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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR

ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE LOUNICI ALI – BLIDA
FACULTE DE DROIT ET SCIENCES POLITIQUES
BRANCHE DE DROIT PUBLIC

Terminologie
juridique

Ait- Ali Zaina

2ème année
Section A et C
2ème semestre

2021 - 2022
LE DROIT PENAL

Aujourd’hui, toutes les branches du droit font plus ou moins appel au droit
pénal. Celui-ci réprime les atteintes à la sûreté de l’Etat, les crimes contre la
Constitution, les infractions contre la paix publique, les mœurs, la vie, l’honneur
et les biens des personnes. On rencontre la sanction pénale en droit
constitutionnel, administratif, civil, commercial, fiscal, du travail, etc… même en
droit international public (procès des grands criminels de guerre).
Le droit pénal est, de nos jours, dans nos sociétés, omniprésent…

CHAPITRE I – le droit pénal : notion et caractères


1. La notion de droit pénal.
2. Les fondements du droit pénal.
3. Les caractères du droit pénal.

CHAPITRE II – l’infraction
1. L’élément légal de l’infraction.
2. L’élément matériel de l’infraction.
3. L’élément moral de l’infraction.

CHAPITRE III – l’imputabilité


1. Les causes objectives de non-imputabilité : les faits justificatifs.
2. Les causes subjectives de justification.

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CHAPITRE I Le droit pénal : notion et caractères

CHAPITRE I – Le droit pénal : notion et caractères

Toutes les lois existent dans une société donnée sont supposées justes et
utiles. Elles ne sont pas toutes cependant garanties par la sanction pénale et toute
faute pénale n’est pas réprimée par n’importe quelle sanction. Si la défense des
intérêts fondamentaux de la société justifie seule l’application de la peine, il faut
toujours trouver un juste équilibre, entre les nécessités de la répression et la
protection du citoyen. La conciliation de ces deux exigences opposées fournit la
mesure d’une civilisation.

1. La notion de droit pénal :


A. Définition :
Le droit pénal se définit comme l’ensemble des règles de droit ayant pour
but la sanction des comportements considérés comme contraires à l’ordre social
et à la sécurité publique.
Ainsi, parmi toutes les branches du droit, il est seul qui présente la
particularité de punir d’une peine, selon une procédure qui lui est propre, la
violation de certaines règles juridiques en vigueur dans la société. Il faut savoir
qu’il ne punit pas la violation de toutes les règles en vigueur, mais uniquement
celle des plus importantes de ces règles. L’étendue de ses interventions varie selon
les conceptions morales, les exigences de la lutte contre la criminalité et le rôle
assigné à l’Etat dans la cité.

B. Les domaines du droit pénal :


Entendu au sens large, le droit se divise en cinq branches principales :
Le droit pénal, proprement dit ou droit pénal général qui a pour objet
l’étude de l’infraction, mais aussi de la sanction, ainsi que de toutes les règles qui
leur sont applicables.

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CHAPITRE I Le droit pénal : notion et caractères

La procédure pénale qui peut se définir comme l’ensemble des règles


relatives à la poursuite et au jugement des délinquants devant les tribunaux.

Le droit pénal spécial qui est l’étude particulière de chacune des infractions
prévues par la loi pénale, chaque infraction étant considérée dans ses éléments
constitutifs, sa sanction et les modalités de répression.

Le droit pénal des affaires qui est un droit pénal spécial appliqué aux
affaires avec évidemment toute la difficulté de délimiter les multiples formes et
les spécificités de ce type de délinquance.

Le droit pénal international qui peut être défini comme la branche du droit
criminel qui règle l’ensemble des problèmes pénaux qui se posent au plan
international.

C. La place du droit pénal par rapport aux autres disciplines juridiques :


Il faut s’interroger ici sur la nature juridique du droit pénal.

Celui-ci pourrait, en effet, être rattaché au droit public, car c’est bien ce
dernier qui organise les rapports entre l’Etat et les individus. C’est à la puissance
publique qu’il appartient d’intervenir lorsqu’un individu trouble l’ordre social ;
d’assurer l’ordre et la sécurité et de faire justice, et ceci dans l’intérêt général. Ce
n’est plus à la victime ou à ses proches de le faire, même si ceux-ci auront droit à
la réparation du dommage subi.

