Vous êtes sur la page 1sur 35

Câbles de transport d’énergie

Technologies. Caractéristiques
par Michel PAYS
Chef du Département Câbles, Condensateurs, Matériel d’Automatisme
et Matériaux de la Direction des Études et Recherches d’Électricité de France

coordonnant une équipe composée de Maurice CHAROY – Lucien DESCHAMPS


Éric DORISON – Pierre GAUTHIER – Jean-Pierre ISNARD – Alain PINET

1. Généralités................................................................................................. D 4 520 - 2
1.1 Domaines d’utilisation ................................................................................ — 2
1.2 Constitution et règlement ........................................................................... — 2
1.3 Description technique simplifiée................................................................ — 3
2. Matériaux mis en œuvre dans les câbles isolés .............................. — 3
2.1 Âmes conductrices ...................................................................................... — 3
2.2 Matériaux d’isolation principale................................................................. — 4
2.3 Mise en œuvre des isolants synthétiques ................................................. — 5
2.4 Vieillissement des isolations de câbles ..................................................... — 7
3. Description des câbles HTA et HTB .................................................... — 7
3.1 Câbles HTA ................................................................................................... — 7
3.2 Câbles HTB à isolant synthétique............................................................... — 9
3.3 Câbles HTB isolés au papier imprégné...................................................... — 10
3.4 Câbles à isolant gazeux comprimé ............................................................ — 12
4. Principales caractéristiques électriques ........................................... — 13
4.1 Champ électrique......................................................................................... — 13
4.2 Modélisation d’un câble unipolaire............................................................ — 14
4.3 Impédances cycliques ................................................................................. — 14
4.4 Application au calcul des chutes de tension ............................................. — 16
4.5 Dimensionnement de l’écran de mise à la terre ....................................... — 16
4.6 Notion de longueur critique........................................................................ — 17
4.7 Calcul de la puissance active maximale transmissible ............................ — 20
4.8 Contraintes transitoires............................................................................... — 21
4.9 Données numériques .................................................................................. — 21
5. Capacité de transport des câbles........................................................ — 22
5.1 Généralités ................................................................................................... — 22
5.2 Pertes linéiques............................................................................................ — 22
5.3 Transferts thermiques ................................................................................. — 24
5.4 Environnement thermique.......................................................................... — 25
5.5 Détermination de la capacité de transport ................................................ — 26
5.6 Régime de court-circuit ............................................................................... — 30
5.7 Calculs numériques ..................................................................................... — 32
12 - 1994

Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. D 4 522

’article Câbles de transport d’énergie fait l’objet de deux articles :


L [D 4 520] Technologies. Caractéristiques ;
D 4 520

[D 4 521] Applications ;
et les sujets traités ne sont pas indépendants les uns des autres. Le lecteur
devra assez souvent se reporter à l’autre article.
Deux techniques permettent aujourd’hui d’assurer le transport d’énergie
entre les centrales de production et les centres de consommation : les lignes
aériennes et les câbles souterrains.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 1
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

Les lignes aériennes, en hautes et très hautes tensions, en raison de leur plus
faible coût [rapport de l’ordre de 3 à 5 en haute tension (HT) et de 10 à 20 en
très haute tension (THT)], sont utilisées d’une manière préférentielle.
Les câbles isolés souterrains sont principalement employés, au moins jusqu’à
présent, pour le transport et la distribution de l’énergie électrique dans les zones
fortement urbanisées aux abords ou à l’intérieur des grandes villes, parfois pour
résoudre des problèmes locaux particuliers, techniques ou d’environnement,
pour lesquels la mise en œuvre de lignes aériennes est difficile ou impossible.
Toutefois, les câbles souterrains sont de plus en plus utilisés en moyenne tension
(HTA), même en zone rurale ou semi-rurale. De plus, des progrès récents en HT
faciliteront la mise en souterrain dans un avenir proche.

1. Généralités Pour les câbles isolés de puissance, les principaux domaines


sont indiqués ci-après.
■ Les câbles à haute tension (HTB), en 400 kV, sont principale-
1.1 Domaines d’utilisation ment employés sur de courtes longueurs (quelques centaines de
mètres à 2 ou 3 kilomètres), pour assurer l’évacuation de la puissance
de certaines centrales thermiques ou assurer l’alimentation des
Historique auxiliaires des centrales nucléaires, lorsqu’il n’est pas possible de le
faire par lignes aériennes. Leur puissance unitaire peut atteindre
L’histoire des câbles isolés de transport d’énergie est 1 300 MVA.
aujourd’hui plus que centenaire. Trois principaux courants tech-
nologiques se sont développés depuis l’origine : En 225, 90 et 63 kV la principale application est constituée par les
— les câbles isolés au papier imprégné ; artères de pénétration dans les grandes agglomérations ; leur puis-
— les câbles à isolation synthétique extrudée ; sance unitaire est comprise entre la centaine de mégavoltampères
— les câbles à isolation gazeuse. et 600 MVA.
Les perspectives futures de la cryogénie [47] ont par ailleurs L’importance prise par les problèmes d’environnement et la
été évaluées en laboratoire. réduction du coût du transport par câbles à haute tension devraient
conduire, dans l’avenir, à une utilisation plus large de ce moyen de
■ Depuis le début du XXe siècle, l’isolation au papier imprégné transport d’énergie.
d’huile-résine ou simplement d’huile a dominé l’industrie des
câbles (§ 2.2.1). Malgré une concurrence de plus en plus grande ■ Les câbles à moyenne tension (HTA), 3 à 45 kV, sont très
des câbles à isolant synthétique, les câbles isolés au papier utilisés sur les réseaux de distribution d’énergie électrique. Ancien-
imprégné sont encore utilisés dans le monde, principalement nement isolés au papier imprégné, ils le sont maintenant par des
pour les très hautes tensions et les grandes puissances. matières synthétiques entraînant une réduction du coût et une plus
L’abandon des câbles isolés au papier imprégné au profit des grande facilité de pose (mécanisation...) et de mise en œuvre.
câbles à isolant synthétique a été dû : ■ Les câbles à basse tension (BT), à 230 ou 400 V, constituent le
— à l’absence de nécessité de maintenance des câbles moyen le plus sûr et le plus esthétique de distribution locale d’éner-
« secs » ; gie électrique. Leur isolant est en matière synthétique et l’âme géné-
— aux plus faibles pertes diélectriques ; ralement en aluminium. Une application courante consiste à utiliser
— à la plus forte capacité de transport ; ces câbles sous forme de réseau aérien, posé en façade d’immeuble,
— à l’absence de fuites d’huile ; ou tendu entre supports [48].
— à la limitation des conséquences d’un incendie ;
— au coût moindre (mais ce point n’est pas généralisable sur ■ De nombreux types de câbles particuliers (cf. [D 4 521]) sont
le plan mondial ). également développés (ayant un comportement amélioré au feu,
résistant aux radiations pour centrales nucléaires, résistant aux
■ C’est dans les années 60 que l’emploi des matériaux syn- produits chimiques, à des températures élevées, mécaniquement
thétiques extrudés, thermoplastiques ou réticulés, prit son très souples ou robustes, etc.) ; ils font l’objet de spécifications
essor. Un matériau, surtout, a occupé le devant de la scène : le particulières.
polyéthylène utilisé pur (§ 2.2.3) ou réticulé (§ 2.2.4) ; mais,
l’emploi du caoutchouc d’éthylène-propylène (§ 2.2.5) se déve-
loppe également.
1.2 Constitution et règlement
En France, les câbles à isolant synthétique extrudé couvrent
aujourd’hui tous les besoins courants de la basse tension
■ La constitution des câbles est très différente suivant leur appli-
jusqu’aux plus hautes tensions de transport actuelles (400 kV,
cation et leur tension d’utilisation ; réduits à un conducteur entouré
500 kV dans certains pays), cela avec une facilité de mise en
d’un isolant pour certains câbles BT, on peut trouver plus de
œuvre et d’exploitation inégalée et une fiabilité très satisfaisante.
10 composants successifs pour certains câbles spéciaux HTB.
■ La technique des câbles à isolant gazeux, pour laquelle
■ Toutes les règles d’établissement des fils et câbles isolés sont
l’isolation électrique est assurée par de l’hexafluorure de soufre
contenues dans les normes éditées par l’Union technique de l’Élec-
(SF6 ) sous pression (§ 2.2.7), permet la réalisation de liaisons à
tricité (UTE) et la Commission Électrotechnique Internationale (CEI).
haute tension de grande puissance (  2 000 MVA ) . Cette tech-
Les câbles utilisés par Électricité de France (EDF) ou par l’industrie
nique dérive actuellement directement de celle des postes
font, dans certains cas, l’objet de spécifications particulières.
blindés.
Les références de ces divers documents sont rappelées dans les
différents paragraphes de cet article.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
______________________________________________________________________________________________________ CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE

1.3 Description technique simplifiée 1.3.2 Accessoires de raccordement

1.3.1 Câble Le raccordement des câbles est un sujet important qui sera abordé
au cours des différents paragraphes. Deux types de raccordement
Pour simplifier, on peut considérer, dans une première approche, sont à considérer : les extrémités et les jonctions. On nomme acces-
qu’un câble isolé (figure 1) est un système coaxial constitué d’un soires les dispositifs permettant un raccordement :
conducteur central (âme), en cuivre ou en aluminium, dans lequel — les extrémités permettent de connecter le câble à une ligne
circule le courant et qui est au potentiel, entouré d’une enveloppe aérienne, à un jeu de barre...
isolante (en papier imprégné d’une matière isolante ou en maté- — les jonctions sont utilisées pour le raccordement de deux
riau synthétique). Un écran métallique extérieur joue à la fois le tronçons de câbles entre eux.
rôle d’électrode de référence, de conducteur d’évacuation du cou- Ces deux constituants sont essentiels et leur fiabilité intrinsèque
rant de court-circuit homopolaire, de barrière d’étanchéité et, éven- doit être, au minimum, égale à celle du câble lui-même. Il faut noter
tuellement, de protection mécanique. Cet écran est recouvert que les extrémités sont soumises non seulement à des contraintes
généralement d’une gaine externe en matériau synthétique. thermiques et électriques mais aussi à des contraintes d’environ-
Le câble isolé est donc assimilable électriquement à un conden- nement parfois sévères (dans les zones polluées ou en bord de
sateur cylindrique. Le champ électrique est confiné entre les deux mer). De plus, sur le plan électrique, la distribution du champ élec-
électrodes et c’est l’enveloppe isolante qui supporte la totalité de trique est sensiblement différente de celle du câble, la coaxialité
la contrainte électrique en régime permanent. Son dimensionne- n’étant plus assurée, et les répartiteurs de champ doivent donc être
ment devra donc être particulièrement soigné. Afin que, seule, la dimensionnés pour ce faire.
composante radiale du champ électrique soit dimensionnante, des
écrans en matériaux conducteurs (papiers graphités et métallisés,
dans le cas des câbles isolés au papier imprégné, et matière plas- 1.3.3 Exigences du système de câble
tique conductrice, dans le cas des câbles à isolation synthétique)
sont disposés, d’une part, sur le conducteur central et, d’autre part, Le câble et le système de câble (câble et accessoires) peuvent
sur la partie externe de l’enveloppe isolante. Ces écrans permettent paraître de prime abord des constituants de réseau simples. En effet,
de lisser le plus possible les irrégularités géométriques des ils ne présentent pas de partie tournante, ils sont le plus souvent
conducteurs et d’éviter ainsi des amplifications locales du champ enterrés... Ce serait une erreur de les considérer ainsi.
électrique qui seraient contraignantes pour la durée de vie des
câbles HTA et HTB. Leur mise au point et leur dimensionnement font appel à de
nombreuses disciplines (électricité, chimie, thermique, méca-
nique...). De plus, leur caractère linéaire et les procédés de fabrication
Comme nous le verrons dans les paragraphes suivants, cette associés les rendent sensibles à toute dérive de maîtrise des para-
description est très réductrice puisque les technologies de câbles mètres de fabrication. Ainsi, il est essentiel de pouvoir vérifier :
sont variées et la description de la structure coaxiale, présentée — d’une part, la pertinence du choix des constituants et de leur
ci-dessus, que l’on appelle traditionnellement unipolaire, bien dimensionnement intrinsèque ;
que se généralisant, n’est pas la seule, en particulier pour les — d’autre part, la régularité de leurs performances en fabrica-
câbles BT et HTA. tion industrielle.
Cela explique que de nombreux essais électriques, thermiques,
thermomécaniques, physicochimiques ont été mis au point et
normalisés aux plans national et international. Les essais dits de
courte durée ont été complétés par des essais d’endurance de longue
durée sous des tensions élevées et des contraintes thermoméca-
niques sévères permettant de juger de la fiabilité à long terme des
constituants de la liaison et de leur parfaite compatibilité.

C’est grâce à cet ensemble de précautions, résultant d’études


très poussées, que l’on dispose de câbles souterrains à la fois
sûrs et relativement économiques.

2. Matériaux mis en œuvre


dans les câbles isolés
2.1 Âmes conductrices
Les âmes des câbles isolés sont réalisées à partir de cuivre électro-
lytique recuit ou d’aluminium écroui 3/4 dur [49]. Les spécifications
internationales de ces métaux sont reprises dans les normes fran-
çaises NF C 30-010 pour le cuivre et NF C 31-122 pour l’aluminium.
Les principales caractéristiques de ces métaux sont données
dans le tableau 1. (0)
Pour deux âmes de même résistance et de même longueur, le rap-
Figure 1 – Câble unipolaire : schéma port des sections d’aluminium et de cuivre est de 2,82 /1,72 = 1,64 ;
le rapport des masses est 1,64 (2,70/8,89) = 1/2. L’aluminium paraît
donc préférable tant que son prix n’est pas le double de celui du

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 3
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

Tableau 1 – Principales caractéristiques du cuivre et de l’aluminium à 20 oC


Caractéristiques Cuivre recuit Aluminium écroui 3/4 dur
Résistivité électrique .............................. (Ω · m) 1,724 1 · 10– 8 2,826 4 · 10 – 8
Coefficient de variation de température.. (K –1) 3,93 · 10 –3 4,03 · 10–3
Contrainte à la rupture.............................(MPa) 200 à 250 120 à 180
Allongement à la rupture............................. (%) 30 à 85 0,5 à 3,2
Masse volumique ............................(kg · dm– 3 ) 8,89 2,70
Coefficient de dilatation linéique ............. (K –1) 17 · 10 –6 23 · 10 –6

cuivre. Toutefois, le diamètre de l’âme en aluminium étant 2.2.3 Polyéthylène (PE)


1,64 = 1,28 fois celui de l’âme en cuivre équivalente, il y a lieu
de prendre également en compte l’augmentation des masses des Polymère d’éthylène [— CH 2 — CH 2 —] n fabriqué par divers
autres constituants (isolant, écrans, gaine...). procédés de haute et basse pressions, avec des masses moléculaires
très diverses, il s’oxyde très rapidement, est inflammable et peu
L’aluminium demeure généralement le plus économique pour
hygroscopique.
toutes les sections d’âmes, jusqu’aux tensions les plus élevées.
Les procédés haute et basse pressions permettent d’obtenir
Les structures des âmes conductrices sont variées. Elles peuvent
respectivement des polyéthylènes basse densité (PEbd, d = 0,91 à
être soit de section circulaire soit sectorales. Elles sont soit massives
0,93) et haute densité (PEhd, d = 0,94 à 0,96).
(cela n’est possible que pour des sections inférieures ou égales à
1 200 mm2, généralement en aluminium), soit câblées (formées d’un Les excellentes propriétés électriques du PE [rigidité diélectrique
assemblage de fils individuels). Pour les très fortes sections et l’uti- élevée, pertes diélectriques et permittivité faibles (tableau 2)] le
lisation du câble pour le transport d’énergie sous tension alternative, font largement utiliser dans les câbles d’énergie jusqu’à la tension
l’âme conductrice est le plus souvent segmentée (la section circulaire de 500 kV. Sa résistivité thermique est, de plus, nettement plus
est divisée en segments câblés individuellement et isolés les uns faible que celle du papier imprégné et donne ainsi la possibilité de
des autres) afin de réduire sensiblement les pertes par effet de peau. réaliser un refroidissement forcé externe efficace. On ajoute au PE
un antioxydant de protection.

