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Séquence théâtre, cours du 28-11-2022

RACINE, Andromaque (1668)


Perspective d’étude :
De quoi l’amour est-il le nom dans Andromaque ?
Table des matières
PREMIERE HYPOTHESE PYRRHUS COUPABLE DE CRUAUTE ................................................................... 2
Personnage emporté, véhément : démonstration de force ............................................................... 2
Mise en avant de soi, logique égocentrique ....................................................................................... 2
Agressivité, animosité naturelles chez Pyrrhus ................................................................................... 2
Champ lexical de la violence, du mal............................................................................................... 2
SECONDE HYPOTHESE PYRRHUS VICTIME DE LA PASSION AMOUREUSE .............................................. 2
Passion amoureuse qui tente de se frayer une voie chez Pyrrhus...................................................... 2
Amour perturbant, difficile à assumer ................................................................................................ 3
Pyrrhus déstabilisé qui cherche un nouvel élan .................................................................................. 3
Pyrrhus désorienté, tiraillé entre son pouvoir/ses sentiments........................................................... 3
Tentation de la part de Pyrrhus d’une démonstration de force ......................................................... 3
La déraison de Pyrrhus ........................................................................................................................ 4
CONCLUSION. .......................................................................................................................................... 4
Bilan : un vrai héros de tragédie racinienne........................................................................................ 4
Ouverture ............................................................................................................................................ 4

Acte II, sc.5


 Pyrrhus est-il chef de guerre impitoyable ou amoureux
transi ? Logique de pouvoir ou galanterie ?
PREMIERE HYPOTHESE PYRRHUS COUPABLE DE CRUAUTE
Personnage emporté, véhément : démonstration de force
Plusieurs exclamatives qui se succèdent dans la longue tirade : vers 692, 695,
696 et 697 : incapacité de Pyrrhus à demeurer pondéré et maitrisé dans
l’exposé qu’il fait à Phoenix

Mise en avant de soi, logique égocentrique


Tirade débute par « Moi, l’aimer ? » v.685. En fin de tirade « moi-même »
pronom réfléchi de la 1e personne au vers 699.
Entre-temps, vers 690 déterminants de la 1e personne « mon âme », « mon
empire » (et en plus, « mon âme, mon empire » : gradation = logique de
conquête)
Agressivité, animosité naturelles chez Pyrrhus
Violence verbale :
- « ingrate », « sans parent sans ami sans espoir » : négations, privatifs
- « étrangère » périphrase dégradante qui fait ressortir sa marginalité,
- « son perfide cœur » adjectif péjoratif, synecdoque à valeur
simplificatrice

Champ lexical de la violence, du mal


« ingrate », « haïr », « perdre », « esclave », « Persécuteur », « vengeance »,
« haine », « abandonne », , « douleur », « mourra », « poignard »
 Champ lexical de la domination et de la violence très fourni : une dizaine
de termes sur une vingtaine de vers
 Se répand dans toute la tirade de Pyrrhus : début « haïr » => fin « mourir »,
« poignard »
 Répétition des polyptotes de haine/haïr : insistance sur ce sentiment
dévastateur

SECONDE HYPOTHESE PYRRHUS VICTIME DE LA PASSION AMOUREUSE

Passion amoureuse qui tente de se frayer une voie chez Pyrrhus


Ebauche d’expression du sentiment amoureux au début de la tirade, au 691-
692 : « perfide cœur / son persécuteur »,
- mise à distance de soi
- rimes cœur/persécuteur, allitérations [k], [p] des contraires
Opposition de sens MAIS un rapprochement des termes : confusion des termes
avec contamination bien/mal (mais dans quel sens ?) : si on se fonde sur la
chronologie des termes, dans l’ordre d’apparition des mots, c’est l’amour qui
serait dévoyé en violence.
= tendance naturelle de Pyrrhus revient vite au premier plan.

