Vous êtes sur la page 1sur 71

L’Afrique : L’avenir des ESN ?

KONATE Moussa

Mémoire Master en Alternance – Majeure Finance

Lieu, date :

Nom du Tuteur : Jean Pralong

Indice de similitude Turnitin :

Confidentiel OUI □ NON □


Résumé en français + mots-clés
(½ page environ)

Aujourd’hui, les entreprises de services numériques (ESN, ex SSII) se dénombres par centaines
dans l’hexagone, et plus encore à l’échelle mondiale. Fruit d’une révolution technologique, elles
sont le résultat d’une demande en compétence technique de plus en plus croissante et
nécessaires aux entreprises afin de répondre aux différentes évolutions de l’environnement. De
nos jours, toutes les structures sont dotées d’un servie informatique, plus ou moins développé,
et surtout indispensable pour faire face aux enjeux économiques et stratégiques, quel que soit
le secteur d’activité.

Valable en France, ce phénomène est une réalité pour la majorité des états du « Nord », pour
qui les technologies de l’information et de la communication ne sont plus nouvelles.
L’importance actuelle du numérique au niveau mondial implique le développement de ces ESN
dans les zones en plein essor et pour certaines dont la transition technologique a été brutale
voire foudroyante. On parle ici des pays du « Sud » et plus particulièrement dans ce travail de
recherche de la zone Afrique subsaharienne, ce territoire riche en opportunité, mais où tout reste
à faire.

L’objectif de ce mémoire est donc d’envisager l’application du modèle économique des


entreprises de services numérique (ESN) françaises à une économique Africaine en perpétuelle
évolution, croissante et constante depuis maintenant plusieurs décennies. Nous allons dans un
premier temps passer par la mise en lumière et l’explication du fonctionnement de ces structures
sur le marché français. En place depuis près de 50 ans maintenant, il sera important de revenir
sur la genèse de cette ère du numérique avant d’aborder le sujet des ESN.

Dans une seconde partie, nos recherches se pencheront sur le continent africain afin de faire
l’état des lieux de la situation, d’analyser de plus près les enjeux du marché de l’informatique
et d’envisager les possibilités du berceau de l’humanité en matière d’ESN en accentuant notre
étude sur la partie francophone de l’Afrique subsaharienne.

Mots clefs : Informatique / Numérique / TIC / Afrique de l’ouest / SSII / ESN /

2
Résumé en anglais + mots-clés
(½ page environ)

Today, digital service companies (ESN, ex SSII) number in the hundreds in France, and even
more so on a global scale. The result of a technological revolution, they are the result of a
demand for technical skills that are increasingly necessary for companies in order to respond to
the various changes in the environment. Nowadays, all the structures are equipped with an IT
department, more or less developed, and especially essential to face the economic and strategic
stakes, whatever the sector of activity.

Valid in France, this phenomenon is a reality for the majority of the "Northern" states, for which
information and communication technologies are no longer new. The current importance of
digital technology at the global level implies the development of these NSEs in areas that are
booming and for some of which the technological transition has been brutal or even lightning
fast. We are talking here about the countries of the "South" and more particularly in this research
work of the African zone, this territory rich in opportunity but where everything remains to be
done.

The objective of this thesis is therefore to consider the model of French digital service
companies (DSCs) in an evolving African economy. It starts by highlighting and explaining the
functioning of companies on the French market, in place for nearly 50 years now, and then
analyzing the African possibilities.

In a second part, our research will focus on the African continent in order to take stock of the
situation, to analyze more closely the challenges of the IT market and to consider the
possibilities of the cradle of humanity in terms of NSE by focusing our study on the French-
speaking part of Sub-Saharan Africa.

Keys Words : IT / Digital / ICT / West Africa / Digital services company

3
Sujet : L’Afrique, l’avenir des ESN ?

Problématique : Dans quelles mesures les ESN peuvent-elles cloitrent en Afrique


subsaharienne ?

Introduction ...............................................................................................................................

PARTIE I : Le Marché français des ESN

I. L’informatique ...................................................................................................... 8

II. L’émergence des entreprises de services numériques ....................................... 10

a. L’activité .................................................................................................... 10

b. Le Business Model .................................................................................... 12

III. Les facteurs clés de succès et les barretières à l’entrée ..................................... 14

IV. Les chiffres clés du secteur .................................................................................. 15

a. L’innovation des services numériques .................................................... 15


b. Analyse des environnement macro-économiques .................................. 17
c. Les perspectives du marché du numériques en 2022 ........................... 19
i. Une croissance qui se maintien ...................................................... 19
ii. Un secteur en forte demande de candidats .................................... 21
iii. Principaux leviers de croissances économiques ............................ 23
d. Mesure de l’intensité concurrentiel ......................................................... 23
e. Diagnostique stratégique du marché ..................................................... 25
i. Les groupes stratégiques ................................................................. 26
ii. La segmentation stratégiques .......................................................... 27
iii. Les modalités de concurrence ......................................................... 28

4
PARTIE II : L’informatique en Afrique et les TIC : Le chemin des entreprises de service
numérique

I. Les Nouvelles Technologie de l’informatique et de la communication ........... 32

a. Définition des TIC ou NTIC ......................................................................... 33


b. L’avènement de TIC ..................................................................................... 34
c. Les incertitudes face à l’Internet et aux NTIC ........................................... 35
d. La révolution mobile ..................................................................................... 36

II. Vers une transformation digitale ? .................................................................... 35

III. L’émergence des ESN ......................................................................................... 38

PARTIE III : Méthodologie de recherche

I. Le choix d’une étude qualitative ............................................................................... 41

II. Les objectifs généraux .............................................................................................. 42

III. Résultats d’analyse .................................................................................................. 44

IV. Discussions, apports et pistes de réflexion - CONCLUSION................................ 49

V. Conclusion ................................................................................................................... 54

REFERENCES

Bibliographie

Annexes

5
Introduction :

Industrialisation, compétences, technologies ou autres applications du quotidien. Tous ces


éléments sont rassemblés de nos jours dans ce domaine, cette discipline, ayant pour nom
l’informatique. A lui seul, il concerne tous nos environnements fréquentés au jour le jour, aussi
bien au travail, dans le divertissement ou tout bonnement dans chacune de nos vies.

Dans les pays développés pour ensuite s’être dévoilé et exploité à une échelle mondiale,
l’informatique est devenue un élément indispensable du quotidien, mais son éclosion ne s’est
pas faite aussi facilement partout. Elle a notamment progressé plus lentement dans la zone
Afrique, même si les technologies de l’information et de la communication lui ont permis de
brûler les différentes étapes du numérique…

Ce n’est qu’au début des années 60 que le phénomène internet se fait connaître. Si l’on s’en
réfère à l’étude réalisée par le site « intelligent finance », c’est à « l’Advanced Research
Project Agency » au sein du « Department of Defense » des Etats-Unis qu’il est élaboré.

A ce moment, ce sont les constructeurs qui s’accaparent le marché comme IBM France et Bull
qui ont la main mise sur le secteur grâce à leur savoir-faire et la taille de leurs effectifs. Hélène
Catrice (2009) nous explique que c’est d’abord le modèle SSII, Société de service et
d’ingénierie en informatique, qui succède dans les années 1980 à celle de SSCI (société de
services et de conseils en informatique). Il se déploie notamment grâce ou à cause de la demande
incessante d’un marché en explosion face aux avancés technologiques, mais qui,
paradoxalement, ne maîtrisant pas encore la majorité de ces sujets. Un véritable boulevard s’est
alors dessiné pour les quelque intrépides et pionnier du secteur. En effet, le domaine de
l’informatique a fait naitre de nouveaux modèles économiques, de nouveaux besoins sont
apparus avec l’arrivée de nouvelles technologies et de ce fait de nouveaux services !
Aujourd’hui, les services liés à l’IT s’emplois majoritairement autour de la prestation
intellectuelle, de l’intégration de logiciel ou encore de l’assistance matériel. Des groupes
d’acteurs se sont constitués afin de répondre à la demande croissante des clients sous la forme
dite de Société de services et d’ingénierie informatique (SSII) désormais appelée entreprise de
services numériques (ESN). Peut-être que la nature immatérielle de leurs services les rend
difficilement reconnaissables par le grand public, cependant le secteur du numérique françaises
globalisait un chiffre d’affaires de 56,3 milliards d’euros en 2019 d’après NUMEUM.

6
Pour les entreprises de services numériques plus précisément, cette même année, le chiffre
d’affaires était estimé à 30,1 milliards d’euros, soit plus de 50 % du marché du numérique
attribué à ce périmètre. Des chiffres qui ne cesseront d’augmenter avec le temps. Avec des
données aussi importantes et face à l’opportunité de ce secteur d’activité en France et à
l’international, il semble évident de devoir s’interroger sur les possibilités de ce marché dans
d’autres zones géographiques ; ainsi, nous nous devions de savoir, de se poser la question du
développement d’une telle activité sur les marchés africains. Qu’en est-il des probabilités
subsahariennes en termes d’informatique et de service liés à celui-ci ?

Car oui, si l’informatique et le secteur du numérique vont bon train dans les pays du Nord, il
s’agit toujours de perpétuels enjeux et défis à des niveaux encore plus importants pour d’autres.
L’Afrique représente ces parties prenantes en devenir, avec, il est vrai, un retard non négligeable
sur l’ensemble des activités du digital mais qui tire son espoir d’un énorme potentiel et de
possibilités sans fin, ceci peu importe le domaine, dans une zone géographique ou le « tout reste
à faire » raisonne depuis presque toujours. Une multitude de questions ce pose sur ces sujets et
aujourd’hui, l’évolution des technologies du numérique y mérite la plus grande attention.

De l’apparition de l’informatique sur le continent à l’avènement des nouvelles technologies de


l’informatique et de la communication, nous allons tenter de comprendre dans quelles mesures
les ESN peuvent-elles apparaître en Afrique subsaharienne ?

Pour cela, nous allons dans un premier temps tenter de comprendre le marché français pour se
focaliser ensuite sur l’économie africaine et plus précisément d’Afrique subsaharienne.

Revue Littéraire :

Cette partie représente le cœur de ce mémoire, elle traite les grands axes du sujet. Elle est divisée
en deux parties : la première évoquera l’histoire de l’informatique en général pour se concentrer
ensuite sur le secteur du numérique en France, et notamment le fonctionnement ainsi que le
marché des entreprises de services numériques. En seconde partie, il s’agira d’aborder
l’Afrique, plus précisément l’Afrique subsaharienne ou encore l’Afrique francophone.
L’objectif sera d’analyser la situation du continent sur l’aspect numérique, en commençant par
son entrée en jeux dans le secteur pour ensuite évaluer son évolution et les possibilités
envisageables pour les entreprises de services numériques sur ce territoire.

7
PARTIE I : Les marché des entreprises de services numériques en France

I. L’informatique

La machine à vapeur est le fruit de la première révolution industrielle de notre ère. Elle a été
suivie par l’apparition de nouvelles sources d’énergies qui ont été au cœur du second cycle
industriel. Le monde a alors pu découvrir l’électricité, le gaz ou encore le pétrole. Enfin, la
troisième révolution industrielle a été marquée par l’électronique, la robotique et de surcroît
l’informatique. Encore une fois, une nouvelle énergie est découverte : le nucléaire.

Une quatrième révolution industrielle tend à faire surface depuis le début de ce millénaire,
Amina Hassani (2020) reprend elle le terme « industrie 4.0 » qui apparut pour la première fois
en 2011 selon le plan d’action stratégique allemand portant sur les nouvelles technologies. Il
s’agit en effet de l’avènement d’Internet et des nouvelles technologies. L’émergence globale
d’Internet a rendu son utilisation quotidienne et indispensable à la totalité de la population
mondiale. Comme l’a expliqué Nikolai Kondratiev (1926) dans « les vagues longues de la
conjoncture » il s’agit-là du commencement d’un nouveau cycle économique.

Avec Internet et sa démocratisation auprès de tous les utilisateurs possible (professionnels et


particuliers) de nouvelles opportunités d’affaires autour du digital apparaissent avec par
exemple l’arrivée de forme de tarification telle que la souscription à des abonnements, inspirés
directement du principe des abonnements aux revues (Alexandre Hayek, 2009), le
« freenium » qui selon Lucas Daymer et Tristan Denis (2013) est né de « l’arrivée massive
d’Internet », qui propose une version limitée dans les possibilités d’action et le temps.
Alexandre Hayek (2009) nous affirme lui que « Le service gratuit est omniprésent sur
internet ». D’après Martin Sarazin (2009), Internet offre la possibilité d’utiliser des logiciels
à distance sans forcements procédé à une installation au sein même de la structure ou du tiers
utilisateur, autrement dit l’utilisation en « SAAS » appelé aux origines « ASP ».

Les nouvelles technologies ont suscité des interrogations quant à la pertinence des process
historiques de vente de produits ou service, grâce en effet aux multiples possibilités qu’offre
Internet.

La transition digitale a bénéficié aux grands acteurs du même nom comme les GAFAM qui,
dixit Jacques Fontanel et Natalia Sushcheva (2019), ont pu profiter du « processus de
libéralisation et de marchandisation d’Internet » ou encore les nouvelles entreprises de

8
l’innovation dénommées FINTECH regroupant des technologies financières ayant pour but
d’améliorer l’accessibilité ou le financement des activités financière afin d’accompagner cette
transition digitale. Le doute est à ce moment-là encore palpable chez de nombreux experts du
sujet qui ne cesse de s’interroger quant aux opportunités que représente cette nouvelle ère
technologique qui influence déjà l’économie. Comme l’explique Christian Depover (2010),
l’innovation souffre d’impopularité auprès de certaines têtes pesantes du fait des changements
qu’elle opère ou encore cette forme « d’imposition » dont elle fait preuve lorsqu’elle est
présentée.

La mutation numérique a totalement ou partiellement modifié les chaînes d’activités des


entreprises et redéfinis les activités créatrices de valeurs pour celles-ci (Conseil d’orientation
pour l’emploi, 2017). Effectivement, les besoins des clients évoluant, de nouveaux process
sont mis en place pour leur répondre.

Un véritable bouleversement a eu lieu, dans certains secteurs, des entreprises historiques du


marché habituellement positionnées en tant que leader n’ont pas su s’adapter à l’évolution
technologique et se retrouve dépassé par les événements. Tout comme Henry C., Lucas Jr.
Ou encore Jie Mein Goh (2009), on peut prendre ici l’exemple de l’entreprise Kodak
entreprise historique de la photographie qui a raté la transition au numérique dans les années
1970. Celle-ci a considérablement chuté dans le marché et a perdu de plus en plus de poids dans
le secteur.

Le consommateur évolue également avec la technologie et bénéficie lui aussi d’outils


permettant d’avoir une meilleure visibilité sur l’ensemble de l’offre à disposition ou encore
d‘intégrer de nouveau mode de consommations. Houa Chekir et Arsenia Roku Mendjoni
(2020) les qualifient de « cyberconsommateurs » et vont même en définir plusieurs typologies
accompagnées d’un véritable guide de consommation en ligne. Ces derniers imposent aux
entreprises d’actualiser leur approche du client dans de nombreux domaines, aussi bien sur les
aspects de productions, de distribution comme de livraisons de leurs offres et services.

L’exemple le plus pertinent est l’apparition de la plateforme « Uber », qui prêtera son nom au
phénomène dit « d’ubérisation de la société » repris par Maurice Levy, PDG de Publicis, lors
d’une interview (Jean-Baptiste Gauthier, Alicia De sousa Moreira, Jeanne GUILLE,
Marylise Eynard, Joséphine Charriere, 2018) dont le principe est de limiter les
intermédiaires entre l’offre et la demande via les technologies digitales. Ce que d’autres
appelleront la consommation collaboratives (Mireille Mercier-Roy, 2016)

9
Face à tous ces challenges, les entreprises se réorganisent et ont pour obligation de prioriser
l’IT et notamment la collecte de données, accumulés autrefois physiquement et aujourd’hui
numériquement. L’ère du numérique impose une véritable organisation au sein des entreprises,
spécifiques à ces problématiques. C’est dans de tels contextes que les systèmes d’informations,
déjà en place depuis plusieurs années pour traiter toutes les problématiques liées à
l’informatique au sein de l’entreprise avec pour mission principale la collecte et le traitement
des données (Pierre Hennequin, 2014), se sont vus de plus en plus nécessaires et
indispensables aux structures au fur et à mesure des années, quelles que soit leurs dimension.
Dans leur guide pratique des Système d’information, Charles Waterfield et Nick Rmsing
(1998) affirmeront « qu’un système d’information de gestion est une série de procédures et
d’actions effectuées pour saisir des données brutes, les transformer en information utilisable et
transmettre cette information aux utilisateurs sous une forme adaptée à leurs besoins ».

En fonction de la taille de l’entreprise, le système d’information est plus ou moins large, plus
ou moins développé et structuré, mais il est important d’insister qu’aujourd’hui, toutes les
entreprises ont au minimum une personne dédiée à l’informatique.

L’explosion des systèmes d’informations a entraîné de nouvelles activités et de nouveaux


métiers nécessitants des compétences à faire valoir ! Des opportunités se sont créée notamment
en matière d’accompagnement de ces entreprises qui petit à petit s’imprégnaient du numérique
et des technologies, les Entreprises de service numériques ont donc émergé avec leur prestation
intellectuelle fournit par des consultants experts. D’après Mohamed Amine El Afrit (2017),
elles se partagent entre le conseil et le service en informatique.

10
II. L’émergence des entreprises de services numériques.

a. L’activité

On a dans un premier temps parlé de société de services en ingénierie informatique qui à


l’origine, avait une activité « centrée sur la réalisation et l’assistance technique » (Yannick
Fondeur et Catherine Sauviat, 2002). Bien qu’elles s’élargissent au fur et à mesure, elles
prennent une autre tournure quand dans les années 1990, ont assistera à l’intégration amont et
aval des SSII qui vont leur permettre de prendre plus d’ampleur sur le marché de l’informatique
et de pouvoir participer à de plus gros projets (Yannick Fondeur et Catherine Sauviat, 2002).

C’est en 2013 que l’acronyme SSII laisse la place au terme ESN, soit entreprise de service
numérique. (Journal du net, « SSII et ESN les Sociétés de services numériques : définition »,
2019) Les noms sont quelques peu différents mais l’activité reste la même !

