1, +∞[.
n =1
nx
y
Exemple
cos(3 x )
n
Soit la série de fonctions définie par fn : x 7→ . 2
2n
P
La série fn converge normalement sur R. En effet,
1
1 X 1
k f n k∞ = et converge
2n 2n
0
+∞
X cos(3n x )
On en déduit que x 7→ est continue sur R.
n =0
2n −1

Cette fonction célèbre, nommée fonction de Weierstrass, est


historiquement le premier exemple de fonction continue −2 x
0 π 2π
partout et dérivable nulle part. +∞
X cos(3n x )
La fonction x 7→ de Weierstrass
n=0
2n

Théorème 8.17 : Théorème de la double limite


fn une série de fonctions de I dans K et a un point adhérent à I (ou bien a = ±∞). On suppose que :
P
Soient
• Pour tout n ∈ N, fn admet une limite `n en a .
P
• La série fn converge uniformément sur I .
+∞
X +∞
X +∞
X
Alors la série `n converge, la somme fn (x ) = lim fn (x ).
P
fn admet une limite en a et lim
x →a x →a
n =0 n =0 n =0

C – Dérivation et intégration d’une série de fonctions


Là encore, on adapte !

Théorème 8.18 : Dérivation terme à terme


P
Soit fn une série de fonctions définies sur un intervalle I de R, à valeurs dans K. On suppose que :
• Pour tout n ∈ N, fn est de classe C 1 sur I .
P
• fn converge simplement sur I .
P 0
• fn converge uniformément sur tout segment de I .
+∞
‚+∞ Œ0 +∞
X X X X
Alors fn converge uniformément sur tout segment de I , fn est de classe C 1 sur I et fn = fn0 .
n =0 n=0 n=0

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10 Chap. 8 Suites et séries de fonctions

Exercice 10
Soit z ∈ C. Montrer que t 7→ ez t est de classe C 1 sur R.

On généralise alors aux séries de fonctions de classe C p .

Corollaire 8.19 : Dérivation terme à terme


P
Soit fn une série de fonctions définies sur un intervalle I de R, à valeurs dans K. On suppose que :
• Pour tout n ∈ N, fn est de classe C p sur I .
• Pour tout k ∈ ¹0, p − 1º, fn(k ) converge simplement sur I .
P
P (p )
• fn converge uniformément sur tout segment de I .
+∞
‚+∞ Œ(k ) +∞
X X X
Alors p
fn est de classe C sur I et pour tout k ∈ ¹0, p º, fn = fn(k ) .
n =0 n =0 n =0

Exercice 11
+∞
X 1
Montrer que ζ : x 7→ est de classe C ∞ sur ]1, +∞[.
n x
n =1

Place maintenant à deux théorèmes d’intégration terme à terme d’une série de fonctions. La première version fait appel
à la convergence uniforme sur un segment, la seconde est quant à elle valable sur un intervalle quelconque et découle du
théorème de convergence dominée.

Théorème 8.20 : Intégration terme à terme sur un segment


Soit fn une série de fonctions continues sur un segment [a , b ] et à valeurs dans K, convergeant uniformément
P

X b
Z
sur le segment [a , b ]. Alors fn (x ) dx converge et :
a

+∞
‚Z b
ΠZ b
‚+∞ Œ
X X
fn (x ) dx = fn (x ) dx
n=0 a a n=0

Exercice 12
+∞ n
X x
(i) Montrer que pour tout x ∈] − 1, 1[, ln(1 − x ) = −
n =1
n
Z 1
(ii) Justifier la convergence et exprimer sous forme de somme l’intégrale ln(x ) ln(1 − x ) dx .
0
1 +∞
(−1)n −1
Z
X
(iii) Déduire également du développement obtenu dans la question 1 l’égalité x x dx = .
0 n =1
nn

