Vous êtes sur la page 1sur 20

Les œufs et ovoproduits

Les œufs et ovoproduits


Cette séquence pédagogique traite des œufs (avec coquille) et ovoproduits (hors coquille).
Les œufs font partie du groupe des VPO : viandes, poissons et œufs.
Leur particularité est surtout la richesse en protéines ; l’œuf en est le bon exemple puisqu’il
s’agit d’une source de protéines de référence mondiale.

–– les œufs cassés : ils présentent une atteinte de la


I. Les œufs coquille et des membranes exposant le contenu
au milieu extérieur ;

–– les œufs couvés : ce sont des œufs dont le fœtus


se développe et se forme. Plus la couvaison est
longue, plus le fœtus sera formé. L’œuf couvé est
une spécialité culinaire asiatique.

B. Structure d’un œuf


Un ovule se libère chez la poule tous les jours. Il gros-
sit en une dizaine de jours et forme une grosse cellule :
Fig. 1  Des œufs © Irochka - Fotolia le vitellus. Le vitellus est ce que nous nommons le
jaune d’œuf.
A. Définition
Cette cellule s’entoure ensuite peu à peu d’une
Selon la définition du ministère de l’Agriculture, couche protectrice : c’est l’albumen. L’albumen est
« l’œuf est produit par des oiseaux d’élevage et qui aussi appelé le blanc, car, à la coagulation, il prend
sont propres à la consommation humaine directe ou une couleur blanche. En parallèle de la formation de
à la préparation d’ovoproduits. Il s’agit des œufs en l’albumen se constituent également des filaments de
coquille, à l’exclusion des œufs cassés, couvés ou blanc qui permettent de maintenir le jaune au centre
fêlés ». du blanc : les chalazes. Le jaune et le blanc seront
les réserves nutritives du futur poussin, si l’œuf est
Cette définition s’applique à toutes les espèces mais, fécondé et couvé (si un embryon se forme, il se déve-
par convention, le mot « œuf » se rapporte à l’œuf de loppe à la surface du jaune).
poule en coquille.
Ponte des œufs
Si l’œuf provient d’un autre oiseau, la mention est Pour faire un œuf, nul besoin d’un mâle.
« œuf de… » suivie du nom de l’oiseau par lequel il Cependant, pour féconder les œufs et avoir des pous-
a été pondu. sins, oui.

Quelques exemples : œuf d’autruche, œuf de caille, Une coquille se forme autour du jaune et du blanc.
œuf d’oie, etc. Elle est principalement faite de carbonate de calcium,
provenant de l’alimentation de la poule. Elle est
Précisons cette définition : poreuse afin de permettre au futur poussin éventuel
de respirer.
–– les œufs fêlés : leur coquille présente une fêlure,
c’est-à-dire qu’elle est abîmée, mais seule  la Lors de la formation de la coquille, deux membranes
coquille est atteinte. Les membranes protégeant se forment entre l’intérieur de la coquille et le contenu
l’intérieur de l’œuf ne le sont pas ; de l’œuf. Autour de la coquille se dépose une couche,
la cuticule, qui protège l’œuf. L’œuf est ensuite expul-
sé par le cloaque de la poule. 

1
Les œufs consommés La coquille est faite en majorité de :
Les œufs que l’on consomme proviennent
d’élevage sans coq, donc non fécondés. De plus, les –– matière minérale (65 %) : carbonate de calcium en
œufs sont récoltés le jour de ponte donc ils ne sont pas grande majorité (95 %), carbonate de magnésium
couvés. (2 %), un peu de phosphate ;

vésicule –– matière organique (33 %) : protéines ;


germinatif
coquille –– eau : 2 %.

chambre Tout comme dans l’os, on retrouve des protéines


à air sur lesquelles les minéraux se fixent, donnant à la
coquille sa solidité. La solidité de la coquille dépend
de la race, de son alimentation : plus l’alimentation
est riche en calcium, plus la coquille sera dure. Plus
la poule vieillit, plus la coquille est fine et fragile.
On a alors parfois des coquilles qui peuvent être
« pré-fêlées ».

La coquille est poreuse, elle forme une « matrice


membrane spongieuse » (environ 10 000 pores, le diamètre des
coquillière pores est de l’ordre du micromètre) et elle recou-
verte d’une cuticule, une fine pellicule cireuse. Cette
chalaze vitellus albumen couche est faite de protéines et laisse passer les gaz
ou jaune ou blanc et l’humidité. Elle permet la respiration du poussin.
Porter atteinte à cette couche peut faire entrer des
Fig. 2  Structure de l’œuf © Skill and You micro-organismes, raison pour laquelle, entre autres,
un œuf ne se lave pas. Elle s’estompe voire disparaît
1. La coquille avec la durée de stockage.

Elle protège l’intérieur de l’œuf. Elle peut être de diffé- 2. Les membranes coquillières
rentes couleurs : blanc, rose, beige, etc. Elle peut être
tachetée ou uniforme. La couleur varie en fonction On retrouve une membrane externe, collée à la
de la race de la poule. Même si l’alimentation semble coquille, et une membrane interne, qui entoure l’al-
jouer, la coloration de la coquille est avant tout une bumen. Ce sont deux membranes superposées. Les
question de génétique, elle peut aussi dépendre de la deux membranes se divisent au niveau du pôle plat de
race de la poule et de l’époque de ponte. l’œuf, formant la chambre à air ; cette poche d’air se
constitue lorsque l’œuf refroidit après la ponte. L’œuf
La coquille représente 10 % du poids, donc environ vieillit peu à peu, l’humidité se perd alors, la chambre
6 g pour un poids moyen d’œuf de poule de 60 g avec à air s’élargit et les membranes se séparent (= critère
coquille. de fraîcheur).

Poids des œufs Lorsque l’on écale un œuf dur (on ôte sa coquille),
Le poids brut d’un œuf est de 50 à 60 g. on voit bien la place laissée par la chambre à air.
Toutes les compositions sont données pour 100 g systé- Lorsqu’on met un œuf dans l’eau, on peut retrouver
matiquement, sauf mention contraire. son état de fraîcheur : s’il flotte, il est « vieux », s’il
plonge, il est frais.
Par comparaison :
–– le poids d’un œuf de caille est 20 g ; Ces membranes sont faites de kératine : elles ont un
–– le poids d’un œuf de cane est 120 g ; rôle de protection. La membrane est visible lorsque
–– le poids d’un œuf d’autruche est 1,5 kg. vous écalez l’œuf, elle reste même parfois collée au
blanc.

2
Les œufs et ovoproduits

3. L’albumen (le blanc) Les chalazes maintiennent le jaune au centre de


l’œuf. La proportion de blanc fluide augmente au fur
Il représente 60 % du poids de l’œuf. En réalité, il et à mesure du stockage de l’œuf. Le blanc s’étale
existe plusieurs blancs, plusieurs types d’albumens : beaucoup lorsqu’on casse l’œuf. Aussi, plus la poule
–– le blanc liquide externe, situé sous la membrane est âgée, moins le blanc qu’elle produit est dense.
coquillère (25 %) ; L’albumen contient du dioxyde de carbone (CO2).
–– le blanc dense intermédiaire (60 %) ; Plus l’œuf vieillit, plus le CO2 diminue, plus le pH
–– le blanc liquide interne, qui est accolé au jaune augmente, entraînant une protection naturelle du
d’œuf (15 %). jaune contre les micro-organismes. En vieillissant, le
blanc change de pH : celui-ci augmente pour éviter
Dans le blanc liquide, on retrouve du blanc liquide le développement microbien. Le pH du blanc est de
interne vers le blanc épais et du blanc liquide externe 7,4 dans l’œuf frais.
vers la coquille.
La viscosité du blanc d’œuf constitue une barrière
momentanément antimicrobienne car elle limite le
passage des micro-organismes rendus ainsi moins
mobiles.

4. Le vitellus (le jaune)

Le jaune est constitué de particules en suspen-


sion dans une phase aqueuse. Il est coloré par des
pigments d’ovoflavine et des xanthophylles jaunes.
Blanc épais Blanc liquide Ces pigments proviennent de l’alimentation de la
Fig. 3  Le blanc épais et le blanc liquide de l’œuf © Skill and You poule. Plus la poule mange de l’herbe, du maïs, des
aliments riches en carotènes, plus le jaune est foncé.
On voit aussi des filaments épais nommés chalazes, Il peut aller de jaune pâle à orange foncé. Le poids
ou tortillons d’albumen. Plus l’œuf est frais, plus les du jaune est de 30 % du poids de l’œuf. Le jaune est
chalazes sont visibles. entouré de la membrane vitelline.