2.2 Matériaux d’isolation principale 2.2.4 Polyéthylène réticulé (PR)


Le lecteur pourra utilement se reporter, pour les matériaux à Le PR possède sensiblement les mêmes qualités électriques que
isolation synthétique, à la référence [50] et aux articles spécialisés le polyéthylène, mais de meilleures qualités thermiques (tableau 2).
du traité Plastiques et Composites [61] [62] [63] [64]. La réticulation peut être obtenue par différents procédés (§ 2.3.2).
Les principales caractéristiques électriques et thermiques sont La mise en œuvre de charges minérales dans le PR améliore le
résumées dans le tableau 2. comportement mécanique à la température de fusion, mais dimi-
nue les propriétés diélectriques.
2.2.1 Papier imprégné En France, le PR s’est généralisé, pour le moment, dans les
réseaux jusqu’aux tensions de 90 kV.
Pendant des décennies, le papier imprégné d’huile [51] a été l’iso-
lant le plus employé. En France, il n’est plus utilisé pour les liaisons
sous tensions alternatives terrestres (§ 1.1) quelle que soit la tension
2.2.5 Caoutchouc éthylène-propylène
de service, mais de nombreux réseaux de câbles réalisés avec ce
type d’isolant sont encore en service. De tels câbles sont encore fabri- Il s’agit de EPR (ethylene-propylene rubber), de EPM (ethylene-
qués dans certains pays. propylene material) et de EPDM (ethylene-propylene diene
monomere).
Copolymère ou terpolymère d’éthylène-propylène, réticulable
2.2.2 Polychlorure de vinyle (PVC) par voie chimique, ce matériau présente une excellente résistance
à l’ozone et aux intempéries, et une grande souplesse.
Le PVC [—CH2 —CHCl—]n est, en général, mélangé avec des Ses principales caractéristiques électriques sont résumées dans
plastifiants et des charges appropriés, de façon à donner une le tableau 2.
matière thermoplastique isolante, difficilement inflammable, insen-
Par ailleurs, on doit souligner son excellente résistance aux
sible à l’ozone, résistant aux huiles, aux solvants, aux acides et
décharges partielles et superficielles ainsi qu’aux radiations
absorbant peu l’humidité. Ce matériau est sensible à la diffusion
ionisantes.
éventuelle d’additifs provenant des constituants adjacents (gaines,
bourrages). (0) Ce matériau est surtout réservé aux applications spéciales
(cf. [D 4 521]), telles que les câbles souples BT et HTA, où il s’est
Il sert comme isolant pour la filerie et les câbles d’installation
substitué au caoutchouc butyl.
intérieure.
On peut remarquer (tableau 2) que la permittivité, la résistivité
thermique et, surtout, le facteur de pertes diélectriques sont relati- 2.2.6 Caoutchouc de silicone
vement élevés. Cette dernière caractéristique, en particulier, a limité
l’emploi du PVC aux tensions inférieures à 10 ou 15 kV, domaine Obtenu par polymérisation de dérivés du siloxane, il résiste bien
dans lequel on apprécie sa résistance aux décharges partielles : il à l’ozone, à la lumière, à la chaleur, aux huiles et il est utilisable
est moins sensible à ces dernières que les autres matériaux, et, en entre – 80 oC et + 250 oC. C’est un bon isolant, se transformant,
particulier, a tendance à s’oxyder en surface.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 4 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
______________________________________________________________________________________________________ CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE

Tableau 2 – Caractéristiques comparées des isolants de câbles


Éthylène-
Polychlorure Polyéthylène Polyéthylène Polyéthylène
Papier propylène SF6
Caractéristiques de vinyle haute densité basse densité réticulé
imprégné (1) rubber
PVC PEhd PEbd PR
EPR
Température maximale
admissible (θmax ) ............................. (oC) 50 et 85 70 70 80 90 90
Température maximale
lors d’un court-circuit ....................... (oC) 150 160 130 à 150 180 250 250
Permittivité relative ε r à θ max ................. 3,3 à 4 5à8 2,2 à 2,4 2 à 2,4 2,4 à 2,6 2,9 à 3,3 1
Facteur de pertes tan δ à θ max (en 10 – 4) 40 à 100 200 à 1 000 1 à 10 1 à 10 10 à 50 50 à 200 20
Résistivité thermique ........ (K · m · W –1) 5à6 5à6 3,5 3 3,5 3,5 à 5
Épaisseur de l’isolant en fonction de la
tension spécifiée :
 12 à 20 kV ...........................(mm) 4,5 6,4 5,5 5,5 5,5 5,5
 36 à 63 kV ...........................(mm)  13,7 (2) ................... 11 à 14 (4) ..................... 11 à 14 (4)
 
  6,5 (3)
 52 à 90 kV ...........................(mm) 8,5 ................... 15 à 17 (4) ..................... 15 à 17 (4)

 130 à 225 kV ...........................(mm) 21 ................... 22 à 23 (4) 22 à 23 (4) 22 à 23 (4)
 230 à 400 kV ...........................(mm) 25 ................... 27 à 30 (4)

Champ électrique maximal E max
sur âme :
 12 à 20 kV ..................(kV · mm–1) 3 à 4,5 2à3 2 à 3,3 (4) 2 à 3,3 (4) 2 à 3,3 (4)

 36 à 63 kV ..................(kV · mm–1)  3,4 à 5,5 (2) ................... 3,2 à 5 (4) 3,2 à 5 (4) 3,3 à 5 (4)
 6,5 à 8,1 (3)
 
 –1
 52 à 90 kV ..................(kV · mm ) 7,3 à 8,7 (3) ................... 4 à 6 (4) ..................... 4 à 6 (4)
 130 à 225 kV ..................(kV · mm–1) 8,4 à 10,4 (3) ................... 8,3 à 9,2 (4) 8,3 à 9,2 (4) .......................................... 
  2 à 4 (5)
 230 à 400 kV ..................(kV · mm–1) 13,4 à 14,1 (3) ................... 13,5 à 14 (4) .................................................................... 
(1) Papier imprégné de matière non migrante ou câble à huile fluide basse ou haute pression (3) Huile fluide
(2) Matière non migrante (résine d’imprégnation qui ne s’écoule pas) (4) Selon section de l’âme
(5) pour U  150 kV

quand le câble brûle, en une masse compacte de silice qui main-


tient l’isolement. Il est utilisé, essentiellement en BT, pour certaines
applications (cf. [D 4 521]), dans la marine et l’aviation, où la
température de l’environnement est très élevée.

2.2.7 Hexafluorure de soufre

Cet isolant gazeux (SF6 ) est de plus en plus employé dans


l’appareillage HTA et surtout HTB, compte tenu de ses propriétés
particulières [52] [53] : isolement, rigidité diélectrique, tenue à la
température. Par analogie avec son emploi dans ces matériels, il
est quelquefois utilisé pour des liaisons HTB et THT de relative-
ment courte longueur (dans le monde, typiquement, la longueur
unitaire des liaisons faisant appel à ce type de câble est de 230 m
en moyenne) et pour lesquelles la puissance transportée est
élevée, supérieure ou égale à 2 000 MVA (§ 3.4).

2.3 Mise en œuvre des isolants


synthétiques

2.3.1 Extrusion
Figure 2 – Machine à vis sans fin (extrudeuse)
pour isolation des conducteurs
L’isolation des conducteurs est faite au moyen d’extrudeuses ;
ces machines comportent une vis sans fin qui tourne avec un jeu
très faible dans une chambre, en refoulant le mélange isolant dans
une tête ; cette dernière porte un orifice annulaire ménagé entre un
poinçon et une filière (figure 2).

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 5
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

Le conducteur à isoler, tiré par un cabestan, passe dans un — la tenue mécanique ;


poinçon creux et sort, à travers la filière, enveloppé par le mélange — la résistance aux intempéries, car le polymère obtenu se prête
isolant. Les extrudeuses, communément appelées boudineuses, mieux à l’incorporation d’éléments protecteurs.
sont munies de dispositifs de chauffage et de centrage. À la sortie Jusqu’à la fin des années soixante-dix, le seul procédé utilisé
de la boudineuse, le conducteur isolé est refroidi progressivement, industriellement était la réticulation par voie chimique en présence
en général en traversant des bacs à eau à températures de peroxyde et sous pression de vapeur d’eau (§ 2.3.2.2). Sous l’effet
décroissantes, ou par balayage de gaz inerte (azote). du traitement thermique, la décomposition du peroxyde libère des
radicaux libres très actifs se combinant avec les hydrogènes des
chaînes PE voisines, permettant leur pontage.
Les vitesses d’extrusion sont très variables : elles vont jusqu’à
1 000 m /min pour un conducteur de 1,5 mm2 isolé au PVC, sont Depuis le début des années quatre-vingt sont apparus de nou-
de l’ordre de 10 m /min pour un câble 20 kV isolé au PR et seule- veaux procédés dont certains s’affranchissent du peroxyde. On ne
ment d’une trentaine de centimètres par minute pour un câble décrit ci-après que les procédés les plus courants, une liste plus
225 kV isolé au PE. complète étant donnée tableau 3.

2.3.2.2 Réticulation par peroxyde


2.3.2 Réticulation ■ Sous vapeur d’eau
Le câble est tiré dans un tube contenant de la vapeur d’eau sous
2.3.2.1 Généralités pression. De façon que le câble soit correctement centré, le tube a
La réticulation consiste, après extrusion, à ponter les chaînes de la forme d’une chaînette. (0)
molécules par des liaisons radiales. Le cas le plus courant est celui
du polyéthylène. L’amélioration porte notamment sur :
— la température maximale admissible par le matériau ;

Tableau 3 – Différentes procédures de réticulation


Domaine
Principe Procédure Principaux avantages Remarques ou inconvénients
d’application
— Pertes au démarrage de la ligne de
fabrication
— Les propriétés électriques dépendent
Vapeur d’eau BT ; HTA ; HTB — Procédé traditionnel de la pureté du PE et du peroxyde
— Introduction d’humidité dans l’isolant
— La vitesse d’extrusion peut être
augmentée en utilisant un dispositif
additionnel de préchauffage de l’âme
HTA ; HTB
Gaz ou fluide (BT possible mais — Réduit la durée de l’extrusion
— Peu d’humidité et de — Réglages délicats au démarrage
Par peroxyde inerte non intéressant microvacuoles
économiquement)
— Permet de réticuler les câbles
lourds avec une installation en
Huile silicone HTB chaînette — Assez difficile de bien éliminer
— Peu de microvacuoles et les traces d’huile silicone
Chimique d’humidité

Bain de sels — Tube plus court que pour le — Assez difficile d’éliminer toutes les
fondus BT ; HTA procédé vapeur traces de sel au refroidissement
— Limité aux faibles sections
Procédure en — Vitesse — Durée
deux étapes d’extrusion de stockage
plus grande, des mélanges
n’étant pas de base limitée
limitée par la — Qualité
— Conservation réticulation comparable
facile des — Extrudeuse
Par les silanes BT ; HTA réalisée spéciale à celle obtenue
matières séparément par le procédé
premières (longueur =
Procédure en — Pas de perte 30 fois son vapeur
une étape — Possibilité au début ou à
d’incorporer diamètre)
la fin d’une — Réglages
jusqu’à 10 % longueur de
de charges délicats
fabrication
Irradiation par : BT — Très grande rapidité ; matériau — Limité aux faibles épaisseurs en
— faisceau d’électrons Câbles obtenu de bonne qualité ; peu raison du coût de l’installation et des
Physique (0,5 à 4 MeV) téléphoniques d’humidité, pas de résidus de précautions à prendre
— source radioactive réticulation ; pas de pertes au — Éliminer les zones d’ombre (1)
(10 à 15 Mrads) démarrage de la fabrication ;
grande souplesse
(1) C’est-à-dire être sûr que l’ensemble de l’isolation a été traité.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 6 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
______________________________________________________________________________________________________ CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE

● Le traitement thermique s’effectue obligatoirement sous pres- 2.4 Vieillissement des isolations de câbles
sion élevée (paramètres habituels : t = 200 à 220 oC, p = 16 à 23 bar).
Pression et température sont liées par la loi empirique de Duperray :
Nota : le lecteur pourra également se reporter à l’article Fonction isolation dans les
p ≈ (t /100)4 matériaux électriques [D 2 302] dans ce traité.

● Le refroidissement s’effectue dans une deuxième partie du


tube, à la même pression. La longueur totale de tube est de 100 à 2.4.1 Câbles à isolation au papier
150 m.
Du fait de son principe même, ce procédé a l’inconvénient d’intro- La dégradation des performances électriques des câbles isolés au
duire de l’eau en quantité notable dans l’isolant (jusqu’à 2 000 ppm papier imprégné est essentiellement due à la température. En effet,
en masse) ; il est, par conséquent, limité aux câbles pour lesquels sous l’action des cycles charge, la gaine de plomb se déforme de
les champs électriques de fonctionnement sont peu élevés manière irréversible et des vides intercouches de papier se forment
(  6 kV/mm , qui correspond à la frontière actuelle des câbles 63 kV). favorisant les décharges partielles. Si le champ électrique est faible
(2 à 3 kV/mm), l’énergie des décharges est faible et ne conduit qu’à
■ Sous gaz ou fluide inerte une polymérisation des papiers sans conséquence sensible sur la
Le principe est le même que précédemment, mais on peut alors tenue diélectrique du câble ; par contre, pour des champs plus
réticuler à des températures plus élevées (jusqu’à 280 oC à la sur- intenses, une carbonisation locale des papiers peut se produire.
face du câble) sous des pressions plus faibles (10 à 12 bar). La dégradation s’amplifie avec le temps et des arborescences
Les taux d’humidité relevés dans l’isolant sont bien plus faibles apparaissent, caractéristiques d’un vieillissement qui se traduira
(< 200 ppm en masse), ce qui permet d’augmenter la contrainte par un claquage de l’isolation. Ce phénomène est quasi inexistant
diélectrique ; on peut atteindre des champs électriques de 14 à dans le cas des câbles à pression interne d’huile, car le maintien en
15 kV/mm pour des câbles 400 kV, voire plus (les Japonais sont en pression de l’isolation principale évite cette dégradation.
train de mettre au point des câbles isolés au PR pour les liaisons
500 kV, fonctionnant à des champs de l’ordre de 19 kV/mm). Ce pro-
cédé s’applique donc aux câbles HTB. 2.4.2 Câbles à isolation synthétique extrudée

2.3.2.3 Réticulation sans peroxyde Le seul véritable phénomène de vieillissement connu actuellement
est lié à la présence d’arborescences électrochimiques dues à l’action
Dans ce procédé, la réticulation est réalisée soit par l’intermédiaire
combinée de l’eau et du champ électrique dans l’isolation. Plusieurs
des silanes, soit par irradiation.
théories ont été bâties (phénomènes électrochimiques, microfrac-
■ Réticulation par les silanes tures mécaniques...) sans pour autant permettre une explication tota-
lement satisfaisante. Cependant, tous les spécialistes s’accordent
Deux procédures ont été développées.
pour dire que ces arborescences conduisent irrémédiablement au
La réticulation en deux étapes (procédure Sioplas ) consiste claquage de l’isolation principale des câbles. C’est pour cela qu’il
d’abord à greffer sur le PE un dérivé organique du silicium, le vinyl- est recommandé de mettre des barrières d’étanchéité sur les câbles.
triméthoxysilane. Le mélange obtenu (polymère greffé) est extrudé
De nombreux travaux sont en cours pour mettre en évidence
de la même façon qu’un matériau thermoplastique (PVC, PE...), avec
d’autres phénomènes éventuels de vieillissement des câbles à
un mélange maître contenant du polyéthylène, un catalyseur et
isolation extrudée. Pour l’instant, si l’on observe des évolutions de
un antioxydant. Les pontages entre chaînes de PE se font lors d’une
structure morphologique locale du polyéthylène, aucune corré-
opération ultérieure. Le câble est mis sur touret après extrusion et
lation n’a pu être mise en évidence avec des baisses éventuelles de
stocké dans un lieu humide à la pression atmosphérique ou immergé
caractéristiques électriques des câbles.
dans de l’eau chaude à environ 90 oC. La durée de réticulation
dépend de l’épaisseur de l’isolant ; elle est de 1 à 4 h pour les
câbles BT.
La réticulation en une seule étape (procédure Monosil ) est
comparable à la précédente, mais les réactions de greffage et de
3. Description des câbles
pontage sont faites en une seule phase à chaud. HTA et HTB
La réticulation par les silanes est surtout utilisée pour les
câbles BT ; en particulier, la réticulation de conducteurs isolés Le domaine des câbles à moyenne tension (HTA) s’étend de 3 à
(c’est-à-dire conducteurs métalliques munis de leur enveloppe iso- 45 kV. La haute tension (HTB) concerne les tensions de 45 à 180 kV
lante) sectoraux préformés s’effectue sans difficulté. et la très haute tension (THT) celles de 180 à 400 kV. Au-delà, on
La teneur en humidité dans l’isolant (20 à 200 ppm en masse) est entre dans le domaine de l’ultra-haute tension.
inférieure à celle obtenue pour la réticulation par les peroxydes en
phase vapeur, car la réticulation par les silanes s’effectue à une
température (< 100 oC) où l’eau est moins soluble dans le PE.
3.1 Câbles HTA
■ Réticulation par irradiation
Ce procédé consiste, par bombardement d’électrons ou de rayons ■ Les câbles HTA peuvent être à champ non radial (câbles à
γ, à produire des radicaux libres permettant le pontage des chaînes ceinture), c’est-à-dire que l’écran entoure l’ensemble des conduc-
de molécules. Pour la réticulation du PE, on emploie un faisceau teurs. Généralement, les conducteurs isolés sont assemblés sous
d’électrons accélérés d’énergie comprise entre 10 et 15 Mrad (mais une gaine isolante, appelée ceinture, qui sert de support à l’écran
à très fort débit de dose). (figure 3). Ce type de câble est utilisé pour les tensions entre phases
n’excédant pas 15 kV.
L’énergie des accélérateurs actuels ne permet de réticuler que
des épaisseurs faibles, ce qui limite le domaine d’emploi aux ■ Pour les tensions supérieures, les conducteurs isolés comportent
câbles BT et aux câbles téléphoniques. En outre, pour que la réti- leur écran individuel (figure 4). Le câble est à champ radial :
culation soit homogène sur la circonférence du câble, il y a lieu — si le câble ne comporte qu’une phase, il s’agit d’un câble
d’irradier sur deux côtés opposés ou de faire tourner le câble sur unipolaire ;
lui-même.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 7
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

Comme indiqué précédemment, ces câbles sont limités à la ten-


sion de 15 kV. Ils sont utilisés dans l’industrie et sont posés sur parois,
sur chemins de câbles, en caniveaux, en tubes, directement dans
le sol s’ils sont armés ; sinon, une protection mécanique supplé-
mentaire est nécessaire [54].

