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Notes Conférence sur la gouvernance globale des migrations 

:
Innovations normatives et institutionnelles

François Crépeau
17 septembre 2015

• Aucune tradition de discussion multilatérale entre les Etats à propos de la migration, il y a


des pratiques nationales.
• Migration = affaire de souveraineté
• Au mieux, il y a des accords bilatéraux

• Pb avec les migrants : ne constituent pas un électorat, ne participent pas au débat politique.
Ce sont les citoyens qui définissent les politiques sur les migrants. Parallèle avec le droit de
vote des femmes.

• Limite structurelle des démocraties :


- pas accès à la scène politique
- pas de DH sans représentation ?
- pas discours centriste
- pas division gauche/droite : UK, F, AU
- aucun incitatif électoral
• Nbx mythes et fantasmes du discours nationaliste populiste :
- les migrants irréguliers sont « illégaux », criminels, donc « sans droits »
- les migrants volent des emplois, augmentent l'insécurité, menacent la santé publique...
- il faut « sceller » les frontières
- on a une « crise » des migrations
- langage « liquide » → « flux de migrants » « vagues de migrants »... pour représenter une
masse informe, qui n'est pas personnalisée, qui n'a pas de visage et qui est menaçante. Si on
part d'individus précis, tout d'un coup les visions changent.
• Fantasme que quand on est illégal on est sans droit et on ne peut rien réclamer. Alors que la
Charte canadienne protège tous les citoyens sur son territoire.

Etats évitent de se commettre


• Coopération sur migration et contrôle aux frontières
- toujours hors des forums normaux de coopération internationale : OIM, ICMPD. EX :
Schengen a été crée en dehors du respect des droits de l'homme
- « processus » techniques discrets ou secrets : pas de session publique, déclaration finale,
conf de presse, mécanismes de suivi... Discussion de haut niveau entre hauts fonctionnaires
• Europe : politiques migratoires développées ds Schengen , hors UE

Des « processus consultatifs régionaux » discrets


• au plan régional, 15 « processus consultatifs régionaux » couvrant les principales routes
migratoires
• tendance lourde à informalité
• déséquilibre dans les rapports de force est omniprésent. EX:Canada, EU et Australie
toujours présents à toutes les discussions de processus pour s'assurer que les discussions ne
dérapent pas

Réticentes NU (Nations Unies)


• Institutions UN ne répondent pas au besoin :
- OIT : conventions travailleurs migrants
- HCR distinction capitale entre réfugiés et migrants
- UNICEF, PNUD, OMS... migration n'est pas une priorité. À l'OMS, personne n'est
responsable de la santé des migrants.
• On a eu du mal au sein des NU à développer une politique migratoire.
1990 : Convention internationale sur les dts de tous les Weurs migrant et des membres de
leurs familles : aucun pays du Nord global n'a ratifié cette convention. Convention la + mal
ratifiée des NU (entre en vigueur en 2003, 47 ratifications aujourd'hui)

2006 :
coup de génie de Kofi Annan : nomme Peter Sutherland RSSG sur la migration et le dvlpt. Il est
quelqu'un que les Etats écoutent.

Global Forum on Migration & Development


Forum sous la direction de l'Etat qui le reçoit, a lieu tous les ans, rencontre alternée chaque année
entre Nord et Sud.
Uniquement les Etats, société civile pas invitée. Les Etats parlaient de migration économique.
Depuis que le Mexique a invité les ONG au Forum en 2010, en 4 ans évolution considérable →
maintenant présence d'ONG, audience publique
GFMD décrit par les Etats comme le + important forum de discussion des questions migratoires.
Il s'y passe quelque chose, processus important, on discute du droit des migrants. Processus à
l'initiative de Peter Sutherland, stratégie : mettre les Etats en confiance.

HLD 2013 : la surprise


• lendemain de tragédie de Lampedusa
• jusqu'à septembre 2013, nous ignorions tout du document finalement
• le résultat final est + intéressant que prévu : leadership du Mexique
• Document final mentionne DH 6 fois : Femmes et enfants, normes du W et mobilité des
Weurs...