Cependant, le droit pénal s’apparente également au droit privé qui


réglemente les rapports entre particuliers. Ainsi, d’abord du point de vue de la
forme, interviennent des tribunaux judiciaires, composés des mêmes magistrats
pouvant agir aussi bien au pénal qu’au civil.
On notera le rôle de ces mêmes particuliers non seulement dans la poursuite
des infractions, mais aussi dans le jugement des infractions les plus graves (les
crimes), qui font intervenir des jurés qui sont des citoyens (personnes privées).
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CHAPITRE I Le droit pénal : notion et caractères

D’un autre point de vue, le droit privé intervient également puisque la


victime qui souhaite obtenir réparation du préjudice civil qu’elle a subi par la
commission d’une infraction, a pour obtenir plus rapidement réparation, la
possibilité de s’adresser aux tribunaux répressifs plutôt qu’au tribunal civil, par le
biais de ce qui est appelé l’action civile. Le juge répressif sera donc amené à
évaluer le dommage subi par la victime et à accorder des dommages et intérêts,
ce qui est traditionnellement le rôle du juge civil.
On voit donc qu’il y a, concernant le droit pénal, une interpénétration entre
droit privé et droit public.

2. Les fondements du droit pénal :


Le fondement de la sanction, caractéristique essentielle du droit pénal, est
double : un fondement moral. Derrière la punition, se trouve souvent l’idée de
justice, d’expiation du coupable (la fonction de la peine est rétributive). Mais aussi
un fondement social. La sanction repose sur un fondement utilitaire : la
répression a une fonction de prévention, à savoir la protection de la société.

A. Un fondement moral :
Les faits, actes ou omissions considérés comme portant atteinte aux règles
d’organisation d’une société donnée puisent leurs sources dans les préceptes
religieux et moraux. Il est admis que ceux qui tuent, qui volent, qui violent, qui
abusent de la confiance des autres doivent être punis. Mais il est aussi admis, avec
une différence de degré, que ceux qui ne respectent pas les règles de stationnement
ou qui déposent leurs ordures n’importe où le soient également.
Mais si le droit pénal a pour but le maintien de l’ordre ; la morale vise, quant
à elle, le perfectionnement intérieur de l’homme. De façon plus précise, il est
possible de mettre en perspective les liens du droit pénal avec trois types de
morale...) ;

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CHAPITRE I Le droit pénal : notion et caractères

♦ morale religieuse qui correspond à l’idée de devoir vis-à-vis de Dieu, et


qui dans le passé a donné naissance à des incriminations extrêmement graves
(blasphème, hérésie, sacrilège).
♦ morale individuelle induisant des devoirs avec soi-même, avec des
comportements qui ne sont pas incriminés, tels que le suicide ou le mensonge
(dans ce dernier cas, celui-ci peut être puni en cas de faux témoignage ou de faux
serment) ;
♦ morale sociale également, générant des devoirs envers autrui (devoir de
charité, devoir de secours, devoir de justice, etc...). On peut toutefois citer le
devoir sanctionné pénalement de porter secours à personne en danger.

Le trait commun entre le doit pénal et la morale est que ces deux matières
sont normatives ; elles édictent des règles : le droit pénal énonce ce que l’on doit
faire ou ne doit pas faire, afin d’assurer le maintien de la paix sociale et l’ordre
public. La morale quant à elle édicté des principes qui peuvent être similaires,
mais qui tendent cette fois au perfectionnement de l’individu. Dans un tel cas,
l’individu a affaire avec sa conscience, puisque la morale n’édicte pas de
contraintes sanctionnées positivement. Dans l’autre cas, cet individu a affaire à
l’autorité publique, aux tribunaux en cas de dépassement.
Le droit pénal, par certains côtés, est plus étroit que la morale qui réprime
le mensonge ou le suicide, mais condamne aussi les simples pensées ou les
mauvaises résolutions (celles de commettre un acte antisocial, une infraction).
Mais le droit pénal est aussi, par d’autres côtés, plus large que la morale
puisqu’il va sanctionner des actes non intentionnels, des actes qui en eux-mêmes
n’expriment aucune intention de nuire, tels que certaines petites contraventions
(considérées comme de vrais délits alors qu’il n’y avait ni intention ni faute
particulière comme le délit de chasse, par exemple).
B. Un fondement social

