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Musicologie
1. Problèmes de restitution
La redécouverte de J.-S. Bach : Felix Mendelssohn découvre la Passion selon St-Matthieu et la créé
avec l’Académie de Chant de Berlin (1829), mais la version est peu authentique (pas de clavecin,
effectif surdimensionné, etc). Cependant, les efforts de Mendelssohn entraînent une redécouverte
durable de Bach (auparavant, on jouait Bach, notamment Liszt, mais sa valeur ne dépassait pas celle
que l’on donne à des exercices techniques).
Amédée Gastoué (qui fut le professeur de St-Saëns notamment) découvre des partitions de
Guillaume de Machaut : pour lui, l’Ancien est révolu, archaïque il enrichit sa musique et
l’harmonise de manière moderne.
L’école de Solesmes parle « d’ornement perturbateur » (cf. Marcel Pérès, « Les voix de plain
chant »). La notation musicale participe à faire disparaître l’ornementation : mettre une trace écrite
sur une musique de tradition orale, c’est la tuer Marcel Pérès cherche à s’inspirer des musiques
de tradition orale.
Graduale Romanum (Graduel Romain) : livre qui concentre tous les chants organisés dans l’année
liturgique.1851 : premier graduel (notation carrée), mais avec beaucoup de fautes. 1876 : second
graduel, amélioré, mais persistent des erreurs d’intervalle.
Liber Gradualis, 1883-1889 : première paléographie fiable par le moine Dom Mocquereau (1849-
1930). En 1904, il est le premier à en enregistrer.
1904 : premier graduel officiellement reconnu par le Vatican. Le Motu Proprio, texte du Pape,
désigne les chants de ce graduel comme seuls chants de la chrétienté. Le Graduel de Solesmes est
utilisé jusqu’en 1962.
Encore pratiqué aujourd’hui, et pourtant bien plus ancien que le chant grégorien : chant très
important. Milan était un centre politique très important. Un siècle avant la liturgie romaine, le chant
milanais se met en place, avec des évêques orientaux, syriens. Auxentus, le premier évêques
milanais, est syrien, il vient de Cappadoce. Il fait des commentaires didactiques sur le chant sacré
(gloses).
Influence de l’Empire Byzantin, Constantinople (dont le répertoire se développe en parallèle) :
Improvisation polyphonique vocale (aussi influence corse)
Découpage des offices (ce plan diffère selon la localisation géographique)
1. Le vieux romain
Appelation moderne qui vient de la musicologie allemande des années 1960. Premier chant de
l’Eglise de Rome.En 1891, les moines de Solesmes envahissent les archives. Dom Mocquereau
découvre trois manuscrits contenant des répertoires inconnus. Intrigué, il fait un rapport dans lequel
il les rejette. Pour lui, les textes ont été « contaminés par le bel canto » (ajout de notes, etc), modifié
par les italiens. Or, il s’agit rien de moins que la source de son travail !
Il faut attendre les années 1970 et la publication du « Monumenta Monodica Medii Aevi » par H.
Stablein-Harder, pour retrouver l’intégralité du vieux romain. Les premières églises romaines sont
dans les catacombes chrétiennes.
Les pièces de grégorien et de vieux romain ont les mêmes paroles et des analogies mélodiques (plus
orientales dans le vieux romain). On dit que le vieux romain est l’ancêtre du grégorien (avec transfert
sous Charlemagne), or le vieux romain se poursuit en parallèle durant des centaines d’années. En
réalité, le grégorien est le mélange du vieux romain et de sa relecture par le gallican des francs.
Gregoire 1er (VI°) essaie d’unifier le répertoire à toute la chrétienté mais n’y parvient pas. Plus tard,
les carolingiens y parviennent. Si le vieux romain disparaît, c’est parce qu’on veut que le chant soit
conforme à toute la liturgie.
Caractéristiques : des phrases musicales typiques
Phrases répétitives
Mélodie souvent conjointe
L’ambitus est très étroit
La modalité s’installe : la note finale nous donne le mode de la pièce
Ecoute : resurrexit.
1. Le chant mozarabe
Communauté chrétienne d’Espagne vivant en Andalousie. Vers le VI°, invasion arabe dans toute
l’Europe. Martel (VIII°) les repousse jusqu’en Espagne, où ils s’installent : ils forment la communauté
Al Andalus. Petit à petit, les chrétiens sont tolérés (contre une légère taxe) échanges très forts.
Concile de Burgos, 1085. Le clergé espagnol, motivé par le Vatican, demande la suppression du chant
mozarabe de la liturgie : les Al Andalus refusent. XV° , le cardinal de Tolède Francisco Jiménez de
Cisneros, dit Jiménez, fait noter un codex de chant mozarabe. Dans les années 1970, découverte de
sources d’origine du mozarabe à Léon (Espagne), dans un antiphonaire, copiés au X°. Mais problèmes
de lecture. On reconnaît la notion de hauteur des signes. L’écriture est soignée : volonté de
transmission. On retrouve une seconde source de Léon mais celle-ci est moins précise, peu soignée.
4. La liturgie gallicane
Avant le VIII° siècle, dynastie des mérovingiens (puis jusqu'au XIX°, caroligiens). Le Gallican n'a pas de
grand centre (contrairement à Milan ou Rome) : la liturgie est propre en fonction du lieu → mozaïque
de répertoires aux influences bizantines, romaines → Arles, Avignon, Espagne, Verdun, Autun,
Narbonne, voire Irlande.
L'office de l'adoration de la croix, que l'on pratique encore aujourd'hui, vient de la liturgie galicane.
On n'a pas de notation neumatique intelligible de cette période. Les sources sont très tardives.
Emploi duresponsorum, proprement gallicane : technique responsoriale soliste-choeur.
Ecoute : « Pangue Lingua », « Vexilla Regis » (hymnes), par l'Ensemble Venance Fortunat (Poitiers).
Commentaires bibliques mis en musique.
La Schola Cantorum
Rome : Schola Cantorum, qui est une école de formation théologique et musicale (donc liturgique).
(A la fin du XIX°, d'Indy, Fauré…, reprennent la Scola Cantorum comme une sorte d'annexe du
conservatoire. Il existe aussi la Schola Cantorum de Bâle qui forme des interprètes de musique
ancienne, du Moyen-Âge jusqu'au Baroque). La Schola contient des chantres qui chantent le vieux
romain (au XIV°, la Schola est transférée à Avignon, puis se propage un peu partout. Petit à petit la
Schola perd sa fonction d'école pour devenir une chapelle pontificale, où jusqu'au XIX° on forme les
chanteurs du Vatican. Le chant grégorien se transforme en motets). Transmission orale d'un
répertoire entier par liturgie. Il existe un livre avec des textes, mais pas musicaux. Les premiers textes
musicaux apparaissent au IX°. Mais problèmes : limites de la mémoire + modification fréquente des
musiques (altérations, etc) → improvisation autorisée. Mais la base sacrée ne doit pas bouger.