3.1.2 Câbles à champ radial

Actuellement, sauf cas particulier, ces câbles sont isolés au poly-


éthylène réticulé (PR) ; des câbles unipolaires et tripolaires isolés au
PR destinés à l’équipement des postes et du réseau de distribution
à 20 kV sont normalisés (C 33-223). Ces câbles à 20 kV, et très rare-
ment 30 kV, représentent la très grande majorité des liaisons HTA
réalisées en France et aussi dans le monde.
Le câble à champ radial est obtenu en disposant l’écran
métallique, relié à la terre, autour de chaque conducteur isolé. Cet
arrangement soumet l’isolant à un champ radial puisque l’âme et
l’écran sont concentriques. Il n’y a plus de composante du champ
électrique parallèle aux surfaces de l’isolant, c’est-à-dire dans une
direction où la rigidité diélectrique est la plus faible. Il est donc
possible d’augmenter la contrainte diélectrique que l’on exprime
par le gradient de potentiel.
De façon à augmenter encore ce gradient, l’isolant Is est compris
Figure 3 – Câble 10 kV à ceinture, avec isolation au papier imprégné entre deux couches conductrices adhérentes (figure 4), soit une
couche conductrice C1 entre l’âme et la surface interne de l’isolant
et une couche conductrice C2 entre l’isolant et l’écran Ec. Les formu-
lations des couches concentriques sont telles que la couche interne
est très adhérente à l’enveloppe isolante tandis que la couche
externe, partiellement adhérente, permet une séparation aisée de
la couche conductrice favorable à la qualité et à la rapidité de la
préparation des têtes de câble et /ou des jonctions lors des
raccordements.
De plus, la gaine conductrice extérieure G est striée longitu-
dinalement, ce qui permet la pose d’une poudre hygroscopique assu-
rant ainsi une étanchéité Et longitudinale et transversale au niveau
de l’écran du câble. Cet écran Ec est généralement constitué d’une
bande d’aluminium posée en long avec un léger recouvrement et
contrecollée à la gaine extérieure en PVC. Cette dernière a une épais-
seur et des caractéristiques mécaniques telles que le câble peut être
enterré directement sans protection supplémentaire. Il est cependant
nécessaire de disposer un lit de sable ou de terre tamisée sous et
sur le câble avant remblai de la tranchée [1].
Le câble peut être unipolaire ; il est ainsi prêt à l’emploi. Mais il
peut être aussi tripolaire ; l’opération consiste alors à assembler
trois conducteurs, tels que définis ci-dessus. Ce type de câble s’est
rapidement généralisé en raison de ses caractéristiques électriques
et thermiques avantageuses, de sa faible masse, de la simplicité et
de la facilité des raccordements.

Figure 4 – Câble 20 kV souterrain triphasé (spécification C 33-223) La notion de tripolaire peut s’entendre de deux manières :
— tripolaire à champ radial : chaque phase est munie d’un
écran ; les trois phases peuvent être assemblées et mises sous
— s’il comporte plusieurs phases assemblées en faisceau, il est une gaine commune ou assemblées en torsade comme le câble
dit multipolaire ; le plus souvent, les câbles multipolaires ont trois C 33-223 ;
conducteurs et le câble est dit tripolaire. — tripolaire à ceinture : les trois phases sont assemblées, une
ceinture isolante les entoure, l’écran électrique est placé sur cette
ceinture.
3.1.1 Câbles à champ non radial

Ces câbles sont généralement isolés par un mélange PVC. Les 3.1.3 Raccordement des câbles HTA
conducteurs isolés sont assemblés, puis recouverts successive-
ment par une gaine de ceinture en PVC formant bourrage, d’un 3.1.3.1 Câbles à champ non radial
écran en cuivre et d’une gaine de protection extérieure (également
en PVC). Si le câble doit être enterré directement dans le sol, il ■ Jonctions et dérivations
comportera une armure appliquée sur un matelas protégeant Jusqu’à la tension de 6 kV, les âmes raccordées par rétreint ou
l’écran, et une gaine extérieure en PVC (figure 3). poinçonnage sont entourées d’un revêtement de bourrage ajouré

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 8 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
______________________________________________________________________________________________________ CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE

dans lequel est injectée une matière polymérisable à température — À l’extérieur, en zone pas ou peu polluée, les extrémités sont
ambiante. Le volume injecté est circonscrit par un rubanage adhésif toujours du même type mais de longueur de ligne de fuite plus
étanche. importante.
Lorsque la tension atteint 10 à 15 kV, les enveloppes isolantes — À l’extérieur ou à l’intérieur, lorsque la pollution est très
peuvent être reconstituées (lors de l’installation ou lors d’une importante, il faut utiliser des extrémités comportant des isola-
réparation) par un rubanage en rubans adhésifs. teurs en porcelaine.
■ Extrémités
— À l’intérieur des locaux, elles peuvent être réalisées par simple
épanouissement des conducteurs isolés.
3.2 Câbles HTB à isolant synthétique
— À l’extérieur des locaux, des protections par rubanage ou par
tube thermorétractable sont employées afin de protéger les isolants
3.2.1 Structure des câbles
des intempéries. En milieu très pollué, il est nécessaire d’utiliser des
Ces câbles HTB sont isolés par un matériau à base de poly-
boîtes d’extrémité étanches comportant des isolateurs.
éthylène, qui peut être mis en œuvre dans sa forme thermo-
plastique d’origine (§ 2.2.3) ou sous la forme d’un produit réticulé
3.1.3.2 Câbles à champ radial (§ 2.2.4) qui offre l’avantage d’une meilleure tenue mécanique aux
■ Jonctions et dérivations températures supérieures à 100 oC.
Plusieurs procédés ont cours. ■ Le polyéthylène thermoplastique offre des caractéristiques élec-
● Les âmes raccordées par poinçonnage (figure 5a ), rétreint triques très intéressantes (tableau 2, et [2]) : résistivité volumique
(figure 5b ), éventuellement par soudure, sont isolées par du ruban très élevée, permittivité faible donc faible capacité électrostatique
autosoudable. Comme pour les câbles à champ non radial, une du conducteur par rapport à l’écran, rigidité diélectrique élevée. Il
matière polymérisable est injectée dans un volume défini par un peut être obtenu avec une grande pureté.
rubanage étanche. ■ Le polyéthylène réticulé est plus délicat à mettre en œuvre et ne
● La reconstitution de l’isolant, au droit des raccords (raccorde- peut, pour le moment, être obtenu aussi pur que le polyéthylène ther-
ment de l’âme), et les reconstitutions de l’écran et de la protection moplastique. C’est la raison pour laquelle le polyéthylène thermo-
extérieure sont réalisées par différents rubanages. plastique permet de fabriquer des câbles pour réseaux jusqu’à
● Ces raccordements font, de plus en plus, appel à des matériels 400 kV [3] et même 500 kV, tandis que le polyéthylène réticulé n’est
préfabriqués, qui sont de deux types : utilisé industriellement que dans la fabrication de câbles à 90, 150 et
— matériels élastiques, glissés sur chaque conducteur, la pré- 275 kV. Cependant, la meilleure tenue du polyéthylène réticulé aux
fabrication comprenant les différents éléments isolants et conduc- températures de surcharge et de court-circuit conduit les fabricants
teurs en une même pièce ; à rechercher les moyens et procédés pour obtenir ce matériau avec
— matériels thermorétractables, enfilés avec du jeu sur les âmes une pureté comparable à celle du polyéthylène thermoplastique. Des
raccordées ; le contact avec les différents éléments du câble est liaisons courtes sous 500 kV sont en service au Japon. La mise au
obtenu par rétraction thermique au moyen d’un chalumeau. point de câbles PR à 400 kV est en cours dans plusieurs pays euro-
péens dont la France.
■ Extrémités
■ En France, dans les Pays Scandinaves et, partiellement, en
Dans la grande majorité des cas, la répartition du champ Allemagne et au Japon, les câbles à isolant polymère ont supplanté,
électrique est obtenue par un matériau RLT (répartiteur linéaire de pour ces tensions, les câbles isolés au papier imprégné en raison de
tension), en général un matériau à base de carbure de silicium ou leurs avantages spécifiques (§ 1.1).
une matrice polymérique chargée de noir de carbone au seuil de
percolation. Ces câbles, du type unipolaire (figure 1), sont généralement
installés :
— À l’intérieur des locaux en atmosphère non polluée, les extré-
mités sont du type RLT et protégées par une gaine lisse élastique — soit dans le sol, à l’intérieur de caniveaux en béton armé, rem-
ou thermorétractable : extrémités EUI (extrémités unipolaires plis de sable, ou en fourreaux, en ciment ou en matière plastique
intérieures). (sites industriels, traversées de routes ou de voies ferrées) ;
— soit dans l’air, à l’aide de fixations appropriées le long de
Dans les locaux humides, les extrémités sont du même type parois ou en galerie ou caniveau d’usine ; ces câbles à isolant
mais la protection comporte des jupes pour augmenter la ligne de synthétique se prêtent bien à la pose en parcours dénivelé ou
fuite. vertical par le simple fait que tous les composants sont solides et
ne se déplacent pas sous l’effet de la gravité [4].

3.2.2 Jonctions

Pour des raisons historiques de développement de ces matériels,


les techniques utilisées varient selon la tension du réseau dans
lequel elles sont installées.
■ En 63 et 90 kV, la reconstitution de l’isolant des jonctions est
obtenue par rubanage au moyen de matériaux adaptés à l’isolant
(bandes adhésives de polyéthylène réticulé ou non). La continuité
de la gaine de plomb s’effectue par un tube métallique soudé. La
protection extérieure est réalisée par rubanage.
Figure 5 – Raccordement des âmes ■ En 225 kV , l’isolant est reconstitué par injection à chaud de
polyéthylène ou par rubanage cuit. Des pièces préfabriquées en
usine (figure 6 a ) remplacent maintenant les techniques
traditionnelles.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 9
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

■ En 400 et 500 kV, les jonctions sont généralement réalisées par


raccordement de deux blocs déflecteurs prémoulés d’extrémités
(§ 3.2.3), mis tête-bêche dans un caisson rempli de SF6 sous pres-
sion (figure 6b ). Des études sont en cours pour mettre au point des
pièces préfabriquées monobloc comme en 225 kV.
Nota : dans les deux derniers cas, la continuité de l’écran et de la gaine extérieure est
obtenue par des pièces métalliques soudées et du rubanage.

3.2.3 Extrémités

Au début du développement des câbles HT à isolant synthétique,


c’est-à-dire dans les années soixante, le cône déflecteur assurant la
répartition du champ électrique, utilisé à l’arrêt de l’écran du câble,
à la base de l’extrémité, était réalisé par moulage de polyéthylène.
Depuis le début des années quatre-vingt, le cône déflecteur des
câbles à 63, 90 et 150 kV est constitué d’une pièce préfabriquée
adaptée à la section et à la tension du câble. Cette technologie
présente deux avantages importants : rapidité de mise en œuvre et
faible influence de la dextérité du monteur.
Aujourd’hui, les extrémités des câbles à 225, 400 et 500 kV sont
réalisées avec des déflecteurs préfabriqués en usine, montés sur
chantier, maintenus en pression sur le câble par une coiffe isolante.
La tête de câble, munie de son déflecteur, est introduite dans un
isolateur en porcelaine qui est ensuite rempli d’huile ou de gaz SF6 Figure 6 – Coupe de jonctions de câbles HTB
(figure 7). Les extrémités sans porcelaine et sans fluide (SF6 ou
huile) sont en cours de développement pour les liaisons 63 et
90 kV.
Dans le cas des postes blindés, les têtes de câbles comportant
leur déflecteur sont introduites directement dans un caisson
approprié sans isolateur.

3.3 Câbles HTB isolés au papier imprégné

3.3.1 Généralités

Le papier kraft, sous forme de rubans superposés, enroulés héli-


coïdalement, en couches croisées, sur les conducteurs métalliques,
a constitué pendant plus de 75 ans l’essentiel de l’isolation des
câbles électriques [5] [51].
Le papier est réalisé avec de la pâte de bois résineux (épicéa,
sapin...). Les rubans semiconducteurs contiennent du graphite ou
du noir d’acétylène. Les rubans métallisés (papier contrecollé
d’aluminium) sont perforés pour faciliter le séchage et le passage
de la matière d’imprégnation.
Les câbles isolés au papier, imprégné d’huile (câbles à pression)
ou d’huile additionnée de résine, comportent une gaine métallique
d’étanchéité transversale, en plomb, aluminium ou acier, souvent
protégée par une armure de feuillards ou de fils d’acier associée à
des matelas, et revêtue de matériaux anticorrosion.
Le tableau 4 illustre la gamme des productions de câbles au
papier imprégné, de 1 à 400 kV entre phases, installées en France, Figure 7 – Extrémités de câbles HTB
entre 1950 et 1985. Ces fabrications sont toujours réalisées, pour la
plupart, en Amérique du Sud, en Grande-Bretagne, en Italie, aux
États-Unis, etc., conjointement à celles des nouveaux câbles à 3.3.3 Câbles à pression
isolants synthétiques extrudés [6] [7]. (0)
Les câbles à pression d’huile ou d’azote, les fluides liquides ou
3.3.2 Câbles à masse gazeux étant sous forte pression (supérieure à 10 bar), permettent
d’éliminer les vacuoles ou portent les bulles gazeuses à une pression
telle qu’aucun effluve n’apparaît sous un gradient de potentiel élevé.
Les rubanages de papier des câbles à masse sont imprégnés soit
de matière visqueuse (huile minérale et colophane ou polyiso-
butylène), soit de matière stabilisée (polyisobutylène et cires micro-
cristallines de synthèse) dite encore nd (non-draining).

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 10 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
______________________________________________________________________________________________________ CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE

Tableau 4 – Câbles isolés au papier imprégné


Champ Nombre Limites de tensions Construction des câbles
Type de câble électrique de conducteurs assignées [spécifications Observations
dans l’isolant dans la liaison (kV) de référence] (1)
Plusieurs conducteurs isolés sont
À ceinture isolante assemblés et recouverts d’une cein-
1 à 20 [NF C 33-100 et CEI 55] ture isolante constituée de papiers
rubanés.
non radial 2, 3 et 4
Câbles à surfaces équipotentielles
5,5 à 30 À conducteurs métallisés ne comportant qu’une seule gaine
Câble sans [NF C 33-100] d’étanchéité enveloppant les
pression, à 3 conducteurs isolés.
masse visqueuse Chaque conducteur comporte sa
ou stabilisée Triplombs gaine d’étanchéité. Une armure pro-
10 à 63 [NF C 33-100] tège et maintient les 3 conducteurs
assemblés.
radial 3
Les 3 conducteurs, au papier impré-
Unipolaires gné de matière stabilisée [8] consti-
1 à 63 [NF C 33-100 tuant la liaison, sont posés côte à
et EDF HN 33-S-02] côte.

À pression interne d’huile Le papier reste toujours saturé


5,5 à 400 fluide (figure 8), d’huile, malgré les variations de
[CEI 141-1] température, grâce à des réservoirs
de compensation.
À pression interne de gaz L’azote sous pression de 15 bar est
30 à 225 [CEI 141-2] introduit dans le papier imprégné.
Les conducteurs du câble oléosta-
tique sont tirés dans un tube étanche
en acier préalablement installé. Des
Sous tube d’acier à pression fils de glissement (skid wires) faci-
3 ou 3 câbles 63 à 400 externe d’huile (figure 9) litent le tirage. L’huile de remplis-
Câble à pression radial à 1 conducteur [CEI 141-4] sage, maintenue sous pression de
posés en triangle 15 bar, plus fluide que l’huile
d’imprégnation, pénètre finalement
dans l’isolant.
L’azote sous pression de 15 bar,
introduit dans le tube, comprime
l’isolant par l’intermédiaire d’une
Sous tube d’acier à gaine d’étanchéité souple en poly-
63 à 275 compression externe de gaz éthylène qui sépare le gaz de l’huile
[CEI 141-3]
d’imprégnation et permet la dilata-
tion des conducteurs de forme
ovale.
(1) Chacune des phases du câble est munie d’une gaine extrudée en plomb.

3.3.3.1 Câbles à pression interne d’huile fluide


Pour ces câbles (figure 8), la pression interne d’huile fluide peut
être faible (1 à 3 bar), moyenne (7 à 8 bar) ou forte (15 bar). Le gra-
dient d’ionisation augmente de 50 % lorsque la pression passe de
1 à 15 bar. Il s’agit d’huiles très fluides, minérales ou synthétiques
telles que le dodécylbenzène (DDB) qui a permis d’augmenter la tem-
pérature maximale admissible du conducteur, de réduire le facteur
de pertes et de favoriser l’absorption des gaz susceptibles de se for-
mer en fonction du temps.
Parmi les nombreuses réalisations de liaisons par câbles à huile
fluide, citons :
— la première canalisation mondiale à 225 kV, de 1 × 350 mm2 en
cuivre, installée dans la région parisienne en 1936 (18,5 km entre les
postes d’Ampère et de Clichy-sous-Bois), toujours en service ;
— l’équipement des réseaux japonais jusqu’à 550 kV, depuis
1974 ;
— la liaison sous-marine (525 kV, 1 200 MVA) d’alimentation de Figure 8 – Câble unipolaire 225 kV à pression interne d’huile fluide
l’île Vancouver (Canada) posée en 1983 (39 km).