Théorème 8.21 : Intégration terme à terme


Soit ( fn ) une suite de fonctions définies sur un intervalle I de R, à valeurs dans K. On suppose que :
• Pour tout n ∈ N, fn est continue par morceaux sur I .
P
• La série fn converge simplement sur I vers une fonction continue par morceaux.
PR
• La série | f | converge.
I n
∞ +∞ Z  Z ‚+∞ Œ
X X X
Alors, fn est intégrable sur I et fn (x ) dx = fn (x ) dx .
n =0 n=0 I I n =0

Tout comme le théorème de convergence dominée, la démonstration de ce résultat est hors programme.
Z
X
Attention à ne pas oublier la valeur absolue dans l’hypothèse « | fn | converge ».
I

Exemple
ln(x )
Montrer que x 7→ est intégrable sur ]0, 1] et exprimer l’intégrale à l’aide d’une série.
1+ x2
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Partie III – Approximation uniforme 11

III | Approximation uniforme


Nous allons montrer dans cette partie que toute fonction continue par morceaux sur un segment peut être approchée
uniformément par une suite de fonctions en escalier. L’enjeu est de taille : il est assez aisé de définir l’intégrale d’une
fonction en escalier et un passage à la limite permet alors de définir 2 , grâce à la convergence uniforme, ce qui s’appelle
l’intégrale d’une fonction continue par morceaux sur un segment au sens de Riemann.

Définition 8.22 : Fonctions continues par morceaux


Une fonction f : [a , b ] → C est dite continue par morceaux si pour une certaine subdivision (x0 , . . . , xn ) de [a , b ],
pour tout i ∈ ¹0, n − 1º,
• f]xi ,xi +1 [ est continue sur ]xi , xi +1 [
• f]xi ,xi +1 [ est prolongeable par continuité en xi et xi +1
La subdivision (x0 , . . . , xn ) est dite adaptée à f .

Les fonctions en escalier et les fonctions continues sont toutes, en ce sens, continues par morceaux.

Proposition 8.23
Toute fonction continue par morceaux sur un segment est bornée.

Démonstration
Soient f : [a , b ] → C une fonction continue par morceaux et (x0 , . . . , xn ) une certaine subdivision de [a , b ] adaptée à f .
• Supposons f à valeurs dans R.
Pour tout i ∈ ¹0, n − 1º, f]xi ,xi +1 [ étant prolongeable par continuité sur [xi , xi +1 ], ce prolongement est, en valeur
absolue, borné en vertu du théorème des bornes atteintes. Notons M i un tel majorant. Il suffit alors de considérer
le maximum des réels positifs M 0 , . . . , M n −1 et | f (x0 )|, . . . , | f (xn )| pour obtenir un majorant de | f | sur [a , b ].
• Supposons maintenant f à valeurs dans C. Les deux fonctions Re(f ) et Im(f ) sont continues par morceaux sur
[a , b ] donc bornées
p d’après ce qui précède,
p mettons par des constantes M et M 0 .
On a ainsi | f | = Re(f ) + Im(f ) ¶ M + M 02 . Bref, f est bien bornée !
2 2 2 „

Attention, il n’est pas dit (contrairement aux fonctions continues) que les bornes soient atteintes.

Corollaire 8.24
L’ensemble des fonctions continues par morceaux sur [a , b ], muni de k · k∞ , est un espace vectoriel normé.

On note parfois Cm ([a , b ]; C) ou C M ([a , b ]; C) l’ensemble des fonctions continues par morceaux sur [a , b ].

Théorème 8.25 : Approximation uniforme sur un segment


Toute fonction continue par morceaux sur [a , b ] est la limite uniforme d’une suite de fonctions en escalier sur [a , b ].