Carolingiens = époque de théorisation, de notation.
1. La liturgie romano-franque : conséquences politiques
1.1. La réforme carolingienne : l'Empire au service de la théocratie
751 : début de la dynastie carolingienne par le sacre de Pépin le Bref (715-768). Il entame des
réformes. Rome cherche des alliés et les carolingiens souhaitent une romanisation de leur liturgie. Ils
aident alors à défendre et sauver Rome. Multiples échanges → 753, l'évêque de Metz, Chrodegang
de Metz (712-766) voyage à Rome. Transcendé par la liturgie romaine, il incite le Pape Etienne II à
mettre de l'ordre dans la liturgie gallicane : échanges fréquents de livres, dont le sacramentaire du
Pape Grégoire le Grand. Siméon, chantre de Rome, monte dans le Nord et participe grandement à la
contamination. La Cantilena Romana est enrichie et revisitée. En 50 ans, le répertoire est maîtrisé
par les Galicans.
Rome perd en puissance. Nouvelle façon de gouverner : le savoir et la culture sont mis en avant.
En 800,Charlemagne (742-814) demande l'arrêt complet de la liturgie gallicane. Il impose de
connaître le Credo et de chanter le Kyrie → garantit l'unité de l'Empire.
Chez les carolingiens, mise en place d'une théorie modale qui vient de Byzance : c'est la
théorie Octoechos (8 modes : 4 hauteurs, déclinées en authente ou en plagal).
Guerre scientifique Byzance/carolingiens. Mais Byzance est supérieur : héritage du savoir grec
(pression de l'eau, etc). Possèdent l'orgue, inventée par Ctésibios (Alexandrie, III° siècle), scientifique
et ingénieur spécialiste des fluides, grâce à la technique de la pression de l'eau. Cette orgue est un
véritable outil politique (objet le plus convoité par les carolingiens).
L'ornementation fait resortir certains mots : figuralisme, théâtralisation…, qui font resortir l'émotion
des mots (« Responde mihi ! »). Parmis toutes les différences de notation, l'interprète fait son choix.
Psalmodie : coeur de la Méditerranée. Ecriture psalmodique : note polaire autour de laquelle on
gravite.
Sources : RBCKS (St-Gall), L.17, E.12 (complément).
2. Solmisation et ficta
Guy d'Arezzo (975-1040) invente le nom des notes. Les grecs appelaient les notes par l'alphabet. La
gamme = succession d'hexacordes.
Dans l'hexacorde, le si n'est pas considéré (ce n'est qu'un demi-ton qui sera reproduit par mi-fa)
→ mutation de l'échelle [voir docu]. Les mutations ont pour but d'éviter cet intervale si-do qui
n'existe pas.
Solmier consiste à apprendre à muter : on utilise la main guidonienne.
Berkeley , dans son manuscrit (1375), nous montre les altérations que l'on peut rajouter ou pas :
la ficta(altération) ajoutée sur la scala generalis (hexacorde de base).
*à ne pas confondre avec le texte de cérémonie Chant grégorien = filiation. Mais cette filiation est
modifiée par la culture des chantres : c'est une forme de transgression (minime certe au IX° siècle)
avec le rajout d'éléments mélodiques, de plus grands intervalles, etc.
Mais on parle réellement de nouveauté qu'avec l'arrivée du trope. Inventer = inventer « à partir
de ». L'invention « pure » n'existe pas. Inventer c'est, à partir d'un chant liturgique, rajouter un chant
entre deux chants, ou en prolonger un.
L'improvisation n'existe pas en tant que tel. On parle de « facere sine tempore » (« faire sans le
temps »), ce qui est impossible, car faire sans le temps de Dieu est une hérésie.
Trope → « tropare » (« chercher »). Inventer → « invenice » (« mettre à jour », sous-entendu aux
yeux de tous). Improviser demande deux actions : chercher/inventer.
→ consignation (tropare)/énonciation (invenice).
La véritable composition demande un détachement du répertoire liturgique (futurs troubadours).
Avant de monter un répertoire totalement indépendant, avant les troubadours, les auteurs
de poésies musicales en latin ouvrent la voie.
Les origines de la polyphonie viennent de l'invention monodique, avec l'ajout d'une seconde voix (IX°
siècle, carolingiens).
L'invention totale est basée sur un modèle. Par exemple, la musique instrumentale se limite à deux
catégories : ladanse (estampie, danse royale) jouée par les jongleurs/la transcription de chansons de
cour (vocales).
Art de la diminution : ajouter des choses dans une même temporalité. On peut passer par exemple
de 4 à 3 temps. Les diminutions ne sont pas toutes écrites : il existe des traités, des formules à
apprendre, qui indiquent les différents chemins possibles pour passer d'une note à une autre.
Conclusion : inventer = développer, jusqu'au XVII° siècle (arrêt total au XVIII°). La facture
instrumentale (clavier) joue un rôle important.
1. Les tropes
Terme qui vient de Byzance (Grèce). Fragment mélismatique qui embellit la mélodie d'origine. Sous
les carolingiens au IX° siècle, c'est une forme d'invention. Deux centres liturgiques vont marquer
cette invention : l'abbaye St-Martial de Limoges (scriptorium avec tropes et premières polyphonies)
et St-Gall.
Troper, c'est l'ouverture de l'extrapolation, technique aussi employée en poésie. En littérature, on
parle de glose. On trope généralement sur des pièces liturgiques destinées au choeur (gloria, credo,
sanctus…).
3 types de trope :
rajout mélodique : on rajoute quelque chose sur une pièce déjà existante
rajout par texte
nouveauté totale (texte + musique) : dans ce cas, c'est la suite d'une pièce.
2. Les séquences
La séquence est une trope, mais elle différence car elle évolue indépendemment d'elle : elle est
toujours construite à partir d'un mélisme d'Hallelujah.
L'Hallelujah est une pièce de louange. A la fin on trouve le Jubilus, pièce qui est un expiatoire, esprit
de joie. C'est le paroxysme de l'Hallelujah. C'est sur cette partie précisément que l'on ajoute un texte,
pour retenir des mélismes de plus en plus complexes. La séquence est un texte nouveau sur un long
mélisme. Mise en place à St-Gall, par Notker le Bègue, surtout appelé Notker de St-Gall, qui théorise
le principe. Le mélisme est à l'époque appelé « longicimae melodiae ».
Forme de base = texte avec une assonance sur la voyelle « a ». La séquence s'organise avec deux
mêmes phrases mélodiques, mais avec deux textes différents → notion de réponse. Par la suite, ces
mélismes se détachent et deviennent prétexte à des compositions originales.