Avec une activité principalement dirigée vers le B to B, et partiellement en B to A


(Administration), les ESN disposent d’un panel de services divers et variés : Certaines
proposent de l’accompagnement en organisation, d’autres en conduite du changement, en
intégration de systèmes (éditeurs de logiciels) ou encore en technologie. Nous allons nous
intéresser aujourd’hui au conseil en système d’information, autrement dites sociétés de services
et de technologies de l’information.

L’APEC, l’association pour l’emploi des cadres (2014), répertorie dans son « étude sur les
métiers des systèmes d’information », 3 formes de commercialisation et d’intervention des ESN
chez leurs clients :

è La méthode Régie (Ou assistance technique) : L’ESN s’engage sur les moyens. Le ou
les consultants sont alors envoyés en mission directement dans les équipes du client.
Rattachés au manager, ils font partie intègre des équipes à la seule particularité qu’ils
ne sont pas internes à la société cliente. On pourrait apparenter ce modèle au mode de
fonctionnement de l’intérim ; la ressource fournit une prestation sur la durée et quitte le
client une fois sa mission terminée.

è Dans la méthode au forfait, l’ESN s’engage à fournir le résultat définit au préalable lors
de la signature du contrat. Celle-ci a pour impératif de respecter le cahier des charges,
le budget et surtout le calendrier. Il s’agit de projets un peu plus risqués mais plus
important en termes de dimension et d’enjeux financiers, et également stratégique.

11
è On parle aussi de centre de service, pour les ESN en général d’un certain niveau et d’une
certaine taille qui ont la possibilité d’accueillir en leur sein même le projet d’un client :
Les consultants ne se rendent pas chez le client mais c’est l’ESN qui aménage un espace
dans ses locaux dédié au client. Le centre de service se remporte via les appels d’offres,
l’ESN a en charge toute la prestation.

Toutes ces méthodes sont établies pour répondre aux besoins des clients en général issus des
secteurs publics, de l’industrie, de l’énergie, des banques et des assurances ou encore les
télécoms, le commerce et la distribution.

Dans le nuage économique de l’informatique, on observe également l’essor des éditeurs de


logiciels et des développeurs de solutions cloud qui dispose d’une valeur ajoutée supérieur et
spécifiques par rapport aux ESN classiques. Leurs spécialisations leur procurent une force de
frappe face aux ESN. (Kamel Barbouri, 2018)

b. Le modèle économique

Franck LEON (2015) nous décortique le business model sa recherche et afin de préciser au
mieux le business model des ESN, nous allons nous appuyer sur les 3 piliers essentiels à sa
réalisation qui s’articule entre une proposition de valeur décrivant les clients de l’entreprise et
les produits et/ou services qu’elle leur propose, une architecture de valeur qui comprend la
chaîne de valeur interne et externe et une équation de profit qui traduit financièrement le modèle
d’affaires résultant des deux composantes précédentes. (Moingeon et Lehmann-Ortega, 2010)

La plus-value des ESN : rappelons tout d’abord que selon Porter (1985) « la valeur est la
somme que les clients sont prêts à payer ce qu’une firme leur offre. La valeur se mesure par les
recettes totales qui reflètent le prix qu’une firme peut obtenir pour son produit et le nombre
d’unités qu’elle peut vendre. » La valeur ajoutée de l’entreprise de services numérique dépend
fortement des aptitudes et de la qualité de la ressource qu’elle va mettre à disposition du client
afin de répondre à ses problématiques techniques mais également budgétaires : En effet les ESN
font souvent face à des clients restreints financièrement mais avec des attentes considérables.

12
La capacité du fournisseur à proposer des compétences de qualité à moindre coût représente un
avantage considérable sur la concurrence.

L’architecture de valeur qui accompagne cette notion de plus-value, c’est tout simplement le
fait de créer, commercialiser et fournir un capital de valeurs et de relations à ses clients pour
générer des revenus rentables et durable Dubosson-Torbay et Alexander Osterwalder (2002)
En clair, d’une part comment la valeur va être créée, c’est-à-dire comment les ressources vont
être organisées et utilisées pour obtenir cette valeur proposée et d’autres part, comment cette
même valeur se situe sur le marché qui lui est dédié. De la même manière que toutes autres
activités industrielles, la valeur de l’entreprise va être créer en fonction du nombre d’heures
passé par les consultants auprès des clients,mais avant tout par la productivité de la ressource
mobilisée et son rapport « qualité-prix ». Il est bon a noté que les constantes évolutions du
numérique ont indéniablement pu permettre de prioriser les tâches en les classant de la plus
faible à la plus haute valeur ajoutée.

L’équation du profit : comme indiqué, cette dernière n’est autre que la corrélation entre la
proposition de valeur et l’architecture de valeur, elle permet d’avoir une visibilité sur les sources
de revenus. On peut également la définir en associant 4 éléments dépendants les uns des autres,
à savoir la proposition de valeur client, la formule de profit, les ressources clés et les processus
mis en place pour fournir de la valeur tous ensemble. (Johnson et al, 2008). Appliqué aux ESN,
il s’agit de l’étude des couts de reviens des ressources par rapport aux prix facturé aux clients,
dans un marché ultra concurrentiel comme celui-ci, l’étude de la rentabilité sur profils est
primordiale.

Les principaux coûts d’une ESN restent la masse salariale même si les solutions immatérielles
ou les services matériels sont également partie intègre ce cette structure des couts. Un consultant
est dit « rentable » à partir du moment ou sont taux journalier de facturation est supérieur au
cout des salariés/prestataires. Lorsque des salariés ne sont pas sur le terrain, cela impact la
rentabilité de l’entreprise qui se doit de rémunérer son collaborateur malgré son manque
d’activité ponctuel : C’est ce qu’on appelle l’intercontrat. Bien entendu, au bout d’un certain
temps, il arrive que les ESN se séparent d’un consultant resté trop longtemps sans missions.

Toujours d’après l’APEC, « avec 93% d'intentions de recrutement, la palme revient aux
entreprises de l’informatique » en 2018 pour les secteurs recrutant le plus. La cible des
recrutements pour le secteur de l’IT sons les profils sorties d’écoles, qu’ils vont pouvoir placer

13
sur des projets tirés, le maximum de profit et ainsi repartager un peu mieux leur charge de
personnels.

Culturellement, il est important de comprendre que lorsqu’une innovation ou une nouvelle


technologie apparait elle a forcément engager d’importants moyens, en recherche et
développement notamment et même si l’instigateur de cette trouvaille dispose d’un avantage
concurrentiel sur les autres pendant un certain temps, celle-ci peut ensuite être très facilement
reproduite, à moindre frais. Ainsi, les différents acteurs qui utilisent le digital, aussi bien
fournisseur que clients, peuvent bénéficier eux aussi de cette économie d’échelles pour leur
propre transition numérique. Apparaît là, la notion de scalabilité (La faculté d'un produit
informatique à s'adapter aux fluctuations de la demande en conservant ses différentes
fonctionnalités).

III. Le facteurs clés du succès et les barrières à l’entrée

Historiquement, nous pourrions être amenés à prioriser la taille de la structure dans le facteur
clé de succès d’une ESN. En effet, plus une entreprise dispose d’un effectif important et d’un
champ d’action géographique large, plus son poids sur le marché est prononcé : Avec un panel
de consultant considérable elle va pouvoir se faire valoir auprès d’un plus grand nombre de
clients et obtenir de plus en plus de référencement, quasiment indispensable auprès du service
achat des différentes entreprises afin pour pouvoir répondre aux Appels d’Offres des clients.
(Kamel Barbouri, 2018)

Ceci dit, aujourd’hui on a de plus en plus de structure de taille moyenne qui ont pour faire valoir
leur spécialité, biens souvent une niche qui leur permet d’être très concurrentiel et de garder
une proximité avec ses collaborateurs à l’instar de bons nombres de cabinets réputés.

Car oui, la capacité de fidélisation des collaborateurs et la gestion des ressources humaines en
général représente l’un des enjeux majeurs des ESN et pour dire, elles connaissent un taux de
rotation de leurs collaborateurs. Comme nous l’indique Guilhem Ferveur (2020), le turnover
est souvent considéré comme un symbole de la santé interne de l’entreprise, un fort taux de
départ des collaborateurs au sein d’une société, d’un service ou d’un poste est généralement
perçu comme négatif. Mais nous aurons le temps d’y venir bien plus tard.

14
Pouvoir gérer des projets impliquant différentes technologies constitue une opportunité pour
les entreprises déjà présentes qui entretiennent leur nécessité auprès de leur client. Ils
deviennent références et dans ses sujets parfois à plusieurs milliers voire millions d’euros, il est
difficile pour un nouvel entrant de prendre la place d’un fournisseur déjà bien ancré.

IV. Les chiffre clés du secteur

Même si la situation a évolué depuis les récents événements (Covid 19 et Crise Ukrainienne),
il faut savoir que le secteur des entreprises numérique est en constante croissance de 5% par
ans depuis les années 2OOO, selon Numemum, le premier syndicat professionnel des
entreprises du numérique en France anciennement appelé Syntehc. En 2017, les ESN françaises
représentaient d'une valeur de 25,7 Milliards d’euros selon une étude réalisée par la société
Katalyse en 2018, avec une croissance de 2,9 % annuelle.

Au-delà de l’aspect financier, en perpétuel augmentation, les effectifs vont également de pair
avec cette tendance : Cette même année, le secteur ESN employait 212 300 personne pour un
total de 328 500 personnes pour les deux types de structures de services (ESN et ICT)

Aujourd’hui, de nouvelles offres de services s’ajoutent aux ESN, on parle notamment du


« cloud computing » permettant aux entreprises de pouvoir évoluer avec des logiciels ou
applications directement disponible via internet. On assiste dans le même temps au déclin de
l’infogérance, beaucoup moins prisée qu’à ses débuts.

a. L’innovation des services numériques.

De nouveaux levier de transformation numérique ont révolutionnés l’industrie française du


logiciel et des services IT. Il s’agit des d’éléments qui selon Séverine Dagallaix (2020) assure
une digitalisation réussie à l’entreprise, on parle des SMACS dont chaque lettre de cet acronyme
à une signification :

15
• Sociaux : Capacité d’une entreprise à proposer un environnement communicant et une
gestion d’équipe collaborative à ses équipes

• Mobilité : L’entreprise se doit de permettre à ses collaborateurs une certaine mobilité


en pouvant avoir accès aux documents professionnels ou au planning à n’importe quel
moment via par exemple des applications ou autre ERP.

• Analytique : Chaque structure revendiquant les SMACS doit avoir la capacité d’analyse
des données qu’elle traite. On est la au cœur de la transformation digitale !

• Cloud : Après avoir traité ces données il faut les stocker ! Le cloud permet également
l’accès permanent aux données.

• Sécurité : Naturellement, ce flux de données et d’information requiert une sécurité en


prévision d’éventuelles pertes ou même attaques. On parle alors de la fameuse RGPD :
Règlement général pour la protection de donnée.

Selon Numnum, la valeur du marché du numérique (regroupent les éditeurs de logicielle, les
services informatiques et le conseil en technologie) représente 53,9 milliards d’euros en 2017
en France.

Si l’on détail un peu plus ces résultats, on s’aperçoit que les services et le conseil reste supérieur
aux éditeurs de logiciel, même si celui-ci va connaître une importante croissance à partir de
2018, avec une augmentation de +4,7%.

Au niveau mondial, nous pouvons observer une croissance très variée en fonction des zones
géographiques. Depuis 2015, la zone PACA progresse de 5% annuellement. Les
investissements des pays du Nord dans l’informatique, Amérique latine comprise, reste à un
niveau correct en comparaison à l’activité au global. Seule la croissance du Japon a pris un coup
et se situe à 2% par an jusqu’en 2018.

16
Globalement, la France est dans les rang européens au niveau de ses dépenses IT, même si elle
reste dans le bas de tableau comparé à la Grande Bretagne et à l’Allemagne qui fleurtent avec
les 3,3% de croissances

b. Analyse des facteurs macro-environnementaux

Afin d’analyser au mieux les éléments interne et externe à l’entreprise, susceptibles d’impacter
les acteurs stratégiques du marché nous allons nous appuyer sur l’analyse PESTEL compléter
ensuite par l’étude SWOT.

L’analyse PESTEL nous permet d’avoir une vue d’ensemble sur les facteurs macro-
environnementaux qui influencent l’activité du secteur. De nombreux cabinet de conseil
effectue la même étude à leur propre échelle. Quand au

17
Tableau 1 : Analyse PESTEL de l'environnement des ESN (Source : Xerfi – Mohamed El Afrit)

Impact sur
Dimension Facteurs déterminants
le secteur

Recours croissant à l’e-administration ++

Politique Effort de rationalisation des dépenses IT de l'état -

Politiques de subvention au digital +++

Digitalisation accélérée de l'économie ++


Economique
Ralentissement du taux d'externalisation des fonctions
informatiques par les entreprises clientes -

Culture numérique des entreprises accrue, notamment au -


niveau des fonctions Achats

Autonomisation des directions métiers dans les achats de


Sociale +
prestations digitales

Evolution des pratiques au sein des entreprises clientes +

Technologique Foisonnement d'innovations digitales qui impactent l'activité +++


et l'organisation des ESN

Ecologique Développement de la RSE (green IT) +

Légale Inflation normative autour de la cybersécurité et la conformité


+
des infrastructures informatiques

Tableau 2 : Analyse SWOT de l'environnement des ESN (Source : Xerfi – Mohamed El Afrit)

18
Forces Faiblesses
Externalisation Maturité du marché
Nouvelles technologies Déficit des ingénieurs
Hausse des dépenses IT Petites structures mono-client
France zone attractive pour le cloud Baisse des investissements généraux
20% du marché concerne la finance Baisse des prix des prestations
Présent dans plusieurs secteurs d’activité
Marché français petit pour le cloud
et de zone géographique
Bonnes relations clientes 30% du marché concerne l’industrie
Forte dépendance de l’entreprise vis-à-vis
Réseaux de partenariat solide
de ses consultants
Forte croissance de la recherche et
Faibles barrières à l’entrée
développement
Faible coûts fixes de structure
Marché en cours de consolidation
Opportunités Menaces
Pays les plus « intensif en logiciel libre » DSI cherche à augmenter les dépenses
Nouveaux modèles économiques Allongement du cycle de décision
Partenariats avec de grands opérateurs Tension sur les prix
Nouveau service à forte valeur ajoutée Tentation d’externalisation offshore
Nouveaux marchés dans les pays à forte
Inflation des structures freelance
croissance
Augmentation de la part du cloud dans le Lobing d’acteurs nord-américains sur
service leurs technologies Cloud,
Asphyxie des acteurs français
Forte croissance de la part des fusions &
Forte concurrence
acquisitions
Demande croissante des services Volatilité et conditions économiques
SMACSI incertains
Services informatiques sous développé
Risque de devises étrangères
aux pays émergents
Nécessité d’adaptation rapide aux
nouvelles technologies

19
c. Les perspectives du marché du numérique pour 2022

c.1 Une croissance qui se maintien

Suite à une crise sanitaire puis économique sans précédent, les dirigeant français on encore plus
compris l’importance de l’informatique et devrait augmenter leur budget de dépenses lié à l’IT :
On atteindrait une hausse de 8% en 2022 (XERFI, La croissance des ESN se maintiendra à
haut niveau en 2022, Mai 2022). En effet les entreprises ont d’autant plus pris conscience des
enjeux de digitalisation des parcours clients et des services ou produits en lien avec les données
en circulation. Toute ces problématiques vont de ce fait nécessité le recours à des ressources
externe, notamment les entreprises de service numérique.

Graphique 1 : Chiffre d’affaires de la programmation, du conseil et des autres activités


informatiques

Graphique 2 : Chiffre d ‘affaires des services numériques et du conseil – Indice de valeur

Graphique 3 : Chiffre d’affaires des services numériques et du conseil – Variation du %

20
Sur 100 directions des systèmes d’information 38 ont constatés une hausse de leur budget en
2021. Cette même croissance est à anticiper pour l’année 2022 avec 48% des DSI prévoyant
une augmentation de leurs budget IT. Cette statistique n’est pas négligeable, d’autant plus que
parmi les 100 DSI interrogées, seulement 10 ont réduit leur budget en 2021 et plus que 4 voient
leur portefeuille diminué en 2022. (NUMEUM, 2021)

Graphique 4 : Evolution des Budget IT pour la France en 2021 et en 2022 (sources : PAC,
groupe Teknowlogy pour Numeum)

La forte augmentation du portefeuille des DSI pourra leur permettre de concentrer leurs
investissements sur les enjeux phare de l’informatique aujourd’hui, à savoir la cybersécurité,
l’expérience client, la gestion et le traitement des données ainsi qu’améliorer l’utilisation des
processus internes aux entreprises. Aujourd’hui, la sécurité informatique a pris le pas sur
l’urgence du cloud. Même si celui-ci est de plus e plus encré au sein des direction des systèmes
d’information, la cybersécurité reste le suet primordial du moment (NUMEUM, 2021)

21
c.2 Un secteur en forte demande de candidats

Il est devenu maintenant habituel depuis plus de 10 ans que le numérique soit à la tête des
secteurs qui emplois. Numeum nous informe que même avec la dernière crise sanitaire, en
2020, 4600 postes ont trouvé preneurs, avec un effectifs salarié total qui s’évaluait à 528 262
personnes. La sortie de crise du second trimestre 2021 a quelques peu réveillé la croissance des
recrutements en interne jusqu’a un niveau jamais mais atteint en France : +3,1% pour le secteur
du numérique. Les consultants indépendants ayant vécu la dure période de crise, pour certains
semé de sortie de projet et donc contraint à ne plus être rémunéré, ont vite voulu retrouver la
sécurité du CDI.

Plus particulièrement, les éditeurs de logiciels et les entreprises de services numériques étaient
impliqué à hauteur de 2,9% dans le recrutement de salarié en 2020 pour un résultat de 2,8%
l’année précédente. La répartition du marché français se fait également géographiquement ! On
dénombre 50,3 % de franciliens parmi les salariés du numérique. Un chiffre tout de même
légèrement inférieur par rapport à 2019. La zone atlantique est quant à elle de plus en plus
attractive au fil des années. En effet, entre 2015 et 2020, les emplois du secteur du numériques
ont augmenté de 6%, se partageant entre la Bretagne, les Pays de la Loire ou encore la Nouvelle
Aquitaine. Tout comme l’île de France, l’Occitanie voie son taux d’emploi du numérique perdre
1,1%, notamment à cause de la crise de l’aéronautique.

