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Travaux Pratiques
de Mécanique des Fluides A
Équipe pédagogique :
Préambule
La mécanique des uides est une science physique où l'observation et l'expérimentation
jouent un rôle essentiel : elles permettent de découvrir ou de vérier des régularités dans
les phénomènes, et à partir de là d'élaborer des modèles ou théories. Inversement, on ne
peut en général faire d'observation intéressante que si on sait où et quoi regarder, c'est-
à-dire si l'on a déjà quelques éléments théoriques avec soi. Les deux travaux pratiques
présentés dans ce recueil sont un apprentissage de cette démarche expérimentale et de son
articulation avec l'élaboration de théories ou de modèles.
Déroulement et modalités d'évaluation
Pour chaque trinôme, les trois séances de 2h seront consacrées à des manipulations,
des mesures et des simulations sur les deux postes d'expériences et un poste de simulation
numérique. Le dynamisme pendant ces séances des membres du trinôme sera pris en compte
dans l'évaluation nale individuelle.
A l'issue de chacune de ces séances, chaque trinôme devra fournir un pré-rapport conte-
nant les mesures expérimentales réalisées ou les données numériques extraites.
La note nale, individuelle, sera basée sur le dynamisme en séance de TP, et la qualité
scientique de l'analyse des résultats proposée dans le rapport rendu par le trinôme pour
chaque poste.
1.1 Introduction
L'objectif de ce TP est de mesurer les forces exercées par un écoulement sur un prol
d'aile standardisé, et de comparer ces mesures aux prédictions de théories simples (théorie
potentielle pour l'incidence faible, traînée de pression pour l'incidence forte).
(a)
(b)
Figure 1.1 Schéma d'un prol d'aile (a) symétrique, (b) courbé.
3
4 CHAPITRE 1. SOUFFLERIE : FORCES SUR UN PROFIL D'AILE
(a) (b)
Figure 1.2 Écoulement de droite à gauche autour d'une aile, (a) à faible incidence, (b)
à incidence plus forte. D'après Prandtl 1930.
FP = −ρU Γ. (1.2)
1 1
FT = ρU 2 S Cx , FP = ρU 2 S Cz , (1.3)
2 2
1.2. DESCRIPTION DU BANC D'ESSAI 5
3. Pour les incidences faibles, comparer les valeurs expérimentales avec des prédictions
théoriques pour le coecient de portance (théorie potentielle) et le coecient de
traînée (théorie de la couche limite en supposant que celle-ci se comporte comme
celle sur une plaque plane).
4. Pour les incidences fortes, comparer les valeurs expérimentales avec des prédictions
obtenues en assimilant l'aile à un obstacle avec séparation de la couche limite et
émission tourbillonnaire.
1 2 3 4 5 6 7 8
X 2,2 3,1 6,2 15,5 20,1 33,0 53,0 68,1
Z 3,4 5,0 5,3 7,1 7,5 7,7 6,3 4,7
9 10 11 12 13 14 15 16
X 1.0 2.8 5.8 14,7 19,6 32,6 42,7 83,7
Z −1,0 −1,7 −2,3 −3,3 −3,8 −4,4 −4,3 −1,3
Table 1.1 Position des 16 prises de pression sur le prol NACA 23012, sur l'extrados
(1 à 8) et sur l'intrados (9 à 16). L'envergure de l'aile est L = 22.5 cm. Sa corde vaut
` = 10 cm.
1. Placer le prol dans la veine et imposer, par une augmentation progressive, la meme
vitesse que précédemment.
2. Imposer une incidence α = −18◦ . Relever les hauteurs hi , i = 1, ...16, des mano-
mètres, ainsi que les hauteurs des manomètres du tube de Pitot (1 et 2),
puis les reporter dans un tableau. Traduire ces hauteurs en pressions pi et détermi-
ner les 16 coecients de pression locale
pi − p∞
Cp,i = 1 2
. (1.4)
2 ρU
6. Projetez les composantes de la force dans le repère de l'écoulement pour trouver les
coecients de pressionCxp et Czp .