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CHAPITRE I Le droit pénal : notion et caractères

La mission de prévention du droit pénal consiste à permettre d’éviter que le


coupable ne commette d’autres actes antisociaux à l’avenir, avec l’élimination du
condamné ou tout au moins sa neutralisation.
La fonction de prévention peut prendre un aspect d’intimidation
(l’intimidation de la personne pour éviter la récidive) et de dissuasion, afin
d’éviter que d’autres individus ne commettent à leur tour des infractions.

3. Les caractères du droit pénal :


S'agissant de sa nature juridique, le droit pénal présente trois caractères
majeurs:

A. Le droit pénal est un droit déterminateur.


Le droit pénal réprime des actes contraires aux obligations qui trouvent leur
origine précisément en lui-même. Les prescriptions relatives à la vie d’autrui
(respect de son intégrité physique, respect de ses biens, de sa nation, de la paix
publique) ne sont édictées que par le droit pénal, prescriptions que l’on trouve
précisément dans le code pénal.
Autrement dit, le code pénal est un droit déterminateur parce qu’il détermine
lui-même sa propre matière.

B. Le droit pénal est aussi un droit sanctionnateur :


Il apporte son secours (celui de ses peines) aux autres disciplines juridiques,
lorsque les sanctions particulières de ces droits sont ou paraissent insuffisantes.
Ainsi le droit pénal agit-il en subsidiarité des autres droits quand des dispositions
de ces derniers ne sont pas respectées (droit du travail, droit de la santé, droit des
sociétés, etc...). Il existe ainsi des centaines de textes pénaux totalement extérieurs
au code pénal.

C. Le droit pénal est un droit autonome :

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CHAPITRE I Le droit pénal : notion et caractères

Parce qu’il obéit à des règles qui lui sont propres, en ce qu’il s’applique
parfois sans tenir compte des règles du droit privé, voire au mépris de ces règles.
Ainsi, un délinquant, peut voir sa responsabilité pénale retenue, alors même que
sa victime était consentante, et même lorsque sa victime a pris part à l’infraction
(par exemple, en matière de proxénétisme). Cette situation est inconcevable en
matière civile.
Cette autonomie se justifie par la mission particulière que remplit le droit
pénal et qui est la défense des intérêts de la société.

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CHAPITRE II L’infraction

CHAPITRE II – L’infraction

L’étude des infractions, c’est-à-dire les faits punissables et sanctionnés par


le législateur et que l’on appelle les incriminations, représentent une part majeure
de la discipline appelée droit pénal. Aussi, déterminer à quelles conditions l’auteur
d’une infraction quelconque est punissable et fixer les règles applicables aux
sanctions qui le frappent, constituent essentiels du droit pénal.

L’infraction est l’action ou l’omission que la loi interdit sous la menace


d’une sanction. Elle est aussi appelée « délit ».
Pour que l’action répressive de la société puisse s’exprimer, doivent être
réunis trois éléments : 1° Une interdiction de commettre l’acte en cause ; 2°
L’accomplissement matériel de cet acte, en contravention à cette défense ; 3°
Une faute imputable à l’auteur de l’acte illicite. Ces éléments (appelés également
éléments constitutifs de l’infraction) seront examinés dans les trois paragraphes
suivants, l’élément légal (1) ; matériel (2) et moral (3), de l’infraction.

1. L’élément légal de l’infraction :


A. Le principe de légalité :
Une omission n’est sanctionnée pénalement que si la loi la prévoit
expressément. Ce n’est pas aux individus, à la collectivité, à la police, ni à la
justice, de décider directement de ce qu’il faut faire ou ne pas faire, en cas
d’infraction. Ce rôle appartient au pouvoir législatif, c'est-à-dire au Parlement
ainsi qu’à l’exécutif, dans les cas prévus, de prévoir les sanctions aux infractions,
comme le prévoit notre Constitution.
Le constituant algérien exprime d’ailleurs clairement sa conception du
principe légaliste en énonçant que « nul ne peut être tenu pour coupable si ce
n’est en vertu d’une loi dûment promulguée antérieurement à l’acte
incriminé » (Art 46 de la Constitution). Ce principe, concernant la sanction
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CHAPITRE II L’infraction

