Vous êtes sur la page 1sur 60

LA THERMODYNAMIQUE

La thermodynamique est l’étude de l’énergie thermique, son transfert, sa


transformation, sa dégradation et sa dispersion.

La thermodynamique étudie le comportement thermique de la matière.

Quand nous considérons une entité spécifique (bouteille de gaz, un moteur),


on l’appelle un système. Tout ce qui ne fait pas partie du système est appelé
milieu extérieur.

Un système peut interagir avec l’extérieur de plusieurs façons : par exemple


il peut recevoir ou fournir de la chaleur à travers ses parois, il peut aussi
échanger un travail mécanique.
D’autre part nous pouvons aussi imaginer un système complètement isolé de
son environnement.

Université de Genève 14-1 C. Leluc


Première Loi de la Thermodynamique

La conception la plus complète de la loi de conservation de l’énergie inclut


toutes les sortes d’énergie et est connue comme le premier Principe de la
Thermodynamique :

L’énergie ne peut être ni crée ni détruite, mais seulement transférée d’un


système à un autre et transformée d’une forme à une autre.

Quand une pomme de 1N tombe d’une hauteur de 10m, d’un arbre dans votre
main, l’énergie potentielle gravitationnelle initiale de 10J est transformée en
10J d’énergie cinétique juste avant qu’elle ne s’arrête dans votre main (moins
une petite partie transférée à l’air par frottement). Lorsque la pomme s’arrête
dans votre main, les 10J se répartissent sous forme d’énergie thermique entre
la main et la pomme (en négligeant la petite énergie sonore), ce qui augmente
légèrement leurs températures.
Autres exemples possibles : vaisseau spacial entrant dans l’atmosphère, une
voiture freine..

Université de Genève 14-2 C. Leluc


Travail, Chaleur et Energie interne (suite)
Nous avons vu à la page 13-04 que l’énergie interne, U , d’un gaz parfait mo-
noatomique contenant n moles est égale à la somme de toutes les énergies
cinétiques désordonnées de translation des molécules qui le composent, soit :
U = 32 nRT . Ainsi U ne dépend que de T , pas de P , ni de la densité.
Nous savons déjà que la chaleur Q et le travail W correspondent, tous les
deux, à un transfert d’énergie par des moyens très spécifiques. La 1ere appli-
cation de ces idées fut la machine à vapeur, à laquelle on fournit de la chaleur
et qui fournit un travail. Il parut naturel de considérer la chaleur fourni à un
système comme positive et le travail effectué par le système aussi comme
positif. Avec cette convention, le travail effectué par l’environnement contre le
système est négatif. Si une quantité de chaleur est fournie à un système
fermé Σ, elle peut se manifester , soit par une augmentation de son
énergie interne, soit par un travail exécuté par le système, soit par les
deux à la fois. Par conséquent le 1er Principe de la Thermo permet d’écrire :
Q = W + ∆U ou encore
∆U = Q − W avec Q et W > 0, < 0 ou nul
Ce qui exprime la variation d’énergie interne, ∆U , d’un système fermé pas-
sant de l’état 1 à l’état 2 avec les conventions de signe définies plus haut.
Université de Genève 14-3 C. Leluc
Travail, chaleur et énergie interne

Pour pouvoir faire des calculs en Thermodynamique, il est nécessaire d’ex-


primer le premier Principe à l’aide des différentielles : un accroissement infi-
nitésimal de l’énergie interne du système, dU , se produit quand le système
reçoit une quantité infinitésimale de chaleur dQ et une quantité infinitésimale
de travail, dW . Cela s’écrit :
dU = dQ − dW

EXEMPLE : Un système en contact avec une source chaude, reçoit une


quantité de chaleur de 5000J ; il effectue alors un travail de 2700 J sur son
environnement. Quelle est la variation de l’énergie interne du système ?

SOLUTION : Chaleur reçue Q = +5000 J, travail fourni W = +2700 J.


Le premier principe de la Thermo donne :
∆U = Q − W = (+5000J) − (+2700 J) = 2300J

Université de Genève 14-4 C. Leluc


Travail, Chaleur et Energie interne (suite)
Il est nécessaire de définir le système avant de commencer une analyse.
Soit 2 enceintes en contact et pouvant échanger une quantité de chaleur, Q,
transférée du liquide à haute température, TH , au gaz à basse température,TL.
Le système global, 3, formé de ces 2 enceintes
est isolé du reste de l’environnement. Comme il
n’y a aucun travail effectué, l’énergie interne du
système 1, U1, diminue de Q, celle du 2eme,
U2, augmente de Q tandis que celle du 3eme,
U3, ne change pas : ∆U3 = 0.
L’énergie interne d’un système isolé est
constante (bien qu’elle puisse être trans-
formée d’une forme d’énergie interne à une
autre) (par exemple rotationnelle, vibratoire).

L’énergie interne d’un système fini est finie. Il est clair que si un travail est
extrait de ce système, une quantité équivalente d’énergie doit lui être fournie,
sinon l’énergie interne diminue et cela ne peut durer indéfiniment. Une ma-
chine à mouvement perpétuel de première espèce est celle qui produit plus
de travail qu’elle ne reçoit d’énergie et qui continue ainsi indéfiniment. Une
telle machine viole le premier principe de Thermo et ne peut pas exister.
Université de Genève 14-5 C. Leluc
Transformations
Une transformation survient quand certaines grandeurs mesurables
(P, V, T ) caractérisant un système changent de valeurs. Un système peut
changer de plusieurs façons, mais il y a 4 transformations fondamentales :
– isotherme : à température constante,
– isobare : à pression constante,
– adiabatique : aucune chaleur n’est transférée au
système ou du système, ∆Q = 0
– isovolumique ou isochore : à volume constant.
Envisageons un système thermodynamique effectuant une transformation
d’un état A à un état B. Pour qu’on puisse tracer une ligne allant de A à B,
il faut qu’en chaque point du parcours, P, V, T soient connus, c-à-d que le
système soit en équilibre. Mais à l’équilibre, rien ne bouge. Donc il faut que
la transformation se fasse très lentement par rapport au temps de stabilisa-
tion du système. On parle de transformations quasi-statiques. En suivant
le chemin de A à B de cette façon-la, on pourra rebrousser chemin en n’im-
porte quel point et parcourir la même courbe en sens inverse. On dit alors que
c’est une transformation réversible. Il faut donc qu’elle se déroule lentement,
sans frottement ni turbulence. Dans le cas contraire c’est une transformation
irréversible.
Université de Genève 14-6 C. Leluc
Transformation isotherme
Le cylindre contient un gaz parfait qui se détend de façon isotherme. Suppo-
sons le cylindre fait de matière très conductrice de chaleur, avec des parois
minces et entouré d’un bain de température constante (réservoir thermique).
Si le gaz se détend très lentement, il soulève le piston et la chaleur entre dans
le système à un rythme tel que le gaz reste à une température constante.