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 11
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

3.3.3.2 Câbles à pression interne de gaz 3.4 Câbles à isolant gazeux comprimé
■ Dans les câbles unipolaires, le gaz est diffusé longitudinalement
grâce à un léger jeu ménagé entre l’isolant et la gaine d’étanchéité.
Sous une pression de l’ordre de 15 bar, le gaz pénètre dans toute Les câbles à isolant gazeux (CIG) comportent un ou plusieurs
l’épaisseur du diélectrique dont il améliore très sensiblement le conducteurs constitués de tubes en aluminium centrés dans une
seuil d’ionisation et le gradient de potentiel. gaine étanche en alliage d’aluminium. L’espace entre conducteur(s)
et gaine est rempli du gaz SF6 sous pression (de l’ordre de 4,5 bar)
■ Dans les câbles tripolaires, la transmission du gaz le long de la (figure 10).
canalisation est assurée par des tubes de plomb auxiliaires disposés Dans le tableau 5, on donne quelques caractéristiques de CIG
dans les bourrages et débouchant dans les boîtes de jonction. monophasés et triphasés.
Les 1 500 m de liaison tripolaire (3 × 202 mm2 en cuivre, à 90 kV), Le ou les conducteurs sont maintenus dans la gaine par des
posés en 1960, entre Rouen et Lessard (Seine-Maritime), sont repré- isolateurs (trois isolateurs à 120o dans une même section droite
sentatifs de ce type de câble. pour les CIG monophasés, six isolateurs pour les CIG triphasés),
régulièrement espacés le long de la liaison. Les isolateurs sont
3.3.3.3 Câbles à pression externe d’huile déterminés pour supporter la tension de service, les surtensions et
La figure 9 donne une représentation de ces câbles oléostatiques les efforts électro-dynamiques dus aux courts-circuits [11].
sous tube d’acier. Des dispositifs sont prévus pour absorber la dilatation du ou des
Avec cette technologie sont réalisées 85 % des lignes souter- conducteurs et de la gaine :
raines des États-Unis [HPOF (high pression oil filled) câbles en tube — des compensateurs sur les conducteurs ;
d’acier, de 69 à 345 kV ; cette haute pression s’oppose à la pression — des soufflets insérés dans la gaine.
plus faible des câbles à pression interne].
Nous citerons, pour la France, les 7 300 m de la liaison Asnières-
Saint-Ouen (800 mm2 en cuivre, 225 kV) sous pression d’huile de
remplissage de 15 bar, et représentative des artères sous tubes
d’acier, installées en région parisienne, dans les années 60.
Les tubes d’acier (épaisseur 5 à 7 mm) sont garantis de la corrosion
soit par une couche de Somastic (sable, amiante, craie et asphalte)
de 12 à 13 mm, soit par protection cathodique permanente.

3.3.3.4 Câbles à compression externe de gaz


Chacun des trois conducteurs comporte des écrans de cuivre et
des bandes de glissement semi-cylindriques en cuivre, l’ensemble
étant revêtu d’une gaine de polyéthylène assurant la séparation
entre l’azote de compression (15 bar) et l’huile d’imprégnation.
La liaison Les Aygalades-Arenc (Marseille) de 3 × 360 mm2 de
section de cuivre, ovale, installée en 1959, est significative de ce
type de câble.

3.3.4 Évolution des câbles au papier imprégné Figure 9 – Câble oléostatique 225 kV sous tube d’acier

Pour les câbles au papier imprégné [8], les câbles oléostatiques


et surtout les câbles à huile fluide THT continuent, à la fois, à s’impo-
ser sur certains marchés.
De nombreux perfectionnements technologiques sont intervenus
dans la fabrication de ces câbles :
— l’utilisation de papiers condensateurs, compacts, minces ruba-
nés au voisinage du conducteur, améliorant la rigidité diélectrique
à l’onde de choc ;
— l’augmentation de la pression d’huile fluide ;
— l’emploi de l’alkylbenzène comme huile fluide synthétique [55] ;
— l’utilisation de rubans lamifiés [9] (films
polypropylène /papiers), réduisant la permittivité et les pertes
diélectriques, et augmentant le gradient de potentiel de fonction-
nement ;
— le développement de liquides d’imprégnation sans halogènes
[10] dans les câbles à huile fluide, résistant au feu et autoextin-
guibles, pour installations en puits verticaux ou en tunnels ; il s’agit
notamment d’huile de silicone modifiée [55] ; ce type de diélec-
trique ne dégage que des gaz hydrocarbonés en cas d’incendie.

Figure 10 – Câble à isolation gazeuse de structure unipolaire

(0)

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 12 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
______________________________________________________________________________________________________ CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE

Tableau 5 – Quelques caractéristiques des CIG monophasés et triphasés


225 kV 400 kV 750 kV
Tension nominale
(1) (2) (1) (2) (1) (2)
Puissance ......................... (MVA) 1 000 1 000 2 000 2 000 4 000 4 000
Diamètre du conducteur ... (mm) 200 220 240 260 260 200
Diamètre de la gaine ......... (mm) 418 796 504 960 644 1 100
Masse linéique................. (kg/m) 47 131 57 155 57 170
Champ électrique
sur le conducteur.......... (kV/mm) 1,87 1,95 2,7 2,8 3,75 3,8
Densité de courant ...... (A /mm2) 0,34 0,27 0,32 0,28 0,33 0,32
Pertes linéiques totales
dans les conducteurs ....... (W/m) 97 110 100 125 110 145
Pertes linéiques totales
dans les gaines ................. (W/m) 91 41 99 36 105 25
Capacité linéique ............(µF/km) 0,08 0,14 0,078 0,14 0,063 0,10
Inductance linéique .......(µH/km) 147 – 148 – 181 –
Réactance linéique .......... (Ω/km) 0,046 – 0,046 – 0,057 –
(1) Système monophasé (2) Système triphasé

Les compensateurs et les soufflets sont déterminés pour véhi-


culer le courant maximal et celui de court-circuit. Tableau 6 – Puissances optimales et limites
Les CIG monophasés sont essentiellement employés pour les
des CIG enterrés monophasés et disposés en nappe
trajets courts (quelques dizaines de mètres), car ils permettent un (refroidissement naturel)
raccordement simple aux extrémités tandis que les CIG triphasés
sont utilisés pour les liaisons plus longues (quelques centaines de Tension Puissance optimale Puissance limite
mètres), car ils exigent moins de place et sont plus économiques (kV) (MVA) (MVA)
que trois CIG monophasés ; par contre, leur raccordement aux 225 1 200 à 1 400 2 500
extrémités est plus compliqué. 400 2 000 à 2 500 4 500
Les CIG monophasés et triphasés sont transportés sur le site en 750 4 000 à 6 000  6 000
tronçons unitaires d’environ 10 m, préfabriqués en usine ; ils sont
le plus souvent soudés les uns à la suite des autres.
Compte tenu de leur structure, on comprend que les CIG soient
essentiellement destinés aux transports de très grandes puis- 4. Principales caractéristiques
sances, égales ou supérieures à 2 000 MVA (tableau 6), car les sec-
tions des conducteurs et de la gaine doivent être importantes pour électriques
supporter les efforts mécaniques et électrodynamiques.
Leur capacité linéique est comprise entre celle des câbles isolés 4.1 Champ électrique
classiques et celle, faible, des lignes aériennes (la permittivité relative
du SF6 est proche de l’unité). leur inductance linéique est 5 à 10 fois
Les câbles de transport d’énergie sous hautes et très hautes
inférieure à celle des lignes aériennes de puissances optimales
tensions sont généralement soit unipolaires, soit tripolaires avec
équivalentes. Ainsi, leur puissance caractéristique est très voisine
écran individuel. Dans ces conditions, le champ électrique E dans
de celle des lignes aériennes et les limitations en longueur critique
l’enveloppe isolante n’a qu’une composante radiale E r , obtenue
sont très largement supérieures à celles des câbles à isolation
par résolution de l’équation ∆V = 0, V étant la tension appliquée
solide [12]. L’évacuation de la chaleur du ou des conducteurs s’effec-
entre le conducteur et l’écran.
tue par convection et par rayonnement du gaz SF6 , tandis que les
câbles isolés par des matériaux solides évacuent leur chaleur par E r se met sous la forme simple :
conduction. rE r = A
Les CIG sont utilisés dans les réseaux de tension comprise entre
150 et 750 kV, surtout dans les cas suivants : où A est une constante qui peut être calculée par :


— liaison entre un poste blindé SF6 et le départ ou l’arrivée r2
d’une ligne aérienne ;
— sortie d’une centrale de production souterraine de très forte – Er d r = V
r1
puissance (> 2 000 MVA) ;
— éventuellement, croisement de deux lignes aériennes. (0) Ainsi, le champ en un point r de l’enveloppe isolante est :
V
E ( r ) = -------------------------------
r ln ( r 2 / r 1 )

r 1 et r 2 étant respectivement les rayons interne et externe de


l’isolant.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 13
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

4.2 Modélisation d’un câble unipolaire

Un câble peut être assimilé à un circuit à constantes réparties [56].


Le schéma équivalent d’un câble unipolaire faisant partie d’une
liaison triphasée est précisé sur la figure 11.
■ Les expressions simplifiées des inductances (en H/m), utili-
sables pour des calculs à la fréquence industrielle (50 ou 60 Hz), sont
les suivantes :
— inductances linéiques propres :
• du conducteur... L a = 2 · 10 –7 [0,25 + ln (D / r a )]
• de l’écran... L e = M = 2 · 10 –7 ln (D / re )
— mutuelles inductances :
• entre âme et écran... M
• entre câbles... Mij = 2 · 10 –7 ln (D / sij )
avec D (m) distance à la liaison du conducteur fictif de retour
par le sol ( D = 659 ρ / f ) ; pour un sol moyen
D = 1 000 m,
ρ (Ω · m) résistivité du sol,
f (Hz) fréquence.
■ Les résistances linéiques du conducteur et de l’écran sont respec-
tivement R a et R e . La résistance du conducteur fictif de retour des
courants dans le sol a pour valeur :

R 0 = (π 2 f /2) 10 –7

■ On peut déduire de ces formules les impédances cycliques (§ 4.3),


en régime direct ou homopolaire, quel que soit le mode de pose des
câbles.

4.3 Impédances cycliques


4.3.1 Généralités
La méthode des composantes symétriques permet de ramener
l’étude du fonctionnement d’une liaison triphasée à l’étude de trois
régimes particuliers : direct, inverse, homopolaire. Pour chacun de
ces régimes, le schéma relativement complexe de la liaison, faisant
intervenir les couplages entre les différents conducteurs, peut être
réduit à un schéma monophasé unifilaire équivalent, caractérisé
par une impédance dite cyclique.
Pour être applicable, cette méthode suppose qu’il existe une Figure 11 – Modélisation d’une liaison triphasée
certaine symétrie dans la position des différents conducteurs. de câbles unipolaires
D’un point de vue mathématique, les vecteurs constitués des cou-
rants de phase, pour chaque régime, doivent être les vecteurs
propres de la matrice tensions-courants de phase ; les impédances
cycliques ne sont autres que les valeurs propres de cette matrice. Tableau 7 – Courants de phase
La méthode retenue pour déterminer les impédances cycliques Régime de phase direct inverse homopolaire
consiste à déterminer les tensions de phase en supposant que les
courants de phase forment l’un des systèmes direct, inverse ou 1 Id Ii I0
homopolaire (tableau 7), avec : 2 a 2 Id aIi I0
1 3 3 a Id a2 Ii I0
a = – ----- + j ---------- opérateur de rotation
2 2
1 3
a 2 = – ----- – j ---------- 4.3.2 Calcul de l’impédance cyclique
2 2 (0)
Le quotient de la tension de phase par le courant de phase est
par définition l’impédance cyclique du régime considéré. Il consiste à éliminer, dans l’expression des tensions de phase,
les courants dans les écrans des câbles (ou le conducteur de terre).
■ On trouvera, dans le tableau 8, les différentes expressions des On suppose que la liaison est en câbles unipolaires, sans courant
impédances cycliques, en régimes direct et homopolaires pour les de circulation dans les écrans.
câbles unipolaires, avec ou sans courant de circulation dans l’écran,
et pour les câbles tripolaires. (0)

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 14 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
______________________________________________________________________________________________________ CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE

Tableau 8 – Impédances linéiques cycliques (en Ω /m)


Type de câbles Régime direct Régime homopolaire
Câbles unipolaires posés en trèfle Z d = Ra + jLaω Z h = R + 3 R 0 + jL c ω
sans courant de circulation dans l’écran 2
L a = 2 · 10 –7 [0,25 + ln (D /ra )] L c = 2 ⋅ 10 –7 [ 0,25 + ln ( D 3 /s ik r a ) ]
Câbles unipolaires posés en trèfle Z d = [R a + R e /m ] + j ω [L a – L b / m ] Z h = R + jL d ω + ( R e + R t ) ( 1 – µ )
avec courant de circulation dans l’écran
L b = 2 · 10 –7 ln (D /re )] L d = 2 · 10 –7 [0,25 + ln (sik /re )]
m = 1 + ( R e / L b ω )2 µ = ( R e + R t )/ ( R e + R t + 3R 0 + jL c′ ω )
2
L c′ = 2 ⋅ 10 –7 ln ( D 3 /s ik r e )
Câbles tripolaires Z d = R + jL a ω Z h = R + jL f ω + 3 ( R e + R t ) ( 1 – µ )
3 2
L a = 2 · 10 –7 [0,25 + ln (s ik / rg )] L f = 2 ⋅ 10 –7 ln ( r e / s ik r g )
µ = ( R e + R t )/ ( R e + R t + R 0 + jL ″c ω )
L ″c = 2 ⋅ 10 –7 ln ( D / r e )
rg rayon géométrique moyen de l’âme R t résistance des prises de terre des écrans divisée par la longueur de la liaison

L’impédance cyclique linéique complexe Z est définie par : ■ Câbles unipolaires : les écrans sont le siège de courants de circu-
lation lorsqu’ils sont mis à la terre aux deux extrémités : ils se
d V ai ( x ) comportent alors comme des enroulements secondaires en court-
------------------------- = Z I ai circuit.
dx
L’abaque de la figure 12 permet la détermination du terme R p
On a, d’après le schéma équivalent (figure 11) :
d’augmentation de résistance due à la présence de l’écran et donc
d V ai ( x ) de la résistance effective du conducteur.
----------------------- = V ai ( x ) – V ai ( x + dx )
dx ■ Câbles tripolaires : il n’y a un courant de circulation dans l’écran
3
qu’en régime homopolaire. En régime direct, on peut en effet
= [ R a + jL a ω ] I ai + jM ij ω I aj + jM ik ω I ak + R 0 ∑ I au considérer que le champ dans l’écran résultant du courant dans les
u=1 conducteurs est pratiquement nul.
Dans le cas d’une pose en trèfle :
Mij = Mik = Ms 4.3.4 Inductance

■ En régime direct, la somme des courants est nulle : L’inductance cyclique intègre :
I a1 + I a2 + I a3 = 0 — l’inductance propre du conducteur ;
— la mutuelle inductance avec les autres conducteurs ;
— un terme traduisant l’influence des courants de circulation
d V ai ( x )
d’où ------------------------- = [ R a + j ( L a – M s ) ω ] I ai (1) éventuels dans l’écran.
dx L’abaque de la figure 13 permet la détermination des réactances
■ En régime homopolaire, on a : cycliques en régime direct.
On trouve, dans le tableau 8, pour une liaison en câbles unipolaires
I a1 = I a2 = I a3 posés ou pour une liaison en câbles tripolaires, les différentes
expressions de cette inductance.
d V ai (x )
soit ------------------------- = [ R a + 3R 0 + j ( L a + 2M s ) ω ] I ai (2)
dx
Nota : le calcul se fait :
4.3.5 Capacité
— pour une impédance cyclique, en utilisant le conducteur et l’écran du câble ;
— pour une impédance effective cyclique, en considérant un unique conducteur dont ■ Câble unipolaire : la capacité linéique cyclique C (en F/m) est
les caractéristiques sont augmentées d’un facteur correctif prenant en compte l’effet de
l’écran. égale à la capacité du conducteur par rapport à l’écran et est donnée
(en régime direct et homopolaire) par :

4.3.3 Résistance 10 –9 ε r
C = ----------------------------------
- (3)
18 ln ( r 2 / r 1 )
La norme CEI 287 indique la méthode de calcul de la résistance
du conducteur, tenant compte de l’influence de la température et avec εr permittivité relative de l’isolant dont la valeur est comprise
des effets de peau et de proximité. généralement entre 2,3 et 4.
La résistance cyclique est la résistance R du conducteur majorée La figure 14 reproduit un abaque donnant la valeur de la capa-
de : cité d’un câble en fonction du rapport r 2 /r 1 .
— un terme traduisant l’influence des courants de circulation ■ Câble tripolaire : le calcul de la capacité effective cyclique est
éventuels dans l’écran ; complexe ; il existe des formules approchées, mais il est préférable
— la résistance apparente du conducteur fictif de retour du cou- de se baser sur les données empiriques que l’on possède à ce sujet.
rant dans le sol, en régime homopolaire.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 15
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

4.4 Application au calcul des chutes


de tension
Le calcul des chutes de tension dans une liaison par câbles isolés
s’effectue à l’aide des constantes linéiques effectives R, L, C et G
calculées comme nous venons de l’indiquer au paragraphe 4.3. Ces
constantes sont à utiliser dans le cas d’un système triphasé équili-
bré ; autrement dit, ces valeurs correspondent aux constantes
directes (ou inverses) dans le système de composantes symétriques
[direct, inverse, homopolaire].
On obtient une bonne approximation pour le calcul de la chute
de tension dans le cas de liaisons de longueurs inférieures à
100 km environ – ce qui est toujours le cas des liaisons par câbles
isolés sous tension alternative – en représentant la liaison par son
schéma en  monophasé équivalent (figure 16) et en appliquant
à celui-ci la méthode de séparation des puissances actives et
réactives.
— L’impédance Z de la branche horizontale est constituée par
une résistance pure en série avec une inductance pure ; elle est de
la forme :
Z = ( R x + jL x ω ) (6)

x étant la longueur de la liaison considérée.