Ces chalazes sont constituées de couches de blanc Sur le jaune, on observe le disque germinatif (ou
épais torsadées. Elles joignent le blanc épais de germe si l’œuf est fécondé). Il s’agit du noyau de
chaque pôle à la couche chalazifère, mince pellicule l’ovocyte qui a migré à la surface du jaune, formant un
formée d’albumen dense qui entoure la membrane léger creux à la surface, qu’on peut aussi voir comme
vitelline dans laquelle se trouve le jaune. un petit point blanc. Rien à voir avec le petit point
rouge qui est un vaisseau sanguin.

Le pH du jaune est à 6. C’est un milieu propice au


développement microbien. Lorsque l’œuf vieillit, le
blanc se liquéfie, comme vu précédemment, et les
bactéries migrent plus facilement. La membrane vitel-
line est plus fragile (on peut le voir car le jaune casse
plus facilement lorsqu’on veut le clarifier : séparer
le blanc du jaune), le jaune est moins bombé. Avec
le temps, les chalazes se détendent et le jaune se
déplace alors vers la coquille.

On peut voir des œufs avec « double jaune ». Ces


œufs ne donnent pas de jumeaux. Il s’agit d’une
Chalazes anomalie : une ovulation précoce, ou un jaune qui
a pris du retard sur le trajet. Ce sont souvent de gros
Fig. 4  Chalaze de l’œuf © Skill and You œufs.

3
Cela arrive surtout chez des poules au tout début de –– 3,5 % d’ovomucine (qui joue particulièrement sur
leur carrière de pondeuse. Cette anomalie empêche- la viscosité du blanc, qu’on trouve majoritairement
rait de donner un poussin mais, pour nous, il s’agit dans le blanc dense et qui se liquéfie lorsque l’œuf
juste de l’amusement de tomber sur deux jaunes. vieillit) ;

C. Composition nutritionnelle –– 0,8 % de flavoprotéines (qui fixe la B12) ;

Le poids net d’un œuf est de 50 g, le poids brut est de –– 0,5 % d’ovo-macroglobuline ;
60 g. Concrètement, un œuf en coquille propose 50 g
de partie comestible. –– 0,1 % d’ovo-inhibiteur (complexe inhibiteur d’en-
zymes, qui inhibent les protéases et surtout la
Les compositions nutritionnelles sont données pour trypsine) ;
100 g de produit net :
–– 100 g net d’œuf pour 2 œufs ; –– 0,05 % d’antibiotine, l’avidine ;
–– 100 g de jaune pour 5 à 6 jaunes ;
–– 100 g de blanc pour 3 blancs. Dans le jaune, on trouve quatre protéines, essentiel-
lement des hétéroprotéines :
1. Eau –– lipoprotéines : 33 % lipo-ovovitellines (HDL) ;
–– phosphoprotéines : 8,5 % phosvitine.
L’œuf entier contient 77 % d’eau, dont 90 % dans le
blanc et 52 % dans le jaune. Ce sont les particules en suspension dans la phase
aqueuse :
La plus grande proportion d’eau se trouve dans le –– 27 % de lipoprotéines de basse densité : LDL ;
blanc. L’Aw est donc importante, il s’agit d’un produit –– 30 % d’ovolivétines.
sensible.
Les protéines du blanc d’œuf sont peu digestes
2. Protéines lorsqu’elles sont crues (CUD = 50), surtout à cause
de l’antitrypsine (enzyme protéolytique du suc
Il y a 12 à 13 g de protéines dans l’œuf au total (blanc pancréatique).
et jaune) soit 10 % dans le blanc et 16 % dans le jaune.
Le CUD
Le blanc est un gel de protéines. Il s’agit d’une solu- Coefficient d’utilisation digestive. C’est un
tion aqueuse de protéines globulaires dans laquelle il coefficient allant jusqu’à 100 et permettant d’évaluer
y a une protéine fibreuse, l’ovomucine. l’absorption d’un aliment ou d’un nutriment.
Il se calcule en confrontant la quantité absorbée/la
Dans le blanc, on trouve dix protéines aux proprié- quantité ingérée. Plus le CUD est élevé, plus l’organisme
tés moussantes, liantes et anti-microbiennes. Elles ne a absorbé d’aliment ingéré.
présentent aucun facteur limitant et sont très riches en
acides aminés soufrés.  S’il est cuit, les protéines se dénaturent, le CUD
grimpe alors à 92. Certains autres traitements du
–– 54 % d’ovalbumine ; blanc, même s’il reste cru, augmentent le CUD.

–– 13 % d’ovoconalbumine ou ovotransferrine (qui Exemple : le blanc cru fouetté (blanc en neige dans
fixe le fer) ; la mousse au chocolat) a un CUD de 85. Les proté-
ines sont dénaturées par le fouettage et ont un accès
–– 11 % d’ovomucoïde (allergisante) ; augmenté aux enzymes digestives.

–– 8 % d’ovoglobulines ; Les protéines du jaune d’œuf ont un meilleur CUD


cru (CUD 96) que cuit, à l’inverse du blanc. Cuit, le
–– 3,5 % de lysozymes ; jaune est composé de protéines qui forment des agré-
gats peu digestes. Ces protéines sont riches en lysine. 

4
Les œufs et ovoproduits

L’OMS déclare la protéine de l’œuf entier comme


celle de référence, protéine qui est composée de tous
les AAI. Sa VB est de 100 ; les autres protéines sont
comparées au profil de la protéine de l’œuf.

Valeur biologique (VB)


C’est un indice qui permet de mesurer la quali-
té d’une protéine (le CUD s’utilise pour tous les nutri-
ments, la VB seulement pour les protéines).
Cet indice allant jusqu’à 100 est le ratio d’azote incorpo-
ré dans l’organisme, c’est-à-dire dont il va se servir pour
ses synthèses. En d’autres termes, c’est l’azote utile au
corps dans une quantité de protéines absorbée. Fig. 5  Logo TradiLin © TradiLin
Pourquoi l’azote ? Parce que l’azote rentre dans la
composition des protéines. a. Bleu-Blanc-Cœur
Aussi, plus la protéine contient des AAI, plus la VB est C’est une association qui s’engage à enrichir l’alimen-
importante. tation des animaux en oméga 3, face au constat scien-
La VB de référence est placée à 100 ; c’est celle de l’œuf, tifique d’un manque de ces acides gras dans l’alimen-
qui permet de comparer toutes les autres protéines. tation française. Elle regroupe agriculteurs, éleveurs,
consommateurs autour de l’intention de bien nourrir
3. Lipides hommes et animaux avec des aliments d’intérêt nutri-
tionnel et de préserver l’environnement.
On retrouve :
–– 11 % de lipides dans l’œuf entier ; Parmi les lipides, on retrouve aussi le cholestérol,
–– 32 % dans le jaune. dont 398 mg/100 g d’œuf, 844 mg dans l’œuf de
caille et 884 mg dans l’œuf de cane. Le cholestérol
Avec une teneur en lipides négligeable dans le blanc. se situe dans le jaune : 939 mg/100 g de jaune d’œuf.

Parmi ces lipides, on trouve pour 2/3 des triglycérides Les œufs contiennent certes une teneur importante en
et pour 1/3 des phospholipides. cholestérol, sachant que le besoin de base est posé à
300 mg/jour. Mais, en réalité, le cholestérol alimen-
La répartition en acides gras est de : taire est peu absorbé par l’intestin. De plus, il ne
–– 35 % d’AGS (richesse en acide palmitique) ; représente que 25 % du cholestérol de l’organisme :
–– 50 % d’AGMI (acide oléique) ; tout le reste est de source endogène, c’est-à-dire fabri-
–– 15  % d’AGPI, dont 14  % d’oméga  6 et 1  % qué par le corps lui-même, par le foie notamment.
d’oméga 3.
Dans le monde médical, il est souvent conseil-
On peut trouver aujourd’hui dans le commerce des lé de consommer 2 à 3 œufs par semaine pour les
œufs enrichis en oméga 3. On enrichit les œufs par personnes souffrant d’hypercholestérolémie (cela
exemple grâce à l’alimentation des poules en graines comprend les œufs consommés tels quels et ceux
de lin extrudées et à la vitamine E (antioxydant). incorporés dans les préparations).

Ces œufs portent souvent le label Pour les personnes n’ayant aucun souci, on parle de 6
« Bleu-Blanc-Cœur ». à 7 œufs par semaine. Or, on montre aujourd’hui que
manger jusqu’à 2 œufs par jour, tous les jours sur du
long terme (plus de 2 mois), n’a que très peu, voire pas
d’incidence sur la cholestérolémie.