Amour perturbant, difficile à assumer


Fragmentation de la parole, au moment-même où il est question (deux fois !)
d’amour : éclatement de l’alexandrin, réparti entre Phoenix et Pyrrhus
Vous aimez : c’est assez.
Moi, l’aimer ? une ingrate

= cas ici de stichomythie

Pyrrhus déstabilisé qui cherche un nouvel élan


Vers 688 : « Je puis perdre son fils, peut-être je le doi »
[p] allitération qui renvoie à Pyrrhus => s’affirme
(Allitération va se répandre dans toute la tirade : Epire, empire, persécuteur,
pleurs, poignard…)

Pyrrhus désorienté, tiraillé entre son pouvoir/ses sentiments


Reprises de termes pour se donner du courage, de l’entrain : « Non, non »
(v.693), ou encore l’anaphore de « Quel » adj. Exclamatif « De quel nom… ! »,
« Quel spectacle… ! » (v. 696-697)

Tentation de la part de Pyrrhus d’une démonstration de force


Anaphore de la 1e personne du sing. dans le début de la tirade : « Je puis », « je
le doi », « Je lui donne », « je ne puis », « je l’ai juré »
Pyrrhus concurrencé, au même moment, tout au fil de la tirade, par
Andromaque
[…] Moi l’aimer ? Une ingrate (v.685) Andromaque est objet (COD), et elle est en
clôture de vers
Etrangère … (v.689)
Elle en mourra (v.698)

Au fur et à mesure, Andromaque (ou les périphrases qui la désignent) passe de


la clôture à l’attaque du vers.

La déraison de Pyrrhus
Dans la tirade de Pyrrhus (v. 685-699), et comme dans la majeure part des
pièces de Racine, la quantité de rime privilégiée est la suffisante (i.e. deux
sonorités identiques à la suite), sauf aux v. 689-690 « Epire/empire » [p], [i], [r]
 Pyrrhus est dans son élément lorsqu’il parle de pouvoir
 Mais ce vers sophistiqué pour l’homme classique du 17e est non pas une
marque de force, mais une preuve de faiblesse : Pyrrhus est dans l’excès
(de sophistication poétique, ici) = hybris du personnage = faute morale
dans l’Antiquité et à l’âge classique (17e s.) = Pyrrhus ne se contrôle plus.

CONCLUSION.
Bilan : un vrai héros de tragédie racinienne
PYRRHUS « ni tout à fait bon, ni tout à fait méchant » 1
Ouverture
Même logique ambivalente dans le III, 7 (Pyrrhus à Andromaque) à partir du
vers 947
Madame, demeurez.
On peut vous rendre encor ce fils que vous pleurez.
Oui, je sens à regret qu’en excitant vos larmes
Je ne fais contre moi que vous donner des armes.
Je croyais apporter plus de haine en ces lieux.

1
Première préface de RACINE.
Mais, Madame, du moins tournez vers moi les yeux :
Voyez si mes regards sont d’un juge sévère,
S’ils sont d’un ennemi qui cherche à vous déplaire.
Pourquoi me forcez-vous vous-même à vous trahir ?
Au nom de votre fils, cessons de nous haïr.
À le sauver enfin c’est moi qui vous convie.
Faut-il que mes soupirs vous demandent sa vie ?
Faut-il qu’en sa faveur j’embrasse vos genoux ?
Pour la dernière fois, sauvez-le, sauvez-vous.
Je sais de quels serments je romps pour vous les chaînes,
Combien je vais sur moi faire éclater de haines.
Je renvoie Hermione, et je mets sur son front,
Au lieu de ma couronne, un éternel affront.
Je vous conduis au temple où son hymen s’apprête,
Je vous ceins du bandeau préparé pour sa tête.
Mais ce n’est plus, Madame, une offre à dédaigner :
Je vous le dis, il faut ou périr ou régner.
Mon cœur, désespéré d’un an d’ingratitude,
Ne peut plus de son sort souffrir l’incertitude.
C’est craindre, menacer et gémir trop longtemps.
Je meurs si je vous perds, mais je meurs si j’attends.
Songez-y : je vous laisse, et je viendrai vous prendre
Pour vous mener au temple où ce fils doit m’attendre.
Et là vous me verrez, soumis ou furieux,
Vous couronner, Madame, ou le perdre à vos yeux.

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