pénale elle-même, est confirmé par l’article 142 de la loi fondamentale qui dispose
que « les sanctions pénales obéissent aux principes de légalité et de
personnalité ».
Le législateur algérien consacre la position constitutionnelle en décidant que
nul ne peut être puni d’une peine qui n’est pas prévue par la loi. Le Code pénal
énonce, en effet, dans son article 1 qu’« il n y a pas d’infraction, ni de peine ou
de mesure de sûreté sans loi » traduisant, de telle sorte dans le texte (du moins
dans l’esprit), l’adage latin « Nullum crimen nulla poena sine lege » (pas de
crime, pas de peine, sans loi).
Ce principe légaliste, consacré dans notre Constitution, est fondamental pour
la sauvegarde des libertés individuelles et la défense de la société face à
l’arbitraire, en s’imposant tant à l’égard du pouvoir exécutif que du pouvoir
judiciaire.

♦ La légalité des incriminations :


L’incrimination est la description d’un acte punissable dans un texte. C’est
parce qu’un texte du code pénal (ou toute autre disposition légale ou
réglementaire) le prévoit et en donne les éléments constitutifs, que le vol, le viol,
le délit de fuite (ou d’autres délits) sont punissables.
Ainsi, il est fait interdiction au juge de punir des actes que la loi ou le
règlement n’incriminent pas. Il en va ainsi des comportements contraires aux
usages ou à la coutume, voire à la loi si la loi pénale elle-même ne les prévoient
pas et n’en donne pas la description, ainsi que la peine qui y est attachée. Dans
ces cas, l’individu ne pourra pas être poursuivi et être sanctionné.

♦ La légalité des peines :


De même qu’il n’y a pas d’infraction sans texte, il ne peut y avoir application
d’une peine qui n’a pas été prévue ou déterminée par la loi. On retrouve ici le
second élément de l’adage latin « Nulla poena sine lege ».

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CHAPITRE II L’infraction

La loi et le règlement, dans leurs compétences respectives, déterminent donc


les peines encourues par celui qui commet une infraction.
Ici aussi, la peine doit être fixée de façon précise. Le législateur doit prévoir
lui-même une peine déterminée pour chacune des incriminations créées par lui.
C’est ce que fait le Code de procédure pénale.
Ce principe de la légalité des peines s’impose non seulement au créateur
de l’incrimination (le législateur ou le pouvoir réglementaire), mais également au
juge. Ce dernier ne peut prononcer que les peines attachées à l’infraction dont il
est saisi, et ce, dans les limites prévues par la loi.
D’un point de vue individuel, l’idée que l’application d’un texte de loi soit
préexistant, et connu à l’avance, est une précieuse garantie contre l’arbitraire du
pouvoir exécutif ou du pouvoir judiciaire.
D’un point de vue plus collectif, la peine prévue dans le texte renseigne sans
ambiguïté sur le degré de gravité que la société attache à l’infraction. Et on peut
penser que l’ordre public sera mieux respecté du fait de cette connaissance
préalable.
Nous noterons que ce principe s’applique, non seulement aux peines pénales,
mais également aux mesures de sûreté.

B. La classification des infractions en fonction de l’élément :


Le législateur a classé les infractions selon leur gravité : c’est ce qu’on
appelle la classification tripartite ou tripartition.
Cette classification existe dans le code pénal. L’article 27 énonce clairement
: « selon leur degré de gravité, les infractions sont qualifiées crimes, délits ou
contraventions et punies de peines criminelles, délictuelles ou
contraventionnelles ».
La classification en crimes, délits et contraventions , révélée par la nature et
le degré de la peine encourue , emporte des conséquences , à la fois du point de
vue des sources et des organes ayant compétence pour définir ces crimes , ces

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CHAPITRE II L’infraction

délits et ces contraventions (pouvoir législatif ou pouvoir réglementaire selon les


cas) , que du point de vue procédural , car l’organisation judiciaire et les règles du
procès vont différer selon que l’on sera en présence d’un crime, d’un délit, ou
d’une contravention.