En général, un gaz qui se détend ef-


fectue un travail sur la paroi mobile du
récipient, le piston dans ce cas. Quand
une molécule vient à frapper et rebondir
sur une paroi qui recule, sa vitesse finale
sera inférieure à sa vitesse avant la colli-
sion. La diminution de l’énergie cinétique
de la molécule équivaut à un travail ef-
fectué par le piston. Ce travail se fait donc
au dépens de l’énergie interne. Ainsi à
moins que de la chaleur ne soit fournie
au gaz, sa température diminue.

Université de Genève 14-7 C. Leluc


Travail effectué dans les variations de volume

On cherche à calculer le travail accompli par un gaz parfait lorsqu’il se dilate


de façon quasi-statique.
Un gaz est enfermé dans un cylindre muni d’un piston de surface A. Le gaz
se dilate en poussant contre le piston. Il exerce une force F = P A.

Le travail infinitésimal dW effectué par le gaz pour


déplacer le piston d’une distance infinitésimale d~l :
~ · d~l = (P A) (dl) = P (A dl) = P dV
dW = F
Le travail effectué par le gaz en détente sur le milieu
extérieur, pour une variation finie du volume, de Vi à Vf ,
est donné par l’intégrale :
Z
Vf
Z
W = dW = Vi P dV
Si le volume augmente, alors W est positif, ce qui veut dire que du travail est
produit par le système. Par contre, si le système se contracte, le travail est
produit sur le système et W est négatif.

Université de Genève 14-8 C. Leluc


Travail effectué dans les variations de volume (suite)

-1) processus isotherme de 1 à 2 : T = cte

On augmente le volume d’un gaz de V1 à V2 tout


en conservant la même température. Pour un gaz
parfait : P = nRT /V
Z
Vf nRT
W12 = Vi dV
V
V2 P1
W12 = nRT ln = nRT ln
V1 P2
Le travail effectué est donné par la surface sous la
courbe.

Université de Genève 14-9 C. Leluc


Travail effectué dans les variations de volume (suite)

Mais on peut aller de 1 à 2 en suivant le chemin ab-bc.

-2) processus isovolumique suivant ab (V = cte) :


On abaisse la pression de P1 à P2, le volume reste
constant. Wab = 0 puisque dV = 0

-3) processus isobare suivant bc (P = cte)


On dilate le gaz à pression constante,P2.
RV
Wbc = Vif P dV = P2 (V2 − V1) = P2 ∆V
Pour aller du point 1 au point 2, selon le trajet ab-bc, le travail vaut :
nRT V1
W12 = Wab + Wbc = P2 (V2 − V1) = (V2 − V1) = nRT (1 − )
V2 V2
ce qui n’est pas le même travail que celui obtenu en suivant l’isotherme ac.

Le travail effectué sur un système ou par un système dépend de la façon


dont il passe de l’état initial à final : ce n’est pas une variable d’état.

Université de Genève 14-10 C. Leluc


Travail effectué dans les variations de volume (suite)
Voici quelques exemples de
processus thermodynamiques
dans lesquels le système
passe de l’état initial i à l’état
final f .

Le travail W est positif quand


il y a augmentation de volume.
Quand le volume diminue (à
cause d’une force externe) le
travail fait par le système est
négatif.

Dans un cycle fermé, le tra-


vail résultant fait par le système
est représenté par la surface
enfermée, qui est la différence
des aires sous les 2 courbes
qui constituent le cycle.
Université de Genève 14-11 C. Leluc
Exemple 1 : Processus isobare

Un cylindre, fermé avec un piston mobile, contient initialement 10,0g de va-


peur à 100◦C. On chauffe le système pour que sa température augmente de
10, 0◦C, pendant que la vapeur se détend de 30,0×10−6m3 à une pression
constante de 4,00 MPa. Déterminer (a) le travail fait par la vapeur et (b) la
variation de son énergie interne. (Prendre c = 2, 02kJ.kg−1.K−1).

SOLUTION : (a) La transformation est isobare. Le travail fourni (signe +) vaut :


W = P (Vf − Vi) = (0, 4 × 106Pa)(30, 0 × 10−6m3) = 12, 0J

(b) Il faut d’abord calculer la chaleur Q reçue (signe +),


Q = m c ∆T = (0, 01kg)(2, 02 × 103J/kg.K)(10, 0◦C) = 202J
Comme ∆U = Q − W , on obtient :
∆U = 202J − 12, 0J = 190J

Université de Genève 14-12 C. Leluc


Exemple 2 : Processus isobare

Déterminer (a) le travail accompli et (b) la variation d’énergie interne lorsqu’on


fait bouillir 1,00kg d’eau et qu’elle se transforme entièrement en vapeur à
100◦C et à pression constante.

SOLUTION : (a) Le volume de 1,00 kg d’eau à 100◦C équivaut à 1000 cm3 ou


1,00×10−3 m3 et celui de 1,00 kg de vapeur à la même température à 1,67
m3( ρ = 0, 598kg/m3). Le travail accompli s’exprime donc par :
W = P (V2 − V1) = (1, 01 × 105N/m2)(1, 67m3 − 1, 00 × 10−3m3)
= 1, 69 × 105J
(b) La chaleur requise pour amener à ébullition 1,00kg d’eau est égal à Q =
22, 6 × 105 J (voir page 13-17). D’après la première loi de la thermo :
∆U = Q − W = 22, 6 × 105J − 1, 7 × 105J = 20, 9 × 105J
Environ 8% seulement de la chaleur ajoutée sert à effectuer du travail ; les
92% restant augmentent l’énergie interne de l’eau.

Université de Genève 14-13 C. Leluc


Capacités calorifiques molaires
Jusqu’à présent, on a attribué une valeur à la capacité calorifique massique
sans se préoccuper des conditions dans lesquelles cette valeur était obtenue.
En fait on doit spécifier les conditions dans lesquelles ce transfert de chaleur
a lieu, i.e à volume constant cV ou à pression constante cP , surtout pour les
gaz où ces valeurs diffèrent énormément.
Pour expliquer ces propriétés par la théorie cinétique et la 1ere loi de la thermo,
il faut avoir recours au concept de la capacité calorifique molaire, CV , CP ,
qui se définit comme la chaleur requise pour élever de 1K la température d’une
mole de masse M à volume ou à pression constante respectivement. Elle
s’exprime en J.mole−1.K−1.
Par analogie avec les équations donnant la chaleur calorifique massique (Q =
m c ∆T ), la quantité de chaleur nécessaire pour élever de ∆T degrés n
moles de gaz est :
QV = n CV ∆T [volume constant]
QP = n CP ∆T [pression constant]
En comparant Q = mc∆T = nM c∆T et Q = nC∆T , on trouve que :
CV = M cV et CP = M cP
où M est la masse molaire.
Université de Genève 14-14 C. Leluc
Capacités calorifiques molaires (suite)

cV cP CV CP CP − CV
(kJ/kg.K) (kJ/kg.K) (J/mol.K) (J/mol.K) (J/mol.K) γ = CP /CV
He 3,38 5,18 12,5 20,8 8,3 1,67
Ne 0,62 1,03 12,47 20,80 8,3 1,67
N2 0,74 1,04 20,7 29,09 8,4 1,40
O2 0,65 0,91 21,05 29,43 8,4 1,40
CO2 0,64 0,83 28,46 36,96 8,5 1,30
H2O(100◦C) 1,46 2,01 25,95 34,32 8,4 1,32
Plomb 0,128 26,5
Cuivre 0,39 24,5
Valeurs pour des gaz à 15◦C. Les valeurs de capacité calorifique massique
données sur la page 13-10 sont celles obtenues à pression constante, cP .