22
Graphique 2 : Répartition des entreprises du secteur numériques par région en France (source :
Mohamed El Afrit)

Quoi qu’il en soit, l’emploi disponible et beaucoup plus fort que la compétence présente sur le
marché. Le numérique se développe et les entreprises suivent le pas, à l’affut des dernières
technologies en vue d’être à la pointe de l’IT ou tout simplement se mettre à jour face aux
concurrents et les demande des utilisateurs finaux qui évoluent également ! Toutes les activités
du secteur du numérique peinent à trouver la main d’œuvre qualifiée, des ESN aux éditeurs de
logiciel, en passant par les ICT, toutes ces structures sont en manque de développeur, chef de
projet, PMO ou encre de cloud et de Big Data

23
c.3 Les Principaux leviers de croissance du numérique français

5 domaines particuliers du numériques représente l’avenir du secteur et le confirme avec des


chiffres en perpétuels croissance (NUMEUM, 2021)

• La transformation digitale (+10,8% de croissance en 2021 autrement dit 6,9 milliards


d’euros) : On parle ici « d’expérience client », de « e-commerce », ou encore de
« dématérialisation » …
• Le Cloud C&SI - Conseil et intégration des systèmes (+28,1% de croissance en 2021
soit 12,2 milliards d’euros)
• Le Big Data (+23,4% de croissance en 2021 soit 1,9 milliards d’euros) : Il s’agit ici de
tous les enjeux liés au stockage et au traitement des données permettant de s’ouvrir sur
de nouveaux marchés, de nouvexu services ou même d’anticiper les prochaines
tendances.
• L’IoT (ou internet des objets) (+21,6% de croissance en 2021 soit 8,7 milliards d’euros)
: le développement de nouvelles solutions avec la 5G notamment…
• La Sécurité (+9,2% de croissance en 2021 soit 2,7 milliards d’euros) : avec une
croissance des investissements et de l’externalisation pour parer à la recrudescence des
risques, des attaques…

d. Mesure de l’Intensité concurrentielle

Comme on a pu le constater tout au long de cet exercice, le secteur du numérique, peu importe
le métier et la branche est un marché ultra concurrentiel qui mérite l’analyse des fameuses
forces de Porter afin d’étayer au mieux ces paramètres.

Les nouveaux entrant : Avec une faible nécessité en capital au démarrage, les ESN sont de plus
en plus concurrencées par de nouveaux acteurs qui s’intéressent de plus en plus à ce marché,
comme les agences digitales ou de communication qui crées de nouveau pôle dédié à l’IT. On

24
assiste aujourd’hui a une nouvelle forme d’intermédiaire entre les consultant et les clients
finaux : Les sociétés de portages

Munci Offshore, cité par Jean-Cristophe Berthod et Jack Toupet (2005) dans leur étude,
nous expose ce phénomène de plus en plus grandissant que l’ont peu également qualifié de
nouvel entrant sur le marché des services informatiques. Aujourd’hui supérieur à 10%,
l’offshoring représente un sérieux concurrent en matière de coût de la main d’œuvre qui est
généralement bien plus intéressante. Les société étrangère, indienne par exemple, proposant
leur service aux clients finaux occidentaux constitue une réelle menace pour les ESN locales.

Les produits de substitutions : La seule substitution que l’on pourrait relever serait
l’internalisation plutôt que l’appel à la prestation pour les clients finaux. Certains clients en
effet, privilégie le recrutement de ressource interne et sur le long terme dans leur structure plutôt
que le recours à une compétence sur une durée défini. On pourrait également aborder la
concurrence entre les ESN même en fonction de leurs tailles : Effectivement lorsqu’un client a
un besoin d’une spécificité ou d’une spécialisation de niche il fait en général appel à de petites
structures ; mécanisme qui peut ici s’apparenter à un choix de « service » de substitution.

Pour se développer, les ESN adopte une stratégie de croissance externes pour faire face au
manque de compétences et de talents. Le marché est de plus en plus demandeurs mais les
ressources sont également de plus en plus difficiles à trouver en France !

Le pouvoir de négociation des clients : Qui dit marché ultra concurrentiel dit fort pouvoir de
négociation des clients. Effectivement, inutile de s’étaler sur le sujet pour comprendre que les
clients finaux ont bien souvent la possibilité de bénéficier d’un panel de fournisseurs suffisant
pour avoir l’embarras du choix (lorsque la ressource recherchée est courante) et faire jouer ainsi
la concurrence pour obtenir le meilleur prix.

Le pouvoir de négociation des fournisseurs : En parallèle, les fournisseurs des ESN qui ne
sont autre que les consultants et experts sollicités pour répondre aux besoins des clients ont
aussi la possibilité de négocier au mieux leur tarifs de prestation ou leur salaire tant leurs
compétences sont recherchées.

25
e. Diagnostique stratégique du marché

e.1 Les groupes stratégiques

Mohamed Amine EL AFRIT (2017) distingue 5 groupes stratégiques dans le marché des
entreprises de services numériques :

1. Les Big ESN, comme leur nom l’indique de grosses structures développées à
l’international qui s’imposent sur le marché grâce à une domination de ces coûts
rationnaliser bénéficiant d’un grand nombre de ressources.

2. Nous avons également les petites ESN dont la valeur ajoutée sera leur intimité avec leur
clients permise également par la taille intermédiaire ou petite de ces derniers.

3. Les ESN spécialisés métiers qui vont être focaliser sur un seul et unique métier ou une
branche seulement.

4. Les ESN spécialisées sur une technologie vont eux misé sur leur expertise d’un domaine
technique en particulier. Cela va leur permettre de bénéficier d’une compétence de niche
pouvant être sollicité par plusieurs branches métiers différentes

Kamel Babouri (2018) ajoute à celles-là un 5ème groupe, les autres types d’ESN que l’on
nommera les ESNI (Entreprise de service numériques innovantes) qui fait suite de
l’émergence de TPE ou encore de groupe de consultant souhaitant se réunir afin de se faire
valoir auprès des clients sans passer par des ESN classiques.

26
e.2 La segmentation stratégique

Il est important d’étudier les segmentations stratégiques des ESN afin de comprendre un peu
plus ce marché. Plusieurs directions peuvent être adoptées ; parmi celle-ci, on en dénombre
quatre :

• La segmentation Horizontale : lorsque l’offre ou le service proposé répond à des


besoins largement diffusés, il s’agit de satisfaire un large éventail de consommateurs.
Ici, les ESN choisissent de se tourner certes vers une activité précise, mais qui représente
un panel assez conséquent de consommateurs. On parle alors du secteur du conseil, de
l’ingénierie ou encore de l’intégration des systèmes informatiques, assistance
technique… Et ben d’autres comme les SMACS abordés un peu plus tôt.

• La segmentation verticale quant à elle implique une spécialisation en fonction des


secteurs d’activité des clients car en fonction du métier de celui-ci, les besoins sont
différents. Ainsi, les entreprises de services numériques ont pour clients des enseignes
de banque, de la finance, de l’assurance ou encore de l’Energie et de la
télécommunication.

• Pour la troisième segmentation il s’agit de celle dite fonctionnelle, ou par « métier ».


Car si l’essentiel de l’activité des ESN se fait au sein d’une DSI, on observe aujourd’hui
des besoins liés à l’IT au sein des directions opérationnels qui ont de plus en plus
d’enjeux impliquant l’informatique dans leur quotidien. Il s’agit tout bonnement de
CRM pour les services commerciaux par exemple, de logiciel de comptabilité pour le
contrôle de gestion ou encore de solution permettant la gestion des Business Unit. Tous
ces outils sont à destination d’utilisateur métier mais nécessite des ressources techniques
pour les mettre en place.

Les ESN ont donc ciblés également les directions métiers dans leur prospection et non
plus seulement les directions des systèmes d’informations.

27
• Enfin, on parle de segmentation géographique lorsqu’il s’agit lorsque des ESN
spécialisée (ou non) cible des zones géographiques bien précises à intégrer
techniquement. Certains territoires par exemple, plus amènes d’accueillir des clients,
des technopoles sont plus propice aux ESN.

e.3 Les Modalité de concurrences

L’objectif est ici d’étudier les moyens de différenciations des ESN entre elles. Nous avons parlé
juste avant de la segmentation, à savoir le groupe de client ciblé, et nous allons maintenant
étudier la possibilité et les moyens utilisés afin de faire la différence dans ces groupes cibles.

Analyse du Taux journalier : Naturellement, l’un des premiers paramètres observés, peu
importe le secteur d’activité dans lequel on se trouve est le prix. Que ce soit pour acquérir une
baguette, des bonbons ou une voiture, le prix se situe toujours entre les deux protagonistes.
Ainsi, nous pouvons observer ci-dessous la grille des TJM (Taux journalier Moyens) appliquées
au sein des ESN. Cette grille a été établis grâce notamment aux prix pratiqués dans notre propre
structure.

Tableaux 3 : Analyse des taux journaliers Moyens en ESN. (Source : Tarifs réalisés au sein de
NOEMI Conseil)

Analyse des taux journaliers moyens


Type de profil Niveau d'expérience Secteur Domaine d'expertise
TJM TJM TJM TJM
(€) (€) (€) (€)
Consultant
Chef de projet 800 junior 367 Industrie 680 Big Data 948
Distribution et Digital
IT Consulting 837 Consultant 517 transport 672 Transformation 919
Process Consultant
Consulting 880 senior 687 Telecom 715 SaaS 901

Manager 913 Utilities 771 Security 896


Manager 1
senior 092 Public Sector 746 Mobility 877
Cloud
Financial Services 791 computing 856

28
Le taux journaliers moyens représente le prix de facturation des consultants à la journée par les
entreprises de services ou cabinet de conseil. C’est le nerf de la guerre ! Comme on peut le
constater, en fonction des secteurs d’activité, des niveaux de postes et surtout du type de
fonctions ou encore de technologie, le coût pour le client varie plus ou moins.

La différenciation horizontale : Pour rappel, la différenciation horizontale à lieu lorsque


« Deux variantes d'un produit sont différenciées horizontalement quand, vendues au même prix, certains
consommateurs préfèrent acheter la première à la seconde, alors que l'inverse est vrai pour les autres
consommateurs » (Jean Gabszewicz, 2006). Dans le cas des ESN, on assimile cela à la
réputation de la structure, en effet, pour deux services égaux avec deux consultants différents
les clients vont choisir l’ESN avec la meilleure réputation. (Mohamed Amine El Afrit, 2016)

La différenciation horizontale : Il s’agit là de la sélection du produits en fonction de sa qualité.


En effet « Abstraction faite des différences de prix, les consommateurs sont unanimes quant au
classement des types du bien en question, ce qui nous permet d'utiliser le terme qualité sans
ambiguïté ». (Christos Constantatos et Stylianos Perrakis, 1995). Pour les Entreprise de
service numérique, Mohamed Amine El Afrit (2016) nous l’explique comme étant l sélection
du meilleurs consultant, de l’expertise notamment de celui qui va primer sur le prix : Les client
souvent très exigent quant aux compétences des ressources sollicitées.

On peut également associer cette notion à celle de la différenciation de service, qui pousse
notamment les ESN et consultants à se doter de certification afin de pouvoir mieux se faire
valoir sur le marché.

e.4 Les stratégies déployées par les ESN

Suite aux différents modes de différenciation des clients en fonction du « service » proposé,
s’en suit logiquement une approche différente des ESN face aux comportements de leur
consommateur. On observe ainsi plusieurs stratégies permettant à ces dernières de pouvoir se
positionner en fonction des attentes de la demande. 3 types de stratégies ont été retenu par
Mohamed Amine El Afrit en 2016, qui correspondent assez bien à la réalité du terrain. On
parle dans un premier temps de stratégie de différentiation par les coûts, de différentiation et de

29
focalisation. Encore une fois, ces éléments vont de pairs avec le comportement des
consommateurs étudiés un peu plus haut.

• Domination par les coûts : Les « Big ESN », ou les entreprises de grandes tailles, ont
la possibilité de rationaliser leur coût grâce à l’ampleur de leur activité auprès de clients
« grands compte ». Une sorte d’économie d’échelle est réalisée sur les différents
processus et méthodes de gestions appliqués.

• Différentiation : Il s’agit là de répondre à l’exigence des clients concernant la qualité


et l’expertise des consultant à Bien entendu, les ESN se doivent de dénicher les
meilleurs talents pour satisfaire leur client, garantir leur fidélité et par la même occasion
accentué leur bonne réputation sur le marché.

• Les stratégies de focalisation (les spécialistes et les experts) : Très clairement liés à la
différentiation via les compétences des ressources, elle est encore plu spécifique car elle
implique en plus de la qualité une spécialisation à un domaine en particulier. On va
parler plus couramment de stratégie de niche. L’entreprise choisit alors de se focaliser
sur un segment de marché, comme par exemple la banque de détail, et ne ‘orienter que
vers des clients issus de ce domaine. L’ESN peut également choisir de se concentrer
non pas sur une branche d’activité mais plutôt sur ou des compétences précise. Il s’agit-
là de la maitrise d’une technologie particulière chez les consultants de l’entreprise ou
alors d’une fonction bien précise.

• Les stratégies mixtes (les petits généralistes) : Enfin, on parle de stratégie mixte pour
les petites ESN qui tendent à se développer mais qui n’ont pas encore les mêmes marges
de manœuvre que les plus gros groupes. Elles doivent parfois se contenter de répondre
aux Appels d’offres qu’elle déniche peu importe les stacks techniques demandées ou le
secteur d’activité. L’objectif étant de « faire du chiffes » afin de se développer
rapidement, pour pouvoir se spécialiser petit à petit en grandissant ou du moins proposer
une stratégie de différentiation à ses clients.

Il est important de prendre conscience que tous les secteurs d’activités sont aujourd’hui
impactés par le numérique et l’arrivé des TIC.

30
Cette place dans l’économie national et international ainsi que les perspectives d’avenir du
numériques laisse présagées encore de longues années aux entreprises du secteur avec de
nombreux challenges à relever, éditeurs de logiciels ou entreprises de services numériques,
toutes vont devoir surmonter des défis techniques due notamment à une perpétuelle évolution
technologique de l’environnement. Des enjeux humains font partie des prochaines échéances
importante des entreprises du secteur En effet, comme on a pu le constater, le marché français
est en pénurie de talents et le manque de ressources disponibles se fait ressentir de plus en plus.
Les DSI ont du mal à voir leur attente comblée et l’on fait de plus en plus face à « l’offshoring »
afin de dénicher des expertises hors hexagone.

Lorsque l’on parle de délocalisation, notre regard c’est tout de suite tourné vers les pays de
l’Inde ou les entreprises françaises font souvent appel pour y installer des centres de compétence
et répondre à leur besoin de manière moins onéreuse. L’Espagne également dispose de
ressources moins couteuses, on a notamment l’entreprise Sopra Steria qui y a des équipes à
Valence. Mais aujourd’hui lorsque l’on parle de délocalisation on pense également à l’Afrique,
avec les pays du Maghreb qui sont notamment très référencé en termes d’expertise
informatique. Les plus gros cabinets français tel que Capgemini ou Atos y sont installé et y
prolifèrent. Quand est-il des pays d’Afrique subsaharienne ? Quand est-il des pays d’Afrique
francophone ? Dans quelle mesure est-ce que les ESN pourraient-elles émerger dans ces zones
ou tout reste à faire et ou l’avènement des technologies de l’information et de la communication
ont permis d’envisager l’arrivée de ce type d’entreprises ? Ce sont ces questions que nous nous
sommes posées dans la deuxième partie de cette étude.

31
PARTIE II : L’informatique en Afrique et les TIC : Le chemin des entreprises de service
numérique

Dans cette deuxième partie, l’objectif est de basculer sur le continent africain après avoir
détaillé au mieux le marché des entreprises de services numérique en France. Il s’agit là de
décortiquer le secteur de l’informatique en Afrique subsaharienne, en passant par le début
d’Internet et sa pénétration du territoire grâce notamment à l’avènement des nouvelles
technologies de l’information et en mentionnant la modulation digitale de l’écosystème jusqu’à
l’apparition des ESN sur le continent.

Une vision large a, dans un premier temps, été préférée car l’Afrique, en ce qui concerne
l’évolution et plus précisément le développement, ne se différencie pas des masses en fonction
des zones géographiques (de plus, lorsque l’on aborde les ressources informationnelles) à
quelques rares exceptions près comme l’Afrique du Sud et le Maghreb à leur échelle. Pour
autant, la plupart des exemples dans la présente étude portent sur le contexte ivoirien qui résume
bien le contexte africain, pour les raisons évoquées.

I. Les Nouvelles Technologie de l’informatique et de la communication

Selon Jacques Bonjawo, « Une utilisation à bon escient des technologies de l’information et
de la communication représente une chance unique qui va permettre à l’Afrique d’affronter le
troisième millénaire avec la conviction que le retard accumulé au cours du XXe siècle n’est pas
une fatalité, et que les atouts du continent peuvent être mis à profit afin d’accélérer sa marche
vers un avenir meilleur ».
Ces fameuses TIC ou NTIC sont une étape supplémentaire dans le développement de l’Afrique
qui mènent tout droit vers l’émergence des ESN sur le continent, elles ont littéralement changé
le cours du jeu, notamment pour l’Afrique qui a pu rattraper ses retards et faire quelques bonds
de plusieurs années en matière de développement, mais également le monde entier qui a su tirer
profit de ces éléments afin de grandir C’est pourquoi il est plus que nécessaire de revenir sur
leur histoire.

32
a. Définition des TIC ou NTIC

Josiale Koumene Kene (2009) nous définit le NTIC comme étant « une invention des
ingénieurs réseaux qui désigne Technologies de l'information et de la communication ; elles
sont également désignées par les « nouvelles technologies de l'information et de la
communication » (NTIC). »

Le rapprochement de l'informatique et des télécoms dans la dernière décennie du XXe siècle a


bénéficié de la miniaturisation des composants permettant de produire des appareils «
multifonctions » à des prix accessibles.