— L’admittance Y /2 des branches verticales est constituée par
une conductance pure en parallèle avec une capacité pure ; elle est
de la forme :
Y 1
------- = ----- ( G x + j C x ω ) (7)
2 2
■ Soit Pi et Q i les puissances triphasées active et réactive à
l’extrémité i. Si Vi est la tension simple de la liaison en i, Ui la tension
composée et ϕ i le déphasage entre tension simple et courant, on a :

P i = 3Vi I i cos ϕ i = 3 U i I i cos ϕ i (8)

Q i = 3Vi I i sin ϕ i = 3 U i I i sin ϕ i (9)

Figure 12 – Valeur du terme d’augmentation apparente La puissance apparente à l’extrémité i est :


de la résistance effective pour un câble unipolaire
2 2
Si = P i + Q i = 3V i I i = 3 Ui Ii (10)

Les figures 15a et b reproduisent un réseau de courbes donnant Connaissant le régime de fonctionnement à l’une des extrémités i
la capacité linéique cyclique des câbles tripolaires en fonction de (figure 17 ; i = 1), on peut déterminer le régime de fonctionnement
l’épaisseur e de l’isolant propre à chaque conducteur, de à l’autre extrémité j (figure 17 ; j = 2), en exprimant la conservation
l’épaisseur e ’ de l’isolant commun aux trois conducteurs et du des puissances actives et réactives (tableau 9). (0)
diamètre des conducteurs 2 r 1 .
Cet abaque a été établi en prenant une valeur de permittivité
relative de 3,5. 4.5 Dimensionnement de l’écran
Si le câble étudié présente une permittivité relative ε r1 différente de mise à la terre
de 3,5, la capacité de service est :
Le dimensionnement de l’écran vis-à-vis des courants de court-
C 1 = C (ε r1 / 3,5) (4)
circuit monophasés sera indiqué paragraphe 5.6. La section d’écran
doit être telle qu’en fin de court-circuit la température ne dépasse
pas la température admissible par les constituants du câble adjacents
4.3.6 Conductance transversale à l’écran. En outre, il y a lieu de prendre en compte le mode de mise
à la terre de l’écran, qui peut influer sur le dimensionnement de l’âme
L’isolant d’un câble ne constitue pas une capacité parfaite. La et sur les conditions d’exploitation.
conductance transversale de l’isolant se déduit de la capacité : Du fait du couplage magnétique entre l’âme et l’écran métallique,
G = C ω tan δ (5) un câble peut être schématisé comme suit (figure 18).
tan δ étant la tangente de l’angle de pertes, caractéristique de ■ Si l’écran est mis à la terre au point A seulement, le circuit d’écran
chaque isolant. se comporte comme le secondaire d’un transformateur à vide : sous
l’effet de la circulation du courant I dans l’âme, une f.é.m. apparaît
entre A et B. En clair, l’extrémité de l’écran non mise à la terre est le
siège d’une montée en potentiel, proportionnelle au courant I et à la
longueur du câble.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 16 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
______________________________________________________________________________________________________ CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE

Figure 13 – Variation de la réactance


due à la présence des enveloppes de plomb
dans un câble unipolaire

■ Si l’écran est mis à la terre à ses deux extrémités, le circuit


d’écran se comporte comme le secondaire d’un transformateur mis
en court-circuit : il s’écoule dans l’écran un courant I e proportionnel
à I. Si l’écran a une faible résistance linéique, ce courant en pratique
inversement proportionnel à la résistance linéique peut engendrer
des pertes notables (de l’ordre de 25 % des pertes dans l’âme).
Pour la réalisation des liaisons HTB et THT, on cherche de pré-
férence à supprimer la circulation des courants dans les écrans. Pour
les liaisons de distribution, du fait de la faible valeur des courants
de court-circuit, les écrans sont minces et par conséquent présentent
une forte résistance. La mise à la terre de tous les accessoires
engendre des courants de circulation de très faible valeur.

4.6 Notion de longueur critique


■ Un câble isolé a une capacité linéique (§ 4.3.5) importante (de
l’ordre de 15 à 20 fois celle d’une ligne aérienne nue). Ainsi, il fournit
de la puissance réactive par le seul fait d’être sous tension ; cela se
traduit par la circulation dans les conducteurs d’un courant capacitif
Figure 14 – Variation de la capacité linéique cyclique C qui participe à son échauffement et limite donc la capacité de
pour un câble unipolaire transport du câble (figure 19). De même, si la charge sur laquelle est
connecté le câble est faible ou si le câble est à vide, la tension a
Ainsi, par exemple pour des câbles HTB posés en trèfle, l’élévation tendance à augmenter le long de ce dernier, ce qui peut le contraindre
de tension est de 50 V/(km · kA) en régime permanent triphasé équi- au-delà d’une tension maximale acceptable Vmax (tableau 10).
libré et de 210 V/(km · kA) en régime de court-circuit monophasé. Les Il est donc important, en particulier dans l’étude des liaisons
tensions maximales admissibles pour ces deux régimes sont res- longues de forte puissance, de définir le domaine de fonctionne-
pectivement de 400 V et 20 kV, ce qui définit la longueur maximale ment du câble. Deux notions ont été introduites :
autorisée sans mise à la terre.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 17
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

Figure 15 – Variation de la capacité d’un câble tripolaire

Cette notion extrêmement simple donne un premier ordre de


grandeur des longueurs critiques maximales. Mais il est clair
qu’elle ne permet pas de connaître la plage de fonctionnement
admissible des câbles sur une charge réelle définie par le triplet
(U ch , I ch , ϕ ch ).
Pour aborder ce problème, il faut considérer le câble comme un
élément à constantes réparties (figure 20), où r,  , c, g sont respec-
tivement la résistance linéique cyclique, l’inductance linéique
cyclique, la capacité linéique cyclique et la conductance linéique
cyclique. Pour faire les calculs on est conduit à considérer les carac-
téristiques linéiques cycliques en mode équilibré direct.
On montre dans ces conditions que le câble peut être représenté
par un quadripôle dont les caractéristiques tension-courant de sortie
Figure 16 – Liaison par câbles isolés : schéma en  équivalent
(Vch , I ch ) sont reliées aux caractéristiques d’alimentation (Valim ,
I alim ) par :
— la longueur critique en courant, qui reflète l’effet limitatif du
courant capacitif ; ch n x – Z C sh n x
— la longueur critique en tension, qui reflète l’effet de l’augmen- V ch V alim
tation de la tension le long d’une ligne à vide ou sur charge capacitive. = – sh n x
I ch ----------------------- ch n x I alim
■ Présentation du calcul ZC
Pour un câble donné, il existe une longueur de liaison pour laquelle
avec n = ( r + j ω ) ( g + jc ω ) facteur de propagation,
aucun courant utile ne pourra être délivré à la charge. Cette longueur
appelée longueur critique en courant est donnée par : r + j ω
ZC = ---------------------- impédance caractéristique.
g + jc ω
In Sn
x cri I = ---------------- = --------------------
- (11) D’une manière générale, on négligera la conductance, et, pour les
c ω Vn 3c ω V n
2
câbles de forte section, r   ω ;
À titre d’exemple, le tableau 11 présente le domaine de fonction- On a donc Z C = /c et n = ω c .
nement de quelques câbles. (0) L’atténuation est donc négligeable.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 18 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
______________________________________________________________________________________________________ CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE

Tableau 9 – Bilan des puissances avec les conventions de signe de la figure 17

Régime en ii ’ (i ∈ {1, 2}) Ui = 3 Vi Pi Qi Si =


2
Pi +Qi
2

p i′ Gx 2 q i′ Cx ω 2
- = --------- V i
-------- - = – -------------- V i
--------
Y 3 2 3 2
Pertes dans l’admittance Y i = -----
2 Gx Cx ω
2 2
p i′ = --------- U i q i′ = – -------------- U i
2 2

U
Régime en amont de l’admittance Yi V i′ = V i = -------i- P i′ = P i + ε p i′ Q i′ = Q i + ε q i′ S i′ = P i′ 2 + Q i′ 2
3

p S i′ 2 q S i′ 2
----- = R x ------------
2
- ----- = L x ω ------------
2
-
3 9V i 3 9V i
Pertes dans l’impédance Z
S i′ 2 S i′ 2
p = R x -----------
2
q = L x ω -----------
2
Ui Ui

S j′
V j′ = V j = -------- V i
S i′
Régime en amont de l’impédance Z P j′ = P i′ + ε p Q j′ = Q i′ + ε q S j′ = P j′ 2 + Q j′ 2
S j′
U j′ = U j = ---------- U i
S i′

p j′ Gx 2 q j′ Cx ω 2
--------- = --------- V j - = – -------------- V j
--------
Y 3 2 3 2
Pertes dans l’admittance Y j = -----
2 Gx Cx ω 2
2
p j′ = --------- U j q j′ = – -------------- U j
2 2

Régime en jj ’ (j ∈ {1, 2}) (1) P j = P j′ + ε p j′ Q j = Q j′ + ε q j′ 2 2


Uj = 3 Vj Sj = Pj +Qj
(1) avec les conventions de signe de la figure 16 (extrémité 1 émettrice ; extrémité 2 réceptrice) : ε = + 1 si i = 2 j = 1 ; ε = – 1 si i = 1 j = 2.

Figure 18 – Schématisation d’un câble


du point de vue du couplage magnétique

Figure 17 – Liaison par câbles isolés : bilan des puissances actives


et réactives

Tableau 10 – Tensions maximales et minimales


de fonctionnement des réseaux HT
Vn (kV) 63 90 225 400
Vmin (kV) 63 90 220 390
V max (kV) 72,5 100 245 420

Figure 19 – Détermination du courant capacitif

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 19
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

Tableau 11 – Domaine de fonctionnement de quelques câbles


Courant Longueur critique
Puissance Capacité linéique
Type de câble de capacité en courant
(MVA) (nF/km) (A/km) (km)
Câble 63 kV – 1 300 mm2 – Polyéthylène
(aluminium) 105 189 2 296
Câble 225 kV – 1 200 mm2 – Polyéthylène
(aluminium) 340 199 8 107
Câble 400 kV – 1 200 mm2 - Polyéthylène
(cuivre) 800 194 14 83

De même, si ζ  1 :

tan ω  c ζ 2 – 1
ϕ ch = arcsin ----------------------------- -----------------
ζ 2
donnera la puissance maximale.
■ Calcul du régime général
On peut calculer, quel que soit le déphasage entre courant et
tension sur la charge, la puissance maximale transmissible pour la
Figure 20 – Schéma équivalent d’un élément dx de câble
valeur ϕ ch . Pour cela, il faut calculer les pertes diélectriques p d et
les pertes Joule pJ sur la liaison, soit les pertes totales pJ + pd .
La puissance active délivrée à la charge est :
À partir de cela, on peut calculer les caractéristiques de fonction-
nement de la liaison. Pch = Vch Ich cos ϕ ch
■ Longueur critique en courant et la puissance réactive :
Dans ce cas, on a : Q ch = Vch Ich sin ϕ ch
Ich = 0
La puissance active au niveau de l’alimentation est :
I alim P C tan ( nx cri I )
et ------------ - = 1
- = -------------------------------------- Palim = Pch + pJ + pd (14)
In Sn
2
3V n et la puissance réactive est :
avec PC - puissance caractéristique,
= ------------
ZC
tan ω  c I ch
Q alim = – --------------------------- cos ( V 1 , I 1 ) – ------------------------- sin ( V 1 , I 2 ) (15)
S n = 3 V n In ζ tan ( n x )
tan –1 ( S n /P C ) ■ Exemples
donc x cri I = --------------------------------------
- (12)
ω c ● Considérons un câble 225 kV à isolation PE de section
1 200 mm2 en aluminium et une ligne aérienne de même niveau de
■ Longueur critique en tension tension 2 × 570 mm2 en almelec.
Elle est donnée par Vch = Vmax admissible. On calcule la puissance active (en unité réduite) sur la charge en
On montre que : fonction de la longueur de la liaison et de l’angle de déphasage de
2
la charge (figure 21).
V max Il est clair, d’une part, que la ligne peut transporter une puis-
tan –1 - –1
--------------
Vn sance active maximale sur une longueur plus importante que le
x cri V = ------------------------------------------------------ (13) câble, (à partir d’environ 20 km, les deux technologies sont bien
ω c différenciées). Mais, d’autre part, en fonction du caractère inductif
Ce sera le minimum (x cri I , x cri V ) qui fournira une indication de de la charge (pour le câble) et capacitif (pour la ligne), il y a effet
la longueur critique maximale admissible. de compensation et alors la zone de fonctionnement intéressante
est plus étendue.
Ce point sera encore plus remarquable dans l’exemple suivant.
● Considérons un câble 400 kV à isolation PE transportant une
4.7 Calcul de la puissance active puissance apparente de 690 MVA et dont les caractéristiques élec-
maximale transmissible triques linéiques sont les suivantes :
r = 1,7 · 10 –5 Ω/m
Sn  = 6 · 10 –7 H/m
On montre que si ζ = --------  1 (c’est le cas général), il existe un c = 190 nF/km
angle : PC
Z C = 56 Ω
tan ω  c 1 – ζ 2 La puissance caractéristique est : P C = 2 857 MW.
ϕ ch = arcsin ----------------------------- -----------------
ζ 2 Les longueurs critiques en courant et en tension sont
tel que la puissance fournie à la charge soit maximale. respectivement :
x criI = 83,4 km
x criV = 79,8 km

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 20 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
______________________________________________________________________________________________________ CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE

Figure 22 – Puissance active transmissible en fonction de la nature


de la charge et en fonction de la longueur x de la liaison souterraine
Figure 21 – Puissance active maximale transmissible
en fonction de la longueur de la liaison
ε r étant la permittivité relative du matériau d’isolation principale et
contraignent donc le câble et ses accessoires. Cela est particu-
Regardons en fonction de la longueur de la liaison la plage de lièrement vrai au niveau des ruptures d’impédances caractéristiques
fonctionnement intéressante (figure 22) pour une excursion du [par exemple entre lignes aériennes ( Z C ≈ 300 Ω ) et câbles
déphasage : (Z C ≈ 30 Ω) où se produit un phénomène de réflexions multiples
– 90o < ϕch < 90o conduisant à une augmentation de la tension pouvant atteindre (si
l’on néglige l’affaiblissement) deux fois la tension incidente initiale.
On voit donc que plus la longueur de la liaison est importante, Dans ces conditions, l’extrémité aérosouterraine est particuliè-
plus la plage de fonctionnement (puissance active transmissible à rement sollicitée. Cette contrainte est cependant d’autant moins
la charge) est étroite. On note naturellement le déplacement de importante que le câble est assez long pour que :
l’optimum vers les charges à caractère inductif. Dans ces condi- — le double du temps de propagation sur la longueur du câble
tions, on pourrait envisager une compensation à base d’induc- soit grand par rapport à la durée du front d’onde ;
tances shunt dont le réglage serait déterminé par le cos ϕ de la — l’amortissement de l’onde (dû aux pertes diélectriques)
charge. devienne sensible.
Dans ces conditions, les liaisons par câble les plus contraintes
sont celles de type entrée de poste (quelques centaines de mètres).
4.8 Contraintes transitoires Corrélativement, le câble joue alors un effet protecteur pour
l’appareillage, car il amortit les chocs électriques.

Les câbles isolés insérés dans un réseau sont soumis naturel-


lement à des régimes transitoires de tension liés, par exemple, à
l’actionnement d’un disjoncteur, à l’amorçage d’un éclateur ou d’un 4.9 Données numériques
parafoudre, ou lors d’un défaut diélectrique. Tous ces phénomènes
sont équivalents à l’application brusque d’une tension entre conduc-
teurs et assimilables à l’application d’un échelon de tension. Le tableau 12 rassemble les caractéristiques électriques de
Évidemment les constantes de temps de réponse des appareils quelques câbles utilisés couramment. Ces caractéristiques ont été
conduisent à une onde de tension appliquée dont la forme est plus calculées et s’écartent très peu des résultats mesurés lors d’essais.
ou moins amortie voire oscillante. Ces ondes se propagent dans les (0)
câbles à une vitesse :
v = c εr

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 21
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

Tableau 12 – Caractéristiques électriques de quelques câbles de section et tension courantes


Tension d’alimentation 400 kV 225 kV 90 kV 63 kV
poly- papier poly-
Type de câble.......................................................... huile fluide polyéthylène huile fluide oléostatique polyéthylène
éthylène imprégné éthylène
 section...................(mm2) 550 1 007 630 1 200 350 820 376 805 630 1 600 630 240 630
Conducteur 
 métal ................................ Cu Cu Al Cu Cu Cu Cu Cu Al Cu Al Al Al
Tension spécifiée ............................................ (kV) 220 220 230 230 130 130 130 130 130 130 52 36,3 36
Température limite de l’isolant θmax ............ (oC) 85 85 70 70 85 85 85 85 70 70 70 85 70
Résistance linéique par phase :
 — en courant continu
 à 20 oC ............................... (en 10 –6 Ω /cm) 0,326 0,178 0,469 0,151 0,513 0,219 0,477 0,223 0,469 0,113 0,469 1,23 0,469

 — en courant alternatif
 à θmax (oC) ........................ (en 10 –6 Ω /cm) 0,421 0,249 0,582 0,192 0,651 0,288 0,635 0,361 0,584 0,151 0,586 1,46 0,588
Capacité .................................................... (µF/km) 0,252 0,256 0,126 0,166 0,205 0,297 0,229 0,320 0,154 0,210 0,185 0,259 0,226
Gradient de potentiel maximal ................ (kV/m) 15,4 13,1 13,3 12,9 10 8,8 12,4 10,7 9,2 8,1 4,4 4,1 3,8
Inductance propre du conducteur ..... (mH/km) 0,374 0,363 0,457 0,401 0,390 0,340 – – 0,414 0,357 0,384 0,399 0,361
Réactance du conducteur ......................(Ω/km) 0,117 0,114 0,143 0,125 0,123 0,107 – – 0,130 0,112 0,121 0,125 0,113
Impédance caractéristique Z C ..................... (Ω) 41 39 60 49 47 37 – – 52 41 46 49 40
Pertes diélectriques
par phase (2) ............................. (en 10 –3 W/cm) 180 163 8 11 43,4 57,9 54,8 76,5 3 4 1 10,7 1
Canalisation avec mise à la terre des gaines à
une seule extrémité :
 — courant admissible (1).........................(A) 600 840 590 970 615 931 – – 610 1 210 600 338 625

 — pertes Joule dans le conducteur
 par phase (2) .................................(W/cm) 0,151 0,176 0,204 0,181 0,246 0,257 – – 0,219 0,220 0,213 0,166 0,230

 — pertes dans les gaines
 par phase (2) ...................(en 10–3 W/cm) 12,9 18,2 33 89 6,14 22,5 – – 82 34 4 1,2 3
Canalisation avec mise à la terre des gaines
aux deux extrémités :

— courant admissible (1)..........................(A) 531 746 530 728 593 833 573 775 580 980 580 335 610
— pertes Joule dans le conducteur

 par phase (2) ..................................(W/cm) 0,119 0,139 0,163 0,102 0,229 0,206 0,209 0,217 0,196 0,146 0,200 0,163 0,219

— pertes dans les gaines
 par phase (2) ................... (en 10 –3 W/cm) 59,3 71 89 190 31,9 92,2 14,5 31,7 38 125 20 6,02 17
Les câbles unipolaires sont placés en trèfle jointifs dans un caniveau.
(1) Le courant admissible correspond à une pose enterrée à une profondeur de 1,3 m, pour une température ambiante de 15 oC et une résistivité thermique du sol
de 0,85 K · m · W –1.
(2) Pour les pertes, cf. paragraphe 5.