3. L'arrivée du drame liturgique
Les drames liturgiques sont des petites pièces musicales et théâtrales construites à partir
de passages de l'Evangile qui contiennent un dialogue. Peu à peu, les drames liturgiques vont enfler
et améliorer le jeu de l'acteur. Il est joué dans l’Église. Il s'oppose au « jeu » (qui est une pièce
musicale et théâtrale jouée, elle, sur le parvi, à l'extérieur). Sources : St-Martial, St-Gall. Il ne nous
reste pas d'indication de mise en scène. Un ouvrage du XIII°siècle nous donne quelques indications
(costumes, etc), mais très peu. Ce n'est qu'au XIV-XV° siècle qu'il y a une volonté de fixer les
éléments de la mise en scène, par des éléments didascaliques.
Ils contiennent des compositions de pièces nouvelles et des mosaïques de pièces existantes. L'arrivée
de la polyphonie bouleverse le drame liturgique. Ils sont joués à trois moments :
à l'office des matines
avant la messe
durant les vêpres
Petit à petit, le drame liturgique sort de l’Église et devient profane. L’Église, pour contrer cette
émancipation, créé le « Mystère » : drame joué sur le parvi de la cathédrale.
Manuscrits :
Manuscrit de Fleury, XII°, abbaye de St-Benoît sur Loire (aujourd'hui conservé à Orléans). Code :
MS_202. Le manuscrit est usuel, pas noté avec soin, mais clair et lisible. Ancêtre de la notation
carrée.
LA LYRIQUE-MONODIQUE
1. La lyrique-monodique latine Poésie mise en musique. Traces tardives (pas avant le IX° siècle,
pourtant on sait qu'elle existait). Elle représente la transition monde antique/chrétien → tradition
qui remonde très loin (textes musicaux en eux-mêmes). Dans la liturgie, l'héritage de cette mise en
musique de la poésie antique est l'hymne(plus tard, elle donnera la voix du conduit). Les carolingiens
du IX° siècle développent cette forme : c'est à partir de ce moment qu'on a des traces.
L'auteur se démarque dès le VI° siècle avec des textes d'actualité : notamment Venance
Fortunat (530-609). On écrit des pièces en hommage à des personnages illustres, que l'on
appelle lamentations, en latin nommées « planctus ». Le premier planctus que nous avons est le
« Planctus de Obitu Karoli » (X°), lamentation sur la mort de Charlemagne. Pièce écrite en versets,
basée sur un système d'accents, avec un refrain : « Heu mihi misero ! ». La traduction n'est pas
toujours facilement identifiable : seulement des hypothèses de lecture. Ce qui compte est la
monodie, la mélodie vocale. L'instrument accompagnateur n'est qu'un support improvisé. Climat
modal.
Au XI° siècle, on a un regain d'intérêt pour cette poésie latine. Les poètes s'intéressent à l'Antiquité :
redécouverte d'Horace, Virgile…, sous prétexte de l'étude de la versification latine. Mais l'intérêt
est politique : le but est d'accéder à des textes qui parlent de choses humaines → recherche
d'une liberté intellectuelle, de thématique (→ l'invention ouvre la voie humaniste).
Jiulio Cattin distingue deux types de textes :
textes créés à partir d'auteurs antiques (qui sont donc dans la continuité de l'Ancien)
textes totalement neufs (de genre épiques, historiques, politiques, hommages…)
Ecoutes :
« Bacche, bene venies », chanson à boire. Par Boston Camerata (1990) : polyphonie, loin de
la mentalité de conception. Par René Clemencic : mieux
« Fas et nefas ambulant » (manuscrit : image de la roue qui tourne). Par Boston Camerata :
interprétation « à l'irlandaise », son moderne des vièles, rythme trop strict.
« Doleo, quod nimium » (amour malheureux). Par Boston Camerata : utilisation d'un bâton
de pluie pour l'ambiance.
LES TROUBADOURS
Région Limousine, abbaye St-Martial de Limoges. Se met en place une poésie ni religieuse, ni latine,
qui donne lieu à une écriture musicale. Les premiers troubadours ne sont pas de hauts lettrés, mais
arrivent vite à la haute société. « Tropare » → « trobar » (provençal) : trouver une poésie qui
convienne, qui sonne bien. « Fin'amor » (amour courtois). Être courtois : faire partie de la cour,
respecter les règles de la cour. « Cortezar » (provençal) = « rendre visite à la Dame » → « suivre son
mécène » → rendre hommage à son supérieur. But des troubadours : courtiser la Dame du Seigneur,
mais toujours avec distance : code d'honneur. Au début, pas d'histoire avec un troubadour.
Le troubadour est un musicien-poète qui compose des œuvres musicales fondées sur un support
littéraire qui domine : tout est construit à partir du texte. L'exécution est faite par le jongleur,
exclusivement instrumentiste, qui représente la couche inférieure des troubadours (mais le
troubadour peut aussi exécuter son œuvre). Le troubadour peut être ecclésiastique. Avant le XII°, on
a très peu d'éléments sur les troubadours. Petit à petit, les nobles s'intéressent à cet art et créent des
lignées de troubadours. Les frontières ne sont pas cloisonnées : un troubadour en disgrâce peut
devenir jongleur, et inversement. Aujourd'hui, on connaît environ 450 auteurs de chansons, 2600
poèmes, 275 mélodies (extrêmement peu, signe que la transmission orale était encore importante).
Le premier troubadour connu est Guillaume IX, comte du Poitou (Peitieus) (1071-1127), aussi Duc
d'Aquitaine. Son territoire est un des plus importants à l'époque puisqu'il s'étend des Pyrénées
jusqu'à la Loire Atlantique (soit 1/4 du pays). Ce sont les premières sources écrites. Chante l'amour,
et cette manière de chanter l'amour sera valable deux siècles.
1. Chanter l'amour
Sociologiquement, la notion d'aimer évolue. Réforme du mariage instauré par l’Église (XI°) :
désormais, c'est unpacte social destiné à renforcer la puissance de l’Église : absence d'amour, les
relations humaines sont pactisées → préoccupations sentimentales importantes :
notion d'éloignement
engouement absolu pour la Vierge (un « canon » : représentation idéale de la beauté)
notion d'amant/amante : transgression des règles du mariage (« celui/celle que le coeur a
choisi ») → contournement
amour corporel sublimé, il domine l'écriture troubadour
Amour courtois = notion de joy → exaltation mystique due à deux choses : la femme aimée en elle-
même, et l'amour en lui-même → le troubadour est dévoué corps et âme à sa belle → notion de
soumission.
La haute société instaure un amour fictif amant/Dame. Si le troubadour perd sa Dame, il ne peut plus
trouber, il n'a plus l'inspiration. La Dame seule choisit si elle lui accorde ses faveurs ou non.
Le troubadour parle aussi de politique (cf. le sirventes).
2. Guillaume IX d'Aquitaine (1071-1127), le premier troubadour
Particulièrement rebelle : se marie et a beaucoup de conquêtes → problèmes avec l’Église. Homme
violent au sang chaud (cf. ses poésies). Prend Toulouse pendant son règne. De son œuvre il ne nous
reste que 11 poèmes et 1 mélodie incomplète.
Ecoute : « Companho, faray un vers que convien ». Chanson sans mélodie écrite (reconstitution). La
vièle (sans âme) commente. Interprétation : Brice Duisit (vièle à archet)/Christian Rault (chant),
album Las Cansos del Coms de Peitieus.