Université de Genève 14-15 C. Leluc


Capacités calorifiques molaires à volume constant

Soit n moles d’un gaz parfait à pression P et à température T confinées dans


un volume fixe V . Si on ajoute une quantité de chaleur QV , la température
augmente de ∆T et la pression de ∆P .
D’après la 1ere loi de la thermo, ∆U = QV − W = n CV ∆T − W .
Mais ici aucun travail ne s’effectue puisque ∆V = 0. La chaleur ajoutée sert
entièrement à accroı̂tre l’énergie interne. Ce qui donne : CV = n1 ∆U
∆T
.
D’autre part l’énergie interne d’un gaz monatomique parfait est U = 32 nRT
(voir page 13-4), donc ∆U = 32 nR∆T . On obtient ainsi :
1 ∆U 1 (3/2 nR∆T ) 3
CV = = = R = 12, 5J/mol.K
n ∆T n ∆T 2
On peut réécrire l’équation de l’énergie interne d’un gaz parfait en remplaçant
CV par 3/2R, soit :
3
U = nRT = nCV T et ∆U = n CV ∆T
2
expression valable pour tous les gaz parfaits monoatomiques, diatomiques et
polyatomiques à condition de prendre la valeur appropriée de CV .

Université de Genève 14-16 C. Leluc


Capacités calorifiques molaires à pression constante
Supposons maintenant que la température de ce gaz parfait est élevée
de la même quantité ∆T que précédemment, mais ici la quantité de cha-
leur transférée QP se fait à pression constante. La quantité de chaleur
nécessaire pour élever de ∆T degrés n moles est QP = n CP ∆T .
D’après la 1ere loi de la thermo, ∆U = QP − W .
Ici la chaleur ajoutée sert non seulement à augmenter l’énergie interne, mais
également à effectuer du travail, soit
∆U = n CV ∆T
QP = n CP ∆T
nR∆T
W = P ∆V = P
P
Ce qui finalement donne :
n CV ∆T = n CP ∆T − n R ∆T
CP = CV + R
Comme R = 8, 314J/mol.K, CP aura une valeur supérieure à celle de CV
d’environ 8,33 J/mol.K, soit
CP > CV

Université de Genève 14-17 C. Leluc


Equipartition de l’énergie

Le tableau suivant permet de comparer les valeurs théoriques données par la


théorie cinétique avec celles expérimentales.
Gaz degré de U/mole CV CP γ=
liberté (J/mol.K) (J/mol.K) CP /CV
monoatomique :Théorie 3 3/2 RT 3/2 R=12,5 5/2 R=20,80
He : expérience 12,5 20,80 1,67
di-atomique : Théorie 5 5/2 RT 5/2 R=20,8 7/2 R=29,10
N2 : expérience 20,7 29,09 1,4
polyatomique : Théorie 6 3 RT 3R=24,9 4 R=33,26
CO2 : expérience 28,5 36,96 1,30
La capacité calorifique molaire augmente avec le nombre d’atomes par
molécules. L’énergie interne comprend d’autres formes d’énergie en plus de
l’énergie cinétique de translation ; une molécule diatomique peut effectuer un
mouvement de rotation autour de 2 axes différents. On peut encore améliorer
l’accord entre l’expérience et la théorie en tenant compte des oscillations des
atomes ; par exemple dans un gaz diatomique, les 2 atomes dans la molécule
d’oxygène peuvent osciller l’un vers l’autre, la liaison interatomique se com-
portant comme un ressort oscillant.
Université de Genève 14-18 C. Leluc
Equipartition de l’énergie (suite)
Les molécules monatomiques, qui sont essentiellement ponctuelles et qui
ne peuvent avoir qu’une faible énergie de rotation inertielle autour d’un axe,
peuvent stocker de l’énergie seulement dans des mouvements de translation.
Par contre les molécules diatomiques et polyatomiques peuvent en stocker
par rotation ou vibration. Pour tenir compte de ces possibilités d’une manière
quantitative, on utilise le théorème de l’équipartition de l’énergie : Chaque
sorte de molécule a un certain nombre,f , de degrés de liberté, qui sont
des moyens indépendants pour une molécule d’acquérir de l’énergie interne.
Chaque degré de liberté actif d’un système possède en moyenne une énergie
interne de 1/2kB T par molécule (ou 1/2 RT par mole). En conséquence, dans
la dérivation page 14-14, il aurait fallu écrire U = f2 nRT (eq. en vert).

Université de Genève 14-19 C. Leluc


Transformation adiabatique d’un gaz parfait
Adiabatique = Aucune chaleur ne peut pénétrer ou s’échapper du système.
C’est ce qui se produit dans le cas d’un système extrêmement bien isolé ou
d’un processus se déroulant avec une telle rapidité que la chaleur -dont la
propagation se fait lentement- n’a le temps ni d’entrer ni de sortir. La dilatation
des gaz dans un moteur à combustion interne constitue un tel exemple (DvD
15-04). Comme Q = 0, on a ∆U = −W .
1) Si le gaz se détend (W > 0), U doit diminuer et par conséquent la
température baisse. Alors le produit P V (=nRT ) prend une valeur moindre au
point C qu’au point B (la courbe AB est un processus isotherme).
2) Si le gaz est comprimé, du travail s’effectue sur le gaz (W < 0) si bien que
son énergie interne augmente et que sa température s’élève. Dans un moteur
diesel, la compression adiabatique rapide de l’air par un facteur ∼20 résulte
en une élévation de température si considérable que, lorsque l’essence y
pénètre, le mélange s’enflamme spontanément.
On trouve, comme démontré pages suivantes, que :
P V γ =cte et T V (γ−1)=cte
où γ est une constante qui vaut C CP
= 5/2
3/2
∼1,67 pour les
V
7/2
gaz monoatomiques, ∼ 1, 4 pour les gaz diatomiques
5/2
et ∼ 1, 3 pour les gaz polyatomiques.
Université de Genève 14-20 C. Leluc
Transformation adiabatique : démonstration

Nous avons vu page 14-08 que le travail infinitésimal dW effectué par le gaz
pour déplacer un piston d’une distance infinitésimal dl vaut P dV . On a donc :
dU = dQ − dW = dQ − P dV
mais dQ = 0 pour une tranformation adiabatique. D’autre part dU = nCV dT
ainsi
n CV dT + P dV = 0
Exprimons dT en fonction de P et V pour un gaz parfait : P V = nRT

1
P dV + V dP = nR dT dT = (P dV + V dP )
nR
1
n CV (P dV + V dP ) + P dV = 0
nR
CV CV
( + 1) P dV + V dP = 0
R R
Mais CP = CV + R, ce que l’on peut écrire comme :( CRV + 1) = CP
R

Université de Genève 14-21 C. Leluc


Transformation adiabatique : démonstration (suite)

Remplaçant et simplifiant par R, on obtient :


