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I. Le groupe symétrique Sn
1. Généralités
a. Définitions
Soit n ∈ N∗ .
Définition (Groupe symétrique). On note Sn (ou Sn ) l’ensemble des permutations de ¹1, nº.
Proposition. (Sn , ◦) est un groupe, appelé groupe symétrique, d’élément neutre id¹1,nº .
Si n ≥ 3, Sn n’est pas commutatif.
Exemple.
• n=1 S1 = {id} et (S1 , ◦) est abélien (= groupe commutatif).
1 2
• n=2 S2 = {id, τ} où τ = τ1,2 = . Ainsi, τ2 = id et on a la table du groupe :
2 1
◦ id τ
id id τ
τ τ id
1
MPSI 3 Chapitre 23 : Déterminants 2019-2020
b. Cycles et transpositions
Il n’y a pas unicité de l’écriture d’un p-cycle : il y en a même p différentes (selon l’élément de tête).
1 2 3 = 2 3 1 = 3 1 2
6=
1 3 2 = 3 2 1 = 2 1 3
Proposition (Les p-cycles sont d’ordre p). Soit p ≥ 2. Si σ est un p-cycle, alors σ p = id et σ−1 = σ p−1 .
Démonstration. Soit σ = a1 . . . a p .
σ0 (a1 ) = a1 , σ(a1 ) = a2 , σ2 (a1 ) = a3 , . . . , σ p−1 (a1 ) = σ(a p−1 ) = a p .
Ainsi (rec.), si k ∈ ¹1, p − 1º, σ k (a1 ) = ak+1 et σ p (a1 ) = σ(a p ) = a1 .
Pour 2 ≤ k ≤ p, σ p (ak ) = σ p(σ k−1 (a1 )) = σ k+p−1 (a1 ) = σ k−1 (σ p (a1 )) = σ k−1 (a1 ) = ak .
Enfin, pour tout x ∈ ¹1, nº\ a1 , . . . , a p , on a σ(x) = x, donc σ p (x) = x.
Conclusion : σ p = id, donc σ p−1 ◦ σ = σ ◦ σ p−1 = id, ce qui prouve que σ−1 = σ p−1 .
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Démonstration. • p =
2 est vérifié,
car un 2-cycle est une transposition.
• p = 3. a b c = a b ◦ b c = τab ◦ τ bc .
• p = 4. a b c d = a b ◦ b c ◦ c d = τab ◦ τ bc ◦ τcd .
p−1
a2 . . . a p = a1 ap = τai ,ai+1
Q
• Pour p ≥ 2, on a a1 a2 ◦ a2 a3 ◦ . . . ◦ a p−1
i=1
En effet, si x n’est pas dans le support du p-cycle, x n’est pas non plus dans les supports des p − 1 transpo-
sitions donc x reste un point fixe.
Si x = a p , alors (rec.), σ(a p ) = τa1 ,a2 ◦. . .◦τap−1 ,ap (a p ) = τa1 ,a2 ◦. . .◦τap−2 ,ap−1 (a p−1 ) = . . . = τa1 ,a2 (a2 ) = a1 .
Si x = ak , avec k ∈ ¹1, p − 1º, alors ak est laissé fixe par τak+1 ,ak+2 ◦ . . . ◦ τap−1 ,ap .
Donc σ(ak ) = τa1 ,a2 ◦ . . . ◦ τak ,ak+1 (ak ) = τa1 ,a2 ◦ . . . ◦ τak−1 ,ak (ak+1 ) = ak+1 car ak+1 est laissé fixe par
τa1 ,a2 ◦ . . . ◦ τak−1 ,ak .
Exemple. 1 2 3 = 1 2 ◦ 2 3 .
La décomposition n’est pas unique. Par exemple, 1 2 3 = τ12 ◦ τ23 = τ13 ◦ τ12 .
Conclusion, σ1 ◦ σ2 = σ2 ◦ σ1 .
r
Remarque. Si σ1 , σ2 , . . . , σ r sont r cycles à supports deux à deux disjoints, la permutation σi est la même
Q
i=1
si l’ordre des facteurs est modifié, puisque les σi commutent deux à deux : l’ordre des facteurs n’a donc pas
d’importance ici.
Exemple. 1 3 8 ◦ 2 9 6 4 ◦ 5 7 = 2 9 6 4 ◦ 1 3 8 ◦ 5 7
Lemme. Soit σ ∈ Sn .
On définit une relation Rσ sur ¹1, nº par :
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Ainsi, les classes d’équivalences forment une partition de ¹1, nº ce qui donne :
Lemme. Les classes d’équivalences donnent les supports disjoints des cycles de la décomposition.