Sa petite-fille : Aliénor d'Aquitaine (1122-1204), d'abord mariée au roi Louis VII, puis au roi
d'Angleterre Henri II (lignée Plantagenêt = francophone). Descendance directe : Richard Coeur de
Lion, qui sera trouvère. → lignée de troubadours et trouvères jusqu'à Thibault IV de Champagne (fin
XIII°), considéré comme le dernier trouvère.
Autre troubadour célèbre de cette période : Marcabru (1100-1150, traces musicales : 1130-1149).
Prend le nom de sa mère. Proche de la religion, chansons quasi morales (recherche le salut final :
reste dans le droit chemin). 44 chansons, dont 4 avec mélodie.
Peire Vidal (1175-1205). 55 poèmes, dont 12 avec mélodie. Chante La Vida, forme poétique
pas obligatoirement chantée où les trouvères racontent leur vie.
Bernard de Ventadour (1145-1195, traces : 1147-1180). Anobli pour la qualité de ses
chansons. A parcouru de nombreuses cours dont celle d'Eléonore, Raymond V de Toulouse…
41 chansons, 18 avec mélodie.
Folquet de Marseille (1155-1231). Fils de marchand originaire de Gênes. Père : Alphonse.
Courtisan de la fille du seigneur Baral. Attaché à différentes cours jusqu'en Espagne (Aragon).
Puis dans une deuxième phase de sa vie, renie son travail, se cloître et devient moine à
l'abbaye de Thoronet avec sa femme et ses deux fils. Vite élu évêque. Le Pape lève une armé
ecclésiastique au Sud-Ouest afin de massacrer les cathares (premiers auto-dafés). Folquet,
inquisiteur, mène une partie de l'armée et trahit les siens, les troubadours.
Environ 260 chansons conservées (soit environ 10% du répertoire existant à l'époque). Temps
généralement non mesuré : la métrique se rapproche des tropes.
Ecoutes :
« Tant ai mo cor ple de joya », Bernard de Ventadour. Il participe au mouvement des
troubadours qui vont vers le Nord. Il ne ressent rien d'autre que de l'amour, amour transi.
Forme octosyllabique. Interprétation : Boston Camerata. Pas satisfaisante : métrique binaire
stricte.
« Con vei la lauzeta mover », Bernard de Ventadour. Une des pièces les plus copiées à
l'époque.
« Sirvens sui avutz et arlotz », Raimon d'Avignon. Sirventes ironique. Interprétation : Boston
Camerata, version quasi pas mesurée.
LES TROUVÈRES
Musiciens poètes qui exercent dans le Nord de la France. Instigateurs de la poésie lyrique en
langue vernaculaire.Hans Sachs est le minnesängir (trouvère allemand) le plus célèbre. Propagation :
statut itinérant des troubadours (par ex., B. de Ventadour suit Aliénore d'Aquitaine à la cour
de France puis jusqu'en Angleterre). Les fils d'Aliénore, dont Richard Coeur de Lion et
Thibault de Champagne, écrivent des chansons.
Echange entre les cours.
Fonction sociale : rang élevé, cultivé et fortuné. Les villes se développent → création d'une nouvelle
catégorie sociale : la bourgeoisie, qui font des commerces, des négociants (= bourgeoisie d'affaire).
Elle s'accapare cette lyrique-monodique. L'esprit de chevalerie plane avec la chanson de toile et la
chanson de geste (cf. ci -après). Villes importantes : Lille, Aras (Nord). Les villes se démarquent par
des confréries d'artistes appelées puys → puissance culturelle. Dans ces villes de trouvères sont
organisés des concours par les puys, qui élisent la plus belle plume et le meilleur accompagnateur.
Ces concours étaient financés par la bourgeoisie. Aras était la ville la plus importante avec plus de
180 trouvères, dont Adam de la Halle, qui compose des pièces monodiques et polyphoniques,
mesurées. Mais l'action culturelle est stoppée avec les croisades albigeoises.
Formes et genres
La chanson de toile. Thématique de la femme triste et seule, qui attend son mari parti à la
croisade. Forme strophique. Ecoute : « Le Lai du chèvrefeuille » de « Tristan et Iseult », Marie
de France, par Boston Camerata
La chanson de gestes. Actions guerrières, épopée d'un chevalier. Cette forme remonte aux
carolingiens → mélange réalité/fantasme. On a particulièrement peu de traces de cette
forme de chanson, car beaucoup sont improvisées ou transmises oralement. Ecoute :
« Chanson de Guillaume », par Diabolus in Musica. Corellation Angleterre/France. Manuscrit
du XIII° siècle.
La chanson politique. Huon de St-Quentin, thématique de Jerusalem (Huon de St-Quentin -
« Jerusalem se plaint »)
Trouvères importants :
Chrétien de Troyes, XII°. Ecrit aussi des romans
Conon de Béthune
Gace Brulé. Environ 150 chansons préservées
Gautier de Goincy
Thibault IV de Champagne (1201-1253). 72 chansons. Considéré comme le plus grand
trouvère de l'époque, et aujourd'hui encore (qualité des textes)
Adam de la Halle (1240-1288). Fils de bourgeois d'Aras. Joue pour le comte d'Artois, qui
l'emmène en Italie à la cour de Naples. Ecrit une pastourelle à grande échelle.
1 Chapitre
Entre 1905 et 1906 traduction d`un manuscrit de Machaut, et la consideration que le passe et moins
bien, on ne donner aucun exemple car l`harmonie n`etait pas interpretee comme au conservatoir
donc sans aucun interet.
Au XX on readapte.
En 1903 le pape de l`epoque, publie un texte en latin pour entrainer l`eglise a mieu comprendre le
passe et reintegrer les chants anciens dans l`office.
Par la suite de nouveaux enregistrements Dominique Vellard plus precis sur la partition.
Perez est tres porte lui sur la tradition orale, influences orientales et Corse, il est plus porte sur
l`improvisation. L`ensemble Organum.
D` abord il a des influences de la Grece , ecoute du Kirye Alleluia de Marcel Perez. Influences
mediteranneene et romaine. Les chants vieux romains vers le VIs.
1) Introduction historique
Les origines de l`art historique chretien
La mediterannee, Fernand Braudel dit que la mediterannee est un terrain d`echange entre differents
peuples, egyptiens, arabes, occidentales...Metissage culturel tres important, beaucoups d`elements
se retrouvent dans ces cultures. Les bases de l`art chretien sont metisse, elle va existee a travers de
petites congregations secrete. A partir du moment que la religion chretienne est acceptee, on va
vouloir detruire les religions paiiennes. Destruction de manuscrits...On va regarder vers l`antique, les
instruments n`etaient pas autorise dans l`enceinte de l`eglise.
- La musique Paleo-chretienne
Des ecrits de partitions musical surtout grecque, il existe papyrus retrouve au debut du XX m siecle
en Egypte qui date du 3 m siecle apres J.C , le nom du papyrus est Oxyrhmchus 1786 la date de
repertoriation.