CP P dV + CV V dP = 0
Divisons les 2 membres par CV V P , on obtient :
CP dV dP dV dP
+ =γ + =0
CV V P V P
avec CP /CV = γ. En intégrant :
Z dV Z dP
γ + = 0
V P
γ ln V + ln P = cte ln(P V γ ) = cte

P V γ = cte
Pour un gaz parfait (P V = nRT ), on peut remplacer P par nRT /V , ce qui
donne
T V (γ−1) = cte

Université de Genève 14-22 C. Leluc


Transformation adiabatique : libre expansion

Il y a des processus adiabatiques dans lesquels aucun travail n’est fait ni reçu
par le système. Ainsi Q = W = 0 et d’après la 1ere loi de la Thermo, on a
donc
∆U = 0 expansion libre
Ce processus diffère des autres processus vus jusqu’a présent car il ne peut
pas être fait lentement, d’une manière controlée. Ce qui a pour conséquence
que le gaz n’est jamais en équilibre thermique. On peut mettre les valeurs
initiales et finales dans un diagramme P − V , mais on ne peut pas dessiner
l’expansion elle-même.
D’autre part, comme ∆U = 0, la température de l’état final doit être égale à
la température de l’état initial, Ti = Tf .
Si on a affaire à un gaz parfait (P V = nRT ),
comme il n’y a pas de variation de
température, le produit P V doit être constant,
soit :
Pi Vi = Pf Vf

Université de Genève 14-23 C. Leluc


Tableau récapitulatif des transformations

Résultats spéciaux
Chemin Quantité Type de ∆U = Q − W et
constante processus ∆U = n CV ∆T pour tous chemins
1 P Isobare Q = n CP ∆T ; W = P ∆V
2 T Isotherme Q = W = n R T ln(Vf /Vi); ∆U = 0
3 P V γ , T V (γ−1) adiabatique Q = 0 ; W = −∆U
4 V Isochore Q = ∆U = n CV ∆T ; W = 0

Université de Genève 14-24 C. Leluc


Exemple 1 : dilatation adiabatique et isotherme

On laisse un gaz parfait monoatomique se dilater lentement jusqu’à ce que sa


pression soit à exactement la moitié de sa valeur initiale. Par quel facteur son
volume varie-t-il s’il s’agit d’un processus (a) adiabatique, (b) isotherme ?

SOLUTION : (a) Pour un processus adiabatique, P1 V1γ = P2 V2γ , soit :

V2 P1
=( )1/γ = (2)3/5 = 1, 52
V1 P2
puisque γ = CP /CV = (5/2)(3/2) = 5/3.

(b) Lorsque la température reste constante (T1 = T2), P1V1 = P2V2


conformément à la loi des gaz parfaits. Il en résulte que :
V2 P1
= =2
V1 P2

Université de Genève 14-25 C. Leluc


Exemple 2 : dilatation adiabatique

L’argon à l’état gazeux (monoatomique) est comprimé très lentement et adia-


batiquement, dans un cylindre bien isolé, jusqu’à la moitié de son volume
initial de 0,100 m3. S’il était initialement à la pression atmosphérique et à
27,0◦C, quelles seront sa température et pression finales ?

SOLUTION : La transformation est adiabatique et implique un changement


dans P, V et T . Pour un gaz monoatomique γ = 1, 67, ainsi
 
γ
Vi 
= (0, 101MPa)(2)1,67 = 0, 322MPa

Pf = Pi 
 
Vf
 

On trouve la température à l’aide de l’équation des gaz parfaits (P V /T =cte)


que l’on écrit pour l’état initial et final. Ce qui donne :
Pf   Vf  1 
    

Tf = Ti  = (300K)(3, 19)  = 479K


 
  
Pi Vi 2

Université de Genève 14-26 C. Leluc


Cycles thermiques
Nous ne considérons ici que des transformations réversibles et nous voulons
qu’après leur exécution, le système revienne à son état initial,soit ∆U = 0.
Le diagramme dans le plan P − V représente alors un cycle.
Le cas le plus simple consiste à enfermer
un gaz parfait dans un cylindre fermé par un
piston, le mettre en contact avec un bain à
température constante et le détendre suivant
un isotherme. Une quantité de chaleur QAC
est reçue par le système entre A et C, le
travail effectué par le système est WAC > 0
et comme ∆T = 0, on a aussi ∆U = 0.
Donc QAC > 0. Le travail fait par le gaz est l’aire au-dessous de la courbe.
Si nous revenons au point A en suivant le même isotherme mais en sens in-
verse, le gaz reçoit du travail et fournit de la chaleur, tels que QAC = −QCA
et WAC = −WCA. Le système revient à son point de départ. Si on ajoute
ces 2 travaux WAC + WCA = 0, le travail total à la fin du cycle est nul.
Le travail total est représenté par l’aire à l’intérieur de la courbe fermée
représentant le cycle dans le plan P − V . Ici cette surface est nulle.
Université de Genève 14-27 C. Leluc
Cycles thermiques (suite)
Ici on a un cycle tel que le travail effectué par
∆U = Q − W le gaz (l’aire du cycle) est positif.
En allant de A à B, un travail est produit par
le gaz car son volume augmente (VB > VA).
Sa température augmente (on passe d’une
isotherme à une isotherme de température
plus élevée), donc U augmente. QAB doit
donc être positif : une quantité de chaleur
QAB entre dans le système.
En allant de B à C, aucun travail n’est fait et
la température diminue, donc U diminue et de
la chaleur QBC est cédée par le système.

En allant de C à A le long de l’isotherme (∆U = 0), le gaz est comprimé


(VC > VA) et un travail négatif est effectué qui doit être accompagné par une
quantité de chaleur égale négative, donc sortante.
Comme ∆UABCA = 0 sur le parcours fermé, le travail total effectué par le
système est égal à la chaleur totale reçue.
Ce cycle fait penser au fonctionnement d’un moteur thermique.
Université de Genève 14-28 C. Leluc
Moteurs thermiques
Un moteur thermique est un dispositif cyclique qui convertit l’énergie
thermique en travail, qu’il cède à l’extérieur. On utilise un fluide moteur qui
permet de transférer la chaleur et qui subit des processus de détente et de
compression.
Processus cyclique qui ramène le fluide moteur
dans son état initial
U2 − U1 = ∆U = 0 = Q − W → Q =W
Le moteur travaille entre un réservoir à haute
température, TH , et un réservoir à basse
température, TL.
QH > 0 QL < 0 W >0
La chaleur nette absorbée par cycle :
Q = QH + QL = |QH | − |QL|.
Le travail fourni par la machine :
W = Q = |QH | − |QL|
L’expérience montre qu’il est impossible de transformer toute la chaleur
reçue QH en travail ; QL n’est jamais nul.
Université de Genève 14-29 C. Leluc
Cycle de Carnot
Le cycle de Carnot est un cycle idéal ne correspondant à aucun moteur
réalisable, fonctionnant selon un cycle réversible.
Le moteur de Carnot est un simple cylindre fermé par
un piston, contenant un gaz et qu’on amène alter-
nativement en contact avec un réservoir thermique à
haute température(vapeur) puis avec un réservoir de
chaleur (eau de refroissement) dans lequel la chaleur
est rejetée. Ce cycle est une suite de 4 étapes :
1. A → B : détente isotherme(∆U = 0, W >
0 donc Q > 0) dans laquelle le gaz reçoit une
quantité de chaleur QH à haute température TH
2. B → C : détente adiabatique (P,V,T changent)
(Q = 0, W = −∆U )
3. C → D : compression isotherme (∆U =
0, W < 0 donc Q < 0) dans laquelle le gaz rejette
une quantité de chaleur (−QL)
4. D → A : compression adiabatique
(Q = 0, W = −∆U )
Université de Genève 14-30 C. Leluc
Cycle de Carnot

La partie ABC représente la détente : c’est la course motrice, car le gaz ef-
fectue un travail positif sur le milieu extérieur. Sur la partie CDA du cycle le
gaz rejette une quantité de chaleur et le milieu extérieur effectue un travail sur
lui.