2. L’élément matériel de l’infraction :


A. L’accomplissement de l’acte :
L’élément matériel de l’infraction est celui par lequel le délit passe de l’état
de projet à celui de réalité. C’est le fait par lequel va se réaliser l’acte interdit par
la loi pénale (par exemple, dans l’homicide, c’est le fait de causer la mort
d’autrui).
Il y a donc la nécessité d’un acte. L’élément matériel peut être considéré
comme étant la réalisation même de l’infraction, la façon dont elle va prendre
corps.
Cet élément extérieur (visible, tangible) est nécessaire, puisque notre droit
pénal (à quelques exceptions près) n’incrimine pas les simples intentions ou les
seules résolutions de commettre une infraction.
Toutes les infractions ne se réalisent pas également de manière identique et
la matérialité de celles-ci ne présente pas toujours le même aspect.

On peut distinguer plusieurs formes d’infractions :


 des infractions qui font de près ou de loin référence à la notion de
temps, on trouve la distinction entre les infractions instantanées (par
exemple : meurtre, homicide, vol) et les infractions successives qui
vont s’échelonner dans le temps (par exemple : recel, séquestration).
 autre opposition : les infractions d’occasion et les infractions
d’habitude. Ces dernières sont assez peu nombreuses il est vrai, et l’on
cite généralement l’exercice illégal de la médecine.

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CHAPITRE II L’infraction

 on peut également citer l’opposition entre les infractions simples et les


infractions complexes, les infractions complexes supposant la
réalisation de plusieurs faits distincts pour pouvoir être constituées :
c’est le cas de l’escroquerie.
 au titre de celles qui ne reposent pas sur le facteur temps, on peut citer
l’opposition entre les infractions d’action et les infractions
d’omission qui vont consister en une simple abstention (la non-
assistance de personne en danger), alors que l’infraction d’action c’est
évidemment le vol, le meurtre : l’acte ici est tout à fait tangible.

En définitive, pour qu’il y ait infraction, il faut donc un fait ou un acte, ou


encore abstention qui puisse être mis au compte de l’auteur. Mais la réalisation
de l’infraction n’est pas toujours complète ou menée à son terme et il n’est pas
nécessaire qu’il y ait un résultat. Aussi convient-il de déterminer quel est le degré
minimum de réalisation qui permet de poursuivre et de punir un délinquant.
Ce sera tout le problème de la tentative.

B. La tentative :
Si un acte matériel est nécessaire, un résultat nuisible n’est pas toujours exigé
pour que l’infraction soit punissable : c’est ce que l’on appelle la théorie de la
tentative.
Le droit pénal se distingue là encore du droit civil, où la notion de tentative
n’existe pas, puisqu’il faut dans la plupart des cas qu’un résultat dommageable
soit constaté pour qu’une action en responsabilité puisse être engagée.
En droit pénal, l’élément matériel ne réside pas dans le résultat de l’acte.
L’idée est de sanctionner un comportement antisocial, de punir un individu
considéré comme nuisible pour la société, et ceci alors même que l’ordre social
n’a finalement pas été troublé, puisque l’infraction n’a pas été consommée.
L’attitude est donc ici sévère.

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CHAPITRE II L’infraction

La tentative est prévue et organisée dans le code pénal à l’article 30 qui


énonce : « Est considérée comme le crime même, toute tentative criminelle
qui aura été manifestée par un commencement d’exécution ou par des actes
non équivoques tendant directement à le commettre, si elle n’a été suspendue
ou si elle n’a manqué son effet que par des circonstances indépendantes de la
volonté de son auteur, alors même que le but recherché ne pouvait être atteint
en raison d’une circonstance de fait ignorée par l’auteur ».
Définie en termes simples, la tentative est tout simplement le fait que
lorsqu’un individu commence à réaliser une infraction, il se trouve interrompu
dans son action par la survenance d’un événement extérieur qui l’empêche de
mener à son terme son entreprise.
D’un point de vue juridique, la tentative suppose donc deux conditions :
 un commencement d’exécution. Ce fait est punissable quand bien
même le résultat serait impossible ;
 l’absence de désistement volontaire (si les circonstances sont
dépendantes de la volonté de l’agent, c’est-à-dire voulues par lui en
toute liberté, il n’y aura pas tentative, et donc aucune poursuite).