5
Et cela est valable chez les personnes en bonne d. Le calcium
santé comme chez celles ayant des risques cardio- La teneur est de 77 mg/100 g. Cette teneur n’est pas
vasculaires (au-delà de cette consommation, c’est très élevée, cependant elle peut contribuer à couvrir
surtout l’équilibre et la variété nutritionnelle qui sont les besoins.
mis à mal). On sait aujourd’hui qu’il existe plusieurs
types d’hypercholestérolémies et que la majorité e. Le phosphore
d’entre elles ne réagissent pas à la baisse de consom- La teneur est de 204 mg/100 g. La teneur est impor-
mation d’aliments riches en cholestérol. Si l’apport tante, surtout dans le jaune d’œuf.
est trop bas, cela pourrait même stimuler la synthèse
endogène. Le rapport calcium/phosphore est de 0,3. C’est un
mauvais résultat donc pas de biodisponibilité.
Aussi, on sait aujourd’hui que ce sont les AGS, et
surtout les AGS-trans, qui ont un impact sur le choles- f. Le magnésium
térol sanguin. Or, l’œuf en contient finalement assez Teneur de 11 mg/100 g. Teneur négligeable.
peu.
g. Cuivre, zinc, iode, sélénium
4. Glucides C’est surtout le jaune d’œuf qui est riche en ces
oligoéléments.
La teneur en glucides est tout à fait négligeable, et est
donc considérée comme nulle. Si toutefois on devait L’alimentation de la poule va influer les teneurs.
situer les traces de glucides, elles se situeraient plutôt
dans l’albumen. 6. Vitamines

5. Minéraux Les poules d’élevage produisent des œufs de compo-


sition plus constante en vitamines, minéraux, etc. En
Les teneurs en vitamines et minéraux peuvent varier effet, leur alimentation est étudiée et linéaire, afin
selon l’alimentation de l’animal. d’augmenter certaines teneurs en vitamines.

a. Le fer a. Vitamines liposolubles


La teneur en fer est de 2 mg/100 g. Il y en a davantage On va les retrouver dans le jaune.
dans le jaune que dans le blanc. –– A : 182 µg/100 g (environ 30 % ANC) ;
–– D : 1,88 µg/100 g (environ 30 % ANC) ;
Il s’agit d’un fer héminique, qui aurait donc tendance –– E : 1,43 mg/100 g (environ 10 % des ANC).
à être plutôt bien absorbé. Cependant, la phosvitine
se lie à lui et le rend en grande majorité indisponible. b. Vitamines hydrosolubles
Ce complexe résiste aux protéases digestives. Ce fer –– B1 : 0,05 mg/100 g, ce qui est peu.
est donc peu absorbé par l’organisme.
–– B2 : 0,45 mg (30 % des ANC).
Des études montrent cependant que l’ajout de vita-
mines C permet d’augmenter l’absorption du fer –– B3-PP : 0,06 mg, ce qui est pauvre, mais l’œuf est
disponible. riche en tryptophane, précurseur de la B3.

b. Le sodium –– B6 : 0,15 mg, ce qui est négligeable.


La teneur est de 124 mg/100 g. La teneur en Na dans
le blanc d’œuf est vingt fois supérieure à celle dans le –– B12 (vitamine exclusivement présente dans les
jaune. Cette teneur est non négligeable. produits d’origine animale) : 1,45 µg, ce qui couvre
une bonne partie du besoin.
c. Le potassium
La teneur est de 134 mg/100 g. C’est moins important –– B9 : 60 µg (20 % du besoin couvert).
que pour les viandes et poissons.
–– Vitamine C : absente.

6
Les œufs et ovoproduits

On peut remarquer que les vitamines B1, B6, B9 et a. Catégorie A


B12 sont surtout dans le jaune, et les vitamines B2 et Ces œufs ne sont jamais lavés, que ce soit avant ou
B3 surtout dans le blanc. après le classement. Ils n’ont subi aucun procédé
de conservation particulier, si ce n’est le maintien
D. Commercialisation des œufs à +8 °C. Ce sont les seuls œufs qui sont vendus au
consommateur.
Le collecteur est habilité à récolter les œufs chez les
producteurs et à les transporter vers les centres d’em- Dans cette catégorie, on retrouve des œufs frais ou
ballage. Ces derniers sont habilités à classer les œufs, extra-frais :
les marquer, les emballer et les transporter.
–– œufs extra-frais : ils sont mis dans une chambre à
La commercialisation des œufs est soumise à air inférieure à 4 mm au moment de l’emballage.
des arrêtés (arrêté du 28 août 2014) et à des textes Ils gardent la mention « extra-frais » jusqu’au 9e
de loi communautaires européens  : règlements jour après la ponte. Ces œufs sont donc retirés de
CE  853/2004, 589/2008 et 1308/2013 (ceci est la vente, ou la mention est retirée à J +7 (J = jour de
donné à titre d’information et n’est pas à apprendre ponte). On trouve la mention « extra » sur l’embal-
par cœur). lage. Si cette mention ne peut être retirée de l’em-
ballage, les œufs sont retirés de la vente car ils ne
1. Classement des œufs peuvent plus porter cette mention. Ces œufs sont
idéaux pour les préparations où l’œuf n’est pas cuit
Les œufs issus des producteurs sont donc collectés. (mayonnaise, mousse, etc.) ou peu cuit (coque,
Le principe est toujours le même : la traçabilité. Les poché, etc.) ;
producteurs sont identifiés (par un numéro), et on
note le jour de ponte et le mode d’élevage. Des œufs –– œufs frais : chambre à air inférieure à 6 mm au
non conformes peuvent déjà être retirés à ce moment- moment de l’emballage. Ils portent cette mention à
là. Les œufs sont ensuite triés, classés dans les centres partir donc de J +10 après le jour de ponte. Ils sont
d’emballage. Une table de tri permet un premier tri : consommables jusqu’à J +28.
les œufs qui, à l’œil nu, sont sales, fêlés ou cassés,
sont retirés. Jusqu’à J +14, on va privilégier l’utilisation des œufs
pour les œufs au plat, frits.
Ensuite, les œufs restants sont mirés : c’est-à-dire
placés devant une source de lumière permettant de À partir de J +14 et jusqu’à J +22, on va privilégier les
voir à travers. Cela sert à observer les plus petites préparations type omelette.
fêlures, les cassures plus subtiles, et surtout à mesurer
la chambre à air ou à percevoir des taches suspectes Ensuite, à partir de J +22, les œufs sont retirés de la
(exemple : sang). vente dans le commerce car ils doivent être consom-
més rapidement, mais, à la maison, on va plutôt les
Ils sont aussi pesés, calibrés. Ils seront alors classés par utiliser pour des préparations cuites : œufs durs, pâtis-
poids. Il existe 4 calibres : series, etc.
–– œufs très gros, ou XL, dont le poids est supérieur
à 73 g ; La coquille doit être propre, intacte, de forme
–– gros œufs, ou L, dont le poids est de 63 g à 73 g ; normale. Le blanc d’œuf est clair, translucide, géla-
–– œufs moyens, ou M, dont le poids est de 53 g à tineux et ne contient pas de substances étrangères. Le
63 g ; jaune d’œuf est visible au mirage sous forme d’ombre
–– petits œufs, ou S, dont le poids est inférieur à 53 g. seulement, sans contour apparent, légèrement mobile
et revenant à une position centrale lorsqu’on fait tour-
Les œufs sont aussi classés selon leur qualité, selon ner l’œuf.
trois catégories d’œufs.
b. Catégorie B
Ces œufs n’ont plus les caractéristiques des œufs
de catégorie  A. Ils sont destinés à l’industrie
agroalimentaire.

7
Ils sont dits aussi « conservés ». En effet, ils subissent différents modes de conservation :
–– œufs réfrigérés : la température est inférieure à 8 °C et on les reconnaît par le symbole ;
–– œufs immergés : ils ont subi l’immersion dans un lait de chaux, par exemple, et portent le symbole • ;
–– œufs stabilisés : conservés dans un mélange gazeux différent de l’air ambiant, ils portent le symbole .

Pour ces œufs, la chambre à air est inférieure à 9 mm. La coquille est normale et intacte.

c. Catégorie C
Ces œufs sont dits « déclassés ». Ils ne peuvent pas être consommés en l’état, et sont destinés, eux aussi, à l’in-
dustrie agroalimentaire. La chambre à air est supérieure à 9 mm. Ils sont donc plutôt destinés aux ovoproduits.

Les œufs dits « déclassés »


Ce sont bien des œufs consommables par l’homme. Simplement, ils ne peuvent entrer dans les deux précé-
dentes catégories : coquilles cassées, anormales, etc.

Extra frais Frais Changement


de catégorie

Jour de ponte J+9 J + 22 J + 28


retirés
de la vente
Fig. 6  Fraîcheur de l’œuf © Skill and You

2. Marquage des coquilles a. Le premier chiffre : mode d’élevage


de la poule qui a pondu l’œuf
Marquage des œufs Il existe 4 chiffres possibles correspondant à 4 types
Le marquage des œufs apparaît dans le point 2 d’élevage :
de l’annexe de la directive 2002/4/CE.
0 : élevage biologique. Les poules reçoivent de la
À partir de 250 poules dans l’élevage, le marquage nourriture biologique (95 % minimum). Elles ont
de la coquille est obligatoire. On appelle ça aussi le accès à des parcours extérieurs (4 m2/poule, voire
code producteur. 5 m2/poule pour le label rouge), elles disposent
d’abris et de végétation. Dans les bâtiments, elles ont
Ce marquage se fait à l’encre bleue ou rouge, encre des nids, des perchoirs, et sont logées à une densité
alimentaire. Cette encre indélébile est résistante à la de 6 poules/m2.
cuisson. Ce marquage est un code, permettant une
traçabilité. On trouve la mention « AB » sur l’emballage.