Université de Genève 14-31 C. Leluc


Rendement d’une machine thermique
La raison pour laquelle le moteur de Carnot est si important est qu’il représente
un dispositif idéal qui a la meilleure efficacité possible. Son rendement est la
limite supérieure du rendement de tout moteur thermique réel. D’une manière
générale, on définit le rendement énergétique r d’une transformation comme :
Energie disponible sortante
r =
Energie entrante
Pour un moteur thermique, l’énergie utile est le travail effectué et l’énergie
fournie est la chaleur prise à la source chaude. Ainsi pour un cycle :
T ravail ef f ectue
r =
Chaleur entrante
1er principe donne |Ws| = |QH (entrante)| − |QL(sortante)|
|Ws| |QH | − |QL| |QL|
r = = =1 −
|QH | |QH | |QH |
Le rendement augmente si QL diminue, devenant 1 si aucun rejet de chaleur
est effectué. Les moteurs réels dissipent de l’énergie par frottement et perdent
une quantité appréciable d’énergie à l’environnement par convection, conduc-
tion et radiation. Ainsi pour le moteur d’une voiture, r devrait valoir 55% mais
son rendement effectif est seulement de 25%. Pour une centrale thermique, le
rendement effectif est de 30% et théorique de 40%.
Université de Genève 14-32 C. Leluc
Cycle de Carnot : Rendement
Effectuons un cycle de transformation réversible sur 1 mole d’un gaz parfait.
Calculons le rendement. Sur les 2 adiabatiques, nous avons les relations sui-
vantes :
VBγ−1TH = VCγ−1 TL et VDγ−1TL = VAγ−1 TH
Effectuons leur rapport de manière à éliminer les températures :

VC VB VC VB
( )γ−1 = ( )γ−1 → =
VD VA VD VA
|QL |
Calculons maintenant le rapport |Q sur les 2 iso-
H|
thermes :
|QL| R TL ln (VC /VD ) TL
= =
|QH | R TH ln (VB /VA) TH
|QL| TL
rc = 1 − =1−
|QH | TH
Résultat valable pour tout moteur idéal réversible. Cela constitue le rende-
ment maximal. Pour avoir un moteur parfait, il faudrait que QL = 0 ce qui
est possible seulement si TL = 0K ou TH → ∞, conditions impossibles à
réaliser.
Université de Genève 14-33 C. Leluc
Exemple : Centrale électrique thermique
Le rendement le plus élevé possible pour une machine à vapeur opérant entre
200◦C et 27,0◦C est :
330K
rc = 1 − = 1 − 0, 634 = 36, 5%
473K
En pratique, les pertes réduisent cette valeur du tiers environ.
Une centrale thermique moderne utilise de
la vapeur chauffée à environ 500◦C. Cette
vapeur à haute pression se détend dans
une turbine, frappe et pousse ses lames
pour la faire tourner. La turbine propulse un
générateur électrique de haute tension. Une
grande différence de pression est maintenue
à travers la turbine en condensant la vapeur.
La vapeur est expulsée vers un condensa-
teur froid à ∼ 373K. Le rendement théorique
vaut 53% bien que les pertes thermiques (en
fumée par exemple) le réduisent à environ
40%.
Université de Genève 14-34 C. Leluc
EXEMPLE : Cycle de Carnot
Soit 0,2 moles d’un gaz diatomique parfait (γ = 1, 40) effectuant un cycle
de Carnot entre les températures 227◦C et 27◦C. La pression initiale vaut
PA = 10, 0 × 105Pa et pendant le cycle d’expansion isotherme à haute
température le volume double. a) Trouver pression, volume et température en
chacun des points A,B.C,D (voir fig. page 14-30). b) Trouver Q, W et ∆U
pour chacune des 4 étapes du cycle. c) Déterminer le rendement à l’aide des
résultats précédents. d) Comparer ce rendement au rendement maximum
possible.

a) Il faut d’abord convertir les Celsius en Kelvin :


TH = (227 + 273, 15)K=500K, TL = (27 + 273, 15)K=300K.
Avec l’équation des gaz parfaits, on obtient :
nRTH (0, 2mol)(8, 315J/mol.K)(500K)
VA = = = 8, 31 × 10−4m3
PA 10, 0 × 105Pa
Le volume double pendant l’expansion isotherme A → B ainsi
VB = 2 VA = 16, 6 × 10−4m3

Université de Genève 14-35 C. Leluc


EXEMPLE : Cycle de Carnot (suite)

mais aussi PAVA = PB VB . Ainsi


PAVA
PB = = 5, 0 × 105Pa
VB
Pour la dilatation adiabatique B → C, TH VBγ−1 = TLVCγ−1, ainsi
1/(γ−1)
 TH 
 

VC = VB   
 = 59, 6 × 10−4m3
TL
D’après l’équation des gaz parfaits, on trouve
nRTL
PC = = 0, 837 × 105Pa
VC
Pour la compression adiabatique D → A, TLVDγ−1 = TH VAγ−1,
1/(γ−1)
 TH 
 

VD = VA   
 = 29, 8 × 10−4m3
TL
nRTL
PD = = 1, 67 × 105Pa
VD

Université de Genève 14-36 C. Leluc


EXEMPLE : Cycle de Carnot (suite)

b) Dans l’expansion isotherme A → B, ∆UAB = 0. Pour trouver WAB (=QH )


VB
WAB = QH = nRTH ln = 576J
VA
Pour l’expansion adiabatique B → C, QBC = 0 et ∆UBC = −WBC . Avec
CV = 20, 8J/mol.K
WBC = −∆UBC = −nCV (TL − TH ) = 832J
Dans la compression isotherme C → D, ∆UCD = 0. Pour trouver
WCD (=QL)
VD
WCD = QL = nRTL ln = −346J
VC
Pour la compression adiabatique D → A, QDA = 0 et ∆UDA = −WDA
WDA = −∆UDA = −nCV (TH − TL) = −832J

Université de Genève 14-37 C. Leluc


EXEMPLE : Cycle de Carnot (suite)

Pour le cycle entier, on


En résumé, on trouve trouve que Q = W et
∆U = 0.
Processus Q W ∆U On voit aussi que les
A → B - Isotherme 576J 576 J 0 quantités de travail dans
B → C - Adiabatique 0 832 J -832J les 2 transformations adia-
C → D - Isotherme -346J -346 J 0 batiques sont égales mais
D → A - Adiabatique 0 -832 J 832J de signe opposé, ce qui
Total 230J 230J 0 doit toujours être ainsi.
c) Le rendement
W
r = = 0, 4 = 40%
QH
d) Le rendement maximum est donné par
TH − TL
rc = = 0, 4 = 40%
TH

Université de Genève 14-38 C. Leluc


Combustion interne

Carnot a discuté les possibilités de faire tourner un moteur en enflammant


un gaz dans un cylindre, mais c’est J.Lenoir qui conçut en 1859 le premier
moteur à combustion interne. C’est N.Otto qui construisit le premier moteur
pour lequel il obtint un brevet.