Le code pénal (art. 31) établit toutefois une distinction entre la tentative de
crime (dans tous les cas réprimée), la tentative de délit (punissable en vertu d’une
disposition expresse de la loi) et la tentative de contravention (jamais réprimée).

3. L’élément moral de l’infraction :


Pour qu’une faute matériellement constitutive d’une infraction conduise au
prononcé d’une peine prévue par la loi, il est nécessaire que celle-ci constitue une
faute de la part de son auteur. Mais la gravité de cette faute varie selon les
infractions. La responsabilité pénale est différente selon que l’infraction soit
intentionnelle ou non intentionnelle.

A. L’infraction intentionnelle :
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CHAPITRE II L’infraction

En réalité, plus que le caractère moral, c’est l’état d’esprit de l’auteur de


l’acte répréhensible qui importe au moment où il l’a commis. C’est cet élément
qui doit être pris en considération pour décider si oui ou non l’infraction est
réalisée. C’est donc un élément fondamental.
L’idée d’intention est le pivot de cet élément moral, et l’intention consiste
dans la volonté d’accomplir un acte, avec la conscience qu’il est défendu par la
loi pénale, ou encore de s’abstenir d’un acte avec la conscience qu’il est ordonné
par cette même loi.
A noter que cette intention ne doit pas être confondue avec les motifs ou le
mobile qui ont conduit l’agent à agir de la sorte. Ces derniers peuvent cependant
être pris en compte lors du jugement (par exemple : s’ils sont jugés honorables,
ils pourront conduire à une certaine indulgence, voire à un abaissement de la
peine).

B. L’infraction non intentionnelle :


Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’élément moral n’est pas
absent dans ce type d’infractions. Il va s’exprimer différemment, qu’il
s’agisse d’un délit ou d’une contravention, et va emporter des conséquences
moins graves au niveau de la sanction que dans le cas d’infractions volontaires.
Seuls les délits – que la loi prévoit expressément – peuvent être commis sans
intention (l’homicide, ou les blessures involontaires, mais aussi l’incendie
involontaire, la pollution involontaire également), ainsi que la grande majorité des
contraventions (des actes qui sont commis sans volonté délibérée d’atteindre un
résultat nuisible).
On retrouve le plus souvent ces fautes en matière de sécurité routière
(homicide involontaire, blessures involontaires), en matière de droit du travail, en
matière d’environnement, en matière d’éducation, mais aussi en matière de
responsabilité médicale.

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CHAPITRE III L’imputabilité

CHAPITRE III – L’imputabilité

Le droit pénal algérien ne conçoit pas de responsabilité pénale sans élément


moral. Il faut une faute, imputable au prévenu, pour que celui-ci soit puni. Dans
certaines infractions, sous certaines conditions, la responsabilité peut ne pas être
imputable à son auteur. Les causes d'irresponsabilité tiennent à la fois a la
personne de l'auteur, mais aussi aux circonstances extérieures dans lesquelles
celui-ci s’est trouvé.
En se plaçant au niveau de la matérialité des actes, un crime, un délit ou une
contravention peut être commis : la loi n’a pas été respectée ou une interdiction a
bien été enfreinte et pourtant l’auteur de ces faits va échapper à la répression.
Malgré les constatations matérielles, sa responsabilité n’est pas reconnue. Le
crime, le délit ou la contravention, même commis ne seront pas imputables à
leur auteur, et ce en raison de certaines circonstances.
Certaines notions méritent donc ici d’être distinguées :
 la culpabilité, qui est le fait d’avoir commis une faute (c’est l’aspect
moral ici de l’infraction qui est mis ici en avant) ;
 l’imputabilité qui est le rattachement de la faute au compte de l’auteur
de l’infraction (suppose une volonté libre, un libre arbitre);
 la responsabilité pénale qui nécessite l’existence d:une faute mais
aussi que cette faute soit imputable à l’auteur de l’acte ;
 l’irresponsabilité pénale concerne les cas dans lesquels la
responsabilité d’une personne ne sera pas retenue, alors qu’une
infraction a bien été commise.