7. Des mesures de Cxp ci-dessus et de la mesure de Cx par la balance, déduire le
coecient de traînée de frottement Cxf = Cx − Cxp . Vérier par ailleurs que le
coecient de portance Czp déterminé ci-dessus est bien voisin du Cz déterminé par
la balance.
8. Tracer les coecients Cx , Cxf et Cxp en fonction de l'incidence. Commenter.
9. Comparer les valeurs de Cxf pour les incidences faibles avec celles proposées pour le
frottement pariétal associé au développement de couches limites de part et d'autre
du bord d'attaque. Cette couche limite est-elle laminaire ?
8 CHAPITRE 1. SOUFFLERIE : FORCES SUR UN PROFIL D'AILE
Chapitre 2
2.1 Introduction
Le frottement du uide sur les parois d'un tube est à l'origine d'une dissipation de
l'énergie mécanique du uide en énergie interne (qui se manifeste par une petite élévation
de température). Cette énergie mécanique est la somme de l'énergie cinétique, de l'énergie
potentielle de pesanteur et de l'énergie potentielle de pression, soit, par unité de volume,
et avec les notations habituelles,
ρu2
em = p + + ρgz.
2
Pour un écoulement en conduite ou en canal, une grandeur pertinente est l'énergie méca-
nique moyenne dans la section :
Z
1
Em = em dA.
A A
où A est l'aire de la section. Cette énergie, homogène à une pression, peut être exprimée
en fonction de grandeurs mesurables en considérant que la distribution de pression est
hydrostatique dans la section, et que la moyenne du carré de la vitesse est peu diérent du
carré de la moyenne, (q/A)2 où q est le débit-volume. Cette énergie s'exprime alors par :
ρ(q/A)2
Em = p + + ρgz,
2
où p est maintenant la pression sur l'axe, et z la cote de l'axe.
En hydraulique, on introduit par commodité une autre mesure de l'énergie mécanique
d'un écoulement en conduite, la charge X = Em /ρg , homogène à une hauteur. On appelle
perte de charge régulière la diminution de la charge entre deux sections d'une conduite
rectiligne, et perte de charge singulière la diminution de la charge entre deux sections de
part et d'autre d'une singularité géométrique comme un coude ou une variation de section.
On remarquera que pour une conduite horizontale, il n'y a pas de variation d'énergie
potentielle de pesanteur.
Le premier objectif du TP est de mesurer les pertes de charge singulières dues à divers
coudes et variations de section. Le second objectif est de comparer cette perte de charge
à des prédictions théoriques. L'écoulement étant ici toujours turbulent (Re > 2000), on
ne dispose pas de théorie analytique simple, mais seulement de relations semi-empiriques
obtenues à partir d'analyses dimensionnelles, d'expériences, et de simulations numériques
des équations de Navier-Stokes.
9
10CHAPITRE 2. PERTES DE CHARGE SINGULIÈRES : DISSIPATION EN CONDUITE
2.3 Manipulations
Brancher la pompe avec les vannes amont et aval fermées. Ouvrir la vanne amont pour
purger les manomètres des bulles d'air. Man÷uvrer la vanne aval pour éliminer les bulles
d'air encore emprisonnées dans le circuit (en particulier dans le tube de grande section).
Relever les hauteurs h6 à h15 pour sept débits d'eau répartis judicieusement entre le
débit maximum (vannes amont et aval ouvertes) et le débit nul (vanne amont fermée).
Veillez à maintenir la hauteur d'eau dans le dernier manomètre à droite au-dessus du zéro,
en man÷uvrant la vanne aval (fermer cette vanne élève la pression dans le circuit).