Salmon Ngamo Tchaméni (2007) cite la définition de l’UNESCO qui affirme que « les TIC
sont définis comme la combinaison des technologies issues de l‘informatique avec d’autres
technologies apparentées, en particularité les technologies de la communication ». L’une des
très grandes spécialistes du sujet, qualifié aujourd’hui de « Grande auteure en système
d’information », Shoshana Zuboff (1988) à définis les TIC dans son ouvrage In the Age of
Smart Machine : The Future of Work and Power (Smart Machine) comme un « label qui reflète
la convergence de plusieurs courants de développement technique, comprenant la micro-
électronique, l’informatique, les télécommunications, le génie logiciel et l’analyse des
systèmes » pour reprendre les propos de Jean-Louis Monino et Soraya Sedkaoui (2013) qui
la cite dans leur travail sur la démarche « d’intelligence économique » des TIC. Mais de
manière générale, l’explication la plus répandue et sur laquelle on s’accordera est celle qui
définit les Nouvelles technologies de l’information est de la communication comme étant « un
ensemble de processus formels de saisie, de traitement, de stockage et de communication de
l’information, basés sur des outils technologiques, qui fournissent un support aux processus
transactionnels et décisionnels, ainsi qu’aux processus de communication actionnés par des
acteurs organisationnels, individus ou groupes d’individus, dans une ou dans plusieurs
organisations. (Reix, 2004)

33
b. L’avènement de TIC

L’informatique en règle générale ainsi que l’audiovisuel ou encore la télécommunication ont


connu une ascension fulgurante dans les années 80. Cette croissance marque la naissance des
fameuses nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Moussa Samb (2013) nous le confirme, les années 70 furent l’apparition des vidéocassettes et
le câble, puis s’en est venu la radio FM, la télématique, la micro-informatique ou encore la
télévision haute définition puis interactive et, enfin, les autoroutes de l’informations, plus
communément appelé l’Internet lancé le 11 janvier 1993 par Al Gore, alors vice-président des
Etats-Unis.

Cependant certains spécialistes comme Mike Lemwire (1997) nous indique que la toute
première connexion a eu lieu en Afrique du Sud en 1988 entre l’université de Rhodes et un
foyer dans l’Orégon aux Etats-Unis, quand Annie Chéneau Loquay (2002) nous affirme elle
que « L’aventure de l’Internet a commencé en Afrique francophone à Dakar dès 1989 ». Même s’il
ne s’agissait que de liaisons de courrier électronique, elles avaient déjà été établies grâce à une
technologie nommée Fidonet. D’autres connexions partielles ont suivi en Afrique du Nord et le
premier pays africain a bénéficié d’un accès complet à Internet sera la Tunisie en 1991 (Ken
Lohento, 2003). Les autres pays d’Afriques subsaharienne ne connaîtront une « connexion
totale effective qu’au milieu des années 1990 (fin 1995 pour le Bénin, 1996 pour le Mali…) »

Quoi qu’il en soit, l’Internet et la téléphonie mobile tire son épingle du jeu, car ils sont à la base
de toutes les technologies recensées dans les NTIC en permettant à l’Afrique d’accélérer plus
rapidement que prévue son développement. En effet, « parce qu’elles portent les ferments de
l’innovation, et en particulier l’Internet et la téléphonie mobile, ont ouvert de nouvelles
perspectives pour les pays en voie de développement ». (Jean-Michel LEDJOU, 2010)

c. Les incertitudes face à l’Internet et aux NTIC

34
Pour Hélène Dufau-Rossi (1998), le continent africain a toujours été « lieu de la plus forte
croissance démographique, de la plus faible industrialisation, elle n’assure pas son
autosuffisance alimentaire, ses sols se dégradent de manière accélérée, ses ressources naturelles
sont pillées ». C’est pourquoi malgré des annonces très encourageantes de nombreux
observateurs sur les bienfaits des nouvelles technologies de l’information et de la
communication, leur apport sur l’Afrique pouvait être encore contesté, comme nous l’exprime
Alain François Loukou (2012) lorsqu’il indique que « par rapport à ce continent, ces outils
sont considérés par leurs détracteurs comme un luxe improductif au regard des priorités
classiques de développement ». D’autres interrogations subsistent chez Hélène Dufau-Rossi
(1998) qui cherche à savoir « comment le développement des NTIC tel qu’il est proposé en
Afrique relève-t-il d’une approche teintée d’illusion, pour ne pas dire de tromperie. » Car il est
vrai que de nombreux « pouvoirs » leurs sont proférés, ils seraient capables d’entraîner des
améliorations rapides et radicales dans des domaines socio-économiques, politiques ou encore
culturels, mais qu’en est-il réellement ?

Ce qui est sûr, c’est « qu’une des conditions sine qua non de l’épanouissement attendu,
notamment par l’insertion dans le marché mondial, est de disposer de l’équipement requis. Il
est vrai que l’on assiste en Afrique à une relative ‘prolifération’ des équipements et connexions
pour accéder aux nouvelles technologies » Hélène Dufau-Rossi (1998) car en effet, la
difficulté d’accès à Internet illustre à elle-même cette notion de fracture numérique et
d’inégalité qui viennent confirmer ces incertitudes quant à la pertinence des NTIC. Malgré
l’opportunité que représente Internet et les TIC, la fracture et les dérives du numérique sont
belle et bien présentes dans les pays d’Afrique.

Comme le reprend Imen Khanchel El Mehdi (2011), Jensen (2002) nous l’explique par
l’existence de plusieurs obstacles pour la population africaine tels que le coût parfois élevé et
certaines zones démunis de toutes connexion de par leur situation excentrée voire enclavée.

Dans ses travaux de recherche, Gado Alzouma (2008) affirme que l’Afrique demeure aussi
être le continent le plus lésé en terme d’ordinateurs seulement 50 millions d’utilisateurs Internet
soit un utilisateur sur 20 personnes. Il appuie encore son argumentation sur le fossé créé par les
NTIC en prenant pour exemple les différences entre les personnes ayant pu pratiquer la langue
européenne (anglais ou français majoritairement) et qui pourrons être plus à même d’utiliser
Internet contrairement aux populations ayant manqué d’accès à la scolarité et qui bien souvent
se retrouve analphabète ou alors restreint par la barrière linguistique et éducationnelle.

35
d. La révolution Mobile

Hélène Dufau-Rossi (2012) avait prévenu, « C’est dans le domaine du « sans-fil » que les
changements les plus rapides et les plus spectaculaires risquent d’avoir lieu. La téléphonie
cellulaire prend son essor, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Afrique du Sud et également dans
les zones les plus déstructurée (comme la Guinée et le Zaïre) ».

L’usage du mobile permet de combler à un certain nombre de besoins et de préoccupations sur


le continent. En plus d’être bénéfiques aux populations pour répondre aux différentes
problématiques de situations : déplacement, communication, transfert d’argents… Il permet
également de développer de nouvelles opportunités pour certains secteurs. Jean-Michel
Ledjou (2010) nous cite l’exemple de l’application mise au point à l’époque par la société
Manobi, qui permettait aux agriculteurs sénégalais et sud-africain de recevoir en temps réel sur
leur mobile, les prix du kilo de fruits ou de légumes tels qu’ils sont pratiqués sur les marchés
des grandes villes. Renseignés sur les prix, ces agriculteurs négocient mieux face aux grossistes
qui viennent acheter leur production. Les revenus des paysans ayant souscrit à ce service
auraient augmenté de 30 à 60 %. Cette application pouvait également être utilisée par les
analphabètes grâce à un système d’icônes. Intérêt économique d’une part, bénéfice pour les
agriculteurs d’autre part. Acker (2008), confirme ce fait dans son étude en démontrant que
l’usage du cellulaire accélère la transformation de l’économie rural qui voie ses opportunités
d’affaires multipliés pour les paysans du Niger.

Awa Traoré (2019) à reprend elle l’exemple du projet « Drum Net » qui applique les
technologies modernes de l'information au défi de la création de réseaux d'affaires entre les
petits exploitants agricoles et les banques commerciales rurales, les acheteurs et les fournisseurs
d'intrants agricoles.

Dans le même style, les recherches de Donner (2006) sur l’effet du téléphone mobile au sein
des petites entreprises au Rwanda, nous indiquent que l’usage de celui-ci a permis de
développer les réseaux des entrepreneurs locaux.

Le rôle important de la réduction des coûts et des risques de la croissance de la téléphonie


mobile a également été souligné par Mbuto et Yamano (2009). Grâce à la diffusion de
l’information permise par les téléphones portables, les producteurs de bananes réduiront les

36
coûts de commercialisation notamment avec une baisse des frais de transport et de la quantité
de déchets produits par les produits endommagés grâce à l'utilisation du téléphone mobile.

Selon Serigne Mansour Tall (2002), le téléphone mobile a favorisé la reconnexion de la


famille élargie particulièrement dans les régions rurales du Sénégal. Les échanges (notamment
financiers) entre membres éloignés et ceux restés au pays sont devenus plus nombreux et plus
réguliers.

Enfin, pour démontrer la corrélation entre croissance économique et développement de la


téléphonie mobile, Ronald et Sridhar (2004) ont illustrer dans leur travail que le
développement de la téléphonie fixe et de la téléphonie mobile ont un impact significatif sur la
production intérieure, qui est apparemment plus élevée dans les pays en développement que
dans les pays développés.

Vous l’aurez compris, l’impact du téléphone portable sur le développement financier et, par
conséquent, sur l'économique dans les pays en développement est plus que positif. Tous ces
exemples soutiennent l’idée que cet outil de communication a la possibilité de permettre aux
Africains de faire un pas-de-géant sur la voie du développement économique et de la
transformation digitale

II. Vers une transformation digitale ?

L’avènement des TIC, en particulier d’Internet et de la téléphonie mobile, ont considérablement


aiguillé l’Afrique subsaharienne, et l’ensemble du continent africain d’un point de vue général,
dans sa course au développement. Mais il est encore trop pour parler de transformation digitale
de l’Afrique subsaharienne qui selon Dibril Saw (L’Afrique face à la transformation digitale,
2017), expert en transmission de données et sécurité de l'Information à l'Université Cheikh Anta
Diop de Dakar, « consiste fondamentalement en la dématérialisation des processus » ; on
parlera plutôt de « transformation numérique » ou d’économie numérique. Le dernier rapport
de la dynamique du développement en Afrique, publié en 2021, nous dresse un état des lieux
du numérique en Afrique de l’Ouest ; le résultat en sans appel :

• Faible niveau de digitalisation, malgré l’augmentation du nombre d’abonnés en 2018 :


mobile (41,5%), couverture 4G (35,1%), Internet (25%) : une forte inégalité d’accès

37
entre les pays : le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Nigeria sont mieux dotés en
infrastructures de communication.

• Mauvaise qualité de la connexion qui n’optimise pas assez l’utilisation des TIC et coût
d’accès élevé
• Taux d’utilisation des outils digitaux par les entreprises : disponibilité d’un site Internet,
utilisation d’adresse électronique ; les grandes entreprises se démarquent….
• Evolution lente du commerce électronique, en raison des pesanteurs technologiques et
humaines ; B2C< 50 % en AO et >30 dans 4 pays ;
• Services livrables par le réseau des TIC (service après-vente, hotline) faiblement
développés en Afrique de l’Ouest;
• En Afrique de l’Ouest, un faible taux de bancarisation (19,3%, UEMOA en 2018) qui
est en position avec la pénétration des services mobiles (41,5 % en 2018).
• Le mobile banking a favorisé l’inclusion financière dans la sous-région, qui atteint 57,1
% dans l’UEMOA en 2018

Ces données nous retracent l’utilisation du numérique et sa pénétration d’un point de vue civil
et publique. Sur le plan professionnel, en prenant le prisme de l’entreprise, on s’aperçoit que
l’économie africaine tend à une digitalisation complète sur les prochaines années.

Il est important de préciser la différence entre la transformation digitale et la transformation


numérique. Selon Philippe Weppe (Quelles différences entre la transformation digitale et la
transformation numérique ?), cette dernière désigne les évolutions établies suite à l’apparition
du numérique et d’Internet depuis plusieurs années. Du latin « numerus », elle se présente sous
forme de nombre et permet de faire des calculs, des statistiques et des modèles mathématiques.
Ainsi, la numérisation permet de convertir des données analogiques en données numériques par
exemple. Si les entreprises intègrent les nouvelles technologies de l’information et de la
communication depuis des décennies, la transformation digitale est directement incluse dans la
stratégie des entreprises et dans leurs processus. Dans son article, Philippe nous illustre cette
digitalisation en entreprises avec l’exemple de la réorganisation de la mobilité des salariés « par
le biais d’appareils mobiles et les solutions de stockage en ligne ». Les collaborations entre
salariés et le « remote » sont beaucoup plus facile à mettre en place : il s’agit là d’une stratégie
de développement organisationnel ayant pour support la transformation digitale !

38
Bien plus vaste que la transformation numérique, la transformation digitale apporte une
révolution profonde au sein des organisations au point d’en changer la culture d’entreprise

III. L’émergence des ESN

Comme le mentionne Jean-Michel LEDJOU (2004), cette accélération numérique incite de


nombreux pays à prendre au sérieux la mise en œuvre de technopoles spécialisées, notamment
les TIC, dans le but de promouvoir l’innovation et d’attirer des investissements étrangers. On
observe alors une augmentation significative des activités d’outsourcing : centres d’appels,
secrétariat, édition, saisie de données, services informatiques... Qui s’inscrivent certainement
comme les prémisses des sociétés de services en Afrique. Le Maroc, la Tunisie, le Sénégal,
Maurice se positionnent parmi les principaux prestataires de services aux entreprises françaises.

Thierry Barbaut, directeur du grand éditeur de Logiciel « Stratégie Afrique & Nouvelles
technologies » à déclarer : « les grands groupes mondiaux étudient comment se développer sur
les nouvelles technologies en Afrique, mais ce qui est nouveau, c’est qu’ils comprennent enfin
que c’est avec le savoir-faire local qu’ils y parviendront ». Cette phrase illustre la prise de
conscience des possibilités qu’offre le marché africain. Loïc Mudahemuka (2016) le confirme
dans son article, on parle bien de « cette opportunité de ne plus se contenter d’exploiter les
plateformes ou donnée d’entreprises étrangères » qui invitent les entreprises africaines à
« directement se doter d’outils permettant aux acteurs économiques africains d’avoir une
proximité avec les services proposés par les ESN, et ce à un coût moindre ».

On remarque aussi l’émergence de plusieurs ESN en Afrique subsaharienne comme l’entreprise


Sénégalaise Neurotech, créée en 2002 et dont l’activité n’a cessé de croître au fil des années.
L’Afrique du Nord possède aussi de nombreuses ESN très dynamiques avec l’ESN tunisienne
« Sams Tech », l’Algérienne « Med & Com » ou encore l’égyptienne « EgypCOMP ». Les
services que proposent la majorité des ESN Africaines et dans le monde étant les suivants :

Deux grands types de contrats :

Cyclique - contrats de régie ou d'assistance technique : la société recrute des ingénieurs pour
revendre leur travail à la journée, selon un taux journalier moyen (TJM).
39
Peu cycliques - Contrats au forfait : la société revend à son client un service continu avec un
engagement de résultat, les missions d'infogérance sont au forfait.

Trois familles de prestations

• Conseil
• Intégration de systèmes : architecture réseau, développement de logiciels, assistance
technique
• Infogérance : maintenance et hébergement des réseaux

Recueil, analyse, traitement et stockage des informations sont les nouveaux challenges du
développement sur le continent.

L’importance accordée aux numériques sur ces dernières décennies commence à faire mouche
et il est temps désormais de passer une étape supplémentaire dans le développement de l’IT sur
l’ensemble du territoire. Ce très large potentiel est uniquement réparti entre quelques pays
d’Afrique subsaharienne et du Maghreb. Le potentiel est encore large et la porte ouverte à de
nombreuses possibilités à condition de tout mettre en œuvre pour permettre ce développement,
en limitant les dérives. Car oui, si le numérique et les nouvelles technologies représentent une
opportunité pour l’Afrique et sa population, ils offrent également la possibilité aux esprits mal
placés de développer de nouvelles formes de larcins. Les institutions régionales ont mis en place
des réglementations permettant d’assurer la sécurité des données en circulation et une certaine
protection face aux délits d’un nouveau genre : la cybercriminalité.

Chapitre III : Méthodologie de recherche

Dans cette troisième partie nous allons tenter de présenter et d’expliquer notre choix de
méthodologie de recherche ainsi que la démarche appliquée.

Nous reviendrons tout d’abord sur l’objet de la recherche ainsi que la démarche appliquée pour
mener à bien l’étude.

Enfin, nous pourrons analyser et démontrer les différentes hypothèses.

40
I. Le choix d’une étude qualitative

La mise en place d’une méthode de recherche, qu’elle soit quantitative ou qualitative, relève
d’une démarche scientifique avec l’élaboration d’un thème de recherche, d’une question de
recherche et d’une méthode adaptée pour y répondre.

Mettre en place une méthode de recherche, peu importe laquelle, nécessite une réflexion
approfondie du sujet abordé afin d’y attribué la méthode la plus adéquate. Choisir entre la
méthode quantitative ou qualitative dépendra donc du thème et de la pertinence face aux types
de résultats attendus, mais il faut savoir que le qualitatif est conseillé lorsqu’il est difficile de
poser des nombres, de « quantifier », les éléments observés. (Aubin-Auger et al 2008)

Procéder à des échanges avec les différents acteurs concernés par ce sujet de recherche permet
ensuite de comparer et de confronter les études déjà réalisées auparavant mise en lumière lors
de la revue littéraire.

Aujourd’hui, nous allons réaliser une étude qualitative qui permet de proposer une meilleure
compréhension de la problématique (Birkinshaw et Gupta, 2013) qui est d’observer et
d’étudier la possibilité d’émergence des entreprises de service numérique en Afrique de l’ouest.
La démarche de recherche nécessite de recourir à des entretiens afin de d’établir des
observations, permettant d’appréhender les subtilités du sujet établi lors de la phase de réflexion
du sujet.

Nous avons donc choisi de procéder à une étude qualitative afin de mener à bien mon étude.
L’idée est non seulement de comprendre les enjeux autour des ESN en Afrique de l’ouest mais
également d’étudier l’évolution de l’Afrique en en matière de technologie de l’information pour
pouvoir mettre en lumière les différents aspects qui en découle. Comprendre les réalités du
terrain africains dans le moindre détail et réussir à déterminer la marge d’évolution du continent
dans ce domaines ainsi que les nombreux défis qu’il lui reste à relever.