Cette irresponsabilité pénale repose sur des causes réparties en deux grandes
catégories :
 les causes d’exclusion de responsabilité objectives tenant à des causes
extérieures à l’auteur. Elles sont aussi appelées faits justificatifs.

15
CHAPITRE III L’imputabilité

 les causes d’exclusion de responsabilité subjectives c'est-à-dire qui


tiennent à une cause personnelle de l’auteur.

1. Les causes objectives de non-imputabilité : les faits justificatifs


Il s’agit de définir les cas dans lesquels un acte répréhensible en soi n’est pas
contraire au droit, perd objectivement et à l’égard de tous, son caractère
d’infraction. Avec les faits justificatifs, l’acte délictueux se trouve légitimé, quel
qu’ait été la psychologie de l’auteur de l’infraction dès lors que les conditions du
fait justificatif exigées par la loi sont remplies.
Il existe trois causes objectives de non-imputabilité (faits justificatifs) :
l’autorisation de la Loi, la légitime défense, l’état de nécessité

A. L’autorisation de la loi :
L’autorisation de la loi (appelé également ordre de la loi ou
commandement de l’autorité légitime) veut simplement dire que, dans l’intérêt
de la société, une infraction commise par un individu ne va pas être contraire au
droit tout simplement parce que des dispositions législatives ou réglementaires
vont la rendre licite.
C’est ce que prévoit l’article 39 du Code pénal lorsqu’il dispose qu’ « il n’y
a pas d’infraction lorsque le fait était ordonné ou autorisé par la loi ».
Ainsi un officier de police judiciaire ne peut être poursuivi pour
séquestration arbitraire quand il place un suspect en garde à vue dès lors qu’il
respecte évidemment les conditions légales. De même, le médecin qui révèle
certaines maladies contagieuses ou qui dénonce aux autorités compétentes les
abus ou les sévices infligés à un mineur par exemple ne sera pas poursuivi pour
violation du secret professionnel.

B. La légitime défense :
Le même article du Code pénal prévoit ce second cas d’irresponsabilité
pénale. Cette disposition énonce qu’il n y a pas d’infraction « lorsque le fait était
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CHAPITRE III L’imputabilité

commandé par la nécessité actuelle de la légitime défense de soi-même ou


d'autrui, ou d'un bien appartenant à soi-même ou à autrui, pourvu que la
défense soit proportionnée à la gravité de l'agression ».
La légitime défense constitue en quelque sorte une permission expresse de
la loi de commettre une infraction. Mais cette permission est soumise à conditions
: la riposte doit être nécessaire, actuelle, et proportionnée.
 la riposte doit être nécessaire. L’acte en cause doit être en effet, le
seul moyen de se défendre contre l’agression. Cette question est laissée
à l’appréciation des juges du fond.
 elle doit être actuelle ; c'est-à-dire que l’agression et la riposte doivent
avoir lieu dans le même temps. Un temps trop long ne doit pas s’être
écoulé entre les deux, et c’est au juge qu’il appartient d’apprécier ce
délai.
 la riposte doit être proportionnée. L’acte de défense doit être mesuré.
Il y a légitime défense, sauf s’il y a disproportion entre les moyens de
défense employés et la gravité de la riposte. C’est également au juge du
fond d’apprécier la mesure de la riposte.

Il faut remarquer que le Code pénal ne s’arrête pas à l’autorisation de la


légitime défense de sa propre personne, mais également celle d'autrui (cela peut
être le cas d’un proche). L’autorisation de la loi peut également concerner la
défense d’un bien (appartenant à soi-même ou à autrui).

C. L’état de nécessité :
Dans l’état de nécessité, troisième fait justificatif, le comportement incriminé
va se trouver légitimé parce qu’il était nécessaire.
Le cas se présente lorsqu’un danger ne peut être écarté ou qu’un bien ou un
droit ne peut être sauvegardé que par l’accomplissement d’un acte normalement
incriminé par la loi pénale. Cet acte pouvant être accompli soit dans son intérêt
personnel (voler un pain pour ne pas mourir de faim, afin de s’éviter un dommage,
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CHAPITRE III L’imputabilité

c’est la première situation), soit dans l’intérêt d’autrui, (commettre un excès de


vitesse par exemple pour conduire à l’hôpital une personne grièvement blessée ou
encore commettre une détérioration de la clôture pour aller éteindre un incendie).

