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DE GLACE
Robvn Donald
ÉDITIONS HARLEQUIN
Cet ouvrage a été publié en langue anglaise
sous le titre :
ICEBERG
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Un cœur de glace. 2.
— Si, si... J'ai le dîner à préparer et... A demain,
Sarah.
Julien resserra son étreinte un quart de seconde,
puis la lâcha.
— Mais Line...
— Dis au revoir, Sarah.
Le menton de la petite fille trembla.
— Au revoir, Line. On pourra se baigner demain?
— Bien sûr. Bonsoir, Sarah. Bonsoir, monsieur.
Elle s'enfuit en courant.
Elle était en train d'éplucher des pommes de terre,
quand elle entendit frapper à la porte. Une sensation
de terreur la submergea. Elle prit une longue
inspiration avant d'aller ouvrir. Sarah était peut-être
avec lui...
Il était seul.
— Je peux entrer?
Elle s'effaça pour le laisser passer.
— De quoi s'agit-il? demanda-t-elle, sur la défen-
sive.
Il parut hésiter, comme s'il cherchait ses mots.
— Sarah vous aime beaucoup.
Line haussa les sourcils.
— Moi aussi, je l'aime bien.
— Elle est bouleversée. Elle croit que c'est ma
présence qui vous a incitée à vous enfuir.
Malgré elle. Line rougit. Il se moquait d'elle...
— Je suis désolée.
— J'en doute. Cependant, Sarah est une enfant
fragile. Elle a été très malade et s'en remet difficile-
ment. Que pensez-vous d'elle, exactement?
Line contempla ses mains crispées sur ses genoux.
— Je lui trouve une grande personnalité. Elle est
vive, elle a de l'imagination, elle est franche. Elle est
peut-être un peu trop habituée à obtenir tout ce
qu'elle désire...
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Julien Doyle lui adressa un sourire ironique.
— Qui se ressemble s'assemble...
— Je vous demande pardon?
— Vous aussi, vous êtes vive. Vous avez de
l'imagination, vous êtes franche. Vous aussi êtes
peut-être un peu trop habituée à obtenir tout ce que
vous désirez.
— N'oubliez pas que je suis d'un égoïsme révol-
tant! rétorqua-t-elle, rouge de colère.
Elle en voulait à Béatrice de l'avoir mise dans une
situation aussi embarrassante.
Les traits de Julien se durcirent.
— Je ne l'avais pas oublié. Cependant, vous aurez
du mal à inculquer ce défaut à ma fille. Je suis donc
prêt à passer là-dessus pour le moment. Du moins en
ce qui concerne Sarah.
— Quelle grandeur d'âme!
Il tressaillit imperceptiblement.
— Je ne suis pas venu ici pour vous chercher
querelle, Miss Grant. Je refuse de me laisser provo-
quer.
— Alors expliquez-moi pourquoi vous êtes là.
— Je vous demande, par égard pour Sarah, de
vous comporter avec moi en termes amicaux. Au
moins devant elle.
Line écarquilla les yeux, mais n'eut pas le temps de
répondre.
— ... Elle s'emporte facilement. Après votre
départ précipité, elle s est mise à sangloter. Elle m'a
reproché de vous avoir fait peur. Honnêtement,
j'aurais préféré que vous ne la rencontriez jamais.
Malheureusement il est trop tard pour reculer. Elle
vous aime bien... Je ne tiens pas à ce qu'elle
comprenne...
— Que nous nous détestons, conclut la jeune fille
d'une voix sèche.
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Pour la première fois de sa vie, Julien Doyle fut à
court de mots.
Il la dévisagea longuement.
— Vous croyez? Personnellement, j'aurais davan-
tage nuancé cette remarque. Mais vous êtes jeune...
J'ai votre promesse, alors?
— Quelle promesse?
— Vous êtes têtue, Miss Grant. Je vous demande
de faire un petit effort par égard pour Sarah... Afin
qu'elle ne puisse se douter de notre... antipathie.