5. Capacité de transport 5.2 Pertes linéiques


des câbles On distingue :
— les pertes Joule, liées à la circulation de courant dans les
5.1 Généralités parties métalliques ;
— les pertes diélectriques, liées à l’application de la tension.
La détermination de la capacité de transport s’effectue à partir de
la température admissible par l’isolant en contact avec l’âme
(celle-ci constituant le point le plus chaud du câble), en prenant en 5.2.1 Pertes Joule
compte l’ensemble des pertes à l’intérieur du câble et les transferts
thermiques du câble vers le milieu ambiant. 5.2.1.1 Dans l’âme
Généralement, on est amené à calculer l’intensité de courant
admissible pour un câble de section donnée ; les calculs sont effec- Elles sont égales à R I 2, où R est la résistance linéique de l’âme
tués selon les modalités de la publication CEI 287. Inversement, on en courant alternatif, à la température de fonctionnement du câble,
peut aussi déterminer la section nécessaire pour faire transiter une compte tenu des effets de peau et de proximité :
intensité de courant fixée à l’avance. R = R20 [1 + α 20 (θ – 20)][1 + Ys + Yp ] (16)

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 22 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
______________________________________________________________________________________________________ CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE

avec R20 (Ω · km–1) résistance linéique maximale en courant ■ Il n’en est pas de même pour les câbles de transport (  63 kV ) de
continu à 20 o C (NF C 32-013), rappelée au
tableau 13 pour les différentes sections forte section (  630 mm 2 ) . Pour la détermination de ces coeffi-
normalisées, cients, la publication CEI 287 propose des formules.
Yp facteur d’effet de proximité, Par exemple, pour un câble à 90 kV, en aluminium, de section d’âme
Ys facteur d’effet de peau, câblée 1 200 mm2, fonctionnant à 70 oC, les coefficients Y s et Y p (pour
α 20 (K –1) coefficient de variation à 20 oC de la résistance une pose en trèfle) valent respectivement 8,7 et 6,9 %. Les effets de
électrique (tableau 14), peau et de proximité ont donc pour conséquence une majoration de
l’ordre de 15,6 % de la résistance de l’âme pour un fonctionnement à
θ (oC) température de service de l’âme.
70 oC.
Remarque : les notations sont celles de la publication CEI 287. (0)
■ La segmentation (§ 2.1) des âmes de fortes sections réduit consi-
dérablement les effets de peau et de proximité.
Tableau 13 – Résistance linéique maximale, R 20 ,
en courant continu, d’âmes câblées, à 20 oC 5.2.1.2 Dans les revêtements métalliques
[d’après norme NF C 32-013] Lorsque le câble comporte de tels revêtements (gaine, armure,
écran, frettage...), il faut prendre en considération les courants de
Section R20 (Ω · km–1) circulation, les courants de Foucault et les phénomènes d’hystérésis
nominale provoqués par le courant alternatif transité par l’âme (ou les âmes)
de l’âme Âmes en cuivre du câble.
Âmes
(mm2) en aluminium Les effets produits par ces courants et ces phénomènes magné-
brins nus brins isolés
tiques sont pris en compte en augmentant fictivement la résistance
1,5 12,1 12,2 linéique de l’âme R (Ω · km–1) d’une quantité ∆ R (Ω · km–1) telle que :
2,5 7,41 7,56 ∆R = λ1 R + λ2 R (17)
4 4,61 4,70 7,41
6 3,08 3,11 4,61 avec λ1 R résistance linéique supplémentaire pour les pertes
10 1,83 1,84 3,08 Joule par courants de circulation ( λ ′1 R ) et par
16 1,15 1,16 1,91
25 0,727 0,734 1,20 courants de Foucault ( λ1″ R ) dans la gaine ou l’écran :
35 0,524 0,529 0,868
λ 1 R = ( λ 1′ + λ ″1 )R (18)
50 0,387 0,391 0,641
95 0,193 0,195 0,320 λ2 R résistance linéique supplémentaire pour les pertes
150 0,124 0,126 0,206 dans l’armure ou le frettage.
240 0,075 4 0,076 2 0,125
Pour les câbles de transport, ces pertes peuvent être notables. Si
400 0,047 0 0,047 5 0,077 8
l’on veut traiter tous les types de câbles isolés et les différentes
630 0,028 3 0,028 6 0,046 9
connexions de gaines possibles, les calculs de λ1 et λ 2 nécessitent
800 0,022 1 0,022 4 0,036 7
un long développement. Les calculs sont exposés en détail dans la
1 000 0,017 6 0,017 7 0,029 1 publication CEI 287.
1 200 0,015 1 0,024 7 On donne ci-après des indications sur le type de pose de loin le
1 600 0,011 3 0,018 6 plus courant en France, à savoir la pose de trois câbles unipolaires
2 000 0,009 0 0,014 9 disposés en triangle ou trèfle.

(0) 5.2.1.3 Cas des câbles unipolaires en triangle


Tableau 14 – Résistivités électriques  20
et coefficients  20 de variation de la résistance électrique, 5.2.1.3.1 Résistance supplémentaire  1 R
à 20 oC, des métaux de gainage et d’armure Deux cas sont à considérer, selon le mode de connexion choisi,
[d’après publication CEI 287] pour les gaines ou les écrans.
■ Si les gaines ou les écrans sont reliés entre eux et mis à la terre
 20  20 aux deux extrémités de la liaison, seules les pertes dues aux
Métal
courants de circulation ( λ1′ R I 2 ) sont à prendre en considération ;
(en 10 –8 Ω · m) (en 10 –3 K –1)
les pertes par courants de Foucault ( λ ″1 RI 2 ) sont négligeables.
Plomb et alliages ....................... 21,4 4,0
Acier ........................................... 13,8 4,5 La résistance linéique (en Ω · km–1) supplémentaire [relation (18)]
Bronze ........................................ 3,5 3,0 à introduire pour tenir compte de ces pertes est donnée par :
Acier inoxydable........................ 70,0 négligeable
Aluminium ................................. 2,84 4,03 Re
λ 1 R = λ1′ R = -----------------------------------
- (19)
1 + ( R e /X e ) 2
–1
■ Pour les câbles BT et HTA (  30 kV ) , dont les sections sont ● La résistance linéique R e (Ω · km ) de la gaine ou de l’écran à
leur température de fonctionnement θ ’ est :
généralement inférieures à 630 mm 2 , les termes Y s et Y p sont
négligeables. ρ 20
R e = ---------- [ 1 + α 20 ( θ ′ – 20 ) ]
e

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 23
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

● La section  e de la gaine ou de l’écran est exprimée en milli- 5.2.2 Pertes diélectriques


mètres carrés et la résistivité ρ 20 en 10– 9 Ω · m.
L’isolant du câble ne constitue pas une capacité parfaite (§ 4.3.4
● La réactance linéique X e (Ω · km–1) de la gaine ou de l’écran est : et 4.3.5) : le courant de charge est en avance sur la tension d’un
angle δ :
2s
 
X e = 0,2 ω ln -------- 10 – 3
d
(20) ϕ = (π /2) – δ
Il en résulte des pertes diélectriques linéiques par phase (en
avec d (cm) diamètre moyen de la gaine ou de l’écran, W · m–1), données par :
ω (s–1) pulsation du courant (= 2 πf ), pd = c ωV 2 tan δ (23)
s (cm) entraxe. avec c (F · m–1) capacité linéique cyclique du câble,
Dans le cas d’une pose en trèfle, l’entraxe est égale au diamètre V (V) tension entre l’âme et l’écran métallique,
extérieur de chacun des câbles unipolaires.
tan δ facteur de dissipation diélectrique.
Les valeurs de la résistivité ρ 20 et du coefficient α 20 sont
données dans le tableau 14 pour les différents métaux utilisés Pour les câbles unipolaires, de loin les plus usités, ou pour les
pour les gaines (le plus souvent plomb ou aluminium). câbles tripolaires à champ radial, la capacité linéique cyclique
(en F · m –1) vaut [relation (3)] :
■ Si les gaines ou les écrans sont reliés entre eux et mis à la terre à
une seule extrémité de la liaison ou encore sectionnés et trans- 10 –9 ε r
c = ---------------------------------
posés, on peut admettre que les pertes dues aux courants de circu- 18 ln ( r 2 /r 1 )
lation dans les gaines ( λ 1′ RI 2 ) sont négligeables ; seules sont à
Les valeurs typiques de ε r et tan δ, pour les isolants les plus
prendre en compte les pertes par courants de Foucault ( λ 1″ R I 2 ) . habituels, sont données dans le tableau 15. (0)
La résistance linéique (en Ω · km–1) supplémentaire à introduire
pour tenir compte de ces pertes est donnée [d’après (18)] par la
formule expérimentale : Tableau 15 – Valeurs typiques de la permittivité
relative  r et du facteur de pertes tan 
(d /2 s ) 2
 
d 2 pour les isolants utilisés dans les câbles HTA, HTB et THT
λ1 R = λ ″1 R = A 1 R e ----------------------------------------------------------------------
- 1 + A 2 -------- (21)
( R e ⋅ 10 4 / ω ) 2 + 0,2 ( 2s /d ) 2s
tan  à  max
avec les mêmes notations que précédemment et, pour une pose en Matériau isolant  r à  max
trèfle : (en 10– 4 )

A1 = 3 A2 = 0,417 Papier imprégné.................................. 4 100


Huile fluide basse pression ................ 3,3 40
Huile fluide haute pression ................ 3,5 45
5.2.1.3.2 Résistance supplémentaire  2 R
 (  30 kV ) ............. 3 200
Deux cas sont à considérer, selon que les matériaux constituant EPR 
les armures ou les frettages sont non magnétiques ou magnétiques.  (> 30 kV) ................ 3 50
PVC....................................................... 8 1 000
■ Matériaux non magnétiques : le procédé général est de combiner
PEbd et PEhd ....................................... 2,3 10
le calcul des pertes dans le frettage avec celui des pertes dans la
gaine. On utilise les formules (19) ou (21) (selon le mode de  (  30 kV ) ............. 2,5 40
connexion choisi) et l’on remplace la résistance linéique R e de la PR non chargé 
 (> 30 kV) ................ 2,5 10
gaine par la résistance linéique R eq (en Ω · km–1) équivalant aux
PR chargé (> 30 kV)............................. 3 50
résistances linéiques de la gaine et de l’armure ou du frettage
R A (en Ω · km–1), considérées comme étant en parallèle :
R eq = Re RA /(R e + RA ) (22) Ces valeurs sont relatives à la température maximale admissible
de l’isolant et applicables à la plus haute tension de dimensionne-
Si le pas de frettage est très court (rubans circonférentiels), la résis- ment du câble unipolaire.
tance R A est considérée comme infinie ; s’il est très long (rubans En particulier, le facteur de dissipation tan δ peut varier légèrement
longitudinaux), elle est calculée comme celle d’un cylindre ayant la avec la température et la tension. Cette situation peut provoquer un
même masse par unité de longueur et le même diamètre intérieur. claquage par instabilité thermique (phénomène d’emballement ther-
Dans les formules (19) et (21), on remplace également le diamètre mique) si l’on ne prend pas les précautions nécessaires.
moyen d de la gaine par la moyenne quadratique des diamètres de Pour les isolants synthétiques les plus couramment utilisés
la gaine et du frettage. aujourd’hui, les pertes diélectriques sont négligeables (représentant
■ Matériaux magnétiques : le procédé consiste, comme pour les moins de 0,3 % des pertes totales du câble à sa charge nominale).
matériaux non magnétiques, à combiner le calcul des pertes dans la En pratique, elles ne sont à prendre en compte qu’au-delà des valeurs
gaine et dans l’armure ou le frettage. de tensions indiquées tableau 16. (0)
On détermine tout d’abord l’inductance des éléments du circuit
par phase : inductance due à la gaine et composantes de l’inductance
dues à l’armure ; de nombreux paramètres interviennent. 5.3 Transferts thermiques
La méthode de calcul est développée, dans la publication CEI 287,
pour des câbles unipolaires avec gaines en plomb et armures de fils
d’acier, dans le cas où l’armure et la gaine sont jointes aux deux ■ Les pertes engendrées dans les différents éléments du câble
extrémités. sont dissipées vers le milieu environnant, en traversant les divers
constituants.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 24 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
______________________________________________________________________________________________________ CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE

Tableau 16 – Tensions (entre phases) Tableau 17 – Caractéristiques thermiques des matériaux


à partir desquelles il y a lieu de tenir compte d’isolation et de gainage les plus courants
des pertes diélectriques
Résistivité Capacité
Tension thermique thermique
Matériau isolant volumique
(kV) Matériaux  th
c
Papier imprégné .....................................  66
(K · m · W –1) (106 J · K–1 · m–3)
Huile fluide ..............................................  110
EPR ..........................................................  110 MATÉRIAUX D’ISOLATION
PVC ..........................................................  10
EPR
PEbd et PEhd ..........................................  225
PR (non chargé) ......................................  225 câbles  30 kV ................ 3,5 2,0
PR (chargé)..............................................  110 câbles > 30 kV .................. 5,0 2,0
PVC
On désigne habituellement par : câbles  3 kV ................ 5,0 1,7
• R th 1 (K · m · W –1), la résistance thermique linéique entre l’âme câbles > 3 kV .................... 6,0 1,7
et la gaine ou l’écran métallique ;
PEhd et PEbd ........................... 3,5 2,4
• R th 2 (K · m · W –1), la résistance thermique linéique entre la
gaine ou l’écran métallique et l’armure ; PR ............................................. 3,5 2,4
• R th 3 (K · m · W –1), la résistance thermique linéique de la gaine
MATÉRIAUX DE GAINAGE
extérieure ;
• R th 4 (K · m · W –1), la résistance thermique linéique entre la PVC
surface du câble et le milieu environnant.
câbles  30 kV ................ 5,0 1,7
On considère que les pertes diélectriques sont produites en
totalité au milieu de l’épaisseur de l’enveloppe isolante. câbles > 30 kV .................. 6,0 1,7
PE ............................................. 3,5 2,4
■ Sur le plan thermique, un câble peut donc être représenté par le
circuit de la figure 23. AUTRES CONSTITUANTS
Pour un constituant de forme cylindrique, de résistivité EPR semiconducteur............... 3,5 2,1
thermique ρ th (K · m · W –1) et de diamètres extérieur d ext et
intérieur d int , la résistance thermique R th (K · m · W –1) est donnée PE et PR semiconducteurs ..... 2,5 2,4
par l’expression :
ρ th d ext
R th = --------- ln ------------ (24)
2π d int

● Les résistivités thermiques des matériaux d’isolation et de


gainage les plus courants sont données tableau 17. (0)
● Les résistivités thermiques des constituants métalliques sont
très faibles, comparées à celles des matériaux d’isolation et de
gainage. On considère donc que leur résistance thermique est nulle.

5.4 Environnement thermique

Deux cas sont à considérer, selon que le câble est enterré ou


posé à l’air libre.

5.4.1 Pose enterrée

5.4.1.1 Généralités
Figure 23 – Représentation thermique d’un câble
On considère que la surface du sol est une isotherme (hypothèse
de Kennely). La valeur de R th 4 (en K · m · W –1) est alors, en reprenant
les symboles du paragraphe 5.3 : — pour 3 câbles posés en trèfle jointif :
— pour 1 seul câble : ρ th
ρ th R th 4 = --------- ( ln2 ν + 2ln ν ) (27)

R th 4 = --------- ln2 ν (25)
2π avec ν = 2 /d ext ; les formules ci-dessus ne sont valables
— pour 3 câbles posés en nappe : que pour ν  10 ,
ρ th  (m) distance de l’axe du câble (ou du centre du trèfle) à la
 ln2 ν + ln ------------------------
4 + s
-
2 2
R th 4 = --------- (26) surface du sol,
2π s 2
s (m) entraxe entre deux câbles voisins (figure 11).