HLD 2013 : les limites


pas d'engagement juridique, pas de plan d'action, aucun processus d'évaluation, aucune
imputabilité... On a demandé une périodicité du HLD (EX : ts les 5 ans) mais les Etats n'ont pas
voulu s'engager.

IDEES :
réduire fossé entre pvr souverain d'exclure et DH
→ intégration mutuelle. « mainstreaming » : ils n'ont pas accès à la justice alors leur donner accès
aux réseaux sociaux etc
mette en œuvre des politiques de diversité, multiculturalisme...
leur donner une voix « empowerment » des migrants, accès à la justice : cours, tribunaux,
inspecteurs du W, Weurs sociaux.
Coupe-feux entre les administrations : détacher la police des migrations des autres missions de
service public. Sinon ils n'appellent pas la police en cas de crime contre eux.
lutter contre marginalisation, stigmatisation, racialisation, discrimination, exclusion et violence pour
tous.

Crise européenne
→ reconnaître le fait que les migrants vont venir et que les européens ne pourront rien faire
les européens doivent s'attendre à plusieurs décennies d'immigration massive. C'est un FAIT que les
Etats doivent reconnaître.
→ prohiber la migration est enfoncer les migrants dans la clandestinité. Leçon de la prohibition
dans les années 20 avec l'alcool → ça sert à rien d'avoir de mafia, on va légaliser, régulariser. War
on drugs : 40 ans de guerre, les cartels sont toujours aussi puissants donc Etats comme la Californie
l'Utah autorisent, ça marche bien d'autoriser que de prohiber.
→ paradoxe : au nom du contrôle des frontières, les Etats ont perdu le contrôle des frontières alors
qu'ils pourraient savoir qui entre

→ adopter stratégies à long terme, générationnelles


→ lutter contre les employeurs clandestins et réduire le marché de l'emploi informel.
→ + on lutte contre les migrants, + on les enfonce dans la clandestinité, + on donne du pouvoir aux
passeurs ou aux employeurs clandestins qui paient 20 dollars 10h de travail. Réduire les marchés
clandestins.
→ On sait que 99,1% des syriens sont des REFUGIES, pourquoi les laisser venir clandestinement ?
→ ce que ça va changer est que les syriens ne choisiront pas les passeurs mais feront la queue au
bureau d'immigration canadienne, on pourrait les faire venir en avion, si tout était organisé. Blocage
politique.
→ les enfants des indochinois sont aujourd'hui bénéfiques, sont dans les universités aujourd'hui,
participent à la croissance

→ Nécessité d'un début de discours REALISTE, reconnaître les FAITS, admettre que les migrants
vont venir et ORGANISER leur migration. Peut-être que le début de ce discours réaliste est déjà
arrivé.

→ comment capitaliser sur l'élan de solidarité ?

→ Merkel a déjà opéré un renversement à 180degrés, et la pop allemande a démontré l'inanité des
fantasmes

→ la crise européenne : une opportunité, pourrait être une chance de transformer les perceptions, les
stéréotypes, les préjugés et les menaces, contrer le discours nationaliste populiste dominant

→ allemagne a dit qu'on pouvait accueillir 500 000 migrants par année pendant plusieurs années.
On a pas de crise de capacité mais une crise de politique et de leadership. Incapacité fondamentale
des dirigeants européens de reconnaître que la migration est un fait de la mondialisation qui
accompagne les services qu'ils ont institué depuis 30 ans.
Expliquer cela à la population, que ce n'est pas un pb, qu'on va le gérer et que ces gens participeront
à la richesse du pays.
Ne pas trop blâmer les politiciens, car les migrants ne sont pas dans le jeu politique puisqu'ils n'ont
pas le droit de vote.
Proposer que tous citoyens vivant sur le territoire depuis 5 ans par ex puisse voter. Anormal de ne
pas avoir le droit de vote alors qu'ils sont soumis aux lois, paient des impôts. Faire rentrer une dose
de réalisme dans les débats politiques, il y aurait un incitatif politique pour les politiciens.
Merkel prend décision morale en même temps qu'elle se fait un capital politique.
Ouvrir bureaux dans les pays de transit.

Rapport de Crépeau à lire sur migrants climatique (2012/2013)

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