1 2 3 4 5 6 7 8
Exemple. Soit σ =
5 7 8 4 2 1 6 3
Pour décomposer σ en cycles à supports disjoints, il suffit d’effectuer le calcul des orbites :
1̄ = {1, 5, 2, 7, 6} = 2̄ = 5̄ = 7̄ = 6̄.
3̄ = {3, 8} = 8̄.
4̄ = {4} (point fixe).
Alors σ = 1 5 2 7 6 ◦ 3 8 .
Corollaire. Toute permutation de Sn se décompose en un produit de transpositions.
Démonstration. En effet, toute permutation s’écrit en produit de cycles, et tout cycle s’écrit en produit de
transpositions.
Exemple. Reprenons σ = 1 5 2 7 6 ◦ 3 8 = τ1,5 ◦ τ5,2 ◦ τ2,7 ◦ τ7,6 ◦ τ3,8 .
Corollaire. Les transpositions engendrent le groupe symétrique.
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Théorème. La signature " : Sn → {±1} est un morphisme de groupe, du groupe (Sn , ◦) sur ({−1; +1} , ×),
i.e.
"(id) = 1 et ∀σ, σ0 ∈ Sn , "(σ ◦ σ0 ) = "(σ) × "(σ0 )
Démonstration. Soient σ, σ0 ∈ Sn et (i, j) tels que 1 ≤ i < j ≤ n. La permutation σ0 ◦σ opère une inversion
sur (i, j) : σ0 (σ(i)) > σ0 (σ( j)) si et seulement si l’un des deux cas disjoints se produit :
• σ réalise une inversion sur (i, j) et σ0 ne réalise pas d’inversion sur (σ( j), σ(i)).
• σ ne réalise pas d’inversion sur (i, j) et σ0 réalise une inversion sur (σ(i), σ( j)).
Or I(σ) + I(σ0 ) dénombre une fois tous les cas étudiés précédemment et aussi deux fois les cas où il y
a une inversion sur (i, j) et (σ( j), σ(i)).
Ainsi, I(σ0 ◦ σ) et I(σ) + I(σ0 ) ont la même parité, ce qui permet de conclure :
0 0 0
"(σ0 ◦ σ) = (−1) I(σ ◦σ) = (−1) I(σ )+I(σ) = (−1) I(σ ) × (−1) I(σ) = "(σ0 ) × "(σ) .
Corollaire.
p
Y
"(σ1 ◦ . . . ◦ σ p ) = "(σi ) ∀p ∈ Z, "(σ p ) = "(σ) p "(σ−1 ) = "(σ)
i=1
Démonstration. Un p-cycle peut s’écrire comme le produit de (p−1) transpositions, et chaque transposition
est de signature −1.
p
Corollaire. Si σ = ci où les ci sont des cycles à supports disjoints de longueurs respectives `1 , `2 , . . . , ` p ,
Q
i=1
p
(`i −1)
P
4. Sous-groupe alterné
Définition. Si σ est de signature +1, on dit que la permutation est paire, Si σ est de signature −1, on dit que
la permutation est impaire.
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Exemple.
A1 = {id} A2 = {id} A3 = id, 1 2 3 , 1 3 2
A4 = {id,
1 2 3 , 1 3 2 , 1 2 4 , 1 4 2 , 1 3 4 , 1 4 3 , 2 3 4 , 2 4 3 ,
τ12 ◦ τ34 , τ13 ◦ τ24 , τ14 ◦ τ23 }
n!
Proposition (Cardinal de An ). Pour tout n ≥ 2, Card(An ) = 2.
Démonstration. Sn = An ∪ (Sn \An ), et cette union est disjointe, donc |Sn | = |An | + |Sn \An |.
Soit τ une transposition. On pose
ϕτ : An −→ Sn \An
σ 7→ τ◦σ
L’application ϕτ est bijective, de An dans Sn \An .
En effet, pour tout σ, ϕτ2 (σ) = ττσ = τ2 σ = σ, donc ϕτ−1 = ϕτ .
De plus, σ ∈ An ssi "(σ) = 1 ssi "(ϕτ (σ)) = "(τσ) = −1.
fx : E → K
Pour tout x ∈ E , l’application est linéaire.
y 7 → f (x, y)
fy : E → K
Pour tout y ∈ E , l’application est linéaire.
x 7 → f (x, y)
Exemple.
R×R → R
Le produit usuel est une forme bilinéaire sur R.
(x, y) 7→ xy
R2 × R2 → R
Le produit scalaire sur R2 est une forme bilinéaire sur R2 .