2.4 Discussion
2.4.1 Comparaison de diérentes singularités pour un débit donné
À partir de la loi de l'équilibre hydrostatique, montrer que la diérence de pression
entre deux prises de pression i et i + 1 peut s'écrire
pi − pi+1 = ρ g (hi − hi+1 ).
Comparer qualitativement, pour un débit donné, les diminutions d'énergie mécanique
dans les coudes 6-7, 7-8, 8-9 et 13-14. Comment expliquez-vous les diérences observées ?
Comparer, pour un débit donné, les diminutions d'énergie mécanique dans l'élargis-
sement (entre les sections 10 et 11) et le rétrécissement (entre les sections 11 et 12).
Commenter.
1
E1 − E2 = ρ(U1 − U2 )2 ,
2
d'où le coecient de perte de charge
A1 2
Em1 − Em2
ξ= = 1− ,
ρU12 /2 A2
3.1 Introduction
En fonction du nombre de Reynolds, on retrouve diérentes topologies pour l'écou-
lement autour d'un cylindre. Pour un cylindre de diamètre D soumis à un écoulement
incident de vitesse U d'un uide newtonien avec une viscosité cinématique ν , on observe
un sillage stationnaire constitué de deux bulles de recirculation pour ReD < 40. Au-delà,
pour des valeurs croissantes de ReD , on observe un sillage instationnaire avec une émission
de tourbillons alternatifs au-delà, périodique tout d'abord, puis de plus en plus chaotique
ensuite.
Pour ce TP, des expériences numériques ont été réalisées pour des valeurs de ReD entre
100 et 400, pour des cylindres xes et imperméables. Ensuite, le cylindre a été mis en
rotation avec des taux de rotation Ω variables. Enn, une aspiration à l'aval du cylindre
a été testée, avec des vitesses d'aspiration Vasp croissantes. Dans les deux cas (rotation
ou aspiration), l'objectif du TP est d'analyser les simulations pour déterminer comment
la topologie de l'écoulement est modiée et si une modélisation potentielle peut convenir
pour décrire l'écoulement ou pas.
13
14CHAPITRE 3. ECOULEMENT AUTOUR D'UN CYLINDRE : POTENTIEL OU PAS ?
nominale.
La taille du domaine correspond à une souerie de hauteur H = 40 cm, comme la
souerie expérimentale. La longueur du domaine est L = 60 cm. Le cylindre placé dans
le domaine a un diamètre D = 2 cm. Le maillage a été choisi pour décrire correctement
les eets visqueux au niveau de la couche limite qui se développe sur le cylindre. Le pas
spatial du maillage est ∆x = 1 mm au niveau du cylindre.
L'ensemble des paramètres physiques des simulations réalisées est donné dans le tableau
3.1.
Table 3.1 Paramètres physiques pour les expériences numériques. Le uide est de l'air
de viscosité ν = 1.5e−5 m2 s−1 . Le cylindre a un diamètre D = 2 cm. Uinc est la vitesse
incidente en entrée de domaine. Ω est le taux de rotation du cylindre. Uasp est la vitesse
d'aspiration appliquée au niveau de la partie aval du cylindre (condition limite imposée
sur la face θ ∈ [−π/2 + π/2].
Dans les simulations numériques avec un cylindre xe sans rotation ni aspiration,
comment évolue l'épaisseur de la couche limite avec le nombre de Reynolds ReD ?
Vous déterminerez par exemple l'épaisseur au niveau d'un prol en θ = 3π/2, au-
trement dit, à 45◦ du point d'arrêt amont.
Décrire qualitativement l'eet de la rotation sur l'écoulement autour du cylindre.
A quel moment obtient-on un écoulement potentiel presque partout autour du cy-
lindre ? Que doit valoir alors la force sur le cylindre ?
Décire qualitativement l'eet de l'aspiration sur l'écoulement autour du cylindre.
A quel moment obtient-on un écoulement potentiel presque partout autour du cy-
lindre ? Que doit valoir alors la force sur le cylindre ?