C`est un hymne avec une melodie diatonique comme beaucoup de musiques grecque et modale
comme dans les cantillations chez le peuple juif.
Homov Pasai sont les premieres rimes. Interval diatonique, ecriture tres peu developpe. Narration et
explications des apotres de l`histoire de J.C. Une partie chantee: l`hymne puis une narration un
discours. On pense qu`ils ont garde la lecture chantee des juifs.
Heritage de cette epoque.
- L`heritage juif.
La prise de Jerusalem sous Titus pendant l`air de J.C, dispertion du peuple juif, la diaspora. A l`epoque
il y avait deux sorte de musique, la musique du temple et le chant des synagogues, une recitation
chantee. Rythme libre, etude du sens des textes, on analyse les textes de l`ancien testament. Tres
vite la psalmodie, la lecon et troisiemement la priere. Le chant psalmodique peut etre accompagne
avec des signes la diestematie.
Suzanne Haik-ventura, est arrivee a trouver des gammes musicales, la musique suit le sens des mots
et donne un relief au texte.
Le chant Gregorien
De l`oral a l`ecrit premice d`une notation.
L`interprete a une part primordiale al `epoque du Moyen-age. Il compense avec les elements de sa
memoire. Cultiver l` art de compenser. Mettre en place une premiere notation, elle n`est pas precise
car elle est que memo-technique. Le scribe ne cherche qu`a representer le geste du chef de choeur.
A partir du IX e siecle. Noter les pieces les moins interpretees afin de ne pas les oubliees. L`ecriture
neumatique et l`ecriture asiane qui est elle plus precise.
La réalité du musical est quelque chose d’essentiel : prendre en compte tous les paramètres
musicaux + prise en compte de l’époque ou on vit et du contexte.
Le Libert Gradualis
Don Mocquereau : 1er qui fait de la paléographie et veut ouvrir une voie pour montrer au monde les
signes.
Ecoute :
Ensemble Organum : Dirigé par Marcel Péres
Ensemble Gilles Binchois : Dirigé par Dominique Vellard
Edmond de Coussemaker : Un des plus grands musicologues du XIXème ayant effectué un grand
travail notamment au niveau des traités.
A récupéré les traités de l’époque et les a fait éditer.
Redécouverte des principaux compositeurs du Moyen Age connus entre le 13ème et le 15ème siècle.
- Ecole mensuraliste : On essaie de traduire le grégorien dans une pensée rythmée et mesurée. Ces
moines vont choisir quelques pièces, les traduire dans un rythme quantifiable et les adapter en
langage de l’époque.
- Ecole de Don Pothier : Insiste sur le rythme oratoire du grégorien, met en place les premiers
éléments de paléographie. On enlève les crescendo/decrescendo.
Ecriture sur deux ordres : Ordre graphique (geste vocal) et ordre esthétique qui s’intéresse au
contexte dans lequel le signe est employé.
Le signe figure le son, on doit le suivre pas à pas. Gros travail de collecte.
Racines communes (appel à la prière dans la mosquée proche du chant grégorien oriental).
Persécution romaine qui interdit la religion chrétienne car il sont monothéistes.
La musique Paléochrétienne
Durant les 3 premiers siècles les fidèles se réunissent dans les réunions privées ce qui amène des
pratiques assez différentes suivant l’endroit où on se trouve.
Uniformisation de la pratique religieuse. Les premiers offices sont fait dans les maisons. On tente un
équilibre entre une spécificité d’une communauté locale, et on essaye de s’allier avec les autres, tout
en gardant ses traditions.
Musique vocale, les instruments sont interdits car trop liés au culte païen.
Ornementation très présente, musique de tradition orale absolue.
Improvisation.
Premiers temps de la chrétienté : Temps d’oppression : Massacre des personnes ne suivant pas le
polithéisme des romains. Dans les offices à cette époque : Lecture d’un texte sacré, psalmodie
chantée, oraison.
L’assemblée ne participe généralement pas au chant.
Le Chantre chante, l’assemblée écoute.
La musique à cette époque est liée au texte parlé. Frontière infime entre le chant et le parlé
(Psalmodie).
Antagonisme entre un monde plat et rythme du chant.
Lecture articulée, déclamée, sujette à la ponctuation, l’accentuation du mot, avec des virgules.
En 313, Edit de Milan par Constantin Déclare la religion chrétienne comme religion de l’Empire.
Les offices se fixent beaucoup plus. Catachesis : Lecture comme témoignage personnel.
Les premiers chrétiens fréquentaient autant les synagogues que l’église. Notion de universalisme.
Tout les peuples de la terre doivent êtres chrétiens.
On reconnaît la mort & la résurrection de dieu contrairement au monde hébraïque.
Certaines prières juives vont inspirer les prières de l’Eucharistie.
Le calendrier est également issus du monde juif.
Musicalement, ni chez les juifs ni chez les chrétiens la musique est une solennité, elle est le véhicule
sacré du mot, du texte.
Premiers temps de la chrétienté : Temps d’oppression : Massacre des personnes ne suivant pas le
polithéisme des romains. Dans les offices à cette époque : Lecture d’un texte sacré, psalmodie
chantée, oraison.
L’assemblée ne participe généralement pas au chant.
Le Chantre chante, l’assemblée écoute.
La musique à cette époque est liée au texte parlé. Frontière infime entre le chant et le parlé
(Psalmodie).
Antagonisme entre un monde plat et rythme du chant.
Lecture articulée, déclamée, sujette à la ponctuation, l’accentuation du mot, avec des virgules.
En 313, Edit de Milan par Constantin Déclare la religion chrétienne comme religion de l’Empire.
Les offices se fixent beaucoup plus. Catachesis : Lecture comme témoignage personnel.
Les premiers chrétiens fréquentaient autant les synagogues que l’église. Notion de universalisme.
Tout les peuples de la terre doivent êtres chrétiens.
On reconnaît la mort & la résurrection de dieu contrairement au monde hébraïque.
Certaines prières juives vont inspirer les prières de l’Eucharistie.
Le calendrier est également issus du monde juif.
Musicalement, ni chez les juifs ni chez les chrétiens la musique est une solennité, elle est le véhicule
sacré du mot, du texte.
L'analyse est une discipline qui a pour but de réaliser des constats sur une
oeuvre. Il faut conjoindre cette science de constat à la possibilité de lire le
sens et de l'interprétation qu'on en fait. Ainsi, on ne peut pas convaincre
contrairement à l'objectivité de l'analyse.