(x 1 , x 2 ), ( y1 , y2 ) 7→ x 1 y1 + x 2 y2
ϕ : Rn × Rn → R
n
L’application est une forme bilinéaire sur Rn .
(x 1 , . . . , x n ), ( y1 , . . . , yn ) 7→
P
x i yi
i=1
0
En effet, pour u = (x 1 , . . . , x n ), u = (x 10 , . . . , x n0 ), v = ( y1 , . . . , yn ), v 0 = ( y10 , . . . , yn0 ), et λ ∈ R, on vérifie que :
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ϕ : Mn (K)2 → K
est une forme bilinéaire sur Mn (K).
(A, B) 7→ tr (AB)
ϕ : C 0 ([0, 1], R)2 → K
R1 est une forme bilinéaire sur C 0 ([0, 1], R).
( f , g) 7→ 0
f g
Remarque (Calcul). Soit E un K-espace vectoriel de dimension finie n, muni d’une base B = (e1 , . . . , en ).
Soit f : E 2 → K une application bilinéaire.
n n
Alors pour tous vecteurs u, v ∈ E, tels que u = ai ei et v =
P P
bjej,
i=1 j=1
!
n
X n
X
f (u, v) = f ai ei , bjej
i=1 j=1
!
n
X n
X
= ai f ei , bjej (linéarité de la première coordonnée)
i=1 j=1
n X
X n
= ai b j f ei , e j (linéarité de la seconde coordonnée)
i=1 j=1
2. Formes n-linéaires
Soit E un K-espace vectoriel
Définition. Une forme n-linéaire sur E est une application de E n dans K telle que pour toute
famille (u1 , . . . , un ) ∈ E n et pour tout entier i ∈ ¹1, nº, l’application u 7→ f (u1 , . . . , ui−1 , u, ui+1 , . . . , un ) est
linéaire.
Rn → R
n
Exemple (Le produit). Le produit est une forme n-linéaire sur R.
(x 1 , . . . , x n ) 7→
Q
xi
i=1
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Remarque. Cette dernière définition est équivalente à la suivante, en ne considérant que les transpositions :
Définition. Soit f une forme n-linéaire sur E.
f est antisymétrique ssi pour toute transposition τi, j avec 1 ≤ i < j ≤ n et pour tout (u1 , . . . , un ) ∈ E n ,
f (u1 , . . . , ui−1 , u j , ui+1 , . . . , u j−1 , ui , u j+1 , . . . , un ) = − f (u1 , . . . , un )
En effet, toute permutation σ s’écrit comme le produit de transpositions : σ = τ1 τ2 . . . τm et en appliquant
m fois l’effet d’une transposition on aura
f (uσ(1) , . . . , uσ(n) ) = (−1)m f (u1 , . . . , un ) = "(σ) f (u1 , . . . , un )
Proposition. Si f est une forme n-linéaire alternée sur E et si (u1 , . . . , un ) est une famille liée de E, alors
f (u1 , . . . , un ) = 0.
Démonstration. La famille est liée donc il existe i un entier et des scalaires (λ j ) j6=i tels que ui = λjuj.
P
j6=i
Par linéarité de f en la coordonnée i, on a
X
f (u1 , . . . , ui , . . . , un ) = λ j f (u1 , . . . , u j , . . . , un )
j6=i
• si f est alternée.
Soit τ = τi, j une transposition quelconque avec i < j.
Prenons la famille (u1 , . . . , ui−1 , ui + u j , ui+1 , . . . , u j−1 , ui + u j , u j+1 , . . . , un ), qui contient deux fois le même
vecteur ui + u j .
Comme f est alternée, on a f (u1 , . . . , ui + u j , . . . , ui + u j , . . . , un ) = 0.
Or, par n-linéarité (en i-ème et j-ème coordonnée) :
f (u1 , . . . , ui , . . . , ui , . . . , un )+ f (u1 , . . . , ui , . . . , u j , . . . , un )+ f (u1 , . . . , u j , . . . , ui , . . . , un )+ f (u1 , . . . , u j , . . . , u j , . . . , un ) = 0
Comme f est alternée, on a aussi f (u1 , . . . , ui , . . . , ui , . . . , un ) = f (u1 , . . . , u j , . . . , u j , . . . , un ) = 0.
Ainsi,
f (u1 , . . . , u j , . . . , ui , . . . , un ) = − f (u1 , . . . , ui , . . . , u j , . . . , un )
ce qui prouve que f (uτ(1) , . . . , uτ(n) ) = − f (u1 , . . . , un ), donc f est antisymétrique.
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L’ensemble des formes n-linéaires alternées forme ainsi une droite vectorielle, portée par detB .