L’objectif suprême de ce mémoire de recherche est de pouvoir obtenir des arguments que
Hlady-Rispal (2015) qualifie de littéraire qui vont me permettre de bien comprendre tous les
aspects du numériques en Afrique, la place qu’il occupe sur territoire aujourd’hui et les
perspectives de demains grâce à une argumentation développée lors d’entretiens semi directif
où la finalité est de laisser parler la personne et de mieux comprendre son avis sur la question.

41
II. Les objectifs généraux

Notre guide d’entretien se divise en plusieurs thèmes censé être adapté en fonction des
personnes interrogées. Nous avons dans un premier décortiquer le marché français afin d’en
comprendre le modèle économique et envisager ce même modèle à une économie du numérique
africaine en plein essor. Nous allons donc concentrer nos interrogations sur des acteurs du
marché africains, il s’agira de consultant, de chef d’entreprise de service numériques,
d’associations, de professeurs et même de journalistes IT basé en Afrique subsaharienne. La
distinction des profils est d’autant plus importante pour le dérouler des entretiens, ainsi, nous
avons prévus une trame d’entretien à tous les participants à la recherche qui va traiter du
numérique en général en Afrique et une seconde trame spécifique aux quelque CEO d’ESN
interrogés.

Trames générales : Les nouvelles technologies de l’information en Afrique

Cette partie de l’entretien permettra d’introduire le sujet de recherche en faisant un état des
lieux global de la situation africaine en matière d’informatique. Pour ce faire, nous allons donc
chercher à connaître la perception du participant sur l’arrivée et l’évolution des NTIC dans
l’économie africaine, lui permettre de déceler le niveau d’importance accordé au réseaux
internet sur ce même continent pour ensuite se focaliser sur les ambitions du secteur à l’avenir
ainsi que les perspectives envisageables pour terminer sur les manœuvres à effectuer pour
atteindre ces objectifs.

Trames Spécifiques : Les cabinets de conseil et ESN en Afrique.

Dans cette deuxième partie, vous l’aurez compris spécialement conçue pour les acteurs des ESN
africaine, l’objectif est de se rapproche de la question principale de l’étude à savoir l’émergence
des ESN en Afrique. Il s’agit-là d’aborder des questions beaucoup plus précises et factuel sur
l’organisation de ces entreprises de service, comprendre leurs difficultés et différentes
problématique rencontrée dans l’évolution de leur structure.

Suite aux entretiens, une vision plus claire sur le marché africain du numériques devrait être
établit. Une trajectoire également plus définie sur la direction qui permettra aux ESN de

42
s’étendre sur le continent devra être tracé.

La population étudiée

Comme expliqué un peu plus tôt, nous avons pu échanger avec différents acteurs de
l’informatique afin de connaître leur vision des choses.

Nous avons donc interviewé :

● Mohamadou Diallo – Fondateur et directeur général de CIO Mag, magazine panafricain


spécialisé sur le numérique. (France – Sénégal)
● Mouhamed Ndiaye – CEO Insight Global Technology (Sénégal)
● Ousmane Gueye – Journaliste IT chez Emedia Invest (Sénégal)

Retranscription et méthodes d’analyse des données


Pour analyser les entretiens, nous avons décidé de suivre plusieurs étapes :
1. La retranscription des interviews
2. Nous avons utilisé la méthode du codage de pour distinguer comme il se doit
l’ensemble des propos en unité d’analyse et les utilisé en tant que réponses apportées
au sujet.
3. Les Verbatim : nous avons sélectionné les expressions qui illustrent les réponses des
participants, donnant des informations importantes et pertinentes
4. L’interprétation des résultats : cette étape permet d’interpréter les résultats et de les
synthétiser.

III. Résultats d’analyse

Nous avons entamé ces entretiens par une première question concernant l’avènement des TIC
(ou NTIC), l’objectif de cette première interrogation est de comprendre comment était perçus
l’informatique en Afrique avant l’arrivée des NTIC. A cette question, les deux interrogées sont
sans appel, on parle de manque de sensibilisation quant à l’importance de l’informatique au
sein des différentes structures, aussi bien en Afrique qu’en Europe d’ailleurs. On nous inique
que « L’informatique n’était pas stratégique dans les entreprises », même l’informatique est
présente, il n’est pas pris au sérieux par les différents organismes l’utilisant. On nous explique
même que « A l’époque l’informatique était considérée comme un centre de coût, et non pas

43
un centre de profit. L’investissement dans l’informatique était vu comme des dépenses inutiles,
c’est comme investir dans des ordinateurs qui permettent de faire du pilotage, il n’y avait pas
de retour sur investissement ». Effectivement les deux protagonistes sont clairs sur ce sujet : La
prise de conscience a été un travail de longue haleine. Mohamaodu Diallo a d’ailleurs été l’un
des activistes de cette sensibilisation sur l’importante de l’IT en Afrique de l’ouest en créant le
club des DSI « Il y a 15 ans on ne parlait pas de start up, on ne parlait pas d’écosystème digital.
Donc le seul écosystème qui était plus ou moins sensible à cela c’étaient les directeurs de
système d’informations. C’est pourquoi je les ai réunis dans une association pour justement
essayer de promouvoir les systèmes d’information dans les entreprises et dans les
administrations. L’objectif premier était de créer une association panafricaine, qui va réunir
les DSI africains, pour nous permettre d’avancer sur certains sujets, sur certaines bonnes
pratiques. » Il a d’abord fondé cette association au Sénégal pour ensuite la développer en Côte
d’Ivoire, au Sénégal, au Benin, au Mali ou encore au Togo. Le premier objectif dans l’existence
d’internet et de l’informatique en Afrique a été de faire en sorte que les DSI soit considérés
comme « un centre stratégique » et non comme un « centre de coût ».

Après l’arrivée des NTIC et d’internet, la seconde question avait pour but de comprendre les
évolutions et les trajectoires prises par l’informatique, aussi bien d’un point de vue business
mais également quel impact a eu ce phénomène numérique sur les populations locales. Dans
l’ensemble, les faits sont confirmés par les deux protagonistes, l’internet à littéralement «
pénétrer » le marché africain :
« Avec l’arrivé des câbles sous-marins, ça a permis d’avoir une connectivité beaucoup plus
importante ».
Effectivement, l’utilisation d’internet a doublé aujourd’hui en Afrique et une bonne partie de la
population est désormais adepte de l’utilisation de ces NTIC notamment grâce au téléphone
portable et des multiples possibilités qu’il offre. Son utilité et sa facilité d’utilisation perçue ont
permit aux TIC d’être adoptés par les populations : « L'individu en Afrique (il faut le noter) est
inséré dans un tissu relationnel extrêmement dense. Ce tissu est constitué par deux réseaux : un
réseau familial et un réseau amical ». (Napo Mouncaïla Gnane et Razvan C. Dinica, 2015).
Oui, c’est là une des raisons pour laquelle le réseau internet mobile a connu un véritable succès
en Afrique, qui a également pu être accompagné par les entreprises privés international qui ont
su intégrer le marché et se conformer aux besoins locaux..(Annie Chéneau-Loquay, 2010). Le
Mobile Banking, transcation bancaire grâce au téléphone portable, est par exemple l’une des
« révélations » du continent africain qui profite de ce système afin de transmettre et recevoir de

44
l’argent notamment. C’est exactement ce qu’a fait l’opérateur Safaricom qui en 2007 créa sont
offre Mobile banking M-Pesa au Kenya avec pour objectif de « créer une perspective pour
envoyer de l’argent à la « terre natale », c’est-à-dire pour ceux qui vivent dans les zones
urbaines qui envoient de l’argent à leur famille dans les zones rurales » (Andrianjafipara
Hubert Rakotovao, 2019). Suite à cela, le Kenya a été le pays d’Afrique de l’ouest ayant la
population qui détenant le plus de compte mobile banking. Ces éléments sont confirmés lors de
nos échanges :
« Je pense qu’avec la maturité du numérique, aujourd’hui le taux de pénétration mobile global
est de 70%, et dans certains pays on est à plus de 110% de taux de pénétration mobile. »
D’un point de vue général, l’informatique prend de plus en plus de place et de poids dans
l’écosystème africain, cela à encore été prouvé récemment avec la dernière crise sanitaire :
« La crise du COVID-19 a montré que l’IT a sauvé des vies, mais aussi l’économie, beaucoup
d’administrations. S’il n’y avait pas cette résilience fournit par le digital, beaucoup de secteurs
auraient disparus, que ce soit dans le domaine de la santé, dans le e-commerce, de la banque
etc… L’informatique a sauvé des vies, l’informatique a sauvé l’économie de façon global. On
parle d’un bon de 5 ans par rapport à ce que l’on a gagné pendant cette crise COVID. La crise
a été le meilleur accélérateur. » nous explique Mohamadou Diallo.

Les NTIC sont donc bel et bien intégré dans le marché africain et progresse de plus en plus !
Cependant, la diversité du continent nous laisse forcément penser aux quelques
disfonctionnements du numérique sur le continent. C’est pourquoi la question suivante à portée
sur la marge de progression qu’il reste l’Afrique à atteindre dans ce domaine, qu’elles sont les
axes d’améliorations pour optimiser le numérique à tous l’espace africain.
A cette question, plusieurs éléments nous ont été indiqué, on parle notamment de l’accessibilité
au réseau internet qui reste assez exclusif de par son prix :
« …aujourd’hui, on a des prix assez élevés. Je prends l’exemple de la connexion haut débit du
Burkina Faso, ça peut représenter 110% du revenu d’un ménage. C’est très important. C’est
pourquoi l’appropriation des nouvelles technologies passent forcément par la réduction des
coûts » Des données assez paradoxale avec le taux de pénétration du marché du Mobile Banking
mais qui représente l’ensemble des réseaux de connexion à internet, en particulier l’accès aux
ordinateur (cybercafés). Il nous revient également le sujet de la sensibilisation des populations
quant aux NTIC :

« Il reste des personnes réfractaires au changement, pour plusieurs raisons, d’une part il ne se

45
donne pas la peine de se former, et d’autre part ils ont des habitudes qu’ils n’ont pas envie de
changer. Je pense notamment à la, où ils ont des rentrés d’argents en espèces, donc
informatiser ça c’est avoir des revenus tracés, et avoir plus de transparence. Donc voilà un
exemple de pourquoi certaines personnes ne veulent pas aller vers le réseau numérique. »
Au-delà de cette sensibilisation, on aborde le sujet récurents en Afrique du secteur informel,
qui est omniprésent et même cutlurel ! L’avènement du numérique et des TICS en général
participe à la disparition de cette économie sous terraines car oui, le secteur informel représente
« l’ensemble des petites activités indépendantes, avec ou sans travailleurs rémunérés, exercées
typiquement avec un faible niveau d’organisation et de technologie, ayant pour objectif
principal de créer des emplois et des revenus à ceux qui y participent ; dans la mesure où ces
activités sont menées sans approbation officielle des autorités et échappent aux mécanismes
administratifs chargés de faire respecter la législation sur les impôts et le salaire minimum et
d’autres instruments similaires concernant les questions fiscales et les conditions de travail,
elles sont dissimulées » reprend Hassiba Gherbi (2014).
Si ces modes économiques impliquent la dissimulation de revenu, depuis souvent de nombreuse
année, il est compréhensible que nombre de ces acteurs organisé dans l’informel ne trouve pas
leur intérêt à user du numérique dans leurs activités. C’est là que là que les institutions entrent
en jeux et doivent inculquer ses normes afin de favoriser la numérisation des populations,
Mohamadou Diallo nous le dit bien « On se dit qu’avec un peu de rigueur, un peu de réforme
mise en place par les états ont peut accélérer cette transformation digitale du continent. » De
plus, au-delà d’une économie, il s’agit aussi d’une administration tout entière qui se retrouve
dans un mode de fonctionnement informel : « On parle aujourd’hui de pratiquement de la
moitié de la population africaine qui n’a pas d’identité formelle. Donc ce sont des gens qui ne
sont pas déclarés à la naissance, donc des gens décèdent, on ne sait pas s’ils sont décédés ou
s’ils sont encore vivants » on peut reprendre encore un autre exemple cité par Mohamadou
Diallo lorsqu’il évoque les « réfugiés qui arrivent dans des camps, qui n’ont aucune pièce
d’identité, donc comment pouvoir leur distribuer des aides, comment pouvoir les soigner ».
Tous ces éléments impliquent cette notion de « maturité numérique » correspondant au taux de
pénétration des différentes NTIC.

Un autre des points clefs participants à l’essor du numérique ne Afrique subsaharienne n’est
autre que l’éducation, qui suis de très prêt la sensibilisation. Les nouvelles générations sont
désormais plus aptes et assimiles beaucoup plus rapidement l’utilisation des NTIC ; ils sont nés
avec ! Cependant, il a fallu dans un premier temps effectuer une véritable « montée en

46
compétences » pour certains utilisateurs car comme on le sait, une partie de la population
africaine démunie d’accès à l’éducation est analphabète. Or l’utilisation des TIC nécessite bien
souvent un minimum de capacité de compréhension de texte (On observera tout de même des
« applications » utilisant des formes pour permettre aux personnes analphabètes de les utiliser).
L’éducation en règle générale est tout de même un enjeu considérable afin de pouvoir tirer
profit au mieux de l’émergence du numérique. Comme expliqué, les jeunes populations sont
quant à elle plus amène de maitriser ces nouveaux environnements techniques, elle y est même
très intéressée et ne cesse d’être attiré par la digitale malgré la difficulté d’accès à cette
éducation. C’est dans ce contexte que l’on note que « 40% des MOOC fournis dans le monde
francophone sont consommé en Afrique » En effet Mohamadou Diallo nous l’explique bien, et
comme nous le savons la population africaine fait partie des plus jeunes sur terre avec 40,3%
d’entre elle ayant moins de 15 ans en 2022, selon l’INSEE. Ceci implique l’importance du
soutien que devrait apporter les instituions et administration étatique à l’apprentissage des
jeunes dans l’utilisation des TIC et surtout dans la formation des métiers liées à ce phénomène :
L’Afrique a besoins d’ingénieurs locaux !
Effectivement, afin de compléter ce volet sur l’éducation et la sensibilité il est essentiel
d’évoquer l’appui qu’apporte les gouvernements, l’investissements des institutions publiques
dans l’accompagnement de leurs étudiants vers les métiers de l’IT. Mohamed N’daye nous a
parlé de manque de « sponsoring » et de « promesses non tenu » de la part de l’administration
sénégalaise par exemple qui lui garantissait une compensation si il engagé des étudiants au seins
de son cabinet afin de les former en parallèle de leur cursus scolaire, un système d’alternance
qui aurait été bénéfique non seulement aux étudiant et à l’entreprise mais également au secteur
sur le long terme. Cependant il n’a jamais reçu le moindre denier et à du mal aujourd’hui à
envisager cette option. Pour résumer, on a un manque de sensibilisation des institutions et prise
de conscience face à l’importance de priorisation des problématiques liés à l’IT sur ces
territoires.

L’une des composantes également très importantes dans les leviers de réussite et de
développement de l’informatique en Afrique est la cybersécurité qui aujourd’hui est un enjeu
sans précédents pour les infrastructures ouest africaine.
Pitah Samah Hézouwè (2015) nous définis les différents types d’atteintes informatiques
possible, qu’elles soient facilitées ou causées directement par les TIC, peu importe le type
d’atteinte, celles-ci ont des conséquences lourdes et parfois irréversibles. Malheureusement,
l’intérêt qui en découle n’est pas aussi bien perçus par les concernés qu’il ne devrait. Il s’agit-

47
là de sensibilisation des acteurs du secteurs qui sont bien trop souvent négligents ou ignorant
des risques encourus. Le rapport d’enquête sur la cybersécurité, publié par PWC nous indique
effectivement que beaucoup d’entreprises reconnaissent que les mesures prises face aux risques
d’attaques informatiques ne font pas le poids face aux réalités du danger. Plusieurs exemples
sont à déplorés et illustres l’ampleur de cette fragilité du réseau informatique et internet sur ce
continent, de nombreuses infrastructures, privées comme publiques, ont déjà fait les frais (à
plusieurs reprises pour certains) de cyber attaques. Pour exemple, l’équivalent de la poste au
Sénégal ainsi que les banques du pays en ont déjà fait les frais à plusieurs reprises. « La
cybercriminalité se caractérise par trois aspects : d’abord, le nouveau crime consistant à
pirater, s’introduire ou espionner les systèmes informatiques d’autres personnes ou
organisations ; ensuite, les cas dans lesquels le crime est ancien mais le système nouveau,
comme dans les tentatives d’escroquerie par Internet. » (Jean-Jacques Bogui, 2010)
Pour illustrer l’ampleur des cyberattaques sur le continent africain il suffit de reprendre les
chiffres de l’année 2020. L’un des cabinets mondiaux de cyber attaques, Kaspersky Lab, nous
indique que 3 pays d’Afrique, l’Algérie, la Tunisie et le Nigéria font partie des 10 pays au
monde à subir le plus d’attaques via téléphones portables. Il y aurait eu cette année là un total
de 28 millions d'attaques de logiciels malveillants et de 102 millions de détections
d’applications potentiellement indésirables (AfricaCyberMag ,2020).
Des groupes cybercriminels, agissant tel des « gangs » sont même reconnus en Afrique, comme
l’organisation dénommée « Silence » qui met en commun les force de plusieurs malfaiteurs afin
de pénétrer les systèmes les mieux gardés, des banques subsahariennes notamment, sans même
que celle-ci puisse s’en apercevoir : « Au moins 85% des institutions financières consultées
déclare avoir déjà été victime d’une ou plusieurs cyberattaques ayant occasionné des dommages
– dans certains cas, il s’agit même d’attaques à répétition ». (Dataprotect, La cybersécurité
dans le secteur financier africain – 2019)

IV. Discussions, apports et pistes de réflexion

Dans cette dernière partie, nous confrontons l’étude empirique réalisée avec la revue de
littérature.

Nous avions dégagé trois points majeurs de la revue de littérature, à savoir : L’arrivée d’internet
dans le monde et en Afrique, son impact ainsi que son émergence au sein du contiennent
africain et pour terminer la place des entreprises de service numérique en Afrique
subsaharienne. L’objectif était donc de savoir dans quelle mesures les entreprises de services

48
numériques pouvaient elles se développer en Afrique ?