On a pour habitude de considérer que l'isorythmie dans les motets pour le
ténor est apparu avec l'Ars Nova Française par le compositeur Philippe de
Vitry. Mais le motet de Padova montre qu'il est possible qu'en Italie, cette
technique existait déjà avant de Vitry. Cette oeuvre a en effet été composée
pour l'inauguration d'un monument à fresque (Chapelle de Scrovegni), elle
même réalisé sur un principe isorythmique. Ainsi, la définition même de
l'isorythmie en vigueur depuis le début du XXe siècle est ébranlée. En effet,
le color peut, ou ne peut pas être reproduit tout-à-fait fidèlement. De la même
façon, la talea peut ne pas se reproduire à l'identique. Il y a donc ce que l'on
appelle le procédé de tropassion.
Un motet de consécration est par définition une musique que l'on compose
pour mettre un édifice religieux en fonction. Cette musique aura pour fonction
de donner l'image musicale de l'édifice consacré, pour, par le chant, envoyer
cette image jusqu'au ciel, pour qu'il l'agréé et qu'il entende, afin que de la
même façon il entende les prières et soit présent sur l'édifice. La Famille
Scrovegni est une famille très riche de la région de Padoue. Le père va être
convaincu d'usure par l'Eglise, péché pour l'Eglise, et va être dépossédé de
tout ces biens, car il représentait un poids économique qui rivalisait trop avec
l'Eglise. Il a en effet construit une chapelle dans son palais, ouvert aux
citoyens, avec beaucoup d'apparat de richesses pendant quarante années de
peinture, d'architecture, de théâtre, de sculpture, de musique.
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CHAPITRE 1
La musicographie est l'ensemble de tout ce qui a été écrit sur une musique
en particulier. On ne peut pas faire une analyse musicale en faisant
l'économie de tout ce qui a été écrit sur cette musique.
En 1973, Gallo a émis l'hypothèse que cette pièce a pu être composée pour
la cérémonie de la Chapelle des Scrovegni à Padoue en 1305. Consacré une
première fois en 1303 à la fin des trois ans de constructions, elle fut
reconsacrée après le rajout des fresques dans la chapelle. Padova, maître de
chapelle à Padoue reçoit la commande de son motet. Gallo pense que la
pièce aurait été composée pour la seconde cérémonie.
Kurt von Fischer, en 1976, pense que les techniques d'écritures sont trop
novatrices pour l'époque pensée par Gallo. Il juge que la pièce a été écrite
dans la fin de la seconde décennie du siècle.
En 1994, Newes reprend l'étude comparative des ténors, initié par Bent, en
montrant que le ténor de Padova est plus frustre de Petrus de Cruce ou
Philippe de Vitry. Elle n'émet pas l'hypothèse que celui-ci peut être
antérieure, mais plutôt qu'elle n'est pas une bonne imitation des techniques
d'écritures.
En 2007, Sucato publie une édition des textes latins des deux traités
théoriques de Padova. Elle constate que la pièce est trop moderne pour avoir
été composée en 1305.
Mais on remet en cause la datation des musiques de de Vitry, ou de Cruce.
Les oeuvres peuvent êtres composées bien avant leur datation, ou leur copie.
Aussi, le style de compositeur peut dépendre de la nature de la commande.
On ne peut donc pas se hasarder à une comparaison stylistique.
Mais d'un autre côté, les occasions ne manquaient pas à Padoue de
composer une pièce pour l'Annonciation ; ainsi cette pièce a pu être
composée n'importe quelle année. Les liens que Gallo fait entre la présence
de Marchetto da Padova à Padoue dans les années 1305 et sa datation
assurée à cette période ne peut être prouvé : le compositeur a très bien pu se
retrouver dans cette ville plus tard et la composer plus tard, sans que les
archives ne l'indiquent ou soient encore existantes.
Beck, en 1999, publie un article dans lequel elle imagine une conséquence
d'une hypothèse de Gallo. Si cette oeuvre a été composée pour la dédicace
de la chapelle, elle peut comme toutes les dédicaces être mise en parallèle
avec la fresque de la chapelle, puisque depuis les travaux de Warren en
1974 avec le Nuper Rosarum Flores de Dufay, on considère qu'un motet de
dédicace permet de renvoyer l'image du lieu au ciel pour que ce dernier
l'approuve. Elle va considérer que l'isorythmie du ténor donne une structure
similaire avec la couverture de la chapelle, et notamment à la série de 40
panneaux (si l'on compte le grand panneau en façade qui met en scène
Enrico de Scrovegni montrant la façade de sa chapelle à la vierge) qui
racontent l'histoire des parents de la vierge, puis la vierge, puis le Christ. Or,
il y a 39 mesures du ténor dans la reconstitution du manuscrit de Sanders.
qui correspond aux 39 panneaux miniatures de la chapelle. Mais elle ne
prend pas en compte le quarantième panneau. Or, dans le manuscrit
d'origine, il y a bel et bien quarante mesures, la reproduction s'étant trompée
en la retranscrivant en écriture à la française au lieu d'écriture à l'italienne.
Mais au delà, il n'est pas logique qu'une partie de l'oeuvre musicale, qui ne
comporte que le ténor isorythmique soit mise en relation avec une partie de la
couverture de la chapelle, qui ne comporte pas que le cycle des vies. Il faut
utiliser la totalité des deux matériaux.
Le savoir sur lequel Fischer s'est établit a ainsi été énormément révisé. La
datation qu'il préconisait ne peut plus être tenue aussi solidement, car on
pense de nos jours que l'isorythmie a vu le jour bien avant 1313. Leech
Wilkinson, en 1995, étudie les prémices de l'isorythmie, et pense qu'elle vient
après une longue construction, qui remonterait au début de l'école de Notre
Dame, au début du Cantus firmus. Gallo représente le second courant de
pensée musicologique.
CHAPITRE 2 Le ténor
Les deux premières sous-sections des deux sections ont une durée de 6
tandis que les deux dernières sous-sections ont une durée de 5, par la
tronquature du silence de longue parfaite. Les deux premières sous-sections
sont encadrées par deux silences de longue de part et d'autre d'un noyau de
musique, dont la place sur la portée (de bas en haut, puis de haut en bas)
correspond à la prière de la terre vers le ciel, et la réponse du ciel vers la
terre. Les deux dernières sous sections ont un silence qui sert d'initiale à la
musique, sans encadrement.
CHAPITRE 3
Le treizième panneau est sur une voute reliant les deux bandeau. Le 13
représente Dieu qui convoque l'archange Gabriel pour lui demander
d'annoncer à Marie l'enfant rédempteur, et d'aller renouer le lien par la
création de l'intermédiaire propre à l'ange. Ce dernier est plus grand que les
autres et se déploie sur la voûte. Le panneau 14 représente l'Archange
Gabriel tandis que le panneau 15 qui s'oppose au précédent représente la
vierge de l'Annonciation (À noter que le chiffre 15 se réfère aux 15 paroles de
l'Annonciation). Le panneau 16 est en dessous du 15, et montre la scène de
la visitation, cérémonie capitale pour le Moyen-Âge, où la vierge Marie va
rendre visite à Élisabeth, sa cousine, mère de Saint Jean-Baptiste (dernier
prophète de l'Ancien testament, inventeur du Baptême). Élisabeth est
enceinte en même temps que la vierge, et au moment où les deux femmes
se rencontrent, les deux enfants bougent en même temps dans le ventre, ce
qui symboliquement amène à la transmission de la parole entre les deux
entités, dernier prophète de l'Ancien Testament, et le Christ, prophète du
Nouveau testament. Cela explique sa position sur l'arc triomphal du choeur,
qui représente l'essentiel de la doctrine : l'Annonciation, et la Visitation. On
arrive maintenant au deuxième bandeau sous le premier. La scène 17 montre
la naissance du Christ. Cette grande section qui se réfère à la grande section
de 17 mensurae de Padova raconte la préhistoire de la religion chrétienne, à
partir du moment où Joachim est chassé du temple, jusqu'à la naissance du
Christ : les deux panneaux sont en dessus-dessous ; c'est la première partie
du cycle. À partir du panneau 18 on raconte l'histoire du Christ sur terre.