Démonstration.
• detB (B) = 1.
On a MatB (B) = I n = (δi, j )i, j ∈ Mn (K).
Ainsi,
X n
Y
det(B) = "(σ) δσ(k),k
B
σ∈Sn k=1
n
Y 1 si σ = id
Or, δσ(k),k = , d’où detB (B) = "(id) × 1 = 1.
0 sinon
k=1
Or ϕ est alternée donc ϕ(ei1 , . . . , ein ) est nulle dès que les ei1 , . . . , ein ne sont pas deux à deux distincts.
Il reste à sommer sur les indices i1 , . . . , in tels que {i1 , . . . , in } = ¹1, nº, c’est à dire les indices qui corres-
pondent aux bijections σ : j 7→ i j . Ainsi,
X
ϕ(u1 , . . . , un ) = aσ(1),1 aσ(2),2 . . . aσ(n),n ϕ(eσ(1) , . . . , eσ(n) )
σ∈Sn
Finalement,
X n
Y
ϕ(u1 , . . . , un ) = "(σ) aσ(k),k ϕ(e1 , . . . , en ) = λ. det(u1 , . . . , un )
B
σ∈Sn k=1
2. Propriétés
Corollaire.
• detB est linéaire en chacune de ses variables.
• detB s’annule sur les familles liées.
• detB est antisymétrique
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En détail :
• Si la famille F est liée à n vecteurs, alors detB (F ) = 0.
• Par contraposée, si detB (F ) 6= 0, alors la famille F est libre.
• detB (u1 , . . . , λui + u0i , . . . , un ) = λ detB (u1 , . . . , ui , . . . , un ) + detB (u1 , . . . , u0i , . . . , un ).
• detB (u1 , . . . , ui , . . . , ui , . . . , un ) = 0.
• detB (u1 , . . . , u j , . . . , ui , . . . , un ) = − detB (u1 , . . . , ui , . . . , u j , . . . , un ).
On appelle déterminant de f ce scalaire et on le note detB ( f ) = detB ( f (B)), qui est indépendant de la base
B choisie.
Démonstration. Soit B une base de E fixée.
• (Unicité) Si λ convient, alors :
• (Existence) Comme f est linéaire, l’application de E n dans K définie par (u1 , . . . , un ) 7→ detB ( f (u1 ), . . . , f (un ))
est alors n-linéaire alternée (à vérifier), donc proportionnelle à detB , d’où l’existence du scalaire λ.
Enfin, prenons B 0 une base quelconque de E. Les applications detB et detB 0 sont également propor-
tionnelles, donc il existe un scalaire α tel que detB 0 = α detB .
Comme detB ( f (u1 ), . . . , f (un )) = λ detB (u1 , . . . , un ), il suffit de multiplier cette égalité par α afin d’ob-
tenir : detB 0 ( f (u1 ), . . . , f (un )) = λ detB 0 (u1 , . . . , un ), ce qui prouve que le scalaire λ est indépendant de la
base choisie.
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Démonstration.
Soit B = (e1 , . . . , en ) une base de E.
• det(id E ) = detB (id E (B)) = detB (B) = 1.
• det(λ f ) = detB (λ f (e1 ), . . . , λ f (en )). Or par multilinéarité,
f ∈ G L(E) ⇔ det( f ) 6= 0
1
De plus, dans ce cas, det( f −1 ) = det f .
Démonstration.
• Si f ∈ G L(E), alors f −1 ∈ G L(E) et f ◦ f −1 = id E . Alors,
det( f ◦ f −1 ) = det(id E ) = 1
1
donc det( f ) × det( f −1 ) = 1, ce qui donne det( f ) 6= 0 et det( f −1 ) = det f .
Remarque. det : G L(E) → K? est un morphisme de groupes entre (G L(E), ◦) et (K∗ , ×).
1
En effet, det(id) = 1 et det( f ◦ g −1 ) = det( f ) × det(g) .
On note S L(E) = { f ∈ G L(E) | det( f ) = 1} = det−1 ({1}) le noyau de ce morphisme : on l’appelle Groupe
Spécial Linéaire.
Remarque. Cette formule est délicate, mais utile pour démontrer des propriétés générales sur le déterminant.
Exercice 1 : En notant A = (ai, j )i, j la matrice conjuguée de A ∈ Mn (C), montrer que det(A) = det(A).
Exercice 2 : Soit A ∈ Mn (Z). Montrer que det(A) ∈ Z.