1 : élevage en plein air. Les poules ont accès à un


parcours extérieur au cours de la journée seulement
(idem que pour le « bio », 4 m2/poule). On peut voir
la mention « œufs de poules élevées en plein air »
sur l’emballage. Elles sont au nombre de 9 poules/m2.

C’est dans cette catégorie qu’on trouvera les œufs


label rouge.

Mode Pays Lieu de production 2 : élevage au sol : les poules évoluent librement
d’élevage d’origine à l’intérieur d’un bâtiment : 9 poules/m2. On verra
la mention « œufs de poules élevées au sol » sur
Fig. 7  Marquage de l’œuf © Skill and You l’emballage.

8
Les œufs et ovoproduits

Elles ne peuvent pas accéder à un parcours extérieur.

La taille de l’élevage est illimitée, contrairement aux


catégories « 0 » et « 1 ».

3 : élevage en cage aménagée (dit aussi standard). Les


poules sont élevées en cage, à la lumière artifi-
cielle, sans voir l’extérieur. Depuis janvier 2012,
de nouvelles normes européennes concernent l’es- Fig. 8  Logo Œufs de France © agriculture.gouv.fr
pace et l’équipement : les poules vivent en groupe
de 16 poules/m2 et disposent de perchoirs et de nids Ce logo garantit que les œufs sont pondus en France
dans les cages. Cette densité reste importante : elles et par des poules nées et élevées en France. Le condi-
ne peuvent faire que quelques pas et ne peuvent tionnement et la transformation, s’il s’agit d’ovopro-
étendre leurs ailes. duits, sont faits, eux aussi, en France. Ce logo peut être
utilisé pour les quatre types d’élevage.
Il n’existe aucune limite à la taille de l’exploitation.
Cette démarche est proposée par le CNPO (Comité
Des colorants peuvent être donnés dans l’alimenta- national pour la promotion de l’œuf), qui a rédigé la
tion afin d’accentuer la couleur du jaune – sauf pour Charte d’engagement de la filière française des œufs
les catégories 0 et 1 Label rouge. « pondus en France ». Cet engagement permet surtout
une qualité sanitaire irréprochable et la conformité à
À savoir que la grande majorité des œufs proposés à des normes très exigeantes.
la vente en France (au moins 70 %) sont des œufs de
catégorie 3, appelés aussi des œufs de poules élevées c. La série de chiffres et/ou de lettres : code qui
« en batterie » (ce terme aujourd’hui connoté signifie permet d’identifier le lieu de production
simplement « cage »). C’est le code d’élevage. Il permet de retrouver l’éle-
veur, le bâtiment d’élevage, etc. En France, il y a
Le gouvernement Macron s’est engagé, dès la 3 lettres pour le site d’élevage suivies de 2 chiffres
campagne présidentielle, à interdire d’ici 2022 la pour le numéro du bâtiment.
vente des œufs pondus par des poules élevées en
batterie. E. Étiquetage
Certains distributeurs (exemple  : Monoprix) et Les emballages, en plastique ou en carton,
plusieurs marques (exemple : Amora) se sont déjà contiennent 4/6/9/10/12/15/24 ou 30 œufs. Ces
engagés en ce sens. D’autres encore comme Metro emballages sont choisis pour leur résistance aux
(supermarché réservé aux professionnels de l’ali- chocs et leur capacité à ne pas dégrader le produit ni
mentation) veulent aller plus loin en appliquant cette en accélérer l’altération.
mesure aux ovoproduits qu’ils proposent.
Sur ces emballages, on va retrouver différentes
2025 devrait être l’année où l’interdiction s’étendra mentions.
à tous les œufs.
1. Les mentions obligatoires
b. Les lettres : pays où a eu lieu la ponte
FR : France, DE : Allemagne, BE : Belgique, etc. –– Numéro de l’étiquette ;

À savoir qu’un logo permet de repérer les œufs fran- –– nom et raison sociale de l’entreprise ;
çais directement sur l’emballage :
–– numéro du centre d’emballage ;

–– catégorie de qualité et de poids ;

–– nombre d’œufs dans la boîte ;

9
–– date de consommation recommandée (DCR) et Le jaune, lui, a un pH qui augmente. Les lipides
recommandations nécessaires pour conserver s’hydrolysent, ce qui peut amener un goût et une
les œufs au mieux. Sont écrits sur la boîte : jour/ odeur désagréables. La membrane vitelline se fragi-
mois. Mois pouvant être écrit de 1 à 12 ou avec les lise. Les éléments du jaune (minéraux, lipides, etc.)
premières lettres du mois. On peut trouver cette migrent petit à petit vers le blanc, le jaune s’affaisse.
date sur la coquille ; Avec le temps, l’œuf se déshydrate, la chambre à air
s’agrandit. L’air pénètre plus facilement dans l’œuf
–– date de ponte (obligatoire seulement pour la caté- lorsqu’il vieillit. Plus la température de stockage est
gorie « extra-frais »). On peut d’ailleurs retrouver élevée, plus l’œuf vieillit rapidement. On peut stoc-
cette date sur la coquille ; ker des œufs à température ambiante, pas de risques
microbiologiques, mais la durée de vie est nettement
–– date d’emballage ; diminuée.

–– mode d’élevage. Quatre mentions sont possibles : Il est donc recommandé de conserver les œufs (non
« œufs de poules élevées en plein air » ; « œufs cassés, non fêlés) de cette manière :
de poules élevées au sol » ; « œufs de poules
élevées en cage » ; « œufs de poules élevées selon –– dans les alvéoles du frigo, tête en bas, sur la pointe.
le mode de production biologique » ou « œufs Cela évite à la chambre à air d’être compressée ;
biologiques  » (règlements  CE  n°  834/2007 et
n° 889/2008). –– au frigo (en haut du frigo ou dans la porte), dans un
compartiment fermé pour éviter trop d’évapora-
La signification du code producteur est expliquée sur tion mais aussi pour que les œufs ne prennent les
la face extérieure ou intérieure de l’emballage, ce qui odeurs environnantes – la coquille, rappelons-le,
permet un choix plus conscient. est poreuse. Dans le temps, on les conservait dans
la paille, la cendre, le sable, le son, etc.
Pour la vente en vrac, c’est-à-dire sans emballage : les
œufs doivent être présentés par catégorie de qualité, On recommande soit le frigo, soit une pièce fraîche
de poids et selon le mode d’élevage. (chambre froide en collectivité) avec un maximum
de 15 °C.
Une étiquette, une pancarte, un écrit, doit indiquer
la catégorie de qualité et de poids, le mode d’élevage La législation demande de stocker et transporter les
et une explication relative à la signification du code œufs à une température constante. En effet, les diffé-
du producteur. On devra aussi y voir la DCR (elle est rences de température impliquent une condensation
fixée à 28 jours après la ponte de l’œuf). et donc un risque microbien important. Ensuite, la
législation demande, comme on l’a vu, de mention-
2. Les mentions facultatives ner la réfrigération une fois les œufs achetés par le
consommateur et de ne pas laver les œufs avant de
–– Date de ponte (sauf pour la catégorie « extra ») ; les stocker, pour ne pas retirer la cuticule.
–– proposition de cuisson, préparation, etc. ;
–– toutes autres mentions (tri, etc.). Il est important de sortir seulement le nombre d’œufs
dont on a besoin, afin de ne pas laisser les œufs non
F. Conservation des œufs utilisés à température ambiante trop longtemps.
Cependant, il est possible de les sortir avant pour
Lors du stockage, l’œuf subit des changements. certaines recettes où l’œuf a besoin d’être à tempéra-
Le blanc a un pH qui se modifie rapidement, en ture ambiante (exemple : monter des blancs).
quelques jours, à température ambiante. C’est la perte
du CO2 par les pores de l’œuf qui cause cette modi- Dans ces conditions, l’œuf se conserve sans problème
fication de pH. Comme nous l’avons déjà évoqué, le durant toute sa DDM. Un œuf dur va, lui, se conserver
blanc se liquéfie. Le jaune se déplace donc du centre quatre jours non écalé, deux jours écalé (couvert). Le
vers le haut de l’œuf, le rendant plus vulnérable aux jaune d’œuf cru se conserve couvert car il sèche vite
contaminations. et pas plus de 24 heures.