D'instinct, Line chercha dans ces mots le piège
qu'ils pouvaient recéler. Mais en apparence, il
s'agissait de la simple requête d'un père préoccupé
par sa fillette.
— Très bien.
— Parfait! A présent, auriez-vous la gentillesse de
m'accompagner à la villa afin de la rassurer?
Line leva brusquement la tête vers lui. Elle avait
cru déceler une nuance de triomphe dans le ton de sa
voix. Julien l'observait, impassible. Elle en conclut
qu'elle s'était trompée...
— Bon, répondit-elle enfin, à contrecœur. J'arrive
tout de suite. Je vais me changer.
— Vous êtes tout à fait convenable ainsi, répliqua-
t-il avec une indifférence glacée.
Line réprima un soupir.
Sarah s'était installée dans une petite pièce dont les
rideaux avaient été tirés. Elle regardait la télévision
en feignant le plus grand intérêt pour l'émission
proposée.
Elle se redressa en entendant arriver Line, poussa
une sorte de grognement et accorda de nouveau toute
son attention au poste.
— Apparemment, elle est très occupée, fit remar-
quer la jeune fille à Julien Doyle.
Elle se détourna pour repartir.
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— Non, non!
La fillette bondit sur ses pieds, éteignit la télévi-
sion, puis s'approcha lentement d'eux.
— Vous avez fini de préparer le dîner?
— Oui, ma chérie.
Line sourit.
— ... Il me reste simplement à faire cuire les petits
pois.
— Ah. Nous aussi, nous en mangeons ce soir. Je
n'aime pas ça.
— Non? Ce n'est pas grave. Chacun ses goûts...
Sarah parut perplexe.
— Qu'est-ce que vous n'aimez pas?
— Les courgettes. Sauf si elles sont bien cachées.
— Et toi, papa, qu'est-ce que tu n'aimes pas?
Il ne put s'empêcher de sourire.
— Les haricots verts.
Sa fille poussa un cri de joie.
— Les haricots verts? Moi j'adore ça! C'est
rigolo. Je ne savais pas que tu ne les aimais pas...
Line... Vous voulez voir ma chambre? J'ai plein de
livres.
— D'accord. Mais je dois rentrer à l'appartement
dans une demi-heure.
— Venez vite, alors!
Line sourit intérieurement. La mauvaise humeur
de la fillette s'était dissipée comme par miracle. Elle
longeait le couloir en sautillant.
En hôtesse courtoise, elle fit visiter sa chambre à la
jeune fille. Elle lui montra chacun de ses trésors, le
visage grave.
— Voici ma maman, expliqua-t-elle en désignant
une photographie entourée d'un cadre en argent...
Elle est morte quand j'avais deux ans. Sa voiture est
tombée du haut de la falaise, à la ferme.
Le regard empli de compassion, Line contempla la
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photo. Quel contraste entre cette femme qui riait et
la petite fille si grave! Alison n'était pas vraiment
jolie, mais un charme fou émanait d'elle, c'était
évident... Quel contraste aussi, avec Béatrice, si
froide et posée !
— Papa ne me parle jamais d'elle, reprit la petite
fille d'une voix résignée. Peut-être quand je serai plus
grande... Elle a l'air gentille, non?
Le cœur de Line se serra.
— Elle est ravissante. Tu lui ressembles un peu.
— C'est vrai? Je sais que je suis plutôt comme
papa. Anna dit que j'ai les mêmes yeux. Mais quand
il avait mon âge, il avait les cheveux châtain.
Comment étaient vos cheveux, quand vous étiez
petite?
— Rouge-carotte, répondit Line en riant...
Demande à Béatrice. Elle te le dira.
Sarah eut un mouvement de recul.
— Miss Grant n'aime pas bavarder avec moi.
Elle se tourna ostensiblement vers la bibliothèque.
— Vous venez voir mes livres?