Démonstration
Démontrons ce résultat dans le cas d’une fonction continue sur [a , b ]. Pour justifier le résultat général, il suffit de
« recoller les morceaux ». Soit donc f : [a , b ] → C une fonction continue sur le segment [a , b ]. D’après le théorème de
Heine, f est même uniformément continue sur [a , b ]. Autrement dit,

∀" > 0, ∃α > 0, ∀x , y ∈ [a , b ], |x − y | < α =⇒ |f (x ) − f (y )| < "

Soit " > 0. Construisons une fonction en escalier ϕ : [a , b ] → C telle que k f − ϕk < ".
y b −a
(i) Choisissons d’abord une bonne subdivision. Soit n ∈ N∗ tel que ¶ α.
n
b −a
c y = ϕ(x )
On pose, pour tout i ∈ ¹0, n º, xi = a + i · .
• n
(ii) Notons alors ϕ la fonction définie sur [a , b ] par ϕ(b ) = f (b ) et pour tous
i ∈ ¹0, n º et x ∈ [xi , xi +1 [, ϕ(x ) = f (xi ).
• c
Par construction, ϕ est une fonction en escalier sur [a , b ].
• c
• (iii) Montrons que k f − ϕk∞ ¶ ". Pour cela, considérons x ∈ [a , b ]. Il existe
• c
y = f (x ) b −a
i ∈ ¹0, n − 1º tel que x ∈ [xi , xi +1 [. On a |x − xi | < xi +1 − xi = < α donc
x n
x0 x1 x2 ··· xn | f (x ) − ϕ(x )| = | f (x ) − f (xi )| < ". Ainsi, par passage au sup, k f − ϕk∞ ¶ ".
2. Encore faut-il montrer que la limite existe et qu’elle ne dépend pas du choix de la suite de fonctions en escalier choisie.

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12 Chap. 8 Suites et séries de fonctions

Il suffit maintenant de construire une suite de fonctions en escalier en considérant pour p ∈ N, la fonction ϕp
1
précédemment construite pour " = . On a ainsi exhibé une suite (ϕp )p ∈N de fonctions en escalier sur [a , b ] qui
p +1
1
converge uniformément vers f puisque k f − ϕp k∞ ¶ −−−−→ 0. „
p + 1 p →+∞

Muni de ce résultat, nous ne sommes plus très loin de la construction de l’intégrale de Riemann. Laissons cependant de
côté cette idée pour montrer que toute fonction continue sur un segment peut aussi s’écrire comme limite uniforme
d’une suite de fonctions polynomiales.

Théorème 8.26 : Théorème de Weierstrass


Toute fonction continue sur un segment y est limite uniforme de fonctions polynomiales.

Pourquoi ce résultat ne peut-il être valable pour une simple fonction continue par morceaux ?
La démonstration de ce théorème n’est pas exigible. Donnons néanmoins un aperçu sous forme d’exercice d’une
preuve possible au moyen des polynômes dits de Bernstein. Nous croiserons un peu plus tard dans l’année une autre
démonstration de nature cette fois-ci probabiliste.

Exercice 13 – Polynômes de Bernstein


Soient f : [0, 1] → C une fonction continue et, pour n ∈ N∗ , le polynôme Bn défini par :
n    ‹
X n k
∀x ∈ [0, 1], Bn (x ) = f x k (1 − x )n −k
k =0
k n

1. Calculer Bn pour f : x 7→ 1, f : x 7→ x et f : x 7→ x (x − 1).


2. Déduire des calculs précédents que pour tous n ∈ N∗ et x ∈ [0, 1],
n  
X n k n
2
(k − n x ) x (1 − x )n −k = n x (1 − x ) ¶
k =0
k 4

3. Soit " > 0.


"
(a) Justifier l’existe d’un réel α > 0 tel que pour tout (x , y ) ∈ [0, 1]2 vérifiant |x − y | ¶ α, | f (x ) − f (y )| ¶ .
2
" k f k ∞
(b) En déduire que pour tous n ∈ N∗ et x ∈ [0, 1], |Bn (x ) − f (x )| ¶ + .
2 2n α2
(c) Prouver alors que la suite de polynômes (Bn )n ∈N∗ converge uniformément vers f sur le segment [0, 1].
4. Généraliser le résultat précédent à un segment [a , b ] quelconque à l’aide de la fonction affine x 7→ (b − a )x + a et
de sa réciproque (à déterminer !).

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