10
Les œufs et ovoproduits

Le blanc d’œuf cru se garde une demi-journée. Les Sur un œuf cuit dur, en l’écalant, la chambre à air doit
préparations contenant des œufs crus se conservent être minime et le jaune centré.
24 heures.
Plus l’œuf est vieux, plus un creux s’observe à la base
On reconnaît un œuf frais dans l’eau : plus l’œuf est de l’œuf et plus le jaune est susceptible d’apparaître
vieux, plus il flotte. Cela est dû à une augmentation sur le bord de l’œuf.
de la taille de la chambre à air, accompagnée d’une
perte en eau, et donc d’une perte en densité. Il n’est Chambre à air agrandie
pas fêlé ou cassé. Son aspect est bon.

Si on casse l’œuf, on voit un blanc dense, qui ne


s’étale pas trop. Plus l’œuf vieillit, plus le blanc dense Coquille
devient liquide. Les blancs deviennent homogènes. Jaune
excentré
Dans les laboratoires, on peut calculer un indice,
allant de 0 à 110 : l’indice de Haugh. Le score de
Blanc
l’unité Haugh est : la hauteur du blanc épais de l’œuf
cassé sur une surface plane combinée avec la masse
de l’œuf.

HU : unité Haugh


Fig. 9  Schéma d’un œuf de poule peu frais © Skill and You
HU = 100 x log(H- 1,7W0,37 + 7,6) avec H : hauteur
du blanc et W : masse de l’œuf. On observe bien le jaune de côté à la découpe.
Lorsqu’on casse l’œuf, il ne sent pas mauvais. Il n’a
Score du HU (unité Haugh) pas une couleur suspecte.
Plus le score du HU est élevé, meilleure est la
qualité de l’œuf. Casser les œufs à part
Il est recommandé de toujours casser les œufs
Le jaune d’un œuf frais est globuleux et bombé ; au fur à part, pour que, s’il y a une mauvaise surprise à la casse,
et à mesure, il s’affaisse. On peut également calculer vous ne gâchiez pas l’ensemble de votre préparation.
un indice du jaune en laboratoire.
Exemple : si je prépare une quiche, je mets la crème,
Cet indice du jaune est la hauteur du jaune divisé par le lait et la garniture dans mon saladier. Si je casse
le diamètre du jaune de l’œuf cassé sur une surface mon œuf directement dans la préparation et qu’il a
plane : c’est le Yolk index. un mauvais état de fraîcheur, il faudra tout jeter. Il vaut
donc mieux casser l’œuf dans un bol à part. S’il est
Formule : YI = YH/YD avec YI : indice du jaune, YH : bon, je le mets dans ma préparation.
hauteur du jaune d’œuf, YD : diamètre du jaune
d’œuf. 1. L’œuf de 100 ans, ou pidàn

Score de l’indice du jaune d’œuf Cet œuf est une spécialité asiatique. En réalité, cet
Plus l’œuf est vieux, plus le score de l’indice œuf n’a pas 100 ans mais son aspect et son odeur
du jaune diminue, notamment parce que la membrane pourraient le faire croire, d’où son nom.
vitelline se détend et se fragilise.
C’est un œuf dont le jaune est vert foncé, très crémeux,
L’HU diminue vite au fur et à mesure du stockage. Le et où le blanc est brun orangé, un peu translucide et
YI diminue bien moins vite. comme gélifié. Il sent très fort le soufre. C’est en réali-
té un œuf macéré dans un liquide composé de chaux,
Le jaune d’un œuf frais est centré ; plus l’œuf vieillit, de cendres, de sel, d’épices et d’aromates (thé, zeste
plus le jaune s’excentre. d’agrumes, etc.).

11
La coloration est donc surtout due au liquide de
macération, mettant bien en évidence la porosité de
la coquille (mettez un œuf dans un verre de vinaigre
toute la nuit, vous ne verrez le lendemain plus de
vinaigre mais, une fois la coquille retirée, vous aurez
une balle rebondissante). La macération se fait dans
un récipient fermé durant 16 à 18 jours, à température
ambiante. Les œufs seront ensuite rincés.

Les Chinois le mangent froid, accompagné de sauce


soja, vinaigre, gingembre, etc., selon les goûts et les
habitudes familiales. Fig. 10  Boîte à œufs © unitypix - Fotolia

G. Contamination des œufs 2. Contaminations chimiques

Il existe des autocontrôles effectués par les centres La contamination chimique peut avoir lieu avec des
d’emballage, surtout au moment où ils réceptionnent produits chimiques présents dans l’environnement,
les œufs provenant des collecteurs ainsi qu’entre le ou avec l’utilisation de médicaments vétérinaires
tri et le mirage. chez la poule pondeuse.

Ces autocontrôles doivent permettre d’éviter de Dans l’environnement de la poule, on peut retrou-
mettre sur le circuit de consommation des œufs ver des PCB : dans son alimentation, ou dans les
contaminés ou impropres à la consommation. sols sur lesquels les poules peuvent évoluer. Cela
concerne donc surtout celles ayant accès à l’extérieur
Contamination des œufs des oiseaux (exemple : poule en plein air). Les œufs peuvent fixer
aquatiques les PCB dans les matières grasses du jaune d’œuf. Les
Les œufs des oiseaux aquatiques, comme l’œuf de règlements 1 881/2006 et 1 259/2011 imposent des
cane, sont encore plus susceptibles d’être touchés teneurs maximales par gramme de graisse.
par des contaminations (à cause du contact avec l’eau
notamment). On peut aussi évoquer les produits phytosani-
taires visant à protéger les récoltes des parasites,
1. Moisissures insectes, etc. Là encore, la réglementation a fixé des
limites maximales de résidus (LMR) pour de multi-
On peut voir de la moisissure se développer sur la ples denrées alimentaires, dont les œufs (règle-
coquille lorsque l’œuf a été mal conservé. Cela est ment 396/2005 modifié du 23/02/2005). Il semblerait
principalement dû à l’apparition de condensation sur cependant que le risque reste faible pour les œufs.
la coquille qui favorise le développement des moisis-
sures. Ils ne peuvent bien sûr plus être consommés, Concernant les médicaments à usage vétérinaire, on
car les moisissures peuvent pénétrer l’œuf. Les études pense bien entendu en premier lieu aux antibiotiques
montrent d’ailleurs que les moisissures entrent plus dont on parle beaucoup pour la volaille. La réglemen-
facilement par la chambre à air, et, évidemment, si tation interdit l’usage de certains médicaments, ou
l’œuf est fêlé ou cassé. fixe des LMR pour ceux autorisés.

On voit l’importance du maintien de l’intégralité de L’utilisation de plusieurs familles de médicaments


la coquille tout au long de la chaîne, mais aussi du vétérinaires est permise chez les volailles : antibio-
maintien d’une température constante de stockage tiques (voie orale), antiparasitaires (voie interne ou
afin d’éviter toute condensation. externe), etc. Depuis janvier 2006, l’ajout d’antibio-
tiques dans l’alimentation afin de favoriser la crois-
sance des animaux est interdit dans l’UE.

12
Les œufs et ovoproduits

De multiples recherches sont faites sur les temps Il y a une LMR pour les métaux lourds, mais l’œuf
d’élimination des antibiotiques par la poule, les rési- n’est pas identifié comme un aliment pourvoyeur de
dus laissés dans l’œuf, dans le jaune ou le blanc, etc. ces métaux. L’apport est très négligeable et très loin
Selon le type d’antibiotique et la quantité utilisée, les de la LMR.
œufs peuvent être consommés dans des délais plus
ou moins proches du traitement. Les traitements sont Pour finir, on peut évoquer la canthaxanthine, un
suivis par des vétérinaires. On détermine alors des pigment utilisé comme colorant alimentaire afin
temps d’attente afin de respecter les LMR. d’accentuer la couleur du jaune d’œuf. On sait
aujourd’hui que cette substance peut provoquer des
On prête aujourd’hui une attention particulière à la atteintes de la rétine, des troubles de la vue. La direc-
présence d’antibiotiques dans les aliments, car ils tive 2003/7 fixe une limite maximale de canthaxan-
sont allergènes pour une partie de la population, mais thine à 8 mg/kg d’aliments par poule pondeuse (la
aussi car leur consommation accentue le phénomène somme de canthaxanthine, autres caroténoïdes et
de résistance aux antibiotiques. xanthophylles ne devant pas dépasser 80 mg/kg d’ali-
ments). Le règlement 775/2008 fixe également une
Parmi les médicaments vétérinaires, il y a les pesti- limite maximale de canthaxanthine à 30 mg/kg de
cides en usage externe. Ils sont vaporisés dans le jaune d’œuf.
milieu ou directement sur la poule pour lutter contre
certains insectes. Certains de ces pesticides sont auto- Utilisation de canthaxanthine
risés en usage vétérinaire et auront une LMR posée, Un excès est rapidement détectable à l’œil
d’autres sont interdits par l’Union européenne : c’est nu : le jaune devient de plus en plus rouge selon la dose
le cas du Fipronil. utilisée. Des tests sont donc réalisés dans les centres
d’emballage avec une échelle de couleurs permettant
Ce produit agit sur les poux de la poule, il est inter- d’y comparer le jaune d’œuf de l’œuf testé.
dit dans l’UE pour les animaux destinés à la chaîne
alimentaire mais ce n’est pas le cas pour les animaux On peut aussi évoquer les dioxines qui sont très stables
domestiques ou les produits antiparasitaires à usage chimiquement et non détruites par l’organisme. 
domestique. C’est pourquoi une LMR est tout de
même posée pour l’œuf, car la poule peut en retrou- 3. Virus
ver dans son environnement. Cette limite est très
faible : 0,005 mg/kg. On peut évoquer le virus de l’influenza aviaire (grippe
aviaire). L’état des recherches actuelles montre des
En août 2017 éclate un scandale sanitaire : des lots cas où le virus a pu être retrouvé à l’intérieur de l’œuf.
d’œufs provenant de poules infestées par des poux Cependant, à ce jour, aucun élément ne permet de
traités par un insecticide contenant frauduleusement dire que la grippe aviaire pourrait être transmise à
du Fipronil, à des doses bien au-delà de la LMR, se l’homme par la consommation d’œufs contami-
retrouvent sur le marché. Ils proviennent des Pays-Bas nés. Par prudence, bien sûr, les poules pondeuses
et de Belgique. touchées par le virus sont identifiées.