Université de Genève 14-39 C. Leluc


Réfrigérateurs/Climatiseurs
On peut considérer le réfrigérateur comme un moteur thermique marchant à
l’envers : il reçoit un travail mécanique W et l’utilise pour pomper une petite
quantité d’énergie thermique QL d’une source à basse température et céder
une quantité de chaleur plus grande QH = QL + W à une source à haute
température, ainsi QL > 0 QH < 0 et W < 0. Si on refroidit une pièce
plutôt que des aliments, on a un climatiseur.
Le travail fourni par la moteur :W = Q = |QH |−|QL|
Le coefficient de performance η est le rapport de la
quantité de chaleur enlevée à la source froide au tra-
vail effectué pour l’extraire :
|QL| |QL|
η = =
|W | |QH | − |QL|
Plus η est grand, plus la machine de réfrigération est
efficace et une valeur de l’ordre de 5 est courante.
La meilleure performance est celle d’une machine de Carnot opérant en sens
inverse. On peut réécrire cette équation avec les températures et on obtient
ainsi le coefficient de performance d’un système idéal, soit : ηc = |T |T L|
.
H | −|TL |
Il faut toujours fournir du travail pour transférer de la chaleur d’une
source froide à une source chaude.
Université de Genève 14-40 C. Leluc
Exemple : Climatiseur
Déterminer le meilleur coefficient de performance possible d’un climatiseur
maintenant une pièce à 21 ◦C, quand la température extérieure est 36◦C. Sup-
posons que la chaleur qui pénètre dans la pièce en 1 heure est de 5,0MJ. La
machine rejette la chaleur, qu’elle engendre pendant qu’elle fonctionne, vers
l’extérieur de la pièce à l’aide d’un ventilateur. Quel travail ce ventilateur doit-il
effectuer pour maintenir la température de la pièce ? Quelle est la quantité de
chaleur totale rejetée vers l’extérieur par heure ?
|TL| 294K
SOLUTION : ηc = = = 19, 6
|TH | − |TL| (309K) − (294K)
La quantité de chaleur horaire est la chaleur QL qui entre dans le climatiseur à
basse température. Le travail qui doit être effectué par heure pour évacuer QL :

QL 5, 0MJ
W = = = 0, 26MJ
ηc 19, 6
Ainsi pour extraire 5,0 MJ, cette machine n’effectue qu’un travail de 0,26 MJ.
Dans cette transformation, cette énergie de 0,26 MJ est convertie en énergie
thermique, rejetée vers l’extérieur. Nous avons donc :
QH = QB + W = 5, 0MJ + 0, 26MJ = 5, 3MJ
C’est la chaleur totale rejetée vers l’extérieur.
Université de Genève 14-41 C. Leluc
Pompe à chaleur

Si on inverse le climatiseur, pour refroidir l’extérieur, quelle que soit sa


température, et rejeter la chaleur dans la pièce on a un système de chauf-
fage : un tel dispositif réversible est appellé pompe à chaleur.

En prenant comme source froide une rivière ou un lac T = 277◦K et comme


source chaude un bâtiment que l’on veut chauffer à 293◦K, il faut fournir un tra-
vail W pour pomper de la chaleur à la source froide et en restituer à la source
chaude. Supposons que l’on dispose de W Joules sous forme électrique. On
pourrait les convertir directement en chaleur dans un radiateur électrique (ren-
dement 100%)→ W Joules en chaleur. Mais la pompe thermique permet d’ob-
tenit plus : en effet elle permet de restituer QH à la source chaude. Comme
TH −TL
QH = W r
et r = TH
= 0, 055, d’où QH = W
0,055
= W · 18. On a un gain
d’un facteur 18.
Même si la machine n’est pas parfaite, le gain reste appréciable.

Université de Genève 14-42 C. Leluc


Pompe thermique : machine de Stirling

On a 2 cylindres et 2
pistons, le cylindre de
gauche est en contact
avec une source chaude,
celui de droite avec une
source froide. Les 2 cy-
lindres sont séparés par
un régénérateur, sub-
stance très poreuse et
à haute capacité calori-
fique, qui joue le rôle de
réservoir de chaleur auxi-
liaire. Les 2 pistons sont
connectés par système
mécanique complexe. Ils
(Démo 152) sont aussi connectés par
un vilebrequin.

Université de Genève 14-43 C. Leluc


Pompe thermique : machine de Stirling
Le gaz suit un cycle défini par le diagramme P − V :
– a → b : détente isothermique à TH . Pour rester
chaud pendant la détente, le gaz prélève de la
chaleur QH à la source chaude
– b → c : les 2 pistons se déplacent anti par-
rallèlement. Le gaz traverse à volume constant
le régénérateur froid : il se refroidit, sa pression
baisse. Le régénérateur se réchauffe.
– c → d : le gaz est comprimé à température
constante, TL jusqu’à son volume initial, ce
qui est produit par le mouvement du piston de
droite. QL est alors transféré aux parois du cy-
lindre de droite qui est maintenu à température
TL par un réservoir à basse température.
– d → a : les pistons se déplacent en sens
opposé, le gaz traverse à volume constant
le régénérateur préalablement chauffé, il se
réchauffe, sa pression monte, et le régénérateur
se refroidit.
Université de Genève 14-44 C. Leluc
Exemple : Moteur de Stirling
Un moteur de Stirling utilise n = 8, 1 × 10−3moles de gaz (idéal). Il travaille
entre les températures suivantes : TH = 95◦C et TL = 24◦C ; le volume de
gaz double durant l’expansion et il tourne à 0,70 cycle par seconde. Suppo-
sant que le moteur est idéal, trouver (a) le travail fait par le moteur pendant
un cycle, (b) la puissance du moteur, (c) La quantité de chaleur transférée de
la source à haute température vers le gaz et (d) le rendement thermique du
moteur ?