2. Les causes subjectives de justification :


A. La démence :
L’article 47 du Code pénal en énonçant que « n’est pas punissable celui qui
était en état de démence au moment de l’infraction... », fait de la démence une
cause d’irresponsabilité pénale. C’est une cause subjective parce qu’elle tient au
sujet de droit lui-même et non à une cause extérieure.
Le Code pénal pose cependant une condition à cette irresponsabilité : le
trouble doit avoir existé au moment des faits. A contrario, s’il s’agit d’une trouble
passager et qu’il est établi que l’auteur de l’infraction était sain d’esprit au
moment des faits, sa responsabilité sera retenue.

B. La contrainte :
La contrainte est une situation dans laquelle le discernement de l’auteur de
l’infraction n’a pas ici disparu mais où la volonté se trouve supprimée.
L’idée est ici que l’auteur de l’infraction n’avait pas la liberté d’agir
autrement.
L’article 48 du Code pénal en disposant que « n’est pas punissable celui
qui a été contraint à l’infraction par une force à laquelle il n’a pu résister »
exonère l’auteur matériel des conséquences pénales attachées à ses actes car, en
effet, il n’a pas voulu agir de la sorte mais s’est trouvé contraint par la puissance
des éléments.

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Lexique
Droit pénal ................................................................................................ ‫القانون الجنائي‬

Sanction ........................................................................... .............................. ‫ جزاء‬،‫عقوبة‬

Infraction ................................................................................... .............................. ‫جريمة‬

Délit ........................................................................... ............................................... ‫جنحة‬

Victime ................................................................................................................... ‫ضحية‬

Tribunal criminel ................................................................................... ‫محكمة الجنايات‬

Action civile .................................................................................................. ‫دعوى مدنية‬

Action publique ......................................................................................... ‫دعوى عمومية‬

Faux témoignage ............................................................................................ ‫شهادة زور‬

Suicide ...................................................................................... .............................. ‫انتحار‬

Ordre public ................................................................................................... ‫النظام العام‬

Récidive ................................................................................ ‫عودة تكرار الجرم أو مخالفة‬

Code pénal ................................................................................................ ‫القانون الجنائي‬

Atteinte à la liberté individuelle ..................................... ‫االعتداء على الحريات الفردية‬

Délinquant .................................................................................. .............................. ‫مجرم‬

Délit de fuite .................................................................... .............................. ‫جنحة الفرار‬

Police judiciaire .................................................................................. ... ‫الشرطة القضائية‬

Légalité ..................................................................................... .............................. ‫شرعية‬

Personnalité des peines .......................................................................... ‫شخصية العقوبة‬

Incrimination .................................................................................. ......................... ‫تجريم‬

Procédures pénales ................................................................................. . ‫إجراءات جنائية‬

Mesures de sécurité .................................................................................. ... ‫تدابير األمن‬

19
Crime .......................................................................................... .............................. ‫جناية‬

Contravention .................................................................................. ...................... ‫مخالفة‬

Homicide .................................................................................. ................................... ‫قتل‬

Meurtre .................................................................................. ......................... ‫ اغتيال‬،‫قتل‬

Vol ............................................................................................... .............................. ‫سرقة‬

Recel .................................................................................................. ‫إخفاء أشياء مسروقة‬

Séquestration .................................................................................. ........ ‫حجز األشخاص‬

Tentative .................................................................................. .............................. ‫محاولة‬

Commencement d’exécution ................................................................ ‫شروع في التنفيذ‬

Intention criminelle .................................................................................. .... ‫قصد جنائي‬

Mobile .................................................................................. ..................................... ‫سبب‬

Culpabilité .................................................................................. ................... ‫حالة اإلجرام‬

Fait justificatif .................................................................................. ................ ‫فعل مبرر‬

Légitime défense.................................................................................. ...... ‫الدفاع الشرعي‬

Dénonciation .................................................................................. .......... ‫إبالغ السلطات‬


Nécessité .................................................................................. ................... ‫حالة الضرورة‬

Démence ..................................................................................... .............................. ‫جنون‬

Contrainte .................................................................................... .............................. ‫إكراه‬

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