Ils sont immédiatement retirés de la vente. Beaucoup 4. Contamination bactérienne


de tests sont effectués afin de retrouver tous les lots
touchés et tous les produits transformés contenant ces L’œuf est conçu de façon stérile. L’œuf s’entoure peu
œufs. à peu de différentes protections contre le milieu exté-
rieur : les membranes coquillières, la coquille et la
La France est relativement épargnée par ce scandale, cuticule.
elle sera surtout touchée par le biais d’ovoproduits
importés. Il faut donc surveiller de façon extrêmement minu-
tieuse toutes les étapes susceptibles d’abîmer la
Depuis, un autre pesticide est à l’étude, l’amitraze. coquille.
Ce pesticide autorisé à l’heure actuelle pour les rumi-
nants, le porc, etc., n’a pas été étudié pour les volailles La coquille est le principal vecteur de
et pourtant se retrouve dans les œufs. micro-organismes.

13
Elle est en contact avec le cloaque de la poule : c’est Ce qu’il faut faire en cas de suspicion de TIAC
par le cloaque que sortent les œufs, les urines et les
matières fécales, etc., mais il s’agit aussi de l’organe –– Déclaration à l’ARS et aux services vétérinaires.
génital permettant la reproduction. On comprend –– Fourniture des plats témoins (obligation en restaura-
donc rapidement que des bactéries se déposent natu- tion collective sociale).
rellement sur la coquille. –– Fourniture des résultats d’autocontrôles.

Les coquilles peuvent aussi être contaminées au Les TIAC et les œufs
contact du sol (fientes des poules, litière, etc.), de Les TIAC sont majoritairement dues à la
l’eau souillée, du matériel, du personnel, etc., et ce consommation d’œufs contaminés consommés crus
à toutes les étapes. L’élevage en batterie facilite les ou peu cuits. Mais elles peuvent aussi être dues à la
contaminations. contamination apportée par la coquille : les bactéries
se retrouvent dans l’environnement et contaminent des
De plus, certaines bactéries peuvent rester dans le préparations.
milieu pendant des mois en attendant celui propice
à leur développement. On peut donc avoir des a. Les bactéries touchant l’œuf
contaminations croisées : un œuf sain peut entrer Salmonelles
en contact avec une surface contaminée depuis Dans les bactéries touchant la coquille d’œuf, on
plusieurs semaines. va trouver surtout la salmonelle, et notamment la
Salmonella enteritidis. On l’appelle aussi le bacille
La contamination interne de l’œuf peut avoir lieu par : de Gärtner. Cette bactérie est la principale respon-
sable des TIAC.
–– transmission verticale : contamination avant la
ponte. La poule pondeuse peut être touchée par La salmonellose (la maladie due à une salmonelle)
une salmonelle (bactérie la plus problématique) est responsable de gastro-entérites. Il faut une inges-
et, dans de rares cas, le jaune, son ovule, serait tion assez massive pour déclarer les symptômes, sauf
contaminé ; chez les patients fragiles (immunodéprimés, femmes
enceintes, personnes âgées, enfants en bas âge). Si
–– transmission horizontale : après la ponte. Cette un nombre suffisant de bactéries réussit à survivre
transmission est due à l’altération de la cuticule ou à l’acidité de l’estomac, les Salmonella enteritidis
de la coquille. Les bactéries peuvent alors passer parviennent aux intestins et se multiplient. La bacté-
les barrières et se développer à l’intérieur de l’œuf. rie, en passant la barrière intestinale, l’enflamme et
libère des substances toxiques irritantes, des entéro-
L’albumen, contrairement au vitellus, est un milieu toxines. Cela provoque des diarrhées. On retrouve
moins favorable au développement des bactéries du aussi, parmi les symptômes de la fièvre (pas de fièvre
fait de sa composition protéique et de sa richesse en thyphoïde), des maux de tête, des douleurs articu-
lysozymes, qui empêche notamment le développe- laires, etc.
ment microbien. Le jaune est donc plus sensible. Les
œufs sont responsables de la majorité des toxi-infec- Les symptômes se déclenchent 8 à 72 heures après
tions alimentaires collectives (TIAC). ingestion. En quelques jours (24 heures/4 jours), sans
traitement, la maladie régresse. Dans certains cas, en
Un foyer de TIAC l’absence de traitement, la maladie peut évoluer vers
Un foyer de TIAC est défini par l’apparition d’au une hémorragie digestive, une perforation intestinale,
moins deux cas groupés d’une symptomatologie, géné- une infection aiguë de la vésicule biliaire, une hépa-
ralement digestive, dont on peut rapporter la cause à tite, etc.
une même origine alimentaire.
Il est donc important de toujours consulter un méde-
cin, surtout si les symptômes persistent au-delà de
4 jours, et de faire éventuellement un antibiogramme
reposant sur une coproculture pour orienter le
traitement.

14
Les œufs et ovoproduits

Staphylococcus aureus b. Comment les prévenir ?


Les staphylocoques sont des bactéries que nous avons Dans le secteur professionnel : il est impératif de
naturellement sur la peau et au niveau des muqueuses mettre en place les mesures HACCP et de s’appuyer
(nez et gorge). Beaucoup d’entre nous sont porteurs sur le guide des bonnes pratiques d’hygiène élaboré
sains. Ils peuvent donc facilement contaminer les pour ce secteur des œufs et des ovoproduits.
aliments par manipulation, surtout en cas de bles-
sure ou de coupure, par émission (éternuement, Une attention particulière est requise pour toutes
mouchage) ou par contamination croisée. les étapes critiques : manipulations, stockage à des
températures adéquates, dans des bâtiments adap-
Les aliments les plus touchés sont les ovoproduits, les tés permettant un taux de ventilation et d’humidité
mayonnaises et les pâtisseries à la crème. contrôlé, désinfection du matériel, etc.

Les intoxications alimentaires staphylococciques Chez le producteur : ramassage fréquent des œufs.
sont souvent dues à un staphylocoque produisant des
entérotoxines qui sont thermorésistantes. On retrouve Il faut aussi faire attention au dépistage des porteurs
les symptômes habituels : vomissements, diarrhées et sains parmi le personnel, c’est-à-dire les personnes
crampes abdominales, qui disparaissent en général qui peuvent véhiculer la bactérie sans déclarer la
quelques heures après l’ingestion, sans nécessité de pathologie associée.
traitement spécifique.
Au domicile :
Le Staphylococcus aureus est beaucoup plus gênant
dans le milieu hospitalier, où il est l’un des principaux –– acheter des œufs dont l’origine est connue et
responsables des infections nosocomiales (contrac- identifiable ;
tées sur le lieu d’hospitalisation).
–– conserver les œufs au réfrigérateur pour ralentir le
Listeria monocytogenes développement microbien ;
On la retrouve facilement dans l’environnement, elle
est très résistante. Les poules ont, comme beaucoup –– éviter tous les changements de température qui
d’autres animaux, cette bactérie dans leur intestin. La provoqueraient la condensation ;
transmission à l’homme se fait dans la plupart des cas
par voie alimentaire. Cette bactérie, à l’aise dans les –– respecter la DCR et si possible le type de prépara-
basses températures, touche plus particulièrement les tion préférable selon l’état d’avancement de l’œuf ;
denrées réfrigérées longtemps. Les œufs font partie de
ces aliments à risque. –– ne pas utiliser d’œufs dont la coquille est abîmée ;

Pseudomonas –– ne pas consommer d’œuf dont la coquille montrait


Pseudomonas fluorescens et Pseudomonas putida des traces d’excrément ;
représentent les espèces les plus fréquemment vues
dans les œufs. Ce sont des bactéries qui peuvent se –– ne jamais laver la coquille ;
déplacer, car elles sont munies d’un flagelle. Elles sont
donc assez virulentes. Elles produisent des pigments –– nettoyer régulièrement les zones du réfrigéra-
fluorescents pour l’une et verts pour l’autre, donc teur en contact avec les œufs (les alvéoles, le
repérables. Elles provoquent aussi une mauvaise compartiment) ;
odeur.
–– nettoyer les surfaces en contact avec la coquille ;
Proteus
Il s’agit d’une entérobactérie, c’est-à-dire une bacté- –– se laver les mains avant et après la manipulation
rie qui se trouve naturellement dans l’intestin de des œufs ;
beaucoup d’animaux. Elle se trouve donc facile-
ment dans l’environnement. Cette bactérie crée une –– ne pas casser les œufs sur le récipient qui est utilisé
pourriture noire dans l’œuf et provoque une odeur pour la préparation du plat ;
nauséabonde.