Après avoir traité des retours d’expérience de nos interlocuteurs, nous nous attachons à présent
à analyser les données ainsi rassemblées. Dégageant des éléments de réponse aux questions de
recherche ayant modelé cette étude, nous allons pouvoir répondre à la problématique et avoir
des éléments de réponses sur les hypothèses émises qui sont :

● Le marché africain n’est pas propice au développement des Entreprise de service


numériques.
● Le secteur du numérique laisse présager l’éclosion des entreprises de service numérique
en Afrique.

Pour comprendre comment la zone subsaharienne du continent africain accueilleraient les


entreprises de service numérique, il nous a d’abord fallut faire un état des lieux du secteur du
numériques sur le plan international mais avant tout en France, dont les territoires d’Afrique de
l’ouest sont majoritairement affilié par leur passé commun avec le Pays. Il en va de soi que le
paradigme économique et social sont totalement différents mais l’aspects francophone de ces
zones nous pousse à faire la comparaison et à prendre l’hexagone comme référence.
Ainsi, le marché français déjà bien établit nous a parut être dans un perpétuel essor avec une
des demandes à n’en plus finir et une recherche de compétence en flux tendu. La dernière étude
réalisée par Syntec numérique nous indique que 85% des ESN ont du mal à non seulement
attirer les bons profils mais peine aussi à fidéliser les consultants déjà présents dans leurs
équipes. Effectivement, le secteur français du numérique entre dans une véritable « guerre des
talents » avec des besoins en ressources informatiques qui explosent : « les besoins en
compétences tech devraient augmenter de 90 % d’ici 2030 » selon le Magazine Forbes qui
reprend les propos d’Eric Hazan, directeur de Mc Kinsey Digital France. Avec de clients de
plus en plus exigeants, à la quête de ce fameux « moutons à cinq pattes », l’étaux ce ressert pour
les ESN historiques, déjà en place depuis maintenant un certain nombre d’années avec un
modèle de plus en plus remis en question… Car oui, aujourd’hui « Les profils les plus
talentueux et positionnés sur des expertises convoitées ont compris qu’ils bénéficieraient d’un
meilleur « deal » en sortant des rangs de leur ESN ou de leur cabinet de conseil pour voler de
leurs propres ailes : choisir leurs propres clients, définir les contours de leurs missions, fixer
leurs tarifs, agencer leur emploi du temps ou encore travailler d’où bon leur semble. » nous
explique Jean-Charles Varlet, CEO de crème de la crème. La méthode de recrutement assez
classique impliquant le consultant dans sur un emploi en contrat à durée indéterminée au sein

49
de son entreprise n’es plus autant prisé qu’à l’époque, celui-ci étant conscient de sa valeur et de
la multitude d’opportunité qu’il à sur le marché.
Une nouvelle forme de concurrence apparaît donc sur le marché français pour les ESN, comme
nous l’indique encore une fois le CEO de crème de la crème « Malgré cette tension sur le
marché des compétences tech, le réservoir des plateformes d’indépendants continue de se
remplir chaque jour à mesure que les talents sautent le pas de l’indépendance ou quittent leur
ESN. En conséquence certaines plateformes de freelances regorgent aujourd’hui d’un nombre
toujours plus important de talents qualifiés et disponibles. C’est le cas de crème de la crème,
plateforme spécialisée sur les métiers tech et les besoins des corporates, qui a fait le choix
d’une forte sélection à l’entrée de sa communauté. Seulement 10% des freelances sont acceptés
dans la communauté chaque mois ».
On peut ajouter à tout cela les dires de Godefroy de Bentzmann et Pierre-Marie Lehucher,
Coprésident de NEUMEUM qui affirme que « Après avoir bien résisté à la crise, le marché du
numérique français connaît une croissance très prometteuse, stimulée par la transformation
numérique des organisations. Les entreprises du numérique font toutefois encore face à une
importante pénurie de talents. Si nous voulons miser sur l’avenir, la formation doit être une
priorité pour contrer l’obsolescence rapide des compétences techniques et répondre à
l’évolution rapide des métiers du secteur. ». En clair, la monté en compétence et la formation
de jeunes consultants pour combler la difficulté à trouver des ressources est une prérogative
pour l’avenir des ESN.

Toutes ces nouveautés sur le marché vont impliquer une adaptation de la part des ESN sur le
territoire français, qui bénéficient tout de même d’un savoir faire et d’une expérience
historique ! Les possibilités sont encore nombreuses même si la concurrence se fait rude, le
marché se porte bien à conditions de s’y positionner comme il le faut.

è Il est important que les ESN se renouvellent et réétudie leur procès. Souvent catalogué
comme « marchand de viande » ou encore mépriser pour leur manque d’estime envers
les consultants, les structures du numérique pourraient connaître le revers de la médaille
de toutes ces années de négligence. Si les clients sont nombreux et ne cessent de se
renouveler dans leur demande, il ne faut pas oublier que la réelle valeur ajoutée des
entreprises réside dans la qualité de ces consultants. Pour espérer perdurer sur le marché,
les ESN françaises doivent se remettre en question.

Une fois avoir décortiqué l’activité du marché français des entreprises de services numériques,

50
il s’agissait de rentrer dans le vif du sujet en transposant ce marché au continent africain. Encore
une fois, l’objectif final est d’y étudier l’émergence des ESN mais ce travail nécessite l’analyse
et l’état des lieux de la situation économique globale de la zone et de l’informatique.
Mohamadou Diallo nous l’a dit « Il y a 15 ans on ne parlait pas de start up, on ne parlait pas
d’écosystème digital. », Internet est tout juste plus âgé que les étudiants en dernière année à
l’EM Normandie, il a fallu faire un lourd travail de prise de conscience afin de permettre
l’implémentation du phénomène. « Comment allons-nous amener les africains à prendre ça en
compte pour gagner de la croissance et obtenir de la compétitivité ? »
Ce sont ces types de questions que s’est posé Monsieur Diallo et qui se posent encore
aujourd’hui sur le continent dans un souci d’intégration et de pénétration du marché car les avis,
la considération et surtout les investissements accordés aux numériques ont souvent été trop
peu suffisant par rapport à la réalité de l’urgence face aux constants défis de développements
de l’Afrique.

Bien sûr, nous avons évoqué les TIC (ou NTIC), à proprement dit les nouvelles technologies
de l’informatique et de la communication qui ont fortement été impliquées dans le
développement du numérique et qui en sont même la base en Afrique. Le téléphone portable
connecté notamment est l’élément essentiel à tout ça qui a servi de support la connexion entre
les personnes dan un premier temps et également entre les différents réseaux internet qui
transitent sur le territoire. L’utilisation des câbles sous-mains ont également permis
l’amélioration de cette « fast connexion » en plus du mobile : « Avec l’arrivé des câbles sous-
marins, ça a permis d’avoir une connectivité beaucoup plus importante. Même si, la plupart
des connexions se passent via mobiles, l’arrivée, es câbles sous-marins ont permis de booster
la connectivité au niveau local ». Globalement, les possibilités en termes de connexions sont
présentes sur le continent africain, cependant le problème persistant reste celui de l’accessibilité
et des coûts « très élevés » malgré la prise de conscience croissante des utilisateurs. De plus,
comme on le sait, il existe de multiples zones rurales en Afrique pour lesquelles il est difficile
de profiter du réseau, ce paramètre rend les choses d’autant plus difficiles et la pénétration
encore plus compliquée… Même si les téléphones portables sont autant utilisés aujourd’hui
qu’a l’échelle internationale, les cybercafés et autres espaces de partage de connexion sont
encore plus que nécessaire pour bon nombre de la population qui souhaiterait bénéficier de
temps de connexions.

è Il est important et nécessaire qu’un accompagnement et des facilités d’accès soient mise
en place pour les utilisateurs des réseaux. Plus que des facilités, une connexion à « porté

51
de main » devrait être pensée et réfléchis. Les institutions publiques se doivent d’investir
plus sur l’accessibilité mais également sur ‘accompagnement des fournisseurs fin de
permettre une connectivité moins couteuse.

Malgré ses quelques difficultés, le numérique est bel et bien présente en Afrique subsaharienne
et au fur et à mesure du temps, l’avènement des TIC a fait naître de nouveaux besoins, de
nouveaux marchés avec de nouvelles opportunités. C’est ainsi qu’apparaissent les premières
structures ayant une activité liée à l’informatique : Il s’agissait d’abord d’entreprise proposant
de fournir du matériel tels que des imprimantes ou des ordinateurs comme celle de Mohamed
Ndiaye, pour ensuite évoluer sur des prestations intellectuelles.
Les ESN commencent tout doucement à s’installer dans le paysage économique de l’Afrique,
on peut notamment en voir de nombreuse au Maroc avec non seulement des structures locales
qui fleurissent mais également des multinationales occidentales qui y installent leurs filiales.
Le Maghreb n’est pas en reste en ce qui concerne l’émergence des ESN, celles-ci y sont très
bien implantées et le secteur du numérique y prolifère. Au niveau de l’Afrique subsaharienne,
on observe par exemple le même phénomène au Sénégal avec l’arrivé d’Atos mais dans une
moindre mesure, le marché des ESN peine à se développer dans la zone ouest-africaine.
Mohamadou Diallo souligne un marché « étroit » et assez restreints de par la concurrence et
l’origine de la demande : « La principale difficulté que l’on peut avoir pour la création d’une
ESN en Afrique c’est l’étroitesse des marchés. C’est en plus un marché très concurrentiel. C’est
l’état déjà qui détient la plupart du temps la commande du marché du numérique dans ces
pays ». Les organisations publiques, principaux clients des entreprises de services numériques
ont elle-même du mal à solliciter structures locales pour répondre à leurs besoins et préfère faire
appels aux fournisseurs internationaux « ils font confiance plus aux acteurs étrangers ». En plus
de la concurrence des fournisseurs internationaux soutenus par les plus gros clients, celle-ci est
également entretenue par les acteurs locaux qui se disputent également les part de marché :
« Mais le problème reste quand même un enjeu de marché qui est très étroit. Ce sont des petits
marchés que l’on a pour la plupart et ce qu’on voit de plus en plus, c’est que des acteurs
panafricains émergent, et interviennent dans la sous-région. Ça c’est un aspect qui a beaucoup
marqué. Les gens ne se contentent pas de leur marché domestique, ils ont plus en plus d’autres
marchés dans la sous-région. » En effet, les acteurs locaux ne se contentent pas de rester sur
leur territoire national mais s’exportent sur le continent et opère dans ce qu’on appelle la sous-
région : « On voit de plus en plus des acteurs comme SOCITECH en Côte d’Ivoire, qui est basé
en Côte d’Ivoire mais qui a un rayonnement sous régional intervient également au Mali, au
Sénégal, au Niger ou encore au Burkina Fasso. On a également d’autres ESN sénégalaises

52
interviennent dans a sous-région »
« Il y en a de plus en plus qui dépasse le marché local car celui-ci est très petit, et donc vont
tenter d’intervenir dans d’autres pays ».

è Afin de permettre l’émergence des ESN en Afrique subsaharienne il est important que
les états de cette zone accordent une place plus conséquente aux acteurs locaux et surtout
plus de crédit. Il faut assurément réguler l’ouverture des appels d’offres aux entreprises
internationales pour permettre aux ESN locales d’être un peu plus challengé sur le
marché et de pouvoir tenir tête aux grosses multinationales. De plus, participerait
vivement au développement de l’économie des territoires et à la prise de maturité quand
aux problématiques du numérique.

Enfin, nous avons pu évoquer la cybersécurité en derniers lieux lors de ces interviews.
Notamment avec Mohamed Ndaye qui a lui-même été sollicité à plusieurs reprises aux Sénégal
lors d’attaques subit par l’équivalent de la Poste en France. Conséquence directe du manque de
considération et de sensibilisation aux enjeux de sécurité liés à l’informatique, les cyber-
attaques sont un véritable fléau et terrains de jeux des pirates du net.

è Aujourd’hui la notion de cybersécurité prend une place prépondérante sur le continent


africain et il est indispensable de lui conserver cette importance nouvellement acquise.
Véritable sujet de mémoire, la cyber protection est plus qu’indispensable à l’essor de
l’informatique en général en Afrique.

V. Conclusion

Le marché français des entreprises de services numérique a aujourd’hui dépassé son allure de
croisière et entre désormais dans une phase de mutation du modèle. Comme on a pu le voir dans
cette étude, de nouvelles problématiques résident dans la gestion des ressources principales de
ce secteur : Les consultants et leur force intellectuel !

Aujourd’hui il existe de réels enjeux autour de la place du consultant. En effet, la force de


négociation des ingénieurs en informatiques est désormais décuplée, avec une demande qui ne
cesse d’augmenter et des technologies dans une perpétuel évolution, les clients se retrouvent
démunis de compétences et ne peuvent s’en résoudre qu’au savoir des consultants. Les cartes

53
ont toujours été dans les mains des consultants mais aujorud’hui la redistribution se veut plus
large et plus profonde : Oui, les ESN n’attirent plus autant qu’avant à cause notamment de leur
image de « tirant » ou encore « marchands de viandes » véhiculée par les différents acteurs du
marché. Il leur est souvent reproché de ne pas se préoccuper du réel intérêt des consultants en
privilégient plutôt la quête du projet et de la marge peu importe le sujet. Que ce soit les
développeurs, chef de projet, consultant MOA ou encore PMO ; profils techniques ou
fonctionnelles, on retrouve chez chacun d’entre eux le sentiment d’abandon par la structure
intermédiaire avec le client. Manque de suivi et absence total de prise en compte …

Le monde des entreprises de services numériques paye donc ces manquements avec la fuite de
leurs experts vers d’autres méthodes et mode de travails. On parle notamment de la
démocratisation du statut « Freelance », qui permet aux consultant de ne pas être directement
rattachés aux ESN mais d’intervenir en qualité de prestataire externe. L’essor de ce statut est
également dû à l’augmentation de la demande combinée à la rareté des compétences qui pousse
les ingénieurs à préférer l’indépendance aux verrous du salariat, malgré le risque d’inactivité
bien qu’il soit amoindri pour les raisons cités juste avant. Or, nous le savons, les ESN réalise
aujourd’hui une marge plus importante lorsqu’elle facture la prestation d’un consultant interne
auprès de son client plutôt qu’un consultant externe à l’entreprise…

Cette première partie suscite de nouvelles interrogations, de nouveaux débats comme la


pérennité des entreprises de service numérique sur le long terme et l’on se questionne beaucoup
plus clairement sur le modèle des ESN : Par quel moyens les Entreprises de services
numériques peuvent-elles retrouver leur superbe auprès des consultants ? Celles-ci
courent-elles à leur perte ? Oui, les choses ont donc changé et les entreprises du secteur
doivent prendre le virage tant qu’il est encore temps pour attirer, séduire et fidéliser à nouveaux
les ressources du marché. La priorité de ces structures ne doit être placée autre part que dans le
bien-être de leurs consultants car la valeur ajoutée d’une bonne entreprise de service numérique
réside dans le savoir-faire de ses collaborateurs…

La place de l’Afrique dans la course au numérique et à l’informatique a considérablement été


réévaluée grâce notamment à la prise de conscience des acteurs locaux mais également aux
investissements réalisés. On parle désormais de l’avènement des plans de transformation
numérique, comme nous l’explique Monsieur Diallo pour le Sénégal « au des pays au début
des année 2015, des pays ont commencé à avoir des plans nationaux de stratégie numérique.
Aujourd’hui sur les 54 pays, pratiquement 50 ont encore une stratégie nationale de

54
transformation numérique. Ça fait partie de la maturité qui a permis d’aligner la stratégie de
transformation ». Le numérique et les technologies de l’information occupe désormais une
place stratégique au sein des Etats d’Afrique.

Ce fort potentiel reste tout de même exploité de manière différente en fonction des territoires
africains ou le « tout reste à faire » est devenu maintenant une réelle doctrine du continent. De
fil en aiguille, les entreprises de service numérique ont réussi à éclore sur le marché africain,
d’une part via des ESN internationales s’aventurant en terre inconnu et d’autre part grâce à des
acteurs locaux à plus petite échelle. Elle peine tout de même à passer à l’étape supérieur par
manque d’accompagnement des institutions étatiques malgré une sensibilisation accrus au fur
et à mesure des années. Si l’on avait dû penser une ouverture avant la réalisation de cette étude
on aurait pu s’interroger sur la réelle pertinence des ESN sur le continent africain qui pour
certains reste à démontrer au vus des nombreux enjeux divers et variés dans cette zone. Mais le
doute n’est plus, l’évolution des nouvelles technologies de l’information et de la
communication n’était qu’une prémisse aux ESN, il est tel que l’avènement des structures du
numériques est inévitable pour répondre aux futurs besoins du continent. La question se pose
plutôt sur les paramètres du marché et les mesures qui pourraient être prises afin de faciliter
l’émergence des ESN ; comment faire des acteurs locaux les protagonistes principaux d’un
marché dominé par les multinationales occidentale ? Comment se diriger vers une
indépendance numérique de l’Afrique ? Ces questions s’alignent avec les sujets soulevés par
le mouvement panafricain sur les l'indépendance totale du continent africain et encourage la
pratique de la solidarité entre les Africains et les personnes d'ascendance africaine.

Comme nous avons pu le démontrer tout au long de notre recherche, de nombreuses évolutions
reste à venir sur cette partie du monde. Des infrastructures numériques, en passant par la
protection de données pour arriver à une pénétration complète du marchés africains par les
acteurs locaux... La route est encore longue mais l’Afrique a toutes les cartes en mains, reste à
savoir comment les utiliser, gardons en tête qu’il n’est d’autres manière de construire une
histoire sans croire en soit…

55
Bibliographies universitaires.

ALZOUMA GADO, (2009). Téléphone mobile, Internet et développement : L’Afrique dans la


société de l’information.

AUBIN-AUGER et MERCIER ALAIN, (2008). Introduction à la recherche qualitative.

BARBOURI KAMEL, (2019). Le marché des ESN est-il sous la menace d’une disruption ?

BIRKINSHAW JULIAN ET GUPTA KAMINIA, 2013. Clarifying the Distinctive


Contribution of Ambidexterity to the Field of Organization Studies

BOGUI JEN JACQUES, (2010). La cybercriminalité, menace pour le développement


Les escroqueries Internet en Côte d'Ivoire

CATRICE HELENE, (2009). Le Marketing RH dans les SSII : Une véritable solution pour
optimiser ses recrutements et la pérennité des collaborateurs en entreprise ?

