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Université de Médéa

Filière Génie civil

Durabilité des Matériaux


Chapitre 4: Durabilité des aciers

Cours de Master 2
2017

Pr. Debieb
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ACIERS DE CONSTRUCTION
L’acier peut être défini comme un matériau composé essentiellement de fer et
présentant une teneur en carbone inférieure à 2 %. Il peut encore contenir
d’autres éléments mais de tous ces éléments d’alliage, le carbone a l’effet le plus
prononcé sur les propriétés de l’acier. Si l’on ajoute plus de 0,5 % d’éléments
d’alliage à l’acier, on parle d’acier allié. Si la proportion d’éléments d’alliage est
inférieure à ce chiffre, on parle d’acier non allié.

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Domaine de déformation élastique: la déformation est réversible et
proportionnelle à la charge.

Domaine de déformation plastique : la déformation est irréversible.

Re La limite d’élasticité d’un acier est la contrainte (charge unitaire)


délimitant les domaines élastiques et plastiques.

Rm La résistance à la traction représente la contrainte maximum


admissible par un acier. Au-delà, il y a rupture.

A% L’allogement représente la deformation relative maximale admissible


d’un acier avant rupture.

Parmi les aciers non alliés, les aciers les plus répandus sont les aciers destinés à
la déformation à froid, les aciers de construction métallique et les aciers revêtus
métalliques.

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Corrosion des Armatures
Parmi tous les modes de dégradation des structures en béton, la corrosion des
barres d’armature est sans doute le plus répandu et celui qui occasionne le plus
de coûts de réparations.

Le béton est un milieu hautement alcalin qui provoque la formation d’un film
protecteur très mince et adhérent, nommé film passif, à l’interface de l’acier, le
protégeant ainsi contre la corrosion. En raison de ces caractéristiques, l’acier
dans le béton sain ne se corrode généralement pas. Toutefois, un béton qui
résiste mal à l’infiltration d’agents agressifs, tel que les chlorures, et à
l’environnement auquel il est soumis, permettra une dépassivation de ce film, ce
qui engendrera une initiation à la corrosion

Les armatures dans le béton sont protégées grâce à la forte alcalinité du béton
(pH > 12). Dans ces conditions, le film passif se forme à la surface de l’acier et
protège les aciers contre la corrosion dans les conditions normales. En
présence d’eau et d’oxygène, ce film passif peut être détruit par des agents
agressifs comme les chlorures ou les sulfates.

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La corrosion des armatures dans le béton a principalement lieu à la suite de la
carbonatation du béton d’enrobage et de la pénétration des chlorures.

La corrosion ne se forme qu’en présence d’oxygène et d’humidité relative


comprise entre70% et 80%. Lorsque l’atmosphère est très sèche (humidité relative
< 40% et donc absence d'électrolyte), ou lorsque le béton est totalement immergé
dans l’eau désaérée (manque d'oxygène), la corrosion ne se produit en principe
pas.

Processus
de la corrosion
de l’acier
dans le béton

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Amorçage et propagation de la corrosion
Selon certains auteurs, le processus de corrosion des aciers dans le cas d’un
béton initialement sain s'effectue généralement en deux phases: une phase
d’incubation et une phase de propagation comme le montre la figure suivante:

Le temps t0 correspond au passage de la phase d’incubation à la phase de


propagation. La phase d’incubation correspond à une période pendant laquelle
les agents agressifs pénètrent dans le béton d’enrobage jusqu’à l’armature.

Quand les agents agressifs atteignent le niveau critique qui va provoquer la


dépassivation de l’acier, la corrosion s’amorce puis se développe à une vitesse
qui dépend de la température, de la présence d’oxygène et de la conductibilité
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électrique du béton
La corrosion des armatures dans le béton
Selon la définition de la corrosion donnée par la norme ISO 8044 (1999) «
Corrosion des métaux et alliages – Termes principaux et définitions », la corrosion
se définit donc comme une interaction entre :
•Le matériau, conducteur d’électricité par déplacement d’électrons « libres ». Le
matériau se caractérise par sa nature, son état de surface, sa mise œuvre.
•Le milieu environnant, généralement électrolytique, conducteur ionique
d’électricité. On caractérise le milieu environnant par son pH, sa température, la
présence de dioxygène, d’agents agressifs, d’inhibiteurs de corrosion.
•Parfois un autre facteur peut intervenir dans le processus de corrosion :
contraintes mécaniques (corrosion sous contraintes), microorganismes,
écoulements, courants vagabonds…

En béton armé, la tenue des armatures passives ou précontraintes vis‐à‐vis de


la corrosion est le principal facteur à prendre en compte lorsqu’on veut étudier la
durabilité des différents types d’ouvrages (bâtiment résidentiel, bâtiment
industriels, ouvrages de génie civil tels que les ponts, les structures
portuaires…).
Dans ce cas, l’origine de la corrosion des armatures est double :
• la carbonatation du béton d’enrobage par le dioxyde de carbone environnant ;
• où l’attaque de la couche passive par les ions chlorure.
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Différents types de corrosion
Dans le cas des bétons armés, en ne considérant que les processus de corrosion
aqueuse ou électrochimique au contact de milieux dont l’eau est le solvant
principal on distingue plusieurs
modes de corrosion :
• la corrosion uniforme ;
• la corrosion galvanique ;
• la corrosion caverneuse ;
• la corrosion par piqûre ;
•la corrosion intergranulaire ;
•la corrosion sous contraintes.