15
–– attention à l’étape de la clarification : séparation L’œuf est donc un aliment protidique par excellence
des jaunes et des blancs, etc. grâce à sa richesse en AAI (pendant longtemps consi-
déré comme la protéine de référence). Les caractères
Ces derniers points sont particulièrement observés structuraux de ses protéines font de lui un ingré-
lors de l’épreuve de « techniques culinaires ». Le jury dient technologique privilégié : capacité à la gélifi-
observe notamment : cation, propriétés moussantes, emulsifiantes par les
lécithines.
–– que vous ne posiez pas les œufs sur le plan de
travail ; Il est une bonne source de vitamines liposolubles,
minéraux et oligoéléments et présente une très bonne
–– que vous vous laviez les mains dès que vous avez digestibilité.
manipulé les œufs (durant la prise de denrées,
durant la préparation et après). Le lavage des mains
doit se faire après chaque œuf ;
II. Les ovoproduits
–– que vous ne cassiez pas vos œufs sur le même bol
dans lequel vous allez faire votre préparation ; A. Définition et fabrication
–– que vous clarifiez les œufs en prêtant attention au Ovoproduit
contact avec la coquille. Denrée alimentaire obtenue par cassage
des œufs (de poule, caille, pintade, cane) propre à la
Faire passer l’œuf consommation humaine et réalisée à partir de la totalité
d’une coquille à ou d’une partie du contenu d’un œuf. Elle est exempte
l’autre jusqu’à ce de coquille et de membranes coquillières.
qu’il ne reste que Pour sa confection, les œufs peuvent être fêlés, mais
le jaune. La clarification pas couvés.
maison est proscrite.
L’œuf en coquille n’est pas simple à utiliser en collec-
Fig. 11  Clarification de l’œuf © Skill and You tivité. On peut donc avoir recours à des ovoproduits,
c’est-à-dire de l’œuf sans sa coquille. Ces produits
Clarification évitant les contaminations : sont très utilisés par l’industrie agroalimentaire et la
restauration hors domicile (RHD), notamment pour
–– prendre l’œuf et le casser doucement mais sûre- des raisons d’hygiène, mais aussi parfois de prati-
ment sur un bol propre ou sur le bol qui contient les cité (tubes d’œuf dur à trancher plutôt que de faire
œufs, qui est donc déjà considéré comme « sale » ; des œufs durs à écaler puis à trancher). La gamme
est large. Ils se stockent facilement. Le professionnel
–– prendre garde lors de la séparation des coquilles à s’assure que le produit est de qualité constante.
ne pas faire entrer de la coquille dans l’œuf ;
Il y a deux catégories d’ovoproduits :
–– vider l’œuf entier dans un bol propre ;
–– les ovoproduits non transformés ou de « première
–– se débarrasser de la coquille et se laver les mains ; transformation » : issus du cassage des œufs. Ils
comportent tout ou partie de l’œuf : le blanc, le
–– prendre une cuillère à soupe et récupérer le jaune ; jaune ou l’œuf entier ;
Exemple  : bidon de 3  litres de blancs d’œufs
–– recommencer autant de fois que nécessaire. pasteurisés.

Cela est d’autant plus vrai dans les centres hospita- –– les ovoproduits transformés ou de « seconde
liers et les crèches par exemple, où le public servi transformation » prêts à l’emploi : des œufs cuits,
est fragile. Par principe, les œufs en coquille dans les des ovoproduits précuisinés ou cuisinés.
plats à base d’œufs crus ou peu cuits devraient être Exemple : blanc en neige moulé pour île flottante.
évités.

16
Les œufs et ovoproduits

Les œufs qui entrent dans cette filière des ovopro- température inférieure ou égale à -12 °C (jusqu’à
duits peuvent être des œufs déclassés, provenant -18 °C).
d’un surplus de production, ou encore de produc-
teurs vouant toute leur production aux ovoproduits. Cette méthode permet de conserver sur le long terme
Les œufs ne doivent pas avoir été couvés. les ovoproduits, mais c’est une denrée qui reste fragile
à la décongélation, qui doit se faire dans de bonnes
Les œufs qui entrent dans cette filière sont amenés en conditions (souvent bain-marie) afin de ne pas traver-
casserie : usine spécialisée dans le cassage des œufs. ser la zone de température critique trop longtemps et
Les casseries sont soumises à des réglementations de ne pas les altérer.
strictes et doivent être validées par les services vétéri-
naires par une estampille. Les changements dus à la congélation sont minimes
en ce qui concerne le blanc d’œuf (légère liquéfac-
Les œufs peuvent être des œufs de poule, de caille, de tion), mais plus importants pour le jaune. Il est plus
cane, de dinde, d’oie, etc. Dans tous les cas, les œufs difficile à mélanger aux autres ingrédients une fois
sont brossés et lavés, pour éviter les contaminations décongelé. Pour remédier à cela, souvent, on y ajoute
lors du cassage. du sel.

Puis ils sont cassés individuellement, mécanique- À la maison, les blancs peuvent être congelés, l’œuf
ment. À ce moment, ils peuvent aussi être clarifiés entier aussi. Dans ce cas, il faut mélanger blanc et
par des machines spécialisées qui évitent les traces jaune avant de mettre au congélateur dans un réci-
de jaune dans le blanc et inversement. pient fermé, adapté. Pour congeler les jaunes, on
ajoute du sucre ou du sel avant congélation.
Ils sont filtrés (on retire les chalazes) et homogénéisés.
c. Les œufs déshydratés
Ils subissent ensuite différents traitements selon l’ovo- On peut aussi les appeler « poudres d’œufs ». La base
produit voulu. est l’œuf liquide pasteurisé et séché jusqu’à former
une poudre ayant une humidité de 8 % pour le blanc
B. Les différents ovoproduits et de 5 % pour le jaune ou pour l’œuf entier.

1. De 1re transformation On procède soit à l’atomisation entre 160 et 200 °C,


soit à la lyophilisation (coût élevé donc peu utilisé).
a. Les œufs liquides
Ils sont pasteurisés : il existe différents barèmes selon Lors de ces procédés, les œufs subissent des altéra-
qu’il s’agit du jaune, du blanc ou de l’œuf entier. Ils tions chimiques nécessitant l’ajout d’additifs :
sont étudiés pour permettre un traitement efficace sur
les bactéries tout en maintenant les propriétés culi- –– réaction de Maillard lorsqu’on chauffe le blanc :
naires recherchées de l’œuf. on désucre le blanc (sur le plan nutritionnel, on
estime que les traces de glucose sont négligeables
Ils sont ensuite refroidis et maintenus à +3 °C. Ils sont et donc n’entrent pas dans la composition. Sur le
conditionnés en bidons, et leur livraison doit avoir plan technique, ces traces ont leur effet) ;
lieu dans les 24 heures suivant la pasteurisation.
–– perte du pouvoir foisonnant du jaune due à la
La pasteurisation permet d’éliminer les germes patho- rupture des globules gras : addition de sucre.
gènes, en particulier les salmonelles et staphylo-
coques. Les salmonelles sont plus thermorésistantes On va donc avoir des ovoproduits tels que le jaune, le
dans le jaune que dans le blanc ou l’œuf entier. blanc ou l’œuf entier plus ou moins sucrés ou salés,
ce qui peut modifier la composition nutritionnelle.
b. Les œufs surgelés
Ce sont des œufs liquides pasteurisés surgelés au plus Comme dans les autres procédés énumérés, on part
tard dans les 12 heures qui suivent la pasteurisation. d’abord des œufs pasteurisés : c’est la première étape
Ils sont d’abord surgelés à -40 °C, puis stockés à une avant de leur faire subir d’autres traitements, comme
la concentration.