Avant de la quitter, Line lui raconta une longue
histoire. Le héros de l'aventure était l'ours en peluche
que la fillette serrait toujours dans ses bras au
moment de s'endormir. Anna parut : il était l'heure
d'aller prendre un bain. Line embrassa la fillette et
sortit de sa chambre. Elle était songeuse. Elle pensait
à la vie tragique d'Alison Doyle et aux sous-entendus
de Stewart.
Elle était tellement 'absorbée dans ses réflexions
qu'elle ne vit pas la porte du bureau s'ouvrir devant
elle. La voix de Julien la fit brusquement revenir à la
réalité. Elle sursauta.
— Si je vous ai fait peur, je suis désolé.
Il ne paraissait pas vraiment désolé...
Line baissa les paupières, confuse. Il était trop
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grand, trop imposant. En face de lui, elle se sentait
mal à l'aise. Le regard de la jeune fille s'attarda sur
ses longues mains fines. Il tenait un livre.
— Sarah n'est plus là pour nous voir, monsieur.
— Je sais. Cependant je désire vous parler.
— Très bien.
Ce n'était pas le moment de protester. Julien
Doyle gagnait toujours. Elle le suivit dans le bureau,
meublé avec goût et austérité, comme tout le reste de
la maison.
Line remarqua aussitôt un tableau, accroché au
mur derrière la table de travail. Il s'agissait d'un
paysage de bord de mer, aux couleurs sobres. La
jeune fille le contempla quelques instants.
— Cette peinture vous plaît?
— Franchement, non.
Elle secoua la tête.
— ... C'est étrange, je trouve cette toile à la fois
impersonnelle et fascinante, expliqua-t-elle.
— En effet...
Line se pencha en avant pour lire la signature de
l'artiste. Il s'agissait d'un peintre très connu dans
cette partie du monde. Sa réputation avait probable-
ment déjà atteint les côtes de l'Europe. Un instant,
elle reprocha à Julien d'avoir autant d'argent. Sa
fortune lui permettait donc d'acheter des tableaux de
maître pour les accrocher dans son bureau... Elle
frissonna. L'œuvre en elle-même semblait symboliser
tout ce qu'elle savait déjà de Julien Doyle.
— Euh... Vous vouliez me parler? A quel sujet?
Elle se tourna vers lui en s'efforçant de dissimuler
son malaise.
Les yeux gris s'étaient voilés. Etait-il fâché?
— Je tenais simplement à vous dire ceci : je vous
serais reconnaissant de vous occuper le plus possible
de Sarah, en attendant de trouver du travail... En
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fait, si vous le désirez, ce pourrait être un poste pour
vous. Je n'ai aucune idée de ce que vous voulez
gagner...
— J'ai suffisamment d'argent pour l'instant,
rétorqua-t-elle, piquée à vif.
— Il est toujours agréable d'en avoir un peu plus,
vous ne trouvez pas?
— A vos yeux, peut-être. Pas aux miens. J'aime
beaucoup votre fille, monsieur Doyle, et je serai
enchantée de lui tenir compagnie. Cependant, vous
n'aurez pas à me payer pour vous rendre ce service.
Elle leva le menton en un geste de défi.
— ... C'est tout ce que vous aviez à me dire?
— Oui.
— Dans ce cas, je ferais mieux de partir. Béatrice
ne va sûrement pas tarder à rentrer.
Il l'accompagna jusqu'à la porte, courtois.
Line traversa la pelouse en courant. Elle avait
l'impression d'être poursuivie par le diable en per-
sonne !
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LA VIERGE
(23 août-22 septembre)
Signe de Terre dominé par Mercure : Sens
pratique.
Pierre : Jaspe.
Métal : Maillechort.
Mot clé : Perfection
Caractéristique : Fidélité.
Qualités : Prudente, on ne l'étourdit pas facile-
ment. N'aime pas les futilités, mais apprécie
distinction et raffinement. Est parfois trop
modeste.
Il lui dira : « Je vous aime profondément,
totalement. »