Exercice 1 : On utilise que zz 0 = zz 0 , z + z0 = z + z0 et si r ∈ R, r = r :
X n
Y X Yn X n
Y
det(A) = "(σ) aσ(k),k = "(σ) aσ(k),k = "(σ) aσ(k),k = det(A)
σ∈Sn k=1 σ∈Sn k=1 σ∈Sn k=1
Exercice 2 : On utilise que (Z, +, ×) est un anneau. Ainsi, le produit, la somme, et l’opposé d’entiers relatifs
est un entier relatif : comme ai, j ∈ Z, alors
X n
Y
det(A) = "(σ) aσ(k),k ∈ Z
σ∈Sn k=1
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Remarque. On se ramène finalement au calcul du déterminant d’une matrice. Il reste à développer les outils
du calcul matriciel du déterminant.
Proposition (Propriétés).
• det(I n ) = 1
• ∀λ ∈ K , ∀A ∈ Mn (K), det(λA) = λn det(A).
• ∀A, B ∈ Mn (K), det(AB) = det(A) det(B).
• ∀A ∈ Mn (K) , ∀m ∈ N, det(Am ) = det(A)m .
Démonstration. Soit A = (ai, j ) ∈ Mn (K) et t A = (a0j,i ) j,i où a0j,i = ai, j . Par définition,
X n
Y X n
Y
0
det( t A) = "(σ) aσ(k),k = "(σ) ak,σ(k)
σ∈Sn k=1 σ∈Sn k=1
X n
Y
det( t A) = "(σ) aσ−1 (i),i
σ∈Sn i=1
X n
Y
0−1
t
det( A) = "(σ ) aσ0 (i),i
σ 0 ∈S n i=1
X n
Y
det( t A) = "(σ0 ) aσ0 (i),i = det(A) .
σ 0 ∈S n i=1
X n
Y X n
Y
Remarque. Ainsi, les quantités suivantes sont égales : "(σ) aσ(i),i = "(σ) ai,σ(i) .
σ∈Sn i=1 σ∈Sn i=1
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+ + +
a b c a b
× ×
d e f d e
× ×
g h i g h
− − −
Remarque. A éviter, assez gourmand en calculs.
2. Opérations élémentaires
Tout déterminant se ramène au calcul d’un déterminant d’une matrice carrée.
Soit A ∈ Mn (K) et C1 , . . . , Cn les colonnes de A.
En voyant les colonnes de A comme des vecteurs de Mn,1 (K), et en notant B la base canonique de Mn,1 (K),
on a det(A) = detB (C1 , . . . , Cn ).
Comme le déterminant est une forme n-linéaire alternée en les colonnes de A, on en déduit les résultats
suivants :
Théorème.
• Si une colonne de A est nulle, alors det(A) = 0.
• Si des colonnes de A sont liées, alors det(A) = 0.
• Si on échange deux colonnes Ci ↔ C j , alors det(A) est multiplié par −1 (car "(τi j ) = −1).
Si on permute les colonnes de A selon la permutation σ ∈ Sn , le déterminant est multiplié par "(σ).
• Si on multiplie une colonne par un scalaire λ 6= 0 : Ci ← λCi , alors le déterminant est multiplié par λ.
• Si on ajoute à une colonne une combinaison linéaire des autres colonnes de A, alors le déterminant est
inchangé. C j ← C j + λi Ci .
P
i6= j
• Si une colonne C j se scinde en C j = C j0 +C j00 , alors le déterminant de A est la somme des déterminants obtenus.
Corollaire. Comme det(A) = det( t A), les résultats sont toujours valables si les transformations se font sur les
lignes.
Méthode : En utilisant les opérations élémentaires, on peut rendre triangulaire la matrice afin de calculer
plus simplement son déterminant, ou bien faire apparaître un maximum de 0 dans une ligne et/ou dans
une colonne.
1 2 3
Exemple. 4 5 6 = 0 car 2C2 = C1 + C3 .
7 8 9
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n
Corollaire. Si A ∈ Mn (K) est triangulaire, alors det(A) =
Q
ai,i .
i=1
Démonstration. det(A) = det( t A), donc le résultat est vrai pour une triangulaire supérieure ou inférieure.
Il suffit d’appliquer le résultat précédent n fois, où chaque matrice A0 est encore triangulaire.
5 2 1
Exemple. 10 4 3
15 8 1
1 a + b a b
1 b + c bc
1 a + c ac
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Soient (a, 2
b) ∈ K et n ≥ 2.
a b · · · b
.. .. ..
b
. . .
Calculer Dn = . . .
.. .. . . b
b · · · b a
n
Déterminant
en équerre.
1 1 · · · 1
1 2 · · · 2
Calculer Dn = . . .
.. .. ..