La scène 18 correspond à l'épiphanie, l'adoration des rois mages ; quand le
Christ naît, il faut que sa nature divine soit attestée. On fait appel à trois
prêtres de religions différentes car les prêtres hébraïques qui ont chassé
Joachim sont considéré pour les chrétiens comme les faux prêtres d'un vrai
Dieu, contrairement aux rois mages qui sont les vrais prêtres d'un faux Dieu.
On trouve le moment où on transforme le Christ fils de l'homme dans le 17 au
Christ, fils de Dieu dans le 18 ; c'est le temps de l'intermédiaire. Le 19 est la
présentation du Christ au temple. Le 20 est la fuite en Égypte, pour le Christ
échappe au massacre du roi Érode. Le 21 représente le fameux massacre
(rétrogradation). Le 22 est le Christ devant les docteurs de l'Église Hébraïque
en contestant leur doctrine à son retour d'Égypte C'est le pendant de la scène
19 qui est la présentation du Christ au temple, vu qu'il les conteste. Le 23 est
le baptême par Saint-Jean Baptiste du Christ. Ce bandeau va de l'épiphanie
au baptême du Christ (c'est le tempus de l'Aevum, le moment terrestre de la
médiation entre le Ciel et la Terre).
Contrairement au ténor, les voix sont chantées sur un texte: il faudra donc
étudier les textes. De même, les textes de chaque voix sont différents ; les
voix énoncent donc deux discours différents. Aussi, seul le ténor est
isorythmique, chaque voix propose donc une structure autre particulière. Il
s'agit de savoir si les constructions poétiques du texte peuvent s'analoguer
avec la construction du ténor et ainsi avec la couverture à fresque.
Le texte renferme des hyppotextes, au-delà d'être seulement brouillé par le
pluritexte. Cet agencement particulier aménage un espace de liberté pour le
lecteur. Il faudra faire la différence entre ce qui est destiné à être
auditivement reçu et ce qui est destiné à être simplement inscrit. L'auditeur
perçoit ainsi ce que l'on a rendu disponible à son oreille.
La voix de duplum, la plus grave, chante un texte de 14 vers, avec
l'acrostiche Marcum Padvanum (le v étant aussi le u en latin), ainsi découpé
en 6 et 8 phrases. On remarque que tous ces vers ont deux à deux par les
rimes embrassées les dernières lettres (E) et (S), soit Enrico Scrovegni.
Marcum paduanum apparait comme le réalisateur de la commande en début
de vers qu'Enrico Scrovegni reçoit en fin de vers. Aussi, l'agencement du
texte se découpe en 7 distiques, soit 7 fois la répétition des lettres finales
initiales. Les allégories peintes par Giotto sont 14 et fonctionnent par couple
(Prudence/Imprudence - Fidélité/Infidélité - etc.). Le (E) renvoie à Enrico, le
nom du baptême et de l'entrée à la communauté Chrétienne, tandis que le
(S) renvoie à Scrovegni, nom de la famille excommuniée et ainsi exclue de la
communauté chrétienne. Ainsi on peut faire une analogie entre ces couples
de vers en vertu/péché avec le couple des allégories des vertus et des vices.
La voix de triplum, la plus haute, chante un texte de 30 vers, avec
l'apostrophe des quinze paroles de l'archange Gabriel. On remarque que
pour le duplum, la voix de la terre, l'acrostiche se fait par lettres, par bribes,
tandis que l'apostrophe du triplum, voix du ciel, se fait par mot, par entièreté.
On a donc précisément 15 distiques. Aussi, les deux dernières lettres de
chaque distique forme les initiales (M) et (A) qui renvoie à Marie. Ainsi, en
début de vers l'archange émet un message que Marie reçoit en fin de vers.
Mais l'Archange est hors cadre, puisque son nom n'est jamais prononcé. Il
faut noter que la fresque qui représente marie qui reçoit les paroles de
l'Archange est la fresque 15, d'où les 15 distiques.
On a ainsi 4 hyppotextes : l'Ave maria et le (M) (A) pour le triplum, ainsi que
le nom du compositeur Marcum Paduanum et les initiales (E) (S) dans le
duplum. Les voix ne disent pas les lieux où se passent les choses, mais
disent les lieux depuis lesquelles les choses sont dites. Le triplum symbolise
l'aigu, et la parole de l'archange vient du ciel. Dans le duplum, l'oeuvre du
compositeur est destiné à la terre et à Enrico Scrovegni.
Robertson en 1995, considère que dans les vers on trouve une troisième
partie. Le matériau rimique est le même pour chaque strophe, qui sont ainsi
isorimiques. Le premier vers de chaque strophe a pour terminaison "orum"
tandis que le second vers a pour terminaison "ella". La partie accentuée, le
(o) et le (e), donne les lettres du nom de Joseph. Ainsi, comme dans la
liturgie de l'Annonciation, Joseph est toujours présent, mais en retrait. Ainsi,
les deux premières lettres de l'acrorime renvoyant à Joseph s'opposent aux
deux dernières lettres qui renvoie à Marie. Ces acrorimes sont au passage un
lieu remarquable du vers, de la même façon que l'acrostiche et l'acrostrophe.
Pour la voix de duplum, il y a un matériau rimique similaire avec "Cie" et
"Atis". Les premières lettres des rimes renvoient au religieux qui soutient la
maquette de la chapelle des Scrovegni dans la dernière fresque qu'est
Catalani, qui s'oppose ainsi à Enrico Scrovegni dans les initiales des
dernières lettres du vers.
On remarque d'une façon générale que les concepts qui sont reliés au ciel
sont des acrostrophes, c'est à dire des mots censés qui sont signifiants en
eux même, remarquables dans la strophe. C'est le cas des 15 paroles de
Gabriel. À l'inverse, les concepts reliés à la terre sont des acrostiches, c'est à
dire une partie non signifiante en soi qui a besoin d'être relié à la totalité pour
faire du sens, et remarquable dans le vers. C'est le cas des initiales des
lettres des personnages de Marie, Scroviegni, Marcum Paduanum ou
Catalani.