SOLUTION : (a) En suivant le cycle P − V de la page précédente, le travail


fait par le gaz sur ab, durant une expansion isotherme entre les volumes Va et
Vb vaut :
Vb
Wab = nRTH ln
Va
De même pendant cd, on a Wcd = nRTL ln VVa . Le travail sur bc et da est nul
b
(volume constant). Soit au total, on trouve :
Vb Va 
 

W = Wab + Wbc + Wcd + Wda = nR TH ln + TL ln




 
Va Vb

Université de Genève 14-45 C. Leluc


Exemple : Moteur de Stirling (suite)

Ce qui donne en regroupant :


Vb
W = nR(TH − TL) ln
Va
Comme Vb/Va = 2, on obtient :
W = (8, 10 × 10−3mol)(8, 31J/mol.K)(95◦C − 24◦C)(ln 2) = 3, 31J
(b) La durée d’un cycle est 1/0, 70 = 1, 43s. La puissance vaut donc
W 3, 31J
P = = ∼ 2, 3W
t 1, 43s
(c) La chaleur transférée à un gaz idéal pendant une expansion isothermique
à température TH = (95 + 273)K (processus ab) vaut :
Vb
|QH | = nRTH ln = (8, 1 × 10−3mol)(8, 31J/mol.K)(368K)(ln 2) = 17, 2J
Va
TL (24+273)K
(d) r = 1 − =1− = 0, 193 ∼ 19%
TH (95+273)K

Université de Genève 14-46 C. Leluc


Deuxième loi de la thermodynamique
Admettre l’impossibilité de construire un moteur parfait (fonctionnant de façon
cyclique et sans interruption) a amené à l’énoncé de Kelvin-Planck :
Il n’existe aucun processus cyclique ayant pour seul résultat de transformer
entièrement en travail, une quantité de chaleur Q, provenant d’une source à
température unique (de telle manière que W = Q).
Il est impossible de concevoir une machine cyclique qui produise un travail en
extrayant de la chaleur à un réservoir sans en rejeter une partie à une source
de basse température. C’est la négation du mouvement perpétuel de 2eme
espèce.
On n’a pas trouvé non plus le moyen de fabriquer un réfrigérateur parfait. Ce
qui a donné la formulation de Clausius :
Il ne peut y avoir de processus cyclique dont le résultat consiste à libérer la
chaleur produite par un système à une température donnée pour en trans-
mettre une quantité égale à un second système de température plus élevée.
Ceci est l’énoncé d’après lequel la chaleur ne se propage pas naturellement
d’un objet froid à un objet chaud. Pour produire du travail, une machine ther-
mique doit recevoir de la chaleur d’une source chaude et en céder à une
source froide.
On peut montrer que ces 2 énoncés, qui traitent des cas spécifiques, sont
équivalents.
Université de Genève 14-47 C. Leluc
Nécessité d’une nouvelle loi en Thermodynamique
Mais en fait un grand nombre de processus ne se produisent pas naturellement
même s’ils ne vont pas à l’encontre du 1er principe de la Thermodynamique.

Considérons quelques processus thermiques naturels :


– Pourquoi la chaleur diffuse-t-elle toujours de la température la plus élevée
vers la plus basse ?
– Si un bloc de métal tombe du plafond, après le choc au sol, sa température
augmente. Pourquoi, si on le chauffe sur une plaque électrique, ne saute-t-il
pas au plafond ?

En fait tous les processus thermiques naturels sont irréversibles correspon-


dant à des transformations spontanées d’un système ; il n’est pas possible
d’effectuer la transformation en sens inverse. Ils sont constitués d’une suite
d’états hors équilibres sauf l’état final qui est plus désordonné que l’état initial.

C’est pour tenir compte de cela qu’il fallait un énoncé plus général de
la deuxième loi de la thermodynamique permettant de trouver le sens
d’évolution d’un processus irréversible.
Université de Genève 14-48 C. Leluc
Nécessité d’une nouvelle loi en Thermodynamique

Supposons qu’un gaz parfait occupe une enceinte


et qu’on le libère en ouvrant une valve vers un
autre récipient initialement vide. Le système étant
totalement isolé, le gaz se détend spontanément,
remplissant le récipient sans aucune variation
d’énergie interne (∆U = 0), parce qu’aucun travail
ou échange de chaleur n’ont été faits avec l’extérieur.
Si on veut faire revenir le gaz dans l’enceinte initiale, on doit effectuer un
travail. Ainsi en subissant une détente spontanée, le gaz perd de son aptitude
à effectuer un travail, bien que son énergie interne n’ait pas changé.

Ce dont nous avons besoin est une nouvelle grandeur du système, qui reflète
cette différence et qui nous permette de savoir si un changement spontané
aura lieu entre un état et un autre. Cette grandeur gouverne le sens de
l’évolution naturelle de tous les systèmes.

Université de Genève 14-49 C. Leluc


Entropie

En 1865, Clausius introduisit un nouveau concept, l’entropie, S, dans le but


justement de distinguer conservation et réversibilité.

L’entropie donne la direction dans laquelle évolue un système.

Dans un processus irréversible pour un système fermé, l’entropie du


système augmente toujours : elle ne décroit jamais.

L’entropie n’obéit pas à une loi de conservation comme l’énergie le fait. L’en-
tropie augmente toujours pour un processus irréversible. A cause de cette
propriété, la variation d’entropie est parfois appellé “ la flèche du temps” .

Il y a 2 façons équivalentes de définir le changement d’entropie d’un système :


1) soit en fonction de la température et de l’énergie qu’il perd ou gagne sous
forme de chaleur,
2) soit en comptant le nombre de façons différentes dont les atomes ou les
molécules qui constituent le système peuvent être arrangés.
Université de Genève 14-50 C. Leluc
Entropie (suite)

Considérons le cycle de Carnot où nous avons trouvé (page 14-33) que :
|QH | |QL|
=
TH TL
Reprenons la convention que nous avons adoptée précédemment pour la cha-
leur : Q positive lorsque la chaleur est reçue et négative quand elle s’échappe.
Ainsi QL < 0 et QH > 0. Ce qui donne :
QH QL
− = 0.
TH TL
Nous interprétons cette équation comme l’absence de variation de l’entropie
d’une machine de Carnot subissant une transformation représentée par un
cycle fermé et réversible. Cela a conduit Clausius à définir la variation de
l’entropie (∆S) subie par un système lors d’une transformation réversible et
isotherme comme :
Q
∆S = S2 − S1 =
T

Université de Genève 14-51 C. Leluc


Entropie (suite)

Quand un sytème reçoit de la chaleur, son entropie augmente et quand


il perd de la chaleur, son entropie diminue et elle reste inchangée par un
travail effectué en absence de frottement.
Dans ce contexte le travail est un changement mécanique ordonné de l’énergie
et, comme tel, il ne modifie pas le désordre d’un système. Par contre, tout
mécanisme (tel que le frottement) qui disperse de l’énergie sous forme d’agi-
tation, augmente l’entropie.
La variation d’entropie est nulle pour un cycle complet réversible. Si une partie
du cycle n’est pas réversible, l’entropie à la fin du cycle ne peut pas reprendre
sa valeur primitive.
Reprenons la machine de Carnot. Lors de la détente isotherme entre A et B,
la source chaude perd une entropie ∆SH = (QH /TH ) et la machine gagne
la même quantité → ∆S = 0. Dans la détente adiabatique de B vers C,
Q = 0 et ∆S = 0. On a les mêmes relations sur les autres branches du
cycle. Ainsi au total la variation d’entropie du système entier pendant un
cycle réversible est nulle.