CHARRIERE JOSEPHINE, DE SOUSA MOREIRA ALICIA, EYNARD MARYLISE,

GAUTTHIER JEAN-BAPTISTE, GUILLE JEANNE, (2018). Ubérisation de la société, quels


enjeux socioéconomiques.

CHEKIR HOUA ET ROKU MENDJONI ARSENIA, (2020). L’impact des réseaux sociaux
sur le comportement du consommateur

CHENEAU-LOQUAY ANNIE, (2010). La révolution des TIC : Du téléphone à Internet.

CONSTANTATOS CHRISTOS ET PERRAKIS STYLIANOS, (1995). Différenciation


verticale et structure du marché.

DAYMIER LUCAS ET DENIS TRISTAN, (2013). Quel(s) impact(s) pour le modèle


économique du Freemium sur le consommateur ?

56
DONNER JONATHAN, (2006). The social and economic implications of mobile telephony in
Rwanda: An ownership/access typology

DEPOVER CHRISTIAN, (2010). Comprendre et gérer l’innovation.

DUBOSSON MAGALI, ALEXANDER OSTERWALDER ET PIGNEUR YVES, (2002). E-


Business model Design, classification & measurements.

DUFAU-ROSSI, (1998). Les NTIC et l’Afrique : communication et utopie

EL AFRIT MOHAMED AMINE, (2015). Stratégie et Marché : Dossier d’étude de cas de


ATOS.

EL AFRIT MOHAMED AMINE, (2016). Digitalisation et Uberisation de l’économie :


Comment s’adapter à la 3ème révolution industrielle ?

EL AFRIT MOHAMED AMINE, (2017). Disruption des entreprises de services du


numériques.

FONDEUR YANNICK ET SAUVIAT CATHERINE, (2003). Les services informatiques aux


entreprises : Un « marché des compétences ».

FONTANEL JACQUES ET SUSCHEVA NATALIA, (2019). La puissance des GAFAM :


réalités, apports et dangers

FERVEUR GUILHEM, (2020). Engagement dans le service numérique.

GABSZEWICZ JEAN, (2006). La différenciation des produits.

GUERBI HASSIBA, (2014). Caractéristiques et déterminants de l'emploi informel féminin en


Algérie. Le cas de la wilaya de Bejaia

HALDLY RISPAL MARTINE, JOUISON-LAFFITTE ESTELE, 2015. La contribution des

57
méthodes qualitatives au développement du champs de l’entrepreneuriat.

HASSANI AMINA (2020). L’industrie 4.0 et les facteurs clés de succès de projet. Quel(s)
impact(s) pour le modèle économique du Freemium sur le consommateur ?

HAYEK ALEXANDRE (2009). Les business models de l’Internet pour réussir

HENRY C, LUCAS JR ET JIE MEIN GOH, (2009). Disruptive technology : How Kodak
missed the digital photography revolution

HENNEQUIN PIERRE, (2014). Le rôle des systèmes d’information dans l’optimisation du


processus décisionnel.

KOUMENE KANE JOSIALE, (2009). Introduction de l’informatique au Cameroun.

LEHMANN-ORTGA LAURENCE ET MOIGEON BERTRAND, (2010). Genèse et


Déploiement d'un Nouveau Business Model : l'Etude d'un Cas Désarmant

LEON FRANCK, (2015). La construction des Business Models des fournisseurs de services
d’infrastructures cloud computing (Iaas)

LEDJOU JEAN-MICHEL, (2010). Mondialisation et diffusion des technologies en Afrique.

LOHENTO KEN, (2003). Usage des NTIC et Médiation des savoirs en milieu rural africain :
Etudes de cas au bénin et au Mali.

LOUKOU ALAIN FRANCOIS, (2012). Les TIC au service du développement en Afrique

MANSOUR TALL SERIGNE, (2004). Senegalese émigrés: new information &


communication technologies

MONINO JEAN-LOUIS ET SEDKAOUI SORAYA, (2013). Les TIC un outil indispensable


pour une démarche d'intelligence économique
MUTO MEGUINI ET YAMANO TAKASHI, (2009). The Impact of Mobile Phone Coverage

58
Expansion on Market Participation : Panel Data Evidence from Uganda

MERCIER-ROY MIREILLE, (2016). Consommation collaborative et marchés : Analyse de la


controverse Uber à Montréal.

NAPO MOUNCAÏLA GNANE ET C. DINICA RAZVAN, (2015). How the Cell Phone Was
Successful in Africa? An Analysis from the Example of the City of Lomé (Togo)

PITAH SAMAH HEZOUWE, (2017). La cybercriminalité en Afrique : Contribution à l’étude


du cas cas du Togo.

PORTER MICHAEL, (1985). Competitive Advantage.

RAKOTOVAO ANRIANJAFIPARA HUBERT, (2019). Enjeux du mobile banking, un


instrument d’inclusion financière sur l’épargne.

RAMSING NICK ET WASTERFIELD CHARLES, (1998). Guide pratique de système


d’information de gestion pour les institutions de microfinance.

TCHAMENI NGAO SALOMON, (2007). Qualité De L’éducation En Afrique : Le Rôle


Potentiel Des Tic

TONGLET BENOÎT (2004). Les cycles Kondratieff : une philosophie critique

TRAORE AWA, (2019). Mobile Phone in Sub-Saharan Africa: Impact on Technological


Innovation and Economic Development

59
Articles de presses

AFRICA CYBER MAG, (2020). Les grandes cybers-attaquent qui ont marqués le cyber espace
africain en 2020 : https://cybersecuritymag.africa/cyberattaques-afrique-2020

Le JOURNAL DU NET, (2019). SSII et ESN les Sociétés de services numériques : définition.
DEGALLAIX SEVERINE, (2019). Que sont les SMACS ? :
https://www.cadremploi.fr/editorial/conseils/conseils-carriere/detail/article/jose-pas-
demander-mais-que-sont-les-smacs.html

MUDAHEUKA LOIC, (2016). Les ESN en Afrique. : https://www.linkedin.com/pulse/les-esn-


en-afrique-sunayon-business-club/?originalSubdomain=fr

NUMEUIM, (2021), Bilan 2021 et perspectives 2022 du secteur numérique :


https://numeum.fr/actu-informatique/bilan-2021-et-perspectives-2022-du-secteur-numerique

NUMEUM, (2021). Résultat de conférence semestrielle :


https://numeum.fr/sites/default/files/2021-12/20211207%20-%20CP%20-
%20R%C3%A9sultats%20conf%C3%A9rence%20semestrielle.pdf

TAIROU BILAL, (2017). L’Afrique face à la transformation digitale :


https://www.scidev.net/afrique-sub-saharienne/scidev-net-at-large/afrique-transformation-
digitale/
WEPPE PHILIPPE, (2021). Quelles différences entre transformation digitale et transformation
numérique ? : https://www.ready4digital.com/quelles-differences-entre-transformation-
digitale-et-transformation-numerique/

60
Etudes privées

AKER JEREMY C., SECTEUR PRIVE & DEVEOPPEMENT, (2008). Les impacts de la
téléphonie mobile sur le fonctionnement des marchés en Afrique Subsaharienne. :
https://issuu.com/objectif-developpement/docs/revuespd4_telephonie_mobile_fr

APEC, ASSOCIATION POUR EMPLOI DES CADRES, (2014). Référentiel des métiers des
systèmes d'information : https://fr.slideshare.net/Apecfr/etude-apec-rfrentiel-des-mtiers-des-
systmes-dinformation

BERTHOD JEAN-CHRISTOPHE et TOUPET JACK, MUNCI Group (2005). Etude du


phénomène Offshore dans le secteur informatique : Epiphénomène ou tendance lourde pour le
marché des logiciels et services informatiques ? :
https://cgtsoprasteria.info/resources/etude_offshore_dans_les_LSI_Groupe_Alpha.pdf

DATAPROTECT, étude Scienceech.com, (2019). La cybersécurité dans le secteur


Financier africain :
https://www.sciencetech.com/fr/wp-content/uploads/2021/01/Afrique_Faits-
saillants_12sep19.pdf

Ouvrages

BONJAWO JACQUES, (2011). Révolution numérique dans les pays en développement.

BONJAWO JACQUES, (2002). Internet, une chance pour l’Afrique.

JONHSON ET AL, (2008). Stratégy structure FIT

KHANCHEL EL MEHDI IMEN, (2011). Gouvernance et TIC : cas des pays d'Afrique
Imen Khanchel El Mehdi

ZUBOFF SHOSHANA, (1988). In the Age of the smart machine : The Future of work.
REIX ROBERT, (2004). Stratégie des systèmes d’information. SI & Management

61
Annexes

Retranscription Interview Mr Diallo Mohamadou – Fondateurs et directeur général de


CIO MAG.

MK : « Bonjour Monsieur Diallo. »

DM : « Bonjour. »

MK : « Pour commencer, merci beaucoup d’avoir accepté et pris le temps de réaliser cette
interview. […] Je suis actuellement à l’EM Normandie, en dernière année d’un master in
mangement. Je suis en alternance depuis 2 ans dans un cabinet de conseil dans une ESN à Paris.
Et je termine dans quelques mois, notamment par le mémoire de fin d’étude. Et étant dans une
ESN à Paris, je me posais la question sur le mode de fonctionnement d’une ESN en Afrique
Subsaharienne, en Afrique francophone, d’où l’objet de cette interview. »

DM : « Très bien ».

MK : « L’objectif de de cette interview est de faire l’état des lieux du secteur de l’IT en Afrique
francophone, de comprendre le marché africain et d’étudier les possibilités en ce qui concerne
les ESN en Afrique et enfin de déterminer les défis à relever en matière d’informatique pour le
continent africain. De part, mes différentes recherches j’ai pu prendre connaissance de votre
activité, notamment CIOMAG et de vos travaux de recherches, c’est pour cela que je vous ai
contacter. De plus hier j’ai contacté Mr Mohamed N’Daye, CEO d’INSIDE GLOBAL
TECHNOLOGY, qui vous a connu au « club de DSI ». Il m’a fait savoir que vous l’avez
beaucoup accompagné au début de l’association. »

DM : « Oui oui, je connais très bien Mohammed, à l’époque il était DSI d’AXA au Sénégal.

MK : « Exacte, exacte, il m’a partagé son parcours et son point de vue sur la question. Et m’a
vivement conseillé d’échanger avec vous. »

DM : « Très bien. »

MK : « Ce que je vous propose pour commencer c’est de vous présenter brièvement. »

DM : « Très bien. Donc Diallo Mohamadou, je suis le directeur-fondateur de CIOMAG.


CIOMAG c’est un magazine panafricain. Comme son nom l’indique, ce magasine est à
destination des CIO, aux directeurs des système d’information. Et c’est dans ce registre que j’ai
créé le club des DSI du Sénégal. J’ai accompagné à la création de celui de Côte d’Ivoire, du

62
Togo… On en a créé une bonne dizaine. Il y a 15 ans on ne parlait pas de start up, on ne parlait
pas d’écosystème digital. Donc le seul écosystème qui était plus ou moins sensible à cela
c’étaient les directeurs de système d’informations. C’est pourquoi je les ai réunis dans une
association pour justement essayer de promouvoir les systèmes d’information dans les
entreprises et dans les administrations. L’objectif premier était de créer une association
panafricaine, qui va réunir les DSI africains, pour nous permettre d’avancer sur certains sujets,
sur certaines bonnes pratiques. Mais avant même de parler d’association panafricaine, au niveau
local il n’y en avait pas. A part le Maroc, à l’époque, qui possédait un club de DSI structuré. En
2006, à Marrakech, j’ai organisé une première rencontre avec ce club. J’ai ensuite commencé
la création des clubs de DSI notamment en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Benin, au Togo, etc…
Nous en avons aujourd’hui une dizaine. Il y a 10 ans internet n’était pas aussi développé, il n’y
avait pas non plus les réseaux sociaux, donc les DSI quand ils avaient besoin d’informations,
allaient chercher dans des journaux non africains. Les informations étaient donc parfois très
loin de la réalité africaine, d’où la nécessité de créer un magazine qui parle d’Afrique. C’est
pourquoi en tant que journaliste, j’ai décidé de créer ce magazine : CIOMAG. J’ai essayé de
mettre en avant les problématiques liés à la transformation digitale du continent. En parallèle à
ce magazine, nous organisons une série de rencontres en Afrique et en Europe, pour échanger,
promouvoir les rencontres avec les ESN, les clubs de DSI, les starts up et les innovateurs. Dans
cette perspective, nous avons organisé au mois de Mai, une expédition en Californie à la
Silicone Valley, où nous avons fait participer des ECN africaines, des décideurs, des
chercheurs, pour qu’ils puissent s’inspirer sur l’avenir de l’IA, de la métaverse, à l’université
de Berkeley en Californie. Voilà en résumé ce que nous faisons. »

MK : « Ça marche, très clair et très intéressant. L’objet final de ce mémoire est de comprendre
comment les ECN pourraient être amené à se développer en Afrique. Mais comme vous l’avez
dit, avant tout ça il y a des étapes. Je pense notamment à l’avènement des TIC, des NTIC qui
ont certainement permis à l’Afrique de s’ouvrir sur internet et sur l’informatique. Vous étant
arrivé au début de tout cela, comment est-ce que vous avez perçu l’avènement des TIC ? Avant
la création des clubs, comment était perçu l’informatique en Afrique ? »

DM : « C’est une bonne question. A l’époque, l’informatique n’était pas stratégique dans les
entreprises, même en Europe. C’est dernièrement que ça a pris de l’ampleur. A l’époque
l’informatique était considérée comme un centre de coût, et non pas un centre de profit.
L’investissement dans l’informatique était vu comme des dépenses inutiles, c’est comme
investir dans des ordinateurs qui permettent de faire du pilotage, il n’y avait pas de retour sur

63
investissement. Et quand nous avons créé le club des DSI à l’époque, l’idée c’est d’aller vers
les dirigeants, il y avait un travail préparatoire à faire. On disait aux DSI, « vous apportez
quelque chose de nouveau » […] En fait, on est parti du fait qu’il y avait beaucoup d’entreprises
européenne qui avait des filiales en Afrique. Et dans ces entreprises, au niveau du siège,
l’informatiques était perçu comme étant un centre stratégique, qui était au cœur du métier.
Maintenant, comment allons-nous amener les africains à prendre ça en compte pour gagner de
la croissance et obtenir de la compétitivité ? L’idée c’est de dire, qu’on se réuni en association
car si vous le faite simplement de votre côté, ça ne marchera pas. C’est l’union fait la force,
réunissons-nous, essayons de nous poser. Je donnais souvent l’exemple, en disant que les
patronats les plus puissants c’est le MEDEF, c’est les patrons des patrons, qui sont encore plus
puissant quand ils sont en association. Donc vous en tant que DSI vous êtes considérés comme
un centre de coût et vous n’êtes pas stratégique, parce qu’à l’époque les DSI étaient rattachés
aux services généraux, gestion de l’eau et de l’électricité, donc ce n’était pas important. Et vous
avez fait des études qui sont quand même stratégique : BAC +5 pour la plupart, vous être des
ingénieurs. Et vous devez être rattaché à la direction générale de l’entreprise pour peser sur la
transformation digitale de l’entreprise. Et pour cela vous devez montrer que l’informatique est
en alignement sur le business de l’entreprise. Et donc là vous pourrez à partir de là justifier les
investissements conséquents à venir. Cela a nécessité beaucoup de travail pour le faire. On a
donné des exemples aux USA, en Europe, sur toutes les entreprises qui sont devenus
performantes en misant sur l’informatique. On a organisé donc des petits-déjeuners
d’information dans les entreprises. Les DSI y étaient invités, les ingénieurs et directeurs
financiers qui avait plus de poids pour trouver des sponsors dans l’entreprise pour que ces
personnes-là prennent conscience des difficultés de l’informatique dans la transformation des
entreprises. Et petit à petit on les a préparés en leur disant que l’informatique ne devait pas être
considéré comme un centre de coût, mais un centre de profit, qui participe à la compétitivité de
votre business. Et petit à petit l’idée a commencé à prendre de l’ampleur. A l’époque, quand on
a commencé à organiser ces rencontres de sensibilisation à Dakar, à Abidjan ou à Yaoundé,
c’était difficile de réunir 50 personnes, car les gens ne connaissaient pas, c’est un langage assez
particulier, on parle de réseaux, on parle de connectivités, ça n’intéressait pas grand monde.
Donc les premières rencontres qu’on organisait à l’époque c’était une quarantaine de personnes.
Et aujourd’hui on arrive à des centaines de personnes ou à des milliers de personnes c’est grâce
à ce travail préparatoire qui a été fait. Et aujourd’hui, Dieu merci les gens ont compris ces
enjeux-là. C’était un travail de longue haleine que nous avons mené depuis 10 ans. D’un côté
également on devait les sortir de leur zone de confort, car comme ils parlaient dans un langage

64
particulier, il n’était pas considéré dans l’entreprise, donc il fallait déjà les valoriser (12MIM),
les sortir de ce qu’ils sont en train de faire pour les amener vers des partenaires internationaux.
Il y avait un débat à l’époque avec les ESN, qui disait à l’époque, qu’ils n’ont pas dans la plupart
du temps, la taille critique pour répondre aux appels d’offres des pouvoirs publiques. Et en effet
c’était le cas car ces ESN comptaient 5 à 10 salariés donc ils ne pouvaient pas concurrencer les
ESN internationaux qui venaient prendre des parts de marché. Je suis tombé sur un débat au
même moment, c’était en 2008, où il y avait l’association des ESN OPTIC, au Sénégal
(organisation patronale des TIC), c’est une organisation qui réunit les ESN sénégalais, il y a
l’équivalent au Cameroun, en Côte d’Ivoire, au Maroc, en Tunisie. Donc ils se sont réunis, en
disant, voilà, pour pouvoir peser sur les marchés, au niveau national, il fallait qu’ils se
réunissent leurs forces. Ensemble par exemple, voilà un appel d’offre il faut avoir un chiffre
d’affaires de 10 à 30 millions d’euros, un seul ESN ne peut pas l’avoir mais en réunissant leurs
forces ils peuvent. Aujourd’hui, la plupart des commandes sont passées par l’état, à hauteur de
50% dans le marché du numérique. C’est donc l’état qui pèse le plus sur le marché. Pour pouvoir
répondre à ces appels d’offres, il fallait qu’ils se réunissent en un consortium. Dans un
consortium on pouvait retrouver une entreprise Ivorienne et une entreprise sénégalaise ou
camerounaise etc. Mais bon ça n'a pas fonctionnée longtemps car ils étaient pour la plupart
concurrents. Ils allaient sur les mêmes créneaux et donc ce qui faisait que ça ne pouvait pas
marcher. Maintenant de plus en plus, quand il y a des appels d’offres, la banque mondiale exige
qu’il y ait une part minime pour les opérateurs locaux. Donc par exemple quand il y a un appel
d’offre, il faut une part pour un acteur locale, mais ça reste moindre par rapport à ce que cela
pourrait rapporter s’ils étaient réunis en association pour avoir plus de poids pour peser sur le
marché. C’est vraiment la problématique qui existait et persistait à l’époque, il y a 15 ans mais
qui encore d’actualité. Aujourd’hui les ESN qu’on retrouvait au Sénégal ou en Côte d’Ivoire,
ce n’est pas plus d’une centaine de personnes. Donc ils n’ont pas assez de poids pour
concurrencer les autres.