- Prudencia (Prudence)
- Fortitudo (Force)
- Temperentia (Tempérance)
- Justicia (Justice)
- Fides (Foi)
- Caritas (Charité)
- Spes (Espérance)
M(7)
E(8)
A (6)
S (9)
R(1)
E(2)
C(3)
S (5)
U (4)
------------------------
E(11)
M (18-19)
S(10)
P (16)
E (17)
A (14)
S (20)
D(12-13)*
E (21)**
V***
S (15)****
A (23)
E (25)
N (24)
S (22)
U (28)
E (26)
M (29)
S (27)
De(v)us (*-****)
Recusa (Récuse) (1-6)
Me (7-8)
S(crovegni) (9)
Sed (Mais) (10-12)
Da (donne) (13-14)
Spem (espoir) (15-18)
M(ihi) (moi) (19)
E(nrico) (20)
S(Scrovegni) (21)
Sane (Car en réalité) (22-25)
E(nrico) (26)
Sum (je suis) (27-29)
Ainsi cet agencement particulier des lettres donne cette phrase "Dieu, sauve
moi Scrovegni, mais donne moi Enrico Scrovegni espoir à moi, car en réalité
mon nom de baptême est Enrico"
Dans les prémices on a le nom de Scrovegni, tandis qu'en conclusion on a
plus que le nom de baptême Enrico, et en intermédiaire les deux. La
disparition du nom excommunié Scrovegni permet à Enrico Baptisé d'être
récusé comme il le demande.
CHAPITRE 6 : Le huitième sous-texte, le plus compliqué
Ce sous-texte ne peut pas être aperçu si l'on examine par le manuscrit. Dans
le texte du triplum, on trouve un point pas avant le mot puella, avec au
dessus un silence de brève. Ce point n'est pas un point de syntaxe, mais la
notation du point de division, qui divise le texte en grands fragments, tout
comme le silence de brève (silence de déperfectionnement). Le deuxième
point arrive après le mot "Mella", avec une nouvelle fois un silence de brève,
avec après un silence de longue imparfaite (silence qui décale le départ et de
démarrer en anacrouse : il vaut pour la phrase d'après, donc il n'est pas à lier
avec le second point du texte). Le troisième point du texte arrive après
"Rebella" encore analogué avec le silence de brève et de longue imparfaite,
avec les mêmes conséquences que le deuxième point.
Il y a donc trois points et trois silences de brèves, ce qui indique que le texte
du triplum est coupé en quatre morceaux. Le découpage entre le texte est la
musique est le même ; il n'y a d'ailleurs pas de silences de brève ailleurs
qu'en concordance avec les points.
Pour le texte du duplum le premier point se trouve après le "Deitatis", mais
l'on ne trouve que le silence de longue imparfaite ; le silence de brève n'est
pas présent car on ne peut pas déperfectionner la longue du mot "déitatis".
Le deuxième point se trouve après "puritatis", où l'on trouve le même silence
de longue imparfaite. On rompt ainsi le lien entre la segmentation des
fragments de texte et de musique. On trouve peu après un silence de brève,
mais qui ne correspond pas à un point du texte. Les deux régimes d'écriture
sont ainsi vraiment distincts, alors qu'ils étaient conjoints dans le triplum.
D'autre part, il faut voir l'orthographe de nom des allégories telles que Giotto
les a nommées dans sa fresque. Or chez Giotto, il y a une fluctuation entre
les vertus de justice et d'injustice dans leur orthographe. La Justice s'écrit
avec un "C" (Iusticia) tandis que l'injustice s'écrit avec un "T" (Iniustitia). On
remarque aussi que le mot Iusticia est brisé entre son radical et son suffixe
"cia".
Le premier mot que l'on trouve est le mot "Prudentia" (Prudence). Il faut donc
filtrer le texte chanté pour qu'il ne tombe que sur les lettres du mot recherché.
En Mathématiques, il faut par un algorithme, chercher la première occurrence
de la première lettre. Le P est sur le mot "Pia". Il faut chercher à chaque fois
la première occurrence après la lettre trouvé du mot suivant qui forme le mot
"Prudentia". Cette première section du texte se terminant par un point inscrit
donc le premier nom de vertu. Il y a un fragment de texte avant que le trope
ne commence "Ave Regina Celorum" (je te salue reine des cieux", et après le
texte "Puella" (femme de la terre). Enfin, chaque lettre prise dans des mots
font le lien entre la vertu de prudence et le texte chanté, tels que "Pia", ou
"Virgo". On trouve en dehors de ce lien des mots qui n'inscrivent pas de lien
car aucune de leurs lettres ne sont utilisées pour former la vertu, chaque mot
n'a donc à voir qu'avec la terre, contrairement aux autres mots choisis pour la
vertu qui ont un lien à la fois avec la terre et le ciel. On remarque que
l'allégorie prend sa source dans le mot "Piété".
Dans le deuxième segment, on devrait trouver la deuxième vertu qu'est
"Fortitudo" (Force). On trouve le premier F après quatre vers entiers. Mais
pour la seconde vertu il faut deux segments de phrase. D'une part, la force
brise, de l'autre la lettre manquante du deuxième segment est le "O" ; ce O
de la perfection permet d'avoir la force d'âme nécessaire pour dépasser le
point de rupture et compléter la force.
Dans le segment suivant, on trouve le mot "Temperentia" (Tempérance). Le
dernier A est la dernière lettre du triplum. Les vers de tropassion s'inscrivent
dans 4 + 7 (lui même décomposé en 3+4) + 4 distiques.
Dans le duplum il reste 3 fragments, où il faut inscrire 4 vertus.
Dans le premier fragment on trouve "Iusticia", où le "I" vient de "Innocencie",
l'innocence. On remarque que le mot "Rosa" vient séparer la racine du
suffixe, comme chez Giotto dans la rosace qui sépare l'inscription sur la
fresque.
Le fragment suivant énonce "Caritas" (Charité) trois fois. Une première fois
dans des mots qui prônent la probité dans le monde. Dans un second niveau
dans des mots qui prônent la piété pour l'audience du ciel. Le troisième
niveau de charité se fait dans des mots qui prônent la pureté pour obtenir
l'indulgence du ciel.
Le dernier fragment met en lumière la vertu "Spes" (Espérance), seule vertu
qui commence et finit sur la même lettre. L'espérance est inscrite deux fois.
Le S se trouve dans le mot "Fructus", le fruit du ciel signe d'espérance,
jusqu'à la salvation. La deuxième espérance va de la salvation au péché.
Comme les lettres terminales et initiales sont les mêmes, on peut trouver
deux fois la même vertu réénoncée à l'envers. Du péché à la vertu de la
vierge pour la première énonciation.
Si on poursuit le retour à rebours, on trouve les vertus "Fides", énoncée deux
fois, où le F premier doit être le même que la première énonciation, celui de
"Fructus", le fruit des entrailles de la vierge qui est intrinsèquement lié à la foi.
On trouve également en parallèle de la première énonciation de la justice une
deuxième énonciation.