1 2 n
n
En scindant
une colonne.
a 0 · · · 0 a
a a 0 ··· 0
a 0
.
. ... ... ... ..
0 ..
Calculer Dn = . . , en coupant la dernière colonne Cn = .
. ... + 0.
.. ..
. a 0 0 a
a · · · · · · a a n
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Soit A = (ai, j )i, j ∈ Mn (K), de colonnes C1 , . . . , Cn et B = (E1 , . . . , En ) la base canonique de Mn,1 (K).
n
X
det(A) = det(C1 , . . . , Cn ) et Cj = ai, j Ei
B
i=1
Par linéarité de detB en sa j-ème variable, on a
n
X n
X
det(A) = ai, j det(C1 , . . . , C j−1 , Ei , C j+1 , . . . , Cn ) = ai, j Ai, j
B
i=1 i=1
où
a1,1 · · · a1, j−1 0 a1, j+1 ··· a1,n a1,1 · · · a1,n 0
.. .. .. .. .. ..
. . . . . .
.. .. .. ..
. 0 . . . 0
. .. n− j . ..
Ai, j= .. 1 . = (−1) .. . 1
. .. . ..
.. ..
0 . . 0
. .. .. . .. ..
.. . . .. . .
an,1 · · · an, j−1 0 an, j+1 · · · an,n an,1 · · · an,n 0
= "(σ) detB (C1 , . . . , C j−1 , C j+1 , . . . , Cn , Ei ) où σ = j j + 1 . . . n est un cycle de signature
i.e. Ai, j
(−1)n− j .
obtenue avec le cycle σ0 = i i + 1 . . . n de signature
Il reste à permuter les lignes de la matrice
(−1)n−i . Ainsi,
a
1,1 ··· a1,n 0
1,1 · · ·
a a1,n
.. ..
Ai, j = (−1)n− j (−1)n−i .
. = (−1)i+ j .. ..
an,1 ··· an,n 0 . .
an,1 · · · an,n
ai,1 ··· ai,n 1 n−1
n
où la ligne i et la colonne j ont été supprimées.
Finalement,
Xn n
X
det(A) = ai, j Ai, j = ai, j (−1)i+ j ∆i, j
i=1 i=1
où ∆i, j est le déterminant de la matrice extraite de A en supprimant la ligne i et la colonne j : on l’appelle
mineur d’indice (i, j) de A.
le réel Ai, j = (−1)i+ j ∆i, j est appelé cofacteur d’indice (i, j) de A.
+ − + ··· (−1)n+1
− + − ··· (−1)n+2
Remarque. Le signe (−1)i+ j est donné par le tableau de signes suivant :
.. ..
. .
(−1)n+1 (−1)n+2 (−1) 2n
···
n
Bilan
On peut développer selon une colonne, ou selon une ligne (via transposée) :
n
X
∀ j ∈ ¹1, nº , det(A) = ai, j (−1)i+ j ∆i, j (selon la colonne j)
i=1
n
X
∀i ∈ ¹1, nº , det(A) = ai, j (−1)i+ j ∆i, j (selon la ligne i)
j=1
Ces formules incitent à créer une ligne/une colonne avec un maximum de zéros.
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MPSI 3 Chapitre 23 : Déterminants 2019-2020
1 2 3
Exemple. 2 3 4
3 4 5
1
2 −1 1
−1 2 1 3
0
1 0 −1
2 1 1 1
Déterminant tri-diagonal,
en développant selon une ligne puis une colonne.
2 1 0 · · · 0
.. .
1 2 1 . ..
Dn = 0 . . . . . . . . . 0
. .
. . . . . . . . 1
..
0 · · · 0 1 2n
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MPSI 3 Chapitre 23 : Déterminants 2019-2020
O In
Exemple. Calculer det
−I n O
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5. Matrice de Vandermonde
Définition - Proposition. Soient (x 0 , x 1 , . . . , x n ) n + 1 scalaires de K.
On note V (x 0 , . . . , x n ) le déterminant d’ordre n + 1 suivant :
1 x 0 x 02 · · · x 0n
2 n
1 x 1 x 1 · · · x 1
Y
V (x 0 , . . . , x n ) = . . = (x j − x i )
.. .. .. ..
. . 0≤i< j≤n
2 n
1 x
n x ··· x
n n n+1
x 02 x 0n
1 x0 ···
x 12 ··· n
1 x1 x1
Démonstration. On pose P(X ) = V (x 0 , . . . , x n−1 , X ) = .. .. .. .. .
. . . .
2 n
1
x n−1 x n−1 ··· x n−1
1 X X2 ··· X n n+1
1.S’il existe deux scalaires x i = x j avec i 6= j, alors le déterminant est nul car il y a deux lignes identiques
et le produit annoncé aussi.