MK : « Ok. Merci. Bon finalement vous avez répondu à pas mal de questions. Mais juste pour
repartir du début du début. Donc au début, ça a vraiment été un travail de prise de conscience
et de faire changer de position et comprendre aux DSI que ce n’était pas uniquement des tâches
opérationnelles qu’ils avaient, mais plutôt stratégique au sein de l’entreprise. Qu’ils avaient une
possibilité de se renforcer ensemble et de prendre conscience de cela pour sensibiliser les gens.
Et ensuite, sur l’aspect part de marché, il y aussi cette différence entre la capacité des ESN
locales à répondre aux appels d’offres et les gros internationaux qui arrivaient et prenait toutes

65
les parts du marché. Et donc le consortium dont vous parlez, il n’a pas fonctionné, c’est
vraiment parce que les ESN locales n’ont pas réussi à trouver un équilibre, à se partager le
marché en étant ensemble, à trouver des terrains d’entente ? »

MD : « Oui, c’est la raison pour laquelle ça n’a pas fonctionné. Et puis le fait également que je
prends l’exemple d’ATOS ou CAPGEMINI, qui prospecte des marchés proposés par la banque
mondiale ou le fonds monétaire international, pour déployer un réseau ou déployer un produit
ou service. Il y a une partie qui est réservé à un acteur local. Ce n’est pas en .. Toutes les …
concurrentes étaient sur les mêmes créneaux. 16MIN30 Donc il n’y avait pas de différenciation
entre ce que fournissait un ESN typique Ivorien, qu’un sénégalais. Donc c’était les mêmes
produits qui étaient proposés. Donc il n’y avait pas une différence énorme dans ce qu’ils
apportent. Donc en général les appels d’offre leur passent sous le nez et c’est remporté par des
fournisseurs étrangers. »

MK : « D’accord je comprends. Donc on va reprendre au club des DSI pour ne pas trop bruler
d’étapes. Donc à ce moment-là, une fois que le club de DSI et que ça commence à prendre de
l’ampleur. J’imagine que la place de l’informatique et d’internet en Afrique grandit.
Aujourd’hui, pour vous, qu’elle est la place de l’IT en Afrique de l’Ouest ? La place de l’IT
d’un point de vue professionnel, mais aussi général, que ce soit auprès de la population que des
professionnels. »

MD : « Ça a connu beaucoup de croissance, en termes de taux de pénétration de l’internet, ça


a presque doublé en quelques années. Avec l’arrivé des câbles sous-marins, ça a permis d’avoir
une connectivité beaucoup plus importante. Même si, la plupart des connexions se passent via
mobiles, l’arrivée, es câbles sous-marins ont permis de booster la connectivité au niveau local.
Même si aujourd’hui, on a des prix assez élevés. Je prends l’exemple de la connexion haut débit
du Burkina Faso, ça peut représenter 110% du revenu d’un ménage. C’est très important. C’est
pourquoi l’appropriation des nouvelles technologies passent forcément par la réduction des
coûts. Et donc il faut démocratiser ça, et permettre au plus grand nombre de pouvoir y accès.
On a des coûts qui sont très élevé pour certains opérateurs, mais tout reste à faire pour assurer
une connectivité plus grande. Mais on voit qu’il y a une appétence au niveau de ces utilisations,
que ce soit au niveau de la personne lambda, qu’au niveau des entreprises. Les entreprises et
l’administration sont conscients de l’importance de l’IT. La crise du COVID-19 a montré que
l’IT a sauvé des vies, mais aussi l’économie, beaucoup d’administrations. S’il n’y avait pas
cette résilience fournit par le digital, beaucoup de secteurs auraient disparus, que ce soit dans le

66
domaine de la santé, dans le e-commerce, de la banque etc… L’informatique a sauvé des vies,
l’informatique a sauvé l’économie de façon global. On parle d’un bon de 5 ans par rapport à ce
que l’on a gagné pendant cette crise COVID. La crise a été le meilleur accélérateur. Il y a encore
des personnes réfractaires au changement, pour plusieurs raisons, d’une part il ne se donne pas
la peine de se former, et d’autre part ils ont des habitudes qu’ils n’ont pas envie de changer. Je
pense notamment à la douane, où ils ont des rentrés d’argents en espèces, donc informatiser ça
c’est avoir des revenus tracés, et avoir plus de transparence. Donc voilà un exemple de pourquoi
certaines personnes ne veulent pas aller vers le réseau numérique. Mais aujourd’hui, l’Afrique
a pris beaucoup de maturité en matière de transformation digital, on a vu les accélérations qui
se passent toutes les transformations qui se sont passées autour de cette crise covid ; On se dit
qu’avec un peu de rigueur, un peu de réforme mise en place par les états ont peut accélérer cette
transformation digitale du continent. »

MK : « D’accord. Donc ce serait finalement une maturité aussi des potentiels utilisateurs qui
permettrait d’avancer dans l’utilisation de l’informatique. Enfin vous parler par exemple du
secteur informel j’imagine, quand on parle de la douane. Permettre la traçabilité de certains
secteurs pourrait permettre finalement de démocratiser cette utilisation de l’informatique et
d’internet. »

MD : « C’est ça, donc c’est idéal pour les entreprises et les administrations. On parle
aujourd’hui de pratiquement de la moitié de la population africaine qui n’a pas d’identité
formelle. Donc ce sont des gens qui ne sont pas déclarés à la naissance, donc des gens décèdent,
on ne sait pas s’ils sont décédés ou s’ils sont encore vivants. Et aujourd’hui avec les outils
fournis par l’identité numérique, on arrive à donner une identité formelle à des personnes qui
n’en avait pas jusqu’à présent. Ou par exemple, des réfugiés qui arrivent dans des camps, qui
n’ont aucune pièce d’identité, donc comment pouvoir leur distribuer des aides, comment
pouvoir les soigner. Donc aujourd’hui il y a des centres avec les nations unis pour les réfugiés,
qui arrivent à informatiser cela et donner une identité formelle à ces personnes, qui leur permet
d’avoir une identité pour pouvoir se déplacer, et dès lors que leur situation est rétablie, de
pouvoir avoir des moyens de payements et de recevoir des aides de pouvoir se soigner, avec
une traçabilité qui est très importante. Donc aujourd’hui cette exclusion concerne plus de
500 000 personnes en Afrique. Donc je pense qu’avec la maturité du numérique, aujourd’hui le
taux de pénétration mobile global est de 70%, et dans certains pays on est à plus de 110% de
taux de pénétration mobile. On l’a vu pendant le covid, il fallait que les aides passent par le
payement mobile, donc il fallait créer une identité à ces personnes. Donc tout un tas de chose

67
qui nécessiter de créer une identité numérique à ces personnes. L’identité numérique les champs
sont tellement importante 24MIN et on ne mesure pas le champ d’implication du numérique
pour pouvoir donner de la traçabilité aux transactions ou donner une identité informelle aux
gens. Donc les champs sont formidables. Et puis il y a cette créativité de cette jeunesse, puisque
la population africaine aujourd’hui est jeune, et ils ont une certaine appétence au digital. Et une
autre chose qu’on avait fait à l’époque, quand on faisait des recherches, c’est 40% des
MOOC fournies dans le monde francophone sont consommé en Afrique. Ça veut dire que ces
jeunes aujourd’hui ont tellement envies d’apprendre, ont tellement envies de s’enrichir, même
s’ils n’ont pas les moyens. Il y a le doyen de I ’université du virtuel du Sénégal, avec qui j’ai
tenue une réunion, aujourd’hui ils disent qu’il y a des gens qui sont exclus du système et qu ne
peuvent pas aller étudier mais aujourd’hui des structures comme l’université du Sénégal, de
Côte d’Ivoire, de Tunisies etc. Leurs fournissent un moyen de connexion et peuvent suivre des
cours qui sont fournis à Cambridge, à Berkeley... A partir de chez dans un village reculé de leur
pays. Donc voilà c’est des révolutions qui vont arrivés et qui vont certainement changer a façon
de penser et d’avancer. »

MK : « Bien sûr. Ok donc 40% des « Mooc » ? proposés sur le net mondialement sont
consommés en Afrique ? »

MD : « Francophone. Mais en Afrique anglophone également ça doit être très important, je


pense notamment à des pays comme le Nigeria ou le Ghana qui ont des standards très élevés
aussi. »

MK : « Bien sûr. D’accord, effectivement c’est très intéressant. Et je pense que tous ces sujets
mériteraient aussi un mémoire de recherche au moins haha. Mais effectivement ça me permet
à moi de resituer le contexte de l’informatique aujourd’hui en Afrique. Vous avez parlé aussi
du mobile, j’ai beaucoup entendu parler du mobile banking, qui a démocratisé l’utilisation du
téléphone de part les échanges monétaires ou l’utilisation pour des activités bancaires. Si on
revient sur l’aspect SS2I ou ECN. L’avènement d’internet a permis la création de services
informatiques. Aujourd’hui, pour vous, quels sont les principales barrières rencontrées à la
création d’une ESN en Afrique francophone ? »

MD : « La principale difficulté que l’on peut avoir pour la création d’une ESN en Afrique c’est
l’étroitesse des marchés. C’est en plus un marché très concurrentiel. C’est l’état déjà qui détient
la plupart du temps la commande du marché du numérique dans ces pays. C’est des appels
d’offres qui ne sont pas très transparents dans la façon de faire, sauf les marchés fournis par la

68
banque mondiale, ou les organisations internationales qui passent forcément par des appels
d’offres ouverts. Et ces appels d’offres ouverts, la part du local est très faible. C’est un paradoxe
où la plupart des responsables de ESN exigent ou demandent plus de commandes publiques,
plus d’intégration dans ces marchés là pour les acteurs locaux... Ce phénomène n’existe pas
uniquement dans le digital, que ce soit dans le domaine de l’électricité ou d’autres,
généralement les gens préfèrent aller faire appel à des acteurs étrangers que locaux, ils font
confiance plus aux acteurs étrangers. Donc on a quelques ESN […] Je ne sais pas quel pays
vous intéresse le plus en Afrique de l’Ouest. »

MK : « Etant malien, le Mali m’intéresse beaucoup. Mais pour moi le Sénégal et le Mali c’est
un peu du pareil au même. C’est très proche, même si j’ai cru comprendre qu’au Sénégal on
était plus avancé quand même au niveau de l’IT qu’au Mali. Dites-moi si je me trompe. »

MD : « Il y a quelques similitudes sur le marché. Mais le problème reste quand même un


enjeu de marché qui est très étroit. Ce sont des petits marchés que l’on a pour la plupart et ce
qu’on voit de plus en plus, c’est que des acteurs panafricains émergent, et interviennent dans
la sous-région. Ça c’est un aspect qui a beaucoup marqué. Les gens ne se contentent pas de
leur marché domestique, ils ont plus en plus d’autres marchés dans la sous-région. On voit de
plus en plus des acteurs comme SOCITECH en Côte d’Ivoire, qui est basé en Côte d’Ivoire
mais qui a un rayonnement sous régional intervient également au Mali, au Sénégal, au Niger
ou encore au Burkina Fasso. On a également d’autres ESN sénégalaises interviennent dans a
sous-région. Il y en a de plus en plus qui dépasse le marché local car celui-ci est très petit, et
donc vont tenter d’intervenir dans d’autres pays (Guinée, Mali etc…). Donc le facteur qui me
marque le plus c’est l’étroitesse des marchés et la multiplication des acteurs. Et ces des
acteurs qui sont souvent petit, la plupart ne dépasse pas 50 personnes, pas plus. »

MK : « Et est-ce qu’aujourd’hui vous pensez qu’il pourrait y avoir un peu d’accompagnement


des ESN dans un premier temps de la part des gouvernements, des états ? Est-ce qu’aujourd’hui,
le secteur de l’IT est assez sponsorisé, si je pu dire ? Est-ce qu’une ESN qui veut former ses
collaborateurs peut être accompagnée ? »

MD : « Pas suffisamment. Et comme ce que j’a pu dire précédemment, ce n’est pas que pour
le secteur du digital, aussi les autres secteurs. On a formé la dernière fois une association de la
diaspora, surtout des Sénégalais que l’ambassadeur a réuni, donc il y aura plus de pôles :
digitale, juridique, santé. L’idée c’est de recenser les compétences du Sénégal dans ces pays-
là, pour pouvoir identifier et participer dans l’élaboration de stratégies nationales notamment

69
dans le digital. Et quand on s’est vu les gens se plaignaient en disant, « voilà, n n’est pas
considéré chez nous. On préfère donner des marcher aux étrangers. Même si on est de la
diaspora. » L’exemple du Sénégal, il y a le plan national du digitale, le plan de la stratégie
numérique. C’est un plan global qui partait du Sénégal émergent. C’est un plan qui voulait que
le Sénégal soit émergeant à l’horizon 2025 et quand ils ont élaboré ce plan-là le digital n’en
faisait pas parti, il a fallu que la diaspora se réunisse pour dire « désolé le digital est très
important, il va falloir que vous l’intégriez dans ce plan. Et c’est finalement à partir de là qu’ils
ont pris conscience de le faire. Il y a un autre point que j’ai oublié de mentionner, c’est
l’avènement des plans de transformation numérique des pays. C’est-à-dire, au début des année
2015, des pays ont commencé à avoir des plans nationaux de stratégie numérique. Aujourd’hui
sur les 54 pays, pratiquement 50 ont encore une stratégie nationale de transformation
numérique. Ça fait partie de la maturité qui a permis d’aligner la stratégie de transformation,
notamment la partie e-book, la partie cybersécurité etc… de l’aligner à la stratégie du
numérique. Avant il n’y en avait pas. C’est à partir de 2015 que les Etats ont pris conscience
que vraiment aligner cette stratégie nationale au digital était important. Et c’est devenu
également une aubaine pour les ESN qui se sont dit qu’ils pourront apporter leur expertise en
matière de formation, de fourniture de service. I aujourd’hui ils sont exclus de certains marché,
les points qu’ils peuvent faire prévaloir c’est la connaissance locale et la proximité locales. Doc
ils sont là au niveau local et peuvent apporter des services de proximités, ce que des grands
groupes qui sont à l’international ne peuvent pas ; ils jouent donc sur ça pour prendre quelques
parts de marché mais ce n’est rien par rapport au potentiel global du marché.

MK : « Ok. Donc effectivement il y a encore pas mal de choses à exploiter ça c’est sûr. »

MD : « Si vous allez dans CIOMAG, sur la page des assises de la transformations digital que
nous organisons régulièrement. Vous allez voir les conclusions, des fois quand on fait des
forums il y a des conclusions qui sortent de là. Vous allez les voir préoccupations des acteurs
de la transformation digitale. Que ce soit pour les ESN ou administrations ou les DSI. Par
exemple l’année dernière on a célébré les 10 ans des assises de la transformation digitale que
nous organisons depuis maintenant une décennie. L’idée c’est de réunir les acteurs à la fois des
ESN africaines et les DSI autour d’une table, on discute et on met en avant les choses qui les
préoccupent. Si vous allez sur le site de CIOMAG et vous tapez « ATD 2021 » vous allez
trouver les conclusions, ça pourra vous donner une idée. Également en 2017 on avait fait ça à
Bercy, il y a pas mal de conclusions qui ont été faite, qui sont très intéressantes que vous pourrez
retrouver sur le site. »

70
MK : « Ok ça marche. Et bien j’irai voir ça juste après. Donc vous CIOMAG vous êtes basé à
Paris c’est ça ? »

MD : « En région parisienne, dans les Yvelines. »

MK : « Et si on parle maintenant un peu plus de vous et de CIOMAG. Comment vous voyez


la suite ? »

MD : « Quand on prend CIOMAG dans son esprit de de communication. Nous un magazine


panafricain qui est en fait plus qu’un magazine, puisque le fait de réunir les acteurs et de pouvoir
prendre leur avis sur certaines choses et de pouvoir le partager. Je pense que ça fait partie d’un
engagement qu’on a pris depuis le départ de CIOMAG, c’est d’accompagné la transformation
digitale d’Afrique. Et à un moment on s’est dit qu’on le fait en Afrique mais c’est également
important qu’on le fasse en Europe. Je m’explique, j’utilise l’expression qu’un ami aime bien
utiliser, je ne sais pas si vous connaissez Karim Cisse « Le sens de l’autoroute c’est d’avoir 2
sens » Donc quand les européens vont prospecter en Afrique, il est clair que les africains doivent
prospecter en Europe également. Même si les marchés sont plus compliqués, donc ça on a créé
en 2010 les assises de la transformation digitale qui est organisé annuellement en Europe. Et
qui permets de faire se rencontrer des décideurs africains et des décideurs européens sur la
transformation digitale en Afrique. Donc nous avons fait 10 éditions dont le dernier a eu lieu à
Marrakech il y a un an. Et le prochain aura lieu à Genève au mois de décembre prochain. Et on
a toujours poussé à faire coopérer les entreprises africaines et les entreprises européennes. Donc
voilà, on a une histoire commune, on a beaucoup de choses à partager, donc ça ne va pas que
dans un sens, ça va dans les deux sens.

71

Vous aimerez peut-être aussi