Université de Genève 14-52 C. Leluc


Entropie (suite)

Bien sûr, l’entropie augmente dans les transformations irréversibles, bien


que nous n’ayons pas de formule qui nous précise comment. Nous pouvons
contourner cette difficulté et utiliser l’équation
∆S = Q/T
pour calculer la variation d’entropie lors d’une transformation réversible hy-
pothétique entre le même état initial et le même état final.
Comme la variation d’entropie dépend seulement de ces 2 états, ∆S pour la
transformation réversible est la même que pour la transformation irréversible .

Par exemple, supposons qu’un gaz parfait se détende librement jusqu’à un


nouvel état. Supposons que le gaz revienne à son état initial par une com-
pression quasi-statique et isotherme, qui diminue son entropie d’une quantité
∆S. Comme le systéme est revenu à son état initial, ∆S est aussi l’augmen-
tation de l’entropie subie pendant la détente irréversible.

Université de Genève 14-53 C. Leluc


Exemple 1 : changement d’entropie

Un objet chaud à 573K est mis en contact avec un objet froid à 273K ; 20,0
kJ de chaleur s’écoulent alors irréversiblement du premier au second. De
combien l’entropie de l’Univers a-t-elle variée ?

SOLUTION : La variation de l’entropie de l’Univers est égale à la variation


totale de l’entropie des corps chaud et froid ; donc
Q Q
∆S = ∆SB + ∆SH = +
TH TB
En se rappelant que la chaleur entrante est positive
+20, 0 × 103J −20, 0 × 103J
∆S = + (1)
273K 573K
∆S = 73, 26J/K − 34, 9J/K = +38, 90J/K (2)

Université de Genève 14-54 C. Leluc


Exemple 2 : changement d’entropie

Considérons la fusion d’un bloc de glace de 1 kg dans une grande cuve d’eau
suivant une transformation très lente → Teau ∼ Tglace : processus réversible
Q
∆Sglace = > 0
T
La glace reçoit la chaleur Q = m Lf
1 kg × 333, 6 kJ/kg
∆Sglace = = 1, 22 kJ/K
273K
La cuve fournit intégralement la chaleur absorbée par la glace
Q
∆Scuve = − = −1, 22 kJ/K
T
La variation totale d’entropie vaut
Q Q
∆Sglace + ∆Scuve = − = 0.
T T
Dans un processus réversible, la variation d’entropie est nulle.

Université de Genève 14-55 C. Leluc


Exemple 3 : entropie
Un inventeur prétend avoir construit une machine ayant une efficacité de
75% quand elle opère entre 100◦C et 0◦C. (a) Evaluer la crédibilité de
cette déclaration. (b) Supposons que cet engin est presque un engin idéal.
Déterminer la variation d’entropie ∆S pour le système isolé constitué par le
moteur et ses réservoirs pendant un cycle.

SOLUTION : D’après les températures mentionnées, on peut calculer l’effica-


cité maximum d’un moteur idéal, soit :
TL (0 + 273)K
η =1− =1− = 0, 268 ∼ 27%
TH (100 + 273)K
Un moteur réel doit avoir une efficacité moindre. Donc ne pas croire tout ce
qu’on dit.

(b) Comme le gaz utilisé retourne dans les mêmes conditions qu’au début du
cycle, ∆Sws = 0. Le réservoir à haute température perd |QH | et celui à basse
température gagne |QL|. Le changement d’entropie vaut :
−|QH | +|QL|
∆SH = et ∆SL =
TH TL
Université de Genève 14-56 C. Leluc
Exemple 3 : entropie (suite)

Le changement total d’entropie vaut :


|QH | |QL|
∆S = ∆SH + ∆SL + ∆Sws = − + +0
TH TC
On peut faire la substitution : |QL| = |QH |(1 − η), ce qui donne :
1 − η 1  1 − 0, 75 1
   

∆S = |QH |  − == |QH |  − = −0, 0018|QH |


 
   
 
TL TH 273K 373K
Si cet inventeur avait raison, l’entropie du système diminuerait à chaque cycle.
Ceci est impossible. Si chaque processus etait réversible, on aurait ∆S = 0.
Si quelques uns sont irréversibles, ∆S serait positif.

Université de Genève 14-57 C. Leluc


Ordre et désordre

Chaque transformation augmente l’entropie de l’Univers ou, au mieux


idéalement, la laisse inchangée.
Vers 1878, Boltzmann reformula la notion d’entropie. Il détermina que l’entro-
pie était une mesure du désordre de l’Univers à l’échelle atomique. Si on
allume un morceau de bois, l’agencement bien ordonné des molécules de bois
se transforme spontanément en un désordre de gaz, de fumée et de flamme.
Le désordre de l’Univers augmente ; l’entropie augmente. L’énergie, qui était
concentrée, s’est dispersée un peu partout, ce qui est l’essence même du
désordre thermodynamique. Le désordre maximum correspond à une agi-
tation aléatoire et à une homogénéité presque parfaite.
Nous ne mesurons jamais l’entropie, mais seulement sa variation, ∆S, dans
les processus physiques. Un système varie de lui-même (c’est-à-dire que
l’énergie se transfère spontanément), de façon que l’entropie universelle aug-
mente (∆S ≥ 0).
La quantité ∆S mesure le degré de désordre associé à tout change-
ment (∆E) d’un système. Un système isolé dans une configuration d’en-
tropie maximum ne peut pas changer macroscopiquement de lui-même : il est
donc en équilibre.

Université de Genève 14-58 C. Leluc


Entropie et probabilité
Il est possible de clarifier les concepts d’entropie et de désordre grâce à l’ana-
lyse statistique ou probabiliste de l’état moléculaire des systèmes.
Prenons un exemple simple : après avoir secoué 4 pièces de monnaie, on les
jette sur la table ; il y a en tout 24 = 16 manières différentes pour les 4 pièces
de tomber sur la table. Le nombre de côtés pile et de côtés face constitue une
description de l’état macroscopique du système. En précisant de quel côté se
présente chaque pièce, on définit un état microscopique de ce système. Ainsi
il y a 16 états microscopiques possibles. La probabilité d’obtenir 4 faces est
1/16. La probabilité d’obtenir 2 piles et 2 faces vaut 6/16.

Université de Genève 14-59 C. Leluc


Entropie et probabilité (suite)

Sil y avait 100 pièces de monnaie dans notre système, il y aurait encore
seulement un seul microscopique état correspondant à toutes les piéces piles.
Comme il y a en tout 2100 ∼ 1030 microscopiques états, la probabilité de
trouver toutes les piéces piles est 1/1030. On voit donc que plus le nombre
de pièces augmente, la probabilité d’avoir une combinaison ordonnée (uni-
quement piles ou faces) devient très faible. Par contre, la probabilité la moins
ordonnée (moitié pile, moitié face) devient alors la plus probable (10%) car il y
a 1029 manières d’avoir autant de piles que de faces.

Si on applique ce raisonnement à un système contenant beaucoup de


molécules, on voit que l’état le plus probable est celui qui présente le plus
grand désordre, ou l’entropie maximum. Boltzmann a prouvé que l’entropie
d’un système peut s’exprimer par
S = kB ln w
où kB est la constante de Boltzmann et w le nombre d’états microscopiques
correspondant à un état macroscopique donné. w porte le nom de probabilité
thermodynamique.
Université de Genève 14-60 C. Leluc

Vous aimerez peut-être aussi