2. Par définition du déterminant (somme et produits des coefficients), P ∈ K[X ] est un polynôme.
En développant selon la dernière ligne, on obtient une combinaison linéaire de polynômes de degré au
plus n, donc P ∈ Kn [X ].
3. De plus, pour tout i ∈ ¹0, n − 1º, on a P(x i ) = 0 car il y a deux lignes identiques (la i + 1-ième et la
n + 1-ième). Comme le polynôme P admet n racines distinctes x 0 , . . . , x n−1 , (car les x i sont deux à deux
distincts) et que deg(P) ≤ n, on peut le factoriser :
n−1
Y
∃λ ∈ K , P(X ) = λ (X − x i )
i=0
4. Or, en développant le déterminant P(X ) selon la dernière ligne, le coefficient de X n est le cofacteur
x 02 · · · x 0n−1
1 x0
2 n−1
1 x1 · · · x1
x1 n−1
∆n+1,n+1 = . = (x ). ) = (x ) (X − x i ).
Q
V , . . . , x Ainsi, P(X V , . . . , x ×
.. .
.. .
.. .
..
0 n−1 0 n−1
i=0
2 n−1
n−1 x n−1 · · ·
1 x x n−1 n
5. En évaluant en x n , on obtient le résultat voulu :
n−1
Y
V (x 0 , . . . , x n−1 , x n ) = V (x 0 , . . . , x n−1 ) × (x n − x i )
i=0
Y n−1
Y Y
V (x 0 , . . . , x n−1 , x n ) = (x j − x i ) × (x n − x i ) = (x j − x i )
0≤i< j≤n−1 i=0 0≤i< j≤n
Remarque. La matrice de Vandermonde est inversible ssi V (x 0 , . . . , x n ) 6= 0 ssi les x i sont deux à deux distincts.
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VII. Comatrice
Définition (Comatrice). Soit A = (ai, j ) ∈ Mn (K).
La comatrice de A, notée Com(A) est la matrice des cofacteurs de A : Com(A)i, j = (−1)i+ j ∆i, j , où ∆i, j est le
mineur d’indice (i, j), obtenu en calculant le déterminant de la matrice A privé de sa ligne i et de sa colonne j.
a b +d −c
Exemple. Soit A = . Alors Com(A) = .
c d −b +a
1 2 3 −1 2 −1
Soit A = 2 3 4. Alors Com(A) = 2 −4 2 .
3 4 5 −1 2 −1
Théorème (Formule de la transposée de la comatrice).
∀A ∈ Mn (K) , t
Com(A) × A = A × t Com(A) = det(A)I n .
i
↓
• Si i 6= j, en développant selon la colonne i le déterminant det(C1 , . . . , Ci−1 , C j , Ci+1 , . . . , C j−1 , C j , C j+1 , . . . , Cn )
n
X
0= ak, j Ak,i = bi j
k=1
Exemple. Soit A ∈ Mn (Z). Alors par calculs dans l’anneau Z (par la définition du dét.), on a det(A) ∈ Z.
De plus, on a [ A est inversible et A−1 ∈ Mn (Z)] ssi det(A) = ±1.
• Si det(A) = ±1, alors det(A) 6= 0 donc A est inversible et A−1 = ± t (Com A).
Or la comatrice de A se calcule via des déterminants de matrices à coefficients entiers,
donc Com(A) ∈ Mn (Z) également. Ainsi, A−1 ∈ Mn (Z).
• Réciproquement si A est inversible et si A−1 ∈ Mn (Z). Alors on a 1 = det(I n ) = det(AA−1 ) = det(A) det(A−1 ).
Or, on a A et A−1 ∈ Mn (Z), donc les entiers det(A) et det(A−1 ) sont inverses l’un de l’autre (dans Z), donc
det(A) = ±1.