En règle générale, on considère que la corrosion ne s’amorce que lorsque les


agents agressifs ont pénétré dans le béton d’enrobage sain et ont atteint les
armatures. Les principales étapes du processus de corrosion des armatures sont
donc :
• la propagation des agents agressifs extérieurs tels que le gaz carbonique CO2
ou les ions chlorures Cl‐ ;
• l’amorçage de la corrosion (dépassivation des armatures) ;
• la propagation de la corrosion conduisant à l’endommagement du béton
d’enrobage (éclats, épaufrures, ruptures…).
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Le diagramme de Tuuti [TUU 82] illustre parfaitement deux étapes de la corrosion.
La dégradation du béton est progressive et s’accélère après la destruction de
l’enrobage, généralement assimilée à l’altération de la capacité fonctionnelle de
l’ouvrage

Dégradation schématique des armatures au cours du temps selon le diagramme de Tuuti [TUU 82]
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Les conditions de dépassivation
Avant toute attaque par les chlorures ou la carbonatation, les armatures enrobées
de béton sont protégées de la corrosion par un phénomène de passivation. La
carbonatation du béton d’enrobage et la présence de chlorures en quantité
suffisante au voisinage de l’armature peut conduire à une chute du pH de la
solution interstitielle et donc et à la dépassivation des armatures. Ensuite, la
corrosion des armatures ne peut s’amorcer qu’en présence simultanée de quatre
conditions :
 Une zone anodique, siège des réactions d’oxydation du fer ;
 Une zone cathodique, siège des réactions de réduction de l’oxygène ;
 Un milieu conducteur d’électron (l’armature en acier) ;
 Un milieu électrolytique (la solution interstitielle du béton).

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Les manifestations de la corrosion
Lorsqu'une armature se corrode, elle subit une dissolution plus ou moins localisée
et se recouvre de produits de corrosion instables (rouille classique de couleur
rougeâtre). Dans un béton plutôt poreux et humide, ces produits traversent
l'enrobage et finissent par tacher la surface du parement. Les produits de
corrosion occupent un volume plusieurs fois supérieur au volume initial de l’acier
(figure suivante). Leur formation, lorsqu’elle a atteint un volume suffisant, peut
alors entrainer une fissuration du béton puis son éclatement (épaufrures) ou son
feuilletage. En termes de caractéristiques mécaniques, la corrosion entraine une
diminution de la section d’acier mais surtout une perte d’adhérence acier‐béton.

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Augmentation du volume des produits de corrosion [ANG 09].
Les mécanismes associés à la corrosion

1. Les mécanismes de transfert dans le matériau béton


2. L’action des ions chlorure
3. La carbonatation : une autre interaction chimique entre la phase poreuse et
la phase solide cimentaire

1. Les mécanismes de transfert dans le matériau béton

Dès que le béton est en contact avec l’air ambiant, il se produit des échanges
hydriques qui jouent un rôle sur le comportement et les propriétés des bétons à
tout âge, telles que la maniabilité, la porosité des surfaces, le durcissement, le
retrait, la migration d’agents agressifs extérieurs ou encore la corrosion des
armatures.

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2. L’action des ions chlorure

La pénétration des ions chlorure est une des causes majeurs de dégradations des
structures en béton armé due à une corrosion prématurée des armatures. Comme
nous l’avons vu dans les paragraphes précédents, les conséquences ne sont pas
négligeables. Il convient donc de prendre en compte ce phénomène lorsqu’on
souhaite modéliser la durabilité des structures en béton armé et évaluer leur durée
de vie.

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Processus de corrosion par les chlorures
3. La carbonatation

La carbonatation est un des principaux phénomènes responsable de la corrosion


des armatures et de la dégradation des structures en béton armé. Les structures
les plus touchées par ce phénomène sont les structures exposées à de très
fortes concentrations en dioxyde de carbone telles que les tunnels routiers, les
ouvrages urbains ou encore les parkings souterrains. Dans l’atmosphère, la
fraction volumique du dioxyde de carbone (CO2) est d’environ 0,035 % (ce
pourcentage est une moyenne donnée dans la littérature).

Cependant, il faut garder à l’esprit qu’il peut évoluer en fonction des conditions
locales (zones géographiques, milieu urbain ou non, intérieur ou extérieur d’un
bâtiment, proximité ou non d’un réseau routier…). Ainsi, la fraction volumique de
dioxyde de carbone dans certaines grandes villes est d’environ 0,3 % et peut
atteindre 1 %. Le béton exposé à l’air ambiant est donc constamment soumis à
des phénomènes de carbonatation et donc des risques de corrosion des
armatures dans le cas des bétons armés.

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