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 25
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

5.4.1.2 Caractéristiques thermiques du sol • résistivité thermique du sol : 1,2 K · m · W –1,


• température du sol : 20 oC.
Elles dépendent de la nature du sol, de son degré de compac-
— en période d’hiver (dates approximatives : 16 octobre au
tage, de son taux d’humidité et, par conséquent, de la période de
14 avril) :
l’année.
• résistivité thermique du sol : 0,85 K · m · W –1,
Trois paramètres thermiques, caractérisant le sol, sont liés par la • température du sol : 10 oC.
relation :
ρ thc δ th = 1 (28) Dans les régions méditerrannéennes, on ajoute 5 oC aux tem-
pératures du sol que l’on vient d’indiquer.
avec c (J · K –1 · m– 3 ) capacité thermique volumique,
δ th (m2 · s –1) diffusivité thermique,
5.4.2 Pose à l’air libre
ρth (K · m · W –1) résistivité thermique.
Sous l’effet de la chaleur dégagée par le câble, le taux d’humidité Dans la mesure du possible, des dispositions doivent être prises
autour de ce dernier diminue. L’augmentation de résistivité ther- pour protéger les câbles du rayonnement solaire direct.
mique qui en résulte provoque une augmentation de température
du câble. Dans le calcul du courant admissible, il y a lieu, si néces- ■ La résistance thermique R th 4 (en K · m · W –1) est donnée par la
saire, de tenir compte de la présence d’une zone sèche autour du formule :
câble. 1
R th 4 = ------------------------------------------------ (30)
π d ext h th ( ∆ T  ) 1/4
5.4.1.3 Mesure des paramètres thermiques
A
■ La détermination de la résistivité thermique ρ th peut se faire in avec -+Γ
h th = ------------------- (31)
( d ext ) n
situ par la méthode de l’aiguille thermique [15].
■ La détermination de la diffusivité thermique δ th peut se faire en avec h th (W · m–2 · K –5/4 ) coefficient d’émission de chaleur obtenu
laboratoire, sur un échantillon prélevé, par la méthode Shannon et à partir de la formule (31), en utilisant les
Wells [16]. valeurs appropriées des constantes A, Γ
et n données dans le tableau 18,
■ La capacité thermique volumique (en 10 3 J · K –1 · m – 3 ) est ∆T  ( K ) échauffement de la surface du câble par
donnée par l’expression : rapport à la température ambiante Ta(0) .
c = m v (0,82 + 0,042 η ) (29)
■ L’échauffement ∆T  est donné par l’équation :
avec m v (kg · m– 3 ) masse volumique à sec,
( 1 + λ 1 + λ 2 ) ( ∆T + ∆T d – ∆T  )
η (en % de la masse sèche) teneur en humidité.
R th 1
- + R th 2 ( 1 + λ 1 ) + R th 3 ( 1 + λ 1 + λ 2 ) (32)
= πd ext h th ( ∆T  ) 5/4 -------------
5.4.1.4 Caractéristiques d’un bon sol N
Les conditions suivantes permettent d’avoir une résistivité
N λ 2 R th 2
- – -----  R
 -----------------------------
thermique d’environ 0,85 K · m · W –1, qui est une valeur pour un 1 1
avec ∆T d = p d – -----------------------------
- (33)
bon sol : 1+λ +λ 1 2 2 th 1 1 + λ1 + λ2
— masse volumique à sec : m v > 1,8 · 103 kg · m– 3 ;
— résistivité thermique à l’état humide : ρ th h < 0,5 K · m · W –1 ; où pd (W · m–1 ) pertes diélectriques par unité de longueur et par
— résistivité thermique à l’état sec (η = 0) : ρ th s < 1 K · m · W –1 ; phase [cf. relation (23)],
— teneur en eau du sol, au voisinage des câbles : η  3 % . ∆T (K) échauffement du conducteur au-dessus de la
L’expérience montre que, pour obtenir ces caractéristiques, il faut température ambiante,
proscrire, pour le remblayage des tranchées, les gravats, détritus, N nombre de conducteurs d’un câble.
mâchefer, sols trop argileux et, d’une façon générale, les sols mal Les câbles revêtus de jute et les câbles ayant une surface non
compactables (il faut avoir m v > 1,8 · 10 3 kg · m–3 ), qui conduisent métallique doivent être considérés comme ayant une surface noire.
à la présence de vide interstitiel et donc à une résistance thermique Pour les câbles non revêtus de jute, à plomb nu ou armure nue, il
élevée. faut prendre une valeur de h th égale à 88 % de la valeur donnée
pour les surfaces noires.
5.4.1.5 Remblais contrôlés En France, la température de l’air est habituellement prise égale
à 20 oC en hiver et 30 oC en été.
Lorsque les terrains sont de mauvaise qualité, il faut utiliser, lors
du remblayage, des sols de bonnes résistivités thermiques pour
pallier les mauvaises qualités de l’environnement. Ce sont les
remblais à caractéristiques thermiques contrôlées, dits simplement 5.5 Détermination de la capacité
remblais contrôlés. de transport
Les remblais contrôlés sont, en général, constitués de matériaux
à granulométrie étagée et à forte proportion de silice. Les graves 5.5.1 Régime permanent
silico-calcaires et les matériaux tout-venant, employés pour le
soubassement des chaussées, conviennent souvent. Cette tech- On entend par régime permanent la circulation continue d’un
nique est cependant peu utilisée en France, car il existe un risque courant alternatif de valeur efficace constante (facteur de charge
de migration du remblai sous l’effet de l’eau. 100 %) juste suffisant pour atteindre asymptotiquement la tempé-
rature maximale du conducteur, en supposant que les conditions
5.4.1.6 Hypothèses thermiques conventionnelles du milieu ambiant restent inchangées.
En l’absence de renseignements précis, on peut prendre les Pour déterminer la capacité de transport, ou intensité de courant
valeurs conventionnelles suivantes, définies en France : admissible du câble, il y a lieu de considérer :
— en période d’été (dates approximatives : 15 avril au — d’une part, la température maximale admissible à la surface
15 octobre) : de l’âme, qui dépend de la nature de l’isolant ;

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 26 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
______________________________________________________________________________________________________ CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE

Tableau 18 – Valeurs des constantes A, , n pour câbles à surface noire, posés à l’air libre,
pour certaines dispositions (d’après publication CEI 287)
Installation A n Distance à la paroi (1)

INSTALLÉS SUR DES CONSOLES NON CONTINUES, SUPPORTS OU BRIDES (d ext < 0,15 m)

Un seul câble 0,21 3,94 0,60  0,3 d ext

Trois câbles posés en trèfle 0,96 1,25 0,20  0,5 d ext

Trois câbles jointifs, en nappe horizontale 0,62 1,95 0,25  0,5 d ext

Trois câbles jointifs, en nappe verticale 1,61 0,42 0,20  1,0 d ext

Trois câbles espacés de d ext , verticaux 1,31 2,00 0,20  0,5 d ext

ATTACHÉS DIRECTEMENT À UNE PAROI VERTICALE (d ext < 0,08 m)

Un seul câble 1,69 0,63 0,25

Trois câbles posés en trèfle 0,94 0,79 0,20

(1) dext diamètre extérieur d’un câble

— d’autre part, les pertes engendrées au sein du câble et les 5.5.1.2 Expression du courant admissible
échauffements qui en résultent (§ 5.2).
Connaissant la température ambiante Ta et la température
maximale admissible T au niveau de l’âme (figure 23), la valeur de
5.5.1.1 Température maximale admissible l’intensité maximale du courant en régime permanent est donnée
Elle est donnée tableau 19, pour les isolants les plus couram- par la formule :
ment utilisés actuellement. Les valeurs indiquées pour le régime
permanent ont fait l’objet d’accords internationaux (publications ∆T – p d [ 0,5R th 1 + N ( R th 2 + R th 3 + R th 4 ) ] 1/ 2
I p = ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ (34)
CEI 502 et CEI 840). (0) RR th 1 + NR ( 1 + λ 1 ) R th 2 + NR ( 1 + λ 1 + λ 2 ) ( R th 3 + R th 4 )

avec R résistance linéique de l’âme prise à sa température


maximale.
En ce qui concerne le nombre N de conducteurs chargés, on
prend :
N = 1 pour trois câbles unipolaires, en prenant alors pour R th 4
les expressions des formules (26) ou (27) ;
N = 3 pour un câble tripolaire ou pour 3 câbles unipolaires posés
en fourreau.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 27
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

— l’amplitude de chaque valeur horaire est élevée au carré, pour


Tableau 19 – Température maximale admissible donner 24 valeurs représentant le cycle des pertes par effet Joule ;
de l’âme suivant la nature de l’isolant les amplitudes sont notées H 0 à H 23 ;
— on définit le facteur de charge des pertes µ ch égal à :
Température maximale
de l’âme 23
1
Isolant
µ ch = --------
24 ∑ Hi (35)
Régime Court-circuit i=0
permanent (durée  5 s )
— on calcule ensuite un facteur de capacité de transport cyclique,
(oC) (oC) noté CTC (CTC > 1), prenant en compte le nombre de câbles et leur
mode de pose (en pleine terre ou en fourreaux) ;
CÂBLES 1 à 30 kV — le courant maximal admissible à la pointe vaut :
PVC I = CTC Ip
— section d’âme  300 mm 2 . 70 160
— section d’âme > 300 mm2 .... 70 140 où I p est la valeur du courant admissible en régime permanent
(§ 5.5.1.2).
PEbd (1)
— section d’âme  300 mm 2 . 70 150 ■ Pour les câbles de tension inférieure ou égale à 30 kV, l’expres-
— section d’âme > 300 mm2 .... 70 130 sion du facteur CTC est la suivante :
PR.................................................. 90 250
1
EPR ............................................... 90 250 CTC = ----------------------------------------------------------------------------------------------------
- (36)
[ ( 1 – k )H 0 + k { B + µ ch [ 1 – β ( 6 ) ] } ] 1/2
CÂBLES > 30 kV
B est une somme pondérée de coefficients proportionnels aux
PEbd ............................................ 70 150 pertes et de fonction ϕ (i ) = β (i + 1) – β (i ) avec i de 1 à 5 ;
PEhd ............................................ 80 180 β (6) est le facteur d’approche de la température de la surface
PR ................................................ 90 250 extérieure du câble pris au bout de 6 h de fonctionnement [sachant
(1) avec écran semiconducteur sur âme que β (∞) = 1] ;
pJ R th 4
avec k = --------------------
- (37)
∆T
5.5.2 Régime cyclique avec pJ (W · m –1)pertes linéiques totales par effet Joule à la
température maximale de fonctionnement.
5.5.2.1 Généralités Les valeurs de B et 1 – β (6) sont données par les tables de la
publication CEI 853-1.
En fait, à l’exception de certains réseaux industriels, les câbles tran-
sitent rarement une intensité de courant constante dans le temps.
Le plus souvent, ils transitent une charge cyclique, c’est-à-dire de 5.5.3 Régime de surcharge
forme quelconque, mais se répétant identiquement à elle-même à
intervalles réguliers. C’est notamment le cas des câbles des réseaux
de distribution qui ont des cycles de charge dont la forme se répète 5.5.3.1 Généralités
toutes les 24 h. Lors de circonstances exceptionnelles, un câble peut être amené
La valeur maximale du courant transité n’est atteinte que à transiter, pendant une durée limitée, une charge notablement
pendant une courte période du cycle ; pendant le reste du cycle, le supérieure à celles qui correspondent aux régimes permanent ou
courant transité est souvent très inférieur à cette valeur maximale. cyclique. On parle alors de surcharge d’urgence ou de secours.
C’est le cas, par exemple, lorsqu’ à la suite d’un incident sur une
■ Lorsque les câbles sont posés à l’air libre, la température de liaison, la charge de celle-ci doit être momentanément reportée sur
l’âme suit les variations du courant de charge de manière suffisam- une ou plusieurs autres liaisons voisines.
ment rapide pour que les cycles journaliers habituels ne permettent
On admet alors que, pendant une durée généralement limitée à
pas des charges dont la valeur de pointe soit plus élevée que la
quelques heures, les conducteurs soient portés à une température
valeur en régime permanent (§ 5.5.1).
excédant celle des régimes permanent et cyclique.
■ Par contre, lorsque les câbles sont enterrés, leur inertie ther- Le tableau 20 donne des indications sur les températures
mique leur permet de transiter momentanément une charge plus maximales admises, pour les isolants des câbles HTA, HTB et THT
élevée que celle qui correspond au régime permanent, sans pour utilisés en France sur les réseaux de distribution et de transport.
autant que l’âme dépasse la température maximale admissible
En tout état de cause, le comportement global du câble dépend
(tableau 19).
également de sa constitution (unipolaire, tripolaire, forme des
conducteurs), du fait des contraintes thermiques et mécaniques
5.5.2.2 Détermination du courant admissible importantes qui lui sont imposées. C’est pourquoi des câbles diffé-
La détermination du courant admissible en régime cyclique sup- rents, ayant pourtant le même isolant, peuvent avoir des tempé-
pose que l’on a, au préalable, calculé le courant admissible en ratures admissibles en surcharge différentes.
régime permanent (§ 5.5.1).
Le mode de calcul fait l’objet de deux publications : publication 5.5.3.2 Expression du courant admissible
CEI 853-1 pour les câbles de tensions (phase-terre/entre phases) Pour les câbles de toutes tensions, la méthode de calcul du cou-
inférieures ou égales à 18/30 kV et publication CEI 853-2 pour les rant admissible en surcharge de secours est donnée dans la publi-
câbles de tension supérieure à cette valeur. cation CEI 853-2.
■ On trouvera ci-après un résumé de la méthode de calcul : On considère d’abord que le câble transite un courant constant I1 ,
— le cycle de charge journalier est divisé en 24 valeurs horaires, appliqué depuis un temps suffisamment long pour que les conditions
la valeur maximale du cycle étant prise égale à l’unité ; du régime permanent soient atteintes.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 28 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
______________________________________________________________________________________________________ CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE

Lorsque, par exemple pour des impératifs d’exploitation, les


Tableau 20 – Températures maximales admises, écrans métalliques doivent être mis à la terre à leurs deux extrémités,
en régimes de secours, sur certains types de câbles EDF ils sont le siège d’un courant I e tel que :

Température Durée Le ω
Type de câble I e = – j --------------------------- I (39)
(oC) maximale Re + j Le ω
24 h par an Ainsi, pour des écrans de faible résistance linéique, ce courant
par fractions de circulation peut devenir très élevé. En outre, si ω augmente
Câble 20 kV isolant PR (1)........ 120 maximales (présence d’harmoniques), les écrans sont le siège de pertes
de 3 h
supplémentaires. Ces considérations s’appliquent également si les
Câbles 63 à 400 kV (2) câbles comportent une armure.
● isolant PEbd ..................... 80 1 000 h Dans certaines industries, des câbles sont utilisés pour alimenter
● isolant PEhd ..................... 90 pendant la des moteurs à vitesse variable de forte puissance. Les courants
durée de vie
● isolant PR ......................... 100 transités par ces câbles sont pratiquement des signaux carrés ; ils
du câble
comportent des harmoniques de rang 6 k ± 1, la fréquence fonda-
(1) spécification HN 33-S-23 (2) spécifications HN 33-S-51, 52, mentale étant comprise entre 60 et 100 Hz, suivant les carac-
53 et 54
téristiques du moteur.
Les pertes augmentent du fait des harmoniques :
À un instant donné t = 0, on applique une surcharge de secours — dans l’âme, avec l’augmentation des effets de peau et de pro-
d’intensité I 2 , pendant une durée totale donnée t. ximité [formule (16)] ;
La question est de savoir quelle peut être la valeur de I 2 pour que, — dans les revêtements métalliques, pour les raisons que l’on
en fin de surcharge, l’échauffement de l’âme au-dessus de l’ambiante vient d’évoquer.
soit égale à ∆ T max . Cette valeur est donnée par l’expression Dans ce cas, les règles de calcul de la publication CEI 287 ne
suivante : peuvent s’appliquer directement, du fait du caractère non sinusoïdal
1/2 du courant. La méthode consiste à fixer une section de câble et à
 k 2 R 1 ( R p / R max ) [ r ∆ T – ( k 2 R 1 / R p ) ]  déterminer la puissance que le câble peut dissiper dans ses condi-
I 2 = I p  --------------- ------------------------------------------------------------------------------  (38)
 R max ∆T p ( t ) / ∆ T p ( ∞ )  tions d’installation, à partir des formules usuelles indiquées dans ce
paragraphe [17]. Cette puissance maximale correspond à la somme
avec Ip courant nominal permanent ou facteur de charge de des pertes Joule dans l’âme et dans les revêtements métalliques,
100 % [relation (34)], pour la température maximale admissible par l’isolant et pour la fré-
quence fondamentale.
R1 résistance de l’âme en courant alternatif, avant
l’application de la surcharge (c’est-à-dire pour le Soit P cette valeur maximale admissible. Connaissant l’amplitude
courant I1 ), du courant, harmonique par harmonique (tableau 21), on calcule la
puissance réelle dissipée, en sommant les pertes Joule dans l’âme
R max résistance de l’âme en courant alternatif en fin de
et dans les revêtements, les pertes diélectriques étant négligées.(0)
surcharge,
Rp résistance de l’âme en courant alternatif pour le
courant maximal admissible en régime permanent, Tableau 21 – Calcul de la puissance réelle dissipée
r ∆T = ∆ Tmax /∆Tp (∞),
k = I1 /I p , Harmonique h h1 h2 h3 h4
∆Tmax échauffement maximal admissible au-dessus de Résistance
l’ambiante en fin de surcharge, à la température maximale
pour l’harmonique h Rh
∆Tp (t ) échauffement de l’âme au-dessus de l’ambiante,
après l’application du courant I p , en négligeant la [formule (16)]..........(Ω · m–1)
variation de résistance de l’âme, Courant à transiter
∆T p (∞) valeur de ∆T p en régime permanent, c’est-à-dire pour l’harmonique h ....... (A) Ih
2
échauffement maximal admissible prescrit. Pertes dans l’écran......... (W) pe = Re I e
Pertes dans l’armure pA = RA I A
2
(éventuellement) ............ (W)
5.5.4 Cas particulier des charges non sinusoïdales
Pertes dissipées 2
Considérons le cas de trois câbles unipolaires disposés en trèfle pour l’harmonique h ...... (W) P h = R h I h + p e + p A
jointif, transitant des courants triphasés :
( I1 + I2 + I3 = 0 ) On vérifie que :

soit :
∑ Ph < P (40)
h
I (A) le courant transité dans chacun des câbles,
Dans le cas contraire, il faut passer à la section supérieure et
Re (Ω · m–1) la résistance linéique de l’écran,
reconduire le même calcul pour vérifier que la condition (40) est bien
Xe (Ω · m–1) (= Le ω ) la réactance linéique de l’écran.
remplie.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 29
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