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λ est une valeur propre de A ⇔ ∃X ∈ M3,1 (K) non nul AX = λX ⇔rg( f − λid) < 3
3
⇔ ∃u ∈ K non nul f (u) = λu ⇔rg(A − λI3 ) < 3
⇔ ∃u ∈ K3 non nul u ∈ ker( f − λid) ⇔A − λI3 n’est pas inversible
⇔ ker( f − λid) 6= {0} ⇔ det(A − λI3 ) = 0
⇔ dim(ker( f − λid)) > 0
7 − λ 2 −2 7 − λ 2 −2 7 − λ 2 −2
det(A − λI3 ) = 2 4 − λ −1 = 2 4 − λ −1 = (3 − λ) 2 4 − λ −1
L ←L +L
−2 −1 4 − λ 3 3 2 0 3 − λ 3 − λ 0 1 1
4 − λ −1 2 −2
= (3 − λ) (7 − λ) 1 1 = (3 − λ) [(7 − λ)(4 − λ + 1) − 2 × 4]
− 2
dvp selon C1 1 1
−2x +2 y −2z =0 x −y +z =0
x = 2y
(A − 9I3 )X = 0 ⇔ 2x −5 y −z =0 ⇔ 2x −5 y −z =0 ⇔
z = −y
−2x −y −5z =0 −6 y −6z =0
Ainsi, ker( f − 9id) = VectR ((2, 1, −1)) et w = (2, 1, −1) forme une base de ce sous-espace propre.
On vérifie alors que la famille (u, v, w) est une base de R3 , car son déterminant est non nul :
1 0 2 1 0 2
1 1
det(u, v, w) = 0 1 1
= 0 1 1 = 1 −5 = −6 6= 0
B 2 1 −1 L3 ←L3 −2L1 0 1 −5
Dans cette nouvelle base (u, v, w), la matrice de l’endomorphisme f est D = diag(3, 3, 9).
Conclusion, la semblable à D = diag(3, 3, 9) et on a la relation
matrice A est A=
de passage P DP −1 où
1 0 2 −2 2 −2 2 −2 2
(u,v,w) 1 t
P = PB = 0 1 1 . De plus, P −1 = det(P) (ComP) = − 16 t 2 −5 −1 = 61 −2 5 1 .
2 1 −1 −2 −1 1 2 1 −1
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MPSI 3 Chapitre 23 : Déterminants 2019-2020
On peut définir une relation d’équivalence R sur l’ensemble des bases de E par :
B RB 0 ⇐⇒ det(B 0 ) > 0
B
Démonstration. La relation R est bien réflexive car detB (B) = 1 > 0. Ainsi, B RB.
Symétrique, car detB (B 0 ) et detB 0 (B) sont inverses non nuls, donc de même signe.
Ainsi, B RB 0 ⇔ B 0 RB.
Transitive : supposons B RB 0 et B 0 RB 00 .
Alors, detB (B 00 ) = detB (B 0 ) detB 0 (B 00 ) > 0 car les deux déterminant sont positifs, donc B RB 00 .
Il y a alors deux classes d’équivalences pour cette relation : la classe de B = (e1 , . . . , en ) et celle de
B 0 = (−e1 , e2 , . . . , en ).
Choisir une orientation pour l’espace vectoriel E consiste à se donner une base de référence, disons B
qui sera dite directe. Toutes les bases dans la même classe d’équivalence que B sont directes, et les autres
sont indirectes.
En pratique, la base canonique des différents e.v. de références est choisie comme directe.
Exemple.
• Dans R2 .
Soit B = (− →
ı ,−
→ ) la base canonique de R2 , supposée directe, ce qui donne l’orientation usuelle du plan, dans
le sens trigonométrique.
Prenons B 0 = (− →ı −− → ,−
→ı +−→ ). Quelle est son orientation ?
1 1
0
det(B ) = =2>0
B −1 1
donc B 0 est directe également.
Prenons θ ∈ R et Bθ = ((cos θ )−
→ı + (sin θ )−
→ , −(sin θ )−
→ı + (cos θ )−
→ ). Quelle est son orientation ?
cos θ − sin θ
det(Bθ ) = =1>0
B sin θ cos θ
donc Bθ est directe également.
• Dans R3 .
−→
Soit B = (− →ı ,−
→ , k ) la base canonique de R3 , supposée directe, ce qui donne l’orientation usuelle de l’espace,
(règle du tire-bouchon).
−→ → −
→
Prenons B1 = (−
→ , k ,−ı ) et B2 = (−−
→ı , −−
→ , − k ).
−→ −→
det(B1 ) = − det(−
→ ,−
→ı , k ) = + det(−
→ı ,−
→ , k)=1
B B B
donc B1 est directe.
→ −
− → −→
det(B2 ) = − det(−−
→ı , − j , − k ) = (−1)3 det(−
→ı ,−
→ , k ) = −1
B B B
donc B2 est indirecte.
Exemple. Soit B = (e1 , . . . , en ) une base directe de E. Soit σ ∈ Sn , et B 0 = (eσ(1) , . . . , eσ(n) ).
La base B 0 est directe ssi σ est paire ssi "(σ) = 1 ssi σ ∈ An .
La base B 0 est indirecte ssi σ est impaire ssi "(σ) = −1 ssi σ ∈ Sn \An .
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