17
Après avoir été pasteurisés, les œufs vont être salés ou Le carbonate de calcium purifié peut être un matériau
sucrés, puis soumis à une évaporation pour obtenir de construction, un ingrédient dans le ciment ou le
une concentration en eau souhaitée : Aw finale à 0,8. mortier. Il peut rentrer dans la fabrication du papier. Il
peut aussi être utilisé comme matière première dans
On utilise de plus en plus l’ultrafiltration sur le verre, les peintures ou les colorants.
membrane pour concentrer l’œuf, ce qui altère moins
ses propriétés. On étudie aussi la possibilité que de petits morceaux
de coquilles remplacent les microbilles de plas-
L’aspect économique est un autre avantage des tique dans les cosmétiques. Des chercheurs anglais
ovoproduits, en sachant que, de plus, les industriels mettent au point un pansement ultra-cicatrisant avec
s’approvisionnent en priorité en Belgique ou aux les coquilles, d’autres tentent la fabrication de pneus.
Pays-Bas où ils sont moins chers, d’où l’ampleur du
scandale dont on parlait précédemment. La consommation d’ovoproduits est très importante
et n’ira pas en diminuant, il sera intéressant de voir si
2. Les ovoproduits de 2de transformation tout ça reste à l’état de recherches, ou pas.

On trouve des œufs cuisinés :


–– œufs durs écalés ;
–– œufs mollets écalés ; III. Consommation des œufs
–– œufs pochés ;
–– œufs durs en rouleau ;
aujourd’hui
–– préparations pour omelettes ; La France est le premier producteur d’œufs d’Europe
–– omelettes ; avec 14 milliards par an, 70 % d’œufs en coquille et
–– œufs brouillés ; 30 % destinés aux produits transformés.
–– blancs en neige, etc.
68 % des poules pondeuses en France sont encore
Dans ces préparations considérées comme culinaires, élevées dans des élevages en batterie. Le changement
on peut retrouver des additifs : colorants, acidifiants, annoncé par le gouvernement amènera un vrai travail
émulsifiants, sel, sucre, etc. de fond : 18 % seulement viennent du plein air, contre
7 % en bio.
3. Les coquilles
Les Français commencent à changer leurs habitudes
Les casseries ont comme déchet important les de consommation en mettant de côté les œufs de
coquilles. On cherche comment valoriser ce déchet poules en batterie, et en achetant du 100 % français,
industriel, soit 360 800 tonnes de coquilles chaque mais leur consommation totale est à 40 % consti-
année dans les pays européens. tuée d’ovoproduits, sans qu’ils en aient forcément
conscience.
Il y a certes une majorité d’incinération, mais il pour-
rait y avoir aussi une possibilité de compostage. Les fausses rumeurs nutritionnelles qui courent sur
Certains pays comme l’Espagne autorisent leur utili- l’œuf s’estomperont probablement et, vu la diminu-
sation directe sans prétraitement comme engrais. tion de la consommation de viande, l’œuf devrait
Des chercheurs étudient la possibilité d’étendre cette redorer son blason. De plus, il est pratique, peu cher
pratique dans tous les pays en étant certains de ne pas et facilement trouvable.
propager de maladies.
La consommation actuelle est de 230 œufs par an et
Les coquilles peuvent aussi être utilisées comme par habitant.
additif alimentaire, pour produire du carbonate de
calcium purifié, ou rentrer dans la constitution d’im- A. Recommandations
plants orthopédiques et dentaires.
Il est conseillé de consommer 6 œufs par semaine
maximum en raison de la teneur élevée en cholestérol
(chez les personnes bien portantes).

18
Les œufs et ovoproduits

Modes de consommation : sous toutes leurs formes Allergie croisée


(omelette, brouillés, au plat, pochés, durs, mollets…). L’allergie croisée est une réaction à un aller-
gène sans un premier contact normalement nécessaire
Pour les personnes affectées à un régime contrôlé en à la mise en place d’un phénomène allergique.
lipides, il est préférable de consommer 4 œufs entiers
maximum par semaine. Privilégier les modes de cuis- Exemple : je suis allergique au kiwi et, la première fois
son sans matières grasses. que je mets des gants en latex je déclare une allergie,
alors que je n’avais jamais été en contact avec du latex
Enfin, il est intéressant de varier avec les autres apports auparavant.
protéiques (viande, poisson, abats, charcuterie).
L’allergie à l’œuf guérit pour 50 % des enfants vers
B. Frein à la consommation d’œufs : l’âge de 3 ans, pour 65 % vers l’âge de 5 ans. Pour
l’allergie à l’œuf d’autres, elle persistera à l’âge adulte.

L’œuf, avec le lait de vache et l’arachide, est l’un des On sait cependant qu’il faudra une certaine vigilance
trois allergènes les plus fréquents chez les enfants, chez ces enfants qui, même guéris de l’allergie, ont
et notamment les enfants de moins de 3 ans : 9,5 % statistiquement une prédisposition à l’asthme.
des enfants sont touchés, 1,5 % de la population en
général. Un remède naturel ancestral consiste à faire une cure
d’œuf de caille en début de printemps pour éviter les
Le blanc est majoritairement responsable de la réac- allergies aux pollens.
tion allergique. Les protéines incriminées sont l’ova-
lbumine, l’ovotransferrine et surtout l’ovomucoïde,
qui résiste à la chaleur.
IV. Propriétés culinaires
Certaines protéines du jaune sont aussi allergisantes.
Les signes de l’allergie à l’œuf sont les signes d’aller-
de l’œuf
gie classiques : réactions cutanées, difficultés respira- L’œuf possède beaucoup de cordes à son arc.
toires, signes digestifs divers et choc anaphylactique
possible dans 5 % des cas, les plus graves. A. Propriétés moussantes
Il s’agit alors d’exclure l’œuf de l’alimentation, ce qui Le blanc d’œuf a des propriétés moussantes. Lorsqu’il
n’est pas simple tant l’œuf entre dans la composition est battu, ses protéines sont capables de retenir les
de multiples préparations et produits du commerce. bulles d’air et forment une mousse stable.

Ainsi, le règlement UE n° 1169/2011 et le décret du Exemple : œufs en neige.


17 avril 2015 obligent à apposer sur l’étiquette des
produits alimentaires et de façon claire le nom de l’al- On pourra encore plus stabiliser cette mousse en
lergène, en italique, en gras ou souligné. Exemple : la faisant cuire : pocher des blancs (pour les îles
« présence d’œuf ou de produit à base d’œuf ». flottantes), faire des meringues, des soufflés, des
génoises, etc.
Une liste claire des allergènes est dressée par cette loi
(moutarde, lupin, soja, arachide, etc.), elle est révisée C’est notamment le lysozyme qui est responsable de
régulièrement en fonction des avancées scientifiques. la formation de la mousse, et l’ovomucine assure sa
stabilité en formant un film insoluble protégeant les
L’éviction peut aussi être affinée chez certains : aller- bulles d’air.
gie au blanc cru ou cuit ? Jaune cru ou cuit ? Ce qui
peut parfois permettre un peu plus de souplesse. B. Propriétés liantes
Il existe également des allergies croisées à l’œuf : Les protéines du blanc et du jaune ont cette propriété
allergie croisée blanc/jaune, allergie aux oiseaux, de liant.
aux plumes, etc.

19
On peut voir d’ailleurs l’ajout de blanc dans certaines E. Propriétés coagulantes
charcuteries pour lier les ingrédients entre eux, ou
l’ajout de jaune dans certaines sauces pour lier L’ovalbumine permet les consistances gélifiées.
(exemple : sauce de la blanquette). Le blanc a cette
capacité de former un gel. Exemple : le flan, l’appareil à quiche, etc.

Exemple : l’œuf entier lie farces, appareils à quiche, Les protéines, en particulier l’ovalbumine, sont
etc. dénaturées par la chaleur et coagulent. Le blanc
commence à coaguler à partir de 57 °C et le jaune à
C. Propriétés émulsifiantes épaissir à partir de 65 °C.

Grâce aux lécithines du jaune, l’œuf, sous l’action F. Propriétés aromatiques


du fouettage, peut s’émulsifier. L’émulsion est un
mélange hétérogène de deux liquides normalement Le jaune d’œuf permet surtout d’amener une certaine
non miscibles, mais qui se mélangent sous l’effet flaveur (goût très reconnaissable) et de fixer les
d’une agitation. arômes grâce à ses lipides. L’œuf amène aussi beau-
coup d’onctuosité et de moelleux.
Exemple d’émulsion non stable : la vinaigrette (elle
tient un moment puis retombe). De multiples recettes sont possibles, à commencer
par les basiques :
Exemple d’émulsion stable : la mayonnaise (réussie). –– œuf à la coque, poché et au plat : 3 minutes ;
–– œuf mollet : 6 minutes ;
D. Propriétés colorantes –– œuf cocotte : 10 minutes ;
–– œufs brouillés : 6 minutes ;
Grâce à ses pigments, le jaune colore les prépara- –– œufs durs : 8 minutes, etc.
tions. Les pâtes à gâteau n’auraient pas cette couleur
sans le jaune. On peut dorer aussi des préparations :
tourte, pâte à choux, brioche, etc.

20

Vous aimerez peut-être aussi