5.5.5 Technique du refroidissement forcé l’isolant. L’accroissement de la capacité de transport peut atteindre
100 %.
La technique du refroidissement forcé consiste à drainer longitu- À l’étranger (Grande-Bretagne, République d’Allemagne) ce type
dinalement la chaleur dégagée par le câble au moyen d’un fluide de refroidissement forcé a été appliqué à des câbles à huile fluide,
auxiliaire et à la dissiper dans un refroidisseur. Il est ainsi possible, à 400 kV.
pour une même température admissible sur l’âme, de transiter un
courant nettement accru. ■ Refroidissement forcé interne
La chaleur est drainée au niveau de l’âme des câbles (figure 24c ).
5.5.5.1 Principales techniques L’influence de la résistance thermique du sol est moyenne.
Ce type de refroidissement est très efficace, car il évacue les pertes
Il existe trois méthodes principales de refroidissement forcé
à l’endroit même où elles sont produites en majorité. Il nécessite
(figure 24).
la présence d’un canal au centre du conducteur, dans lequel circule
un fluide caloporteur, sans ou sous pression selon la technique. Avec
cette méthode, l’accroissement de la capacité de transport peut
atteindre 100 %.
Il n’y a pas de limite thermique, mais une limite d’ordre méca-
nique (pertes de charge).
Des études sont en cours dans divers pays, sur le refroidissement
interne par eau. La forte capacité thermique de l’eau et sa faible vis-
cosité rendent le refroidissement très efficace. L’augmentation de la
capacité de transport peut alors dépasser 100 %.
En France, le procédé par circulation interne d’huile est utilisé
sur une liaison à 400 kV et 1 080 MVA (centrale de Bugey), de lon-
gueur 300 m (câbles à pression interne d’huile).

5.5.5.2 Avantages et inconvénients


■ Avantages
La technique du refroidissement forcé présente divers avantages :
— elle permet de faire fonctionner le câble le plus près possible
de la densité de courant économique, densité qui rend minimale la
somme du coût total du câble et du coût des pertes capitalisées ;
il faut se souvenir que, pour les câbles enterrés, les densités éco-
nomiques sont, en général, nettement supérieures aux densités
admissibles thermiquement ;
— elle rend la liaison peu sensible à l’environnement thermique,
ce qui permet de supprimer l’emploi de remblai contrôlé (§ 5.4.1.5),
tout en garantissant la capacité de transport ;
— elle permet une adaptation facile aux croissances de puis-
sance transportée ; en effet, les tubes peuvent être prévus lors de
l’installation, et le refroidissement forcé mis en service ultérieu-
rement, lorsque le besoin s’en fait sentir ; il est également possible
d’accroître momentanément la puissance de réfrigération pour
faire face à une surcharge temporaire de la liaison.
Figure 24 – Systèmes de refroidissement forcé : schémas de principe En plus, la technique du refroidissement forcé peut permettre
d’augmenter la longueur critique (§ 4.7) des liaisons à très hautes
tensions par compensation des pertes thermiques dues au courant
■ Refroidissement forcé latéral capacitif dans les premiers kilomètres du parcours.
La chaleur est drainée dans le sol, au voisinage des câbles, par ■ Inconvénients
des tubes de circulation enterrés parallèlement aux câbles et à proxi-
Cette technologie entraîne cependant un certain nombre de
mité immédiate de ceux-ci. L’influence de la résistance thermique
contraintes :
du sol est importante (figure 24a ).
— l’implantation et l’exploitation de stations de réfrigération, qui
Par rapport au refroidissement naturel, le refroidissement latéral doivent être installées à intervalles réguliers lorsqu’il s’agit de
peut permettre un accroissement de 30 % de la capacité de transport. liaisons de quelques kilomètres ;
Il n’y a actuellement aucune installation en France utilisant cette — la maintenance d’une installation complexe (pompes, filtres,
technique. Par contre, plus de 100 km de liaison de ce type sont refroidisseurs...).
aujourd’hui installés en Grande-Bretagne.
■ Refroidissement forcé externe ou de surface 5.5.5.3 Méthode de calcul du refroidissement forcé
La chaleur est drainée au niveau de la gaine des câbles. Ceux-ci Le calcul des températures et des débits du fluide refroidisseur
sont disposés à l’intérieur de canalisations contenant le liquide de peut se diviser en trois parties :
refroidissement mis en circulation (figure 24b ). L’influence de la — calcul du débit de l’agent refroidisseur pour une perte de
résistance thermique du sol est négligeable. charge spécifiée dans les tubes ou les canaux de refroidissement ;
Les possibilités de cette méthode sont limitées par la tempé-
rature admissible dans le conducteur et la résistance thermique de

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 30 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
______________________________________________________________________________________________________ CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE

— calcul des résistances thermiques entre éléments deux à deux Connaissant la température maximale admissible de l’isolant
(conducteurs, gaines métalliques et agents réfrigérants), ainsi (tableau 19), on peut donc calculer le courant admissible pour une
qu’entre chaque élément et le milieu ambiant ; durée donnée ou, inversement, la durée maximale pour un courant
— détermination de la répartition des températures dans le donné.
système pour un certain nombre de positions sélectionnées le long Toutefois, pour un court-circuit d’intensité et de durée données,
d’une section de refroidissement, pour obtenir des températures on peut également déterminer la température en fin de court-
respectant les limites imposées. circuit, soit :
Les développements utilisés pour ces calculs font appel aux 2 2 2
θ f = ( θ i + β 20 ) exp ( I cc t cc / K cc  cc ) – β 20 (42)
formules fondamentales de l’écoulement des fluides et de la trans-
mission de la chaleur. Plusieurs articles en donnent le détail complet
[18] [19] [20].
5.6.2 Courts-circuits dans les écrans
ou gaines métalliques
5.6 Régime de court-circuit
Par rapport à leur section transversale, ces constituants pré-
Les sections des âmes et des revêtements métalliques (écrans ou sentent une grande surface de refroidissement. De ce fait, le court-
gaines) doivent être dimensionnées pour que, lors des passages des circuit ne conduit pas à un échauffement adiabatique.
courants de court-circuit triphasés ou monophasés, les températures ■ Le calcul théorique est très complexe, mais il a pu être validé par
atteintes ne dépassent pas les températures maximales prescrites des travaux expérimentaux [21]. De ce fait, il a été élaboré une
(tableau 19). méthode pratique, décrite dans la publication CEI 949. La procé-
Il y a lieu de distinguer les courts-circuits dans les âmes de ceux dure est la suivante :
dans les écrans ou gaines métalliques. — on détermine le courant de court-circuit en hypothèse adia-
batique, IAD , pour une température finale généralement limitée par
la tenue de la gaine extérieure (tableau 23) ;
5.6.1 Courts-circuits dans les âmes — on calcule un facteur de correction  (  > 1 ) , qui tient compte
de la dissipation de chaleur dans les milieux adjacents pendant le
Ils provoquent un échauffement pratiquement adiabatique. court-circuit ;
L’intensité de courant et la durée de court-circuit sont liées par la — le courant de court-circuit réellement admissible vaut :
relation :
I cc =  I AD (43)
2 2 2 θ f + β 20
I cc t cc = K cc  cc ln --------------------- (41)
θ i + β 20 (0)

avec I cc (A) valeur efficace du courant de court- Tableau 23 – Températures maximales admissibles
circuit, en court-circuit pour les matériaux de gainage
K cc (A · s1/2 · mm–2) constante dépendant de la nature du
les plus courants
métal,
Température maximale
 cc ( mm 2 ) section du métal écoulant le courant en court-circuit
Matériau de gainage
de court-circuit ; on prend la valeur (oC)
nominale donnée par la norme
NF C 32-013, PVC............................................. 200
t cc (s) durée du court-circuit (< 5 s), PEbd........................................... 150
PEhd........................................... 180
β20 (K) inverse du coefficient α20 (tableau 14)
Hypalon (1) ................................ 220
de variation de la résistance électrique
Néoprène (1) ............................. 200
du métal,
θf (oC) température en fin de court-circuit, (1) Marque déposée.

θi (oC) température au début de court-circuit.


Les valeurs de K cc et β 20 sont indiquées dans le tableau 22 ■ Le courant IAD en hypothèse adiabatique est calculé comme indi-
(extrait des publications CEI 724 et 986). (0) qué en § 5.6.1. Les constantes K cc et β 20 pour les matériaux usuels
de gaines ou d’écrans métalliques sont indiquées dans le tableau 22.
Des détails sont donnés dans la publication CEI 949 en ce qui
Tableau 22 – Paramètres permettant le calcul concerne le calcul du facteur de correction  , selon qu’il s’agit
des courants de court-circuit admissibles d’écrans rubanés ou constitués de fils, de gaines etc.
■ Dans le cas de gaines tubulaires, le facteur est déduit de la
K cc
20 c1
formule suivante :
Métal
(A · s1/2 · mm–2) (K ) (en 106 J · K –1 · m– 3 )
Cuivre................. 226 234,5 3,45  = 1 + 0,61 t cc – 0,069 (  t cc ) 2 + 0,004 3 (  t cc ) 3 (44)
Aluminium......... 148 248 2,5
Le facteur  (en s –1/2) est calculé comme suit :
Plomb
et alliages .......... 41 250 1,45
c2 c3
Acier................... 78 222 3,8 ------------- + ------------ -
Bronze................ 180 333 3,4 ρ th 2 ρ th 3
 = ---------------------------------------------
-
2 c 1 e ⋅ 10 – 3

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique D 4 520 − 31
CÂBLES DE TRANSPORT D’ÉNERGIE _______________________________________________________________________________________________________

avec c 1 (J · K –1 · m–3 ) capacité thermique volumique de la 5.7 Calculs numériques


gaine métallique (tableau 22),
c 2 , c 3 (J · K –1 · m– 3 ) capacités thermiques volumiques Le calcul des courants admissibles nécessite (comme on l’a vu
des milieux adjacents à la gaine paragraphe 5.5) de longs développements, surtout si l’on veut traiter
métallique (tableau 17), les différents régimes de fonctionnement, modes de pose, de mise
e (mm) épaisseur de la gaine métallique, à la terre des écrans ou gaines métalliques, etc.
ρ th 2 , ρ th 3 (K · m · W –1) résistivités thermiques des milieux De ce fait, des programmes de calcul informatique ont été pro-
adjacents à la gaine métallique posés sur la base des méthodes reconnues au plan international.
(tableau 17). Électricité de France a développé un tel programme, initialement à
l’usage de ses propres exploitants, et pour les types de câbles utilisés
Le facteur  tient compte du fait que les contacts thermiques ne
sur ses réseaux. Ce programme [Priscade (programme de calcul des
sont jamais parfaits, surtout s’il s’agit d’un câble en exploitation.
intensités de courant des câbles d’énergie)] a été étendu à tous les
On préconise de prendre  = 0,7 , sauf lorsque la gaine métallique
niveaux de tension et tous les types de câbles. Il permet le traitement
adhère complètement à la gaine extérieure sur l’une de ses faces,
des différents régimes de fonctionnement (permanent, cyclique,
où l’on prend  = 0,9 (gaines ou écrans contrecollés).
court-circuit), tout en prenant en compte la présence éventuelle
En général, les gaines ont, en régime de court-circuit, une tenue d’autres ouvrages à proximité de la liaison considérée. (0)
thermique inférieure à celle de l’isolant. Il doit par conséquent en
être tenu compte lorsqu’on détermine le dimensionnement d’une
gaine ou d’un écran métallique. Tableau 24 – Température limite
au niveau des raccordements
5.6.3 Limitations liées aux raccordements Température
Métaux Raccordement
Pour les courts-circuits dans les âmes, gaines ou écrans métal- (oC)
liques § 5.6.1 et § 5.6.2, on a considéré que la limitation thermique Raccord soudé par réaction
était liée aux matériaux synthétiques constituant le câble. 250
exothermique
Les raccordements employés pour les âmes et les revêtements Raccord brasé à l’étain 160
métalliques peuvent, le cas échéant, constituer une limitation plus Cuivre et aluminium Raccord à déformation
rigoureuse. En fonction des métaux, les températures limites généra- mécanique (sertissage sur
lement admises sont indiquées au tableau 24. cuivre, poinçonnage sur 250
aluminium)
Plomb .....................  170
 soudure
Alliage de plomb ...  200

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
D 4 520 − 32 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie électrique
P
O
U
Câbles de transport d’énergie R
Technologies. Caractéristiques E
par Michel PAYS N
Chef du Département Câbles, Condensateurs, Matériel d’Automatisme et Matériaux
de la Direction des Études et Recherches d’Électricité de France

coordonnant une équipe composée de Maurice CHAROY, Lucien DESCHAMPS,


Éric DORISON, Pierre GAUTHIER, Jean-Pierre ISNARD, Alain PINET S
A
Références bibliographiques
V
Câbles HTA et HTB Capacité de transport [28] DESCHAMPS (L.) et LACOSTE (A.). –
[1] SEE. – La mise en œuvre du câble M T en
zone rurale. 44e journée, nov. 1984.
[15] ARRIGHI (R.) et CAUSSE (L.). – Caractéris-
tiques thermiques d’un sol moyen. EDF Bul-
Résultats d’essais et perspectives d’emploi
des câbles HT à courant continu isolés au
polyéthylène extrudé. RGE no 12 (1978).
O
letin des Études et Recherches no 4, p. 83 à
[2] CIGRE 1980. – Résults of tests and
experience in service, in France, with high
voltage cables with synthetic insulation, [16]
90 (1967).
ARRIGHI (R.), RIDON (L.), BENARD (P.) et
[29] OGAWA (K.) et SUZUKI (T.) et coll. – DC
characteristics of cable insulating materials.
I
Twenty-First Symposium on Electrical Insu-
[3]
21-06.
CIGRE 1986. – Développement des liaisons
400 kV isolées au polyéthylène basse
CAUSSE (L.). – Contribution à l’étude de
l’environnement thermique des câbles
enterrés. CIGRE 1970. Rapport no 21-06. [30]
lating Materials (1988).
SUZUKI (T.) et KATAKAI (S.) et coll. – DC cha-
R
densité, 21-09. [17] KASZOWSKI (D.) et PINET (A.). – Choix des racteristics of cable insulating materials.
câbles MT pour l’alimentation de charges ICSD’89.
[4] JICABLE 1987. – Installation de câbles
225 kV à isolation synthétique dans les puits importantes. Cas des courants non sinu- [31] BALOG (G.), HERBRETEAU (A.), LUONI (G.)

[5]
de grande profondeur, B7-4.
ARRIGHI (R.). – Du papier imprégné aux [18]
soïdaux. RGE no 10 nov.
FLAMAND (C.) et TERRAMORSI (G.). – Étude
du refroidissement des câbles d’énergie par
et TERRAMORSI (G.). – Topist, an innovative
HVDC submarine cable. Jicâble 87. P
isolants synthétiques dans les câbles Câbles sous-fluviaux et sous-marins
d’énergie. Jicâble 84. Exposé d’introduction
RGE 9/84, p. 550 à 569. [19]
circulation forcée. RGE no 4, avril 1968.
BATAILLE (C.). – Refroidissement des câbles
[32] HOLTE (T.A.) et BJORLOW-LARSEN (K.) et
coll. – Experience with XLPE insulated high
L
d’énergie par circulation forcée. RGE no 1,
[6] GAUTHIER (P.), PINET (A.) et SCHMELTZ (J.).
– Les câbles de distribution à EDF. Technique
actuelle et tendances prévisibles. RGE 5/82, [20]
janv. 1974.
Calcul des caractéristiques des câbles à [33]
voltage power cables in Norway. CIGRE
21 juin 1984.
JOHNSEN (J.) et coll. – Développement des
U
[7]
p. 349 à 369.
BERNARD (G.). – Current state and future
anticipated development of 72,5 to 420 kV [21]
refroidissement forcé en régime
permanent. Électra no 66, oct. 1979.
ARRIGHI (R.). – Étude du comportement des [34]
câbles sous-marins d’énergie en Norvège.
CIGRE 80 21-12.
GAZZANA (P.), PISCIONERI (J.) et
S
cables with extruded Insulation in France. écrans métalliques des câbles à isolation MARGOLIN (S.). – The Long Island sound
IEEE, TD Conference, Panel Session 2, Inter- solide soumis à des courants de court- submarine cable interconnection. IEEE
national Overview of extruded Trans- circuit. Bull. de la SFE, nov. 1959. (1971).
mission Cables (1986).
C